El Marco Modérateur

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  • De Sable et de sang

    Philippe Delaby, Jean Dufaux

    7/10 L’Empereur Claude vient de mourir, et son successeur est déjà connu : Néron, 17 ans. Ce dernier une passion dévorante et absolue pour Acté, une prostituée qu’il arrache des griffes de son maître, tandis que sa mère, Agrippine, tisse en toute discrétion les fils du pouvoir. Sexe, politique, machination, combats de gladiateurs, violence, la mort de Britannicus : une lecture dynamique et très sombre de l’histoire antique de Rome, avec beaucoup de talent tant esthétique que scénaristique. Pas certain que je me souviendrai longtemps de cet opus, mais il n’en demeure pas moins fort réussi.

    23/07/2021 à 08:30 1

  • Les Naufragés de la discorde

    Jock Serong

    8/10 En 1797, le Sydney Cove, un bateau transportant de belles quantités de marchandises, s’échoue après quatre-vingt-onze jours de déplacement. Les naufragés vont parcourir des centaines de kilomètres dans des paysages australiens hostiles et peuplés d’autochtones pas nécessairement amicaux, et, des dix-sept membres de l’équipage, seuls trois seront finalement sauvés. Le problème, c’est que rapidement, les versions des rescapés présentent des divergences, voire des anomalies. Le lieutenant Joshua Grayling doit interroger ces hommes et comprendre ce que l’on cherche à lui dissimuler.

    Ce roman de Jock Serong est un petit bijou. Avec un style élégant et une langue collant avec merveille à l’époque des faits, l’auteur effectue, avec beaucoup de tact et d’intelligence, une relecture de cet authentique naufrage. C’est ainsi que, à travers les yeux de Joshua Grayling, on découvre le journal de bord de Clark, l’un des survivants, et ainsi le déroulé du périple marin, l’épisode en chaloupe et la longue traversée des terres hostiles, avec les efforts inouïs pour survivre, les tensions, les rencontres fâcheuses et heureuses, avec le sauvetage par un bateau de pêche. Néanmoins, quand les premières zones d’ombre, voire contradictions, naissent en comparant ces propos à ceux de Figge, marchand de thé, et Srinivas, lascar bengali, notre enquêteur comprend que la version officielle n’est pas la bonne. Le suspense est habilement mené, et Jock Serong, qui s’est solidement documenté sur ce fait divers ainsi que sur l’histoire de l’Australie et le monde de la navigation commerciale, maîtrise son sujet sans jamais rendre sa science pesante. L’écrivain mêle d’ailleurs plusieurs thématiques, du polar pur au récit d’aventures, en passant par des passages proches de la littérature blanche. Les personnages sont également très réussis, depuis Grayling en limier tenace et qui sera férocement affecté par cette histoire, jusqu’à son épouse Charlotte, sérieusement malade au début du roman (avec des meurtrissures étranges sur le corps, un énorme bubon dans le cou et une paralysie des jambes qui va en s’aggravant) avant que son salut n’arrive grâce à Figge lui-même. D’ailleurs, ce dernier, monstre retors et machiavélique, à l’identité douteuse et capable des pires atrocités, n’est pas sans rappeler Henry Drax, l’ignoble protagoniste de Dans les eaux du Grand Nord, d’Ian McGuire. Et au final, il n’y a peut-être qu’un seul point que l’on peut regretter : le fait de connaître si tôt le côté diabolique – donc criminel – de Figge, ce qui amenuise en partie le suspense.

    Un récit fort et palpitant, panachant les pires violences et de belles touches d’humanité. Rien que l’épilogue, en plusieurs temps, est un régal : sombre, inattendu et ouvert. En un seul roman, Jock Serong s’impose comme un nom à suivre de très près.

    22/07/2021 à 08:27 4

  • La Lance de Lug

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    8/10 L’assassin cagoulé du dernier moine, frère Thomas, parvient à échapper à Gwenc’hlan, et l’on débouche sur une sorte de chasse au trésor, après la « Lance de Lug », un objet surpuissant aux pouvoirs phénoménaux. