Alice

352 votes

  • Facteur pour femmes

    Sébastien Morice, Didier Quella-Guyot

    8/10 A première vue, avec un dessin gai, coloré et vif, on s’attend à une histoire légère et insouciante. Mais, très vite on s’aperçoit que le propos est plus grave qu’il n’y parait, plus cynique aussi…
    Sur une ile bretonne en 1914, magnifiquement illustrée grâce aux nombreux panoramas en format à l’italienne double page du dessinateur, tous les hommes entre 20 et 50 ans partent au front, il ne reste que les enfants, les vieux et un handicapé et les femmes bien entendu, celles-ci sont obligées de s’organiser pour pallier le manque d’hommes pour les travaux domestiques ou agricoles. Néanmoins, les hommes absents les laissent aussi dans une grande solitude sentimentale que la dureté de la vie en temps de guerre accentue encore. Il ne reste que Maël, affublé d’un pied-bot, il n’est pas mobilisé mais on lui confie la tâche de facteur…
    Si « Le Diable au corps » de Raymond Radiguet a fait scandale à sa sortie (dans les années 20), cette BD, compte tenu que de l’eau a coulé sous les ponts depuis, va beaucoup plus loin dans le propos. En effet, il ne s’agit pas d’une histoire d’amour, mais plutôt d’une illustration de la nature humaine tellement encline à l’assouvissement de ses penchants les moins avouables comme la trahison, la luxure, la vengeance, le mensonge… Inutile de chercher un seul personnage innocent dans cette BD.
    A souligner aussi le propos subrepticement féministe de cette histoire qui ne sera peut-être pas perçue de la même manière selon que vous soyez lecteur ou lectrice.

    03/06/2016 à 10:16 9

  • Coronado

    Dennis Lehane

    8/10 Un recueil de nouvelles vraiment plaisant et une pièce de théâtre, un OLNI (objet littéraire non identifié) dans l’univers de Dennis Lehane qui reste quand même meilleur dans le roman.
    Néanmoins, ces nouvelles sont pleines d’humanité. Les protagonistes passent à chaque fois par des phases d’espoir puis de déceptions, ils sont comme pris dans un enchevêtrement d'événements contre lequel ils ne peuvent rien… une définition du destin selon Lehane ?
    J’ai particulièrement apprécié «A court de chien » justement pour sa parfaite illustration du déterminisme contre lequel on ne peut pas lutter. Il semblerait que Leonardo Di Caprio ait acheté les droits de cette nouvelle…
    Je m’abstiendrai de commenter la pièce de théâtre… tout simplement parce que je ne ferai pas de commentaire négatif sur mon auteur favori.

    24/05/2016 à 10:18 6

  • Brouillard au pont de Tolbiac

    Jacques Tardi

    8/10 Une truculente plongée dans les années 50 avec la gouaille parisienne ou plutôt l’argot des voyous de l’époque, cher à Albert Simonin, complétement désuet mais tellement… rafraichissant !
    A noter, il y a un plan du XIIIe arrondissement à la fin du volume, utile pour le suivi de l’histoire mais comportant des annotations spoilers si vous êtes en cours de lecture.

    23/05/2016 à 13:34 8

  • Au nom du fils

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    8/10 Conclusion non sans surprise de la série.
    Tous les rouages amorcés dans Wintertime se mettent en place pour un final en beauté.
    Le titre de l’ouvrage est particulièrement bien choisi car s’applique à différents niveaux dans ce dénouement et prend un sens particulier, une fois la lecture achevée.

    18/05/2016 à 12:09 3

  • Wintertime

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    7/10 Les directions prises dans ce volume concernent des thèmes assez incompatibles (mais, dont les liens se dénouent toujours dans l’album suivant, ce qui est le propre de cette série) comme l’égyptologie, et le développement d’une pègre organisée sur le modèle américain à Londres.
    De nombreux personnages sont mis en scène, plus que dans les épisodes précédents, ils sont comme des pièces sur un échiquier dont la partie n’est pas encore jouée.

    18/05/2016 à 12:03 2

  • Remember

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    8/10 Episode foisonnant et passionnant.
    Le point remarquable de cette série, c’est que tous les éléments s’emboîtent toujours parfaitement. On peut parler d’un scénario tiré au cordeau puisque toutes les interrogations, tous les actes des personnages trouvent toujours une réponse explicite avant la conclusion du cycle. Cette remarque s’applique, en fait, à l’ensemble des 4 diptyques.

    17/05/2016 à 16:30 3

  • La Mémoire volée

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    7/10 Toute la série étant divisée en dytique, celui-ci est encore une ouverture sur une nouvelle intrigue.
    En toile de fond, nous avons les rapports schismatiques des écossais envers les anglais et des évocations de la bataille de Culloden (défaite écossaise réprimée violemment par les anglais ).
    Dans cet épisode aussi, Mary croit retrouver une amie d’enfance complétement amnésique à laquelle elle vient en aide mettant ainsi le doigt dans un engrenage dont les tenants et aboutissants ne seront dévoilés que dans le volume suivant.

    13/05/2016 à 13:43 4

  • Le Fil rouge

    Paola Barbato

    9/10 Comment survivre au meurtre et au viol de son enfant ?
    La solution adoptée par le héros est de s’enfermer dans une bulle aseptisée faite de travail, de déjeuners conventionnels avec des échanges sans surprise et sans heurt, de comptabilités laborieuses et inutiles, tout ça pour encadrer son esprit, pour l’empêcher de penser, de réfléchir, de se souvenir…
    Le système fonctionne jusqu’à la rupture…
    Paola Barbato aborde avec finesse de nombreux thèmes : la culpabilité, la vengeance, l’impossibilité d’agir sur le cours des choses ou au contraire la possibilité de pouvoir agir et contrôler les choses, la quête de rédemption, le lien entre la victime et le bourreau,…
    Et même, oserais-je le dire ? Mais oui, car ce livre est aussi et indubitablement une démonstration du très littéraire concept de l’Absurde cher à Camus…
    L’écriture est nerveuse, les émotions sont admirablement retranscrites car l’auteure trouve toujours des mots si simples et si justes permettant au lecteur de ressentir lui-même tous les sentiments quelquefois contradictoires, forts et douloureux des protagonistes. Cette lecture est tout sauf une promenade tranquille puisqu’elle vous mettra sous tension, il vous faudra absolument découvrir « le pourquoi » même si le « par qui » n’est pas sans surprise… et même si le fin mot de l’histoire ne permet pas à la tension de retomber.
    C’est certain, l’auteure soigne ses conclusions, comme dans « A mains nues » celle-ci vous fera l’effet d’un coup de poing dans l’estomac !

    10/05/2016 à 13:08 10

  • Un pays à l'aube

    Dennis Lehane

    9/10 Evidemment si vous vous attendez à un livre comme « Shutter Island » ou « Mystic River » vous risquez d’être déçus !
    Le talent incommensurable de l’auteur est justement d’offrir à son lecteur chaque fois autre chose.
    Cette fois, il s’agit d’une fresque sur l’histoire américaine juste après la 1ère guerre mondiale, plus précisément à Boston… Ni suspens intenable, ni scènes d’actions frénétiques ne jalonnent ce livre, l’intérêt est ailleurs. Dans une écriture fluide car on se laisse charmer par les phrases toujours remarquablement bien construites, à l’image de la littérature classique dont on n’a jamais été aussi proche. Dans l’évolution des 2 personnages principaux, l’un est blanc, Danny, issu d’un milieu plutôt bourgeois et l’autre est son opposé, noir et forcément pauvre… pourtant, ils vont se rencontrer, s’apprécier, parcourir des chemins parallèles pour en arriver à des révélations plutôt similaires et incroyablement lucides sur eux-mêmes et sur leur Pays.
    Le personnage de Danny peut paraitre assez passif et semble subir les évènements qu’il vit sans pouvoir beaucoup influer sur leurs cours. C’est assez logique dans le sens ou l’auteur nous fait une reconstitution bien documentée et historique de cette période trouble à Boston. Si cet aspect vous déroute, n’abandonnez pourtant pas la série, les 2 romans suivants vont se concentrer sur Joe, un personnage beaucoup plus dans l’action, de plus l’auteur reprendra une narration plus « polaresque » se focalisant sur un protagoniste et beaucoup moins sur le contexte historique.
    L’utilisation d’un personnage témoin comme regard périphérique, Babe Ruth, star du base-ball, est une originalité que vous découvrirez dans « Un pays à l’aube ».

    09/05/2016 à 13:58 10

  • Les Sables du temps

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    7/10 Conclusion de l’intrigue débutée dans le tome 3, du coup, ce volume est plus intéressant.
    L’auteur introduit un soupçon de fantastique sans pour autant basculer dans le genre.

    04/05/2016 à 11:41 3

  • Le Mangeur d'âmes

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    6/10 Après 2 excellents premiers volumes, cet épisode est moins prenant…
    On croit partir sur le thème de l’engouement pour le spiritisme de la bonne société londonienne du XIXes. mais, dans ce volume, la direction du récit est encore assez confuse et il faut lire le 4ème épisode pour comprendre la logique de l’intrigue.

    04/05/2016 à 11:38 3

  • L'Ecorchée

    Donato Carrisi

    8/10 Un bon suspens.
    Le titre traduit textuellement de l’italien aurait été « L’hypothèse du mal » et aurait été, à mon sens, beaucoup plus parlant.
    On a pu reprocher au « Chuchoteur » un manque d’originalité, ce n’est pas le cas de ce deuxième volet dont l’intrigue m’a passionnée avec ce thème de départ des disparus qui reviennent transformés en assassins vengeurs. L’écriture énergique nous offre un récit enlevé qui ne nous ménage pas en effets de surprise.
    Faire connaissance de Mila au préalable en lisant le « chuchoteur » est souhaitable, ainsi on a plaisir à retrouver notre héroïne dans le rôle-titre. Néanmoins, cette fois-ci, le personnage de Simon Berish est particulièrement fascinant, à mon sens, la réussite de l’élaboration de cette intrigue repose en grande part sur ce personnage que j’ai adoré. J’espère que l’auteur lui offrira une nouvelle vie à l’avenir dans un prochain roman.

    03/05/2016 à 17:16 6

  • Le Destin de Jane

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    8/10 Bonne conclusion au premier volume qu'il vaut mieux avoir lu avant d'entamer celui-ci.
    L'intrigue est vraiment bien ficelée et on en apprend un peu plus sur les protagonistes.
    On s'habitue au dessin qui correspond bien finalement à la description du XIXe s. décrit, c'est à dire plutôt abrupt et un peu brutal.
    Je continue la série.

    26/04/2016 à 13:28 3

  • Nymphéas noirs

    Michel Bussi

    5/10 Une excellente idée de départ pour une histoire qui traîne en longueur avec de nombreuses redites, coupée de passages didactiques d’abord intéressants puis agaçants.
    Les personnages ne m’ont pas enthousiasmés non plus . Comme souvent chez cet auteur, ceux-ci manquent de consistance ou d’épaisseur, on a l’impression qu’ils ne « vivent » que dans le cadre restreint du récit raconté par le roman, un peu comme dans une fable.
    Pour autant, je ne déconseille pas ce roman qui reste distrayant, je me contente de déplorer sa pauvreté littéraire.
    Un point positif, ce roman donne envie de faire un petit tour à Giverny car le côté bucolique du coin, fief des impressionnistes du XIXe siècle, est plutôt bien rendu par l’auteur.

    20/04/2016 à 17:00 5

  • Le Crime de l'Orient-Express

    Jean-François Miniac, François Rivière

    7/10 Très bonne adaptation du roman, la simplification inévitable pour en faire une BD n’a presque pas altéré la teneur de l’intrigue. Dessins agréables. Une belle façon de redécouvrir un classique parmi les classiques.

