El Marco Modérateur

3271 votes

  • Le projet Shiro

    David Khara

    7/10 L’agent du Mossad Eytan Morg est décidément un homme qui n’a pas le temps de chômer. Après ses précédentes aventures, le revoilà plongé dans de nouveaux drames. Son ami et mentor vient d’être kidnappé. Ses ravisseurs ont des exigences bien particulières : l’obliger à travailler avec Elena, son ancienne adversaire, pour enquêter sur d’étranges activités. Cette fois-ci, Eytan doit se renseigner sur un complot remontant aux exactions japonaises en Mandchourie durant la Seconde Guerre mondiale.

    Après Le Projet Bleiberg, David S. Khara revient en grande forme. On retrouve Eytan, surhomme manipulé par la science et aux capacités de combat exceptionnelles, allié à Elena, tueuse à gages particulièrement angoissante. Des États-Unis au Japon en passant par la République tchèque, nos deux protagonistes vont évoluer en milieux hostiles, où le terrorisme s’illustre dans l’usage d’armes chimiques. L’action y est tonitruante, les fusillades succédant à des combats acharnés, et David S. Khara n’oublie jamais d’insuffler de l’humour dans ses dialogues. Le roman se lit rapidement, la lecture du premier opus étant nécessaire pour bien saisir les personnages ainsi que leurs passés respectifs.

    Ce second ouvrage de la trilogie est un petit régal de divertissement. On est certes très loin de toute crédibilité, mais pour qui cherche un ouvrage délassant tout en mettant en relief un pan assez peu connu de la Seconde Guerre mondiale, en l’occurrence la terrible Unité 731, ce Projet Shiro est fait pour vous, en attendant la suite et ultime roman du triptyque, à savoir Le Projet Morgenstern.

    10/06/2013 à 20:28

  • Le puits de la perversion

    Michel Vigneron

    9/10 Le capitaine Orca tente de mener sa tâche de policier dans le Nord, mais les crimes auxquels il est confronté chaque jour le plongent dans un désarroi sans nom. Femmes tabassées par leurs maris, enfants martyrisés, vieillards ligotés et maltraités pour leur faire avouer où se trouve leur pécule... Il y a de quoi craquer. D'ailleurs, il lui arrive de braver les interdits et devenir le rédempteur sans nom de ces victimes anonymes. Quand une interpellation tourne mal et lui fait côtoyer le trépas, il ressort de cette expérience de mort imminente avec une mission : extraire des griffes de deux détraqués sexuels un jeune manouche. Mais en plongeant dans la tanière de la barbarie, il est plus que probable qu'il n'en sortira pas indemne.

    Après Maryline de Boulogne et Boulogne K, Michel Vigneron poursuit la descente aux enfers de ses protagonistes aux Éditions Ravet-Anceau. On retrouve son écriture noire et efficace, avec des personnages particulièrement réalistes. L'auteur, policier, connaît parfaitement les milieux et les méthodes qu'il décrit, et l'on sent la véracité de ses écrits. Patrice Orca est particulièrement attachant, policier mesurant au jour le jour la profondeur abyssale de la détresse et de la sauvagerie humaines. Le lecteur ne pourra que sentir ses tripes remuées par le journal intime de la jeune victime des incestes répétés de son père, les exactions du terrible tandem de psychopathes, et les douleurs tant physiques que psychologiques des proies. Même si la qualité de l'écriture de Michel Vigneron est à chaque page édifiante, il y a des passages qui sont encore plus frappants, très visuels, comme la lente dérive vers l'au-delà d'Orca, ou le final, à la fois poignant et épuisant. En ces moments où la patte de l'écrivain sert avec brio des situations effroyables, on pense à d'illustres auteurs comme Franck Thilliez, Antoine Chainas ou Aurélien Molas. Tout y est sombre, désespéré, désespérant, et l'on referme ce roman essoufflé par des ténèbres atrocement communicatives.

    Si l'épisode de l'expérience de mort imminente arrive certes un peu tard dans le récit, on ne peut que louer en des termes très élogieux la maîtrise de Michel Vigneron. Le puits de la perversion est un roman qui fracasse, laissant le lecteur dans le même état que nombre des personnages décrits dans cet opus sauvage : déboussolé, perclus d'hémorragies, avec le goût cuivré si typique du sang dans la bouche. A n'en pas douter, Le puits de la perversion mérite de figurer dans la bibliothèque de celles et ceux qui n'ont pas peur d'être malmenés.

