El Marco Modérateur

3273 votes

  • Colère du présent

    Jean-Bernard Pouy

    6/10 À Arras, chaque premier mai a lieu un salon qui regroupe tout ce que la région compte d'anarchistes, gauchistes, libertaires, écologistes, etc. Sauf que cette fois-ci, quand les tréteaux commencent à être rangés, des barrières se dressent et la ville devient un fortin imprenable. Il semblerait que les agitateurs veulent en faire une cité libre, autogérée. Mais les autorités ne l'entendent pas de cette oreille et c'est bientôt l'armée qui s'apprête à entrer dans la danse pour briser la rébellion.

    Auteur culte de romans policiers engagés, Jean-Bernard Pouy est un écrivain illustre, et l'on retrouve dans cet ouvrage ce qui a fait l'arôme de ses précédents opus : de fortes revendications sociales et politiques, un humour qui ne peut laisser de glace, et une imagination débordante. Le récit est très court, le rythme échevelé, et l'action ne manque pas, notamment grâce à une belle alternance des points de vue. Néanmoins, on a connu Jean-Bernard Pouy plus inspiré ; si la situation de départ est certes originale et alléchante, le déroulement de l'histoire est un peu décevant, et les motivations des séditieux ne sont que survolées. On a parfois l'impression tenace que la concision du roman lui empêche de prendre un éventuel envol lyrique et narratif. Par ailleurs, même si les protagonistes sont croustillants, ils sont un peu convenus et demeurent caricaturaux. En fait, tout dépend de la manière dont on appréhende cette histoire : si l'on veut passer un bon moment et rire des saillies humoristiques du créateur de la série consacrée au Poulpe, le service est assuré. Cependant, si le lecteur s'attendait à une forte charge politique, un ouvrage qui remue les sangs en proposant une véritable offensive contre l'ordre établi, il risque d'être déçu.

    En résumé, si Colère du présent est très agréable à lire, il constitue toutefois une petite déception. Ce livre de Jean-Bernard Pouy aurait probablement gagné à être plus profond ou noir. Il est certes amusant et atypique, mais n'atteint pas le niveau de Nous avons brûlé une sainte, Train perdu wagon mort ou Les compagnons du veau d'or.

    06/06/2011 à 17:38 1

  • Le chat de Tigali

    Didier Daeninckx

    6/10 Un roman idéal pour les très jeunes lecteurs, joliment écrit et avec une très forte résonance symbolique. Néanmoins, pour les lecteurs plus âgés, ça ne se lit qu'en un petit quart d'heure à tout casser, et risque d'être bien moins approprié.

    02/06/2011 à 08:19

  • La dernière danse des Maoris

    Caryl Férey

    7/10 Une bien jolie enquête, morale et intelligemment bâtie, qui enchantera les jeunes. Pour les plus âgés, cela peut constituer un agréable divertissement, dans lequel on ne retrouve cependant pas la patte si noire de Caryl Férey.

    02/06/2011 à 08:18

  • Le Seigneur sans visage

    Viviane Moore

    7/10 Un polar bien mené, à l'intrigue judicieusement posée en plein Moyen Âge, et à l'écriture fine et intelligente. Certes, l'ensemble se destine davantage à de jeunes lecteurs, mais certaines descriptions ainsi qu'un épilogue assez cruel permettent, selon moi, de s'adresser à un lectorat plus « adulte ».

    02/06/2011 à 08:17 1

  • Le Jardin du Bossu

    Franz Bartelt

    9/10 Dans un village anonyme, le narrateur croise dans un bistrot un homme qui fait étalage de son argent. Aussitôt, sa décision est prise : il va suivre l'imprudent jusque chez lui et le délester d'une partie de son butin. Oui, mais voilà, le plan était trop beau pour se réaliser aussi facilement : le chasseur devient la proie. Pire : le narrateur est séquestré dans la maison de sa cible. Et c'est le début d'un longue détention...

    Dès les premières pages, le style de Franz Bartelt éclate : ce sera vif, loquace et verbalement endiablé. L'auteur traduit en une langue épicée et imagée les pensées, impressions et descriptions du protagoniste, véritable phénomène humain. Poète à ses heures perdues quand l'éthylisme l'enhardit, tenaillé par Karine, sa compagne, qui est bien vénale, il observe ses congénères, les détaille, les juge, et ne perd jamais une occasion de jouer de sa verve. La rencontre avec cet homme visiblement fortuné – Jacques – semble être ce clin d'œil du destin qu'il attendait tant. Mais puisque les contes de fées n'existent pas, la situation va très vite lui échapper et le rêve se révèlera vite contrefait. Le récit est assez court – environ deux-cent-vingt pages – et les nombreuses digressions du locuteur laissaient présager des temps morts, voire des instants d'ennui. Il n'en est rien. Franz Bartelt a un incroyable talent de conteur, avec une langue à la fois lyrique et paillarde, qui n'est pas sans rappeler celle de Michel Audiard ou de Frédéric Dard. Les réflexions hilarantes foisonnent, les aphorismes regorgent, et les multiples parenthèses ouvertes sont autant de francs éclats de rire. On se prend vite de sympathie pour le narrateur, cocasse dans ses répliques et pensées, antihéros au possible, qui se débat au beau milieu de circonstances franchement farfelues.
    Et puisqu'il s'agit d'un polar, il y a l'intrigue. Certaines scènes, inattendues, insufflent un vent de folie et de fraîcheur dans ce huis clos où l'ultime rebondissement, détonant, achève de parfaire ce roman singulier.

