JohnSteed

631 votes

  • Meurtres sur la Madison

    Keith McCafferty

    8/10 N’étant en rien amateur de pêche, encore moins à la mouche, lire les parties de pêche de Sean Stranahan racontée par ce passionné et passionnant Keith McCafferty fut un vrai régal. Pêcheur lui-même, ce véritable amoureux et poète du Montana nous décrit avec finesse et justesse les sensations qu’éprouve le pêcheur quand il voir sa mouche être ferrée par une truite arc en ciel. Mais la rivière Madison est plus qu’un cadre où se déroule cette enquête d’un meurtre d’un pêcheur. On découvre plus qu’une contrée au paysage resplendissant. On côtoie cette shérif courageuse et au caractère bien trempé, Martha Ettinger, et ce peintre détective séducteur, Sean Stranahan. Deux personnages qui se trouvent sans se chercher. Des âmes en peine que les rivières du Montana tenteront de guérir.

    Un premier épisode réussi d’une nouvelle série alliant grand espace nord-américain. Une de plus, certes, mais certainement une des plus belles.

    22/08/2019 à 14:35 8

  • Retour à Killybegs

    Sorj Chalandon

    9/10 Après le cessez-le-feu signé par le Sinn Fein en décembre 2006, le Gouvernement britannique décide de lâcher les « agents » de l’IRA qui donnaient des renseignements. C’est dans ce contexte que Tyronne Meehan, après avoir avoué publiquement avoir trahi la cause de l’Armée révolutionnaire irlandaise, se réfugie à Killysberg, partie de la lande irlandaise qui l’a vu naître. C’est ici qu’il souhaite raconter sa vie, l’histoire du combat de cette Irlande pour sa liberté. Il dit sa vérité, un autre regard, le vrai, celui de l’homme sali. Celui du déloyal, de l’infidèle. Mais aussi de l’homme fragile.

    Dans Mon traître, Sorj Salandon avait proposé la vision du trahi. Ici, il offre, avec la parole du traître, une histoire bouleversante d’un homme conquis à sa cause, à la fois fier et rempli de honte : tout simplement humain avec ses forces et ses faiblesses. Ici pas de jugement dans ce livre attachant et rempli de poésie où l’on est confronté au questionnement profond de l’âme humaine face à la trahison.

    20/08/2019 à 16:57 3

  • Un feu d'origine inconnue

    Daniel Woodrell

    6/10 4ème de couverture « Missouri, 1929. Un soir d'été, les habitants de West Table se rendent joyeux au bal du village. Mais la salle prend feu avant d'exploser, laissant de nombreux morts et beaucoup de questions. Inspiré d'un drame qui toucha la famille de Daniel Woodrell, ce roman saisissant mène l'enquête et brosse le portrait intime et terrible d'une petite communauté, ses relations viciées, ses hypocrisies et ses secrets.»

    A la lecture de ce court roman sombre, on sent que Daniel Woodrell a mis du sien pour éclairer ce mystérieux incendie qui laissa des morts, des questions et des fantômes dans toutes les familles. L’auteur dévoile les blessures laissées dans toutes les mémoires sur plusieurs générations mais aussi le secret qui entourait ce drame.

    Le seul bémol de ce livre est la multitude de personnages et les aller-retours entre les différentes périodes qui déstabilisent la lecture. Mais la belle plume de Daniel Woodrell sauve ce roman. Loin d’être le meilleur de l’auteur et le reflet du talent de l’Américain.

    18/08/2019 à 11:40 4

  • Au Nom du Bien

    Jake Hinkson

    8/10 En cette vieille de Pâques 2016, dans cette Amérique divisée entre les candidats Trump et Clinton pour les prochaines élections présidentielles, une petite bourgade dans l’Arkansas, Stock, se prépare à célébrer cette fête religieuse. Mais dans cette Amérique puritaine et bien-pensante, un événement va venir ébranler tous les préceptes moraux et religieux. Richard Weatherford, pasteur de la First Baptist Church, est réveillé dans la nuit par un appel de Gary. Il lui demande 30.000 $, le prix de son silence. Gary, un jeune qui s’est fait viré de l’Université et se cherche sexuellement, souhaite quitter Stock, avec sa nouvelle petite amie, Sarabeth Simmons, une caissière du supermarché local fraîchement licenciée. Pour arriver à refaire leur vie, ils ont monté un plan. Mais tout va foirer, bien évidemment, car le monde n’est pas un long fleuve tranquille.

