El Marco Modérateur

3260 votes

  • Apokalypse

    Patrick-Jérôme Lambert

    7/10 Il est difficile, devant ce genre d’ouvrage, de bouder son plaisir. Même si des poncifs ainsi qu’un manque d’austérité pourront nuire aux yeux de certains lecteurs, l’essentiel, voire plus, est bien présent : on ne s’ennuie pas un instant. Un bien bon moment de lecture, à la fois décomplexée et paradoxalement porteuse de réelles questions quant à la puissance nuisible des sectes.

    26/08/2012 à 10:47

  • Aux Portes de l'enfer

    Andrew Lane

    8/10 Il s’agit du quatrième opus de la série consacrée aux premières aventures de Sherlock Holmes écrite par Andrew Lane. On y retrouve un Sherlock adolescent déjà très hardi, sagace et doué pour observer les indices afin d’échafauder de solides théories. Comme dans les autres épisodes, on le voit avec plaisir entouré de Matty, jeune gamin des rues si aventureux, Rufus Stone, son tuteur aux allures de grognard qui lui inculque, entre autres, l’art du violon et du déguisement, ainsi que d’autres personnages tout aussi attachants. Ici, Sherlock ne va pas mener une ou deux investigations, mais trois, à la fois successives et en même temps enchevêtrées. L’extorsion de la domestique va le mener à découvrir une vendetta lancée contre Virginia et Crowe – vengeance remontant à l’époque où ce dernier était encore chasseur de primes, qui elle-même lui fera prouver l’innocence de la sœur d’un redoutable chef de gang. Andrew Lane connaît de toute évidence le public auquel il s’adresse et sait le tenir en haleine avec de malins jeux de piste, rébus et autres petits sortilèges pour l’intellect. Les pages défilent presque d’elle-même, nous faisant croiser des individus sordides comme Harkness, à la fois maître chanteur et tanneur, Scobell, qui en veut tant à Crowe, ou Macfarlane, leader d’un groupe de bandits.

    Avec ces trois enquêtes pour le prix d’une, Andrew Lane nous comble, d’autant qu’elles sont réussies et prenantes. Et les fans se réjouiront d’autant que le premier chapitre du cinquième épisode, encore inédit en France, Snake Bit, nous dévoile un malheureux Sherlock Holmes coupé des siens, apparaissant comme par magie sur un navire voguant vers la Chine et où l’attend un mystérieux serpent capable de tuer de son venin trois cibles différentes en même temps et en trois lieux différents (cf. la couverture du roman en langue anglaise).

    08/09/2015 à 20:00

  • L'Ombre de la mort

    Andrew Lane

    7/10 Sherlock Holmes n’est encore que bien jeune quand il est extrait de son pensionnat pour rejoindre la maison de ses oncle et tante. Sur place, il se lie d’amitié avec Matty Arnatt, un gamin des rues, qui lui narre une étrange histoire : il a été le témoin d’un mystérieux nuage quittant un appartement où venait d’être commis un meurtre. Puis ce sont d’autres morts brutales, apparemment liées à une maladie monstrueuse, qui vont avoir lieu.

    En proposant une jeunesse, et donc un second souffle au personnage de Sherlock Holmes, le célébrissime limier créé par Arthur Conan Doyle, Andrew Lane s’était lancé un défi phénoménal. Au gré du premier opus de cette série, l’auteur propose une histoire très intéressante, prenante et bien menée, où sa plume régale le lecteur. Les ambiances, lieux et coutumes sont parfaitement retranscrits, et l’on suit avec un plaisir réel l’enquête d’un juvénile Sherlock. D’ailleurs, l’épilogue, avec la mention de la Chambre du Paradol, est une invitation à suivre ses prochaines aventures. L’investigation est intelligente, mais l’on ne regrette finalement qu’un seul point : c’est le manque relatif de panache intellectuel de Sherlock : beaucoup des observations, déductions et autres finesses cérébrales sont souvent plus dues à son tuteur Crowe, qu’à lui. Certes, on ne pouvait probablement pas demander à Andrew Lane d’en faire, dès son jeune âge, un être déjà perspicace et brillant comme il le sera à sa période adulte, au risque de casser toute crédibilité. Cependant, il convient de rappeler que cette saga est destinée à la jeunesse et doit donc demeurer accessible.

