El Marco Modérateur

3271 votes

  • Les derniers jours de Newgate

    Andrew Pepper

    9/10 Pyke figure parmi les Bow Street Runners, les hommes chargés de faire respecter le calme et la loi dans le Londres de 1829, avant la création d’une police officielle. Parce qu’on vient de le mettre sur une enquête portant sur un éventuel détournement de fonds, Pyke découvre une véritable horreur : un couple ligoté et égorgé, tandis que le cadavre d’un bébé à qui on a écrasé la tête repose dans un seau d’urine. Quoique profondément choqué, il va mener son investigation, devant alors côtoyer de sinistres personnages tandis qu’un piège létal se referme sur lui.

    Ce premier opus d’une série consacrée à Pyke, et signé Andrew Pepper, est un véritable enchantement. Les premières pages sont symptomatiques du reste du roman : l’écriture est magnifique, toujours tapissée de noirceur, incluant des passages particulièrement sinistres quant aux descriptions de Londres et de Belfast, donnant davantage à voir les quartiers insalubres, les actes bestiaux de prostitution et les maladies endémiques que les beaux arrondissements huppés. L’action est également bien présente, avec des combats au corps-à-corps bien écrits, et d’autres saynètes particulièrement savoureuses et épiques (le combat contre l’ours, la mort du père d’Emily, la découverte du carnage dans l’appartement, etc.). Andrew Pepper soigne également ses personnages, et si nous devions n’en retenir qu’un seul, ça serait bien évidemment Pyke : rarement un protagoniste n’aura été aussi nuancé. Il peut sembler héroïque et altruiste dans certains de ses actes, mais son charme ravageur est proportionnel à la bestialité qui sommeille en lui et ne demande qu’à se libérer. Il est ainsi capable de profonds et sincères sentiments amoureux, ce qui ne l’empêchera pas, quasiment dans le même temps, de massacrer à coups de poings quelqu’un qui se met simplement sur son passage ou d’étouffer dans ses bras un chien pour éviter que ce dernier ne signale leur présence à des ennemis. Un être fort, que l’on a déjà envie de retrouver dans d’autres ouvrages, même si ceux-ci ne sont pas (encore ?) traduits en France. Quant à l’intrigue, elle est aussi riche, dense et complexe, avec une habile interconnexion entre cabales politiques, rivalités religieuses, ignobles secrets de famille et manipulations singulières.

    Un polar historique de très haute tenue, définitivement marquant, où la plume sombre d’Andrew Pepper permet de mettre en lumière un personnage central singulier, aussi enivrant que les obscurantismes et autres complots auxquels il va se retrouver mêlé.

    11/03/2019 à 16:40 2

  • Les Deux Châteaux

    Djet, Maxe L'Hermenier

    6/10 La préface résume événements et personnages des tomes précédents, ce qui est appréciable. Un des héros tombe par hasard sur un pilleur qui parvient à disparaître. Le reste de ce troisième tome de la BD s’avère à l’égal des précédents : enlevé, coloré. Tournois, univers parallèle, procès : ce n’est clairement pas ma came mais c’est tout aussi clairement plutôt réussi, toute subjectivité étant mise à part.

    02/05/2024 à 17:20 2

  • Les Disparus de Cornouaille

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    7/10 La famille de Ronan le forgeron disparaît au cours d’une nuit d’orage, et le corps du pater familias est retrouvé, la cage thoracique béante, ouverte à la serpe. Gwenc’hlan et son fidèle Taran mènent l’enquête, et apprennent que d’autres disparitions ont eu lieu dernièrement dans la région. Les Saxons sont d’abord soupçonnés avant qu’une créature monstrueuse ne soit suspectée. L’ombre du « Nom de la rose » réapparaît avec cette forte connivence maître – élève, avec une ambiance assez lourde, opaque et anxiogène, tandis que l’on suit l’investigation de Gwenc’hlan qui pense à des démons kidnappant des humains. Une esthétique très réussie, un fort suspense : déjà hâte d’attaquer les opus suivants, les deux derniers de la série.

    21/11/2021 à 18:35 1

  • Les disparus de l'A16

    Maxime Gillio, Virginia Valmain

    8/10 Une série de disparitions suspectes émaille l'actualité de la commune de Saint-Folquin, dans le nord de la France. La femme de l'un de ces disparus contacte la détective privée Virginia Valmain qui accepte cette mission. Sauf que Virginia n'est pas une enquêtrice comme les autres : c'est une véritable vamp accompagnée d'individus atypiques et inclassables, comme Lao-Tseu, grand Noir amateur de citations du philosophe, Mère-Grand, lesbienne à la verve détonante, ou encore Curly, ainsi surnommé en raison de son minuscule pénis. Quand cette clique déboule pour dénouer les fils de cette intrigue, il n'y a plus qu'à débarrasser le parquet. Et vite !

    Première collaboration de Maxime Gillio et de Virginia Valmain, Les disparus de l'A16 ne peut être entamé sans avoir pris connaissance de l'avertissement porté sur la quatrième de couverture : « Amateurs de bon goût et de bonnes manières, s'abstenir, ce livre n'est pas pour vous ». Et il faut reconnaître que cette maxime prend toute son importance dès le début de ce roman à suspense : grand fan de Frédéric Dard, Maxime Gillio et sa complice littéraire n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Les jeux de mots sont hardis, les situations sacrément rocambolesques et les protagonistes pittoresques. Les écrivains se jouent des codes habituels de la littérature policière, avec notamment des notes de bas de page qui interpellent le lecteur. Vous l'aurez compris : on est ici plongé dans un délire clairement affirmé et totalement débridé. On s'en prend plein les mirettes, avec des scènes marquantes comme ce débat quant au pourquoi des habits de Hulk, les problèmes d'acné de la mairesse, ou les alexandrins invariablement paillards du légiste. De ce point de vue, certains lecteurs reprocheront aux deux auteurs d'avoir bien trop forcé le trait tandis que d'autres se régaleront d'une telle liberté de parole, qui plus est associée à une intrigue qui tient parfaitement la route.

    Les disparus de l'A16 est donc un livre qui ne laissera pas indifférent : on adore ou on déteste. C'est du gras pur jus. Mais quand on aime ce type de littérature décomplexée, on se laisse très facilement emporter par la verve crue de Maxime Gillio et de Virginia Valmain. Et quand ce type de lecteur achèvera cet opus, il aura le rouge aux joues, un peu honteux d'avoir tant ri de ces blagues potaches, mais heureux d'avoir passé un si bon moment.

    05/02/2010 à 18:11

  • Les Doigts rouges

    Marc Villard

    7/10 Un bon petit polar, brodant une intrigue intéressante sur des thèmes habituels de la littérature jeunesse : famille, amitié, enfance, ainsi que fausses apparences. Ça se lit en cinq minutes seulement et ne s'adresse qu'aux plus jeunes lecteurs – la plupart des adultes peuvent donc passer leur chemin – mais ça permet de passer un bon moment en plus de proposer un suspense intéressant à des enfants.