    On suit page après page ce samedi noir par l’intermédiaire des principaux protagonistes ; le révérend Weatherford prêt à tout (mensonges, manipulations,..) pour préserver sa réputation ; sa femme Penny, dont la foi commence à se fissurer ; Gary, un paumé qui se cherche ; Sarabeth, sa copine aux mœurs légères et aux ambitions mal placées ; Brian Harten qui souhaite à réussir son projet de magasin de vente d’alcools qui, dans cette bourgade, est synonyme de Satan.

    On se régale à lire les déboires des personnages et savoure un final bien mené. Jake Hinkson mérite son titre d’héritier de Jim Thompson.

    16/08/2019 à 16:23 11

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Je me suis procuré cet ouvrage de Loevenbruck dans les meilleurs délais pour deux raisons fondamentales : une incontournable, parce que l’auteur de Nous rêvions juste de liberté et de L’apothicaire a su me faire voyager et m’émerveiller par ses histoires et par ses mots justes et touchants ; l’autre purement subjective liée aux avis unanimes et dithyrambiques pour ce livre qui relate de manière romancée l’histoire vraie de cet agent de l’ombre des services secrets français lors des attentats et des prises d’otages des années 1985/86.

    J’ai cru bien évidemment, avec J’irai tuer pour vous, à un remake de Fargo des frères Coen qui, en avant-propos de leur film, annonçait également que l’histoire était tirée d’une histoire vraie. Cela s’était avéré faux. Mais est-ce que cela sert ou dessert l’œuvre ? Là n’est pas le sujet.

    Non, je ne souhaite pas rentrer dans un débat de fond sur l’intérêt et le rôle des agents secrets dans l’histoire des Français et de la France. Je souhaite juste laisser parler mes émotions après ma lecture. Ce livre m’a profondément ému par cette histoire réaliste qui, grâce à des chapitres courts, se lit à grande vitesse malgré ses 630 pages. Nous sommes complétement absorbés par cette vie fascinante de Marc Masson au sein de la DGSE. Et les extraits de ses cahiers montrent à quel point l’homme a été exceptionnel dans sa foi et son dévouement pour la défense contre le mal. Merci M. Masson et M. Loevenbruck. J’ai découvert un héros. J’ai eu confirmation d’un écrivain talentueux.

    14/08/2019 à 21:14 14

  • Mortelle randonnée

    Marc Behm

    8/10 Mis à l’écart depuis quelque temps, l’Oeil reprend du service dans l’agence de détectives privés qui l’emploie. A la demande des parents, une riche famille de fabricants de chaussures, il doit filer le fils. Ce dernier s’est épris d’une mystérieuse fille dont le père et la mère souhaitent avoir un peu plus de renseignements.

    Cette intrigante jeune femme va tuer ce fils qu’elle a tout fraîchement épousé, et le dépouille de tout l’argent qu’il venait de retirer de son compte en banque. Au lieu de la dénoncer, l’Oeil continue de suivre cette femme. Cette dernière change d’apparence, use de fausses identités et continue de séduire des hommes qu’elle va tuer et prendre leur argent à un rythme impressionnant. L’Oeil s’avère obsédé par cette jeune fille. Il l’épie, la suit avec une évidente maîtrise. Sans nouvelles de sa fille partie avec sa femme depuis de longues années, il imagine et souhaite que cette mystérieuse femme soit sa fille. Il n’envisage aucunement qu’elle puisse être arrêtée. Au contraire, il l’aide à ne pas se faire prendre. Il invente des prétextes à son agence pour pouvoir suivre et protéger cette fille. Car son obsession est vitale pour lui. Il ne veut plus perdre cette femme qui la rattache à sa fille.

    Ayant vu le film tiré de ce roman sombre et puissant réalisé par Claude Miller, je n’ai pas été déçu par ce livre qui surpasse son adaptation cinématographique. On ressent l’obsession de l’Oeil, sa fascination et son attirance pour cette jeune femme. Marc Behm arrive à rendre palpable une atmosphère sombre et fascinante dans cette relation très ambigüe. Le seul reproche que je ferai est celui du titre en français qui dessert cette belle œuvre. The Eye of the beholder (celui qui observe) mériterait une traduction plus fidèle.