    Avec ce héros en quelque sorte réinventé, Andrew Lane réussit son challenge, dès lors que l’on garde à l’esprit qu’il est là pour des lecteurs encore novices en matière de littérature policière. Ces derniers pardonneront donc sans mal à l’auteur ce que des adultes pourront considérer comme une hérésie, et poursuivront cette série qui se montre immédiatement attachante, avec son protagoniste intrépide et son écriture visuelle.

    02/10/2013 à 20:26

  • Juillet de sang

    Joe R. Lansdale

    9/10 Richard Dane, encadreur, mène une vie tranquille avec son épouse et son fils. Un cambrioleur pénètre chez lui, et Richard le tue en état de légitime défense. Les policiers ne doutent pas de sa version des faits, tout est si clair que l’affaire est classée. Mais le père du voleur vient rôder près de la famille Dane. Trame-t-il une vengeance ? Et si toute cette histoire était encore plus compliquée que prévue ?

    Avec son style inimitable, Joe R. Lansdale sait surprendre le lecteur. De prime abord, tout a déjà été écrit, voire vu au cinéma. Pourtant, l’auteur a organisé de solides rebondissements qui sauront électriser le récit. À partir de personnages simples et crédibles et pourtant denses, Joe R. Lansdalea su bâtir un scénario prenant. L’ensemble y sonne juste, presque inspiré d’un énième fait divers, avant de se catapulter dans une direction absolument inattendue. Et là, une nouvelle magie opère. Les mots claquent, le suspense s’accroît, et de nouveaux protagonistes apparaissent, dont un détective privé, Jim Bob, inénarrable d’humour et d’efficacité. Le roman en vient à conjuguer les qualités du thriller bien sombre et de la cocasserie dans les dialogues, tout en conservant une ferme base de crédibilité.

    Un roman étonnant et singulier, divertissant au possible, où la délassement engendré s’allie à la nécessaire réflexion quant à la légitime défense et aux responsabilités familiales, comme indiqué avec autant de concision que de pertinence dans les dernières lignes.

    22/09/2014 à 18:52 7

  • Les Enfants du rasoir

    Joe R. Lansdale

    5/10 Becky et Monty décident de prendre quelques vacances au bord d'un lac, leur couple battant de l'aile depuis que la jeune femme a été victime d'un viol. Mais si le responsable s'est suicidé en prison en se pendant, un de ses anciens acolytes, Brian, un adolescent au comportement monstrueux et atterré par la disparition de son ami, est fermement décidé à faire payer à Becky sa part de responsabilité. D'autant que cette dernière commence à vivre des cauchemars étranges qui s'apparentent fortement à des visions prémonitoires…

    Auteur principalement de romans noirs et de thrillers, Joe R. Lansdale s'essaie ici au thriller fantastique, dans une veine que ne renierait pas Stephen King. Le roman est court et enlevé, le style concis et vif, et l'ensemble se lit rapidement sans que le lecteur n'ait le temps de décrocher. Malheureusement, Joe R. Lansdale tombe souvent dans la facilité, avec une certaine complaisance dans les descriptions crues, du sexe à la violence. Par ailleurs, malgré d'indubitables qualités, le lecteur ne trouvera que peu de rebondissements et de surprises, en dépit d'une linéarité du récit brisée par les flash-back et l'alternance de points de vue. De même, l'emploi de l'élément fantastique est sous-exploité pour n'être que saupoudré, d'où cette impression tenace de manque ou d'inachèvement.

    Au final, Les enfants du rasoir est un thriller correct, sans plus, qui se lira rapidement mais s'oubliera à la même vitesse.

    21/04/2009 à 10:14 2

  • Les Marécages

    Joe R. Lansdale

    9/10 Dans les années 1930. Harry est le fils du constable – le représentant local de la loi – dans une petite bourgade où s'entrechoquent de bien tristes réalités, principalement le racisme ordinaire attisé par le Ku Klux Klan et la Grande Dépression économique. Un jour qu'il se promène dans les marécages limitrophes, Harry croise la route de l'Homme-Chèvre, un être légendaire qui rôde la nuit, et découvre le corps atrocement mutilé d'une femme noire, bâillonnée avec des fils barbelés. Qui est le meurtrier ? Un ancien soldat de la Première Guerre Mondiale n'ayant pas réussi à se reconvertir dans la vie civile ? Un "ambulant", c'est-à-dire un tueur en série sans que l'on sache à l'époque cerner les profils psychologiques de ce type de meurtriers ? Un hobo, un errant profitant en toute clandestinité des trains pour se déplacer ? Le crime ne suscite pas de véritable émoi chez la population en raison de la couleur de peau de la victime, mais l'enquête prend une toute autre envergure quand on découvre le cadavre d'une femme blanche…

