El Marco Modérateur

3233 votes

  • Le sourire noir

    Serge Brussolo

    9/10 Riche, bien écrit, avec de nombreux rebondissements, un roman excellent comme seul Serge Brussolo est capable de les écrire ! :-)

    30/09/2006 à 10:23 1

  • Le Spectre de l'Antarctique

    Maza, Richard D. Nolane

    8/10 Retour en Antarctique après « l’épisode » du Débarquement raté en Normandie avec toujours ces magnifiques combats aériens ou contre des sous-marins. Himmler semble vouloir étendre sa mainmise. Un bon tempo de bout en bout, jusqu’à la découverte finale, pour les Alliés, que la base qu’ils comptaient attaquer en Antarctique servait peut-être de diversion au profit d’une station secrète.

    18/05/2021 à 18:57 1

  • Le Spectre de la Bastille 1/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    6/10 Un vieil homme embastillé promet qu’il va s’évader. Soixante-quinze ans plus tard, un spectre fond sur une jeune femme et enlève sa victime. Evidemment, Guilhem/Le Renard et Maud/La Rose écarlate vont enquêter sur cette histoire. Une sorte de seconde saison, intéressante, de la série « La Rose écarlate » où le dessin de Jenny est légèrement meilleur que celui de Patricia Lyfoung selon moi (plus précis, plus coloré, et avec quelques incursions modernes à la limite du manga) et le format en deux parties permet de creuser davantage l’histoire et les personnages secondaires. Pour le moment, avec cette histoire de faux spectres en quête de jeunes femmes, laissant une curieuse poudre blanche dans leur sillage et fanatiques de Côme Ruggieri, je suis plutôt enthousiaste.

    19/11/2022 à 17:54

  • Le Spectre de la Bastille 2/2

    Jenny, Patricia Lyfoung

    6/10 Nos deux héros parviennent à capturer l’un de ces faux spectres kidnappeurs mais ce dernier meurt aussitôt après avoir ingurgité un simple verre d’eau. Et voilà que les fantômes viennent enlever M. Alexandre et Adèle. Pierre, en version remaniée de Q des James Bond, leur fournit des gadgets qui s’avèreront fort utiles. Une version rajeunie, affinée, retravaillée, et pour tout dire, améliorée, de la précédente série « La Rose écarlate », pour ce tome qui s’achève avec une infiltration dans la prison de la Bastille avec la révélation (certes classique mais efficace) de la teneur du complot. Plutôt sympa.

    21/11/2022 à 18:36

  • Le Sphinx

    Edgar Allan Poe

    9/10 Une nouvelle où le narrateur, aux côtés d’un ami dans sa propriété proche de l’Hudson, sensible aux augures, voit un animal monstrueux, de taille colossale, et voit en son apparition un triste présage alors que le choléra sévit à New York. Je m’arrête là dans la description de cette histoire (particulièrement lapidaire, même pour une nouvelle), car sa chute est à mes yeux extraordinaire. Un mélange d’humour, de finesse d’observation et de résolution d’énigme d’une grande maestria. C’en est même tellement fin et, en fonction de son intime façon d’interpréter ce final, qu’elle pourra presque ressembler à un pastiche de roman à énigme façon Sherlock Holmes. Bref, un court et intense moment de bonheur en ce qui me concerne, ou l’art de faire très court et infiniment percutant !

    28/07/2020 à 08:25

  • Le suivant sur la liste

    Manon Fargetton

    7/10 Des adolescents, issus de milieux différents, avec chacun une personnalité propre, vont voir leurs chemins se croiser. Une rebelle, une magnifique rousse, un déscolarisé et un dernier capable de ressentir les émotions et pensées de ceux qu’il touche. La mort en apparence accidentelle de Nathan va les conduire à une clinique où se jouent d’étranges enjeux.