    30/07/2011 à 18:56 2

  • Les Dossiers de l'Agence O

    Georges Simenon

    9/10 Il serait inutile de s’appesantir à présenter Georges Simenon, avec ses cent-trois épisodes mettant en scène le commissaire Maigret, cent-dix-sept romans, plus de cinq-cents millions d’ouvrages vendus et presque cent-quatre-vingt-dix adaptations cinématographiques. Et c’est avec plaisir que l’on redécouvre l’œuvre de ce grand monsieur à travers ce recueil de quatorze nouvelles. Leur lien : elles sont toutes en rapport avec l’Agence O, une boîte d’enquêteurs privés. On y compte Torrence, le prétendu chef de l’entreprise, Emile, jeune roux qui est en fait le véritable cerveau, mademoiselle Berthe, la secrétaire ayant le béguin pour Emile, et Barbet, un ancien voleur à la tire qui leur rend bien des services. Ce spicilège est un petit régal, avec des histoires très variées. Une femme qui est persuadée d’avoir vu un cadavre, un homme séquestré qui envoie une lettre à l’agence, une vieille dame qui leur demande de retrouver un homme qui s’est travesti pour intégrer un club de femmes âgées, un docteur qui chercherait à empoisonner une légataire sur le déclin, une morte nageant au milieu de trois bateaux sans que personne ne se rende compte de rien, etc. Des histoires prenantes et efficaces, avec le style si particulier de Georges Simenon : des intrigues finalement simples mais agrémentées de fines analyses psychologiques, où les personnages déploient, pour la plupart, de larges parts d’ombre, le tout composé sur un style narratif tout en fluidité. Les mots coulent simplement, facilement, mais recèlent de petits joyaux littéraires. Car les tragiques manœuvres, les sales agissements et les personnages détestables ne manquent pas au gré de ces divers récits. Tout est finalement résumé dans ces quelques phrases extraites de la nouvelle « Le Ticket de métro » : « On ne sait rien, on ne soupçonne pas encore la vérité et pourtant chacun est empoigné par le sentiment de quelque chose de tragique ». L’humour ne manque cependant pas, par touches salvatrices, notamment dans les relations entre Torrence et Emile, ou dans une certaine causticité dans la peinture des prétendues convenances, notamment quand Emile interroge pour la première fois la brave madame Pitchard dans « Le Club des vieilles dames ».

    Une aisance remarquable dans l’étude des rapports humains, qui se double d’énigmes fort intéressantes. Et dire que ces écrits ont été publiés pour la première fois en 1943, avec une prépublication en 1941. Une foudroyante modernité.

    20/12/2017 à 21:59 5

  • Les Dragons de Pékin

    Jean-Claude Bartoll, Renaud Garreta

    6/10 Un prologue plein de bruit et de fureur avec un combat fulgurant sur mer. Un cocktail plutôt sympa d’espionnage et de baston (bien loin des premiers tomes, tout de même…), où Najah nous dévoile également son habileté au sabre. Mais, même si l’ensemble est bien charpenté et documenté, je regrette ces monceaux de bavardages. Une explosion tout en haut d’un building vient clore ce tome certes fort lisible et distractif mais qui manque à mes yeux d’un peu de piment et/ou de concision.

    20/06/2022 à 17:05 2

  • Les Dynamiteurs

    Benjamin Whitmer

    9/10 Denver, fin du XIXe siècle. La ville est une véritable Babylone. Prostitution, misère, violence, corruption. Dans le quartier des Bottoms – « Les Tréfonds », une poignée de jeunes orphelins tentent de survivre. L’histoire nous est contée par Sam, quatorze ans, et chaque jour est à la fois un calvaire et un petit miracle, car il faut tenter de subsister, en mendiant, en volant, et également en se protégeant des agressions extérieures. Squattant une usine désaffectée, ces gamins affrontent régulièrement des SDF qui les agressent et tentent de leur chiper leur repaire. C’est lors de l’un de ces assauts qu’ils font la connaissance de John Henry Goodnight, une force de la nature, muette, et au visage à moitié déchiqueté. Pour Sam, c’est le début d’un apprentissage très particulier : celui de la barbarie et du monde des adultes, et la révélation de ses sentiments pour Cora, une autre adolescente.

