LeJugeW

1776 votes

  • Au bonheur des ogres

    Daniel Pennac

    9/10 Premier contact avec Benjamin Malaussène et sa smala pour le moins atypique. Et que dire de l'intrigue ? Des bombes explosent dans un centre commercial et à chaque fois Malaussène, employé bouc-émissaire du service après-vente, est proche du lieu des explosions. Pas assez pour être touché mais assez pour être désigné comme potentiel coupable...
    La plume détonante de Daniel Pennac sert à merveille une histoire et des personnages aux apparences foutraques pour une fin qui tient finalement bien la route.
    Hâte de me plonger dans la suite des aventures de la famille Malaussène !

    11/11/2016 à 19:55 9

  • Aurora, Minnesota

    William Kent Krueger

    9/10 Captivé par ce roman, je n'ai pas vu défiler ses presque 500 pages (version poche).
    J'ai tout aimé dans ce premier roman : le décor, l'intrigue, les personnages (à commencer bien sûr par son héros attachant Cork O'Connor) et la tendresse que l'auteur a pour eux, le rythme, l'humour, les légendes indiennes, l'atmosphère... William Kent Krueger ne lésine pas non plus sur les rebondissements, notamment dans la dernière partie.
    Ce fut vraiment un grand plaisir de lecture, une très belle découverte, je vais tenter de mettre la main sur la 2e enquête, Les Neiges de la mort, roman hélas jamais sorti en poche.

    21/08/2023 à 10:02 9

  • Automne

    Mons Kallentoft

    9/10 C'est avec un grand bonheur que j'ai retrouvé le Kallentoft que j'avais tant aimé dans Hiver.
    Commençons par le seul bémol du livre : je trouve que l'auteur n'a pas assez exploité cette saison, contrairement aux deux précédents Hiver et Eté. Il y avait peut-être encore mieux à faire au niveau des descriptions de paysage...

    En revanche, l'écriture est magnifique, les mots sont justes, les situations tristes, bouleversantes. On souffre pour Malin qui sombre dans l'alcoolisme, qui agit de manière lamentable avec Jan et sa fille Tove, qui n 'est pas loin du dérapage, mais qui trouve des ressources pour résoudre cette affaire qui puise sa source dans l'enfance.

    Beaucoup d'auteurs s'essayent à expliquer les origines du Mal. Parfois avec réussite mais souvent de manière trop superficielle, périphérique voire farfelue. Kallentoft, lui, frappe là où ça fait mal, il développe longuement les scènes d'où naissent des blessures indélébiles. Il le fait toujours avec une sensibilité bouleversante.
    Et que dire de la fin ? Les trente dernières pages vous tiennent en haleine, l'auteur sachant parfaitement faire "monter la pression". L'épilogue est déchirant, amoral à la première lecture, mais bien plus complexe que cela en fait.

    Bref, j'ai adoré ce livre.

