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Gangsta tome 1
6/10 Un manga original, qui mélange arts martiaux, amitié, suspense et tueurs à gages. Rien de très novateur, ni dans le fond ni dans la forme, certes, et je suis assez curieux de voir comment cette série va évoluer, mais cela se lit avec plaisir.
15/02/2017 à 08:08
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Nuit de fureur
8/10 Car Bigelow, également connu sous le sobriquet de Little Bigger. Profession : tueur à gages. Signes particuliers : fait physiquement bien moins que ses trente ans, est presque aveugle, mesure un mètre cinquante, a des dents artificielles, et est atteint de la tuberculose. Sa dernière mission en date : assassiner, sans attirer l’attention, un indicateur qui va bientôt témoigner à un procès. Le plus simple semble être d’intégrer la pension de Peardale, que tient sa future victime, afin de commettre son forfait en toute quiétude. Mais sur place, l’attendent l’épouse de la balance ainsi que Ruth, jeune fille estropiée. Et ça ne constitue que le début des embêtements.
De Jim Thompson, quasiment tout le monde connaît Le Démon dans ma peau ou encore 1275 âmes. Cet écrivain américain est l’un de ceux dont on continue de prononcer le nom avec déférence, même près de quarante ans après son décès. Ici, on retrouve une belle part des qualités et obsessions de l’auteur, mais avec une noirceur encore plus prononcée, comme s’il avait passé au tamis ses idées et mots pour n’en garder que les plus ténébreux. Cela commence avec un (anti)héros, tueur décomplexé qui s’apprête à remplir son contrat et finit par tomber, d’une certaine manière, sous la coupe de deux femmes, dont l’une est un peu son écho physique féminin. Ici, tout y est souillé, immoral, à la limite du grotesque. Ça boit, ça fume, ça tire des plans sur la comète en se promettant de grandes virées une fois la mission – rien de moins que l’homicide d’un être humain – réalisée. Et, à défaut de la moindre action tout au long de ce récit, on finit par se complaire dans cette fange fétide, peuplée également de personnages retors et inquiétants comme Le Patron, commanditaire de Carl, ou La Gnôle, sous-fifre en mal de reconnaissance. Et ce presque huis clos entre gens de fort mauvaise compagnie s’achève, comme il se doit dans tout roman noir, par une rédemption ou une déchéance. Ici, ça sera la chute. Brutale. À coups de hache. Dans la claustration d’une trappe. Tandis que des chèvres hurlent. Il y a parfois des épilogues si emportés et criards qu’ils parviennent, en quelques pages, à pallier de longs instants en apparence lénitifs et muets, alors que la violence s’exprime parfois ainsi, par des berceuses captieuses et des silences sournois. Assurément, celui de cet ouvrage en constitue l’un des plus vibrants exemples.
Certains romans ne cherchent pas nécessairement à séduire. Ils produisent leur matériau brut, mal taillé et volontairement rêche, à la face du lecteur, non par arrogance ou paresse mais pour mieux mettre en exergue les affres de l’âme humaine et les hantises de son auteur. C’en est ici le cas typique avec cette œuvre plutôt méconnue de Jim Thompson. Le noir s’y fait couleur, avec ses nuances de désespoir et de finitude, au sens très large du terme. Probablement pas l’œuvre la plus accessible de Jim Thompson, et c’est peut-être en cela qu’elle en devient fondamentale.12/02/2017 à 08:50 7
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Un coupable presque parfait
8/10 Daisy Wells et Hazel Wong forment, au sein de leur collège, une agence de détectives privées. Mais un tel environnement n’est guère fertile en intrigues. Sauf le jour où Hazel découvre le corps de Miss Bell, professeur de sciences, jetée du haut d’un balcon. D’autant que le cadavre disparaît très rapidement après. Voilà enfin, pour les deux pensionnaires, le début d’une affaire criminelle qu’elles comptent bien résoudre d’elles-mêmes ?