    Avec ce roman à la lisière du fantastique, Manon Fargetton prend part de belle manière à la collection Thriller de chez Rageot. L’écriture est efficace, enlevée et prenante, et le suspense se mêle à l’action au gré de chapitres courts et incisifs. Le lecteur, aux côtés de ces ados si hétérogènes, va lentement remonter jusqu’à un projet scientifique angoissant mené au sein d’un service hospitalier. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce premier opus ainsi que des suivants de la série un succès, tant critique que public : style vif, personnages sympathiques et complot dont on pourrait presque craindre qu’il soit plausible. S’achevant sur un chapitre résolument tendu et ouvrant la voie à des développements ultérieurs, ce roman intrigue autant qu'il divertit.

    Même si certains passages et éléments sont attendus, Manon Fargetton signe indéniablement un ouvrage qui saura plaire à son jeune lectorat autant que poser de justes interrogations quant à la famille, l’amitié et l’eugénisme.

    01/12/2014 à 18:47

  • Le Syndrome Copernic

    Henri Loevenbruck

    7/10 Vigo Ravel est un trentenaire atteint de troubles schizophréniques ainsi que d'une amnésie. Alors qu'il se rend dans le quartier de la Défense pour y rencontrer son psychiatre, il entend des voix dans sa tête lui indiquant qu'il faut fuir. Quelques instants plus tard, trois bombes réduisent l'immeuble où il se rendait en un piège létal pour des centaines de personnes. Unique survivant, Vigo va tenter de comprendre ce que sont ces étranges voix. Pourquoi lui parlent-elles ? D'où sont-elles issues ? Et si toute son existence n'était qu'une vaste supercherie ? Il va falloir plonger au cœur de ténèbres dont les plus effrayantes sont encore celles qui voilent son passé.

    Auteur à succès, Henri Lœvenbruck signe avec Le syndrome Copernic un thriller saisissant. Sur la trame classique de la machination, l'auteur plonge rapidement le lecteur dans un suspense efficace dont il est difficile de se dessaisir. Le protagoniste principal, Vigo Ravel, devient vite attachant, avec ses zones d'ombre, sa fragilité, ses errances. Le roman, même s'il est assez long, ne présente pas de réelles longueurs inutiles dans la mesure où le mélange de suspense, d'action et de descriptions est bien mené. L'intrigue est intelligemment construite et malgré quelques poncifs inhérents au genre – un héros amnésique qui va éclaircir les zones d'ombre de son passé, les sphères politiques et militaires, la thèse d'un gigantesque complot, etc –, l'ouvrage, pétri de références scientifiques et philosophiques, se lit avec intérêt.

    A défaut d'être d'une immense originalité, Henri Lœvenbruck exploite donc avec brio les codes du genre pour offrir un opus brillant et documenté, qui ravira les amateurs de conspirations.

    25/01/2010 à 18:34

  • Le Syndrome E

    Franck Thilliez

    8/10 Moi qui n’avais pas lu du Franck Thilliez depuis longtemps, voilà que je m’y suis replongé avec cet opus… avec délice. J’ai tout de suite été embarqué par cette histoire, folle, démente, énergique, où la plume de l’auteur fait merveille. Si les beaux mots et formules lyriques ne sont que rares, je trouve que l’écrivain use surtout d’une forme de simplicité très efficace, façon page-turner. Des chapitres courts, dynamiques, s’enchaînant à merveille, anéantissant tout souffle, tout temps mort. Beaucoup de notions sont abordées dans cet opus, avec minutie, discernement et clairvoyance : la folie, la vue, le cerveau, les expériences médicales, les hystéries collectives, les techniques de cinéma, les génocides, etc. Je n’ose imaginer le temps qu’a passé Franck Thilliez à se documenter, retenir cette myriade d’informations puis s’en servir pour bâtir puis mener son histoire. Dans le même temps, j’ai pris plaisir à retrouver Sharko et Lucie, pour une joie décuplée dans la mesure où tous deux mènent de conserve leur investigation, en France, mais aussi en Egypte et au Québec, pour retrouver et mettre à nu les racines de ces crimes monstrueux. Lui, toujours aussi borderline, hanté par le fantôme de sa fille, obnubilé par les trains miniatures et les baignoires ; elle, esseulée avec ses deux enfants. Leur rapprochement, d’abord purement professionnel, va donner ensuite lieu à une alliance sentimentale, et j’ai hâte de savoir comment va évoluer cette relation, d’autant que l’ouvrage s’achève sur un événement parfaitement inattendu, et qui va certainement avoir des incidences sur leurs rapports. Même si je ne suis pas fan des histoires de complotisme, je dois dire que j’ai été soufflé par le tempo presto, m’être pris pas mal de claques au passage avec des rebondissements et des notions qui, non seulement m’étaient inconnues, mais m’ont en plus bien fait froid dans le dos. Oui : ne serait cette histoire de complotisme qui n’est, très subjectivement, pas ma tassé de thé, c’est presque un sans-faute littéraire pour moi.

