Norbert

308 votes

  • La Méthode du crocodile

    Maurizio De Giovanni

    8/10 Déjà auteur de la série consacrée aux enquêtes du commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni signe avec La méthode du crocodile un polar implacable et douloureux, impressionnant de maîtrise et d'efficacité. Dans une Naples glaciale et pluvieuse, hautaine et indifférente, où personne n'ose croiser le regard des autres de peur de devoir supporter la douleur qui ils y trouveront, passer inaperçu n'a jamais été aussi facile. Impossible de relâcher ce roman de 280 pages, découpé en chapitres courts qui alternent les points de vue des futures victimes, du tueur et celui de l'inspecteur Lojacano. Avec une écriture épurée, l'auteur construit pourtant des personnages touchants et d'une réelle épaisseur, des solitaires rongés par une séparation, un deuil, ou un divorce, mais qui, malgré tout, continuent d'avancer et de se battre. L'intrigue à la construction diabolique joue avec les clichés du thriller pour mieux s'en détourner au final et, le moment venu, prendre le lecteur à la gorge. Un polar suffocant et poignant, récompensé par le Prix Scerbanenco 2012 du meilleur polar italien de l'année au Festival de Courmayeur.

    23/12/2013 à 00:11 4

  • La Fille des souterrains

    Börge Hellström, Anders Roslund

    7/10 Comme à leur habitude, Roslund & Hellström nous livrent un polar d'autant plus glaçant qu'il est le fruit d'une longue enquête de la part des deux auteurs sur des faits malheureusement réels. Ici, l'arnaque à l'aide humanitaire dans les pays de l'Est doublée d'un portrait effroyable d'une population rejetée qui vit dans les égouts et les sous-sols de Stockholm, depuis que les coupes budgétaires de l'Etat suédois ont fermé ou réhabilité nombre d'établissements de soins psychiatriques. Tous les ingrédients du polar scandinave sont ici présents, le commissaire Ewert Grens est un personnage torturé par une vie privée insupportable. Chapitres courts qui alternent les points de vue, une écriture au scalpel et une intrigue policière qui n'oublie pas de secouer le lecteur jusqu'à la dernière page. Brutal et sans concession.

    22/12/2013 à 23:18 1

  • La Maison des tocards

    Mick Herron

    8/10 Un thriller psychologique sombre et addictif qui renouvelle les codes du roman d'espionnage.
    Dès les premières pages, ce qui marque et accroche le lecteur, c'est que Mick Herron, qui n'est pas un petit nouveau dans le monde du polar puisqu'il est l'auteur de plusieurs romans à succès en Grande Bretagne, possède un redoutable talent de conteur et une écriture d'une grande qualité qui captive l'attention par sa puissance romanesque. Mais contrairement à la 4eme de couverture qui laisserait croire qu'il s'agit presque d'une comédie policière, nous sommes bel et bien là plongés dans une parfaite ambiance de romans noirs, sombre et intrigante, même si l'humour noir notamment lors de certains dialogues fait mouche. L'intrigue est passionnante et renouvelle totalement les codes du roman d'espionnage : pas de gadgets ni de clichés à la James Bond ici, mais au contraire une lutte entre les services de renseignements anglais, comme s'il s'agissait de rivalités entre le FBI et la police locale aux USA.
    Après les attentats de Londres en 2005 qui ont bouleversé les consciences et culpabiliser les services secrets, la menace sur internet de l'exécution d'un otage va remobiliser les fameux "tocards" du MI5, mis au "Placard" depuis de longues années et réduits à des tâches administratives subalternes et déprimantes. Mais lorsque ceux-ci interviennent en croyant avoir des atouts, ils vont peu à peu démasquer une sombre machination...
    Personnages réussis et bien campés, suspense savamment dosé, rythme soutenu et une intrigue originale font de ce roman noir subtil et intelligent un thriller psychologique réussi, qui inaugure une série passionnante dont le deuxième volet, "Les lions sont morts", récompensé lors de sa sortie en Angleterre par le prestigieux Golden Dagger Award décerné par la Crime Writers' Association (CWA) et élu Polar de l'année par le Times, vient enfin de paraître dans la collection Actes Noirs des éditions Actes Sud : pas de doute, je serai au rendez-vous !

