Horatio

294 votes

  • Le crime à l'écran. Une histoire de l'Amérique

    Michel Ciment

    8/10 Ce livre est assez ancien maintenant (il date du début des années 90), mais il reste un bon choix pour qui s'intéresse au "film criminel" puisqu'il est rapide à lire, relativement complet et simple d'accès. Son contenu est organisé tout d'abord sous l'angle chronologique (l'émergence des studios et du film de gangster, les années 30, le film noir), puis thématique (les femmes fatales, le rôle du flashback, l'utilisation de la psychanalyse...). En toute fin d'ouvrage on retrouve des documents intéressants, comme des extraits du fameux code Hays et son impact sur un film comme Assurance sur la mort de Billy Wilder, ou encore une mini-biographie de James Cagney. C'est bien écrit, compréhensible même par quelqu'un qui n'a aucune connaissance du genre, et pourtant ce n'est jamais superficiel. Le livre est agrémenté de nombreuses photographies, et on retrouve également une filmographie assez complète.

    30/12/2019 à 09:11 1

  • Le Criminel

    Jim Thompson

    9/10 Roman écrit il y a presque soixante ans, le thème du Criminel est pourtant plus que jamais d'actualité. Un jeune garçon de quinze ans, entendu par la police lors de l'enquête sur le viol et le meurtre d'une de ses voisines, est pris pour cible par la presse : celle-ci, pour augmenter ses tirages, n'hésite pas à le désigner comme coupable. Journalistes, policiers, district attorney, avocat, témoins... Tous ont quelque chose à y gagner et l'utilisent pour servir leurs propres intérêts. Personne ne se préoccupe de la vérité. Thompson nous présente tour à tour l'affaire à travers les yeux du présumé coupable, de ses parents, de son avocat, etc. et nous laisse voir leurs manœuvres pour grappiller de petits avantages de la situation, ainsi que toutes leurs bassesses. Le roman est réglé comme une horloge ; les dialogues sonnent juste, chaque phrase est importante, chaque mot dérange, les sous-entendus sont éloquents. Critique percutante de la justice, de la presse, de la société en général, Le Criminel n'est pas loin du chef-d'œuvre.

    03/04/2011 à 19:38 2

  • Le Dahlia Noir

    James Ellroy

    9/10 Je ne suis pas client de l'explication du meurtre du Dahlia noir donnée par Ellroy, que je trouve un peu tirée par les cheveux ou en tout cas trop téléphonée par rapport au reste du roman. Mais quelle importance, quand tout le reste brille d'une éclatante lumière noire ? Le livre dégage une puissance incroyable, qu'elle provienne des personnages, de l'ambiance ou de l'écriture d'Ellroy. L'un des romans noirs de référence, par un des maîtres du genre.

    17/04/2011 à 09:25 3

  • Le Dément à lunettes

    Ed McBain

    8/10 Un tueur surgit dans une librairie et descend quatre personnes, obligeant les hommes du 87ème à chercher qui était visé et à suivre péniblement toutes les pistes possibles - d'autant que la petite amie d'un de leurs collègues figure parmi les victimes. L'affaire tient en haleine jusqu'aux toutes dernières pages, puisque les différents axes de l'enquête sont très intéressants et que McBain parvient à relancer sans cesse le suspense. Les dialogues sont encore une fois particulièrement réussis, une des marques de fabrique de la série.

    30/01/2011 à 19:07

  • Le démon dans ma peau

    Jim Thompson

    9/10 Thompson toujours aussi efficace, encore une fois avec un personnage principal froid, violent et calculateur, qui tue sans remords mais sans plaisir particulier non plus. Impressionnant de justesse, surtout quand on repense à l'année de parution du roman.

