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9/10 Le capitaine Orca tente de mener sa tâche de policier dans le Nord, mais les crimes auxquels il est confronté chaque jour le plongent dans un désarroi sans nom. Femmes tabassées par leurs maris, enfants martyrisés, vieillards ligotés et maltraités pour leur faire avouer où se trouve leur pécule... Il y a de quoi craquer. D'ailleurs, il lui arrive de braver les interdits et devenir le rédempteur sans nom de ces victimes anonymes. Quand une interpellation tourne mal et lui fait côtoyer le trépas, il ressort de cette expérience de mort imminente avec une mission : extraire des griffes de deux détraqués sexuels un jeune manouche. Mais en plongeant dans la tanière de la barbarie, il est plus que probable qu'il n'en sortira pas indemne.
Après Maryline de Boulogne et Boulogne K, Michel Vigneron poursuit la descente aux enfers de ses protagonistes aux Éditions Ravet-Anceau. On retrouve son écriture noire et efficace, avec des personnages particulièrement réalistes. L'auteur, policier, connaît parfaitement les milieux et les méthodes qu'il décrit, et l'on sent la véracité de ses écrits. Patrice Orca est particulièrement attachant, policier mesurant au jour le jour la profondeur abyssale de la détresse et de la sauvagerie humaines. Le lecteur ne pourra que sentir ses tripes remuées par le journal intime de la jeune victime des incestes répétés de son père, les exactions du terrible tandem de psychopathes, et les douleurs tant physiques que psychologiques des proies. Même si la qualité de l'écriture de Michel Vigneron est à chaque page édifiante, il y a des passages qui sont encore plus frappants, très visuels, comme la lente dérive vers l'au-delà d'Orca, ou le final, à la fois poignant et épuisant. En ces moments où la patte de l'écrivain sert avec brio des situations effroyables, on pense à d'illustres auteurs comme Franck Thilliez, Antoine Chainas ou Aurélien Molas. Tout y est sombre, désespéré, désespérant, et l'on referme ce roman essoufflé par des ténèbres atrocement communicatives.
Si l'épisode de l'expérience de mort imminente arrive certes un peu tard dans le récit, on ne peut que louer en des termes très élogieux la maîtrise de Michel Vigneron. Le puits de la perversion est un roman qui fracasse, laissant le lecteur dans le même état que nombre des personnages décrits dans cet opus sauvage : déboussolé, perclus d'hémorragies, avec le goût cuivré si typique du sang dans la bouche. A n'en pas douter, Le puits de la perversion mérite de figurer dans la bibliothèque de celles et ceux qui n'ont pas peur d'être malmenés.04/04/2011 à 21:30 El Marco (3456 votes, 7.2/10 de moyenne)
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8/10 Vigneron nous entraine dans un livre à trois écritures, le flic, le pervers, la victime...
Loin de faire dans la dentelle, comme à son habitude Michel balance des claques dans la gueule à chaque page tournée...
Descente aux enfers dans le cerveau d'un monstre pervers, une écriture violente, réaliste, sans concession, chaque détail compte, quelqu'en soit son degrés d'horreur, mais sans pour autant sombrer dans le voyeurisme, dans le glauque, et c'est là tout l'art de l'écriture de Michel, rester "border-line" avec un savoir faire déjà croisé dans ses romans précédents.
On retrouve, comme à l'habitude dans l'écriture de Michel, le flic désabusé, avec ses travers, ses qualités, pas de super-héros chez Vigneron, juste des hommes avec leurs faiblesses, leurs coups de gueule, la vie quoi...
N'hésitez surtout pas à lire ce livre, même si l'on en sort pas indemne, mais c’est bien ce que l’on cherche en lisant du polar ou du roman noir, non ?19/10/2010 à 15:14 laligator (51 votes, 7.5/10 de moyenne)