    Benjamin Whitmer nous avait déjà offert Pike, Cry Father et Evasion. Dès les premières pages de ce roman, on est littéralement bluffés. L’écriture est prodigieuse de férocité, avec une description glauque, compacte et brûlante de ce Denver en 1895. Le prologue ne fait que cinq pages, et pourtant, il nous plonge avec maestria dans la noirceur qui constituera le reste du livre. On va y découvrir Sam, quatorze ans, et les autres orphelins, reclus volontaires dans cette ancienne fabrique et repoussant comme ils peuvent les tentatives d’invasion des « Crânes de Nœud » - le surnom que ces mômes ont donné aux adultes – à l’aide de pièges dévastateurs, comme des planchers munis de piques ou des hameçons pendant du plafond afin d’énucléer les envahisseurs. Sam et ses camarades de fortune rencontreront alors Goodnight ainsi que Cole Stikeleather, en quelque sorte son meneur, qui amèneront Sam dans le grand monde, celui des grandes personnes, pour une chevauchée brutale et sans la moindre concession. Nous n’oublierons jamais quelques passages qui marquent au fer rouge, comme les diverses confrontations avec les membres de l’agence Pinkerton, ce passage dans un wagon qui va être fatal à deux de ses trois voyageurs, les circonstances dans lesquelles Goodnight a été si mochement balafré, ou l’épilogue, terrible de cruauté, où l’on apprendra ce que sont devenus chacun des enfants bien des années plus tard. Vu à travers les yeux de Sam, le monde décrit par Benjamin Whitmer est impitoyable, crasseux, suffocant, traversé de convulsions sanglantes et de hurlements inhumains. L’auteur emploie une langue qui mêle argot, expressions ordurières, dialogues au cordeau et de nombreuses métaphores et autres images croustillantes, tandis que certains passages sont de purs instants de grâce, décrits avec une beauté inouïe. Finalement, de cette puissante alternance entre noirceur et lyrisme, il y a une phrase qui résume parfaitement la plume de Benjamin Whitmer : « Si vous voulez m’émouvoir, donnez-moi des bandits et des baleines blanches. Ce monde est un monde de têtes coupées, et il n’y a pas beaucoup de place pour les balades dans des putains de champs de jonquille ».

    Voilà un ouvrage fabuleux d’obscurité, où la transition de l’enfance à l’âge adulte se fait à coups de gnôle, de crosse, de dynamite et de désillusions. Ce roman est brillant, et cet éclat s’observe avec d’autant plus d’évidence qu’il s’exerce dans les ténèbres.

    18/10/2021 à 07:43 6

  • Les Eaux mortes

    Hugues Pagan

    8/10 Jacques Cavallier voit les événements se déchaîner contre lui en très peu de temps. Un inconnu dépose cent mille francs sur son compte en banque. Son ex-femme vient l’informer qu’une vieille connaissance, Chess, est de retour. Pour cet ancien policier devenu pigiste, les coïncidences ne sauraient ainsi se multiplier sans qu’il n’y ait anguille sous roche. A moins qu’il ne s’agisse carrément de requins.

    Hugues Pagan fait partie de ces auteurs trop rares, et dont on ne saurait rater le moindre rendez-vous offert par la sortie de l’un de ses ouvrages. Ces Eaux troubles était d’ailleurs le premier d’entre eux, paru en 1986, et Payot Rivages a d’ailleurs eu l’excellente idée de le rééditer. On y retrouve un ton très particulier, nécessairement noir, certes, mais sachant se différencier de ses prestigieux confrères américains. Le ton y est sombre, et cette nuance déteint avec bonheur sur les personnages. Jacques Cavallier, désabusé, élimé par trop d’années au service de la police, et ayant dû quitter cette dernière suite à une exécution que la morale réprouve. Il vivote avec ce job purement alimentaire de journaliste dans un journal d’ixième catégorie, tombe sous le charme d’Anita, une jeune beauté qui œuvre elle aussi dans le canard, et voue une passion dévorante, presque addictive, à Dizzie Mae, une Ford dont les galbes et l’habitacle l’apaisent. Dans le même temps, comme dans tout bon roman noir, notre protagoniste va être submergé par des événements tous très crédibles mais dont la superposition va venir contrarier la trajectoire molle et attendue de son existence. Hugues Pagan sait alors se faire le chantre d’une langue surannée, presque morte, oscillant du côté des aphorismes détonants et des dialogues fleuris de Michel Audiard. Les répliques claquent, les situations sont décrites avec un détachement mêlé d’humour noir, et certains personnages (dont l’inénarrable Achille) valent leur pesant de croquignolesque. De petits bijoux d’une cocasserie toujours maîtrisée, jamais graveleuse ni gratuite. A côté de ces nombreuses qualités, l’intrigue ne constitue pas la plus flagrante qualité du récit : à mesure que les pages défilent, on a parfois l’impression que l’auteur délaisse certains aspects, en a oublié d’autres, voire n’y attache qu’une importance secondaire. Et quand arrivent les ultimes pages, il y a comme un goût d’inachevé, avec encore des questions qui restent en suspens, orphelines de réponses. Mais au final, on en finit par s’en contreficher éperdument : ici, la colonne vertébrale, le fil rouge, bref, ce qui compose la saveur de l’ouvrage, c’est la langue de l’auteur, sa verve, et sa façon, si particulière, de dépeindre la société et les individus qui la composent.

