El Marco Modérateur

3257 votes

  • Le Maître des insectes

    Stuart Prebble

    9/10 Angleterre, années 1960. Jonathan vit avec ses parents et Roger, son frère aîné, handicapé mental. Ce dernier se met à nourrir une puissante passion pour les insectes qu’il élève dans une cabane. Une inclination dévorante, qui sera la source de nombreuses tragédies.

    Premier ouvrage de Stuart Prebble, ce Maître des insectes est un roman noir dans sa plus profonde expression. En presque quatre-cents pages, le narrateur, Jonathan, raconte son existence, jalonnée de multiples accidents. Il sera le protecteur de son frère, légèrement attardé, tombera éperdument amoureux d’Harriet dont il fera son épouse, nourrira pour elles des sentiments brûlants, perdra ses parents dans un incendie. Une sorte de longue confession, sépulcrale, terriblement humaine. L’auteur parvient à susciter un réel appétit chez le lecteur d’en savoir plus aux sujets de ces différents personnages grâce à de longues analyses, toujours plausibles, et confère aux protagonistes tant d’épaisseur que l’on en vient presque à sentir leur pouls en palpant les pages. Ce qui retient également l’attention, c’est Roger ; suscitant une indiscutable empathie sans jamais verser dans l’emphase, le larmoyant ou la caricature, voilà un être littéraire que l’on n’est pas prêt d’oublier. Car derrière sa déficience, il saura faire preuve d’une incroyable intelligence et d’une finesse insoupçonnable. Les insectes qu’il élève dans son vivarium sont une ahurissante métaphore de la condition humaine, bien au-delà de l’écho donné au sort que le destin va réserver aux individus façonnés par Stuart Prebble.

    Sans le moindre artifice de mauvais aloi ni effet contrefait, l’écrivain nous transporte de bout en bout, au gré de sentiments entremêlés et souvent contradictoires, jusqu’à un épilogue mémorable, répondant avec pertinence et émotion au drame évoqué dans le prologue. Assurément, une pépite de la littérature, entre la blanche et la noire, qui n’a pas fini de nous griser.

    24/09/2016 à 18:14 6

  • Le Maître des mammouths

    Edouard Aidans

    5/10 Quand Tounga est de retour chez lui, on lui apprend que Ohama est partie avec un homme. Accompagné de Nooun, il se rend sur place tandis qu’une éruption gronde. Après une folle cavale, tous deux retrouvent la jeune femme, comme zombifiée, qui est parvenue à domestiquer un mammouth. Une intrigue que j’ai trouvée au final assez sommaire, classique et brouillonne, qui permet seulement de passer un (court) instant de délassement : c’est déjà pas mal mais ça manquait sévèrement d’originalité et de piment.

    10/08/2023 à 22:49 1

  • Le Maître des montagnes

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Thorgal découvre un inconnu dans la montagne qui joue de la trompette, au point de le tuer à cause des avalanches provoquées. Recueilli par Torric, ils se retrouvent tous les deux le lendemain matin comme téléportés en un lien très différent, dans une ferme où vit une jeune femme fort accorte, Vlana. Des voyages spatio-temporels, de la magie, et une intrigue qui diffère radicalement de celles que l’on trouve dans les autres opus (pour le moment) dans la série, pour une lecture très distrayante et efficace.

    25/07/2021 à 08:26 2

  • Le Maître du haut château

    Philip K. Dick

    7/10 Je ne découvre que maintenant cette œuvre de Philip K. Dick. Si l’histoire est très originale, avec cette uchronie concernant la Seconde Guerre mondiale, l’usage du Yi-King et autres trouvailles de l’auteur, je reste plus sceptique quant aux parties du récit relatives aux trafics d’objet d’art, ainsi que les rapports entre nazis et Japonais. J’aurais préféré une histoire plus resserrée autour du voyage et de la rencontre avec Hawthorne Abendsen par Juliana, ou encore autour des rivalités entre les deux blocs ayant gagné le conflit. Néanmoins, malgré son demi-siècle et une approche parfois baroque du sujet, il n’en demeure pas moins que ce roman détonnant conserve encore à mes humbles yeux une puissance littéraire doublée d’un formidable objet d’interrogations.