    12/12/2012 à 22:10 4

  • Bazaar

    Stephen King

    9/10 Oui, Stephen King est un grand bavard. C'est un fait connu, il est capable de pondre des romans de près de 1 000 pages, d'étiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirer son histoire et, parfois, de lasser le lecteur.
    Mais franchement, ici, avec ce Bazaar, je ne me suis jamais lassé. L'auteur américain prend le temps de planter son décor. De dresser le portrait, la psychologie de chacun.e des protagonistes, habitants de Castle Rock. C'est certes long, c'est parfois répétitif (car tous ou presque vont franchir les portes du Bazar des rêves, sorte de brocante qui vient d'ouvrir et dont le propriétaire est l'énigmatique Leland Gaunt) mais cela en vaut la peine.
    Car quand toutes les pièces sont posées, que tous les mécanismes sont mis en place, Gaunt n'a plus qu'à les activer pour que le grand chaos explose. Et là, whouahou !
    Jouant sur les envies, les jalousies, les haines recuites, les oppositions religieuses entre les communautés catholique et protestante, la paranoïa, la douleur aussi, creusant ainsi le cœur des hommes et des femmes pour y extraire ce qu'il y a de plus mauvais en eux, Gaunt exploite "à merveille" les travers humains.
    On peut aussi y voir une critique de l'argent, du matérialisme (tous les habitants de Castle Rock acceptent de "faire une petite blague" en échange du produit qu'il convoite tant), du capitalisme.
    Le surnaturel est bien présent (car Gaunt a son "truc" pour pousser les clients à acheter) mais ça ne gêne en rien la lecture.
    J'ai adoré Bazaar, j'en ai profité dans la foulée pour voir son adaptation en film de 1993 (pas la version longue qui n'existe qu'en DVD) avec Max von Sydow dans le rôle de Gaunt, bref j'ai cherché à prolonger ce plaisir de lecture (bon, le film n'est pas inintéressant mais n'a pas la puissance du roman).
    Bazaar fait partie de mes tops du King (mais il me reste à en lire un certain nombre... j'ai hâte !).
    Ne vous laissez effrayer par les presque 1000 pages (en version poche), franchissez à votre tour les portes du Bazaar !

    30/08/2023 à 09:41 4

  • Bird Box

    Josh Malerman

    9/10 Une idée géniale exploitée avec talent, cela donne un EX-CE-LLENT premier roman. Avec Bird Box, on est à la fois l'objectif d'une caméra omnisciente ou presque, voyeur au pays des aveugles volontaires mais aussi aveugle au pays des "choses" qui nous entourent, nous épient, nous frôlent et... nous font mourir si l'on a le malheur de les regarder.
    J'ai littéralement dévoré ce roman la peur au ventre, totalement immergé dans cette histoire apocalyptique. J'ai trouvé la construction ingénieuse, alternant entre le présent angoissant de Malorie et ses deux enfants et l'avant, du début du phénomène qui se transforme rapidement en fléau, sans que l'on comprenne ni qui, ni pourquoi.
    On tremble, on sursaute, on frissonne, on vibre, bref, on RESSENT les émotions et sensations des protagonistes, c'est extraordinaire. On n'est pas loin du 10/10. Coup de maître, coup de cœur !
    Bravo, bravo et encore bravo à Josh Malerman pour cette perle, j'ai hâte de voir ce qu'il nous réserve dans un prochain roman ! D'ailleurs, en rédigeant ce commentaire j'ai envie de me replonger dans Bird Box !

    11/05/2016 à 20:21 9

  • Black Flies

    Shannon Burke

    9/10 Dans ce livre, nous sommes en 1993 et nous suivons Ollie Cross, un jeune homme altruiste qui a raté le concours pour devenir médecin et qui vient d'intégrer une équipe d'ambulanciers dans un quartier des plus difficiles de New York, Harlem.
    Raconté à la première personne, ce roman criant de vérité (et pour cause, l'auteur a été ambulancier à New York) nous fait vivre les doutes, les chocs, l'usure, l'amitié au sein de l'équipe, les coups durs, les horreurs, la carapace dont se pare Olliver (impressionnante métamorphose) et surtout nous plonge dans un monde, celui de l'urgence, qui est finalement assez méconnu. Je rejoins les avis d'Hoel (attention ce texte est vraiment dur) et Janjak ("l'auteur a mis ses tripes dans ce récit"), 911 est un roman singulier proche du documentaire à découvrir.

    15/11/2015 à 17:10 7

  • Blanche

    Jean-Blaise Djian, Régis Loisel, Vincent Mallié

    9/10 Erwan est à la recherche de Pauline. Il veut savoir ce qu’elle est devenue. Mais sa quête va s’avérer difficile : la jeune femme change sans cesse d’adresse, il apprend qu’elle est désormais maman d’une petite fille qui n’aurait que quelques mois mais qui paraît être âgée d’au moins 3 ans et qui parle depuis sa naissance… Une petite fille étrange, à la peau très pâle, qui porte constamment des lunettes de piscine et dont Pauline, sa mère, a peur… Son nom : Blanche…
    Je suis devenu accro à cette BD hyper addictive, au dessin magnifique et à l’intrigue ensorcelante !

