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La Disparition de Josef Mengele
8/10 La Disparition de Josef Mengele retrace la tumultueuse histoire de la cavale de Josef Mengele, médecin à Auschwitz, connu entre autres pour ses expériences pseudo-médicales sur les jumeaux et coupable d’innommables horreurs au sein du plus grand camp de concentration nazi.
Cette partie de sa vie n'est que présente par bribes dans le roman d'Olivier Guez (mais ce sont des passages suffisamment marquants pour ne pas oublier le monstre que fut le nazi en fuite). Le cœur du propos de l'auteur est de suivre, de façon chronologique, romancée mais s'appuyant sur une bibliographie assez conséquente (une centaine de titres, présents en fin d'ouvrage, comme le ferait un historien avec ses sources), le trajet de Mengele, de son arrivée sur le continent sud-américain en 1949 jusqu'à sa mort 30 ans plus tard.
Avec une écriture élégante et agréable, Olivier Guez nous permet à la fois de suivre le monstre dans ses pérégrinations sud-américaines mais aussi de voir quelles furent ses connexions, ses accointements et toutes les personnes, de la plus insignifiante à la plus haut placée (je pense au couple Perón, entre autres) qui ont œuvré, directement ou indirectement, à protéger le nazi.
Un nazi qui jamais n'évoquera un quelconque regret, ressassant à loisir son admiration pour Hitler, et la "noblesse" du "combat" qu'il a mené au nom de la "race aryenne".
J'ai aimé aussi les passages mettant en scène son fils, Rolf, qui ne verra que deux fois son père dans sa vie, finalement dégoûté par ce père monstrueux.
J'ajoute que la question de la présence de ce roman sur Polars Pourpres pourrait étonner, mais par son sens du suspense, par ses passages rivalisant avec les meilleurs romans d'espionnage (l'arrestation d'Eichmann par le Mossad, les tractations de ce dernier pour trouver Mengele etc...), il n'est finalement pas incongru de le trouver sur PP.
Un très bon roman que je recommande.03/06/2018 à 10:17 11
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Power
10/10 Dans ce roman magistral, fruit d'un travail préparatoire qu'on imagine colossal et d'un talent exceptionnel, c'est un Michaël Mention au sommet de son art qui nous entraîne dans une époque fidèlement restituée, bouillonnante, effervescente et tout simplement passionnante. Il s'appuie sur des personnages attachants, devenant tous, à leur insu, pions d'un jeu macabre, d'une manipulation ignoble orchestrée par le FBI. On partage leurs combats, leurs idéaux, leurs rêves, portés par un désir d'égalité encore brûlant d'actualité.
Power, c'est une véritable démonstration, un sujet (ou plutôt des sujets) maîtrisé(s) de bout en bout, des destins qui se télescopent, des histoires dans le tourbillon de l'Histoire.
Power, c'est surtout un roman qui devrait être largement lu et partagé. Un immense coup de coeur.26/05/2018 à 18:53 12
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Les Autres Dieux et autres nouvelles
4/10 Séduit par l'Affaire Charles Dexter Ward, j'ai opté pour ce recueil de nouvelles du même auteur. Mauvais pioche, je me suis très largement ennuyé et j'ai failli abandonné une bonne dizaine de fois.
Dans le détail, la nouvelle qui ouvre le recueil, intitulée "Le Réanimateur" est un récit glauque, pâle copie du Frankenstein écrit un siècle plus tôt par Mary W. Shelley, avec un schéma narratif hyper répétitif, des redites (cela s'expliquant par le fait que la nouvelle est sortie d'abord sous forme de feuilleton dans les journaux). Chose assez horripilante, l'auteur use et abuse du champ lexical de l'épouvante (les mots "terrifiant", "horreur", "terreur"... reviennent je ne sais combien de fois en 35 pages), en fait des tonnes sans que cela effraie le moins du monde. Bref, une nouvelle qui a mal vieilli (comme beaucoup d'autres du recueil).