    Auteur de romans noirs et de thrillers ainsi que d'un roman fantastique, Les enfants du rasoir, Joe R. Lansdale livre avec Les marécages une œuvre forte et prenante. L'ambiance des années 1930 est parfaitement rendue, les personnages sont nombreux et savoureux, et l'intrigue très bien menée. Alternant les moments d'investigation pure avec les ébauches du profilage, l'émotion avec la pure terreur, l'écrivain parvient à maintenir en haleine le lecteur et ce jusqu'aux dernières pages. Par ailleurs, au-delà du suspense savamment entretenu, ce qui retient l'attention demeure la dimension humaine des protagonistes, et plus particulièrement ceux de la famille d'Harry : cette quête fera entrer le garçonnet dans le monde brutal et cynique des adultes, quête dont il ne sortira pas indemne. C'est enfin une remarquable dénonciation du racisme, faite de manière intelligente et poignante, au point que certaines scènes ne pourront qu'émouvoir le lecteur.

    Au final, Les Marécages est un remarquable roman, à la fois barbare et touchant, qui marquera durablement les esprits.

    13/09/2009 à 18:04 5

  • Un Froid d'enfer

    Joe R. Lansdale

    6/10 Bill Roberts et deux de ses amis attaquent un vendeur de pétards pour lui voler son argent. Malheureusement, l’opération tourne au désastre : le commerçant est tué, leur voiture est victime d’un accident de la route, les deux camarades de Bill trouvent la mort et le shérif qui s’était lancé à leur poursuite se tue accidentellement. Le sort semble décidément s’acharner sur Bill dont le visage est complètement déformé par des piqûres de moustiques. C’est alors qu’il tombe sur un cirque itinérant regroupant des montres de foire ainsi qu’une beauté sculpturale : Gidget.

    Un froid d’enfer est le prototype même du roman noir à l’ancienne, avec ses personnages si particuliers : le criminel raté et malchanceux, la femme fatale, une situation qui échappe complètement aux protagonistes… Sur ce canevas, Joe R Lansdale a bâti un roman très original dans sa forme : le vocabulaire employé par l’auteur est direct et argotique, avec des scènes de sexe décrites de façon très crue. Les personnages des « freaks » sont marquants : l’homme-chien, l’homme des glaces, les siamois, la femme à barbe, exploitant les clichés du genre tout en donnant aux individus de fortes personnalités. L’humour et le cynisme de l’auteur font des merveilles, donnant parfois au récit un ton décalé et parodique qui ravira les fans du genre.

    Pour conclure, Un froid d’enfer est un bon roman noir, un peu trop classique pour ce qui est du fond, mais insolite dans la forme, offrant aux fans du genre un agréable moment de lecture.

    11/03/2008 à 15:15 1

  • Sous la pluie

    Antonio Lanzetta

    7/10 Matteo n’est plus. Il repose à la morgue, le visage presque entièrement soufflé par le tir d’une arme à feu, et son frère, Nicola, policier, ne peut que pleurer l’absence. Matteo était un être assez fragile, homosexuel, au physique à la limite du féminin, et l’écrivain qu’il était paraissait avoir du mal à écrire son deuxième opus après le succès du premier. Qui l’a tué ? Et pourquoi ? La piste d’un petit malfrat, peut-être son ancien amant, semble être la bonne, mais Nicola, menant l’enquête en parallèle des carabiniers officiellement mandatés pour le faire, n’est pas au bout de ses surprises.
    Je découvre Antonio Lanzetta avec cette nouvelle que je trouve réussie. La concision du récit sert l’entame de l’intrigue, où les découvertes et rebondissements se multiplient. La langue de l’auteur est à la fois belle, sombre, tout en se ruant à l’essentiel. Nicola va ensuite découvrir l’envers du décor, en plongeant notamment dans le passé de son défunt frère, depuis ses failles existentielles jusqu’à son appétit d’écriture, en passant par certaines informations insoupçonnées. Le cœur de l’intrigue ne révolutionne clairement pas le genre – il en vient même à cumuler plusieurs éléments dont aucun n’est clairement novateur tant ils ont été exploités au cinéma, à la télévision et en littérature, mais la puissance de percussion et la plume d’Antonio Lanzetta m’ont néanmoins séduit. Une agréable nouvelle, noire au possible, et qui se distingue selon moi plus par sa forme que par son fond, ne trouvant l’explication du titre que dans les toutes dernières lignes.

