El Marco Modérateur

3277 votes

  • Le Carcan

    Bill Pronzini

    8/10 Une très intéressante histoire de séquestration. Un détective privé vieillissant et rondelet se retrouve enlevé par un inconnu dans un chalet dans les montagnes enneigées, lié à une longue chaîne de métal vissée à sa cheville, et survivre pendant treize semaines, ce que lui annonce son geôlier. Qui est cet inconnu ? Pourquoi ? Et à quoi correspondent ces mystérieuses treize semaines ? Un exercice de style sacrément casse-gueule que celui du personnage en solo, puisque le lecteur risque de s’ennuyer assez rapidement si l’intrigue, le style ou la situation patine. Ici, il n’en est rien. C’est très joliment écrit, bien travaillé, et j’ai suivi avec un plaisir coupable la réclusion du protagoniste, ses doutes, ses stratégies de survie par rapport au froid, la nourriture et l’oisiveté. Sans rien spoiler, il finit par s’en sortir, rejoint la civilisation, et se lance aux basques de son mystérieux cerbère absent. Des mots adroitement choisis par Bill Pronzini, pas mal de vitriol dans les dialogues et les situations (cf. sa rencontre avec le type de l’immeuble et sa compagne, ou le gestionnaire de l’entreprise s’occupant des chauffe-eaux). Mais aussi un personnage de détective privé différent des autres, marqué par son enfance avec un père violent et poivrot, et dont il finit par s’affranchir grâce à son attitude quand il retrouve son kidnappeur, en adoptant une attitude à mille lieues de ce qu’aurait fait son paternel. Alors, certes, il n’y a pas grand-chose dans ce roman noir de très original (les motivations du bourreau, à cet égard, n’ont rien de tonitruant), mais tout est si bien rédigé et mené que l’on se laisse embarquer. Un peu comme ces airs de blues dont on voit venir les mesures mais que l’on ne peut s’empêcher de savourer tant elles résonnent avec intelligence et humanité.

    12/09/2017 à 19:00 3

  • La Voleuse d'icebergs

    Serge Brussolo

    9/10 Mon opus préféré de la série D.E.S.T.R.O.Y. avec le premier. Toujours ce fourmillement constant d’idées, qui jaillissent presque à chaque chapitre. Des pensées non seulement nombreuses, jusqu’à l’obsession, jusqu’à la satiété, mais également complètement folles. Le livre commence comme un épisode de la saga cinématographique « Alien », puis on déboule sur de bien mystérieux diamants issus d’une planète lointaine, un phénomène d’invisibilité particulièrement toxique et contagieux, puis… puis… et encore, ainsi de suite, jusqu’à la fin. C’est vraiment dingue, parfois loufoque, et cette overdose d’idées pourra souler certains lecteurs ; pour ma part, ils m’ont enivré. Un peu déçu que la saga se soit arrêtée, mais, ma foi, peut-être n’est-ce qu’un au revoir et non un adieu.

    12/09/2017 à 18:56 5

  • Cul-de-sac

    Douglas Kennedy

    8/10 Un véritable régal que cette virée au milieu d’un village paumé et peuplé de rednecks. Douglas Kennedy m’a séduit de bout en bout, avec ces personnages croustillants, complètement givrés, disloqués par l’isolement, les règles de vie absurdes proches de l’approche sectaire, et les névroses alcooliques. Une sacrée meute de décérébrés, avec laquelle le lecteur hésite souvent entre le rire et la crainte. Nick Hawthorne au beau milieu de ces cinglés de Wollanup restera un bon moment dans ma mémoire, avec ce côté déjanté, comme si le film « Délivrance » avait été réécrit par une bande de gais lurons. Je suis juste un peu déçu par la fin : je ne saurais pas trop dire quoi, mais je m’attendais à autre chose, peut-être tout simplement à être plus surpris par un twist.

    12/09/2017 à 18:55 6

  • La Colère de la momie

    R. L. Stine

    7/10 A la manière de La Malédiction de la momie, se passe dans une pyramide, avec une ambiance générale assez tendue, proche du roman d’aventures. Un bon petit moment de frissons, à placer bien évidemment à côté de l’ouvrage précité et de Ne Réveillez pas la momie, et qui constitue une sympathique parenthèse égyptienne dans la bibliographie de l’écrivain.

    12/09/2017 à 18:54 1

  • Incarnatio

    Patrick S. Vast

    7/10 James Simmons est un écrivain qui a obtenu un immense succès aux Etats-Unis en signant des thrillers mettant en scène Alex Shade, un tueur en série décapitant ses victimes. Soucieux de prolonger sa réussite, il s’exporte en Europe, au point de venir s’installer à Nice. Mais des événements étranges surviennent en très peu de temps : on le retrouve, cataleptique, dans l’immeuble où il vit. Son épouse le dit très perturbé depuis quelques temps. Un homme aux allures de SDF en fuite est aperçu non loin de là grâce aux caméras de surveillance de la ville. Un corps décapité est retrouvé en ville. Un sosie d’Alex Shade qui se montre de plus en plus présent, voire pressant, dans le sillage de l’auteur. Ces histoires ne pourront que s’achever dans le sang.

    Patrick S. Vast s’est d’abord fait remarquer avec des romans mettant en scène des intrigues sobres où les personnages sont broyés par des mécaniques scénaristiques de grande tenue, comme La Veuve de Béthune, Béthune, 2 minutes d’arrêt, Boulogne stress ou Angoisse à louer. Nous ne saurions d’ailleurs trop vous conseiller de consulter nos chroniques au sujet de ces livres. Ici, il attaque le thriller, et de belle manière. Ce qui sidère, c’est le style, et plus exactement le côté cadencé de la structure narrative. Des paragraphes courts, musculeux, nerveux, où, en quelques lignes, plusieurs événements peuvent parfois intervenir. Rarement un tel tempo s’est ainsi imposé au lecteur. Les protagonistent abondent, dont certains retiennent l’attention plus que d’autres : le commandant Moriati, fan de Franck Sinatra, dont l’épouse Edwige est paraplégique suite à une arrestation brutale. Sylvia, la femme de l’écrivain, ne sachant pas si son homme a ou non basculé dans la folie. Ce jumeau d’Alex Shade, inquiétant, dont on apprendra au fur et à mesure des pages les raisons de son trauma originel. Jacques, brigadier, dont l’épouse Agathe est passionnée par le tueur en série de fiction. On retrouve ici les codes du thriller, et les questions traditionnelles, comme : un criminel a-t-il réellement jailli des pages noircies par son géniteur intellectuel ? Des imitateurs sont-ils à l’œuvre ? Y aurait-il une contamination virale, faisant d’individus lambda des monstres ? Patrick S. Vast multiplie rebondissements et fausses pistes, parfois jusqu’au vertige – d’aucuns diront jusqu’à l’excès –, avec de multiples interactions entre les personnages, et même un twist final, inattendu achevant les ultimes lignes du roman sur un dernier coup de hache.

    Dans le fond, l’auteur ne réinvente pas le genre, mais sa faconde et le rythme qu’il imprime à ses lignes sont tels que l’on ne peut qu’être embarqué, voire conquis, par ce livre palpitant.

    29/08/2017 à 19:55 4

  • De l'arsenic pour le goûter

    Robin Stevens

    8/10 La jeune Daisy s’apprête à fêter son anniversaire au milieu des membres de sa famille et de ses amis quand un invité pénètre dans la maison de Fallingford. Ce dénommé Curtis, visiblement antiquaire et venu estimer le mobilier du château, ne soulève guère l’enthousiasme des hôtes, et ce n’est d’ailleurs qu’un euphémisme : tout le monde, à part la mère de Daisy, semble nourrir de l’animosité contre l’opportun. Et quand ce dernier s’effondre après un thé réhaussé d’une note d’arsenic, les suspects ne manquent guère. Un huis clos tendu s’amorce alors, d’autant qu’une pluie épouvantable s’est abattue à l’extérieur de la maison.