    09/03/2022 à 11:05 1

  • Brume

    Stephen King

    9/10 Un excellent recueil qui pullule de nouvelles absolument remarquables, brillantes pour la plupart !
    Véritablement idéal pour découvrir (ou redécouvrir) l’écriture, le style, le ton, l’univers (les univers devrais-je dire) de Stephen King. Sur les 22 nouvelles, ma préférence va à la première et principale, « Brume », bien flippante et qui reste longtemps en mémoire (après sa lecture je conseille de voir le film qui en a été tiré, The Mist, sorti en 2007, excellente adaptation). J’ai aussi un gros faible pour « Le camion d’oncle Otto ».
    Mais toutes sont vraiment excellentes… Un coup de coeur pour moi !

    14/08/2014 à 12:54 4

  • Ça ne coûte rien de demander

    Sara Lövestam

    9/10 Kouplan, détective sans-papiers, est de retour dans ce 2nd opus de la tétralogie qui lui est dédiée.
    Dans cette enquête il s'agit de retrouver une femme qui a volé une coquette somme à une conseillère municipale de Stockholm. Les deux femmes entretenaient une relation amoureuse et cette trahison est sûrement plus douloureuse que la perte de cet argent, peut-être obtenu de façon pas très légale...
    Kouplan va devoir se mettre à nouveau en danger pour mettre la main sur la "disparue". On navigue entre Stockholm et Göteborg, en passant par Jönköping, une ville où Kouplan a beaucoup de souvenirs...
    Il est impossible de ne pas s'attacher à ce personnage de Kouplan. Sans en dévoiler trop (il est d'ailleurs indispensable de lire le premier tome avant les autres), je peux dire que je suis de plus en plus touché par l'histoire personnel de Kouplan. J'ai déjà hâte de le retrouver dans le tome suivant. Quant à l'intrigue, on va de surprises en surprises.
    Bref, c'est encore une réussite pour Sara Lövestam dans cette œuvre pétrie d'humanisme et de tolérance.

    05/04/2020 à 10:21 5

  • Carrie

    Stephen King

    9/10 Lorsque j'ai entamé cette lecture, je connaissais ce livre "de réputation" et j'avais en tête quelques extraits du film de Brian de Palma adapté du roman en 1976, film que je n'ai pas encore vu en intégralité. Je gardais en mémoire le visage halluciné de Sissy Spacek et l'hémoglobine dans laquelle baignait la robe de Carrie.
    Dès les premières pages j'ai trouvé génial le pari de King d'alterner son récit entre le quotidien de Carrie (jusqu'au moment fatidique) et les extraits de biographie, journaux, compte-rendus de travaux scientifiques, de tribunaux etc... J'ai trouvé cela particulièrement pertinent parce que ces passages-là nous laissent imaginer l'ampleur de la tragédie finale, tragédie que l'on attend tout en la redoutant. Le livre traite de thèmes intéressants au-delà du côté épouvante : l'adolescence et ses difficultés bien sûr mais aussi la religion lorsqu'elle est pratiquée de façon intégriste, fondamentaliste, la télékinésie etc... La patte King est déjà là, extrêmement prometteuse. J'ai eu un seul regret, que le livre ne soit pas plus épais (250 pages en poche). C'est en tout cas une indéniable réussite et les lecteurs américains (puis Brian de Palma) ne s'y sont pas trompés faisant de King, dès ce premier roman publié, un auteur incontournable.

    09/04/2016 à 17:38 7

  • Ceux qui sauront

    Pierre Bordage

    9/10 J’ai adoré.