La seconde nouvelle, la plus courte, "Les Chats d'Ulthar" est celle qui a retenu le plus mon attention, simple et efficace.
Les Autres Dieux est axée fantastique/fantasy, je n'ai pas du tout accroché. Idem pour L'étrange maison haute dans la brume, bien trop axée fantastique à mon goût et dont je n'ai pas perçu l'intérêt.
La 5e nouvelle, "Celephais" et bien... je n'en ai déjà aucun souvenir !
Les trois dernières nouvelles relèvent un peu le niveau : La malédiction de Sarnath est intéressante à suivre, dans un monde totalement fantastique (comme quoi ce n'est pas le genre qui pose réellement souci mais bien les histoires et/ou l'écriture). La tombe m'a un peu rappelé l'Affaire Charles Dexter Ward avec un jeune homme hanté par ses ancêtres. Enfin, Prisonnier des pharaons vaut le détour pour la description qui est faite du Caire et du site des pyramides de Gizeh... avant que l'intrigue ne sombre dans le délire le plus total entre cauchemars, légendes égyptiennes etc... dommage ! J'ajoute que certains passages sont teintés de racisme avec des jugements plus qu'à l'emporte-pièce sur les "Arabes", là encore un texte qui a bien mal vieilli.
En bref, sans réellement regretter ma lecture au final, je n'ai guère pris de plaisir et ne conseillerai pas ce recueil pour découvrir l’œuvre d'Howard Phillips Lovecraft.14/05/2018 à 22:18 6
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Train perdu wagon mort
9/10 Mais quel plaisir de lecture ! Happé dès le début dans ce wagon dans la peau de François (roman à la première personne), dans un huis clos des plus intrigants, avec une ambiance lourde, une atmosphère étouffante et qui nous enserre crescendo, un mélange de suspense, d'anticipation, d'horreur, de post-apocalyptique, toujours porté par l'humour de l'auteur mais sans que l'on se marre franchement, non, on sourit de temps en temps mais on replonge, quasi en apnée, dans le wagon perdu au milieu de nulle part.
Nulle part ? Non, car nous sommes en Zoldavie, un pays imaginaire qui m'a fait penser à la Bordurie/Sylvanie d'Hergé (quel plaisir d'ailleurs de voir la référence directe p. 99 de mon édition à Tintin !). Soit dit en passant, quelle pertinence d'avoir choisi un pays imaginaire, sensé se trouver entre Europe centrale et Europe de l'Est, car on y perd nos repères, tout en admettant qu'après tout cette histoire est crédible.
Page après page, je criais au chef-d'oeuvre, me délectant de mettre un futur 10/10 à un roman qui serait dans mon panthéon des romans lus, à lire, relire et re-relire et puis... et puis cette fin.
Alors deux hypothèses : soit elle est trop facile, soit elle est hyper tordue et nous demande de relire tout le bouquin en guettant les indices.
Mais au final, peu importe. J'ai tellement apprécié cette lecture, véritable coup de coeur.
Sûr que de nombreux passages me resteront longtemps en tête (certain[e]s vont peut-être sourire à cette référence, mais j'ai plusieurs fois pensé au roman de Scott Smith, Les Ruines) et j'installe Train perdu wagon mort dans ma short-list des meilleurs romans que j'ai lus, que je vais partager autour de moi et que je vais offrir à loisir.
Le roman est paru chez Points Seuil : alors aucune excuse, foncez découvrir cet excellent roman du décidément très talentueux Jean-Bernard Pouy !03/05/2018 à 20:28 11
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Lux
7/10 Lux... quel étrange roman que voilà. Bon, soyons franc dès le départ, il m'a fallu 180 pages pour commencer à l'apprécier. Ce qui, sur 250, fait quand même beaucoup.