    Après Un Coupable presque parfait, Robin Stevens revient avec cette nouvelle enquête des misses Wells et Wong. L’occasion de retrouver l’ambiance so british, déjà développée dans le premier tome. A la manière d’une Agatha Christie ayant développé une histoire pour des lecteurs adolescents, l’écrivaine tisse une histoire solide et prenante, du début à la fin, avec son inévitable et intéressant chapelet de potentiels criminels, parmi lesquels les propres membres de sa famille. Même si Daisy demeure assez rogue – un défaut lié à son indéniable intelligence, elle en vient à douter de l’innocence des siens, au point que même son père et sa maman – surprise en train d’embrasser fugacement le sieur Curtis – en viennent à devenir des personnages troubles à ses yeux. L’humour de Robin Stevens est salvateur, et c’est un petit régal de la voir, par exemple, menacer de tortures médiévales les deux camarades qui vont les aider, elle et Hazel, à dénouer cette intrigue.

    Un polar astucieux et pétillant, aussi réussi que le premier opus, qui plaira à n’en pas douter tant aux jeunes lecteurs qu’aux moins jeunes.

    29/08/2017 à 19:50 2

  • Le Camp

    Christophe Nicolas

    7/10 Un homme rabougri, pâle et sans âge parvient à s’évader d’un souterrain, un carcan vissé au cou. C’est son corps que des chasseurs retrouvent le lendemain. Six ans plus tard, Marie rejoint le village de La Draille pour aider une amie, Flora, à emménager. Cyril, le compagnon de Marie, est déjà sur place. Enfin, il est censé être là. Au même titre que les habitants du lieu-dit. Car lorsque la jeune femme arrive, les lieux sont déserts. Comme si une force avait aspiré tous les êtres humains.

    Pour son troisième roman, Christophe Nicolas scinde son histoire en trois moments :Aller, Retour et Combat. La première saisit par les arcanes qui s’y déploient. Un peu moins de vingt personnes enfermées dans un cube, sans possibilité de sortie, pour des raisons énigmatiques. Le huis clos, la paranoïa, et le légitime cortège de questions : qui est responsable de cet enlèvement ? Pourquoi ? Et pourquoi eux ? Une ambiance très bien rendue, avec des mots simples et efficaces, faisant lentement monter la tension. La partie suivante est encore plus étrange, désarçonnant le lecteur, et jouant habilement sur les codes du genre. Le reste du récit est peut-être un peu plus consensuel, car il utilise beaucoup de recettes déjà éprouvées au cinéma et dans certaines séries, mais c’est également l’un des points forts du roman : tout en créant une autre étape dans le récit, Christophe Nicolas parvient à fusionner les divers moments du roman et apporte les réponses tant attendues. Sans rien en dévoiler, les fans du complotisme et de la série X-Files seront aux anges. Il faut reconnaître que l’auteur fait assez fort : le grand amour entre Marie et Cyril, second fil rouge au-delà de l’intrigue fantastique du livre, est très bien écrit, et certaines scènes – le carnage provoqué par les militaires, ou encore ce que voit et comprend le gendarme Francis dans ce souterrain – marqueront durablement les esprits.

    Un roman réussi et prenant, dans l’ère du temps, et qui plaira sans mal à un large public, de la première à la dernière page.

    29/08/2017 à 19:45 8

  • Cheval rouge

    Serge Brussolo

    9/10 Rex Heller a été un comédien adulé dans la série Cheval rouge. Il y interprétait un cow-boy revenu d’entre les morts, doté de pouvoirs surnaturels, et montant un destrier également doué de facultés incroyables. Mais le temps a tourné : désormais paraplégique, richissime, il a monté dans le Texas un parc d’attraction, « Rodeoman City », où les visiteurs peuvent s’immerger dans l’Ouest sauvage des westerns d’antan. Un lieu où les règles sont strictes, et où nul ne peut désormais vivre, comme n’importe quel Américain, dans le vingt-et-unième siècle. Un endroit où Heller règne en dictateur, quoi que ses nombreux employés bénéficient d’une large prise en charge financière et humaine. Mais Heller a déjà l’esprit ailleurs : il a très envie de faire de Mia, sa fille, l’héritière de son parc. Au risque de déclencher une tempête de colères et de plomb.