    22/12/2013 à 23:03 2

  • Châtiments

    Hans Koppel

    5/10 Roman noir et psychologique sur le thème de la vengeance, qui se veut une illustration de l'emprise des bourreaux sur leurs victimes, Châtiments se lit vite et sans ennui, grâce à quelques retournements de situation qui maintiennent l'intérêt du lecteur. Il y a aussi la dissection de la vie d'un couple trentenaire, avec ses non-dits et ses failles, qui est intéressante. Le lecteur ne connait pas ce qu'a pu faire la victime dans sa jeunesse pour susciter une quinzaine d'années plus tard de tels actes de vengeance, d'asservissement et d'humiliation de la part de ses bourreaux, jusqu'au dernier chapitre, percutant, qui éclaire alors ce "fait divers" sous un angle totalement différent et laisse un goût âpre. Malheureusement, si l'écriture directe et crue participe au malaise suscité chez le lecteur, elle manque toutefois singulièrement de souffle pour l'embarquer totalement, d'autant plus que les personnages secondaires ne sont absolument pas crédibles. Malgré quelques bonnes idées et une construction habile, le manque d'épaisseur et de consistance dont souffre ce roman l'empêche de dépasser le niveau anecdotique d'une série B vite lue, mais vite oubliée.

    29/11/2013 à 05:14 2

  • La Maison des absents

    Tana French

    9/10 Tana French a un talent formidable, une plume envoûtante qui cisèle la psychologie de personnages pour lesquels on éprouve une totale empathie, vivant leurs déceptions, leurs chagrins, leurs blessures. J'ai retrouvé ces mêmes sentiments de mélancolie, d'inéluctabilité qui m'avaient tant subjugué à la lecture de son premier roman, mais ici avec une fin asphyxiante de noirceur, comme une lente agonie, et l'impression que chacune de mes tripes passaient les unes après les autres à la moulinette.
    Tana French signe un roman noir et psychologique d'autant plus poignant qu'il illustre avec intelligence et subtilité l'un des fléaux de notre époque marquée par la crise. Une tragédie d'un réalisme vertigineux, à la conclusion quasi insoutenable.

    01/11/2013 à 00:37 5

  • Une terre si froide

    Adrian McKinty

    10/10 Adrian McKinty, le Ellroy irlandais !
    On pourrait nommer cette nouvelle trilogie d'Adrian McKinty "Underworld Ulster", tant, comme l'a fait Ellroy avec les Etats-Unis, McKinty nous plonge avec son personnage de Sean Duffy dans les arcanes d'une Irlande du Nord en plein chaos et en pleine guerre civile.
    Pourtant, loin d'assommer son lecteur de données politiques ou historiques, McKinty y déroule les bases d'une enquête à priori "classique", à la poursuite d'un tueur en série qui s'en prendrait aux homosexuels. Rapidement, le lecteur s'identifie au magnifique personnage de Sean Duffy qui va devoir affronter un mur du silence total mais qui, à force de volonté, va réussir à ouvrir des brèches qui vont le conduire de révélations en retournements de situation explosifs.
    Avec son écriture puissante, son humour à froid et son style racé, Adrian McKinty dresse une galerie de personnages fascinants, et signe un roman noir palpitant et sans concession, au contexte historique passionnant, qui prend le lecteur aux tripes.
    Si "Une terre si froide" peut bien évidemment se lire de manière indépendante, nul doute que les lecteurs qui liront cette pépite n'auront à la fin qu'une envie: se ruer sur la nouvelle aventure de Sean Duffy, "Dans la rue j'entends les sirènes", à paraître le 23 octobre chez le même éditeur !
    Du très grand roman noir, à ne pas manquer !

    19/10/2013 à 14:50 13

  • Belém

    Edyr Augusto

    10/10 Belém, ville cannibale, roman électrochoc. Sombre, violent, brutal et addictif, un véritable diamant noir à l'intensité dévastatrice ! Belém, impossible d'en ressortir indemne...