    Probablement pas le roman le plus abouti d’Hugues Pagan, mais il serait déplacé, surtout a posteriori, de le lui reprocher puisqu’il s’agissait, rappelons-le, de son premier. Il n’en demeure pas moins que le charme opère malgré son âge. Voilà un trentenaire sacrément séduisant, et encore paré à rayonner pendant d’autres décennies.

    27/01/2020 à 17:48 5

  • Les Egouts de Los Angeles

    Michael Connelly

    10/10 Un thriller remarquable, documenté et efficace. Mon préféré de la série.

    03/06/2009 à 20:10 4

  • Les Elèves de l'ombre

    Anaïs Vachez

    7/10 Jade Viala fait sa rentrée en classe de cinquième, l’estomac noué. Elle va s’y retrouver avec Romane et sa meute de suiveuses, ses harceleuses. Même l’arrivée d’un nouvel et sympathique collégien, Adry Patkin, ne change rien à son état d’esprit. Mais un événement inattendu vient bouleverser les choses : un nouvel enseignant de français, monsieur Erbenet, qui sera également son professeur principal. D’allure sinistre, dictatorial, il impose à tout-va des heures de retenue à ses élèves d’où ces derniers ressortent métamorphosés, presque des zombies. Jade et Adry vont tenter de comprendre qui est cet individu si inquiétant.

    Avec ce court roman, Anaïs Vachez se joint à la collection Hanté qui doit procurer des sensations fortes et des poils qui se hérissent à de jeunes lecteurs. Ici, la trame est classique : un professeur trouble, une ambiance anxiogène, des phénomènes inexpliqués, une touche de magie, et deux protagonistes aussitôt sympathiques auxquels on peut sans mal s’identifier. Le suspense va crescendo, avec des épisodes plutôt marquants, comme l’épisode au cours duquel Jade va observer une sorte de métamorphose physique de la part de l’un de ses camarades ayant subi une retenue de la part de ce monsieur Erbenet, ou ce curieux élixir qu’il boit dans le prétendu secret de la salle des professeurs. L’atmosphère, lourde et occulte, n’est d’ailleurs pas sans rappeler celles que l’on découvre dans les ouvrages de R. L. Stine. Cependant, d’autres romans de cette collection, comme L’Amie du sous-sol, La Maison sans sommeil, Maudite poupée ou Le Camping de la mort, se sont montrés un peu plus convaincants. En effet, certaines ficelles scénaristiques sont ici assez épaisses, et l’on achève cet ouvrage avec un léger goût d’inachevé : la résolution est incomplète, nombre d’interrogations demeurent en suspens, et l’on en vient à regretter qu’Anaïs Vachez, dont le talent est indéniable, n’ait pas davantage creusé le sillon de l’originalité ou conclu cet Elèves de l’ombre sur une note moins attendue.

    Pour résumer, un livre très agréable et qui se laisse lire, mais qui propose davantage de questions qu’il n’offre de réponses. Mais peut-être était-ce le but de l’écrivaine que de susciter ces énigmes dans la tête de ses lecteurs et de leur laisser conclure l’ouvrage à leur guise.

    28/09/2021 à 07:21

  • Les Emmurés

    Serge Brussolo

    7/10 Court mais dense et intelligent, un autre bon roman de Serge Brussolo dont l'oeuvre gigantesque ne cesse de me surprendre et de me faire plaisir !

    12/06/2006 à 19:36 1

  • Les Enfants du crépuscule

    Serge Brussolo

    7/10 Une idée de base excellente et bien exploitée qui fait douter le lecteur jusqu'au dénouement final.