    Il faut tout d’abord avoir à l’esprit que le public visé par ce livre sont les jeunes adolescents. Mais il plaira aussi aux plus grands s’ils aiment les uchronies bien ficelées.

    Dans cet excellent ouvrage, Pierre Bordage ouvre sa trilogie « ceux qui… » avec une aventure qui se passe de nos jours en France sauf que… nous sommes sous une monarchie !
    Après un coup d’Etat monarchiste en 1882 et malgré plusieurs révoltes réprimées dans le sang, la France est dominée par un système monarchique proche de l’absolutisme, dans lequel il existe deux « couches » sociales : les cous-noirs (le peuple) à qui l’on interdit d’apprendre à lire et à écrire (sous peine de camp de redressement ou la mort) et de l’autre côté la haute société (noblesse et bourgeoisie) bref les nantis qui ont une répulsion certaine pour les cous-noirs.
    Mais ces derniers ne se laissent pas faire et supportent de moins en moins le traitement qui leur est infligé.

    C’est un roman humaniste, une fresque grandiose aux accents hugoliens (plusieurs fois j’ai pensé aux Misérables) que nous livre Pierre Bordage, excellent conteur, et très sombre. L’histoire est triste et elle l’est jusqu’au bout. Les pages se tournent toutes seules, le récit est fluide et les rebondissements nombreux. Tous les ingrédients sont ici réunis pour plaire au jeune lectorat.

    Il me tarde de lire les deux autres opus de la trilogie. Quant à celui-ci, je ne suis pas prêt de l’oublier et je le relirai avec plaisir.

    03/01/2013 à 22:37 1

  • Chacun sa vérité

    Sara Lövestam

    9/10 Il m'en a fallu du temps pour rédiger un avis sur ce polar qui à la base n'avait pas la prétention d'en être un. Mais il s'agit bien d'un roman noir mettant en scène Kouplan, un sans-papiers iranien en Suède qui devient détective privé. Difficile pour moi de mettre des mots sur mon ressenti, très très très positif. C'est finalement simple : j'ai tout apprécié dans ce roman, de la préface particulièrement intéressante de Marc de Gouvernain (ancien traducteur du suédois) jusqu'à la dernière page du roman, bouleversante.
    C'est un sacré tour de force de la part de l'auteure d'avoir réussi à la fois un roman policier (sans policiers ou presque) prenant et de nous faire partager les émotions ressenties par "le héros", sa peur omniprésente d'être arrêté et renvoyé dans son pays d'origine, cette tension continue à la fois due à cette angoisse d'un retour forcé en Iran et au compte à rebours pour retrouver la petite Julia. Par petites touches, on apprend à connaître Kouplan, aussi énigmatique qu'Assad chez Jussi Adler-Olsen, et on prend conscience qu'il est passé par bien des souffrances. Tour de force aussi de nous faire aimer Pernilla, la femme qui contacte Kouplan pour retrouver sa fille disparue. Pernilla, dont la personnalité est trouble, à tel point que l'on doute de sa sincérité, nous dit-elle toute la vérité ?
    Et que dire de cette fin, que dis-je de "ces" fins ? Je laisse aux futures lectrices/lecteurs le soin de découvrir ce que Sara Lövestam leur réserve.
    Je dis bravo, bravo et encore bravo pour ce formidable premier polar, véritable coup de coeur. J'ai vraiment hâte de découvrir le second tome !!!