    20/10/2010 à 18:09 3

  • Le Dernier Arbre

    Tim Gautreaux

    9/10 Ce "Dernier arbre" est un très beau roman qui sait poser les lieux, les personnages, les tensions et les sentiments. Nous sommes ici sur du temps long, avec des bouffées de violence perdues au milieu de la banalité du quotidien : la scierie qui débite sans faiblir les arbres majestueux qui l'entourent, mais aussi les ouvriers qui se battent parfois jusqu'à la mort et qui dépensent le peu qu'ils gagnent en boissons et en prostituées, le tout en pleine période de ségrégation et de prohibition. On meurt pour rien, parce qu'on a triché aux cartes ou qu'on prend une balle qui ne nous était pas destinée, mais la vie n'a de toute façon que peu d'importance ici. Le climat tient aussi une place primordiale, humide et étouffant, et la nature hostile n'est jamais loin, qu'elle prenne la forme de moustiques porteurs de maladies ou d'alligators qui emportent les hommes dans la nuit. Au milieu de tout ça, des hommes, meurtris, frustrés, tourmentés, et aussi quelques femmes qui n'ont rien à leur envier. La comparaison avec Ron Rash a déjà été faite, et je la trouve d'autant plus juste que, comme ce que j'ai lu de Rash, on a assez peu de surprise en lisant ce livre, tout semble normal et si quelque chose arrive, aussi tragique soit-il, c'est que ça devait arriver. L'écriture est belle mais aussi très fluide et surtout elle sait se faire oublier, Gautreaux n'étant jamais dans l'esbroufe. On n'est pas non plus dans un roman écologiste, puisque ce serait complètement anachronique compte tenu du milieu dans lequel se passe le récit (des gens qui partent quand il n'y a plus rien à gagner, en ne laissant que le vide derrière eux, avant d'aller dévaster un autre endroit) et de l'époque (les années 20), mais pourtant, de temps à autre, on voit bien que les personnages principaux sentent dans leurs tripes que ce qu'ils font est injuste et absurde, et qu'ils savent déjà que certains souvenirs les poursuivront à jamais.

    16/04/2021 à 09:40 5

  • Le Dernier des Mohicans

    James Fenimore Cooper

    6/10 En me lançant dans cette lecture je m'attendais à la grande aventure, la tête remplie des images du film de Michael Mann. En réalité, le livre est très différent de l'idée qu'on s'en fait et qui provient surtout de l'imaginaire collectif et des films. L'intrigue est mal construite et surtout très répétitive, et la plupart des personnages sont inintéressants ou agaçants, à l'image des leçons édifiantes prodiguées par Oeil-de-Faucon et des remarques de l'auteur sur la religion, la pureté du sang ou la délicatesse du sexe faible. Bien sûr, il faut remettre le livre dans son contexte (1826 tout de même), mais si ça ne me pose aucun problème pour la plupart de mes lectures de "vieux" bouquins, ici j'ai eu beaucoup de mal à passer outre, la faute sans doute au fait que le sang pur de l'éclaireur, par exemple, est martelé toutes les trois pages. Étrangement, une fois la douche froide passée, j'ai pris tout de même du plaisir à lire cette histoire, au point sans doute de me pousser à me procurer les autres épisodes de la saga de Longue Carabine, parce que l'époque est fascinante, que la plume de l'auteur qui pèse parfois des tonnes arrive pourtant à magnifier la nature sauvage et que, si j'en crois la postface de François Guérif, la description des coutumes des indiens est plutôt respectueuse de la réalité.

    28/03/2021 à 09:11 2

  • Le Faucon maltais

    Dashiell Hammett

    8/10 Sam Spade, ou l'archétype du privé de roman noir - à égalité avec le Philip Marlowe de Chandler. Ici, le détective est malin et cynique, il a le coup de poing facile et ne fait pas dans le sentiment, il n'hésite pas à franchir les limites de la loi mais obéit à son propre code d'honneur. L'intrigue est astucieuse et les personnages intéressants, et l'écriture d'Hammett magnifie le tout.

