LeJugeW

1855 votes

  • Nid de vipères

    Pierre Frémont

    4/10 Je me suis davantage ennuyé dans ce 2nd opus faisant suite à Un salaud au salon. L'intrigue n'est qu'un prétexte à l'auteur pour mettre en avant ses idées politiques (certes tout à fait respectables) et développer sa gouaille avec moults calembours et autres jeux de mots... qui finissent par lasser. Les lieux décrits (Saint-Laurent-sur-Gorre en Haute-Vienne, Limoges, la campagne limousine) ne rattrapent pas le tout.
    Franchement je suis un peu déçu. Pas sûr de lire le 3e opus, surtout si l'intrigue est aussi peu développée...

    20/07/2018 à 10:23 3

  • La Fenêtre des Rouet

    Georges Simenon

    9/10 Un remarquable roman d'atmosphère autour de la solitude d'une "vieille fille" dont la vie se résume à regarder les autres vivre par sa fenêtre, notamment les bourgeois d'en face. Le spectacle tourne au drame et l'on assiste à la déchéance de cette pauvre femme tourmentée par ce qu'elle a vu.
    Je garde, des mois après, des images très très précises de ce roman qui m'a donc vraiment marqué.
    Absolument remarquable, encore une fois Simenon prouve qu'il est un grand.

    19/07/2018 à 12:48 7

  • Derrière les panneaux il y a des hommes

    Joseph Incardona

    8/10 Original par son décor, plus courant par ses thèmes (la vengeance d'un père, la psychopathie...), Derrière les panneaux, il y a des hommes est un roman très noir qui bouscule.
    Le décor ? Les aires d'autoroute, ici vases clos paradoxaux en marge des flux continus, pauses salutaires ou meurtrières, à l'ambiance étouffante dans la moiteur des habitacles surchauffés. L'intrigue ? Des destins qui se télescopent, ou quand le dangereux chauffard croise la route de l'automobiliste lambda, carambolage aux séquelles nombreuses et indélébiles.
    Le tout servi par une belle écriture, tellement belle que l'on a parfois (souvent) envie de prendre le stylo et de recopier des passages pour les garder comme des citations précieuses, faisant sens. Le ton, les mots heurtent. Le texte est très violent, cruel et désespérément lucide (ne pas le lire déprimé !).
    Roman réussi chaudement recommandé par Michaël Mention (j'ai d'ailleurs trouvé des similitudes entre son écriture et celle d'Incardona, phrases courtes, syncopées, presque télégraphiques), je n'en regrette pas sa lecture franchement marquante.

    27/06/2018 à 14:33 10

  • Cannibale

    Didier Daeninckx

    7/10 Même s'il ne s'agit pas, à mon sens, du texte le plus abouti de D. Daeninckx, il a eu le mérite de lever le voile sur un épisode peu glorieux de l'histoire coloniale française, l'exhibition de Kanaks à Paris en marge de l'exposition coloniale de 1931, tels des animaux, d'ailleurs présentés aux visiteurs comme des "cannibales" d'où le titre de ce court roman.
    Le récit de Daeninckx et son écho ont permis un prise de conscience certaine quant à l'ignominie de certains hommes imprégnés d'une idéologie raciste considérant l'homme blanc comme civilisé et l'indigène comme intrinsèquement sauvage et qu'il faudrait au mieux civiliser (le "devoir de civilisation" cher à Jules Ferry dans son discours à l'Assemblée nationale le 28 juillet 1885), au pire exploiter à des fins mercantiles, rabaisser à l'état de bêtes parquées, exhibées, presque entièrement dénudées (le sauvage est forcément nu) et à qui on n'hésite pas à jeter des cacahuètes, ramenant l'indigène à ses pseudo-racines simiesques dont il n'est, aux yeux des racistes, pas si éloigné.
    Eloquent, effarant, ce texte permet aussi de saisir la douleur, la souffrance de ces Kanaks face à cette indignité : Christian Karembeu, le footballeur champion du monde avec l'équipe de France en 1998 , dont l'arrière-grand-père Willy Karembeu fut du sinistre voyage, parvient ainsi à comprendre pourquoi son ancêtre était si aigri, méchant après son retour...
    Merci donc à Didier Daeninckx, d'avoir permis, une fois de plus, de révéler au grand public un pan peu glorieux de notre histoire.