    05/07/2020 à 19:43 2

  • L'Africaine du Havre

    Léo Lapointe

    7/10 Une vieille femme, héritière d’une immense fortune, est découverte morte dans son appartement du Havre. La malheureuse se trouvait dans sa baignoire et était probablement décédée depuis des jours, voire des semaines. À ses côtés, sa dame de compagnie, une énigmatique Africaine qui semble se prénommer Janet, sans âge ni passé, dont les voisins ne savent strictement rien. Le fils de la morte, un promoteur immobilier, avait tout intérêt à ce que sa mère décède rapidement pour éponger ses dettes. Il faudra l’entraide d’un jeune policier et d’une journaliste aventureuse pour dénouer les fils d’une intrigue plus complexe que ne le laissent augurer les apparences.

    Quatrième ouvrage de Léo Lapointe après Le Vagabond de la baie de Somme, La Tour de Lille et Mort sur la Lys, cette Africaine du Havre débute comme un drame social. Une Noire, méprisée par les commerçants et habitants du Havre, pour ainsi dire recluse dans l’appartement qu’occupe son employeuse, confite dans l’indigence et le silence. Le récit est court, environ cent soixante pages, et Léo Lapointe sait planter rapidement un décor et des personnages, même si la concision de l’ouvrage l’empêche d’approfondir les caractères des personnages. Une énigmatique servante, une dame âgée décédée mystérieusement, et un fils qui ne pouvait rêver mieux que le trépas de sa génitrice : les protagonistes, et donc les suspects potentiels, sont très peu nombreux. L’intrigue semble donc aisée à résoudre, au moins de prime abord. Cependant, Léo Lapointe a axé son histoire tout autant sur l’aspect policier que sur sa dimension sociale. Par transparence, c’est également le procès ordinaire du racisme qui s’y tient, du plus ordinaire – les ragots et commentaires à l’encontre de Janet sont à cet égard féroces – jusqu’au plus élaboré, à travers notamment l’analyse des réseaux d’immigration clandestine. La charge de l’auteur à l’encontre des politiques migratoires et du comportement des citoyens français est bien sentie, mais elle pâtit souvent d’un trait forcé, au point que Le Havre, ses boutiques et son commissariat ne semblent être peuplés que de xénophobes : un peu plus de mesure ou de finesse n’aurait pu que servir les propos de Léo Lapointe. Néanmoins, le message, certes outré, passe, notamment grâce à la plume si élégante et lapidaire de l’écrivain. Par ailleurs, le final réserve un rebondissement surprenant et intelligent, conséquence désespérante de la misère humaine.

    Voilà un roman qui tient tout autant du pamphlet sociétal que du polar. Si les traits de sa plume sont parfois un peu trop appuyés, Léo Lapointe convainc néanmoins grâce à un rythme narratif soutenu et un scénario original.

    07/02/2012 à 20:17

  • Sauvage Marquenterre

    Léo Lapointe

    8/10 Un corps vient d’être découvert dans le parc du Marquenterre. Malgré les atroces blessures laissées sur le cadavre par les sangliers, son identification aboutit rapidement : Casimir de Waben, un homme d’affaires qui allait faire construire dans les parages un grand complexe hôtelier. C’est à l’adjudant de gendarmerie Paul Beauvillain que revient la tâche d’éclaircir ce crime. Et les suspects ne manquent pas…