J'ai été désarçonné par tout : l'écriture, l'intrigue, les personnages, le décor. J'ai longtemps erré sans comprendre une seule seconde où l'auteure voulait nous emmener. Et puis enfin, telle l'éclaircie après la tempête (enfin, le tsunami), j'y ai vu un peu plus clair mais j'avais déjà reposé le livre à de très nombreuses reprises et traîné des pieds pour y retourner.
Alors pourquoi un 7/10, pourquoi Lux est un "bon roman" selon la classification PP ? Parce qu'il y a la volonté de se renouveler, il y a le décor, finalement marquant (ah, "la Réserve !"), il y a les pièces du puzzle qui s'imbriquent enfin et qui me font dire "belle imagination !", il y a un Cockie qui me rappelle John Coffey (j'ai d'ailleurs noté plusieurs références au King) et dont l'histoire est touchante...
Mais il y aussi 180 premières pages durant lesquelles je me suis trop souvent ennuyé.
J'avais pris une bonne grosse claque avec Hématome, j'avais beaucoup aimé Reflex, Lux est à mes yeux un cran en-dessous.
A chacun(e) de se faire son propre avis, je pense que Lux reste tout de même une lecture marquante.03/05/2018 à 20:11 7
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Aller simple Paris-Corrèze
7/10 Meymac, Haute-Corrèze, plateau de Millevaches, 3000 habitants. C’est dans cette petite ville au charme certain que Marie Wilhelm a situé l’intrigue de son nouveau roman, Aller simple Paris-Corrèze paru récemment chez Le Geste Noir.
On y retrouve le commissaire Savigny, déjà croisé dans La petite musique de mort, en piètre état : dévasté par la mort de sa femme, il erre sous les ponts de Paris. Dans le même temps, un homme tout aussi désœuvré, l’enseignant Vincent Farges, vient d’être mis d’office à la retraite après avoir eu la main leste avec un élève pour le moins effronté.
Deux âmes en peine qui, par des biais distincts, se retrouvent à Meymac, où ils vont croiser la route de l’énigmatique et délurée Anna Lestrade. Fille de notaire, elle a repoussé une voie toute tracée pour s’acoquiner avec un quidam dont le comportement violent n’est pas sans rappeler celui du père. Mais à peine la rencontre faite, Anna et son mari disparaissent sans laisser de trace, laissant leur bébé sur les bras du pauvre Vincent Farges.
Il faudra toute l’humanité du professeur, secondé par le commissaire qui renaît, un gendarme amoureux et rigoureux et la bienveillance d’une vieille institutrice à la retraite pour faire toute la lumière sur ces disparitions.
Marie Wilhelm, dont la plume avait fait merveille dans la nouvelle Une voisine presque parfaite, entraîne le lecteur dans une histoire habilement ancrée dans la ville de Meymac, plaisante à suivre et dans laquelle les préjugés et la médisance seront peut-être les pires ennemis de la vérité.
30/04/2018 à 22:42 4
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L'Affaire Caïus
8/10 J'avais tenté une première fois, il n'y a pas loin de 25 ans, de lire ce polar jeunesse. Mais probablement trop jeune, j'avais abandonné au bout de quelques dizaines de pages.
J'ai retenté le coup et bien m'en a pris car c'est un très bon roman jeunesse, une plongée réussie au Ier siècle de notre ère dans la Rome impériale, au sein d'un groupe d'écoliers, enfants de patriciens, qui enquêtent sur une inscription sacrilège, a priori commise par l'un des leurs, Caïus.
Aidés de leur maître grec "Xanthippe" ils feront tous pour innocenter Caïus et devront pour cela se frotter aux hautes sphères de la politique romaine et se confronter à l'énigmatique et inquiétant voyant Lukos.
Même si j'ai noté quelques anachronismes, le texte est cohérent et assez immersif (il est d'ailleurs étudié dans les collèges français), et le côté enquête est très réussi.