    29/08/2010 à 20:23 2

  • Le Fléau

    Stephen King

    8/10 Le Fléau est basé sur une bonne histoire, avec des personnages bien dessinés et attachants (comme souvent chez le King), et il comporte des moments intenses et poignants, mais... (car il y a un "mais", hélas). L'histoire souffre d'un rythme bancal, avec des passages vides qui s'éternisent, et, paradoxalement, des ellipses que je trouve préjudiciables, surtout dans sa deuxième partie. Comme si l'auteur s'était dépêché de terminer et avait bâclé tout un pan de l’œuvre. Bon, plus de vingt ans après ma dernière lecture je me souvenais encore de Nick, de Stu, de Frannie, de Tom, de Larry, de Randall Flagg, ce qui illustre clairement la puissance d'un livre qui est loin d'être exempt de défauts malgré tout.

    20/09/2014 à 08:45 3

  • Le Fourgue

    Ed McBain

    6/10 Une enquête qui met du temps à démarrer, pour une histoire centrée principalement sur le lieutenant Byrnes. Comme dans les deux premiers romans du 87ème District, les dialogues sont nombreux et les (rares) scènes d'action surviennent brutalement, sans préavis.

    30/10/2010 à 11:20

  • Le grand nocturne & Les cercles de l'épouvante

    Jean Ray

    8/10 Pas de mauvaise surprise avec ce double recueil de nouvelles, Jean Ray étant l'un des tout meilleurs auteurs francophone de textes fantastiques. Si certains d'entre eux ont assez mal vieilli, à mon avis à cause d'une utilisation trop fréquente de termes abscons et de tournures désuètes qui en compliquent inutilement la lecture, il y a aussi quelques pépites. Les nouvelles des Cercles de l'épouvante en particulier, qui se basent sur un surnaturel peut-être plus classique, ont ma préférence, là où d'autres pencheront plus vers les textes hermétiques. Attention, le recueil paru chez Alma ne contient pas La Ruelle ténébreuse ! Celui-ci étant déjà au sommaire de La Croisière des ombres, l'éditeur a décidé de ne pas le reproduire ici. Si vous possédez déjà ce recueil ce n'est pas un problème, sinon vous passez à côté d'une des plus géniales nouvelles fantastiques jamais écrites...

    10/11/2020 à 14:12 3

  • Le Grand Nulle Part

    James Ellroy

    10/10 Peut-être le meilleur roman d'Ellroy jusqu'à présent. Trois personnages principaux ambigus, trois destins perdus dans les brumes d'un L.A en pleine chasse aux communistes. Un livre fascinant, et un véritable chef-d'œuvre.

    29/08/2010 à 19:12 5

  • Le Jeu de la Damnation

    Clive Barker

    5/10 Une histoire originale et un style pour le moins déroutant, pour un roman difficile à cataloguer qui navigue entre horreur et grotesque assumé. Le livre souffre néanmoins de quelques longueurs durant certains passages.

    02/09/2010 à 20:03

  • Le Lacrima Christi

    Paul C. Doherty

    7/10 Le 6ème épisode des aventures de Kathryn Swinbrooke se révèle intéressant, même si imparfait. Les deux intrigues sont correctement ficelées, mais l'ambiance médiévale est moins présente. Et surtout les relations entre les personnages principaux sont un peu délaissées, alors qu'il s'agit habituellement d'un des points forts de cette série.