    14/09/2019 à 08:26 10

  • Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume

    Edgar Allan Poe

    9/10 Alors en déplacement dans le sud de la France, le narrateur décide de visiter un hôpital psychiatrique dont il avait entendu parler. Introduit sur place par le directeur, M. Maillard, ce dernier lui explique son « système de la douceur », à savoir le refus de toute violence sur les aliénés et un principe de liberté pour eux, désormais révolu. Mais l’hospice réserve encore de sacrées surprises…
    J’avais lu cet opus quand j’étais collégien, et je me souvenais vaguement de la fin, et uniquement de celle-ci. Malgré tout, à cette relecture ; le charme a de nouveau opéré. Je me suis laissé embarquer par ce récit gentiment bouffon, et, aux côtés du narrateur, j’ai été hameçonné par l’histoire, son excentricité, le comportement pour le moins biscornue des convives, et la plume, à la fois inquiétante et posant une ambiance singulière et décalée d’Edgar Allan Poe. Et puis il y a ce final, certes un peu téléphoné, mais qui est toujours aussi saisissant et détonant. Il n’y a pas à douter de deux points : c’est une histoire très forte et qui n’a certainement pas perdu de sa puissance d’impact malgré les ans. Et je suis également persuadé qu’il a dû inspirer des auteurs et des scénaristes du cinéma, car c’est un véritable festin d’imagination et d’impertinence.

    17/07/2020 à 08:27

  • Le Tableau de l'apothicaire

    Adrian Mathews

    6/10 Une idée intéressante et une langue agréable à lire, mais beaucoup trop de temps morts et de chapitres superflus, selon moi.

    01/12/2009 à 06:45

  • Le Tableau disparu

    Christian Grenier

    8/10 Le robot Zed et Tom Beffroy viennent d’hériter d’une nouvelle affaire : on a subtilisé un tableau au domicile de Jade Weiler, une jeune et richissime collectionneuse. Parce que cela peut permettre de doper la notoriété de Zircon, l’entreprise qui a créé cet androïde surpuissant et doué d’immenses capacités d’analyse, ils se mettent à traquer dans un premier temps le faussaire qui a peint une contrefaçon pour remplacer cette toile de Matisse…

    Après Menaces sur le concert, on retrouve donc Zed dans cette nouvelle enquête qui est au moins aussi réussie que la précédente. Christian Grenier a eu le flair ainsi que l’intelligence de créer un héros fort sympathique et marquant, en la personne – mécanique et numérique – de ce robot, aimable colosse monté sur pneumatique, doué pour les raisonnements, capable d’exploiter les immenses ressources disponibles sur Internet, exprimant ses conjectures en leur attribuant des pourcentages de chances, et découvrant graduellement les sentiments qui animent les êtres humains. L’histoire commence fort bien, avec un traitement original, ou comment Zed va profiter d’éléments informatiques pour comprendre quand cet énigmatique falsificateur a pu substituer un faux Matisse au vrai, avant que les événements ne conduisent nos enquêteurs jusqu’en Thaïlande. Pas le moindre temps mort dans cet opus survitaminé, bien écrit et judicieusement adapté au jeune lectorat auquel il se destine.