    13/08/2019 à 15:35 3

  • Trois carrés rouges sur fond noir

    Tonino Benacquista

    9/10 Poseur d’œuvres d’art contemporain dans une galerie parisienne le jour et joueur invétéré de billard la nuit, Antoine a une vie bien réglée. Mais elle bascule quand un voleur s’empare d’une toile nommée « l’essai 30 » de la dernière exposition consacrée à Etienne Morand et lui tranche le poignet droit. Invalide. Manchot. Finie l’académie de billard et son avenir du titre de champion français pour Antoine.
    Plus par besoin de comprendre que pour se venger, Antoine cherche qui a fait basculer sa vie. Aussi la toile qui a été dérobée lui rappelle vaguement une œuvre entreposée dans le dépôt de la galerie. Mais le responsable de la réserve se fait tuer. Ce qui motive encore plus Antoine à découvrir Etienne Morand et ce mystérieux mouvement artistique « les Objectivistes ».

    Trois carrés rouges sur fond noir excelle par le cynisme d’Antoine. Par moment, j’ai perçu du Jonquet dans le style, ce qui m’a énormément séduit. Mais Benacquista, avec ce qui est son 2ème livre, s’affirme en proposant une histoire savoureuse où il peint avec talent et ironie l’art moderne.

    05/08/2019 à 21:12 4

  • Le signal

    Ron Carlson

    9/10 Dès les premières lignes, j’ai été emporté par la douceur des mots et le voyage sentimental proposé par Ron Carlson à travers cette haute forêt des trembles dans les montagnes du Wyoming. J’ai emprunté les sentiers de Cold Creek en compagnie de Mark et de Vonnie. Carl Carson m’a transporté, et j’ai pu voir par ses mots ses magnifiques lacs, sentir l’humus des arbres millénaires, toucher la glace des hauts sommets.

    Même si l’histoire peut sembler convenue, elle sied à merveille dans ce cadre idyllique où l’extraordinaire côtoie le sublime. C’est beau, c’est envoûtant. Mon côté romantique et sentimental a été pleinement comblé.

    04/08/2019 à 21:12 7

  • Un sur deux

    Steve Mosby

    7/10 J’ai boudé ce livre à sa sortie. Je suis assez prudent devant la publicité assez racoleuse des premiers livres de nouveaux auteurs. Les références à Thomas Harris et Harlan Coben, ou les comparaisons aux chefs d’œuvre de Lehane ou de Connelly m’ont fait écarter cet auteur, Steve Mosby, de ma PAL. Il a fallu attendre une brocante locale pour que je me jette sur ce livre et l’été pour me plonger dans sa lecture. C’est dire l’enthousiasme que j’avais pour Un sur deux.

    Même si ce polar ne révolutionne pas le genre « tueur psychopathe », il se lit très bien, l’intrigue est bien menée. Mais je regrette les alternances des personnages dans le déroulement de l’intrigue. Ce parti pris de l’auteur empêche l’approfondissement des personnalités, je trouve. Or que ce soit l’inspecteur John Mercer ou Mark Nelson, il y aurait eu matière à développer ces personnages et offrir un livre plus attachant et marquant. En tous les cas, c’est moins pire que ce que j’appréhendais. Si l’occasion se présente, je relirais les autres livres de cet auteur.

    03/08/2019 à 21:15 4

  • Hangover Square

    Patrick Hamilton

    8/10 George Harvey Bone, gros garçon lourd, est terriblement amoureux de Netta Longdon, aspirante actrice dans ce Londres de 1939. Manipulatrice, elle aime qu’on l’aime et pour cela, est prête à toute séduction. Elle s’entoure de quelques minets alcooliques et s’enivre tous les soirs. Comme Bone qui est son larbin, et elle n’hésite pas à le traiter d’imbécile. Lui en est conscient mais l’amour rend aveugle. Il lui donne de l’argent dès qu’elle en a besoin pour payer tous ses désirs. Mais que reçoit-il en retour ? Rien sinon… Clic. Un bruit dans sa tête. Et puis le silence, plus aucun bruit, comme un film muet. Et là, Bone se dit qu’il doit tuer Netta. Quand son cerveau devient comme si un obturateur s’était refermé, il n’a plus peur de dire ses 4 vérités à Netta. Il doit la tuer et vivre. Il a tout organisé… Clic… Bone ne veut pas perdre Netta. Il acceptera tout dans la mesure où elle veut passer du temps avec lui. Qu’avec lui.