Inspiré par une inscription retrouvée à Pompéi (comme l'explique l'auteur dans une note de bas de page), l'Affaire Caïus est un classique indémodable de la littérature jeunesse qu'il est très plaisant de découvrir, à tous les âges.29/04/2018 à 10:59 3
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Si tu meurs, elle reviendra
5/10 Déçu... J'ai trouvé ce polar jeunesse pas très crédible, prévisible et parfois mal écrit, surtout au début (avec l'abus de "que, qui, qu'...").
Je retiendrai davantage les passages sur la ville d'Aberdeen et les plateformes pétrolières en mer du Nord (les quinze dernières pages dans la tempête sont réussies) que cette histoire de vengeance déjà lue, en mieux.
Dommage, j'avais pourtant bien aimé Une femme ordinaire de cette même auteure.20/04/2018 à 14:51 3
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Le Dernier homme bon
8/10 J'avais fait l'acquisition de ce roman peu de temps après mon arrivée sur Polars Pourpres en 2012. Mais les commentaires ci-dessous et une moyenne peu flatteuse à l'époque (5.3/10) m'avaient un peu découragé à l'ouvrir. Il a donc allégrement pris la poussière pendant près de 5 ans, avant que je ne le ressorte de ma bibliothèque.
Et quelle erreur ce fut de laisser de côté ce très bon thriller si longtemps !
Malgré ses presque 600 pages, je ne me suis lassé à aucun moment, suivant avec plaisir les deux enquêtes (l'une à Venise en compagnie de Tommaso di Barbara, l'autre à Copenhague avec Niels Bentzon rejoint par Hannah Lund), basées sur un passage du Talmud selon lequel il y aurait 36 justes à chaque génération dans le monde, chargés de faire le bien.
Problème : ces 36 justes meurent les uns après les autres, aux quatre coins du monde.
Intrigue originale, personnages attachants (notamment le duo danois), j'ai vraiment apprécié la façon dont les auteurs (A. J. Kazinski est le pseudonyme de deux auteurs danois) avaient noué cette intrigue, nous faisant voyager de la Chine au Danemark, en passant par l'Italie, la Suède, ou encore l'Afrique du Sud. Avoir imaginé une grande partie de l'intrigue pendant un sommet sur le climat à Copenhague est d'autant plus pertinent qu'il renvoie justement au fond de l'histoire et à la préservation de l'humanité.
J'ai trouvé la dernière partie (Le Livre d'Abraham) particulièrement palpitante, au sein du Rigshospitalet de Copenhague.
Bref, un très bon thriller, très original et bien mené, une belle réussite à mes yeux.17/04/2018 à 11:40 6
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Le Syndrome Copernic
9/10 Harponné dès les premières minutes (livre audio) par cette première scène apocalyptique, j'ai tout de suite accroché au roman et à son personnage principal, Vigo Ravel, vis-à-vis duquel j'ai presque immédiatement ressenti de l'empathie.
Cet homme, seul survivant de l'attentat, est atteint de schizophrénie et en partie amnésique. Du coup, doit-on le croire, lui qui entend des voix ? Il aurait entendu les voix des terroristes, ce qui lui a permis de sortir du gratte-ciel avant que celui-ci n'explose, mais est-il un témoin crédible ?
Raconté à la première personne, on partage les doutes et les douloureuses révélations sur le passé de cet homme, dont toute trace avant l'attentat semble avoir disparu : ses parents, son psychiatre etc...
Heureusement, dans ce tunnel sans fin, une lumière en la personne d'une jeune flic, va peut-être l'aider à y voir plus clair...
J'ai trouvé ce thriller palpitant, j'ai écouté fébrilement l'interprétation remarquable de Christian Formont pendant ses 14 heures de lecture, avec l'envie chevillée au corps, comme Vigo, de savoir ce qui se tramait derrière cette schizophrénie doublée d'une amnésie.
L'enquête que doit mener Vigo permet d'aller de révélation en révélation, et j'ai été bluffé par la manière dont Henri Loevenbruck nous amène vers le fond de son histoire, très pertinente et que je vous invite vraiment à découvrir. J'ajoute que les pensées philosophiques (notamment à travers les fameux "carnets moleskine") qui parsèment le récit sont aussi fort pertinentes et amènent un degré d'érudition qui ne fut pas pour me déplaire, bien au contraire.