    Après Le Vagabond de la baie de Somme, nous retrouvons Beauvillain dans cette nouvelle enquête. Toujours à la plume, Léo Lapointe nous enchante. Une écriture exquise, un pur bonheur, où l’on sent sans le moindre mal l’amour de l’auteur pour cette région si farouche, et qui recèle de bien étranges personnages. Puisque l’on parle de ça, les suspects sont nombreux : le meurtre serait-il l’œuvre de militants écologistes opposés à l’édification de l’hôtel ? Un des nombreux salariés ? Un membre de la concurrence ? Et que dire de ce mystérieux ermite qui hanterait les lieux ? Avec l’aide de son ami et collègue, le brigadier Bernard Tarteron, surnommé TdB, Beauvillain devra déployer des trésors d’intelligence et de pugnacité pour remonter la piste de l’assassin. Un véritable nœud où se croisent des intérêts contradictoires, depuis la préservation de l’environnement jusqu’à l’appât du gain. Un roman très procédural, ancré sur le quotidien très crédible et détaillé d’un OPJ, avec les protocoles, les procédures, les interrogatoires, l’épluchage intensif et minutieux des indices. Un entrelacs où Léo Lapointe sait semer des dialogues amusants, voire savoureux, et glissant quelques clins d’œil, comme ces protagonistes portant des noms d’autres auteurs et certainement des amis à lui (Jean-Christophe Macquet, Michel Vigneron, J. Wouters ou Claude Vasseur), tous ayant publié des ouvrages chez Ravet-Anceau. Un récit fort et prenant, plausible de bout en bout, réservant quelques belles scènes, comme cette attaque de goélands contre laquelle l’adjudant doit user de son arme de service pour protéger ce qui reste d’un cadavre, ou ce moment éthéré, presque touché par la grâce, au cours duquel il voit un François d’Assise moderne en pleine communion avec des oiseaux.

    Un roman à suspense maîtrisé et attachant, qui se conclut sur une belle page, poignante, de cavale avortée.

    18/07/2019 à 22:52 2

  • Le Mystère du cercle rouge

    Maurice Laporte

    7/10 La collection André Renard est en vente à l’Hôtel Drouot. Cet ancien diplomate, enrichi subitement par le décès d’un riche oncle, a fait l’acquisition de nombreuses toiles de maîtres, mais celle qui déchaîne les passions, c’est une malheureuse croûte sans titre ni auteur, qui tombe finalement pour cinq cent mille francs ! Le commissaire Labart, présent dans la salle, est dubitatif, mais il l’est encore davantage quand l’acheteur, un Japonais, est aussitôt retrouvé mort tandis que le tableau a disparu. L’ombre de Théodore Rouma, cambrioleur aimable et avateur d’Arsène Lupin, n’est guère loin…
    Au programme de cette nouvelle joliment troussée : une histoire d’espionnage, un enlèvement, un amateur de courses hippiques, un mystérieux « code Z », un ministre des affaires aux abois, et pas mal de manipulations, pièges et autres usurpations d’identité. Le héros, Rouma, est bien sympathique dans son rôle de justicier détestant le sang ainsi que les armes à feu. Si l’ensemble est très agréable à lire et à suivre, je regrette en revanche que ce fameux Rouma n’apparaisse (sous sa véritable identité) que trop peu, et que son personnage soit trop proche de celui d’Arsène Lupin, ratant donc un peu le coche d’une forme d’originalité.

    11/11/2021 à 07:41 1

  • Chasseur de voleurs

    Agnès Laroche

    8/10 Sam, en fauteuil roulant, doit s’occuper de Maurice, le bouledogue de sa tante, pendant une quinzaine de jours. En compagnie de Nina et d’Agathe, à la fois sœurs et ses meilleures amies, ils décident d’aller au parc lorsqu’ils surprennent l’étrange manège d’un ado qui dissimule des affaires derrière un bosquet. Un voleur, et pris sur le fait ! Et si la réalité était un peu plus compliquée que ça ?

    Ce troisième opus de la série des apprentis détectives reprend, pour notre plus grand plaisir, les ingrédients qui ont fait le succès des précédents opus, à savoir Juju a disparu et Enquête et pickpocket. On retrouve la plume si enjouée d’Agnès Laroche, avec ses protagonistes fétiches, cette fois-ci aux prises avec un pickpocket. Le récit est court (environ quatre-vingts pages, joliment illustrées par Clotka) et ne ménage aucun temps mort. Nos héros, d’abord enthousiastes à l’idée d’avoir à leurs côtés un possible chien détective (sauf Nina, la sœur aînée, qui le trouve moche et lui reproche cette bave qui sort en permanence de sa gueule), vont être confrontés à ce mystérieux vol d’affaires, puis au contenu pour le moins alarmant du sac, avant de voir, progressivement, le brouillard se dissiper. Un ton alerte, très plaisant, sans la moindre fausse note ni violence, qui fait que les pages défilent à toute allure jusqu’à l’épilogue, nécessairement heureux et moral, sans être pour autant niais et moralisateur.