    26/07/2016 à 08:39 3

  • Le Mal bleu

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Après avoir quitté la contrée d’Arachnéa puis la leur, Thorgal et les siens découvrent un bateau et un corps sous une bâche. Le cadavre est très décomposé et bleuté, et Jolan se fait mordre par un rat. Ils sont sauvés d’une tribu par Zarkaj, héritier du trône de Zhar. Jolan et Aaricia commencent à leur tour à se colorer de bleu, et Zarkaj leur apprend que rôde un mystérieux « mal bleu ». Une belle variation sur le thème de la lèpre et de ses malheureux pestiférés, une aile volante tout droit sortie d’un plan de Léonard de Vinci, pour une histoire chouette et prenante en partie racontée à travers les yeux de Jolan.

    10/10/2021 à 16:22 1

  • Le Mal du double-bang

    Laurent Fétis

    8/10 Le truand Gus Sarvani est enfermé dans un asile. Pour tuer le temps, il décide de se confesser auprès de son visiteur – le lecteur – et entreprend le récit de son existence de bandit de bas étage. Tout y passe : son frère Rico, ses amitiés particulières, les coups fumants, les rivalités avec les autres gangs, l'argent... Et aussi les drogues, des plus communes jusqu'à celles dont personne n'a jamais entendu parler. A commencer par le Double-Bang, une dope unique, addictive dès la première prise, et qui scella sa chute.

    Paru pour la première fois chez Gallimard en 1992, Le mal du Double-Bang ressort chez Baleine. Déjà auteur de deux romans paru chez cet éditeur (L'aorte sauvage et Le lit de béton), Laurent Fétis signait un opus diablement original, très difficile à classer. Ces aveux, narrés à la première personne et interpellant directement le lecteur à de multiples reprises, tiennent à la fois de la satire sociale, du thriller et du roman noir, avec aussi une bonne dose d'humour. On y croise toute une galerie de personnages, certains inquiétants, d'autres pathétiques, que Gus rencontrera sur le chemin de sa vie de crapule, au travers d'entourloupes, de querelles pour des questions de territoire et d'hégémonie. Il y est également question de camaraderie, de fraternité, mais aussi de trahison, de gloire et de déchéance. Et puis il y aura le Double-Bang, ce que son concepteur qualifie de « F40 des drogues ». Une arme de destruction massive, loin des clichés du genre, à la fois désirable et terrifiante, qui propulsera un peu plus vite Gus et son groupe vers leur perte. Indéniablement, Laurent Fétis est un romancier dont on aimerait lire plus souvent les ouvrages : prose travaillée, à la fois sèche et humoristique, poétique et argotique, avec un style bien à lui.

    Le mal du Double-Bang est un roman atypique et très prenant, à l'image de cette drogue qui donne son nom au livre. Quelque chose qui parle au cœur et aux tripes plus qu'au cerveau, donnant au lecteur à chaque fin de chapitre l'envie – voire le besoin – d'un autre shoot de mots. Un ouvrage qui en rappelle un autre, également paru dans la collection Baleine noire, La grande évasion en pantoufles de Serge Scotto, où un criminel y narre sa virée dans le monde libre.

    28/11/2010 à 17:53

  • Le Mal par le mal

    Jérôme Camut, Nathalie Hug

    9/10 Le site d’information W3 continue d’exister, malgré les événements relatés dans Le Sourire des pendus. Sa spécialité : la dénonciation des crimes restés impunis et ayant trait à la sexualité. Une vague de meurtres de policiers secoue l’Hexagone. Si les apparences laissent penser qu’il s’agit d’actes isolés, la vérité est tout autre, et seul un média constitué de téméraires individus saura faire apparaître le complot ourdi.