J'ai quitté à regret Vigo et cet obsédant "Protocole 88"...
Cela fait quelques temps déjà que j'ai un peu (beaucoup) lâché les thrillers mais si j'en retrouve de cette qualité-là, je m'y remettrai avec grand plaisir !08/04/2018 à 20:04 12
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Seules les bêtes
9/10 Tout est admirable dans ce livre : l'écriture d'abord, fluide mais qui ne veut pas dire simple. Chaque mot a/à sa place.
Les personnages ensuite, très réussis. Chacun prend la parole, donne sa version et on avance, ainsi, vers la vérité. Souvent touchants, âmes esseulées en quête d'amour...
Le suspense, savamment dosé, et une intrigue ciselée, géniale, qui prend des chemins insoupçonnés, rendant le roman véritablement renversant ! Que d'excellents ingrédients au service d'une histoire épatante !
Un jour de juin 2016, j'avais eu un bref échange avec Colin Niel, lors de Vins Noirs, à Limoges. Je ne l'avais jamais lu mais ses "romans guyanais" semblaient contenir une originalité propre à satisfaire ma curiosité. Je lui disais que les récompenses de son dernier roman de l'époque (Obia) allaient sûrement lui permettre d'être plus connu et de vendre plus de livres. J'avais été surpris par sa réponse : pour lui, il lui fallait écrire "un grand livre" (son expression exacte), et ce n'était pas encore le cas à ses yeux. Il était sûrement en train de plancher sur Seuls les bêtes et avait déjà dans l'idée qu'il tenait là, peut-être, "son grand livre".
Le doute n'est plus permis : avec Seuls les bêtes, Colin Niel est entré dans la cour de nos grands auteurs de polars contemporains. Les multiples prix qu'il recueille, mais aussi et surtout les avis unanimement très positifs des lecteurs en sont la preuve éclatante.
Bravo et merci pour cette pépite, M. Colin Niel.22/03/2018 à 19:22 16
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Derrière les portes
6/10 Tout d'abord merci aux éditions Hugo d'avoir permis un passe-livre au sein de la communauté Polars Pourpres.
Après quelques dizaines de pages, le ressenti était plutôt négatif : écriture trop simple, presque fade, dialogues qui sonnent faux, personnages trop peu creusés (en particulier Jack, dont les motivations sont peu crédibles car pas assez expliquées, détaillées, approfondies).
Et puis petit à petit on se laisse prendre au jeu (sordide), on apprécie l'ingéniosité de l'auteur à trouver des pièges plus retors les uns que les autres dans lesquels tombent immanquablement cette pauvre Grace. On s'attache au personnage de Millie, jeune sœur trisomique de Grace.
J'ai apprécié les 30-40 dernières pages, avec un rythme qui s'accélère et un vrai suspense pour savoir si Grace va enfin s'en sortir, ou pas.
Un premier roman non dénué de défauts, c'est certain, mais qui possède des qualités non négligeables. A chacun(e) de se faire son propre avis...11/03/2018 à 11:30 5
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L'Affaire Charles Dexter Ward
7/10 J'ai beaucoup aimé l'atmosphère qui se dégage de ce roman : beaucoup de mystère, de fantastique, d'ésotérisme, d'occultisme, avec une plongée appréciable dans la fin du XVIIIe siècle. La découverte par ce pauvre Charles Dexter Ward d'un ancêtre pour le moins hors du commun, va le plonger dans un enfer sans retour. J'ai aimé le style (oui !) un peu suranné, j'ai en outre beaucoup apprécié la lecture (livre audio) de Victor Vestia, avec une voix grave et un débit lent qui siéent parfaitement au ton du roman et à l'histoire.