    Quelque part entre La bête et la belle de Thierry Jonquet et Mainmorte de Michel Steiner, c'est jubilatoire et attrayant, atypique et désaltérant. Maintes formules de Franz Bartelt restent à l'esprit une fois le livre terminé. Frôlant parfois la parodie sans jamais tomber dans le facile ou le grotesque, voilà le récit d'une captivante captivité.

    02/06/2011 à 08:16

  • Zombi la mouche

    Grégoire Forbin

    8/10 Un opus du Poulpe très dynamique et engagé, avec une situation de départ orginale et un traitement prenant.

    02/06/2011 à 08:11 2

  • Loser

    Jason Starr

    9/10 A trente-deux ans, Tommy Russo n'a pas plus de présent que d'avenir. Il se veut acteur mais sa carrière ne décolle pas. Il vivote grâce à son emploi de videur dans un bar, cumule les espoirs déçus, gaspille ses rares ressources dans des courses de chevaux sans jamais décrocher la cagnotte. Son ultime chance de s'en sortir : les dix mille dollars nécessaires à l'acquisition d'un cheval, en association avec d'autres joueurs. Cet argent, il pourrait l'obtenir grâce au contenu du coffre-fort du bar où il travaille, où sont entreposées les sommes des paris sur le Super Bowl. Tout paraît si simple...

    L'auteur de Mauvais Karma, La ville piège et Frères de Brooklyn signe ici un roman particulièrement prenant. En deux-cents-soixante pages, Jason Starr livre une intrigue d'une rare simplicité, et paradoxalement terriblement efficace. Le lecteur découvre un personnage de prime abord attachant, Tommy Russo, malheureux individu au parcours professionnel insignifiant mais croyant toujours en sa bonne étoile, sans que celle-ci ne daigne enfin illuminer le parcours du jeune homme. Dans une lente descente aux enfers, Tommy va basculer dans l'immoralité. C'est un individu pour lequel le lecteur nourrit de l'empathie, puis des sentiments et émotions complexes, au fil de ses actes et attitudes. La très grande force de ce roman de Jason Starr, c'est finalement son aspect si crédible : tous les protagonistes sont magnifiquement campés, perclus de faiblesses et contradictions, dont on se délecte à chaque page. Et la mécanique s'enclenche, inexorable, infernale, fatale. Les divers engrenages qui la composent se mettent lentement en action, et leur mouvement broiera sans la moindre faiblesse les êtres humains qui peuplent ce récit. La langue et le style de Jason Starr participent avec brio à ce mécanisme parfaitement huilé.

    Loser constitue donc un roman noir d'une incroyable efficacité. D'une simplicité presque élémentaire, à hauteur d'homme, à la fois plausible et machiavélique, sa construction fait office de jalon dans le genre. Une réussite éclatante et indéniable.

    22/05/2011 à 17:17 5

  • Le général Enfer

    Alec Covin

    9/10 Après les événements des Loups de Fenryder et d'États primitifs, la société secrète qui a fait trembler New York s'apprête à bouleverser les États-Unis en y instaurant le chaos sous sa forme la plus brutale. Seules trois personnes peuvent encore se dresser face à cette menace : une journaliste, un détective borgne et un peintre incarcéré dans le pénitencier de Rikers Island. Parviendront-ils à empêcher le cataclysme ?

    Ultime roman de la Trilogie des Loups, Le Général Enfer se devait d'être la clef de voûte d'une œuvre fantastique – à tous les sens du terme –, et il faut l'avouer d'entrée de jeu : Alec Covin y est parvenu. On retrouve avec plaisir les protagonistes, laissés en bien mauvaise posture à la fin des États primitifs, et prêts à en découdre pour le combat final contre Fenryder et ses séides. Alec Covin sert son récit d'une langue et d'un style inimitables, alliant la brutalité de certaines scènes à des descriptions en profondeur des personnages. Quand s'achève le récit, il reste au lecteur des images ancrées dans sa mémoire, des persistances rétiniennes, où la violence côtoie un esthétisme certain propre aux grands films américains. Les chapitres s'enchaînent à merveille, se coulant avec bonheur dans une rythmique narrative qui fait qu'il est plus que difficile de s'extraire de la lecture. Suspense, frissons, visions d'horreur, complot parfaitement orchestré, manipulations des individus comme du lecteur : Alec Covin n'a strictement rien à envier à des plumes plus illustres, et leur est même supérieur sur bien des terrains. Chaque chapitre est un tableau à lui seul, effrayant, mémorable, aussi méphitique que ces terribles Loups sur le point de dévorer le continent nord-américain. Et puisqu'il s'agit là du final du triptyque consacré aux Loups, Alec Covin avait presque l'obligation de le clore de manière marquante : c'est chose faite, avec une confrontation finale qui tient toutes ses promesses et se permet, en outre, d'offrir au lecteur une succession trépidante de rebondissements à glacer le sang pour peu que l'on ait accepté certains postulats fantastiques propres à cette œuvre.