    27/06/2018 à 11:33 5

  • L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde

    Robert Louis Stevenson

    8/10 J'ai enfin lu ce classique de la littérature, à mi-chemin entre l'enquête policière (sans policier, mais avec un notaire "enquêteur") et le fantastique/surnaturel.
    Un texte court mais immersif, au charme un peu suranné, dans lequel Stevenson nous entraîne et nous questionne, sur notre part sombre, sur une forme de duplicité présente en chacun de nous et qui va ici s'exprimer de façon sanglante.
    La construction du récit, le suspense croissant, les scènes d'épouvante (dans le contexte de l'époque s'entend) jusqu'à la lettre finale expliquant tous les ressorts de la métamorphose, voilà un classique incontournable maintes fois adapté et qui est même entré dans le langage courant pour désigner une personne respectable en apparence mais qui cache en lui un monstre (expression utilisée par exemple par les journalistes pour désigner un tueur en série dont on ne soupçonnait pas les agissements en raison même de sa place dans la société, sa sociabilité apparente etc...).
    A découvrir ou redécouvrir donc !

    27/06/2018 à 11:16 4

  • Romulus et Rémus, les fils de la louve

    Evelyne Brisou-Pellen

    7/10 Un chouette roman de 150 pages destiné aux enfants/jeunes adolescents (texte étudié en 6e notamment) d'Evelyne Brisou-Pellen.
    L'auteure s'appuie sur les différentes sources antiques (Tite-Live principalement) pour retracer l'histoire mythique de la naissance de Rome, de l'abandon des jumeaux Romulus et Remus à la disparition de Romulus en passant par le fratricide et l'enlèvement des Sabines. Le texte est accompagné d'un plan du site de Rome et d'un petit lexique.
    Un bon moment de lecture.

    20/06/2018 à 11:27 3

  • 1280 âmes

    Jean-Bernard Pouy

    7/10 On imagine le plaisir jubilatoire qu'a pris Jean-Bernard Pouy à penser et écrire ce court roman, bel hommage à l’œuvre de Jim Thompson et à la Série Noire, avec moults calembours mais peu de camemberts (voyage aux States pendant la moitié du bouquin oblige).
    Quant à ce Pierre de Gondol, qui a la tête bien pleine (normal pour un Gondol) et bien faite (comme un camembert moulé à la louche), il n'est pas sans rappeler un certain Gabriel Lecouvreur, autre "création" du trucu-lent Pouy, pourtant rapide à la détente lorsqu'il s'agit de créer des intrigues foutraques, loufoques mais sérieuses à la fois.
    Un bon petit plaisir de lecture !

    10/06/2018 à 14:10 4

  • Iceberg Ltd

    Serge Brussolo

    8/10 Premier contact avec l'écriture de Serge Brussolo et c'est concluant. L'auteur a le souci de se montrer très précis dans le vocabulaire utilisé (sur le monde arctique, sur les bateaux etc...) sans être lourd et nous plonge avec réussite dans une intrigue glaciale au cœur de l'Arctique.
    L'atmosphère à bord du cargo est oppressante, on se demande quand est-ce que tout va exploser avec ce capitaine à moitié fou entouré de fantômes (sa femme et son fils), un équipage peu sûr, un cuistot chamane angoissant, sans parler de ces intrusions, la nuit, de "l'homme-phoque".
    L'immersion dans ce paysage blanc est totale, presque comme dans un huis clos au cœur d'un espace qui semble pourtant infini, sorte de dédale de glaciers immaculés mais ô combien dangereux.
    On se demande qui aura raison de cette folle expédition, l'homme ou la nature ?
    Pas mal de rebondissements dans la deuxième partie du roman qui se lit bien. La fin est un peu convenue je trouve mais ne plombe pas un roman que j'ai apprécié.
    7.5.

