jackbauer

702 votes

  • La Fille dans le brouillard

    Donato Carrisi

    9/10 Il est des thrillers aux intrigues balisées; si vous acceptez de suivre " La fille dans le brouillard", ne vous attendez pas à démêler facilement le fil de cet écheveau machiavélique... C'est un roman dont il ne faut pas lire la quatrième de couverture; se laisser porter par le sens de l'histoire, accepter d'avoir un train de retard.
    Ce qui est remarquable avec cette histoire, c'est le mécanisme qui se met en branle avec la mise en scène de la recherche du coupable, un véritable show, dans lequel l'auteur, un flic grisé par les feux de la rampe, va nous dévoiler les tours de passe-passe dont il va user pour fabriquer son coupable idéal...
    Une intrigue qui se joue des apparences, comme un jeu de miroirs déformants, et qui, en creux, dénonce le rouleau-compresseur de l'info-spectacle, qui broie, dans un même élan de désespoir et de douleur exposées, victimes et coupable, et brouille la perception du bien et du mal...

    03/10/2016 à 22:51 9

  • La Fille du train

    Paula Hawkins

    6/10 Cette histoire, c'est un peu comme une partie de billard français, un coup à trois bandes; un récit à trois voix, où chacune vient caramboler les deux autres et apporter un éclairage différent aux versions de chacune...Des personnages sujets à caution, des anti-héroïnes qui se sont construites sur des manques, qu'elles tentent de combler à grand renfort d'addictions plus ou moins avouables, pour finir par mener des vies par procuration ou sublimées...
    Mais tout comme Rachel lors de ses fameux trous noirs, je n'ai pu m'empêcher, à certains moments, de décrocher de l'histoire; un rythme de croisière pianissimo, l'impression tenace de tourner en rond, jusqu'au final un poil décevant,que l'on devine assez rapidement, si l'on est rompu à ce genre d'histoire...

    27/10/2015 à 21:33 9

  • La Police des fleurs, des arbres et des forêts

    Romain Puértolas

    6/10 Romain Puértolas nous promet un " coup de théâtre final époustouflant..."
    Manque de bol pour lui, un auteur avait eu une idée similaire avant lui : Thierry Jonquet, dans " La Bête et la Belle ", qui use de la même roublardise pour tromper son lecteur, au terme de son roman...
    L'ayant lu, j'ai deviné sa révélation fracassante, et ayant désamorcé son effet, ma lecture s'est du coup trouvé amputée d'une grande partie de son charme...
    J'étais dans la position du lecteur qui relit une seconde fois une histoire bluffante, en relevant tout du long les signes qui révèleraient la supercherie...
    Je dois, néanmoins, reconnaître à l'auteur une capacité à imprimer un certain rythme, une atmosphère pastorale, comme un conte bucolique, qui mérite que l'on s'attarde en chemin sur les flancs de cette histoire forcément atypique...
    Pour peu qu'en plus, vous n'ayez jamais lu le roman de Thierry Jonquet...

    27/12/2019 à 22:49 9

  • La Terre des morts

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Avec son diptyque africain, Lontano et Congo Requiem, Jean-Christophe Grangé avait su rallumer le désir, et j'attendais tout naturellement que son nouvel opus, annoncé comme sulfureux, me donne un gros coup de chaud, voire un coup de cœur...
    La partie de plaisir s'est d'abord muée en mauvais coup... En cause: des préliminaires ratés, et cette intrigue saucissonnée, ligotée dans sa première partie par un traitement assez sage de l'aspect SM et des autres déviances sexuelles, comparé, par exemple, à la subversion d'un Sénécal... J'aurais aimé de la part du taulier du polar hexagonal une approche un peu moins routinière, un peu plus trash, surtout quand on sait qu'en amour, c'est la routine qui tue tout...
    Mais dans un second temps, le pouvoir de séduction de Grangé reprend le dessus, dans la façon qu'il a de prendre son public à contre-pied, dans son art consommé de mener son récit, et même si on se demande jusqu'à quel point il poussera le vice de l'abracadabrantesque, quand l'enquête originale se transforme en quête originelle, on se prête de bonne guerre au cocufiage, en acceptant de fermer les yeux sur les écarts de conduite de l'auteur...
    Au final, une lecture pas orgasmique, un démarrage plus passif que lascif, mais un thriller à conseiller tout de même à tous les hédonistes du polar, sans craindre la débandade...