    Les Loups de Fenryder et États primitifs étaient remarquables, et on pouvait espérer qu'Alec Covin atteigne le niveau de ces deux précédents opus, voire les surpasse. Le Général Enfer est non seulement un point final à sa série, mais également un immense point d'exclamation, qui non seulement termine le triptyque mais se paie même le luxe de le magnifier.

    08/05/2011 à 16:59

  • Démolition

    Nada

    9/10 Cordélia est une star du cinéma porno qui meurt dans un snuff movie, ce genre de films dans lesquels les protagonistes agonisent sous les yeux des spectateurs après avoir enduré mille souffrances. Verlaine, un des plus ardents fans de Cordélia, tombe sur cet ultime spectacle et décide de la venger. Se joint à lui Vulcain, son acolyte, pour une terrible équipée de sang et de rédemption au cours de laquelle tous deux croiseront Van Gogh, un policier qui leur ressemble tant.

    Nada avait déjà marqué les esprits avec Hécatombe, un ouvrage dur et haletant. Autant le dire d'entrée de jeu : en noirceur, Démolition lui est bien supérieur. Exactions multiples, scènes de sexe particulièrement trash, violences décrites par le menu, coprophagie, pédophilie, inceste : Nada est décidément un auteur qui se permet de dépeindre bien des horreurs que nombre de ses pairs laissent dans l'ombre. Si ce roman est d'une incroyable férocité, l'aspect poétique qui s'en dégage paradoxalement est très fort : la langue est emprunte d'une prose élégante, et le choix des noms des protagonistes – Verlaine, Vulcain, Van Gogh – mettent en relief ce constitutif. Ce trio est incroyablement marquant : des anciens légionnaires devenus mercenaires, ogres brutaux en des terres inhospitalières, des homosexuels sachant préserver leur amitié par la chasteté, et un policier dévoré par la maladie, enclin à tous les excès, cherchant le rachat de ses fautes dans une dernière mission aux accents religieux. D'autres individus peuplent ce livre éprouvant, où le noir est une couleur, comme ces bourreaux d'enfants, organisateurs de parties fines où le sexe appelle le sang, vedettes du show-business perverties, politiciens laissant libre cours à leur perversion, et autres êtres cauchemardesques. Au fil du livre, la vendetta impulsée par Verlaine massacrera sans scrupules, fera éclater des trafics sans nom, brutalisera la morale, et balaiera bien des certitudes quant à l'humanisme de la société. Le récit est féroce, implacable, heurtera à n'en pas douter bien des âmes sensibles, jusqu'à l'écœurement, et s'achèvera au bout de trois-cents pages dans un chaos de sentiments et d'émotions lapidés.

    Démolition est une œuvre exigeante et singulière, à mille lieues des productions littéraires habituelles. Nada ne s'est plié à aucune règle – morale ou commerciale – en signant cet écrit intransigeant, aussi dérangeant que monstrueux. En écho à la barbarie de nombreux passages, vient l'éclat poétique de ces trois (anti)héros que sont Verlaine, Vulcain et Van Gogh, cette trinité d'individus liés par une initiale et une quête communes. Si le titre semble de prime abord bien lapidaire et passe-partout, il renvoie parfaitement à la lente entreprise de destruction de ces êtres qui se consument au fil des pages, jusqu'au stade terminal de leurs possibilités physiques et morales. Hécatombe, puis Démolition : il y a bien un fil conducteur dans l'œuvre de Nada, et cette nouvelle réussite littéraire, à la fois amère et éclatante, ne peut, le souhaite-t-on, qu'en appeler d'autres.

    02/05/2011 à 19:12 2

  • Un Nid de crotales

    Jim Thompson

    8/10 Le shérif adjoint Tom Lord officie dans un coin perdu du Texas. Son existence est bien calme, jusqu'à ce qu'il tue, en état de légitime défense. Le cours de sa vie s'emballe : une veuve qui réclame justice, une fille de joie un peu collante, des nervis, un consortium pétrolifère pugnace, un collègue de Lord aux abois... Personne n'empêchera l'orage d'éclater.