    04/04/2011 à 21:30

  • Le Puits des abîmes

    Christophe Bec, Xavier Dorison

    7/10 On retrouve nos soldats qui ont gagné l’air libre dans le sanctuaire et sont victimes d’hallucinations sordides, sortes de phobies (notamment avec des araignées), et un lien s’opère avec un passé remontant à la Seconde Guerre mondiale. Des maladies terribles s’abattent sur les hommes (peste, leishmaniose et autres) et l’ambiance globale de ce tome devient indéniablement plus inquiétante, féroce voire gore. Mon intérêt reprend donc pour cette série jusqu’à cette scène clôturant cet opus, à savoir la salle des sacrifices. On est bien d’accord, ça n’a rien de bien inédit, mais c’est bien fait et prenant à lire.

    09/05/2022 à 18:40 1

  • Le Puits et le Pendule

    Edgar Allan Poe

    9/10 … ou le récit d’un homme, à Tolède, condamné par l’Inquisition, et qui va vivre un véritable cauchemar. La fatigue, la faim, la soif, les rats, les questionnements incessants, bien évidemment, mais également des pièges – très raffinés – imaginés par ses geôliers et bourreaux, pour le torturer plus psychologiquement que physiquement. D’ailleurs, moi qui pensais de prime abord que le titre était purement symbolique, en fait, il n’en est rien : je laisse le soin aux lecteurs de découvrir en quoi consiste les deux des trois principales techniques d’élimination (la première n’étant à mes yeux que d’un intérêt banal) qui sont à la fois très visuelles et diablement originelles pour l’époque (elles ont d’ailleurs été à plusieurs reprises été réexploitées par le cinéma depuis). Et toujours la langue de l’écrivain, remarquable pour sublimer le côté anxiogène de ses récits. Un bémol cependant : la fin, trop en décalage avec le ton global du texte.

    21/06/2020 à 19:22 1

  • Le Puzzle de chair

    Serge Brussolo

    8/10 Un très bon roman d'anticipation, mêlant horreur et réflexion sur la société. Serge Brussolo est décidément un conteur d'exception !

    10/07/2007 à 19:44 1

  • Le Radium du professeur Allan Gordon

    José Moselli

    6/10 Lors d’une conférence, l’éminent professeur Allan Gordon doit livrer le fruit de ses dernières recherches quant au radium. Il vient avec 6 grammes de cet élément (ce qui représente cent cinquante mille dollars tout de même) qu’une assistance couve alors avec appétit, mais la précieuse marchandise disparaît. Sauf l’enjeu de ce vol diverge peut-être du simple mobile de la convoitise…
    Une nouvelle sympathique et bien menée, sans temps mort, avec une piste inattendue quant à cette morsure de serpent et de chantage. Plaisant, avec un petit tour de passe-passe autour de l’emplacement du fameux radium. Pas inoubliable non plus, mais agréable.

    30/11/2022 à 13:18 1

  • Le Rasoir d'Ockham

    Henri Loevenbruck

    4/10 Un tueur en série assassine Paul Cazo en lui ouvrant le crâne et liquéfiant son cerveau à l’aide de produits chimiques. Peu de temps auparavant, Paul Cazo avait appelé à l’aide le fils d’un de ses amis, Ari Mackenzie, analyste des Renseignements Généraux. Pour Ari, cette histoire tourne à la quête personnelle. Il va alors traquer ce tueur et être mis sur la piste d’un mystérieux carnet, celui de Villard de Honnecourt, dont les pages semblent recéler un secret pour lequel on tue.

    Henri Loevenbruck s’intéresse ici au thriller ésotérique qui a connu un immense succès littéraire avec notamment des romans comme Da Vinci Code ou Le Troisième secret. L’auteur a une plume intéressante, appuyant son récit sur une documentation solide et décrivant des scènes à fort potentiel visuel. Cependant, si le talent narratif de Henri Loevenbruck n’est pas à remettre en cause, il en est tout autrement de l’intrigue elle-même. Il manque en effet cette tension et cette originalité qui aurait pu faire de cette énième variation sur le thème du roman religieux un véritable succès. Beaucoup de passages sentent le « déjà lu ». Par ailleurs, les personnages peinent un peu à convaincre ; malgré un rebondissement final – qui n’a en soi rien de palpitant, le lecteur ne trouvera probablement pas en eux des héros dont il souhaitera suivre d’autres aventures.