    26/02/2017 à 20:02 8

  • Chanson douce

    Leïla Slimani

    9/10 Un livre glaçant conduit avec un style froid, une écriture simple, précise, qui fait mouche. Une brillante peinture d'une certaine bourgeoisie, tiraillée entre la volonté d'épanouissement personnel et l’assujettissement, en tout cas perçu comme tel par la mère, à ses enfants-rois. Et au milieu du chaos en marche dans cette famille au bord de l'implosion arrive une fée qui, d'un coup de baguette magique, rétablit l'ordre. Une fée qui devient omniprésente, irremplaçable mais aussi intrusive, de plus en plus intrusive. De la fée à la sorcière, il n'y a que quelques détails à franchir, que le lecteur va découvrir au fur et à mesure du roman.
    Si Leïla Slimani nous donne, dès le premier chapitre, l'épilogue tragique (c'est le principal reproche que je lui ferai, il aurait peut-être été plus pertinent que l'on découvre l'horreur à la toute fin, comme une épée de Damoclès qui nous tombe dessus mais dont on imaginait aisément la présence page après page), on se prend au sombre jeu de découvrir l'imposture de la fée et l'hypocrisie du couple bourgeois.
    Un roman captivant, remarquable, mémorable. Hâte de découvrir maintenant l'adaptation cinéma actuellement en salle avec Karine Viard et Leïla Bekhti !

    08/12/2019 à 15:53 7

  • Cinq heures vingt-cinq

    Agatha Christie

    9/10 Excellent souvenir de lecture ! Lu et relu avec grand plaisir !

    01/11/2012 à 14:07

  • Comme si nous étions des fantômes

    Philip Gray

    9/10 Début 1919. La Première Guerre mondiale s'est terminée trois mois plus tôt. Les champs de bataille sont des tombeaux à ciel ouvert, le danger est encore très présent (engins explosifs, gaz...). C'est pourtant là, dans la Somme, que se rend Amy Vanneck, une jeune Anglaise, sur les traces de l'homme qu'elle aime, Edward Haslam. Ce dernier a disparu au mois d'août 1918 dans des circonstances pour le moins intrigantes : est-il mort ? Est-il un fugitif ? Cherche-t-elle un homme ou un cadavre ?
    Dans ce roman historique (et dont le côté "polar" ne saute pas aux yeux dans les dizaines de premières pages), Philip Gray nous plonge dans ce monde d'une infinité de gris, sa plume, son style servant à merveille une intrigue poisseuse, de boues et de brume, de fantômes réels ou supposés. La quête d'Amy nous touche tout en nous permettant de saisir (par des analepses) toute l'horreur de cette guerre. Le roman emprunte des chemins peu abordés du conflit, tels le travail des coolies chinois ou encore l'accoutumance des soldats à la drogue (l'opium ici). L'immédiat après-guerre, ses paysages en lambeaux, ses villages en morceaux et les esprits et corps traumatisés (comme les gueules cassées), tout cela est formidablement bien décrit. Philip Gray n'a, pour autant, pas délaissé son intrigue au profit du cadre historique. Il mène son récit à bien, jusqu'à une chute dans les ultimes lignes que l'on peut voir venir mais qui en surprendra plus d'un.e.
    Comme si nous étions des fantômes est un premier roman historico-militaro-policier (!) remarquable, une très belle découverte pour ma part et j'émets le souhait de voir Philip Gray se saisir à nouveau de sa plume pour nous raconter d'autres histoires...

    17/01/2024 à 09:19 11

  • Coule la Seine

    Fred Vargas

    9/10 Trois excellentes nouvelles dans leur ensemble, servies par la plume délicieuse de Fred Vargas, même si la dernière (et la plus courte) m'a semblé un cran en-dessous.
    Pour les deux autres, voir le lien suivant.