    15/06/2006 à 22:37 1

  • Les Enfants du labyrinthe

    Claude Carré

    7/10 … ou comment Jenny, Yann et Michka se retrouvent, suite à un souci lors d’un voyage en immersion linguistique en Angleterre, aux prises avec une étrange vieille dame en la personne de Mme Gilbraith. Une maison, labyrinthique, dont les murs pivotent pour en faire un dédale mouvant, et deux puis les trois malheureux gavroches qui doivent affronter cette terrible harpie, et dans le même temps libérer deux gamins de leur âge. Une écriture simple et efficace, des illustrations très jolies et appropriées, et un suspense bien mené pour cet ouvrage destiné à la jeunesse qui se lit vite et facilement. Seul regret : les motivations psychologiques de la kidnappeuse ne sont pas du tout abordées.

    07/01/2018 à 00:07 2

  • Les Enfants du néant

    Olivier Descosse

    6/10 Un peu déçu par ce roman. Certes, Olivier Descosse connait parfaitement les rouages du thriller, manie les rebondissements et emploie un style vif et prenant. Cependant, j'en reste encore à ma réticence déjà exprimée pour « La liste interdite » : plus je lis du Descosse, plus j'y vois du Grangé. Le style, la fragmentation des chapitres et parties, le vocabulaire, et même l'intrigue, avec le rebondissement final que je verrais parfaitement chez l'auteur des Rivières Pourpres. Alors, effectivement, j'ai passé un bon moment de lecture, mais je n'en demeure pas moins chagriné par, selon moi, ce manque d'originalité dans le fond comme dans la forme.

    28/08/2010 à 19:01

  • Les Enfants du rasoir

    Joe R. Lansdale

    5/10 Becky et Monty décident de prendre quelques vacances au bord d'un lac, leur couple battant de l'aile depuis que la jeune femme a été victime d'un viol. Mais si le responsable s'est suicidé en prison en se pendant, un de ses anciens acolytes, Brian, un adolescent au comportement monstrueux et atterré par la disparition de son ami, est fermement décidé à faire payer à Becky sa part de responsabilité. D'autant que cette dernière commence à vivre des cauchemars étranges qui s'apparentent fortement à des visions prémonitoires…

    Auteur principalement de romans noirs et de thrillers, Joe R. Lansdale s'essaie ici au thriller fantastique, dans une veine que ne renierait pas Stephen King. Le roman est court et enlevé, le style concis et vif, et l'ensemble se lit rapidement sans que le lecteur n'ait le temps de décrocher. Malheureusement, Joe R. Lansdale tombe souvent dans la facilité, avec une certaine complaisance dans les descriptions crues, du sexe à la violence. Par ailleurs, malgré d'indubitables qualités, le lecteur ne trouvera que peu de rebondissements et de surprises, en dépit d'une linéarité du récit brisée par les flash-back et l'alternance de points de vue. De même, l'emploi de l'élément fantastique est sous-exploité pour n'être que saupoudré, d'où cette impression tenace de manque ou d'inachèvement.

    Au final, Les enfants du rasoir est un thriller correct, sans plus, qui se lira rapidement mais s'oubliera à la même vitesse.