    Ce deuxième volume de la série W3 n’égarera nullement les nombreux lecteurs qui ont adoré le précédent opus. Jérôme Camut et Nathalie Hug plantent d’entrée de jeu les personnages créés presque deux ans plus tôt grâce à un résumé bien utile. Retrouver ces divers protagonistes et les liens principaux les unissant est nécessaire et rappelle ces réunions de famille dont on a perdu de vue quelques-uns des membres. Et dès les pages suivantes, la magie opère de nouveau : ce beau bébé de huit-cents pages est un gouffre, un labyrinthe dans lequel on prend un plaisir immense à tomber ou se perdre. Le scénario, comme celui du Sourire des pendus, est semblable à la toile d’araignée : complexe, tortueux, si enchevêtré et certains événements arrivant si vite qu’aucun des plus de deux-cents chapitres ne saurait être zappé ni survolé. Et quel régal de rejoindre ces personnages si croustillants et hétéroclites ! Sookie Castel, hypermnésique et physionomiste, plaçant ses interlocuteurs dans des boîtes à partir de ressemblances avec des gens connus, et placée en hôpital psychiatrique. Léon, son père, jurant comme un charretier et ne connaissant aucune limite pour faire rendre la justice, quitte à aller provoquer un violeur injustement libéré et terminer lui-même en prison. Jo Lieras, policier d’élite, immédiatement attaqué par des agresseurs anonymes et lourdement armés. Lara Mendès, journaliste ayant payé cher ses investigations, et prête à aller jusqu’au bout pour obtenir réparation. Et au-delà de ce carrousel d’êtres en mouvement presque perpétuel, il y a des histoires. La genèse de Kalinine, le refuge de La Malhornière, où l’on croise des humains brisés et rafistolés pour répondre aux demandes sexuelles de quelques monstrueux clients. Ce roman, c’est également un vaste champ de mines sur lesquelles beaucoup des héros et des monstres vont poser le pied, déambuler, parfois avec crainte, parfois certains d’être protégés des explosions, mais rares seront ceux franchissant la page finale sans avoir été meurtris, choqués, voire tués. D’ailleurs, les derniers chapitres offrent un événement inattendu et ahurissant, un cliffhangerparticulièrement anxiogène et ouvert, laissant augurer un ultime tome, Le Calice jusqu’à la lie, qui offrira les dernières réponses quant à cette machination.

    Indéniablement, Jérôme Camut et Nathalie Hug ont ranimé la magie de leur précédent roman, et nul ne s’en plaindra. C’est aussi long qu’exalté, excitant qu’enténébré, acide qu’hautement addictif. Et derrière ce paravent de littérature se nichent de bien légitimes questions quant à la liberté de la presse, les imprécations stériles de la justice, la gabegie des fonds secrets des Etats employés à des fins malsaines, et tout simplement la place de l’individu isolé face à un monde qui ne maîtrise plus les monstres sexuels qu’il a, au moins en partie, engendrés. Un thriller d’une rare efficacité doublé d’une leçon de choses qui dérange, bouscule et renverse.

    24/09/2016 à 18:24 4

  • Le Mal que tu m'as fait

    Hilary Davidson

    8/10 Journaliste installée en Espagne, Lily revient de toute urgence à New York où l’attend sa sœur Claudia. Morte, noyée dans une baignoire. Pourtant, lors de la présentation du corps à la morgue, Lily en est certaine : la défunte n’est pas sa sœur. Commence alors pour Lily une enquête éperdue pour savoir ce qu’elle est réellement devenue, quitte à braver de nombreux fantômes…

    Ce premier ouvrage d’Hilary Davidson est une réussite incontestable. Le lecteur, dès les premières pages, est hypnotisé par l’écriture de l’auteure. Avec une infinie sagesse et une émotion rare, elle rend la totalité de ses personnages humains, en leur octroyant âme et densité. Tous les individus dépeints sont accrocheurs et crédibles : Lily, en jeune femme à la fois sagace et fragile, son ami gay Jesse, son ancien amant Martin, Ridley – fils taciturne et physiquement impressionnant de ce dernier, ainsi que le duo de policiers et Tariq, qui sait conserver sa part d’ombre. Mais c’est surtout Claudia, la disparue, dont la personnalité retient l’attention. Entre ses sevrages multiples à la drogue avant la énième retombée dans les enfers narcotiques, ses relations de passage, le centre de désintoxication qu’elle a fréquenté et son tempérament si trouble, elle constitue en soi une véritable pépite à la fois littéraire et si humaine. Dans cette intrigue particulièrement noire et complexe, où les interactions entre les protagonistes ne manquent pas, il sera bien difficile pour Lily de tirer cette histoire au clair, d’autant que de multiples rebondissements viennent agrémenter les ultimes chapitres.

    Un roman sentimental et noir de premier ordre, parfaitement imaginé et réalisé par Hilary Davidson, et qui tient amplement la distance des quatre-cents pages sans jamais faiblir. Avec cette écrivaine, des romancières comme Minette Walters ou Mary Higgins Clark ont peut-être trouvé leur successeuse.

    10/03/2016 à 18:41 3

  • Le malheur est dans le blé

    Lucile Debaille

    5/10 Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, entend parler d’une sale histoire financière à Grenoble, dans laquelle trempe Rosy, une femme magnifique, vedette des journaux people. Son sang de céphalopode ne fait qu’un tour, et il décide de se rendre sur place pour tirer ça au clair.