    Encore une réussite de la part d’Agnès Laroche, à qui l’on doit également d’autres ouvrages plus que recommandables pour la jeunesse, comme Le Fantôme de Sarah Fisher, Tu vas payer ou Cœurs en fuite.

    13/10/2019 à 07:14 1

  • Coeurs en fuite

    Agnès Laroche

    8/10 Alex et Jade s’aiment, mais leurs familles respectives ont déjà eu maille à partir. Le père d’Alex est un mafieux, surnommé « L’Intouchable », que le papa de Jade a déjà tenté de faire tomber avant de se faire sévèrement agresser au couteau. Les deux adolescents décident de partir ensemble, et ils montent une habile machination : créer de toutes pièces un faux kidnapping et s’enfuir avec l’argent de la rançon. Mais rien ne va se passer comme prévu.

    D’Agnès Laroche, nous avons déjà beaucoup apprécié Murder Party, Le Fantôme de Sarah Fisher ou Tu vas payer. A chaque fois, des ambiances et des trames différentes, mais un point commun indéniable : le succès. C’est également le cas ici. D’entrée de jeu, le lecteur est pris par l’histoire, sobre et bien menée, qui restitue avec intelligence et retenue l’amour entre Alex et Jade, deux lycéens fort crédibles pour lesquels on ne peut que nourrir de la sympathie et de l’empathie. L’histoire est également bien troussée, avec son lot de rebondissements. L’enlèvement conspiré est habilement construit, et, on s’en doute vite, des événements non prévus vont venir contrarier la cavale des deux épris vers les Philippines. Le style est très agréable, faisant bien ressortir les personnalités des uns et des autres, et la psychologie des protagonistes adroitement analysée. Le roman panache le sentimental et le policier au gré des péripéties, et jamais le suspense ne retombe.

    Une énième réussite de la part d’Agnès Laroche dont on ne peut que louer le talent littéraire et la constance.

    21/02/2018 à 18:24 2

  • Duo pour une enquête

    Agnès Laroche

    7/10 Agnès Laroche s’est fait un nom en matière de littérature jeunesse. Murder Party, Le Fantôme de Sarah Fisher, Sauve-toi Nora ! et Tu vas payer ont marqué les esprits par des intrigues originales et une plume excellente. Ici, l’écrivaine signe un roman fort sympathique. On découvre donc un jeune enquêteur improvisé qui, pour les beaux yeux de celle qu’il courtise, se lance dans une investigation dangereuse. Les personnages sont attachants, avec une mention particulière pour Violette, juvénile violoniste que le bégaiement a rendu très discrète. L’intrigue n’est en soi pas inoubliable mais permet de passer un agréable moment, amenant le lecteur vers une histoire de musiciens voleurs.

    Si l’on peut nettement préférer ses romans précédents, ce Duo pour une enquête n’en reste pas moins assez réussi. Agnès Laroche reste l’une des valeurs sûres de la littérature policière pour la jeunesse. À noter la sortie très récente de son dernier ouvrage, La Nuit des magiciens.

    08/09/2015 à 20:11

  • Enlèvement au château

    Agnès Laroche

    8/10 Tu incarnes Marcus, un adolescent de douze ans, qui, comme tant d’autres invités, se rend au château de la Libarde. L’hôte, Nils Chamberlain, va peut-être remettre un prix de journalisme à ta sœur June. Ce manoir a été autrefois le théâtre d’un événement tragique : l’assassinat du peintre Solal Chanzy. Mais voilà : Nils Chamberlain disparaît quelques minutes avant son allocution. A toi de comprendre ce qui lui est arrivé !