    Une nouvelle réussite de la part de Christian Grenier, qui impose ainsi cette machine parmi les meilleurs limiers de la littérature jeunesse, avec esprit et humour. D’ailleurs, les dernières lignes interpellent avec justesse sur le sort des produits dupliqués, mais soyons rassurés : pour le moment, on ne voit vraiment pas qui pourrait remplacer ce cher Zed dans nos cœurs.

    15/04/2022 à 08:22

  • Le Temps des corbeaux

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    9/10 Taran et Gwenc’hlan se perdent en conjectures pour comprendre les motivations de ces furieux cannibales, et c’est dans un souterrain qu’ils comprendront, en décryptant des oghams, qu’ils vont plonger vers le passé d’un clan, les « Forts ». Un final très fort, rendant une fois de plus hommage au fabuleux « Nom de la Rose » et apportant toutes les réponses attendues, avec cette vengeance courant sur un siècle où se mêlent vendetta familiale, religion(s), jeux de pouvoirs. Un excellent point final à une très bonne série.

    09/01/2022 à 20:13 1

  • Le Temps des naufrageurs

    Jean-Yves Delitte

    5/10 Le navire « Le Belem » quitte Saint-Nazaire le 31 juillet 1896 et tombe sur un petit bateau à la dérive contenant des survivants, probablement des mutins ainsi punis, ne parlant que l’espagnol ou le portugais. Malheureusement, j’ai du mal à résumer le reste de l’intrigue tant elle s’est effilochée à mes yeux : une disparition, de la tempête, la vie à bord d’un immense voilier, un incendie… Trop d’éléments disparates dans cette histoire dont j’ai eu bien du mal à cerner le fil directeur, la colonne vertébrale scénaristique. Dommage.

    19/10/2022 à 17:06 1

  • Le Temps égaré

    Sylvie Granotier

    8/10 Une admirable nouvelle sur le thème sans cesse exploité et réinventé des amours malheureuses, du triangle d’amants et de la tragédie à venir. Une plume piquante, douée d’une rare humanité, que Sylvie Granotier a également trempée dans l’érotisme. Finalement, peu importe la chute, puisqu’elle est annoncée d’entrée de jeu, et même si les dernières lignes viennent encore souligner la dramaturgie de cette passion mortelle : c’est l’entrelacs des deux points de vue, celui de Michel et de Marianne, qui porte bien haut ce récit aux accents si crédibles. Une bien belle réussite littéraire, à mon avis.

    07/09/2014 à 18:25 2

  • Le Tigre borgne

    Paul Halter

    8/10 Patrick Mallory, jeune espion, est dépêché en Inde, dans la province de Kandore, par William Fraser. Son objectif est, de prime abord, plutôt banal : il doit surveiller le maharadjah Jaswan Singh qui semble prêt à ourdir un complot. Cependant, cette région est tourmentée par deux personnages assez singuliers : un tigre borgne qui sème la désolation parmi la population, et un fakir, hostile à l'autorité du maharadjah, qui pratique des tours de magie à l'aide d'une corde devenant, comme par enchantement, aussi solide que du métal. Patrick Mallory ne sait pas qu'il va aller de surprises en surprises, toutes plus dangereuses et mortelles les unes que les autres.

    Auteur français passé maître dans l'élaboration et la résolution des meurtres en chambre close, Paul Halter montre à nouveau l'étendue de son talent dans ce roman. En implantant son récit dans l'Inde de la fin du dix-neuvième siècle, l'écrivain offre un dépaysement total au lecteur grâce aux ambiances chaudes et colorées de ce bout du monde. La multiplicité des personnages, propre au whodunit, permet de peindre habilement une galerie de suspects potentiels, tous très bien campés. Les intrigues sont nombreuses, du fauve carnassier jusqu'au fakir magicien en passant par un meurtre dans une pièce verrouillée. Comme à chaque fois dans ce type d'ouvrage, le lecteur s'échine à découvrir comment le criminel a pu s'y prendre, usant ses neurones pour comprendre le fin mot de l'histoire. Paul Halter, en talentueux disciple de John Dickson Carr, parvient à nouveau à surprendre en proposant une résolution très cartésienne des énigmes grâce à un sens aigu de la déduction digne de Arthur Conan Doyle.