    Auteur culte de romans noirs, Jim Thompson est une des plumes les plus adulées du genre : Le démon dans ma peau ou 1275 âmes sont autant de charmantes pépites laissées dans le sillage de ce grand écrivain décédé en 1977. Un nid de crotales est un de ces textes rares, à (re)découvrir sans attendre. On retrouve l'écriture si typique de Jim Thompson, mêlant noirceur et humour, au moyen de laquelle il s'attache à croquer des personnages marquants. Les divers protagonistes se croisent, se côtoient, puis se percutent, au gré d'une intrigue plus dédaléenne que ne le laisse augurer le résumé de l'œuvre. A peine plus de deux-cents pages, et quelques parenthèses ouvertes pour mieux cerner les (anti-)héros de ce roman noir, avalées cul-sec comme un alcool dont le parfum aurait gagné en intensité avec l'âge. L'ensemble se lit très rapidement, procurant une joie proche de celle que ressentirait un enfant redécouvrant dans le grenier un jouet oublié.

    Peut-être sans atteindre la puissance de percussion du Démon dans ma peau ou de 1275 âmes, Un nid de crotales est un régal. Son titre est aussi métaphorique que celui du roman d'Harry Crews, La foire aux serpents : plonger dans ses pages laissera le lecteur perclus de délicieuses morsures à l'âme.

    28/04/2011 à 09:55 2

  • Retour à Cambrai

    Marc Fourez

    8/10 Ancien juge d'instruction, Robert Delarue mène une vie paisible à Cambrai. Au cours d'une promenade avec son chien, il surprend un rendez-vous galant dont l'aspect secret l'amène à penser à une histoire d'amour adultérine. Mais quand il apprend, plus tard, que l'homme présent à cette entrevue a été retrouvé assassiné dans le coffre de sa voiture, le badin tourne à l'inquiétant. Il ne lui en faut pas plus pour commencer à instruire, même à titre privé.

    Premier roman de Marc Fourez, Retour à Cambrai constitue un très agréable récit. Les lieux et décors sont bien décrits, les personnages fouillés, les dialogues sonnent justes. On se prend vite de sympathie pour Robert Delarue, retraité au flair et à la logique remarquables, toujours élégant dans ses comportements, et espiègle dans ses relations avec son épouse. L'intrigue est de prime abord classique, mais la manière non linéaire dont elle est évoquée au lecteur ainsi que les nombreux rebondissements qui l'émaillent la rendent particulièrement prenante. Marc Fourez a un indéniable talent de conteur, et insuffle dans la narration comme dans ses protagonistes une forte bouffée d'un flegme presque britannique, à l'ancienne, que ne renierait pas une pointure du genre comme Agatha Christie. Au fil des pages, on croise des édiles au comportement hypocrite et condamnable, de bien belles femmes pour lesquelles Robert Delarue nourrit des réflexions amusantes, et l'intrigue se tisse de secrets de famille très crédibles. A la manière des récits de J. Wouters ou de Pierre Willi, l'histoire prend forme de manière parfaitement plausible, sans effusion de sang ni scène d'action échevelée, et se dénoue avec la révélation de l'identité du coupable, assez inattendue.

    Première œuvre, Retour à Cambrai n'est pourtant pas celle d'un débutant. Histoire vraisemblable, personnages attachants, plume délicate : ce livre de Marc Fourez mérite toutes les attentions. Il n'y a plus qu'à espérer de la part de l'écrivain d'autres romans de cet acabit.

    20/04/2011 à 18:08

  • Belles et putes

    Claude Ardid

    7/10 Un juge est assassiné à Toulon à coups de crucifix, un autre est grièvement blessé suite au plastiquage de sa voiture... Tout porte à croire qu'une mouvance sataniste est à l'origine de ces actes terroristes. Gabriel Lecouvreur, également connu sous le sobriquet du Poulpe, se rend sur place et découvre que ces sectaires sont également en pleine collusion avec l'extrême-droite locale. Ça va saigner !

    Cent-soixante-et-onzième opus du Poulpe, Belles et putes ne déroge pas à la règle érigée par l'initiateur de la série, Jean-Bernard Pouy : le ton est alerte et Gabriel toujours prompt à bastonner les fascisants. Les lieux et milieux décrits sont connus de l'auteur, Claude Ardid, qui a signé des œuvres sur l'assassinat de Yann Piat ainsi que sur l'extrême-droite. On ne peut pas dire que le lecteur va manquer d'action : explosions, fusillades, courses-poursuites, etc. Ça dézingue, cartonne et castagne fréquemment. Par ailleurs, le Poulpe affronte des ennemis particulièrement retors, en l'occurrence des séides de Satan, aux idéologies, rites et agissements détonnants : c'est à se demander s'il sait encore où donner du tentacule. Certes, on pourra objecter que le trait est parfois épais au niveau des personnages décrits, des cordes à nœuds font souvent office de ficelles scénaristiques, et certaines situations frisent le burlesque, mais ouvrir un roman mettant en scène Gabriel Lecouvreur, c'est aussi faire un choix, accepter un postulat. On en redemande quand il bousille du malfaisant, et l'appétit presque gamin avec lequel on dévore ses enquêtes est comparable à celui d'un cinéphile regardant une série B caricaturale à certains égards, mais terriblement efficace et détendante.