    On connaît déjà fort bien Agnès Laroche, avec notamment ses très réussis Le Fantôme de Sarah Fisher, Sauve-toi Nora !, Cœurs en fuite ou Chasseur de voleurs. Elle a également lancé la collection Les mystères dont vous êtes les héros, dont cet Enlèvement au château fait partie. Le genre est connu : il s’agit de prendre la place du protagoniste et, au gré de ce livre-jeu, de faire les bons choix tout en sollicitant ses petites cellules grises afin de venir à bout des énigmes. Agnès Laroche nous avait déjà séduits avec Mission exploration ou encore Le Parc de l’épouvante, et ce tome est tout aussi réussi. Des situations intrigantes, des lieux inquiétants, des indices disséminés, une ambiance très whodunit et une belle arborescence de possibilités, certaines débouchant sur des échecs, d’autres sur des succès. Comme il l’est indiqué sur la première de couverture, vingt-quatre fins s’offrent à nous, et c’est justement tout le sel de ce type d’ouvrages : se relancer dans la lecture – voire l’action, puisque le lecteur est partie prenante du déroulé du récit – afin de tester les diverses alternatives, certaines n’offrant qu’une semi-réussite agrémentée d’un « Pas mal ».

    Un livre très prenant et réussi, nous replongeant en jeunesse avec délectation.

    13/08/2022 à 10:40 1

  • Enquête et pickpocket

    Agnès Laroche

    8/10 Lors d’une soirée où se produit un illusionniste, Sam, Agathe et Nina sont confrontés à une histoire singulière : il semble qu’un pickpocket vole des objets durant le spectacle. Passionnés de magie, les jeunes limiers vont mener l’enquête…

    Après Juju a disparu, Agnès Laroche signe ce deuxième opus des apprentis détectives. C’est avec un réel plaisir que l’on retrouve donc ce trio d’investigateurs, malicieux et entêtés, alors qu’ils doivent faire face à une intrigue inaccoutumée. Comme dans leur précédente aventure, il n’y a pas de sang ni de violence, et l’on a une intrigue atypique, plaisante comme ça n’est guère permis, à mettre donc entre toutes les mains. Et quand survient l’ultime rebondissement, on ne peut être que séduit, encore plus qu’avec la lecture de Juju a disparu, par son originalité et son caractère particulièrement imprévu.

    Un récit court et pétillant, astucieux et prenant, pour un bon moment de lecture distractive. On en redemande !

    04/02/2019 à 16:53 3

  • Juju a disparu

    Agnès Laroche

    7/10 Sam se rêve détective privé, et ce n’est pas son jeune âge et son handicap – il est dans un fauteuil depuis un accident de voiture – qui peuvent refroidir ses ardeurs. Il fait la rencontre d’Agathe et Nina, ses nouvelles voisines, et c’est à ce moment-là qu’il apprend que la sympathique Juju, une retraitée qui aime nourrir les animaux au parc Trompette, a disparu. Ni une ni deux, et encore moins trois, le trio de limiers se met à enquêter.

    Ce premier tome des apprentis détectives séduit immédiatement. Ton alerte, écriture simple et efficace, personnages attachants, Agnès Laroche prend la main de ses (jeunes) lecteurs pour ne plus jamais la lâcher. Qu’est-il donc advenu de la gentille Juju ? A-t-elle été enlevée ? Pourquoi retrouve-t-on certains de ses effets dans le jardin ? Pourquoi la traînée de graines de tournesol s’arrête-t-elle subitement sur le trottoir ? Ce sera un foulard constellé de licornes appartenant à la disparue qui mettra les enquêteurs sur la piste. L’écrivaine parvient à rendre l’intrigue intéressante et efficace sans pour autant user des sempiternelles ficelles de la littérature policière, avec donc de l’originalité, et également sans faire couler la moindre goutte de sang. De l’humour, de l’espièglerie, et un suspense pour autant solide, pour ce roman pertinent et atypique, qui constitue un petit régal.

    03/12/2018 à 16:52 2

  • La Maison de l'angoisse

    Agnès Laroche

    8/10 La soirée s’annonce sympathique pour Mortimer : il est avec sa copine Aglaé, son chat Frisson, sous la surveillance de Clarabelle, sa sœur. Et quand cette dernière déclare aux enfants qu’elle les laisse pour participer à une soirée entre amis non loin de là, la perspective de festivités encore plus avantageuses apparaît ! Sauf que tout ne va pas se dérouler comme prévu.