    04/06/2018 à 20:38 9

  • Le Chant du silence

    Jérôme Loubry

    8/10 Bien grincheux celui qui ne se laissera pas charmer par ce Chant du Silence...
    Décidément, Jérôme Loubry aime jouer avec ses lecteurs, depuis la réussite des Refuges, et ce nouveau roman nous capte dans ses filets une fois encore...
    Même si tout n'est pas parfait, une fois harponné, difficile de ne pas aller au bout...
    J'ai été beaucoup plus touché par le traitement de la relation père-fils que par celui du triangle amoureux, cet éloignement forcé pour les mauvaises raisons, que l'auteur parvient à nous rendre sincèrement bouleversant...
    Le style de Jérôme Loubry s'accorde, comme souvent, à l'histoire choisie, et on sent vraiment, ici, qu'il a ciselé certaines de ses phrases, au risque de parfois frôler l'emphase...
    Mais la nature du récit ne souffre aucunement de cela, ni le suspense d'ailleurs, qui, durant les cinquante dernières pages, ne vous laissera aucun répit...

    18/01/2023 à 19:19 9

  • Le Fil rouge

    Paola Barbato

    9/10 Le tourment d'un homme qui, pour combler le grand trou au sein de son existence, remplit les petits avec du vide, au lieu d'une vie... Un homme de la renonciation, comme soufflé par la déflagration de la perte, et qui, instrument d'une justice du talion, va s'improviser assassin par procuration, pour se rendre finalement compte qu'on est tous le bourreau de quelqu'un...
    Paola Barbato dévide la bobine de son histoire patiemment, sobrement, déroulant le fil rouge de l'affliction partagée, en nous prenant à témoin, nous défiant de juger ces martyrs collatéraux, pris entre le marteau et l'enclume; c'est là sa très grande force, cette neutralité romanesque qui confine au pudique...
    Elle déploie avec vigueur, dans un même temps, tout un panel d'émotions exacerbées, exaltées, s'incarnant dans chacun des personnages croisés au fil des pages, pour finir par nous délivrer une subtile réflexion sur la culpabilité du survivant et l'appréhension du deuil... Poignant.

    11/01/2016 à 20:21 9

  • Le Gibier

    Nicolas Lebel

    8/10 Le gibier, dans l'histoire, c'est tout bonnement nous...
    Nicolas Lebel manipule tout son petit monde, nous compris, jusqu'à l'hallali, et sans tralala...
    Même si le dénouement se laisse deviner aux deux tiers du roman, la plume toujours aussi agréable, et drolatique, de l'auteur réussit à nous faire passer un excellent moment, sans que celui-ci ne se renie, toujours soucieux de bienveillance vis-à-vis de ses personnages...
    Finalement, entre Fastes et Furies, Nicolas Lebel chasse la morosité ambiante, à coup d'histoires de cor(ps) et de coeur, nous entraînant dans une danse... mortelle...

    06/07/2021 à 21:50 9

  • Le Jour du chien

    Patrick Bauwen

    7/10 En parcourant la quatrième de couverture du " Jour du chien", je n'ai pas pu m'empêcher de penser à " Ne le dis à personne" d'Harlan Coben...
    Mais très vite, Bauwen vous renifle, vous caresse dans le sens du poil, avant de marquer son territoire à grands coups de théâtre et autres rebondissements improbables...
    Patrick Bauwen est un auteur étonnant: il souffre d'une forme de schizophrénie stylistique, qui se traduit par un grand écart qualitatif manifeste d'un roman à l'autre... Du très bon pour Monster, du plutôt pas mal pour L'oeil de Caine et Les fantômes d'Eden, du franchement navrant pour Seul à savoir...
    Ici, on est plutôt dans un Jour avec; déjà, j'aime quand j'apprends des choses, quand l'auteur nous fait profiter de ses connaissances professionnelles pour éclairer d'une lumière particulière certains aspects techniques de son thriller, comme c'est le cas ici à propos de la médecine légale...
    Et cette fois, la réalité du propos est confortée par l'expérience médicale de son auteur, qui nous embarque de facto, en déroulant le fil narratif de son récit d'une manière implacable; les dialogues, l'environnement, les relations entre les différents protagonistes sonnent vrai et juste...
    Bilan clinique: une réalisation qui a du chien, même si l'épilogue tient plus du bâtard que du chien de race...