    09/06/2018 à 19:13 3

  • La Disparition de Josef Mengele

    Olivier Guez

    8/10 La Disparition de Josef Mengele retrace la tumultueuse histoire de la cavale de Josef Mengele, médecin à Auschwitz, connu entre autres pour ses expériences pseudo-médicales sur les jumeaux et coupable d’innommables horreurs au sein du plus grand camp de concentration nazi.
    Cette partie de sa vie n'est que présente par bribes dans le roman d'Olivier Guez (mais ce sont des passages suffisamment marquants pour ne pas oublier le monstre que fut le nazi en fuite). Le cœur du propos de l'auteur est de suivre, de façon chronologique, romancée mais s'appuyant sur une bibliographie assez conséquente (une centaine de titres, présents en fin d'ouvrage, comme le ferait un historien avec ses sources), le trajet de Mengele, de son arrivée sur le continent sud-américain en 1949 jusqu'à sa mort 30 ans plus tard.
    Avec une écriture élégante et agréable, Olivier Guez nous permet à la fois de suivre le monstre dans ses pérégrinations sud-américaines mais aussi de voir quelles furent ses connexions, ses accointements et toutes les personnes, de la plus insignifiante à la plus haut placée (je pense au couple Perón, entre autres) qui ont œuvré, directement ou indirectement, à protéger le nazi.
    Un nazi qui jamais n'évoquera un quelconque regret, ressassant à loisir son admiration pour Hitler, et la "noblesse" du "combat" qu'il a mené au nom de la "race aryenne".
    J'ai aimé aussi les passages mettant en scène son fils, Rolf, qui ne verra que deux fois son père dans sa vie, finalement dégoûté par ce père monstrueux.
    J'ajoute que la question de la présence de ce roman sur Polars Pourpres pourrait étonner, mais par son sens du suspense, par ses passages rivalisant avec les meilleurs romans d'espionnage (l'arrestation d'Eichmann par le Mossad, les tractations de ce dernier pour trouver Mengele etc...), il n'est finalement pas incongru de le trouver sur PP.
    Un très bon roman que je recommande.

    03/06/2018 à 10:17 11

  • Power

    Michaël Mention

    10/10 Dans ce roman magistral, fruit d'un travail préparatoire qu'on imagine colossal et d'un talent exceptionnel, c'est un Michaël Mention au sommet de son art qui nous entraîne dans une époque fidèlement restituée, bouillonnante, effervescente et tout simplement passionnante. Il s'appuie sur des personnages attachants, devenant tous, à leur insu, pions d'un jeu macabre, d'une manipulation ignoble orchestrée par le FBI. On partage leurs combats, leurs idéaux, leurs rêves, portés par un désir d'égalité encore brûlant d'actualité.
    Power, c'est une véritable démonstration, un sujet (ou plutôt des sujets) maîtrisé(s) de bout en bout, des destins qui se télescopent, des histoires dans le tourbillon de l'Histoire.
    Power, c'est surtout un roman qui devrait être largement lu et partagé. Un immense coup de coeur.