    21/04/2009 à 10:14 2

  • Les Exploits de Fantômette

    Georges Chaulet

    7/10 … ou comment la jeune et intrépide super-héroïne Fantômette en vient à contrecarrer les plans d’un trio de malfaiteurs souhaitant récupérer l’invention d’un savant, à savoir une tuyère servant à une fusée révolutionnaire. J’avais déjà lu « Pas de vacances pour Fantômette », et je retrouve ici le ton si particulier de la série. De l’humour, la plume de Georges Chaulet qui est tout sauf simpliste ni caricaturalement enfantine, et pas mal d’action. J’ai vraiment pris plaisir au gré de ces quelque 180 pages, avec une satisfaction qui n’est même pas coupable, puisqu’il n’y a ici pas d’infantilisation. Des moments cocasses, notamment dans les dialogues, ou dans les objets inventés par le professeur Potasse, l’oncle d’Isabelle (« Pompe à eau, Siège éjectable, Hélicoptère à vapeur, Patinette-tondeuse-à-gazon », p. 52, ou encore « Pendule à trois cadrans », « Ouvre-boîte à musique », « Extincteur à trompette » p.87). Fantômette y apparaît ici comme un amusant croisement entre James Bond, Catwoman et Indiana Jones, avec l’emploi de quelques gadgets (dont sa broche), ses techniques de combat, sa double identité (écolière – redresseuse de torts), ou encore sa grande sagacité. Elle aura ici fort à faire face au tiercé de crapules composé de Bébert, de Kafar et du colonel Pork, travaillant pour l’Etat de Névralgie (j’ai d’ailleurs trouvé que le fait de donner d’attribuer des noms communs à des personnages – Lilas, Godillot, Bigoudi, Boulotte, Ficelle, etc. – astucieux pour le jeune lectorat auquel se destine ce roman, même si pour des adultes, c’est un choix moins pertinent car situant tout l’univers du livre dans quelque chose de trop fictif, irréaliste, faux). Des cambriolages, des bagarres, des tentatives de meurtres, des kidnappings, des chantages, bref, aucun temps mort pour cet opus qui est également le premier de la série et qui, détail amusant, essaie de préserver une forme de suspense autour de l’identité réelle de Fantômette jusqu’au dernier chapitre, le onzième, intitulé « Qui est Fantômette ? ». Pour résumer, pas de quoi épiler un hérisson, c’est indéniable, mais un souffle suffisamment bienveillant et enjoué pour emporter jeunes et moins jeunes lecteurs.

    09/11/2019 à 17:23 2

  • Les Fêlures

    Barbara Abel

    9/10 Roxane Leprince et Martin Jouanneaux, jeunes amoureux, avaient décidé d’en finir avec un double suicide. Une double injection de morphine afin de quitter une scène qui ne voulait pas d’eux. Malheureusement, Roxane survit. Incompréhension de la part de leurs deux familles qui ne comprennent pas la radicalité de ce geste. Suspicion de la part des Jouanneaux. Garance, la sœur de Roxane, autant que les deux policiers chargés des premières investigations, ont également du mal à interpréter un tel acte. Alors il va falloir pénétrer l’intimité de ces deux amants pour déchiffrer leur geste. Quitte à découvrir de sinistres fissures dans les diverses versions des faits…

    Barbara Abel nous a habitués à l’excellence, depuis son premier ouvrage L’Instinct maternel à Et les vivants autour en passant par Je sais pas ou encore Derrière la haine. Ici, reprenant le thème des bienaimés cherchant à fuir un microcosme qui les a déçus voire maltraités, l’écrivaine nous convie au lent décorticage de relations humaines à la fois fortes et imprévisibles. Les divers personnages qui peuplent voire hantent ce roman sont tous remarquables, excellement bien campés, et d’une rare justesse psychologique. Odile, la mère du défunt, est une génitrice castratrice, patronne acérée et maman étouffante. Martin, son fils, assez fragile et manipulable, qui a cru pouvoir retrouver une forme d’autonomie psychologique dans des velléités littéraires mais demeure sous le joug de sa procréatrice. Garance, l’aînée de Roxane, compose une jeune femme à la fois forte et fragile, consommatrice sexuelle d’hommes et incapable de s’attacher sentimentalement à l’un d’eux. Il y a également la mère de Roxane et de Garance, comédienne ratée, alcoolique et fumeuse invétérée, qui leur a fait vivre un enfer et qui est depuis décédée. Hervé Blache et Mathieu Cherel, les deux policiers en charge d’une investigation qui pourrait vite avorter si la thèse du double suicide est avérée. Mais est-ce réellement le cas ? Au gré de ce récit choral de toute beauté, haletant et sans le moindre temps mort, Barbara Abel nous entraîne vers des flashbacks et autres chemins de traverse qui constituent autant de sentiers boueux, de voies incertaines et de ruelles fallacieuses au terme desquelles la vérité émergera. Un dénouement puissant et marquant, qui est d’autant plus réussi qu’il est à l’image de l’ensemble du récit : réaliste, d’ailleurs si crédible qu’il fait froid dans le dos.