    Alliant la fougue du livre d'aventure à l'ingéniosité du roman à énigmes, Paul Halter livre un nouvel opus riche en rebondissements, à la fois novateur et s'ancrant dans la tradition du genre. Si certains passages, notamment relatifs à l'histoire d'amour de Patrick Mallory, peuvent paraître assez candides, la noirceur des derniers chapitres ainsi que le final, sombre et détonant, contredisent cette première impression. A n'en pas douter, Paul Halter s'est imposé, par son habileté et son imagination, comme l'un des meilleurs – sinon le meilleur – romanciers contant les assassinats en milieu fermé.

    01/03/2011 à 19:29

  • Le Totem du peuple sans ombre

    Michel Honaker

    8/10 Tout juste remis du Complot de la dernière aube, Neil Galore doit désormais enquêter sur des disparitions de colons, non loin d’une tribu d’Indiens Salishs. Si les premiers éléments laissent penser que ces derniers sont les coupables, il se murmure que le responsable pourrait être le Naitaka, un être monstrueux lié aux rites amérindiens.

    Quatrième opus de la série consacrée à l’Agence Pinkerton , cet ouvrage maintient le cap des précédents opus. Les divers personnages ne cessent d’être approfondis, et leurs liens se tissent avec habileté. En expert de la littérature jeunesse, Michel Honaker sait retenir l’attention de ses lecteurs, grâce à un style habile et prenant, au gré d’une intrigue parfaitement maîtrisée. Les rebondissements affluent, et les scènes où s’illustre le Naitaka sont de véritables bijoux d’écriture, où la tension côtoie le fantastique. Si certains adultes reprocheront peut-être quelques clichés, notamment dans les cérémonies Salishs, les plus jeunes se laisseront prendre avec allégresse par cette histoire efficace.

    Des horlogers assassinés, voilà quel sera le point de départ de la prochaine histoire. Nul doute que nombreux seront présents à ce rendez-vous offert par Michel Honaker.

    15/01/2014 à 13:39 1

  • Le Train

    Georges Simenon

    8/10 Le récit d’un exode, celui de Marcel Féron, vendeur de matériel radiophonique, et de sa famille constituée de sa femme et de sa fille. Lorsqu’il apprend l’invasion de pays voisins par l’Allemagne nazie, il monte dans un train avec nombre d’autres réfugiés. Marcel Féron est-il un héros ou un antihéros ? C’est surtout un être indifférent à tout et aux autres, presque heureux que le conflit armé éclate, surtout soucieux d’avoir consciencieusement sur lui sa paire de lunette de secours. Dans le wagon, il fera la connaissance d’Anna, jeune et attirante, qui a des origines juives. Un portrait saisissant de foules hétérogènes poussées sur les routes – ici ferrées, à cause de la guerre, et qui vivent une expérience étrange, engendrant des émotions contraires voire contradictoires, depuis le sexe tarifé dans le convoi avec la dénommée Julie à la peur légitime quand fondent les avions de combat, en passant par quelques fugaces scènes d’espoir. Et c’est au terme de cette péripétie, bien longtemps après, que Féron illustrera sa lâcheté, voire son indifférence si caractéristique, avec une attitude qui se montrera criminelle. Encore une fois chez Georges Simenon, une galerie de personnages rendue crédibles et terriblement crédibles en quelques traits de plume, une vision acerbe de la société, surtout lorsqu’elle est poussée dans les ultimes retranchements de l’humanité que l’on attend d’elle lorsque la situation le nécessite, et un pessimisme latent qui éclate dans les ultimes pages.