    26/05/2018 à 18:53 12

  • Les Autres Dieux et autres nouvelles

    Howard Phillips Lovecraft

    4/10 Séduit par l'Affaire Charles Dexter Ward, j'ai opté pour ce recueil de nouvelles du même auteur. Mauvais pioche, je me suis très largement ennuyé et j'ai failli abandonné une bonne dizaine de fois.
    Dans le détail, la nouvelle qui ouvre le recueil, intitulée "Le Réanimateur" est un récit glauque, pâle copie du Frankenstein écrit un siècle plus tôt par Mary W. Shelley, avec un schéma narratif hyper répétitif, des redites (cela s'expliquant par le fait que la nouvelle est sortie d'abord sous forme de feuilleton dans les journaux). Chose assez horripilante, l'auteur use et abuse du champ lexical de l'épouvante (les mots "terrifiant", "horreur", "terreur"... reviennent je ne sais combien de fois en 35 pages), en fait des tonnes sans que cela effraie le moins du monde. Bref, une nouvelle qui a mal vieilli (comme beaucoup d'autres du recueil).
    La seconde nouvelle, la plus courte, "Les Chats d'Ulthar" est celle qui a retenu le plus mon attention, simple et efficace.
    Les Autres Dieux est axée fantastique/fantasy, je n'ai pas du tout accroché. Idem pour L'étrange maison haute dans la brume, bien trop axée fantastique à mon goût et dont je n'ai pas perçu l'intérêt.
    La 5e nouvelle, "Celephais" et bien... je n'en ai déjà aucun souvenir !
    Les trois dernières nouvelles relèvent un peu le niveau : La malédiction de Sarnath est intéressante à suivre, dans un monde totalement fantastique (comme quoi ce n'est pas le genre qui pose réellement souci mais bien les histoires et/ou l'écriture). La tombe m'a un peu rappelé l'Affaire Charles Dexter Ward avec un jeune homme hanté par ses ancêtres. Enfin, Prisonnier des pharaons vaut le détour pour la description qui est faite du Caire et du site des pyramides de Gizeh... avant que l'intrigue ne sombre dans le délire le plus total entre cauchemars, légendes égyptiennes etc... dommage ! J'ajoute que certains passages sont teintés de racisme avec des jugements plus qu'à l'emporte-pièce sur les "Arabes", là encore un texte qui a bien mal vieilli.
    En bref, sans réellement regretter ma lecture au final, je n'ai guère pris de plaisir et ne conseillerai pas ce recueil pour découvrir l’œuvre d'Howard Phillips Lovecraft.

    14/05/2018 à 22:18 6

  • Train perdu wagon mort

    Jean-Bernard Pouy

    9/10 Mais quel plaisir de lecture ! Happé dès le début dans ce wagon dans la peau de François (roman à la première personne), dans un huis clos des plus intrigants, avec une ambiance lourde, une atmosphère étouffante et qui nous enserre crescendo, un mélange de suspense, d'anticipation, d'horreur, de post-apocalyptique, toujours porté par l'humour de l'auteur mais sans que l'on se marre franchement, non, on sourit de temps en temps mais on replonge, quasi en apnée, dans le wagon perdu au milieu de nulle part.
    Nulle part ? Non, car nous sommes en Zoldavie, un pays imaginaire qui m'a fait penser à la Bordurie/Sylvanie d'Hergé (quel plaisir d'ailleurs de voir la référence directe p. 99 de mon édition à Tintin !). Soit dit en passant, quelle pertinence d'avoir choisi un pays imaginaire, sensé se trouver entre Europe centrale et Europe de l'Est, car on y perd nos repères, tout en admettant qu'après tout cette histoire est crédible.
    Page après page, je criais au chef-d'oeuvre, me délectant de mettre un futur 10/10 à un roman qui serait dans mon panthéon des romans lus, à lire, relire et re-relire et puis... et puis cette fin.
    Alors deux hypothèses : soit elle est trop facile, soit elle est hyper tordue et nous demande de relire tout le bouquin en guettant les indices.

    Mais au final, peu importe. J'ai tellement apprécié cette lecture, véritable coup de coeur.

    Sûr que de nombreux passages me resteront longtemps en tête (certain[e]s vont peut-être sourire à cette référence, mais j'ai plusieurs fois pensé au roman de Scott Smith, Les Ruines) et j'installe Train perdu wagon mort dans ma short-list des meilleurs romans que j'ai lus, que je vais partager autour de moi et que je vais offrir à loisir.
    Le roman est paru chez Points Seuil : alors aucune excuse, foncez découvrir cet excellent roman du décidément très talentueux Jean-Bernard Pouy !

