Un seul être vous manque

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  • 7/10 Yves Baron n’est plus. Directeur d’une entreprise de construction à La Réunion, il vient d’être découvert mort par Augustine, la domestique, et son épouse Carole. Mais au gré des légitimes questions qui se posent après le décès d’un proche, des vérités dérangeantes vont apparaître.

    Cet ouvrage de Sonia Cadet a été récompensé par le prix 2019 du premier roman policier du festival de Beaune. D’entrée de jeu, la beauté de l’écriture séduit, envoûte : chaque mot est pesé, travaillé, poétique, et les formulations sont plus qu’attirantes. Indéniablement, cette écrivaine dispose d’une plume ravissante, et l’on ne peut que souhaiter, à l’avenir, un tel niveau d’élaboration littéraire. On s’intéresse rapidement aux divers membres de la famille Baron, notamment Anaïs, la fille, Antoine, le gendre, Carole, la veuve, et quelques autres personnages qui gravitent autour de cette dynastie. En introduisant Pierre, professeur de gestion quinquagénaire et ami de Carole, Sonia Cadet permet une immersion captivante dans le monde de l’entreprise, avec ses rivalités internes, ses méthodes parfois interlopes, et les tractations financières qui peuvent rapidement tourner à l’illégalité. Fort concis (environ deux cents dix pages), ce roman se laisse lire d’un bout à l’autre, sans le moindre temps mort, avec un intérêt entretenu par cette langue si belle employée par l’auteure, qui permet notamment de sonder en profondeur des psychologies denses et crédibles. Néanmoins, si l’on ôte cette belle enveloppe de mots délicieux, l’intrigue n’est, en soi, guère ensorcelante : certains ressorts, quoiqu’intelligemment exploités, sont assez courants, de même que l’identité du meurtrier ainsi que ses motivations ne surprendront pas, se laissant même deviner bien avant leur révélation.

    Un lapidaire opus centré sur le décès d’un chef de famille, donnant plus lieu à une étude de mœurs qu’à un réel suspense. Typiquement, le genre de livres dans l’air du temps, où les téléfilms et autres sagas familiales font florès. Il y manque cependant ce grain de folie, d’ivresse ou d’originalité pour emporter totalement l’adhésion du lectorat.

    05/09/2019 à 19:57 El Marco (3181 votes, 7.2/10 de moyenne) 2