11/03/2018 à 10:08 5
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Le Croque-mitaine
8/10 Dans ce roman d'anticipation destiné aux adolescents (dès 11 ans) mais qui ne déplaira pas aux adultes, Jérémy Bouquin nous met dans la peau de Siffleur, appelé U75 dans l'internat très étrange dans lequel il vit. De l'extérieur, il ne sait pas grand chose, sinon qu'un croque-mitaine guette le moindre faux pas des internes pour s'en prendre à eux. C'est du moins ce qu'il raconte aux plus jeunes de l'internat, lui n'y croit pas bien sûr. Quoique...
Il faut dire qu'il se passe des choses bizarres dans l'internat. A commencer par son ami Caboche, dont les aller-retour à l'infirmerie, les absences et les crises inquiètent Siffleur... Caboche l'affirme : le Croque-mitaine, lui, il l'a vu.
Je n'en dis pas plus pour celles et ceux qui auront le plaisir de découvrir cette lecture, où les phrases courtes, le style vif, l'enchaînement rapide des chapitres, un suspense savamment dosé font tourner les pages pour essayer de comprendre ce qui se trame dans ce drôle d'internat.
Et croyez-moi la claque est énorme, j'ai été cueilli par les révélations finales qui font froid dans le dos !
Je conseille vraiment cette lecture à celles et ceux, jeunes ou moins jeunes, qui aiment les romans d'anticipation.08/03/2018 à 21:57 3
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Sournois
6/10 Quartiers nord de Marseille. Noé est un jeune homme tout juste sorti de l'adolescence (c'est en tout cas ce que j'en ai déduit car son âge n'est pas précisé) et dont la mère vient de se tirer. Quant au père... y en a pas. Voilà donc un jeune homme perdu, expulsé de chez lui par les flics et qui "zone". Dans son quartier, très métissé, il est le seul blanc, avec Franz. Franz est un type un peu louche qui tient un bureau de tabac. Il embauche Noé ainsi qu'Adila, une jeune maghrébine secrètement amoureuse de lui. Mais l'entourage de l'adolescente bientôt majeure est assez conservateur et la garde à l'oeil, notamment son frère aîné, qui prêche un islam conservateur en même de temps de sortir avec une fille facile (j'ai beaucoup aimé les passages sur cette hypocrisie).
Quand Franz décide de monter une station-service dans le quartier, Noé est à ses côtés. La station-service devient le carrefour du quartier, où se croisent les habitants, pour un plein, pour un café, pour un paquet de clopes ou du shit vendus sous le manteau.
Et puis il y a les parties de poker, dans l'arrière-boutique, qui se terminent tard le soir.
Alors que l'affaire de Franz tourne bien, celui-ci se met à perdre de grosses sommes d'argent, et s'amourache de la femme de l'élu socialiste du quartier... Noé, qui vit parallèlement une belle mais dangereuse histoire d'amour avec Adila, va t-il être entraîné dans la chute de son mentor ?
Roman globalement réussi, parfois un peu naïf (l'écriture est parfois déroutante car l'auteur fait dire des choses à Noé avec un vocabulaire qui ne colle pas à son parcours, ni à son milieu, avec des expressions soutenues par moments qui sont assez incongrues) mais bien construit. J'ai trouvé la peinture d'un quartier nord de Marseille réaliste, tout comme les personnages.
Je pense que j'aurais aimé davantage le roman si je l'avais lu adolescent tant l'histoire entre Adila et Noé est propre à émouvoir un public adolescent, mais je l'ai trouvé un peu trop fleur bleue.