    Au final, Le Rasoir d’Ockham est un thriller manquant cruellement d’âme, la faute à une intrigue n’ayant pas réussi à marquer durablement les esprits. Il contentera peut-être les amateurs mais pas ceux qui s’attendaient à un renouveau du genre.

    05/07/2008 à 20:28 2

  • Le Rectificateur

    Jeffery Deaver

    8/10 Dans les années 1930, Paul Schumann est un tueur à gages qui sévit à New York. Il est « le rectificateur » puisqu’il agit pour corriger ce qu’il appelle « les erreurs de Dieu ». Son futur contrat l’emmène dans Berlin où vont se dérouler les Jeux Olympiques, avec comme employeur non pas la mafia mais le gouvernement des Etats-Unis. Sa cible : Reinhard Ernst, huile du parti nazi qui semble développer un plan de réarmement massif du pays. Mais, comme va vite l’apprendre Paul Schumann, cette exécution programmée ne va pas se dérouler aussi simplement que prévu…

    Auteur de thrillers à succès, Jeffery Deaver s’essaie cette fois-ci au roman d’espionnage, et c’est une réussite. Les personnages sont très bien interprétés, l’écriture est fluide et très agréable, et l’intrigue de grande qualité, ménageant avec ingéniosité trahisons et rebondissements. L’ambiance de la capitale allemande en cette veille de Seconde Guerre Mondiale est subtile et brillante. Par ailleurs, même si le roman est assez long, il n’y a pas de temps mort, notamment grâce à l’alternance des points de vue des protagonistes qui rythme intelligemment le récit.

    Le Rectificateur est donc un opus brillant, dans le fond comme dans la forme. Une lecture à conseiller vivement, et pas seulement aux fans du créateur du personnage récurrent Lincoln Rhyme !

    10/03/2009 à 18:42

  • Le requiem d'Orphée

    Mickael Lepeintre

    8/10 David se retrouve immergé dans une cuve, alimenté en oxygène par une sonde. Il parvient à se défaire de ce dispositif et va chercher à recouvrer sa liberté. Dans le même temps, probablement non loin de David, Jezabel se réveille dans ce qui ressemble à une chambre d'hôpital. Où sont-ils ? Pourquoi ont-ils été enfermés ? À mesure qu'ils progressent dans un gigantesque complexe, ces deux individus découvrent d'autres prisonniers tandis que dans les coursives rôdent les ombres inquiétantes d'animaux monstrueux...

    Après le roman historique Le légat de Rome, Mickael Lepeintre signe avec Le requiem d'Orphée un ouvrage presque impossible à classer. D'entrée de jeu, grâce à une écriture très élégante, un postulat de départ assez excitant – les raisons de la claustration de plusieurs personnes dans un même lieu – et un indéniable talent de conteur, l'attention du lecteur est retenue. Par la suite, le récit dérive progressivement vers des scènes qui pourront rappeler à certains des épisodes de Lost ainsi que des séries de science-fiction, mélangeant des styles aussi divers que l'aventure, l'anticipation et l'action pure. Par ailleurs, Mickael Lepeintre a soigné la construction de son livre, avec de très nombreuses alternances entre événements passés, présents et même futurs, sans que l'on en comprenne au départ les réelles motivations ; si ce procédé est assurément maîtrisé, il n'en demeure pas moins qu'il risque de perdre dans ses méandres certains lecteurs si ces derniers ne restent pas très attentifs aux noms des protagonistes ainsi qu'à leurs actions. Peu à peu, les tenants de l'intrigue se dévoilent et le fin mot de l'histoire n'apparaît que dans les dernières pages, achevant de faire du Requiem d'Orphée un roman certes complexe et dédaléen, mais qui détient de multiples qualités parmi lesquelles l'imagination et l'habileté de Mickael Lepeintre ainsi qu'une histoire inimitable et inimitée.

    Pour conclure, Le requiem d'Orphée est un OLNI : un Ouvrage Littéraire Non Identifié. Définitivement atypique, il est en soi une véritable aventure romanesque, bousculant les codes et s'affirmant comme un ouvrage unique. Certains l'aduleront, d'autres seront désarçonnés, mais ce livre n'en reste pas moins un opus qui ne ressemble à aucun autre.