    Belles et putes constitue donc un ouvrage réjouissant si l'on consent à pardonner la patte parfois un peu lourde de Claude Ardid. Au fil des cent-quarante pages du livre, on passe un bien agréable moment de distraction pure et décomplexée. N'est-ce déjà pas en soi un gage de qualité ?

    14/04/2011 à 17:14 1

  • Il n'aurait pas tué Patience

    John Dickson Carr

    8/10 Edward Benton est retrouvé mort asphyxié dans une pièce hermétiquement fermée de l'intérieur, porte et fenêtres soigneusement closes par du papier collant. Il porte une trace de coup à la tempe et, à ses côtés, se trouve le cadavre de son serpent préféré, Patience. Si l'on vient d'abord à croire à un suicide, une question demeure sans réponse : pourquoi aurait-il emporté dans le trépas son reptile favori ? Et s'il s'agit d'un assassinat, comment le meurtrier aurait-il pu s'extraire d'une chambre parfaitement obstruée ? Il faudra à Henry Merrivale tout son flair pour résoudre ce problème.

    Grand spécialiste du meurtre réalisé en chambre close, John Dickson Carr signait en 1944 ce roman. A l'instar d'autres de ses œuvres plus célèbres, comme Trois cercueils se refermeront, La chambre ardente ou La flèche peinte, ce récit s'appuie sur une affaire qui apparaît insoluble : comment un tueur aurait-il pu perpétrer son méfait sans être dans la pièce au moment de l'assassinat ? Le langage est délicieusement suranné, et le récit est ponctué de nombreuses fausses pistes, d'autres n'étant qu'ébauchées avant d'être pleinement exploitées par la suite. Les personnages sont tous très bien campés, avec une ambiance générale qui allie le charme des œuvres d'Agatha Christie au style théâtral. Les protagonistes s'observent, se jaugent, se suspectent, les vieilles rancœurs familiales se percutent, le décor de Londres bombardé par les Allemands affûtant davantage la lourde ambiance. Comme il est indiqué dans la préface, John Dickson Carr souhaitait une résolution qui pourrait se faire en quelques lignes seulement, loin des longs énoncés. Et le miracle se produit à nouveau. Même les lecteurs aguerris ou habitués à ce type de démonstrations ne pourront qu'être ébahis devant l'esprit aiguisé de l'auteur pour rendre possible l'impossible.

    Sans constituer l'une des œuvres les plus connues de John Dickson Carr, Il n'aurait pas tué Patience n'en constitue pas moins un roman à énigme très efficace, sobre et réussi. La perspicacité d'Henry Merrivale est admirable, au même titre que son caractère emporté et espiègle. Un personnage que l'on a hâte de retrouver.

    14/04/2011 à 17:10

  • Suite Rouge

    François Boulay

    8/10 Quand il était adolescent, Salmon et ses camarades étaient envoûtés par Glinka, un pervers charismatique. Ce dernier multipliait les atrocités, les massacres, comme autant de rituels carnassiers. Puis le groupe a cherché à se séparer de l'emprise de Glinka. De manière radicale. En tuant ce leader démoniaque. Salmon s'en est chargé en dissimulant ce meurtre en accident. Près de vingt ans plus tard, Salmon cherche à refaire sa vie dans une maison isolée dans le massif des Maures auprès de ses deux filles et de Maria, sa compagne. Mais des signes inquiétants apparaissent : des animaux sacrifiés, un mort dont on ne retrouve pas le cadavre... Et si Glinka était encore en vie ?

    Après des thrillers comme Traces ou Les morceaux, François Boulay poursuit chez l'éditeur Télémaque avec ce roman très noir. L'histoire part sur une trame somme toute classique : un ancien séide qui pense être poursuivi par son gourou. Mais il serait bien naïf de résumer ce livre à cette simple amorce narrative, car cela reviendrait à ignorer l'écriture de l'auteur. François Boulay est un conteur au talent remarquable, dont le style s'illustre en chaque situation : portraits psychologiques, ambiances lourdes de ténèbres, paranoïa, décors peuplés de spectres... En environ deux-cents-soixante pages, l'écrivain tisse une immense toile d'araignée, épaisse et plausible, angoissante, jusqu'à ce que le monstre sorte enfin de son antre pour montrer ses chélicères. François Boulay injecte une incroyable noirceur dans sa plume avant l'ultime décharge de venin. Tous les personnages sont inquiétants, hantés par des démons qui ne demandent qu'à jaillir pour assaillir les vivants. On frémit avec les protagonistes, on doute de leur innocence, et dans ce dédale habité de bêtes tapies dans l'ombre, la vérité finit par éclater. Si la révélation de l'identité du comploteur peut ne pas être une surprise de taille pour certains lecteurs chevronnés, elle traduit néanmoins la clef de voûte d'un récit méphitique et prenant, en plus de créer un lien inattendu avec l'une de ses précédentes œuvres.