    03/05/2018 à 20:28 11

  • Lux

    Maud Mayeras

    7/10 Lux... quel étrange roman que voilà. Bon, soyons franc dès le départ, il m'a fallu 180 pages pour commencer à l'apprécier. Ce qui, sur 250, fait quand même beaucoup.
    J'ai été désarçonné par tout : l'écriture, l'intrigue, les personnages, le décor. J'ai longtemps erré sans comprendre une seule seconde où l'auteure voulait nous emmener. Et puis enfin, telle l'éclaircie après la tempête (enfin, le tsunami), j'y ai vu un peu plus clair mais j'avais déjà reposé le livre à de très nombreuses reprises et traîné des pieds pour y retourner.
    Alors pourquoi un 7/10, pourquoi Lux est un "bon roman" selon la classification PP ? Parce qu'il y a la volonté de se renouveler, il y a le décor, finalement marquant (ah, "la Réserve !"), il y a les pièces du puzzle qui s'imbriquent enfin et qui me font dire "belle imagination !", il y a un Cockie qui me rappelle John Coffey (j'ai d'ailleurs noté plusieurs références au King) et dont l'histoire est touchante...
    Mais il y aussi 180 premières pages durant lesquelles je me suis trop souvent ennuyé.
    J'avais pris une bonne grosse claque avec Hématome, j'avais beaucoup aimé Reflex, Lux est à mes yeux un cran en-dessous.
    A chacun(e) de se faire son propre avis, je pense que Lux reste tout de même une lecture marquante.

    03/05/2018 à 20:11 7

  • Aller simple Paris-Corrèze

    Marie Wilhelm

    7/10 Meymac, Haute-Corrèze, plateau de Millevaches, 3000 habitants. C’est dans cette petite ville au charme certain que Marie Wilhelm a situé l’intrigue de son nouveau roman, Aller simple Paris-Corrèze paru récemment chez Le Geste Noir.
    On y retrouve le commissaire Savigny, déjà croisé dans La petite musique de mort, en piètre état : dévasté par la mort de sa femme, il erre sous les ponts de Paris. Dans le même temps, un homme tout aussi désœuvré, l’enseignant Vincent Farges, vient d’être mis d’office à la retraite après avoir eu la main leste avec un élève pour le moins effronté.
    Deux âmes en peine qui, par des biais distincts, se retrouvent à Meymac, où ils vont croiser la route de l’énigmatique et délurée Anna Lestrade. Fille de notaire, elle a repoussé une voie toute tracée pour s’acoquiner avec un quidam dont le comportement violent n’est pas sans rappeler celui du père. Mais à peine la rencontre faite, Anna et son mari disparaissent sans laisser de trace, laissant leur bébé sur les bras du pauvre Vincent Farges.
    Il faudra toute l’humanité du professeur, secondé par le commissaire qui renaît, un gendarme amoureux et rigoureux et la bienveillance d’une vieille institutrice à la retraite pour faire toute la lumière sur ces disparitions.
    Marie Wilhelm, dont la plume avait fait merveille dans la nouvelle Une voisine presque parfaite, entraîne le lecteur dans une histoire habilement ancrée dans la ville de Meymac, plaisante à suivre et dans laquelle les préjugés et la médisance seront peut-être les pires ennemis de la vérité.