    31/05/2017 à 09:51 9

  • Le Sang des innocents

    S. A. Cosby

    9/10 Encore une réussite pour les éditions Sonatine...
    Je vais de ce pas me précipiter sur le précédent ouvrage de S.A Crosby car je suis tombé sous le charme ( vénéneux ) de celui-ci...
    Un style tranchant et affûté comme une lame de silex, un personnage principal charismatique, une intrigue poisseuse et pourtant terriblement addictive...
    Le truc en plus : l'auteur aborde une majorité de thèmes extrêmement touchy avec une empathie et une puissance narrative qui vous bouleversent..
    La dernière fois que j'avais ressenti ça, c'était avec R.J Ellory...
    Du très très bon...

    11/03/2024 à 21:18 9

  • Les Jumeaux de Piolenc

    Sandrine Destombes

    7/10 Adoubé par Michel Bussi himself, ce cold case au suspense diabolique se révèlera la lecture idéale pour vos vacances... Pas de surenchère dans l'hémoglobine, pas de serial killer détraqué, ce qui est fascinant ici, c'est ce basculement qui s'opère chez le lecteur, comme chez le personnage principal, vers l'acceptation d'une réalité hors normes, littéralement, qui nous émeut et nous glace à la fois... La conviction qui s'étiole au fil des pages, le doute qui vient vous chatouiller le cortex, l'indécision qui gagne du terrain, l'enchaînement des événements va mettre votre jugement à rude épreuve... Un thriller qui a, en plus, le mérite de traiter le thème de la gémellité sous un angle inhabituel, sensible et subtil...

    25/06/2018 à 15:16 9

  • Little Heaven

    Craig Davidson

    7/10 Little Heaven, c'est le nom du bled qui voit les frères Grimm célébrer l'union déliquescente du western et de l'horreur gothique...
    Parce qu'au fond, c'est un peu ça, le dernier Nick Cutter... Un conte d'horreur qui célèbre la corruption de la chair, qu'elle soit d'ordre spirituel, ou bassement physique, une fable anachronique à propos de la contagion du mal, et des vertus de la rédemption...
    L'auteur scinde son récit en deux parties, deux époques, qui se répondent l'une l'autre, de façon assez similaire, même si le jet-lag m'a désarçonné, le temps d'une mise en place assez laborieuse...
    C'est aussi tout le paradoxe du second ouvrage de Nick Cutter ; avec son mélange des genres, ses passages naturalistes, son intrigue à cheval entre sectarisme et vendetta, il prend le risque de déboussoler son lectorat, et alterne les très bons moments, les bonnes idées, avec des passages beaucoup moins réussis, et des descriptions plus paresseuses, tout en conservant néanmoins, à l'instar de ce qu'il avait réussi à faire avec Troupe 52, un talent foutrement repoussant, quand il s'agit de détailler le bestiaire qui habite ses romans...

    29/11/2018 à 18:21 9

  • Mortelles voyelles

    Gilles Schlesser

    8/10 J'en garde le souvenir du premier thriller syntaxique, d'une truculence et d'une verve rafraîchissantes, qui témoigne d'un amour immodéré de son auteur pour la langue française, ses chausse-trappes et ses arcanes...

    05/06/2016 à 14:02 9

  • Nous rêvions juste de liberté

    Henri Loevenbruck

    9/10 Ce bouquin, c'est la vie de Bohem, l'histoire d'une amitié virile, de mecs qui s'aiment sans se l'avouer vraiment, des fois que ça fasse causer, les 400 coups d'une bande de bras cassés et de coeurs fêlés qui nous jouent le remake de la Fureur de Libre... A l'étroit dans leur peau, dans leur ville, dans leur vie, ils aspirent à être intensément, et mettent les gaz et les voiles, comme pour se raccrocher à leurs rêves...
    A la lecture du bouquin, j'ai eu la sensation d'entreprendre un périple de néophyte, le cul vissé sur un bon gros chopper, et mon seul petit regret, c'est que l'histoire n'ait pas réussi à se débrider assez rapidement, qu'elle ait gardé cette allure indolente, nonchalante, et que l'ensemble soit demeuré sur la réserve une dizaine de pages de trop, à mon goût...
    Néanmoins, demeure, comme une belle persistance rétinienne, cette foutue dernière ligne droite, comme un triste point d'exclamation à cette vie d'errance, où l'on conserve au fond de soi des images, des sons, des goûts, et surtout un sentiment d'appartenance, la conviction qu'après avoir fait tout ce bout de chemin avec ces drôles de cow-boys des temps modernes, le temps d'un roman, le rêve d'être libre soit devenu une criante réalité...
    La plus belle leçon que nous donne Hugo, c'est de savoir que quelle que soit la distance que l'on met entre nous et les embûches de la vie, elle n'est jamais aussi grande que celle qu'il existe entre nous et nos rêves déçus, et qu'il n'existe qu'un seul instrument à même de la mesurer: notre coeur...