    Suite rouge est donc un thriller solidement bâti, sombre et inquiétant. Une nouvelle réussite de la part de François Boulay qui est décidément un auteur à suivre de près.

    07/04/2011 à 16:15

  • Le puits de la perversion

    Michel Vigneron

    9/10 Le capitaine Orca tente de mener sa tâche de policier dans le Nord, mais les crimes auxquels il est confronté chaque jour le plongent dans un désarroi sans nom. Femmes tabassées par leurs maris, enfants martyrisés, vieillards ligotés et maltraités pour leur faire avouer où se trouve leur pécule... Il y a de quoi craquer. D'ailleurs, il lui arrive de braver les interdits et devenir le rédempteur sans nom de ces victimes anonymes. Quand une interpellation tourne mal et lui fait côtoyer le trépas, il ressort de cette expérience de mort imminente avec une mission : extraire des griffes de deux détraqués sexuels un jeune manouche. Mais en plongeant dans la tanière de la barbarie, il est plus que probable qu'il n'en sortira pas indemne.

    Après Maryline de Boulogne et Boulogne K, Michel Vigneron poursuit la descente aux enfers de ses protagonistes aux Éditions Ravet-Anceau. On retrouve son écriture noire et efficace, avec des personnages particulièrement réalistes. L'auteur, policier, connaît parfaitement les milieux et les méthodes qu'il décrit, et l'on sent la véracité de ses écrits. Patrice Orca est particulièrement attachant, policier mesurant au jour le jour la profondeur abyssale de la détresse et de la sauvagerie humaines. Le lecteur ne pourra que sentir ses tripes remuées par le journal intime de la jeune victime des incestes répétés de son père, les exactions du terrible tandem de psychopathes, et les douleurs tant physiques que psychologiques des proies. Même si la qualité de l'écriture de Michel Vigneron est à chaque page édifiante, il y a des passages qui sont encore plus frappants, très visuels, comme la lente dérive vers l'au-delà d'Orca, ou le final, à la fois poignant et épuisant. En ces moments où la patte de l'écrivain sert avec brio des situations effroyables, on pense à d'illustres auteurs comme Franck Thilliez, Antoine Chainas ou Aurélien Molas. Tout y est sombre, désespéré, désespérant, et l'on referme ce roman essoufflé par des ténèbres atrocement communicatives.

    Si l'épisode de l'expérience de mort imminente arrive certes un peu tard dans le récit, on ne peut que louer en des termes très élogieux la maîtrise de Michel Vigneron. Le puits de la perversion est un roman qui fracasse, laissant le lecteur dans le même état que nombre des personnages décrits dans cet opus sauvage : déboussolé, perclus d'hémorragies, avec le goût cuivré si typique du sang dans la bouche. A n'en pas douter, Le puits de la perversion mérite de figurer dans la bibliothèque de celles et ceux qui n'ont pas peur d'être malmenés.

    04/04/2011 à 21:30

  • La corde d'argent

    Paul Halter

    7/10 Dans l'Angleterre des années 1950, Alice Davenport et son frère David sont confrontés à des phénomènes étranges. David est la proie d'hallucinations nocturnes où il se voit en meurtrier. Quand leur oncle meurt en Normandie dans des conditions similaires à celles décrites par David avec une précision saisissante, il devient évidemment le suspect idéal. Mais c'est sans compter sur une pléiade de personnages troubles : un magnétiseur aux fins discutables, un magicien spécialiste de la bilocation, un démarcheur de livres qui apparaît subitement. Et que dire de ce drame noué en Inde bien plus tôt, où des individus périrent dans des endroits clos, et jamais résolu ?