    18/10/2013 à 13:33 4

  • Mr Paradise

    Elmore Leonard

    7/10 Exactement le genre de bouquins dont on ne ferait qu' une bouchée si on s' écoutait! Mais voilà...comme on sait que, quelque soit le nombre de pages, une fois arrivé à la fin, on aurait tellement aimé qu' il en fasse le double, alors on essaie de ne pas le dévorer en une soirée mais plutôt de s' en délecter en prenant son temps, pour faire durer le plaisir!...C' est dire le bonheur que procure ce nouveau cocktail d' humour noir, de personnages irrésistibles et attachants, de dialogues jouissifs, d' imbroglio de situations hautement pittoresques comme seul sait les concocter le grand Elmore Leonard! Avec en prime, cette patine bien personnelle qui confère à chacun de ses romans un arôme goûteux et authentique, reconnaissable entre mille... Ceux qui y ont déjà goûté et connaissent l' auteur se seront déjà rués sur ce petit bijou de roman noir, quant aux autres, ne manquez pas cette occasion et allez-y les yeux fermés !

    03/10/2013 à 13:30 3

  • La Cabane des Pendus

    Gordon Ferris

    8/10 L'Ecossais Gordon Ferris n'est pas un petit nouveau dans le monde du polar car il a déjà publié plusieurs romans, et la critique britannique le surnomme même "le nouveau Ian Rankin"..
    Toujours est-il qu'avec ce premier polar publié en France, remarquablement écrit, il nous offre vraiment un roman passionnant, avec un anti-héros particulièrement touchant et attachant.
    Ancien flic qui a ensuite combattu pendant la 2nde Guerre mondiale, mais qui a depuis le plus grand mal à s'en remettre et à retrouver le goût de vivre, Douglas Brodie va revenir dans sa ville natale, à Glasgow pour mener une enquête qui va prendre des allures de descente en enfer.
    Flics corrompus, gangs tout-puissants, machination pour condamner à mort un innocent à la place du vrai prédateur (intouchable), ramifications insoupçonnées, l'intrigue de ce polar ménage un suspense savamment dosé de subtils rebondissements, dans une ambiance qui fait froid dans le dos.
    Polar crépusculaire, mais aussi superbe roman atmosphérique qui est une remarquable reconstitution de l'Ecosse d'après-guerre, de sa population misérable, de ses pubs mal famés, et de cette chape de plomb et de désespoir qui semble avoir obscurci le ciel autrefois si prometteur.
    Les personnages sont tous dessinés avec finesse, attachants et crédibles, avec leurs failles, leurs doutes, mais aussi leur force. le tout servi par une belle écriture, vive, fluide, évocatrice, et qui ne manque pas d'humour.
    Voilà donc un vrai bon polar, captivant et bien ficelé, une belle découverte qui sort des sentiers battus des thrillers habituels, et qui nous donne envie de lire à nouveau cet auteur et, pourquoi pas, retrouver ce Douglas Brodie ?

    03/10/2013 à 13:23 7

  • Suspecte

    Brian Freeman

    8/10 Brian Freeman nous délivre un excellent polar, parfaitement ficelé et qui se dévore tant le suspense est savamment entretenu tout au long du récit, multipliant rebondissements, mystères, nouveaux développements de l'intrigue, personnages attachants à la psychologie travaillée et atmosphère rurale pesante bien rendue, le tout sur un rythme qui ne faiblit pas un seul instant.
    S'il n'est pas là pour révolutionner le genre, le roman de Freeman aborde malgré tout diverses thématiques - écologiques, familiales, adolescence, corruption, cancer - auxquelles il sensibilise son lectorat en filigrane sans jamais être lourd ou didactique.
    On passe un excellent moment de lecture, l'auteur sachant nous surprendre jusqu'aux toutes dernières pages.
    Un très bon thriller psychologique, qui se démarque largement de la production "serial-killer" habituelle et qui ne décevra pas ses lecteurs, hissant définitivement Brian Freeman comme une valeur sûre du genre, et un auteur à suivre.