    Quelqu’un ignorerait-il encore qui est Serge Brussolo ? L’auteur si prolifique, ayant arpenté tant de territoires littéraires, et qui parvient, à soixante-six ans, à donner encore d’amples leçons aux jeunes écrivains et des surprises à son lectorat ? Non. Alors ne perdons pas de temps et venons-en à cet ouvrage. Un roman extraordinaire, comme tant d’autres de l’auteur, et qui, intéressant paradoxe, nous emmène sur les chemins habituellement pratiqués par son génial créateur tout en surprenant. On reconnaît immédiatement cette patte narrative, et ce goût prononcé pour les scènes si visuelles et marquantes. Le premier chapitre, où Heller procède à des explosions de taureaux lancés à vive allure sur son trône roulant, détruisant ces monstres de force au risque de perdre la vie, est un régal de démesure et d’inventivité. Et le reste de l’opus est du même acabit. Il bouillonne d’idées extravagantes, de saynètes démentes, et de personnages croustillants. Rex Heller, bien sûr, en ancien roi du petit écran, devenu handicapé. Mais aussi Mia – ressemblant beaucoup, physiquement et psychologiquement – aux autres héroïnes de Serge Brussolo, ayant vécu sans connaître son géniteur, et aux prises dans sa jeunesse avec une tante dévote jusqu’à la folie. La mère de Mia, Zelda Marlowe, vedette de cinéma dévorée par les excès. Jonah, le compagnon de Mia, également star éphémère. Et tous ces anciens acteurs qui peuplent Rodeoman City, victimes d’un succès trop fugace et les a laissés effondrés après que les projecteurs se sont éteints, tels de modernes Icare ayant trop approché la gloire, au point de s’en brûler les ailes. Au passage, une peinture au vitriol du milieu cinématographique, à la fois fine et lucide du milieu cinématographique. Et il y a ce lieu, le parc d’attraction, que l’on se plaît à parcourir, imaginé et décrit avec maestria par Serge Brussolo, et qui fourmille de références au monde du far west et de la culture américaine, comme autant de clins d’œil. Une jubilation totale. Dans un précédent roman, Tambours de guerre, l’écrivain s’essoufflait un peu sur la fin du récit, avec une histoire qui s’effilochait, même si ce livre n’en demeurait pas moins remarquable. Ici aussi, le dernier tiers part dans une direction imprévue… et nous ravit. Ah, ce Don Mercurio… Impossible d’en dire plus sans rien dévoiler, mais ce passeur, chirurgien esthétique, complète habilement l’histoire en la majorant d’un épisode inattendu.

    Parfois, on rêve d’amnésie. Oublier tout ce que Serge Brussolo a pu écrire, pour la pure jouissance de pouvoir tout relire avec des yeux renouvelés. Mais, à la réflexion, cette idée serait fort inutile : dans le cas de ce Cheval rouge comme de tant d’autres productions du grand homme, elle nous priverait d’une chevauchée toute personnelle avec les protagonistes, intrigues et décors qu’il aura plantés pour nous. Car, même une fois le roman achevé et les lumières éteintes, il reste encore en nous des images et des émotions presque indélébiles, délivrées par des maniaques, des psychopathes, des tueurs en série, des extraterrestres, mais également des cow-boys inoubliables.

    29/08/2017 à 19:44 4

  • La Malédiction de la momie

    R. L. Stine

    8/10 Une histoire très prenante, avec cette histoire de momie, même si, pour une fois, les phénomènes inexpliqués sont beaucoup moins présents dans le récit que dans d’autres « Chair de poule ». Un ton bien plus rude que ne l’emploiera R. L. Stine dans ses futurs ouvrages (celui-ci date de 1993), pour un bouquin fort réussi et prenant du début à la fin.