Premier tome de la série consacrée à Wells et Wong. Dès les premières pages, le lecteur – jeune de préférence – est embarqué par l’histoire. De prime abord, il s’agit d’un récit classique, édulcoré pour plaire aux adolescents voire à des plus juvéniles. Néanmoins, ce cliché fond comme neige au soleil devant la maîtrise et la langue pétillante de Robin Stevens. Avec un vocabulaire simple mais un récit parfaitement structuré, l’écrivaine nous emmène sur des chemins jadis définis par Agatha Christie – avec une facétieuse référence à Miss Marple à la clef – ainsi que des clins d’œil appuyés à Arthur Conan Doyle, avec Daisy dans le rôle de Sherlock Holmes et Hazel dans celui de John Watson. Si la première Miss est aussi intelligente et observatrice que son génial inspirateur, avec la morgue et les réflexions péremptoires qui vont avec, la seconde collégienne est plus calme et posée, ce qui lui vaut d’ailleurs de n’être que la secrétaire du club. La langue est certes élémentaire, mais sa fluidité doublée d’une jouissive malice font que l’on se prend rapidement au jeu de la chasse au criminel. Entre hypothèses parfois fausses et éclairs de génie, de la vérification d’alibis qui volent occasionnellement en éclats et de préjugés intimes qui s’effondrent au détour d’un détail dévoilé, les deux enquêtrices en herbe vont lentement progresser vers la résolution de l’intrigue et le dévoilement d’un tueur dont l’identité était tout sauf attendue.
Voilà donc un premier ouvrage jouissif et dynamique, déluré et électrisant. Typiquement le genre d’opus que l’on peut conseiller à de jeunes lecteurs que le roman policier pourrait rebuter. Un ton guilleret ainsi qu’une réelle originalité dans les propos, rendant hommage à de notoires prédécesseurs, et rappelant les écrits d’Emma Kennedy. Une très agréable découverte pour une série dont on ne manquera pas les prochains épisodes.12/02/2017 à 08:44 2
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Pour venger pépère
8/10 Si l’intrigue ne constitue pas, en soi, une extase, le traitement qui en est fait par A.D.G. est remarquable. Frédéric Dard télescope Michel Audiard et Antoine Blondin. De grands moments de rire, avec des jeux de mots bien sentis et des situations cocasses. Dans le même temps, c’est aussi le roman des amitiés et des amours mortes entre Pascal Delcroix, avocat, qui s’en va mener sa vendetta contre les assassins de son grand-père, son « pépère ». Des instants singuliers d’émotion, de nostalgie, et les marques d’inclination pour une certaine époque révolue.
12/02/2017 à 08:42 6
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La Nuit des créatures géantes
6/10 Une histoire qui reprend les passages obligés voire attendus du héros qui devient subitement minuscule, avec les péripéties liées à un environnement anormalement immense et les dangers – notamment animaux – que cela représente. Sans bouleverser les codes du genre ni les renouveler, un livre plutôt prenant et original.
12/02/2017 à 08:40 1
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Magic Kaito Tome 4
8/10 Un opus assez différent des trois précédents, beaucoup plus noir et tourmenté. Une série de péripéties courtes et enlevées, avec un rapide crossover mettant en scène Shinichi Kudo, alias Détective Conan. Un petit régal qui, même s’il n’est pas dénué d’humour, s’achève sur un épisode poignant et inattendu.
12/02/2017 à 08:39
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À mains nues
9/10 Je suis entré un peu à reculons dans ce livre, parce que les ouvrages « à la mode » ou dont on parle beaucoup m’intéressent moins que les perles délaissées. A la fermeture du roman, je garde en tête quelques bémols : une violence singulière et qui aurait pu n’être traitée que de manière allusive, des combats pas toujours crédibles, et une écriture qui n’a rien de recherché ni de soigné. Mais au final, alors que je viens de refermer la dernière page, quelle claque globale. Une histoire qui ne ressemble à aucune autre, avec des gladiateurs modernes, dressés comme des molosses, perdant tout repère moral, et s’adonnant à des barbaries incroyables. Une étonnante galerie de personnages retors et sombres, emportés et sanguinaires jusqu’à l’ivresse de l’hémoglobine qu’ils font couler. C’est aussi une histoire solide et travaillée, parcourue d’idées remarquables (les affrontements dans le noir, les règles de la tuerie finale, les numéros attribués aux coups en fonction de la douleur provoquée, etc.). Et il y a ces images qui me resteront longtemps en mémoire. Il m’arrive fréquemment de (très) bien noter un livre et, quand je revois passer bien longtemps plus tard, ma note et mon commentaire ou avis, d’avoir un doute, un flou, une hésitation quant au contenu du roman. Ici, pas de risque : il me sera assurément inoubliable. Avec son cortège d’images démentes, comme les snuffmovies, les carnages, la séquence de danse entre Minuto et Batiza. Avec ses moments de bonheur captieux, de joie éphémère, d’espoir mensonger, qui surnagent fugacement au beau milieu de cette sauvagerie et de cette anomie. Et puis, il y a cette fin, inattendue et vicieuse qui rebat les cartes et oblige une relecture mentale de la totalité de l’ouvrage. Un mémorable festin de mâles et de maux.