    29/09/2013 à 19:19 2

  • La Ville des serpents d'eau

    Brigitte Aubert

    6/10 Si je n'ai pas aimé les clichés et les personnages stéréotypés, le final est un moment d'anthologie du suspense, avec ses 50 pages de narration polyphonique où tous les personnages sont rassemblés dans la même maison pour fêter le réveillon de Noël, l'un d'eux est le tueur qui cherche sa proie, c'est vertigineux et impeccablement maîtrisé. Même si l'on pensait avoir découvert l'identité du tueur, ce final vous remue le cerveau, jusqu'à un sombre dénouement, et un épilogue inattendu. Un roman sauvé par son atmosphère et son final, mais qui aurait mérité d'être approfondi.

    21/09/2013 à 13:27 2

  • Les Disparues de Juárez

    Sam Hawken

    7/10 Je ressors de la lecture de ce livre bouleversé, marqué. Il n'y a pourtant aucun pathos; au contraire c'est direct, brutal et très noir, mais aussi avec une grande humanité pour ses personnages en quête de rédemption.
    Une atmosphère de plus en plus lourde qui distille son venin au fur et à mesure que l'on plonge dans ces bas-fonds mexicains, tout en sachant qui tout cela implique avant tout.
    Une réalité malheureusement totalement occultée par le trafic des narcotrafiquants, moi-même j'ignorais totalement que ce phénomènes des femmes disparues et mortes de Juárez ait autant d'ampleur, avec des ramifications nombreuses (il y a évidemment les narcos et les mafieux qui trempent dans ce trafic) aussi fortes. Une lecture salutaire. Et Sam Hawken est un vrai nouveau talent du polar noir, il y a du Goodis, du Jim Thompson dans sa plume.

    Je vais me précipiter vers son second roman, Guet-apens, qui vient de paraître chez Belfond.

    07/09/2013 à 18:37 3

  • Polarama

    David Gordon

    8/10 Ne vous fiez pas au comnentaire de l'éditeur en 4 de couverture : ce roman n'est pas "d'un goût douteux", c'est au contraire un bel hommage au genre, et aux "mauvais genres" en général (SF, bit-lit, polars, western, romans de gare, etc) avec une mise en abîme de l'auteur particulièrement intéressante. Les personnages sonnent juste, en particulier notre anti-héros Harry Bloch, que j'espère avoir l'occasion de retrouver si l'auteur a la bonne idée de le remettre en scène dans ses prochains romans.
    C'est en tout cas une très belle découverte, une vraie bouffée d'air frais et un polar qui sort des sentiers battus et se joue des clichés qui lui sont accolés. Et puis, il ne faut pas oublier l'intrigue, maline à souhait, et qui nous accroche littéralement à l'aide d'un suspense redoutable.
    Un polar qui se dévore d'une traite et qui, en plus d'offrir une critique pertinente sur les "milieux littéraires" branchés, donne aussi à réfléchir sur l'utilité et le caractère salutaire de la "littérature de genre". Mais tout ceci entre deux battements de coeur, ce qui n'est pas un mince exploit tant celui-ci est emballé par le rythme que prend l'enquête et ses nombreux rebondissements !
    J'en redemande !