    19/04/2016 à 09:22 3

  • Le Crime qui est le tien

    Philippe Berthet, Zidrou

    8/10 Scénario bien noir alors que les couleurs du graphismes sont vives et agréables ! Très belle réussite !
    BD à découvrir car l’intrigue et les personnages sont bien développés.

    15/04/2016 à 15:38 5

  • Sujet 375

    Nikki Owen

    4/10 L’auteur manipule son lecteur car celui-ci hésite à accorder sa confiance à la narratrice, Maria Martinez.
    Entre son syndrome Asperger, sa paranoïa ou non, ses doutes, malaises et confusions temporelles, le lecteur se perd, s’amuse (au début) qu’au fil du récit tous les faits soient systématiquement remis en cause… Néanmoins, ce récit est beaucoup trop long et l’usage sans fin des mêmes ficelles rend la lecture pénible.
    Je dois avouer que ce livre m’a paru inter-minable et qu’à la fin je comptais les pages pour finir. L’envie de quitter le navire en cours de route m’a effleurée, j’ai persévéré pour avoir un avis juste sur le roman (et parce que l’auteur est triathlète et que je respecte les triathlètes), mais, c’est certain, je n’embarquerai pas pour une autre galère.

    14/04/2016 à 13:35 5

  • Le Tumulus

    Cyril Bonin, Roger Seiter

    7/10 L’intrigue commence sur des chapeaux de roue, tout de suite dans le vif du sujet, le rythme de cette BD reste rapide, le sujet est original et tient le lecteur en haleine…
    Je ne vais pas tarder à m’emparer du tome 2.
    Petit bémol sur les dessins, je trouve les traits grossiers et imprécis et l’ensemble terne manque de couleurs. J’ai l’impression que Cyril Bonin a fait mieux ailleurs.

    13/04/2016 à 13:52 4

  • Yeruldelgger

    Ian Manook

    8/10 Je suis sous le charme… Quel excellent moment passé avec Yeruldelgger !
    Certes certains passages sont un peu violents voire gores, le personnage principal a des côtés inspecteur Harry, intransigeant, peu respectueux du droit des criminels ou de la hiérarchie, agressif et disposant d’une force herculéenne (digne d’un héros de manga ?) envoyant les adversaires valdinguer dans le décor.
    Mais, m’ont davantage marqués dans ce livre un côté dépaysant admirable, la description d’une Mongolie de terres sauvages et de traditions menacée par la mondialisation, des personnages secondaires formidables : Oyun, Gantulga…
    Je sais que je vais m’embarquer sans trop tarder pour des temps sauvages que j’espère tout aussi tumultueux !

    11/04/2016 à 17:17 7

  • Le Syndrome du pire

    Christoffer Carlsson

    7/10 La jeunesse de Léo c’est une banlieue ouvrière de Stockholm, ses barres d’immeubles, ses graffitis urbains, ses conflits ethniques… des voisins vivant dans des appartements conçus exactement de la même manière que celui qu’il partage avec sa famille et ayant la même épée de Damoclès au-dessus de leur tête : déprime, alcool, chômage,…
    Le décor est planté et un certain spleen plane sur l’ensemble du livre. Pourtant, dans cet environnement si peu épanouissant, l’auteur va faire naître une amitié véritable, entière, touchante comme une fragile fleur de bitume.
    Au présent, Léo est un policier des affaires internes suspendu de ses fonctions suite à une bavure. Et puis, le passé va se conjuguer avec le présent et les époques vont se mêler et s’entrechoquer.
    Si ce livre était une fresque en clair-obscur, on aurait d’abord un épais brouillard gris, puis l’auteur par touches, affinerait les détails au hasard de la toile, rendant peu à peu les choses plus lisibles, jouant avec l’œil du spectateur l’attirant sur certains détails, lui offrant au final, une vue d’ensemble dans différentes nuances sombres, cohérente et le portrait d’un héros rongé par la culpabilité, profondément humain, attachant, et sans doute en quête d’une certaine rédemption.

    06/04/2016 à 10:00 4