    28/01/2010 à 06:45

  • Le réseau Flandres

    Philippe Declerck

    8/10 Le policier Nicolas Dantès s'est tué d'une balle dans la tête à son domicile. Les preuves sont là, indéniables. Pour son ancien collègue et ami Olivier Béjot, ça ne colle pas. Pourquoi ce flic hors du commun aurait-il sans raison dirigé le canon de son arme contre lui et appuyé sur la queue de détente ? Face à l'incompréhension, Béjot va remonter le fil des dernières enquêtes de Dantès et faire apparaître un immonde réseau de pédophilie dont les ramifications pourraient bien s'étendre jusque dans les rangs de la police.

    Deuxième ouvrage de la série consacrée à Olivier Béjot après L'écorcheur des Flandres, Le réseau Flandres fait basculer le lecteur dans l'univers glauque et irrespirable de la pédophilie. La plume de Philippe Declerck a très nettement gagné en noirceur et en efficacité, au point de livrer un thriller qui n'a strictement rien à envier aux élites de ce genre littéraire. Le style est sec et nerveux, fonctionnant par ellipses, sans la moindre fioriture ni temps mort. C'est avec plaisir que l'on retrouve les personnages du précédent opus et que l'on voit de quelle manière ils ont évolué. L'ambiance est particulièrement lourde sans jamais tomber dans le voyeurisme malsain. Les parties consacrées à la vie privée d'Olivier Béjot sont d'ailleurs les bienvenues, apportant un peu d'air frais dans ce monde ignoble et méphitique, et le noir de ces atmosphères est encore plus saisissant quand il s'écrit sur le blanc de l'existence des protagonistes, dépeints avec tendresse et humanité. Le suspense est travaillé et le dernier paragraphe livre l'ultime clef pour comprendre le suicide du policier.

    Philippe Declerck s'est bonifié dans ce roman. Tension, rebondissements, originalité : il a su exploiter toutes les facettes du thriller, le tout servi par un style impeccable. Il n'y a plus qu'à espérer d'autres investigations menées par son policier fétiche.

    23/08/2010 à 11:26

  • Le Riche homme

    Georges Simenon

    8/10 … ou comment Victor Lecoin, dit « le riche homme », en vient à nourri un amour soudain, inattendu et exclusif pour Alice, la nouvelle domestique de la maison qu’il occupe avec son épouse, et de plus de trente ans sa cadette. Physiquement solide et imposant, cultivateur de moules, Lecoin a réussi dans la vie mais n’est guère très épanoui aux côtés de sa femme frigide, Jeanne, au point qu’il doit aller satisfaire ses besoins sexuels auprès d’autres dames. Mais l’arrivée dans sa sphère de la (très) jeune Alice va changer la donne : il va rapidement nourrir pour elle des sentiments passionnés, même si l’adolescente, déjà bien heurtée par la vie après être passée par l’assistance publique et avoir subi des gestes inappropriés de la part de son ancien patron, ne lui offre pas en retour les sentiments qu’il ressent. Une œuvre encore une fois fort sombre de la part du gigantesque (tant du point de vue de la quantité d’œuvres produites que de leur qualité) Georges Simenon, et typique : écriture minimaliste, acide lorsqu’il s’agit de pointer les contradictions, mœurs, et faiblesses de ses contemporains, décrivant avec une tempérance de mots remarquable cette espèce de déclivité qui va conduire Lecoin vers une inclination puissante et obsédante. Certains passages sont assez crus du point de vue charnel, d’autant qu’ils mettent en scène un quadra-quinqua en train de déflorer une ado de seize ans, et le final est à l’instar de l’opus : noir, dur, désespéré. Quelques pages de férocité, où se mêlent les conséquences inattendues d’une forte humanité, abattement moral et chicanes de couple (à cet égard, les deux dernières lignes sont un véritable brûlot). Bref, encore une fois, une œuvre à la fois mordante et toxique, au scénario pourtant très simple et crédible, mais dont Georges Simenon tire la substantifique moelle de cruauté.