    Ce qui fait l’originalité du livre de Patrick Hamilton, connu pour avoir écrit La Corde, porté à l’écran par le maître Alfred Hitchcock, c’est de nous immiscer dans la tête de Bone. Ce schizophrène nous dévoile ses pensées qui passent de l’amour à la haine pour Netta. Un roman psychologique qui date de son époque mais un classique qu’il est intéressant de lire.

    01/08/2019 à 19:06 5

  • L'Enfant perdu

    John Hart

    9/10 Tout dans ce livre est fait pour que lecteurs que nous sommes soyons absorbés par l’histoire de Johnny. Cet adolescent de 13 ans recherche sa sœur jumelle disparue, enlevée par un homme. Depuis, son père a quitté le domicile conjugal. Johnny vit avec sa mère qui s’est mis avec une brute et qui a sombré dans l’alcool et la drogue. Johnny, armé d’un livre sur l’histoire locale et de ses pouvoirs indiens, a fait une prière : que Dieu lui ramène sa famille, et tue l’amant de sa mère. Il sera amené à découvrir des choses horribles, impensables et effrayantes pour un enfant de son âge.

    Depuis un an aussi, Hunt, le lieutenant de la police locale, est hanté par cette disparition. Au-delà de la raison. Il n’en dort plus, et semble tomber amoureux de la mère de Johnny. Son patron le traite d’incompétent et lui met une pression. Il n’en dort plus et il ne voit plus son fils. Mais plus que l’honneur, c’est les sentiments qui le poussent à se surpasser et à épauler Johnny pour découvrir la vérité. D’autant qu’une autre fille a disparu.

    Amitié, amour côtoient un suspense et l’horreur tout au long des chapitres. Avec un peu de vaudou, et un mystère qui ne se dévoilent qu’après plusieurs rebondissements. C’est beau, c’est touchant mais très prenant. Un roman page turner qui m’a rappelé un mélange des meilleurs polars de Lansdale et de Ellory. Un auteur que je découvre et que je vais continuer à explorer la bibliographie largement plébiscitée par les lecteurs et les critiques.

    01/08/2019 à 08:52 6

  • Munich

    Robert Harris

    8/10 Ayant vraiment aimé Fatherland, je ne m’étais pas plus que ça intéressé aux autres livres de Robert Harris. C’est le 10/10 attribué à ce Munich par Muriel qui attisa mon envie de me plonger dans ce livre qui retrace, de manière romancée, les Accords de Munich.

    Par l’intermédiaire de deux anciens amis ayant effectué leurs études au College d’Oxford (personnages purement fictifs), Hugh Legat, secrétaire auprès du Premier ministre anglais, Chamberlain, et Paul Hartman, travaillant au Ministère des Affaires étrangères au Reich, Robert Harris nous fait plonger dans les coulisses des négociations en faveur de la paix en 1938. Alors qu’Hitler s’apprête à envahir les Sudètes, une partie de la République Tchèque, et l’annexer à l’Allemagne, le Premier Ministre anglais souhaite trouver une solution qui pourrait éviter un conflit armé.

    L’auteur anglais reprend tous les ingrédients historiques mais sait retranscrire, grâce à son écriture fluide et maitrisée, toute la tension politique et les manœuvres diplomatiques des différents protagonistes. Même si, contrairement à Fatherland, il n’y a aucune intrigue policière, Munich est très agréable à lire, prenant et intéressant historiquement.

    29/07/2019 à 18:41 5

  • Maximum Bob

    Elmore Leonard

    6/10 Bob Gibbs, surnommé « Maximum Bob » par la presse, du fait de jugements prononçant très facilement et sans état d’âme les peines les plus lourdes, est un homme conservateur bien qu’appréciant la gente féminine. Dans son giron, la belle et jeune Kathy Baker, responsable des conditionnelles, qui ne souhaite pas se laisser approcher par un tel personnage. Mais le juge est prêt à tout pour voir Kathy dans son lit. Notamment en faisant en sorte que son épouse laisse la place. Assez facile. Sa femme, qui est possédée par une petite Noire morte depuis cent trente-cinq ans, a une phobie des alligators. Suffit de demander à un des prochains suspects qui doit passer devant lui, en contrepartie d’un jugement « clément », de lui rendre un petit service. Mais les petits truands, les Crowe en tête, veulent la peau du juge. Comme le Dr Tommy…. Alors tout se mélange et se confond.