    26/08/2013 à 04:38 5

  • Chaleur blanche

    M. J. McGrath

    7/10 Original et dépaysant, un polar arctique surprenant et intéressant, plongé en pleine communauté inuite.
    Une belle découverte, qui sort des sentiers battus du polar !
    Avec pour décor, mais aussi pour personnage à part entière, les paysages rudes et magnifiques de l'Extrême-Arctique, notamment ceux de l'île de Craig, ce polar a tout pour offrir un véritable moment d'évasion, sans pour autant oublier une intrigue beaucoup moins simpliste qu'elle n'en a l'air de prime abord.
    C'est aussi la découverte d'un beau personnage principal, Eddie Kiglatuk, jeune femme mi-inuite mi-canadienne, qui essaie de joindre les deux bouts en prenant, en plus de son mi-temps d'enseignante, la responsabilité de guider les touristes venus se confronter avec les conditions extrêmes du cercle arctique.
    Deux expéditions virent au drame et Eddie se retrouve alors seule à vouloir éclaircir des coïncidences bien mystérieuses que tous les autres s'empressent de vouloir enterrer.
    Comme si le lecteur embarquait lui aussi pour ces contrées lointaines, on s'acclimate d'abord à un rythme un peu plus lent, mais très vite l'enquête aux ramifications insoupçonnées et aux rebondissements bien agencés installent un suspense qui ne nous lâche plus.
    En plus, MJ McGrath, en fine connaisseuse de la culture et du peuple inuites auxquels elle a déjà consacré plusieurs documentaires, n'hésite pas à pointer du doigt, mais sans trop appuyer ni donner de leçons, les enjeux actuels de cette communauté où l'alcool fait des ravages et dont certaines terres sont la proie de multinationales peu scrupuleuses.
    Ses personnages sont tous d'une grande crédibilité et la communauté qu'elle dépeint est d'une grande justesse, sans aucun manichéisme.
    Un beau et bon polar qui allie divertissement et découverte du monde, je vais d'ailleurs me ruer sur le second roman de M. J. McGrath qui vient de paraître cette année : "Le garçon dans la neige".

    09/08/2013 à 10:53 1

  • On the Brinks

    Sam Millar

    8/10 Entre révélation littéraire et témoignage explosif, le stupéfiant récit autobiographique de l'Irlandais Sam Millar est à couper le souffle. Une lecture indispensable, qui marque le lecteur au fer rouge. Rarement la réalité aura autant dépassé la fiction...

    06/08/2013 à 15:09 4

  • Trois cercueils blancs

    Antonio Ungar

    6/10 Roman noir atypique et exigeant, qui demande au lecteur un certain temps d'acclimatation à la voix si particulière et décalée de son faux héros... mais vrai sosie de l'unique candidat présidentiel d'opposition dans cette "République du Miranda", lequel vient d'être assassiné. Comédie de la terreur et dénonciation puissante des régimes corrompus de l'Amérique du Sud qui tend également un miroir à ses lecteurs, un récit puissant qui emporte son lecteur vers des contrées inattendues...

    06/08/2013 à 15:05 2

  • La Maison d'à côté

    Lisa Gardner

    7/10 Un très bon suspense psychologique, efficace et aux personnages bien dessinés, qui vire au page-turner et se dévore sans pour autant tomber dans la superficialité d'un Coben.
    La construction polyphonique du roman achève de perdre le lecteur parmi les différents coupables potentiels qui, au contraire, sortent des sentiers battus et prennent vite une consistance et une crédibilité rares. Un suspense ultra-efficace et intelligent qui ravira les amateurs. Lisa Gardner : à suivre !

    30/07/2013 à 05:47 2

  • Unter Blechkoller

    Michaël Mention

    8/10 Lu en 2 heures (à peu près), sans m'arrêter. J'en aurais d'ailleurs voulu 500 pages !
    Un huis-clos cauchemardesque parmi 12 survivants de l'équipage d'un sous-marin qui s'est échoué sur une barrière rocheuse. De la première page, pas une seule seconde de répit, vous êtes saisi par l'effroi, qui grandit face à l'inconnu, la mort imminente, les réactions inattendues des passagers, les phénomènes surnaturels, l'hypothermie qui vous colle les doigts aux parois métalliques, la panique générale - même quand tous sont aux aguets, doivent se taire, pour tenter eux aussi de comprendre.
    Des images d'horreur, une narration aussi visuelle, mentale que sonore, quelques croquis ou encadrés complètent l'excellente mise en page de ce que j'aimerais tant pouvoir revivre en film. Et en plus loooong !!!
    Encore un coup de coeur pour ce roman unique, à emporter avec vous à la plage, en vacances, pour vous coucher le soir (héhé), bref... partout !
    Ne le manquez pas !

