Jusqu'à la bête

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  • 7/10 En quelques 150 pages, Thimothée Demeillers nous amène dans un monde que l'on connaît finalement peu, sauf à y travailler et qui pourtant nous sert quotidiennement, sauf à être végétarien/végan etc, celui des abattoirs. Ici, nous sommes dans la banlieue d'Angers. Erwan, ancien employé d'un abattoir près d'Angers, est en prison. On ne sait pas pourquoi, mais l'on pressent qu'il a commis quelque chose de très grave pour écoper d'un peine de 18 ans.
    Alors, à travers un récit à la première personne, on retrace avec lui son parcours, enfant de la banlieue pavillonnaire, fils d'un père autoritaire, d'une mère soumise, peu concerné à l'école, il échoue aux abattoirs où, très vite, la violence et la monotonie des gestes comme du lieu vont le transformer en... bête. Chaque heure qui passe affecte les cinq sens : l'odeur de la mort, que l'on ne sent même plus à force d'habitude au bout de quelques semaines, la vue de ce sang noir qui jaillit des bêtes égorgées et des néons qui brûlent les yeux, le bruit incessant des clacs de la chaîne, le goût de fer qui émane du sang et qui peut couper l'appétit, et le toucher, rendu parfois douloureux par le froid omniprésent (Erwan travaille aux frigos).
    Très documenté, l'auteur nous immerge dans ce décor sanglant et glacial, où l'on tue par dizaines des bœufs, des vaches et des veaux et ce à chaque heure de la journée, 24h/24. L'aspect répétitif du récit que l'on peut reprocher à l'auteur nous permet cependant de se mettre dans la peau de Erwan et de subir avec lui.
    Peu de lumière, sauf cet amour estival, Laétitia, rencontré aux abattoirs lors d'un job d'été, trop vite partie vers d'autres cieux plus cléments, moins rouge sang.
    C'est pesant mais juste, et l'auteur nous amène à réfléchir à la fois sur la condition des employés dans ces abattoirs mais aussi le rapport du monde "moderne" à l'animal (attention, ce texte n'est pas non plus un plaidoyer pour le véganisme !).
    De par l'originalité du lieu choisi et son traitement, Thimothée Demeillers atteint son but, celui de questionner nos pratiques, nos habitudes et le cadre libéral qui l'englobe. Une réussite.

    28/08/2018 à 17:10 LeJugeW (1806 votes, 7.3/10 de moyenne) 5

  • 5/10 "Jusqu'à la bête" se passe dans un décor brutal, dépouillé et sec de toute chaleur humaine. Erwan travaille à la chaîne dans un abattoir où, si les tâches sont parfaitement décrites, l'ambiance ne m'a pas parue réelle. L'écriture est aussi froide que les chambres de stockage des carcasses et, pour aussi court qu'il soit, ce roman tarde à aboutir. Les phrases courtes, les répétitions, la misère, l'enjeu du dénouement de l'histoire (mais qu'a donc fait Erwan ?) ne m'ont pas convaincue.

    08/05/2018 à 21:41 clemence (339 votes, 7.7/10 de moyenne) 5

  • 9/10 D'une puissance rarement égalée, Jusqu'à la bête est un cri désespéré contre cette société où la vie humaine passe après la course au profit. Un roman qui ne laisse pas indifférent et dont on ressort, sinon abattu, bien groggy.

    15/04/2018 à 13:05 Hoel (1157 votes, 7.6/10 de moyenne) 9