    Première incursion dans l’œuvre d’Elmore Leonard, avec ce Maximum Bob. Bilan mitigé. Des personnages truculents, une histoire originale mais peu de profondeur dans ce livre qui a été décliné en série tv. Un livre qui, paraît il est drôle et amusant, ne me laissera pas un souvenir impérissable. Peut être que l’écriture d’Elmore Leonard n’est pas faite pour moi.

    28/07/2019 à 13:39 2

  • Mon traître

    Sorj Chalandon

    9/10 Luthier parisien, Antoine raconte sa découverte de la « vraie » Irlande, l’Irlande du Nord, remplie d’herbes vertes sentant la tourbe, et de ses hommes et femmes solidaires dans leur lutte contre l’envahisseur britannique. Il raconte surtout sa colère et son cri de douleur envers « son traître ». Le traître s’appelle Tyronne Meeban, lieutenant au sein de l’IRA. A l’instar des héros irlandais que sont James Connolly ou le martyr Bobby Sands, Antoine voue sinon un culte du moins une grande amitié envers cet homme qui le conseille et le protège dans cette guerre sans nom.

    C’est en avril 1977, veille de Pâque, qu’Antoine arrive à Belfast. Accueilli par ceux qui deviendront ses amis, Jim et Cathy O’Leary, Antoine rencontre Tyronne Meeban dans un bar réservé aux anciens prisonniers républicains. Bercé et ému par les chansons rebelles chantant la guerre, soutenues par la douleur du violon et les notes de sanglots, Antoine épouse la cause de ces hommes et femmes remplis de fierté et d’amitié. Et à chacun de ses voyages, il partage leur quotidien : la révolte, la douleur et les pintes de Guinness, seule boisson qui représente le mieux ce pays : âpre, amère mais attachante. Bien que Français et donc étranger à cette lutte, il continuera d’être fidèle à cette amitié jusqu’au jour où, en 2006, il découvrira la traîtrise de Tyronne Meeban.

    Journaliste et écrivain français, Sorj Chalandon raconte dans « Mon Traître » une histoire personnelle : son amitié avec Denis Donaldson, membre de l'IRA et du Sinn Féin qui a trahi la cause irlandaise. La prose de Chalandon est émouvante, remplie de poésie sombre, de mots pesants. Mais avant tout, sans porter de réponse, ni de jugement, « Mon traître » interroge sur toutes les amitiés brisées, les amours déçus et de la fragilité de l’homme. Un roman court (200 p.) mais puissant.

    (A noter : Dans son livre « Retour à Killybegs », Sorj Chalandon raconte par la voix de Tyrone Meehan une autre version des faits).

    23/07/2019 à 21:21 3

  • Petits meurtres à Manhattan

    Jason Starr

    8/10 Joey DePino est l’archétype du loser. Et quand on est un parieur invétéré, ça ne fait pas bon ménage. A chaque pari, il perd. La preuve, le dernier cheval sur lequel il vient de parier a bien fini premier…. Mais il a été disqualifié. Et c’est quand il ne parie pas que ses pronostics tombent justes. La lose totale. Résultat, il doit une coquette somme aux bootleggers. Et il ne voit pas comment il va pouvoir les rembourser. D’autant que, à trop traîner les champs de courses, et ce même pendant ses heures de boulot, il vient de perdre son travail. Il n’a que le mensonge pour rassurer sa femme, la belle et intelligente Maureen, sur le prochain paiement du loyer et des factures. Cette dernière avait espéré une meilleure vie, avec bel appartement et surtout un enfant. A l’image de sa meilleure amie, Leslie et son mari, David.

    Ce dernier est un homme qui a réussi dans l’agence de publicité qui l’emploie. En plus, il aime bien faire quelques coups de canif dans le contrat, de temps en temps. Le dernier en date c’est avec Amy Lee, une de ses collègues de travail. Mais David s’est un peu avancé dans cette relation, en lui promettant le mariage. Et pour Amy, David doit tenir son engagement sinon elle dira tout à sa femme. Mais David est aussi courageux que Joey est chanceux.