En fait, le hic fut que je n'ai pas lu ce livre mais que je l'ai écouté. Et la version audio lue par Anne Marie Mancels ne colle absolument pas au texte. Non qu'elle lise mal, mais elle n'a pas du tout le "ton" adapté au roman, au contexte décrit. Je conseille donc à celles et ceux qui veulent découvrir ce roman de ne pas l'écouter mais bien de le lire.28/02/2018 à 18:17 2
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La Nuit sur terre
8/10 Si j'apprécie le genre au cinéma, je n'ai pas pour habitude de lire des romans "de terreur". J'ai l'original paru chez Sueurs froides et il n'y a pas la mention "Terreur" comme pour l'édition Pocket ou encore la réédition numérique de Bragelonne. Et pourtant, pas de doute, c'est bien un roman d'horreur, terrifiant, qu'a écrit Pierre Pelot.
Tout commence par l'envoi anonyme de photographies montrant Jean-Claude Halmer, vendeur d'encyclopédies, en compagnie de multiples femmes dans sa maison de campagne. Folle de rage, Josiane, son épouse, se rend sur place dans le but de le tuer, pour se venger.
A proximité de la dite maison, se trouve une ancienne scierie. Et surtout un élevage de lapin, tenu par Clamessey, un homme d'un certain âge, accompagné d'Hénoch, qui l'aide à la tâche. Le tout au fin fond d'une vallée perdue dans les Vosges. Étranges, ces deux-là. A l'image du zoo pour animaux estropiés dont ils s'occupent également. Etrange, comme cette manie de Clamessey de grignoter grain de café sur grain de café...
Il faut attendre une bonne centaine de pages pour prendre contact avec le dessein monstrueux que nous réserve Pierre Pelot. On bascule alors dans l'ignoble, l'immonde, l'abject, à la limite du soutenable. Le tout sans que l'on puisse qualifier le roman de gore. Non, c'est bien plus pervers.
Âmes sensibles s'abstenir, c'est vraiment hard. Par moments, je reposais le livre pour souffler parce que certains passages sont vraiment... beurk !
Et le pire, c'est que c'est finalement crédible et que l'actualité nous montre que cela peut exister (brrrrr...... !).
Sûr que ce roman restera longtemps dans ma mémoire, je ne m'attendais pas à un truc pareil ! Et dire que cela a été écrit en 1983, je ne pensais pas que des auteurs français avaient été sur ce terrain-là (je le vois plus pour des auteurs américains, et davantage à partir des années 1990).
Bref, un roman coup de poing, mais pas dans la gueule, plutôt dans le foie, avec une nausée latente passées les 100 premières pages !
28/02/2018 à 17:53 6
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Nulle part sur la terre
7/10 Si l'on fait fi du style de l'auteur, ou plutôt si l'on finit par s'y accommoder, alors Nulle part sur la terre se laisse lire plaisamment. Il m'a toutefois fallu près de 150 pages pour m'y faire, ce qui est tout de même un peu long, blasé par exemple par des phrases interminables dans lesquelles Michael Farris Smith use et abuse du "et".
Mais il y a tout de même l'histoire et ses personnages.
Sur ce dernier point d'ailleurs, ce n'est pas Russell ni même Maben, les deux personnages principaux, qui m'ont le plus plu. J'ai préféré les "seconds rôles", le couple terrible Larry-Heather, l'énigmatique Consuela, le patriarche Mitchell, l'innocente Annalee, le flic Boyd etc...Une galerie de personnages fort réussie qui, tous, ont une place congrue dans l'histoire.
Quant à l'histoire, elle pourrait se résumer par l'expression "au mauvais endroit, au mauvais moment" (ou pas...) mais le titre du roman est bien plus pertinent.
Un récit assez sombre, parsemé de quelques éclats de lumière, brèves éclaircies (moments de grâce, clin d'oeil à la Vierge de deux mètres qui trône dans le jardin de Mitchell...) dans un ciel grisâtre. Les trente dernières pages sont très réussies.16/02/2018 à 12:46 9
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L'Affaire du rubis
7/10 Jacqueline Mirande, historienne de formation, dont j'avais apprécié Double meurtre à l'abbaye, nous entraîne ici dans un Paris où les séquelles de la Révolution française sont encore palpables (1802).