    22/06/2020 à 19:36 1

  • Le rire du lance-flammes

    Serge Brussolo

    10/10 Mon gros coup de coeur du moment ! Quelque part entre le "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury et le film "Soleil Vert". Une intrigue diabolique, une écriture absolument fabuleuse, des personnages très denses, et surtout de bien belles réflexions sur l'Humanité. Serge Brussolo nous a écrit un véritable chef-d'oeuvre !!!

    05/06/2006 à 15:20 1

  • Le Rituel de l'ogre rouge

    Michel Honaker

    8/10 Après ses exploits du Châtiment des hommes-tonnerre, le jeune agent de l’Agence Pinkerton reçoit une nouvelle mission : appréhender un membre de la Brigade Pâle, par ailleurs ancienne recrue de l’Agence Pinkerton. Mais rien ne se déroule comme prévu, et Neil est désormais aux prises avec un nouveau mystère : il est sur la piste d’une tribu d’Amérindiens et d’un cérémonial où œuvrent d’étranges papillons…

    Il est assez difficile d’en dire plus sans dévoiler la suite des péripéties présentes dans ce roman. À l’instar du précédent, Le Châtiment des hommes-tonnerre, il coule dans les lignes de ce livre une étonnante et prenante fusion entre plusieurs genres : western, policier, aventures et fantastique. Michel Honaker n’a guère son pareil pour insuffler une réelle dimension à ses personnages, les rendant rapidement et durablement, selon les cas, attachants ou angoissants. Dans la mesure où il s’agit d’une saga, on retrouve les protagonistes du précédent opus, ainsi que des nouveaux. Indéniablement, cette série, destinée en priorité aux jeunes mais également très accessible pour les adultes, dispose d’un nombre impressionnant de qualités, et on ne peut qu’attendre le troisième épisode avec impatience. Les scènes sont très visuelles, les rebondissements savamment coordonnés, et le scénario est toujours autant palpitant. Michel Honaker parvient à accaparer l’attention de son lectorat, sans jamais le délaisser, à grands coups de chevauchées dans l’ouest sauvage, de complots ésotériques et de moments particulièrement nerveux.

    Cette série réussit cette performance littéraire, pour sa seconde charge, de confirmer tout le bien que l’on pouvait penser de sa première aventure tout en posant les jalons pour la suite. C’est original, prenant, imaginatif, et empli de promesses pour l’avenir : autant d’excellentes raisons pour être présent au prochain rendez-vous donné par Michel Honaker.

    03/12/2011 à 08:49 1

  • Le Rituel de Morinaga

    Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt

    7/10 Takeo et son disciple se retrouvent en bien mauvaise posture, mais Kinu va se sacrifier, après les avoir trahis, pour leur permettre de s’échapper. Pas mal de castagne, des scènes de guerre très réussies soulignées par un graphisme efficace, un siège fort bien décrit et un chouette rebondissement final. Comme pour les précédents opus, ça manque peut-être un poil d’originalité, mais l’ensemble demeure distrayant et plutôt addictif.

    14/02/2022 à 08:31 2

  • Le Roi du K.O.

    Harry Crews

    7/10 Eugene Talmadge Biggs est un boxeur à part. Il a un physique très agréable et quelques victoires à son compteur, mais il a un curieux handicap : suite à un combat, il peut désormais se mettre K.O. tout seul en se cognant la pointe du menton. Alors que le monde de la boxe semble vouloir le quitter, Eugene va faire une série de rencontres qui vont bouleverser son existence…

    Harry Crews, dont on adore quelques-uns de ses ouvrages qui sont devenus des classiques, comme Le Chanteur de gospel, La Malédiction du gitan ou La Foire aux serpents, signait en 1988 cet ouvrage complètement foutraque. Les scènes qui ouvrent l’ouvrage donnent d’ailleurs la mesure de la folie douce qui va suivre, et les divers personnages qui vont apparaître ne viennent qu’avérer ce fait. Un pugiliste capable de se mettre K.O. tout seul, deux entraîneurs qui se présentent comme des hommes alors que l’un d’eux est une femme, un individu émacié que l’on tient en laisse avec la tête prise dans un collier de clous que l’on surnomme « L’Huître », un ancien boxeur devenu projectionniste de films interlopes dont des snuff movies, un jeune coq au parler cajun tellement haché qu’il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour comprendre ce qu’il baragouine, une jeune femme au physique intéressant qui veut faire une thèse sur Eugene, etc. Des êtres perdus, à la marge de la société et de la bien-pensance, et, comme toujours chez Harry Crews, éclatés soit par la Nature soit par la société. De belles tranches de rires au gré des pages incendiaires de cet opus, jamais aux dépens de ces protagonistes, mais plutôt au cours des scènes où ils apparaissent, en complet décalage avec certaines normes. Il y a également de nombreuses références au « noble art », que ce soit dans les techniques, les usages, les pratiques, mais aussi du point de vue historique. Le roman, quelque part entre le roman noir et la littérature blanche, se lit d’un bout à l’autre avec régal, même si parfois quelques temps morts viennent diluer la qualité de cet opus.