    Deux-cent-quarantième enquête du Poulpe signée par Lucile Debaille, cet opus réunit les ingrédients qui plaisent aux fans de la série. Gabriel est toujours aussi attachant en fureteur décomplexé, prompt à démêler le vrai du faux à partir d’un simple fait divers, et perpétuellement en train de lutter contre les grandes injustices du monde. Le scénario est correct, plongeant cette fois notre détective dans les milieux obscurs de la finance, où nagent des personnages troubles. Certains passages, notamment lors des soirées sadomasochistes, sont assez croustillants. Cependant, on regrette que l’ensemble soit si convenu. Pas de grande envolée lyrique, de scène marquante, ni de réelle originalité dans le fond comme dans la forme. À part le rôle réel tenu par Rosy, toute l’histoire s’écoule, certes agréablement, mais sans réel émoi ni surprise.

    On achève donc ce roman avec un goût d’inachevé dans le palais. L’ouvrage est très honnête, remplissant sans mal le cahier des charges imposé, mais Lucile Debaille n’a malheureusement jamais réussi à hisser cette enquête au-dessus d’une imaginaire ligne de flottaison qui correspondrait à l’attente moyenne des lecteurs. C’est dommage.

    04/08/2014 à 14:11 2

  • Le Manchot à peau noire

    Philippe Declerck

    8/10 Le cadavre d’un Noir, massacré, vraisemblablement torturé, la main tranchée. Ce cas rappelle à Luc Mandoline un autre carnage : un autre Black supplicié et à qui on a tranché la langue. Aidé par quelques amis, celui que l’on connaît également sous le sobriquet de « L’Embaumeur » est bien décidé à tirer cela au clair.

    Philippe Declerck nous a séduits avec ses précédents ouvrages, notamment ceux consacrés à son personnage fétiche Olivier Béjot. Ici, il reprend le flambeau de la série consacrée à Luc Mandoline, et régale le lecteur. D’entrée de jeu, on est plongé dans cette histoire sombre et glauque, avec le convoyage d’une dépouille qui va vite se révéler suspecte. Par la suite, les rebondissements vont s’enchaîner en une véritable noria. Luc Mandoline goûtera à des amours soudaines et sanguines en la personne d’Amélia, et sera également poursuivi, battu, torturé, avant d’aller affronter ses propres démons lors de l’ultime épisode, dans un bordel ougandais. Philippe Declerck signe un roman particulièrement noir et nerveux convoquant sous sa plume des tyrans, des pays brutalisés, des enfants tourmentés, et des trafics nauséabonds. Un opus singulier et diablement efficace, qui démontre, s’il en était encore besoin, à la fois les qualités littéraires de son auteur ainsi que la fougue et la plasticité d’une série littéraire policière dont le grand intérêt ne se dément pas.

    31/07/2017 à 08:38 3

  • Le mangeur d'hommes

    R. L. Stine

    5/10 Une histoire sympathique, qui se laisse lire, avec l’enchaînement de péripéties attendues, et autres ressorts traditionnels, qui plairont certainement aux fans de R.L. Stine. Mais pour ma part, je suis beaucoup moins convaincu : certes, le style de l’écrivain demeure, mais le coup de la machine à écrire qui permet de réaliser ce qui s’y écrit, ça sent vraiment le réchauffé à mon goût. On a déjà vu, lu ou entendu ce genre de récit ailleurs, et un grand nombre de fois. Quant à l’épilogue, c’est indéniable, nul ne peut le voir venir, mais c’est également un point faible à mes yeux : c’est beaucoup trop capillotracté et inattendu, à tel point que cela pourrait même désarçonner voire susciter un sentiment d’être spolié chez le lecteur. Bref, à mes yeux, j’ai connu bien mieux dans la série.

    07/01/2018 à 00:06 1

  • Le Manoir aux secrets

    Camille Brissot

    7/10 Pepper et Armand sont de fidèles camarades. Pepper est une jeune fille bagarreuse et courageuse. Quand à Armand, frêle et timide, il peut, à volonté, se métamorphoser en araignée. Un peu par défi, tous les deux se rendent dans un manoir possédé par Misma Mesmer, une vieille femme sur laquelle plane de nombreuses rumeurs. C’est à peu près au même moment que surviennent des séries de cambriolages dans toute la ville…