    Paul Halter s'est hissé comme le maître actuel des romans traitant de meurtre en chambre close, avec notamment John Dickson Carr comme illustre pionnier. Cet épisode est le dix-neuvième ouvrage de la série mettant en scène le Docteur Twist. La langue de l'auteur est très agréable, emprunte de ce caractère légèrement suranné lié à l'époque où se déroule l'histoire. L'ambiance est feutrée, sans action ni jaillissement de sang, avec d'agréables traits d'humour, et l'aspect lapidaire des descriptions rend les pages rapides à tourner. Il faut attendre les ultimes paragraphes pour découvrir l'identité du principal coupable, achevant un roman où les fausses pistes et autres rebondissements auront foisonné. Paul Halter exploite un subterfuge assez malin pour expliquer l'inexplicable, même s'il a déjà été utilisé par d'autres auteurs. Le seul véritable bémol de ce livre demeure la résolution de l'intrigue indienne : elle utilise une ficelle ultra-connue et employée par un autre éminent écrivain mais qu'il est ici impossible de citer sans rien dévoiler. Certes, Paul Halter connaît ses classiques (il va même jusqu'à donner comme titre à l'un de ses chapitres La mort dans les nuages, comme le roman d'Agatha Christie) et maîtrise les codes du genre, avec une sorte de passerelle avec les lieux où se déroulait l'action du Tigre borgne, mais certains lecteurs pourront se sentir frustrés par cette intrigue à la fois secondaire et trop rapidement conclue.

    La corde d'argent est donc un roman à énigme réussi, achevant de démontrer le talent de Paul Halter. Néanmoins, l'histoire aurait gagné à ne pas être entravée par une seconde histoire aussi anecdotique que ne l'est sa résolution.

    04/04/2011 à 21:28

  • Certains l'aiment clos

    Laurent Martin

    8/10 Parce qu'il est en pleine déprime et miné par des problèmes personnels, Gabriel Lecouvreur échoue dans un monastère breton. Sur place, il croit entrevoir la lumière divine, le chant du Créateur, et commence une conversion aussi rapide que sincère. Mais des meurtres particulièrement sanglants brisent la retraite du Poulpe : des moines sont assassinés, une croix métallique dans le ventre. Gabriel va donc devoir abandonner son statut de retraitant pour mener l'enquête, quitte à ce que ses tentacules aillent plonger dans des bénitiers aux eaux peu reluisantes.

    Deux-cent-cinquante-septième ouvrage de la série consacrée au Poulpe, Certains l'aiment clos est écrit par Laurent Martin, un auteur à la bibliographie déjà fournie. D'entrée de jeu, le lecteur se rend compte que le ton de cet opus sera bien différent de celui des autres. Gabriel Lecouvreur découvre la foi ! Messie, messie ! Et il va même jusqu'à y trouver du plaisir ! Au-delà de ce postulat qui défrisera bien des aficionados du céphalopode, il y a une nette inflexion de la part de Laurent Martin à vouloir faire sortir le personnage de Gabriel Lecouvreur des sentiers battus. Il va se lier d'amitié avec les moines, participer aux offices, et chaque chapitre s'ouvre sur un psaume. L'écriture est très agréable, les personnages nombreux et joliment croqués, et le livre se dévore avec entrain. Il ne faut pas être très lettré pour se rendre compte que l'auteur s'est inspiré du Nom de la Rose d'Umberto Eco pour imaginer son intrigue, cette ascendance étant clairement assumée par Laurent Martin qui cite à plusieurs reprises le roman. L'intrigue se dénouera de manière relativement inattendue, loin des clichés auxquels on pouvait s'attendre.
    Et puisqu'il faut bien clore une histoire, Laurent Martin a choisi une voie bien surprenante, presque iconoclaste eu égard à la personnalité du Poulpe. Certains amateurs de Gabriel regretteront probablement ce choix, mais on ne peut pas manquer de louer les efforts de l'auteur pour édifier un ouvrage atypique.

    Certains l'aiment clos est donc une œuvre bien surprenante : elle conjugue les qualités d'un huis clos réussi à une tonalité inédite dans la série. Est-ce un blasphème ou un renouvellement du personnage ? La question divisera à coup sûr mais n'empêchera certainement pas de reconnaître les indéniables qualités de ce roman.

    28/03/2011 à 17:08 1

  • La Mort des neiges

    Brigitte Aubert

    8/10 Rendue muette, aveugle et tétraplégique à la suite d'un attentat, Élise Andrioli décide d'aller se reposer à la montagne, dans les Alpes-Maritimes. Elle est installée dans un centre où sont présents d'autres handicapés, mentaux ou moteurs. Et c'est alors qu'un nouveau tueur en série commence à sévir, la première victime étant une femme crucifiée dans une maison abandonnée. Rapidement, l'assassin s'adresse à Élise et lui confie même un morceau de steak... qui s'avère être un morceau de la chair prélevée à la victime torturée. C'est le début d'une longue série de meurtres abominables.

    Après La mort des bois, Brigitte Aubert poursuit avec son héroïne si atypique. Le récit est alerte, ponctué de descriptions savoureuses, émaillé d'un humour tordant, et le lecteur se prend d'une empathie certaine pour la protagoniste. L'histoire est bien bâtie et réserve de nombreux rebondissements jusqu'au coup de théâtre final, assez surprenant. Par ailleurs, loin de vouloir absolument rejouer le premier opus en le faisant se dérouler, cette fois-ci, dans un environnement alpestre, Brigitte Aubert a imaginé un scénario assez adroit et délirant. L'ensemble est très bien écrit et, malgré une fin qui aurait pu facilement être réduite de quelques dizaines de pages pour préserver l'impact et la verve de l'histoire, prenant.