15/01/2017 à 19:57 9
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Magic Kaito Tome 3
6/10 Des histoires très courtes et plaisantes, où l’on n’a guère le temps de s’ennuyer. Comme dans les autres opus, un ton beaucoup plus amusant et amusé que les Détective Conan, et une surenchère de gadgets et de gags parfois gamins. A défaut d’être fan de cette série, je lui reconnais sans mal un fort pouvoir distractif, avec un grand nombre de personnages gravitant autour du magicien.
15/01/2017 à 19:56
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L'Ecole des zombies
7/10 Une lecture très distrayante, où les clichés du zombie (vociférant, affamé de viande infecte, avançant avec lenteur, etc.) sont percutés par des scènes bien plus originales. Un opus que j’ai trouvé un peu plus original que d’autres, avec des passages propres à écœurer les lecteurs les plus sensibles, le tout pour une lecture bien distractive.
15/01/2017 à 19:55 1
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Doubt volume 1
7/10 Très similaire à la série Judge, une lecture agréable pour un huis clos prenant et efficace. Une ambiance inquiétante et assez enivrante, ou comment de jeunes Japonais sont réunis dans un espace souterrain et tentent de découvrir qui, parmi eux, est le loup, c’est-à-dire le tueur machiavélique. Néanmoins, je trouve le trait moins convaincant que dans Judge.
15/01/2017 à 19:52 1
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Death Note tome 6
8/10 Toujours aussi prenant et efficace. Un opus qui vient intelligemment clore l’histoire entamée sur les tomes 4 et 5, avec une réussite scénaristique et esthétique constante.
15/01/2017 à 19:51 1
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Détective Conan Tome 8
7/10 La suite et fin de l’intrigue du tome 7, à laquelle s’ajoute la lutte contre un adversaire bien mystérieux (« Le Baron de la nuit »), avec un meurtre en chambre close et pas mal de mystères à la clef, et une mariée qui succombe au charme caustique et mortel d’un poison placé dans un thé au citron. Le fil rouge de ces histoires : vengeance et histoire de famille. Des intrigues toujours aussi sympathiques, du souffle et de l’esprit, et un ton qui mélange humour et noirceur. Un bon moment de lecture.
15/01/2017 à 19:50 1
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La Résurrection de Luther Grove
9/10 John et Laura Payne, ainsi que leur jeune fille Molly, emménagent dans une magnifique demeure dont les travaux viennent de s’achever. Ils comptent ainsi vivre non loin du village de Milton et à côté d’un sublime loch. C’est sans compter sur la présence d’un voisin étrange, Luther Grove. Un individu singulier avec lequel les relations vont vite se tendre.