    30/04/2018 à 22:42 4

  • L'Affaire Caïus

    Henry Winterfeld

    8/10 J'avais tenté une première fois, il n'y a pas loin de 25 ans, de lire ce polar jeunesse. Mais probablement trop jeune, j'avais abandonné au bout de quelques dizaines de pages.
    J'ai retenté le coup et bien m'en a pris car c'est un très bon roman jeunesse, une plongée réussie au Ier siècle de notre ère dans la Rome impériale, au sein d'un groupe d'écoliers, enfants de patriciens, qui enquêtent sur une inscription sacrilège, a priori commise par l'un des leurs, Caïus.
    Aidés de leur maître grec "Xanthippe" ils feront tous pour innocenter Caïus et devront pour cela se frotter aux hautes sphères de la politique romaine et se confronter à l'énigmatique et inquiétant voyant Lukos.
    Même si j'ai noté quelques anachronismes, le texte est cohérent et assez immersif (il est d'ailleurs étudié dans les collèges français), et le côté enquête est très réussi.
    Inspiré par une inscription retrouvée à Pompéi (comme l'explique l'auteur dans une note de bas de page), l'Affaire Caïus est un classique indémodable de la littérature jeunesse qu'il est très plaisant de découvrir, à tous les âges.

    29/04/2018 à 10:59 3

  • Si tu meurs, elle reviendra

    Maud Tabachnik

    5/10 Déçu... J'ai trouvé ce polar jeunesse pas très crédible, prévisible et parfois mal écrit, surtout au début (avec l'abus de "que, qui, qu'...").
    Je retiendrai davantage les passages sur la ville d'Aberdeen et les plateformes pétrolières en mer du Nord (les quinze dernières pages dans la tempête sont réussies) que cette histoire de vengeance déjà lue, en mieux.
    Dommage, j'avais pourtant bien aimé Une femme ordinaire de cette même auteure.

    20/04/2018 à 14:51 3

  • Le Dernier homme bon

    A. J. Kazinski

    8/10 J'avais fait l'acquisition de ce roman peu de temps après mon arrivée sur Polars Pourpres en 2012. Mais les commentaires ci-dessous et une moyenne peu flatteuse à l'époque (5.3/10) m'avaient un peu découragé à l'ouvrir. Il a donc allégrement pris la poussière pendant près de 5 ans, avant que je ne le ressorte de ma bibliothèque.

    Et quelle erreur ce fut de laisser de côté ce très bon thriller si longtemps !
    Malgré ses presque 600 pages, je ne me suis lassé à aucun moment, suivant avec plaisir les deux enquêtes (l'une à Venise en compagnie de Tommaso di Barbara, l'autre à Copenhague avec Niels Bentzon rejoint par Hannah Lund), basées sur un passage du Talmud selon lequel il y aurait 36 justes à chaque génération dans le monde, chargés de faire le bien.
    Problème : ces 36 justes meurent les uns après les autres, aux quatre coins du monde.

    Intrigue originale, personnages attachants (notamment le duo danois), j'ai vraiment apprécié la façon dont les auteurs (A. J. Kazinski est le pseudonyme de deux auteurs danois) avaient noué cette intrigue, nous faisant voyager de la Chine au Danemark, en passant par l'Italie, la Suède, ou encore l'Afrique du Sud. Avoir imaginé une grande partie de l'intrigue pendant un sommet sur le climat à Copenhague est d'autant plus pertinent qu'il renvoie justement au fond de l'histoire et à la préservation de l'humanité.
    J'ai trouvé la dernière partie (Le Livre d'Abraham) particulièrement palpitante, au sein du Rigshospitalet de Copenhague.

    Bref, un très bon thriller, très original et bien mené, une belle réussite à mes yeux.

    17/04/2018 à 11:40 6

  • Le Syndrome Copernic

    Henri Loevenbruck

    9/10 Harponné dès les premières minutes (livre audio) par cette première scène apocalyptique, j'ai tout de suite accroché au roman et à son personnage principal, Vigo Ravel, vis-à-vis duquel j'ai presque immédiatement ressenti de l'empathie.
    Cet homme, seul survivant de l'attentat, est atteint de schizophrénie et en partie amnésique. Du coup, doit-on le croire, lui qui entend des voix ? Il aurait entendu les voix des terroristes, ce qui lui a permis de sortir du gratte-ciel avant que celui-ci n'explose, mais est-il un témoin crédible ?
    Raconté à la première personne, on partage les doutes et les douloureuses révélations sur le passé de cet homme, dont toute trace avant l'attentat semble avoir disparu : ses parents, son psychiatre etc...
    Heureusement, dans ce tunnel sans fin, une lumière en la personne d'une jeune flic, va peut-être l'aider à y voir plus clair...