    07/10/2011 à 22:43

  • Le Lien conjugal

    Jim Thompson

    9/10 S'il est certain que les romans les plus puissants de Thompson sont ceux écrits à la 1ère personne, parce qu'on vit l'histoire dans le cerveau du tueur, Le lien conjugal n'est pourtant pas en reste. Le récit reste classique (des braqueurs de banque en cavale), mais les personnages sont particulièrement complexes et par-dessus tout les liens entre eux se révèlent surprenants : on va ainsi suivre l'évolution des rapports et des sentiments de "Doc" et de sa femme Carol, de la méfiance qui va germer et se développer en eux pour finir par les ronger comme un cancer. Les derniers chapitres sont étonnants de violence psychologique pure, et le roman se termine en apothéose dans un Enfer qui tient plus d'Orwell que de Dante. On est bien loin des deux adaptations ciné sorties sous le titre original de "Guet-apens" (la première avec Steve McQueen et Ali MacGraw, la seconde avec Alec Baldwin et Kim Basinger), sympathiques mais assez éloignées de l'univers de Thompson. Un roman étonnant donc, qui peut constituer une bonne porte d'entrée vers l'œuvre de Big Jim Thompson malgré une traduction d'époque qui mériterait d'être revue.

    15/04/2011 à 09:40

  • Le livre des ombres

    Paul C. Doherty

    7/10 Peut-être un peu moins réussi que le précédent volet de la série, ce Livre des ombres ne démérite pourtant pas. Le côté trop classique du déroulement de l'enquête (tous les suspects sont réunis jusqu'à ce que la vérité en sorte) est contrebalancé par des personnages savoureux et une reconstitution excellente.

    02/10/2011 à 21:26

  • Le Livre rouge de Jack l'Éventreur

    Stéphane Bourgoin

    7/10 La première partie du livre, très bonne, voit Stéphane Bourgoin présenter les faits avérés dans cette affaire et tordre le cou en passant à certaines idées reçues (ah, le fameux brouillard de Londres à couper au couteau... mais qui n'était jamais là les jours des meurtres). L'auteur n'accuse personne mais déroule les hypothèses, et finalement élimine pas mal de suspects. La deuxième partie, composée de neuf courtes histoires, m'a moins convaincu : certaines sont plutôt bonnes, d'autres nettement moins. Une bibliographie/filmographie, utile pour ceux qui voudraient aller plus loin, complète ce livre intéressant et très bien documenté.

    01/08/2012 à 20:26

  • Le marchand de mort

    Paul C. Doherty

    8/10 La série des contes de Cantorbéry de Kathryn Swinbrooke se poursuit avec bonheur, avec deux nouvelles enquêtes dont une n'est autre qu'une variation sur le thème du meurtre dans une chambre fermée de l'intérieur. Les intrigues sont habiles et pas du tout tirées par les cheveux, les personnages attachants, l'atmosphère est superbement rendue, et surtout les mentalités de l'époque sont bien retranscrites. Un roman simple et bien écrit, très agréable. Les amateurs de cette période de l'Histoire se régaleront.

    28/09/2011 à 20:06

  • Le Monastère hanté

    Robert Van Gulik

    8/10 Une intrigue plus complexe qu'il n'y paraît pour cette enquête du juge Ti, esprit terre à terre réfugié dans un monastère qui semble hanté, et qui en vient à douter de ses certitudes. Le travail de Van Gulik sur l'ambiance et son souci du détail sont impressionnants de justesse, ce qui permet une immersion réussie dans cette fascinante Chine du VIIème siècle. Le rythme du livre est plus alerte que je ne le craignais, puisque les péripéties sont nombreuses et s'enchaînent sans temps mort. Les enquêtes du célèbre juge constituent donc une expérience à tenter pour les amateurs de romans à énigme et/ou de polars historiques.

    21/03/2011 à 12:51

  • Le monstre du Lac Frome

    Arthur Upfield

    6/10 Un court roman qui se laisse lire avec plaisir, en dépit d'une intrigue limitée et parfois peu crédible et d'un personnage principal, Napoléon Bonaparte, plutôt fade lui aussi. Mais le dépaysement est là, et la description qu'Upfield fait de l'Australie, avec sa clôture anti-dingos, ses chameaux amenés par les Afghans et ses forages au milieu du désert, est souvent fascinante. De quoi donner envie de lire d'autres Upfield en tout cas ; j'ai voulu commencer la série avec un roman assez court alors que j'aurais sans doute du être plus entreprenant.

    02/02/2011 à 09:51