    Même si Camille Brissot a déjà écrit par le passé, il s’agit ici de son premier roman policier. Il s’intègre d’ailleurs parfaitement dans la collection Heure noire. Le style y est vif et espiègle, et l’on prend un réel plaisir à sillonner ces mots. Pepper et Armand sont particulièrement sympathiques et attachants, et leur acolyte lors de cette aventure et enquête, Miranda, constitue un bon contrepoids. Au même titre, Misma Mesmer est un personnage singulier, qui réserve moult surprises, et au caractère bien trempé. L’histoire est bien imaginée et construite, et l’on parvient à l’épilogue sans avoir vu passer les pages. Finalement, cet opus aurait pu se montrer assez classique si Camille Brissot n’y avait pas ajouté cet élément surnaturel qu’est la transformation d’Armand en araignée. Cette métamorphose arrive dès les premières pages du roman et n’est finalement jamais expliquée (cependant, était-il possible de l’être ?). Les lecteurs disposent, certes de l’épilogue pour obtenir une piste d’élucidation, mais peut-être certains d’entre eux trouveront-ils ce passage un peu tardif, léger, voire saugrenu pour éclairer ce phénomène.

    Un bon petit polar pour la jeunesse, alerte et efficace, avec une histoire de métamorphe qui pourra éventuellement diviser, mais n’en demeure pas moins intéressante.

    04/05/2016 à 22:08 1

  • Le Manoir de l'écureuil, deuxième partie

    Serge Brussolo

    7/10 Suite et fin de ce diptyque, de la série « Agence 13 », consacrée à l’écrivaine Savannah Warlock, et qui débute par la lecture de ce journal intime rédigé par la mère de Mickie, Anne. On y découvre, avec force détails, un sacré pan de la vie d’Anne, de cette curieuse relation qu’elle va nouer avec la romancière, et comment ce duo a lentement basculé dans l’aliénation avant de déboucher sur le sort, plus précisément, de l’écrivaine. Serge Brussolo épate toujours autant avec le foisonnement de son imagination même, comme je l’avais signalé pour le tome précédent, il ne cède pas aux sirènes du débordement de ses innovations littéraires et scénaristiques, ce qui sert ici le récit. Nous avons donc une histoire moins clivante et fantasmagorique que d’autres, même si certains passages sont sacrément électriques (je pense notamment à ce fameux « jardin d’hiver » qui donne le titre alternatif de cette œuvre, à savoir cet endroit où les jeunes enfants étaient dressés pour devenir de redoutables tueurs primitifs sous la tutelle de Tsar Makorius). Bref, probablement pas le plus réussi des ouvrages de Serge Brussolo ni le plus représentatif d’entre eux, mais il n’en demeure pas moins une porte d’entrée intéressante sur sa bibliographie en plus de constituer un thriller réussi et très agréable à lire.

    15/04/2023 à 08:00 3

  • Le Manoir de l'écureuil, Première partie

    Serge Brussolo

    7/10 … ou comment Mickie Katz, pour ce quatrième tome de l’Agence 13, doit cette fois-ci s’occuper de la maison de Savannah Warlock. Cette femme, auteure de best-sellers policiers, avait sombré dans l’anonymat après s’être subitement éclipsée en traçant subitement dans le désert bordant sa maison isolée, mais la récente réussite au box-office de l’adaptation de l’un de ses livres l’a remise sur le devant de la scène. Une disposition testamentaire indique que sa maison d’édition continuera de bénéficier de royalties si sa demeure est entretenue, d’où le fait que l’on fait appel en urgence à Mickie afin qu’elle redonne de l’éclat à la maison. Sauf que rien ne semble si limpide : un agent littéraire aux allures de golden boy, l’ancien fondé de confiance de l’écrivaine, un ex policier, sans compter cette meute d’aficionados de Warlock qui se sont baptisés « Les Fils de la hyène » (d’où le titre alternatif de ce roman), et une sourde et énigmatique menace qui pèse sur les épaules de la jeune femme. Fan de Serge Brussolo, je découvre cet opus après avoir découvert qu’il était disponible gratuitement sur le site de l’auteur, et je me suis régalé. Son imagination sans limite, son ton maîtrisé tout en restant agréablement foutraque, l’exubérance de ses idées qui naissent et galopent tout au long du récit, pour un ouvrage certes court mais efficace, traversé de multiples références assumées à la culture américaine, où Serge Brussolo pose habilement les pions d’une histoire qui se clôt avec la découverte d’un courrier dont l’identité de l’émetteur va probablement plonger notre jeune héroïne dans une relecture de sa propre histoire familiale. Du bon Brussolo avec, une fois n’est pas coutume, plus de retenue que d’habitude de la part de l’auteur dans la profusion de ses idées.

