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8/10 … ou la déchéance de M. Hire, s’étant consumé d’un amour à la fois subit et inachevé pour Alice. Comme toujours chez l’immense Georges Simenon, une incroyable économie de mots et de descriptions, ce qui n’empêche en rien ce roman d’être un festin de maux. De ce M. Hire, on ne sait finalement que peu de choses, et c’est justement cette vacuité, presque cet anonymat, qui rend ce personnage d’autant plus fort. Un physique replet, une moustache lambda, et voilà, le portrait est dressé. Il faudra d’ailleurs un interrogatoire avec un policier pour en savoir plus sur son passé de petit escroc, vendeur de littérature litigieuse, ayant purgé une peine de prison, vivant encore d’expédients douteux. Un as en bowling, et même ses collègues de jeu ne savent rien de lui, en venant même à penser qu’il est policier. Ce sera donc la vue d’Alice au cours d’un moment de voyeurisme qui le poussera faussement à croire en une inclination partagée entre ces deux êtres alors que l’on enquête encore sur la mort d’une certaine « Lulu » dont le cadavre a été découvert dans le voisinage. Un drame sombre, dont on se doute du terme, mais qui ravit néanmoins de bout en bout. D’ailleurs, l’aspect policier n’est guère l’axe central usé par l’auteur, puisqu’il dévoile au chapitre cinq, c’est-à-dire à la moitié du roman, un élément fondamental qui aurait pu constituer un ressort narratif essentiel si l’auteur avait cherché un habile rebondissement à glisser vers la fin de son opus. Le seul élément m’a finalement manqué, c’est finalement la brièveté de l’histoire qui m’a empêché de réellement ressentir la méfiance voire l’aversion des voisins de M. Hire à son égard, incinérant ainsi une part non négligeable du drame à venir et une peinture plus complète de la haine ordinaire, nécessairement sotte et bêlante.
02/12/2018 à 17:40 El Marco (3431 votes, 7.2/10 de moyenne) 5