    D’ailleurs Joey réfléchit à monter une petite escroquerie avec son pote d’enfance, Billy Balls ("Grosses Burnes") qui depuis son dernier accident, n’a pas retrouvé toutes ses facultés. On se doute bien que ce coup foireux va lui péter à la gueule.
    Mais voilà, on ne sait pas vraiment comment tout ça va finir. Une seule certitude cependant : on sait que ça va foirer…

    On sourit, on lit avec plaisir cette histoire de losers à la manière de Westlake dans ce premier polar de Jason Starr dont l’œuvre est aussi méconnue qu’incontournable.

    19/07/2019 à 21:31 1

  • Maldonne

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Violoniste dans des cabarets minables parisiens, Jacques Christen voit sa vie au plus bas quand un inconnu l’aborde en lui proposant un chèque d’un million de francs. Ressemblant étrangement à Paul de Baer, disparu incognito en mer après avoir abandonné son épouse avec qui il avait des relations assez froides et distantes, Jacques Christen se voit offrir le rôle du sosie qui rentre chez lui sans aucun souvenir. Cet inconnu, Frank Mayer, est le valet de la famille de Baer. Il souhaite permettre à Gilberte, la femme de de Baer, de toucher un héritage qui se profile grâce à la mort prochaine d’un vieil oncle, dont seul Paul de Baer est l’héritier.
    Bien que bourré de principes, Jacques Christen est surtout bourré de dettes. Ses réticences ne font pas le poids face au nombre de zéro présent sur le chèque. Arrivé à la demeure familiale, Jacques Christen se voit aider par le valet pour tenir au mieux son rôle : celui de Paul de Baer à la personnalité froide, hautaine et odieuse.
    Et cette usurpation d’identité semble bien fonctionner. La femme et le beau-frère paraissent troubler par ce retour de cet horrible Paul de Baer. Mais Jacques Christen n’est pas insensible aux charmes de Gilberte. L’amour va venir troubler le stratagème.

    A la manière D’entre les morts du duo Boileau-Narcejac, qui a inspiré à Hitchcock son meilleur film (pour moi), Sueurs Froides (Vertigo en VO), le lecteur est manipulé et pris au piège comme ce Jacques Christen. Un livre prenant et une intrigue qui donne des….. sueurs froides.

    17/07/2019 à 20:30 1

  • La Bête et la Belle

    Thierry Jonquet

    8/10 On retrouve dans La bête et la belle , le 4ème livre dans la magnifique œuvre de ce maître du polar hexagonal, ce qui est la marque de fabrique de Thierry Jonquet. Un puzzle qui délivre sa splendeur et son originalité dans les toutes dernières lignes.

    Je n’ai rien vu venir. Je n’ai pas compris la résolution de cette histoire avant les toutes dernières lignes. Je me suis laissé porté pour cette enquête menée par le commissaire Gabelou. Et les différents protagonistes relatent leur vision des faits de cet assassinat de « la mégère » par « le Coupable ». Léon, le vieux sale, cohabite avec « le Coupable » dans cet appartement où s’accumulent les sacs de déchets pour cacher ce mystère et la vérité. Léon sait tout de cette histoire. Mais il ne dira rien à Gabelou. Comment toute cette histoire s’est déroulée. Car dans le livre, les acteurs de l’intrigue ne portent pas leur nom.

    C’est du Jonquet pur et dur. Le style parlé rend si aisé et accessible cette lecture comme ce nombre de pages peu important. C’est toujours un régal de lire ses livres qui n’en font jamais trop et qui sont toujours gages de surprise et de talent. Chapeau bas Maître Jonquet !

    13/07/2019 à 14:56 6

  • Hôtel du Grand Cerf

    Franz Bartelt

    9/10 En ce dernier été du XXème siècle, Charles Raviotini, producteur parisien, demande à Nicolas Tèque, journaliste à la petite semaine, d’enquêter sur le mystérieux décès de l’actrice Rosa Gulinguen. Il y a 40 ans de cela, elle a été retrouvée morte noyée dans la baignoire de son hôtel, lieu de tournage : l’Hôtel du Grand Cerf. Son compagnon de scène comme dans la vie, Armand Grétry, bien inquiété, était soupçonné. L’enquête a officiellement conclu à un accident mortel. Charles Raviotini doute de ces conclusions. Nicolas Tèque a une semaine pour rencontrer les gens du coin, collecter photos, témoignages, … pour constituer un reportage sur l’actrice. Il se rend donc à Reugny, lieu du drame.