En habile auteure de polars destinés à la jeunesse (avec une teinte historique marquée, pour mon plus grand plaisir !), elle nous met dans les pas du jeune Titus, un adolescent apprenti chez un mystérieux bijoutier se faisant appeler Maître Eloi. Cet homme généreux mais autoritaire semble cacher un lourd passé. Et c'est justement à l'occasion de la visite d'un homme tout aussi énigmatique, porteur d'un rubis que le bijoutier a lui-même taillé, que ce passé va ressurgir. Un passé pas si lointain puisque directement lié aux soubresauts révolutionnaires.
De l'action, des rebondissements, le tout ancré dans un fond historique bien reconstitué (quoique de façon trop succincte à mon goût), voilà une nouvelle fois une recette réussie de la part de Jacqueline Mirande, qui saura séduire les jeunes lecteurs (dès 12 ans).12/02/2018 à 18:26 2
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L'Accusé
9/10 Une fois n'est pas coutume John Grisham s'attaque à une histoire vraie. Plus d'un an de travail, de recherches, de rencontres, de déplacements, d'interviews etc... pour reconstituer cette incroyable erreur judiciaire, et pourtant banale tant elle est courante aux Etats-Unis. Alliant ses qualités d'auteur de polars et une plume parfois journalistique, il a bâti un roman qui emprunte par moments les voies du documentaire. Cela peut dérouter (ce fut mon cas, au départ), et on peut aussi se perdre dans la foultitude de personnages, mais il y a les faits, implacables, hallucinants, incroyables qui nous ramènent sans cesse à l'interrogation : comment tout cela est-il possible ?
Et Grisham d'en apporter la réponse : l'erreur est humaine certes, mais l'orgueil, la méchanceté, la cruauté, la haute estime de soi, la fainéantise aussi, bref lorsque tous ces défauts propres à l'homme entrent en jeu dans le jugement d'une affaire de meurtre, il ne peut rien en sortir de bon. La victime est Ron Williamson, ex-star local de baseball, alcoolique, à la mauvaise réputation, et qui a tout du coupable parfait. Sauf que les preuves manquent et les accusations franchement farfelues nous font sourire sauf que... Ron Williamson va être condamné à mort et attendre plusieurs années dans le couloir de la mort (cette partie-là du roman est très réussie).
Douze ans de vie volés, un homme brisé, qui mourra quelques années seulement après sa sortie de prison.
Un gâchis immense mais qui n'est pas, comme le souligne à plusieurs reprises John Grisham, une exception dans un pays pourtant si procédurier, mais qui peut se tromper dans les grandes largeurs et envoyer des centaines d'hommes et de femmes innocent(e)s à la chaise électrique/à l'injection létale.
Glaçant, ce récit demeure comme un vibrant plaidoyer contre la peine de mort.
Encore une superbe réussite pour cet auteur, dont j'apprécie décidément à la fois son travail minutieux et exigeant et dont je partage nombre de ses combats.
Bravo monsieur Grisham !
N.B. : Livre écouté, avec une interprétation de José Heuzé une nouvelle fois impeccable !08/02/2018 à 09:46 5
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Jusqu'à ce que la mort nous unisse
7/10 Mon avis ne va pas beaucoup différer des autres : Jusqu'à ce que la mort nous unisse est un bon roman à suspense, où le duo Servane-Vincent devient attachant dans un cadre alpin magnifique (ah, cette ballade autour du lac d'Allos... !) et bien restitué par l'auteur. L'intrigue est agréable à suivre même si le côté "fleur bleue" évoqué par d'autres lecteurs avant moi est parfois un peu lourd, dans l'écriture comme dans les (bons) sentiments. Le manichéisme des personnages est aussi un peu too much, j'ai en fait trouvé qu'il y avait pas mal de naïveté dans le récit (des personnages, dans leurs sentiments et même dans l'écriture).
Ceci étant dit, la lecture fut agréable. Pas le meilleur de K. Giebel, mais plaisant tout de même.08/02/2018 à 09:30 7