    14/10/2013 à 07:25 1

  • Dans l'enfer du bagne

    Fabien Bedouel, Pat Perna

    9/10 Basée sur les histoires vraies d'Eugène Dieudonné, anarchiste envoyé au bagne en Guyane en 1913 et celle du voyage d'Albert Londres sur cette même terre dix ans plus tard (pour un reportage retentissant paru après dans Le Petit Parisien en août 1923), cette BD est à la fois instructive et fort réussie.
    Certes le thème du bagne de Guyane est maintenant connu mais la brutalité de certaines scènes choquantes (et toutes tirées de faits réels), parfois contenue dans une seule case, ajoutée aux dessins anguleux très réussis de Fabien Bedouel, appuyés enfin par une palette de couleurs restreinte (du sombre, de l'ocre... seul le rouge nous explose à la figure lors de scènes sanglantes), tout cela nous plonge dans une réalité historique plus que dérangeante et marque, indéniablement.
    Oui, ce fut aussi cela la France, de Napoléon III jusqu'au début des années 1950, un Etat qui envoyait le criminel endurci comme le simple "voleur de pommes" récidiviste ou l'opposant politique...
    Le texte en fin d'ouvrage, très éclairant, de Frank Sénateur, sur ce que furent plus précisément le bagne et le parcours d'Eugène Dieudonné, parfait une BD décidément très réussie et qui est à mon sens une forme d'hommage aux plus de 50 000 hommes qui tentèrent de survivre dans ce que l'on appelait "la guillotine sèche"...

    07/02/2019 à 15:26 2

  • Dans les bois éternels

    Fred Vargas

    9/10 J'hésitais entre 8 et 9, ce sera un 9, ne pouvant mettre 8,5.
    Un poil en dessous du précédent (il faut dire que Sous les vents de Neptune frisait le chef-d'oeuvre!), mais une fois de plus un excellent souvenir de lecture et cette poésie que l'on ne trouve que chez Fred Vargas parmi les auteurs de polars.
    Le personnage de Veyrenc est génial, une superbe trouvaille !

    25/12/2012 à 22:01 4

  • Dawa

    Julien Suaudeau

    9/10 Dawa est un roman écrit par un homme en colère, en colère contre son pays, la France, car déçu, et dont il dresse un portrait particulièrement sombre et pessimiste et même prémonitoire, faisant écho aux tristes évènements de janvier 2015.
    Dawa est un roman exigeant et érudit, avec de nombreux personnages. Le milieu politique est passé au peigne fin et le résultat de cette analyse fait froid dans le dos.
    J’émets un seul bémol à ce grand roman : j’ai trouvé les motivations d’Assan peu crédibles, ce qui a un peu gâché ma lecture.
    Pour le reste, c’est un très très bon roman. 8.5.

    12/08/2015 à 15:18 6

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    9/10 En lice pour le prix découverte Polars Pourpres 2020, ce titre ne m'avait à l'époque pas fait tellement envie, par peur d'être déçu car le thème (la catastrophe nucléaire de Tchernobyl), lui, m'intéresse beaucoup.
    Mais comme on dit "mieux vaut tard que jamais" et grâce à l'amitié d'Ironheart (mille mercis encore !) j'ai même pu découvrir l'excellente version audio de Jean-Christophe Lepert, remarquable lecteur de ce tout aussi remarquable roman.
    Car oui, "De bonnes raisons de mourir" est un excellent thriller. Pripiat, Tchernobyl... des noms qui résonnent tristement dans la conscience humaine mais que l'auteur n'a pas utilisé comme simple prétexte mais bien pour bâtir une intrigue solide, ingénieuse, bien foutue qui s'adosse à une documentation conséquente et qui permet une immersion réussie tant dans l'Ukraine contemporaine (avec des références pertinentes à la guerre du Donbass et même utiles à certains moments de l'intrigue...) que dans la RSS d'Ukraine en 1986. Tout est décidément bon dans ce roman, personnages compris bien sûr, du flic métis Rybalko, surnommé avec ironie (et racisme) "Pouchkine", au duo Melnik-Novak, en passant par la fille de Sokolov, lui l'archétype du potentat détestable.
    Bref, rien à jeter dans ce thriller haut de gamme, c'est excellent de bout en bout : Morgan Audic signe là avec ce (seulement !) deuxième roman, un titre remarquable qui n'a pas volé son prix découverte Polars Pourpres !

    14/03/2021 à 10:59 15