    Pendant ce temps-là, dans cette petite bourgade belge à la limite de la frontière française dans les Ardennes, Jeff Rousselet, le douanier, est sauvagement assassiné au Point de vue de la Fourche. C’est à cet endroit qu’Anne-Sophie Londroit, la fille de l’hôtelière, a disparu. L’idiot du village, Brice Meyer, est tué peu après.

    A 15 jours de sa retraite, l’inspecteur Vertigo Kulbertus est enlevé de sa pré-retraite. Lui qui est beaucoup plus réputé pour son poids que pour son aptitude à résoudre les affaires criminelles doit se rendre à Reugny. Il adopte une discipline alimentaire très strict (frites à tous ses 4 repas journaliers) afin de pouvoir résoudre cette affaire.

    On se doute que le journaliste au grand cœur et cet inspecteur obèse vont trouver ensemble réponse à leurs questions. Mais l’important, même si les enquêtes font preuve de subtilité et malice, à la façon d’un huis-clos à la Agatha Christie, c’est le ton du livre. C’est cocasse, bondé d’humour noir et les tirades de l’inspecteur virent au burlesque, à un one man show. On regrette la fin du livre et de ne pouvoir retrouver cet inspecteur aussi loufoque qu’attachant dans une autre histoire.

    10/07/2019 à 19:23 6

  • Moon

    Tony Hillerman

    7/10 Petit rédacteur dans un quotidien de presse local, Moon Mathias reçoit un message de sa mère lui demandant de la rappeler de manière urgente. Victime d’un malaise cardiaque alors qu’elle devait prendre un avion, elle a été hospitalisée. Moon se précipite à son chevet. Sa mère lui annonce que son frère, soldat au Vietnam, est mort et laisse dans ce pays en guerre une petite fille. En avril 1975, les soldats de Pol Pot, chef des Khmers rouges, gagnent le Sud Vitenam. C’est la déroute pour les Américains.

    C’est dans ce contexte que Moon va devoir retrouver la trace de son frère et espérer trouver sa fille pour la ramener vers sa grand-mère aux Etats-Unis. Ni courageux, ni lâche, Moon est confronté à ses démons et à son passé. Il rencontrera des personnages originaux et troublants qui l’aideront à trouver la force pour construire son avenir.

    Roman sensible et touchant, Moon est une quête de soi, de ses racines, de l’amour et des valeurs humaines et familiales. Un livre à part dans l’univers navajo de Tony Hillerman.

    07/07/2019 à 17:01 2

  • La Promesse

    Tony Cavanaugh

    9/10 Darian Richards a quitté par la petite porte sa vie d’enquêteur au sein de la police de Melbourne. Celui qui a le meilleur taux d’élucidation d’affaires criminelles avait fait une promesse à Diane, la mère de Lorna, une victime du Violeur du Train : qu’elle retrouverait sa fille vivante. Comme les précédentes. Mais deux mois après sa disparition, le doute n’était plus permis : elle était morte. Ne supportant plus les meurtres, les enquêtes, les captures, ces morts par les tueurs, synonymes de cauchemars, de victimes qui l’appelaient dans son sommeil, il a rendu son badge.

    Ayant déménagé dans un cottage au bord de la Noosa, sur la côte est de l’Australie, Darian s’apprête à mener une vie frugale et à rester assis au bord de l’eau pendant quelques années.

    Mais plusieurs filles disparaissent mystérieusement dans le comté. Aussi, ses cauchemars reviennent. Et la promesse non tenue faite quelques mois auparavant revient le hanter. Il décide dès lors de mener son enquête. Il s’appuiera sur son meilleur ami, Casey, un ex-gangster de Melbourne, et sur sa compagne, Maria, la belle et jeune agent de police qu’il saura bien manipuler. Il pourra compter également sur le mystérieux geek, Isosceles. Quand il ne travaille pas pour la CIA ou les services secrets australiens, il rend service gracieusement à Darian.

    Dans son premier livre consacré à son personnage Darian Richards, Tony Cavanaugh nous plonge dans une affaire aussi noire que terrifiante. En faisant parler les différents protagonistes, son héro ténébreux au caractère bien trempé, et ce tueur en série aussi abominable qu’effrayant, l’auteur australien montre son talent dans ce polar qui bouleversera immanquablement ses lecteurs.

    03/07/2019 à 22:32 6