    Un roman époustouflant de tact et de vraisemblance, jouant habilement la partition des faux-semblants sur une portée qui devait pourtant être celle des évidences. Car c’est tout le génie de Barbara Abel : au-delà de sa plume extraordinaire, elle met en lumière ces fêlures qui craquellent le vernis des apparences humaines et d’où sourdent les petites lâchetés, les sombres désillusions, les amours éconduites et autres émotions viciées.

    06/09/2022 à 06:55 6

  • Les Fiançailles de M. Hire

    Georges Simenon

    8/10 … ou la déchéance de M. Hire, s’étant consumé d’un amour à la fois subit et inachevé pour Alice. Comme toujours chez l’immense Georges Simenon, une incroyable économie de mots et de descriptions, ce qui n’empêche en rien ce roman d’être un festin de maux. De ce M. Hire, on ne sait finalement que peu de choses, et c’est justement cette vacuité, presque cet anonymat, qui rend ce personnage d’autant plus fort. Un physique replet, une moustache lambda, et voilà, le portrait est dressé. Il faudra d’ailleurs un interrogatoire avec un policier pour en savoir plus sur son passé de petit escroc, vendeur de littérature litigieuse, ayant purgé une peine de prison, vivant encore d’expédients douteux. Un as en bowling, et même ses collègues de jeu ne savent rien de lui, en venant même à penser qu’il est policier. Ce sera donc la vue d’Alice au cours d’un moment de voyeurisme qui le poussera faussement à croire en une inclination partagée entre ces deux êtres alors que l’on enquête encore sur la mort d’une certaine « Lulu » dont le cadavre a été découvert dans le voisinage. Un drame sombre, dont on se doute du terme, mais qui ravit néanmoins de bout en bout. D’ailleurs, l’aspect policier n’est guère l’axe central usé par l’auteur, puisqu’il dévoile au chapitre cinq, c’est-à-dire à la moitié du roman, un élément fondamental qui aurait pu constituer un ressort narratif essentiel si l’auteur avait cherché un habile rebondissement à glisser vers la fin de son opus. Le seul élément m’a finalement manqué, c’est finalement la brièveté de l’histoire qui m’a empêché de réellement ressentir la méfiance voire l’aversion des voisins de M. Hire à son égard, incinérant ainsi une part non négligeable du drame à venir et une peinture plus complète de la haine ordinaire, nécessairement sotte et bêlante.

    02/12/2018 à 17:40 5

  • Les ficelles du crime

    Nathalie Charles

    7/10 Tandis qu’elle rentre chez elle, Louise ne peut s’empêcher d’admirer les vitrines des grands magasins où, à l’occasion de Noël, les commerçants démontrent leurs talents artistiques. C’est alors que Louise découvre, dans l’une de ces devantures, une jeune femme morte. Détail qui l’inquiète au plus haut point : elle avait croisé la victime peu de temps auparavant dans une boutique. Et si le tueur était beaucoup plus près d’elle qu’elle ne le craignait ?

    Ce roman policier de Nathalie Charles offre un bien bon moment de lecture. D’entrée de jeu, les jeunes lecteurs auquel s’adresse ce livre ne manqueront pas d’être intrigués par l’étrangeté de ce crime. Concis, habilement construit, le récit progresse au gré d’une ambiance sombre et étrange, où, quelque part dans une zone d’ombre, est tapi un assassin particulièrement motivé et diabolique. Sur cette histoire classique de vengeance, Nathalie Charles tisse une intrigue efficace et solide, qui se lit rapidement, et où l’on a le plaisir de croiser des personnages parfaitement campés.

    Quoique traditionnel, cet opus se singularise par une narration ingénieuse et prenante. Si l’auteure venait à poursuivre dans la voie de la littérature policière, souhaitons-lui au moins autant de réussite pour la suite.

    12/03/2014 à 18:14