    08/10/2018 à 17:11 6

  • Le Train bleu

    Marc Piskic

    7/10 Une BD très agréable, avec un joli coup de crayon de la part de Marc Piskic au service d'une intrigue efficace. Ce n'est pas l'adaptation de mon roman préféré d'Agatha Christie, mais l'ensemble se dévore rapidement et avec enthousiasme.

    17/06/2015 à 16:53

  • Le Train de Venise

    Georges Simenon

    8/10 … ou comment Justin Calmar, ancien enseignant et désormais cadre dirigeant, en vient à récupérer une mallette qu’il doit transporter jusqu’à Genève et la donner à une dénommée Arlette Staub. Sauf qu’il découvre cette dernière morte. Assassinée. Et ce n’est que plus tard qu’il se rend compte que la valise contient une énorme quantité d’argent. Présentée comme ça, cette entame ressemble beaucoup à un polar pur jus, avec cette histoire d’argent qui ressemble beaucoup à ce que la littérature noire ainsi que le cinéma des années 1950 ou 1960 a pu produire. Cependant, Georges Simenon ne s’intéresse guère par la suite à ce potentiel policier, se consacrant presque exclusivement aux errements, questionnements, introspections de Calmar. Il en vient à multiplier les interrogations quant à ce qu’il doit faire, puis s’il doit ou non utiliser cette manne afin d’en faire profiter sa famille. Il ira même jusqu’à sonder son propre passé de professeur, notamment dans sa relation avec le dénommé Mimoune. Paranoïa, anomie, vide existentiel : notre « héros » (j’emploie les guillemets car c’est un être on ne peut guère plus plausible, et dont la crédibilité se démontre dans des instants très communs, depuis sa relation avec ses deux enfants et sa femme jusqu’à son travail). En fait, c’est surtout la déchéance d’un être que nous croque Georges Simenon, son impuissance, et la découverte, sacrément brutale et soudaine, de l’inanité de sa vie. Je connaissais, comme beaucoup, le talent de l’auteur pour souligner les absurdités d’une destinée, les affres d’un quotidien grotesque, les faux-semblants et l’hypocrisie sociale, mais là, malgré quelques lenteurs à mon goût, il s’illustre ici à mettre en exergue les bonheurs captieux avant la brutale prise de conscience et le terrible retour à la réalité : même si je ne suis pas persuadé de me souvenir longtemps des articulations de ce livre, je ne suis pas prêt d’oublier le final, avec cette « maigre silhouette rouge, une petite fille qui agitait la main tout en suçant un cornet de crème glacée ».

    01/03/2020 à 18:18 1

  • Le train des oubliés

    Didier Daeninckx, Mako

    6/10 Des adolescents partent dans une mine de charbon abandonnée, dans le Nord. On découvrira leurs corps. Asphyxie. Mais c'est un peu court comme épitaphe, notamment pour le père de l'un d'entre eux. Car derrière ces morts violentes, se cache un terrible secret.

    Une œuvre en clair-obscur. Les coups de crayon simples et efficaces de Mako, allant à l'essentiel. Le scénario est tout à fait représentatif de la bibliographie de Didier Daeninckx, avec un fort engagement politique et social. L'ensemble se lit rapidement et l'on passe un agréable moment avec le père de Martin, aux prises avec de sombres pans du passé français. À cet égard, même si le nœud de l'histoire peut se deviner avant sa révélation, dans l'ultime page de la bande dessinée, le lecteur restera probablement interdit face à cet aveu glauque.
    Néanmoins, au-delà de ces qualités indéniables, on regrette que les personnages ne soient pas plus fouillés, notamment le papa de Martin, que le choc du deuil ne semble qu'effleurer. Par ailleurs, certains protagonistes manquent de nuances, et la fin est bien trop abrupte.

    Si cette bande dessinée de Didier Daeninckx et Mako ne démérite pas, elle souffre néanmoins d'une concision qui ne lui sied pas. À l'instar du graphisme, épuré, le scénario aurait peut-être mérité un peu plus de profondeur.

    25/06/2012 à 17:18