    29/06/2013 à 05:15 7

  • Tu es le mal

    Roberto Costantini

    9/10 Un grand thriller passionnant, remarquablement construit en deux partie. 500 pages de suspense intense qui ne vous lâche pas, et d'une visité guidée de l'Italie - des années 1980, puis de nos jours - avec un commissaire au parcours aussi atypique qu'il est attachant.
    Meurtres en série,corruption, personnage bien dessinés, les dessous du Vatican, du monde du football ou de la politique n'empêchent pas l'auteur de réussir un roman noir tout à fait moderne, fouillé, loin des clichés, et de bâtir cette intrigue haletante et qui réserve son lot de rebondissements et surprises jusqu'aux dernières pages, en vrai (nouveau) maître du genre.
    Même les amateurs de Dario Argento, par exemple, retrouveront dans Tu es le mal cet esprit giallo particulièrement savoureux !...

    C'est un gros coup de coeur, et j'espère vraiment pouvoir lire prochainement les autres enquêtes du commissaire Balistreri !

    29/06/2013 à 04:48 5

  • Mort-en-direct.com

    John Katzenbach

    8/10 Beaucoup plus qu'un "simple" monument de suspense psychologique, John Katzenbach nous a livré là un incroyable roman noir aussi glaçant que visionnaire, et même précurseur, de par le portrait unique qu'il brosse d'un jeune couple de tueurs en série qui n'ont même pas vraiment conscience de l'être, tant ils sont focalisés sur leur "création artistique". Voilà ce qui arrive, ou peut arriver, quand deux êtres dotés de talents mais aussi d'une part de ténèbres qui les habite depuis toujours se rencontrent. Heureusement, Katzenbach dresse un roman tout en nuances, et aborde bien d'autres thèmes brûlants d'actualité : l'absurdité des guerres impérialistes des Etats-Unis, que ce soit le Vietnam ou l'Irak, les maladies dégénératives du cerveau et leurs symptômes dévastateurs sur les malades, leur mémoire qui se dégrade avant de s'éteindre totalement, les dérives d'une société où non seulement chacun veut son quart d'heure de gloire, mais ne voit plus - pour ne pas dire : ne vit plus - qu'à travers un écran vidéo, le flux continu des images déversées autant par les chaînes d'info dédiée, internet et tous ses réseaux pseudo-sociaux, sans oublier les dérives de la télé-réalité. Et bien d'autres choses encore...
    Son roman s'articule comme un grand film de cinéma. Contrairement à beaucoup de fabricants de best-sellers, il ne cherche pas forcément l'ultime rebondissement toutes les cinq pages. Il préfère user de son écriture précise et fluide pour enrôler son lecteur au fur et à mesure que les paragraphes puis les chapitres se succèdent, chacun fonctionnant plutôt exactement comme un mécanisme d'horlogerie magistralement conçu, et dont chaque cran actionné resserre un peu plus l'étau du suspense. Sans même s'en rendre compte, le lecteur, pour peu qu'il prenne le temps de lire ce beau bébé de 500 pages confortablement, sans forcément le faire d'une traite pour pouvoir mieux en savourer toutes les subtilités, se retrouve très vite pris à la gorge.
    La nouvelle et formidable machinerie de suspense et d'effroi de John Katzenbach dépasse de très loin nombre de polars à succès, adaptés ou pas à l'écran, suédois ou pas. C'est d'ailleurs bien dommage qu'en France il ne soit pas plus connu. J'ai toujours eu un faible pour les auteurs de noir qui ne cédaient pas forcément à la "facilité" de créer une série. Comme pour Greg Iles par exemple, il préfère n'écrire qu'un roman que tous deux ou trois ans, et changer totalement de personnages et d'univers.
    Comme L'Analyste, ce Mort-en-direct.com vous agrippe dès le début tel un python qui vous enroulerait peu à peu de ses anneaux terrifiants pour mieux les resserrer à chaque fois un peu plus fort, jusqu'à l'ultime attaque, l'implacable crispation qui vous terrasse et vous broie tout entier. À ne surtout pas manquer !

    21/04/2013 à 20:59 4