Avec ce roman noir, Barry Gornell frappe fort. Très fort. De la première à la dernière ligne de l’ouvrage, le lecteur est complètement happé. D’entrée de jeu, le ton est donné : avec cet incipit où Luther chasse des lapins avant de les dépecer, on se doute que la suite du récit sera aussi nerveuse qu’inquiétante. Cet écrivain, dont il s’agit là du premier livre traduit en français, bénéficie d’une plume absolument admirable. Tous les personnages qu’il créé sont doués d’une épaisseur et d’une authenticité comme il est rarement permis de le lire. Chacun de ces êtres, pourtant fictifs, sont croqués d’une manière savoureuse, avec une langue si belle que l’on prend plaisir à relire certains passages pour leur simple beauté littéraire. Laura, femme forte et mère attentive, portant encore le poids d’un péché de chair. John, mari et père qui ne se distingue pas toujours par sa finesse et sa tempérance. Frank, le frère de ce dernier, a priori gai luron et fêtard invétéré lorsqu’il ne se trouve plus sur une plateforme pétrolière, et qui dissimule néanmoins des trésors de nocivité. Luther, bien évidemment, en apparence homme rustre et quasiment retourné à l’état sauvage, mais doté d’une personnalité bien plus riche et complexe, et qui a un lourd passé en rapport avec le loch. Et même Molly bénéficie de cette incroyable densité humaine : à chaque fois qu’elle apparaît, balbutie ou s’anime, Barry Gornell transforme ces petits instants en moments de grâce et d’émotion. Ces protagonistes semblent si réels que l’on s’attendrait à sentir battre leur pouls à travers les pages.
Et il y a l’intrigue, rêche et amère. Si les relations de voisinage se compliquent à partir de faits anodins (des troncs d’arbres au milieu de la chaussée, une piqûre d’abeille, un geste déplacé de John envers sa fille, etc.), elles vont vite prendre une tournure ténébreuse. L’écrivain demeure cependant bien loin des clichés : il ne narre pas des frictions grandissantes aboutissant à un drame ou une tragédie. L’histoire est bien plus subtile et retorse, puisque l’arrivée des citadins va faire renaître dans l’esprit meurtri de Luther des souvenirs féroces et douloureux. Ce qui sera pour certains une descente aux enfers tandis que lui y gagnera quelques arpents de rédemption, en souvenir d’Ishbel et Tarragh.
Indéniablement, un livre sombre et extraordinaire, alternant le glacé et le volcanique. Une magnifique étude de mœurs et de psychologies, à travers une intrigue remarquable de finesse, et aux rouages parfaitement huilés. On tremble, on s’éprend, on s’émeut, on s’inquiète, on se passionne, on abhorre : tant de sentiments en un seul roman, voilà une palette terriblement marquante.11/01/2017 à 17:37 5
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La Carne
7/10 Brouchon, un chirurgien vieillissant. Elisabeth, sa femme, plus jeune que lui, stérile et disposant de nombreux appâts pour séduire les hommes. Dansec, le nouveau praticien et collègue de Brouchon, qui n’est pas insensible aux charmes d’Elisabeth. Marc, directeur d’un haras. Nader, palefrenier. Et La Carne, cette jument indomptable et irascible. Tous ces destins vont se télescoper dans un manège où se mêlent amours, passions contrariées, rancœurs et dissimulations.
Cet ouvrage de Guy Lefebvre est son premier à paraître chez l’éditeur Fleur sauvage. Court (environ cent-quatre-vingts pages), ce roman fait intervenir une belle diversité de personnages. Tous bien dépeints, en quelques mots ou phrases savamment tournés, ils vont, en raison des liens qui les unissent, être amenés à s'affronter. Avec un style épuré qui n’empêche nullement les belles tournures littéraires, l’auteur signe un livre efficace et prenant de la première à la dernière page. C’est également un croquis adroit de la solitude et de l’abandon, de l’espoir qui anime les âmes et les chairs déclinantes, où les mots de l’auteur se posent avec beaucoup de justesse. L’intrigue, classique mais particulièrement humaine et crédible, se rapproche de celles de Georges Simenon, avec cette belle économie d’événements, mettant davantage en relief paysages et psychologies. Ce qui retient le plus l’attention, c’est finalement la présence de ce cheval, cet animal dangereux et tempétueux, qui deviendra le détonateur enfoui au milieu de cet amas d’animosités et d’inclinations.