    Agnès Laroche, dont on connaît déjà, entre autres, les très bons Murder Party, Le Fantôme de Sarah Fisher ou Tu vas payer, a signé une série consacrée à Mortimer. On retrouve tous les éléments nécessaires à ce que l’attention des jeunes lecteurs soit happée du début à la fin : des personnages agréables et auxquels on peut aisément s’identifier, une écriture simple et efficace, et une tension qui ne retombe jamais. Les divers événements mis en scène le sont avec intelligence et à-propos : l’énigmatique importun, les bruits étranges dans la maison, l’intrusion de souris, la coupure d’électricité, le tonnerre, etc. Finalement, l’épilogue sera heureux et inattendu.

    Typiquement, l’ouvrage à suspense à conseiller aux plus juvéniles, car tout y est : l’écriture prenante et séduisante, les péripéties à faire trembler les gamins, et une bienvenue dose d’humour. Avec ce très court roman, Agnès Laroche enthousiasme autant qu’elle donne envie de lire les autres bouquins de cette série.

    01/04/2017 à 09:27 1

  • La Nuit des magiciens

    Agnès Laroche

    7/10 Malo et ses parents partent en vacances dans un camping non loin de leur domicile. Sur place, l’écolier a la surprise, plus que la joie, d’y retrouver Barnabé, un camarade, mythomane assidu. Mais ce qui est plus embêtant est que quelqu’un profite des spectacles d’un magicien, Matteo Matteoni, pour cambrioler tentes et caravanes.

    Agnès Laroche accroche d’entrée de jeu son lectorat – jeune, essentiellement – dès les premières pages de ce nouveau roman. Le ton y est enlevé, espiègle, et l’on s’attache avec jubilation aux divers personnages. Plus précisément, si Malo est un gamin malin et enjoué, c’est surtout son copain Barnabé qui retient l’attention. D’abord détestable par ses mensonges éhontés, il devient rapidement sympathique, voire le personnage le plus enthousiasmant de ce récit. Toujours avec humour, Agnès Laroche développe une histoire prenante autour de ce cas – certes classique mais efficace – de cambriolages à répétition que notre duo d’enquêteurs en culotte courte va démêler avec beaucoup de sang-froid et d’intelligence.

    Le Fantôme de Sarah Fisher et un esprit enquêtant sur son propre décès, Tu vas payer et la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, Sauve-toi Nora ! et un gamin en proie à un phénomène extralucide… Rares sont les auteurs pour la jeunesse ayant su élargir à ce point le spectre des sujets abordés tout en marquant durablement l’esprit des lecteurs ; Agnès Laroche en fait indéniablement partie. Et ce nouvel opus, divertissant et séduisant, confirme ce qui semble s’apparenter à une routine concernant cette écrivaine, une accoutumance plus qu’une simple habitude, et nul ne s’en plaindra.

    26/07/2016 à 08:36

  • Le Diamant et le brigand

    Agnès Laroche

    8/10 Alors que Sam, Nina et Agathe se rendent aux Gourmandines, un salon dédié à la gourmandise, leur chien Maurice s’échappe pour ne revenir que plus tard à la maison, un diamant dans la bouche. D’où vient cette pierre précieuse ? A qui l’animal l’a-t-il prise ? De nouveau, nos jeunes héros se commuent en détectives.

    Voici une autre aventure des apprentis détectives, et Agnès Laroche nous régale encore une fois. Un opus fort court (environ quatre-vingts pages), et, ce qui caractérise d’ailleurs cette série, pas le moindre aspect dérageant : aucun meurtre, pas de véritable sueur froide, pas la moindre goutte de sang ni violence. Pourtant, le registre demeure clairement policier, et le suspense est bien présent. Nous retrouvons ici notre trio de si sympathiques limiers, avec Sam en fauteuil roulant, Nina et sa sœur cadette Agathe, sans compter le facétieux Maurice, avec cette intrigue tournant autour de ce bijou dont ils ignorent l’identité du propriétaire ainsi que les circonstances au cours desquelles le quadripède l’a gobé. Agnès Laroche maîtrise son art et sa plume, sachant parfaitement les ajuster au public – jeune – auquel elle s’adresse, et les ressorts correspondent complètement à la trame attendue, avec des hypothèses, des observations, des personnes interrogées. Le final s’insère avec intelligence au cadre global de la recherche, avec bienveillance et happy end, ce qui ne manquera pas de satisfaire largement le lectorat visé.

    Un autre roman très réussi pour cette série, proposant une aventure policière fort aimable et efficace.

    17/12/2021 à 07:55 2