    Encore une réussite pour Harry Crews dont on ne cesse de (re)découvrir avec toujours autant d’appétit sa bibliographie, composée de livres extravagants et loufoques, et dont on ne saurait se lasser.

    02/08/2019 à 08:50 5

  • Le Roi Peste

    Edgar Allan Poe

    6/10 … ou le récit de deux matelots, Legs et Hugh Tarpaulin, en viennent à s’aventurer dans un quartier normalement interdit – car la peste y sévit – pour échapper à leurs poursuivants après un acte de grivèlerie et tombent sur un repas où se trouve une assemblée de six personnages aussi détonants qu’inquiétants. Un récit marqué à mes yeux par l’incroyable qualité des descriptions physiques (d’abord celles des deux marins, puis des six convives), mais aussi par les formulations quant à l’alcool qui transforme ses consommateurs en fous furieux et en grossiers personnages. Mais la fin, à mon goût assez banale et manquant du panache et du gothisme fantastique qui en caractérisent pourtant le début, m’a profondément déçu.

    09/06/2020 à 18:05

  • Le Rossignol de Stepney

    Jean-Blaise Djian, David Etien, Olivier Legrand

    8/10 Toujours aussi charmé par cette série. Des graphismes très agréables, du dynamisme, et une intrigue prenante, avec un rôle clef joué par Sherlock Holmes lui-même. Je me suis régalé !

    16/10/2016 à 17:33 2

  • Le Rouge idéal

    Jacques Côté

    7/10 A la fin de l'année 1979, une série d'événements effrayants survient : un message sanglant écrit sur le mur d'une université, une chienne retrouvée mutilée, une main découverte plantée sur une clôture accompagnée d'un message énigmatique, puis, en point d'orgue, le cadavre d'une jeune femme dans un cimetière. Daniel Duval, lieutenant à la Sûreté du Québec, va mener l'enquête avec son équipe et devoir plonger dans le passé pour comprendre ce qui motive le tueur.

    Jacques Côté a réalisé avec Le Rouge Idéal un bon roman policier à suspense. Les personnages sont fouillés et parfois déroutants avec leur parler canadien, les situations sonnent juste et l'ensemble est bien écrit. L'intrigue est maîtrisée et parfaitement construite, alternant les scènes d'enquête et un humour parfois grivois, même si elle n'est pas exceptionnelle. Au final, nous avons donc un livre qui atteint son objectif : passionner le lecteur jusqu'au dénouement final, même si on peut parfois lui reprocher un scénario qui aurait gagné à être plus original.

    20/12/2007 à 06:52 1

  • Le Royaume de Ressine

    Frédéric Genêt

    8/10 « Mon cher Benvenuto, que penserais-tu d’une bonne petite guerre ? » ressasse notre héros désormais emprisonné. Des scènes de bataille navale de toute beauté, avec un graphisme toujours aussi léché et efficace, où la magie intervient avec habileté, le tout au gré d’un récit épique. J’aime décidément beaucoup.

    30/03/2024 à 18:21 2

  • Le Royaume du chaos

    Roman Surzhenko, Yann

    7/10 Une amorce fantasmagorique pour ce troisième tome de la série, avec Louve se dissimulant dans des champignons géants pour échapper au Dieu Fenrir. Un chouette bestiaire de créatures surnaturelles, parfois inspirées d’animaux préhistoriques. Un opus indéniablement plus musclé et entraînant que les précédents. Ça ne réinvente pas la célèbre série par Jean Van Hamme mais ça la réinterprète ici avec pas mal de talent et d’allant.

    23/03/2023 à 18:49 3