    Pour conclure, La mort des neiges est un thriller savoureux, atypique et bien mené, offrant de délicieux instants de distraction.

    28/03/2011 à 16:59 1

  • Le Samouraï qui Pleure

    Laurent Scalese

    8/10 Un restaurateur japonais ainsi que sa famille retrouvés massacrés à Paris : meurtres ou suicide collectif ? Un suspect dont l'arrestation débouche sur la mort de trois policiers. Quelque chose de louche et inquiétant se trame dans l'ombre, c'est du moins l'intime conviction du lieutenant Élie Sagane. Alors que son équipe se met en chasse, elle ignore qu'elle vient en fait de se dresser sur la route de la très puissante mafia japonaise et que cette dernière est prête à tout pour parvenir à ses fins, quitte à sacrifier les policiers qui lui barreront la route.

    Laurent Scalese fait partie de ces auteurs français que l'on ne présente plus. Écrivain reconnu par la critique, le public et ses pairs, il entamait en 2000 sa carrière avec cet ouvrage. Pour les connaisseurs, sa patte apparaît rapidement : personnages campés avec réalisme, intrigue tendue, style visuel. Le fait que Laurent Scalese en vienne à travailler à de nombreuses reprises pour la télévision n'est pas surprenant : le livre, à l'instar de ses autres romans comme L'ombre de Janus ou Le baiser de Jason, tire partie d'une écriture lapidaire qui laisse la part libre à l'action et aux évolutions de ses personnages. A n'en pas douter, l'auteur s'est beaucoup documenté avant de se lancer dans l'édification de ce récit, notamment sur le milieu policier, la culture japonaise ainsi que les terribles yakuzas, sans jamais tomber dans les poncifs souvent inhérents au genre. L'ensemble, nerveux et racé sans pour autant tomber dans la surenchère pyrotechnique, retient sans peine l'attention du lecteur sur les quatre-cents pages, sous-tendu par une intrigue qui panache les éléments attendus du genre tout en demeurant original.

    Avec ce thriller, Laurent Scalese s'imposait d'emblée parmi les auteurs français du genre à suivre de près. La suite de son œuvre est tout aussi intéressante, jusqu'à son dernier roman, La cicatrice du diable, dont la sortie en poche se fera en juillet prochain.

    22/03/2011 à 18:22

  • L'Ange de leather Lane

    Lee Jackson

    9/10 En ce milieu du XIXe siècle, le temps se gâte dans le quartier de Leather Lane : un boucher est accusé de faire le commerce de viande chevaline. Une bande de jeunes malfrats propage cette rumeur semble-t-il infondée, et c'est Sarah Tanner qui accepte de venir en aide à ce commerçant pour préserver le calme de ce quartier londonien dans lequel elle travaille. Dans le même temps, un ancien amant de Sarah se rappelle à son bon souvenir et l'enjoint de l'aider : ses parents sont en effet tombés sous la coupe de mesméristes, cette supposée science mêlant hypnose et autres pratiques contestables. Deux enquêtes parallèles ? Pas si sûr. Car au fur et à mesure de ses avancées, la jeune femme découvre que les deux affaires sont liées.

    Lee Jackson est un auteur spécialisé dans le polar historique se déroulant à l'époque victorienne, et animant un site de haute tenue consacré à l'histoire sociale et culturelle de l'Angleterre. Son œuvre se divise principalement en deux séries : celle consacrée à Decimus Webb et l'autre à Sarah Tanner. Après Une femme sans peur, on retrouve ici la délicieuse Sarah aux prises avec une bande de scélérats prompts à jouer du couteau et des charlatans profitant de la naïveté humaine. Les lieux et l'ambiance du Londres de la moitié du dix-neuvième siècle sont parfaitement rendus, avec panache et précision, sans que cette érudition descriptive n'empiète sur le déroulement de l'intrigue. Aux côtés de Sarah, on se promène dans la capitale anglaise comme on découvrirait un lieu et une époque inconnus au bras d'une guide qui sait allier culture et retenue. L'intrigue est très riche, offrant de nombreux rebondissements, sans le moindre temps mort, et les diverses pièces du puzzle s'assemblent pour former un ensemble intelligible et crédible. Par ailleurs, le lecteur aura le plaisir de voir les personnages évoluer, notamment Sarah, avec les ultimes pages orientant sans nul doute la suite de la série.

    L'ange de Leather Lane constitue donc un ouvrage de grande qualité, à la fois cultivé et réjouissant, où la forme et le fond se conjuguent à merveille pour composer un ouvrage policier et historique particulièrement prenant. Il est à noter qu'un autre livre de Lee Jackson sort dans quelques jours : Il était une fois un crime.

    20/03/2011 à 18:20