    J'ai trouvé ce thriller palpitant, j'ai écouté fébrilement l'interprétation remarquable de Christian Formont pendant ses 14 heures de lecture, avec l'envie chevillée au corps, comme Vigo, de savoir ce qui se tramait derrière cette schizophrénie doublée d'une amnésie.
    L'enquête que doit mener Vigo permet d'aller de révélation en révélation, et j'ai été bluffé par la manière dont Henri Loevenbruck nous amène vers le fond de son histoire, très pertinente et que je vous invite vraiment à découvrir. J'ajoute que les pensées philosophiques (notamment à travers les fameux "carnets moleskine") qui parsèment le récit sont aussi fort pertinentes et amènent un degré d'érudition qui ne fut pas pour me déplaire, bien au contraire.
    J'ai quitté à regret Vigo et cet obsédant "Protocole 88"...

    Cela fait quelques temps déjà que j'ai un peu (beaucoup) lâché les thrillers mais si j'en retrouve de cette qualité-là, je m'y remettrai avec grand plaisir !

    08/04/2018 à 20:04 12

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Tout est admirable dans ce livre : l'écriture d'abord, fluide mais qui ne veut pas dire simple. Chaque mot a/à sa place.
    Les personnages ensuite, très réussis. Chacun prend la parole, donne sa version et on avance, ainsi, vers la vérité. Souvent touchants, âmes esseulées en quête d'amour...
    Le suspense, savamment dosé, et une intrigue ciselée, géniale, qui prend des chemins insoupçonnés, rendant le roman véritablement renversant ! Que d'excellents ingrédients au service d'une histoire épatante !

    Un jour de juin 2016, j'avais eu un bref échange avec Colin Niel, lors de Vins Noirs, à Limoges. Je ne l'avais jamais lu mais ses "romans guyanais" semblaient contenir une originalité propre à satisfaire ma curiosité. Je lui disais que les récompenses de son dernier roman de l'époque (Obia) allaient sûrement lui permettre d'être plus connu et de vendre plus de livres. J'avais été surpris par sa réponse : pour lui, il lui fallait écrire "un grand livre" (son expression exacte), et ce n'était pas encore le cas à ses yeux. Il était sûrement en train de plancher sur Seuls les bêtes et avait déjà dans l'idée qu'il tenait là, peut-être, "son grand livre".

    Le doute n'est plus permis : avec Seuls les bêtes, Colin Niel est entré dans la cour de nos grands auteurs de polars contemporains. Les multiples prix qu'il recueille, mais aussi et surtout les avis unanimement très positifs des lecteurs en sont la preuve éclatante.

    Bravo et merci pour cette pépite, M. Colin Niel.

    22/03/2018 à 19:22 16

  • Derrière les portes

    B. A. Paris

    6/10 Tout d'abord merci aux éditions Hugo d'avoir permis un passe-livre au sein de la communauté Polars Pourpres.
    Après quelques dizaines de pages, le ressenti était plutôt négatif : écriture trop simple, presque fade, dialogues qui sonnent faux, personnages trop peu creusés (en particulier Jack, dont les motivations sont peu crédibles car pas assez expliquées, détaillées, approfondies).
    Et puis petit à petit on se laisse prendre au jeu (sordide), on apprécie l'ingéniosité de l'auteur à trouver des pièges plus retors les uns que les autres dans lesquels tombent immanquablement cette pauvre Grace. On s'attache au personnage de Millie, jeune sœur trisomique de Grace.
    J'ai apprécié les 30-40 dernières pages, avec un rythme qui s'accélère et un vrai suspense pour savoir si Grace va enfin s'en sortir, ou pas.
    Un premier roman non dénué de défauts, c'est certain, mais qui possède des qualités non négligeables. A chacun(e) de se faire son propre avis...

    11/03/2018 à 11:30 5