Le jardin des derniers plaisirs

(The Last Pleasur Garden)

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  • 8/10 Les jardins de Cremorne constituent un lieu de divertissement très prisé dans le Londres de 1875, où l'on trouve des fêtes et des représentations burlesques ainsi que des danses et des joies débridées. Cependant, beaucoup de fervents religieux y voient une nouvelle enclave du vice et de la décadence, et leur voix est portée par l'homme d'église Featherstone. Aussi, lorsqu'un individu se met à semer la panique dans ce parc en agressant des jeunes femmes puis tue une des domestiques de Featherstone en la faisant brûler, le conflit entre partisans de l'amusement et pourfendeurs de la débauche s'embrase. Il faudra tout le flegme de l'inspecteur de Scotland Yard Decimus Webb et de son fidèle sergent Bartleby pour tirer au clair une affaire bien plus complexe qu'il n'y paraît.

    Deuxième opus consacré à Decimus Webb après Le cadavre du métropolitain, ce jardin des derniers plaisirs poursuit cette série d'enquêtes criminelles prenant pied dans le Londres du dix-neuvième siècle. On retrouve avec plaisir la plume si élégante et raffinée de Lee Jackson pour décrire les lieux, habitudes et ambiances d'une métropole que l'auteur connaît sur le bout des doigts. L'énigme a été habilement conçue et il faut attendre l'avant-dernier chapitre pour la voir se résoudre, après de nombreux rebondissements et fausses pistes. A cet égard, le personnage central qu'est Decimus Webb gagne en profondeur dans cet ouvrage : tenace et intuitif, parfois très cassant avec Bartleby même si tous les deux s'apprécient beaucoup, il va à l'encontre des stéréotypes du policier parfait dénouant rapidement les fils de son investigation. Il tâtonne, se trompe, maudit ses propres errements, mais fait preuve d'une grande pugnacité jusqu'à ce que toutes les pièces du puzzle s'imbriquent. L'intrigue mettra à jour des secrets assez inavouables, comme dans Le cadavre du métropolitain, tout en offrant une peinture particulièrement fidèle et saisissante de la capitale britannique, entre ombres et lumières.

    Le jardin des derniers plaisirs est donc un roman d'une très grande classe, racé et instructif, qui a le mérite d'allier une histoire policière de qualité à un tableau tout en nuances du Londres de la période victorienne.

    25/08/2010 à 11:53 El Marco (3431 votes, 7.2/10 de moyenne)