Peut-être certains amateurs de littérature policière auraient préféré un ou deux rebondissements supplémentaires, tandis que d’autres regretteront à coup sûr les nombreuses fautes et coquilles disséminées dans le roman. Néanmoins, cette Carne est assurément un bon ouvrage, intelligemment écrit, plausible et racé.11/01/2017 à 17:36 3
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Hugo contre le minotaure
7/10 Une habile relecture de la mythologie, qui préserve autant l’aventure que l’érudition pure, sans oublier une agréable dose d’humour. Une écriture espiègle, même si je regrette que le Minotaure et le Labyrinthe soient trop rapidement évacués de l’histoire. Assurément, je tâcherai d’être au rendez-vous de d’autres opus de cette collection atypique et entraînante.
11/01/2017 à 17:30 1
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Le Coup du lapin
7/10 Une histoire mêlant magie et illusionnisme, assez bien troussée et prenante jusqu’aux dernières pages. Une ambiance qui mêle habilement humour et suspense, jusqu’à un final inattendu, qui n’est pas trop de mon goût, mais que les jeunes lecteurs aspirant à des situations abracadabrantes sauront apprécier mieux que moi.
11/01/2017 à 17:29 1
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Faridon en Floride
6/10 Un joli cocktail de personnages reclus dans une luxueuse villa en Floride pour éviter une nuit des longs couteaux entre malfrats. Lou, le gangster aux abois, vantard et blagueur, prêt à tout pour s’envoyer en l’air avec Josie. Nelly, la sœur de Josie, dont Harry, l’ancien homme de loi de Lou, va tomber amoureux. Goff, taciturne et misanthrope, qui cache encore de jolis trésors d’amour à donner… qu’il donnera à Josie. Sans compter les deux gardes du corps, Vito, la brute épaisse aux ordres de Lou, et Yutzy, pas aussi bête que cela. Sans compter Grizzard, qui vivra cet épisode de claustration dans la maison attaché dans la cave comme une bête pour une simple remarque. Tous les ingrédients sont réunis et la langue de Larry Holden est agréable à lire. Mais au final, pas mal de temps morts, des amourettes bien écrites cependant pas toujours crédibles, et un petit jeu de massacre qui aurait, à mes yeux, gagné à être plus noir, tendu ou corrosif. Une lecture sympathique, un bon moment passé aux côtés de ces individus, mais je reste un peu sur ma faim.
11/01/2017 à 17:25 3
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Tireurs d'élite
8/10 Mi-1943, en Bretagne. Rosie et Eugène, deux adolescents, parviennent, avec l’aide de la Résistance à laquelle ils appartiennent, à exfiltrer Edith, une gamine prisonnière des forces nazies. Dans le même temps, quatre garçons s’entraînent à devenir des tireurs d’élite. Ces deux groupes vont bientôt unir leurs forces afin de pénétrer dans un blockhaus où serait développée, en toute discrétion, une puissante arme.
Ce sixième volet de la série consacrée aux Henderson’s Boys constitue un pur régal. Robert Muchamore continue d’y développer cette saga au fort succès critique et public. Les fans y retrouvent d’entrée de jeu les ingrédients caractéristiques : des femmes et hommes, encore mineurs, enrôlés dans la lutte contre l’ennemi allemand, et prêts à tous les sacrifices pour la réussite de leur dessein. L’action y est omniprésente, et même si quelques éléments sont édulcorés puisqu’il s’agit à la base d’une lecture destinée aux jeunes, de nombreux passages réservent des scènes de violence, que cette dernière soit d’ailleurs suggérée ou concrète. Les coups d’éclat ne manquent pas, depuis l’attaque de troupes allemandes à l’évasion musclée d’une habitation isolée jusqu’à l’assaut final contre le bunker. Robert Muchamore sait ménager le suspense et agrémenter son récit d’éléments historiques avérés, même si l’on se doute que toute véracité, voire crédibilité, est à exclure. Néanmoins, l’histoire est énergique, le style nerveux, et l’on se prend d’une réelle empathie, et même de passion, pour ces adultes en devenir se surpassant au nom d’enjeux salvateurs. Une véritable pépite littéraire, alliant l’efficacité à de justes réflexions sous-jacentes quant au libre-arbitre et à l’engagement humain.11/01/2017 à 17:16 2
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Tambours de guerre
8/10 Elona Adder, galeriste, vient de faire disparaître dans un incendie criminel une série de peintures. Ces toiles sont toutes l’œuvre de Zac Blasko et représentaient des tueurs en série, avec un pouvoir pictural d’attraction particulièrement puissant. La fille de la criminelle, Naomi, ignore encore que cet acte désespéré, peut-être symptomatique d’une volonté de rédemption, engage pour elle le début d’une longue descente aux enfers.