    29/08/2017 à 17:24 1

  • Vendredi 13

    David Goodis

    6/10 … ou les malheurs d’Al Hart, qui se retrouve bien malgré lui aux prises avec une poignée de gangsters préparant un mauvais coup. J’y ai retrouvé une patte bien noire comme je les aime, avec des personnages croqués en quelques traits, et une intrigue sympathique, avec un huis clos plutôt prenant. Des relations troubles entre Hart et Frieda et Myrna, la gouvernance de la meute assurée par Charley, le véritable passé d’Al et de son frère assassiné de ses mains, les tensions croissantes dans le groupe (pour l’appât du gain, le mélo ou parce que l’on a découpé le cadavre de l’un d’entre eux afin de minimiser les risques…), autant d’éléments qui m’ont bien plu. Mais je ne sais pas trop pourquoi, je ne suis jamais vraiment rentré dans l’histoire, ou plus exactement, j’ai eu beaucoup de mal avec le texte. Un souci avec une traduction trop plate ? Une écriture originelle trop « simple » dans ses descriptions ? Un récit qui se veut crédible, naturaliste et qui réduit le style à une expression trop primitive voire sommaire ? A mes humbles yeux, un récit noir satisfaisant, mais qui a manqué d’une étincelle littéraire dans son traitement.

    29/08/2017 à 17:22 5

  • Real Account tome 3

    Okushô, Shizumu Watanabe

    8/10 Toujours du souffle, du vitriol et du sang. Cette fois-ci, on suit les péripéties de Yuma, le frère prétendu mort d’Ataru, lui aussi aspiré par le réseau social Real Account. Il va devoir lutter, au milieu de tant d’autres, contre des épreuves perverses, à base de délations, exhumations de messages effacés, etc. De jolies trouvailles scénaristiques (le coup du troisième buzzer dissimulé) pour un opus électrisant et une série définitivement addictive.

    29/08/2017 à 17:20

  • Le Dernier des maîtres

    Philip K. Dick

    8/10 Je découvre un peu l’univers de Philip K. Dick, au-delà des nombreuses adaptations cinématographiques, et ce recueil de nouvelles me donne envie de poursuivre la lecture de sa bibliographie. On y trouve vraiment de tout : une révolte de jouets ; John Cupertino, persuadé d’avoir déjà tué sa femme ; des robots, les « Plombés », qui mettent tout en jeu pour protéger les humains suite à un conflit et faire en sorte que leur race ne s’éteigne pas en un vain conflit ; une très habile – et très courte – histoire autour d’êtres étranges, les « Rampeurs », qui bouleversent les codes au travers de thèmes comme les mutations génétiques et l’eugénisme, avec une stupéfiante phrase finale ; un flipper destiné à tuer son joueur ; etc. Une écriture qui ne m’a pas spécialement chamboulé (rien de mirifique pour ce qui est du vocabulaire, des tournures de phrases, bref, ce qui a trait à la forme littéraire), mais de véritables mondes étranges, brillamment imaginés et mis en scène, baignant dans la paranoïa (la Guerre froide bat son plein au moment où étaient écrites ces fictions), et touchant du doigt d’une manière magistrale et très originale ce qu’est l’humanité, la réalité, la mémoire, les diverses formes de vie. Un régal !

    29/08/2017 à 17:20 4

  • L'École hantée

    R. L. Stine

    8/10 Comme le dit très justement mamboo, le titre n’est vraiment pas judicieux. En revanche, j’ai trouvé l’intrigue vraiment originale, avec cette histoire passionnante d’adolescents disparus dans les années 1940, cet univers parallèle que l’on n’atteint que grâce à un ascenseur horizontal, cette idée lumineuse autour des couleurs et de l’identité de la personne ayant réussi à regagner le monde normal. L’ultime étincelle, dans le dernier chapitre, avec l’arrivée subite de ce monsieur Caméléon, est à mes yeux remarquable. Un ouvrage qui ne plaira probablement pas à tous les fans de R. L. Stine dans la mesure où il tranche vraiment avec le reste de sa bibliographie, mais qui constitue selon moi un temps fort en plus d’une habile digression littéraire à elle seule.