    04/04/2022 à 17:28 3

  • Le Manoir de la terreur

    R. L. Stine

    6/10 Une histoire qui recycle l’histoire du Docteur Jekyll et Mister Hyde ainsi que la lycanthropie. Une histoire certes prenante et bien écrite, suffisamment efficace pour promettre quelques frissons à un jeune lectorat, mais qui ne m’a pas semblé suffisamment originale : il y avait tant à faire pour se démarquer de ces deux postulats, ce que R.L. Stine ne tente jamais. De même, la chute, tombant certes dans les deux dernières pages, est intéressante, mais elle en devient presque attendue, quand on connaît un peu les « tics » scénaristiques de l’écrivain.

    23/04/2017 à 08:36 1

  • Le Manoir des immortelles

    Thierry Jonquet

    8/10 Le commissaire Salarnier et ses hommes découvrent le corps d'un collègue médecin légiste sur un chantier, décapité. Un inconnu épie des hommes depuis la fenêtre de son appartement, les photographie et leur attribue des numéros pour les identifier. Ce même inconnu, qui se fait appeler Hadès, habite dans un manoir inquiétant qu'il partage avec une femme nommée Lola et avec laquelle il a des relations troubles...

    Impossible d'en dire plus sur Le Manoir des Immortelles sans trop en révéler. Thierry Jonquet, bien avant son terrifiant Mygale, a réussi un roman à la fois très court et particulièrement saisissant. L'intrigue est très dense, menée tambour battant, dénouant de façon machiavélique l'écheveau de cette histoire noire au possible. Les personnages sonnent parfaitement juste, avec notamment un tueur aux motifs qui ne seront dévoilés que dans les toutes dernières pages et un policier ravagé par les démons de sa vie personnelle.

    Peut-être un soupçon au-dessous de Mygale du point de vue de l'intrigue, mais il n'en reste pas moins que ce roman marquera durablement l'esprit du lecteur.

    27/06/2009 à 22:57 2

  • Le manuscrit de la mémère morte

    Louis Bellanti, Frédérique Vacher

    6/10 Un petit Poulpe bien sympathique. Rien d’extraordinaire, ni dans l’histoire, son déroulement ou les personnages, mais on passe un agréable moment en compagnie de Gabriel et de Cheryl à remonter à un drame ayant eu lieu lors de l’Occupation.

    26/08/2014 à 19:16 2

  • Le Marié perd la tête

    John Dickson Carr

    7/10 Je suis un fan de cet auteur, et ce fut un réel régal que découvrir et me plonger dans son premier roman, datant de 1930. Si j’ai dévoré l’histoire, prenante, et été enchanté par l’écriture nécessairement surannée, j’ai été un peu moins séduit par la résolution de l’intrigue. Elle est certes intéressante et ensorcelante, mais je n’y ai pas trouvé de véritable éclat de génie comme dans « Trois cercueils se refermeront » ou « La Chambre adente ». C’est donc très efficace et toujours aussi habile et intelligent, mais ça n’est pas mon ouvrage préféré de John Dickson Carr.

    11/08/2016 à 23:19 2

  • Le masque d'argile

    Serge Brussolo

    8/10 Un très bon roman, comme souvent chez Maître Brussolo : imaginatif, original, instruit, avec des personnages sacrément travaillés. J'en redemande !

    21/07/2010 à 09:02 1

  • Le Masque de la mort rouge

    Edgar Allan Poe

    8/10 Alors que la peste fait des ravages, le comte Prospero se décide à réunir un millier de ses amis dans « une de ses abbayes fortifiées », tout autant pour faire la fête que pour défier la maladie qui rôde à l’extérieur. Mais au bout du « cinquième ou sixième mois de sa retraite », l’ambiance change : est-ce à cause de cette angoissante horloge, ou de cette septième pièce où elle se trouve, plein ouest, « ensevelie de tentures de velours noir » ? Jusqu’à ce qu’un homme portant un certain masque rouge vienne faire éclater cette bulle fortifiée… Une excellente nouvelle, à l’atmosphère particulièrement bien étayée, où le côté angoissant intervient vite, d’ailleurs bien plus à l’intérieur de l’abbaye qu’à l’extérieur puisque cette histoire d’horloge instaure rondement cette chappe de doute et de prémonition du pire, et l’intervention finale de ce personnage éthéré achève le récit sur une note fantasmagorique bienvenue.

    09/06/2020 à 18:04