De Serge Brussolo, on connaît déjà presque tout. Son impressionnante bibliographie, ses incroyables talents de conteur, la prolixité de ses histoires autant que le foisonnement des idées que l’on y trouve. Et ce n’est certainement pas ce roman – son dernier sorti – qui contredira ces évidences. La patte de l’auteur y est intacte, et immédiatement reconnaissable : la plume en furie, les malices qui fusent à chaque chapitre, voire chaque page, ses obsessions, et le caractère si particulier de ses intrigues. Zac Blasko, grâce à l’un de ses portraits, aurait réussi à priver son modèle Raven Connins de ses mortelles pulsions, quand celui-ci s’illustrait en conditionnant la chair de ses victimes dans des bocaux qu’il étiquetait, lui octroyant le sobriquet d’« Epicier de l’horreur ». Quand Raven apprend que la toile le croquant est réduite en cendres, il n’a qu’une envie : s’évader de sa prison et retrouver Zac pour qu’il le peigne de nouveau et le purge ainsi de ses mauvais penchants. Mais puisque l’on est chez Serge Brussolo, on se doute que l’histoire – déjà bien surprenante et atypique – ne saurait en rester là. Naomi a eu comme tuteur un vieux Japonais qui est décédé et était lui-même un bel artiste (clin d’œil : il a signé cet ouvrage Les Harponneurs d’étoiles, œuvre de devinez qui ?). Zac Blasko avait quant à lui un contrat : seulement trois représentations de ses toiles, après quoi elles échouaient à un mystérieux yakuza. Maintenant qu’elles sont toutes brûlées, ce mafieux de l’ombre a du travail à confier à l’artiste, en guise de dédommagement imposé. Raven, pour s’enfuir, peut compter sur l’aide d’un personnel du pénitencier, mais il ignore encore que ce dernier est en cheville avec Joan, une experte en informatique… qui est également sa plus grande fan. Ajoutez à cela d’étranges bongos aux pouvoirs inexpliqués, un tableau qui a « déteint » sur le ventre d’Elona et que les yakuzas veulent à tout prix récupérer, une ancienne base militaire officiellement désaffectée, un policier aux graves problèmes de santé et particulièrement pugnace, sans compter une bonne dose de paranoïa et vous aurez une idée de la densité de ce récit. Comme d’habitude, avec Serge Brussolo, on ne peut pas s’ennuyer : il nous présente constamment la copie de l’excellent élève, abondante en idées et particulièrement appliquée dans leur traitement. Certes, l’intrigue s’effiloche un peu vers le derniers tiers du roman, mais il n’était guère possible que le rythme imposé d’entrée de jeu – celui du cent mètres – puisse tenir tout au long de ce marathon littéraire.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’univers si singulier de Serge Brussolo, voilà l’une des nombreuses portes d’entrée pour y accéder. C’est déjanté, éblouissant et terriblement efficace. Et que dire de la longévité de son œuvre ? Avec L’Oiseau des tempêtes, Cheval rouge et Les Geôliers à paraître dans les mois à venir, il y a fort à parier que nous serons encore une fois fort nombreux à être présents lors de ces publications. De même qu’il y a toujours autant à miser que de nouveaux envoûtements seront également au rendez-vous.11/01/2017 à 17:15 6
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Détective Conan Tome 7
7/10 La résolution de l’énigme présente à la fin du tome 6 (à travers un détail présent sur une photographie), une plus longue histoire prenante ayant trait à la prétendue malédiction liée à un piano sur une île, et un ultime récit dont on ne connaîtra la fin que dans le tome suivant. Au final, une seule histoire complète, bien menée, intelligente et présentant de nombreux rebondissements. Vraiment intéressant et délassant.
11/01/2017 à 17:09