    29/08/2017 à 17:19 1

  • Peace Maker tome 1

    Ryoji Minagawa

    8/10 Un ouvrage qui mélange habilement les univers du manga japonais et du western. Des références nombreuses et intelligentes à quelques films du genre, et un travail original et intéressant quant aux duels, plus particulièrement concernant les techniques de tir (le « twist draw », le « fanning », le « spot burst shot », ou encore le « get off three shot »). Une ambiance et des dessins qui s’épousent intelligemment, et des personnages intéressants, depuis les sympathiques qui entourent Hope Emerson, mais aussi les membres des Crimson Executers, comme Heckel et sa Gatling, ou encore l’apparition de cet énigmatique Ian Wendys dans la dernière page. Aficionados de combats aux six coups dans les plaines du Far West et de westerns, faites-vous plaisir, et ruez-vous sur cette série. Pour ma part, j’essaierai avec plaisir d’être au rendez-vous des autres opus !

    29/08/2017 à 17:18

  • Le Pianiste sans visage

    Christian Grenier

    7/10 Un bien joli texte, où les divers événements se succèdent avec plaisir. La découverte de la musique classique par Jeanne (les quelques pages relatant le concert sont magnifiques), ses relations avec sa belle-mère Mutti et sa grand-mère Oma (toutes deux d’origine allemande), le fait que l’adolescente ait perdu sans vraiment le connaître son père qui se révèle être non seulement preneur de son mais également compositeur), son amitié puis son amour naissant avec Pierre, l’admiration pour ce jeune prodige du piano qui apparaît sur scène sans rien laisser voir de son visage… A la fois une courte fresque familiale, une ode à la musique classique, un roman d’amour, et, même si cela se laisse aisément deviner, une synthèse de tous ces éléments quand est attestée l’identité du mystérieux instrumentiste. Je tâcherai d’être au rendez-vous du roman constituant la suite de celui-ci, « La Fille de 3ème B ».

    29/08/2017 à 17:17 2

  • Le Fauteuil hanté

    Gaston Leroux

    7/10 Un bon petit polar, qui a tout de même plus d’un siècle. Une histoire assez farfelue, menée avec beaucoup d’entrain par Gaston Leroux, avec des académiciens aux atermoiements risibles et prêts à croire en des phénomènes magiques (belle ombre maléfique que celle de Eliphas de Saint-Elme de Taillebourg de La Nox, mage autoproclamé), et un commerçant en antiquités, Gaspard Lalouette, prêt à remplir de son séant ce maudit quarantième fauteuil qui a porté malheur à ses précédents prétendants, alors qu’il ne sait même pas lire. De l’humour, de l’ironie, mais aussi, même si l’intrigue ne débroussaille pas bien loin, des pistes intéressantes, notamment dans la résolution de l’anathème, alors que ce roman date, comme je le disais, de 1909.

    29/08/2017 à 17:16 1

  • Sprite tome 1

    Yugo Ishikawa

    5/10 Un manga qui ne m’a pas plus transporté que ça. Des idées intéressantes, certes, avec cette eau noire qui submerge la ville et transforme les gens qu’elle touche, mais un peu trop de questions en suspens, comme cette idée de temps dévoyé, d’éclairs liés aux forces extraterrestres, ces gamins âgés de plus de huit siècles. Beaucoup trop ésotérique pour moi. Et l’ambiance manque cruellement à mes yeux de scènes anxiogènes et d’originalité pour me convaincre totalement. Si l’occasion se présente, je tenterai l’aventure d’autres tomes, mais à la lecture de ce premier opus, cela ne constitue pas une de mes priorités de lectures.