    27/11/2015 à 20:33 9

  • Ragdoll

    Daniel Cole

    8/10 Du lourd, du très lourd avec ce thriller bankable, format cinémascope, un premier roman qui, s'il ne révolutionne pas le genre, sait jouer avec les codes pour faire preuve d'une redoutable vitalité...
    Si l'appellation page-turner peut paraître certaines fois galvaudée, ici, elle prend tout son sens: l'enchaînement des péripéties et le machiavélisme de l'intrigue nous poussent à toujours vouloir en savoir davantage...Les personnages ont cette densité qui nous les aliène presque immédiatement, l'auteur réussissant la gageure de leur faire occuper à tour de rôle le devant de la scène, sans jamais que l'un d'entre eux n'accapare le récit...
    L'omnipotence du bad guy pourra agacer les esprits chagrins; pourtant, qui peut dire si Seven sans John Doe, ou Usual Suspects sans Keyser Söze, auraient autant marqué les esprits qu'ils ne l'ont fait ?...
    Seule note discordante dans ce très bel ensemble, la résolution finale qui ne m'aura pas franchement "converti"...

    06/04/2017 à 10:18 9

  • Récursion

    Blake Crouch

    9/10 Une histoire de paradoxe temporel et de voyage dans le temps passionnante, et d'une originalité rafraîchissante...
    La réussite de Blake Crouch, dont je suis impatient de constater si ses autres ouvrages sont aussi enthousiasmants que celui-là, s'inscrit dans sa faculté à composer une intrigue terriblement retorse, mais d'une clarté sans faille, sans pour autant faire abstraction d'un propos scientifique assez complexe...
    Quel pied de pouvoir lier aussi adroitement et subtilement cette thématique aussi casse-gueule que foisonnante du voyage dans le temps, avec un scénario qui, progressivement, nous donne à voir les funestes possibilités pouvant résulter d'une telle opportunité...
    L'histoire d'amour qui vient en filigrane ponctuer le caractère jubilatoire de cette lecture, m'a rappelé un autre ouvrage tout aussi réussi que celui de Blake Crouch, Replay, de Ken Grimwood...
    Mon seul regret est de ne pouvoir utiliser le fauteuil d'Helena afin de revenir quelques jours plus tôt, et d'entamer de nouveau la lecture de ce merveilleux roman...

    06/10/2022 à 07:28 9

  • Rien ne se perd

    Cloé Mehdi

    7/10 Ni thriller, ni polar, ce roman du dedans, dans lequel les blessures intérieures esquintent plus que les coups venant de l'extérieur, s'apparente surtout à un cours de géométrie existentielle : les destins parallèles des protagonistes qui, bon gré, mal gré, se croisent et s'entrechoquent, produisant les arêtes sur lesquelles viennent s'écorcher les rêves de tout un chacun...
    Ces enfants grandis trop vite, mal à l'aise dans leur peau de fils prodige, ces personnages sur le fil, l'auteur réussit à les croquer tout en gardant son équilibre, à la limite du pathos et du misérabilisme...
    Quand bien même si rien ne se perd, tout ne m'a pas paru indispensable dans cette histoire, une justese à deux vitesses, comme une certaine redondance dans l'action, un propos parfois trop à charge et un enfermement qui sature le récit...
    La belle plume de Chloe Medhi parvient malgré tout à transformer ces petites réticences en un ravissement désabusé...

    08/07/2017 à 14:22 9

  • Sharko

    Franck Thilliez

    7/10 Avec cette nouvelle intrigue à vous glacer les sangs, Franck Thilliez vampirise l'actualité littéraire du thriller et place ses fidèles enquêteurs, plus que jamais en manque de veine, dans la position du chassé...
    Le pitch est assez savoureux : en cherchant à maquiller une perquisition illégale ayant mal tournée, Sharko oriente ses collègues sur une affaire hors normes, comme lui seul les polarise...
    Le degré d'exigence est tel, à chaque sortie d'un nouveau Thilliez, qu'il faut saluer la gageure relevée par l'auteur de parvenir à bâtir, une fois encore, une création aussi extravagante que son socle scientifique est solide...
    Au fond, Franck Thilliez est un peu comme ces alpinistes qui s'en vont défier systématiquement les mêmes sommets, tout en empruntant des voies différentes... Même si, en l'occurrence, subsiste la sensation tenace de poser ses pas dans ceux d'un autre, comme si certains détails de son histoire faisaient écho à d'autres de ses romans, un petit air de déjà-lu assez prégnant...
    Pourtant, fidèle parmi les fidèles, je continue à vouer à cet artiste un culte irraisonné, reconnaissant du travail bien fait, et admiratif, devant l'énergie déployée et les mésaventures enchainées, de persister à entretenir la mythologie Sharko avec une telle ferveur et une telle authenticité, l'élargissement du "cercle des héros" n'étant pas la moindre de ses réussites...

    22/05/2017 à 15:30 9

  • Sur le Seuil

    Patrick Senécal

    8/10 La fascination qu'exerce la violence sur tout un chacun, c'est le pivot des écrits de Senécal...
    S'interroger sur les raisons de cet attrait morbide, c'est pour l'auteur l'occasion de reprendre son bâton de pèlerin...
    Ici, en l'occurrence, son personnage de psychiatre désillusionné, témoin de bonne foi des compromissions d'une humanité hantée, confronté à la circonspection et au doute... Face à lui, l'écrivain tourmenté, source du chaos ambiant, pont jeté entre le dramatique et l'artistique, le réel et le fictionnel...
    Le bien, le mal, le pouvoir des mots, l'inspiration... Comme pour le Vide, on retrouve ici cette façon qu'a Senécal de nous mettre sur le grill, d'instaurer le malaise insidieusement, de bouleverser nos certitudes ...
    Amis lecteurs, ne restez pas sur le seuil et poussez en grand la porte de l'univers alléchant de Patrick Senécal...

    15/08/2017 à 18:34 9

  • Surtensions

    Olivier Norek

    9/10 Le magnum opus de la série: dès les premières pages, et le probable drame qui s'esquisse, le ton est donné... Vient ensuite une description majuscule et féroce de l'univers carcéral, dramatiquement inquiétante, exempte de tout pathos et dénuée de tentative d'embellissement...
    La force de Norek, c'est son pragmatisme à l'état brut, la transposition sur papier du métier de flic, qu'il connaît parfaitement, puisque lieutenant lui-même au sein du SDPJ 93, la manière qu'il a de nous l'envoyer en pleine face, sans ambages, ni enfumage, l'air de ne pas y toucher, ou quand simplicité ne signifie pas simplisme...
    Au fil des pages, il dessine une intrigue échevelée, dense, qui se joue de nos nerfs, et des simulacres; ici, pas de manichéisme, seulement des hommes et des femmes, qu'ils soient du bon ou du mauvais côté de la loi, quelquefois juste au milieu, pris dans un tourbillon de violence, happés, hachés, essorés...Ni jugement, ni condamnation chez Norek; à l'aune de la rue, le tribunal des bien-pensants n'a plus cours...
    L'épilogue, cruel et poignant, ouvre néanmoins le champ des possibles à une hypothétique rédemption du héros déc(h)u, brave parmi les braves, appelé à choisir entre sa condition de super-flic et ses envies d'ailleurs...

    05/05/2016 à 18:00 9

  • Trois mille chevaux vapeur

    Antonin Varenne

    7/10 Un roman touffu comme la jungle birmane, mais qui prend parfois des allures de carnet de voyages...
    Un rythme languide qui nuit à l'action et à l'intrigue, dont on ne sait pas toujours de quoi il retourne; un thriller déguisé en roman d'aventures, ou le récit d'un baroudeur à la poursuite d'un sérial killer, l'indécision du genre m'a gêné... Un sens du romanesque et une véracité descriptive remarquables, mais un personnage principal au charisme incertain, sorte de colonel Kurtz apatride; dommage qu'il y ait, à mon goût, une trop grande distance émotionnelle entre le héros et le lecteur, Bowman ne se découvrant et se livrant que sur la fin du roman... Un choix du romancier pour coller à l'état d'esprit du héros, mais qui m'a privé du coup d'un plaisir plus grand, celui de vibrer pour, et avec, Bowman, nonobstant le souffle épique qui peut traverser cet ouvrage...

    22/08/2015 à 20:35 9