    29/08/2017 à 17:15

  • Terreur terminus

    Chris Anthem

    7/10 Un jour de grève à la gare de Lille-Flandres. Quelques passagers un peu paumés grimpent dans un TGV, parfois au hasard, trop heureux de pouvoir quitter les lieux, ou pour d’autres raisons. Sans savoir que l’horreur sera au rendez-vous.

    Chris Anthem : voilà un sacré nom pour un pseudonyme, non ? La fleur traditionnelle des cimetières. Un choix de sobriquet pour cet écrivain de l’ombre qui s’illustre parfaitement lorsque l’on lit cet opus. Largement inspiré du cinéma d’épouvante, on y retrouve tous les codes inhérents au genre : les personnages variés, plongés dans un univers fantastique et anxiogène, se débattant pour leur survie, au gré de péripéties toutes plus atroces les unes que les autres. Hallucinations morbides, scènes de grande tension, tortures endiablées et scènes bien gores, il n’y a qu’à demander le programme. Le cinéphile averti reconnaîtra sans mal des références à des films comme Le Blob, la série desSaw, ou encore quelques clins d’œil appuyés à Alien. En cela, Chris Anthem ne réinvente rien, et ce n’est d’ailleurs probablement pas son but : il propose ici un pur ouvrage de gare, dans son acception première, à savoir un ouvrage idéal pour se divertir, trembler, voire être secoué, de la première à la dernière page, et qui passe dans un mixeur zélé et averti tout ce qu’il a dû visionner de sa vidéothèque personnelle. Une véritable pépite pour les amateurs, et qui, en outre, ne verront jamais plus un train de la même manière.

    08/08/2017 à 23:52 2

  • Menace à Arras

    Gaylord Kemp

    7/10 Mathéo, collégien, est assurément un gamin intelligent, sensible au sacrifice des soldats lors de la Première Guerre mondiale. Quelle n’est pas sa surprise lorsque son papy André disparaît subitement, prétextant un voyage en Australie ? Se doutant qu’il y a là anguille sous roche, avec l’aide de la belle et habile Olivia et son petit frère Antoine, il va tenter de dénouer cette énigme, jusqu’à approcher un secret datant de la Der des Ders.

    Cet ouvrage jeunesse signé Gaylord Kemp séduit du début à la fin. Sur un ton alerte, avec une belle économie de moyens – langage simple et efficace, et guère plus de quatre-vingt-dix pages, il nous fait également découvrir ce trio improvisé de limiers, unis sous la bannière de « Section Orion ». Le mystère gagne rapidement le récit, et l’on se plaît à vouloir rapidement comprendre le pourquoi du comment. Les personnages, laconiquement dépeints, n’en sont pas moins sympathiques et attachants, au point que l’on a véritablement envie de les recroiser dans d’autres enquêtes. Le suspense est habilement érigé et maintenu, jusqu’à ce que le secret soit levé. A cet égard, même si la fin paraît un peu brutale et que l’on aurait eu peut-être envie d’en savoir un peu plus sur ce qu’avait découvert le soldat Dexter Ward – son origine, sa mise en œuvre, comment il a été décelé, on doit louer l’auteur pour l’originalité de la nature de cette énigme qui sort des sentiers battus.

    Un bon petit polar, enjoué et atypique, si charmant que l’on ne peut que souhaiter retrouver Gaylord Kemp et son agréable gang de détectives amateurs, ou alors carrément sous d’autres latitudes littéraires.

    08/08/2017 à 23:49 1

  • Carton rouge ou Mort subite

    Philippe Barbeau, Roger Judenne

    7/10 Une sympathique histoire, où se mêlent chantage, corruption du monde footballistique, et histoires de familles. Un rythme trépidant, une (double) plume efficace, et des pages qui défilent allègrement. Peut-être rien de bien nouveau sous le soleil de la littérature policière pour les jeunes, mais il m’a été très agréable d’y flâner, moins pour un coup de soleil que pour un léger et plaisant rosissement.

    08/08/2017 à 09:02 1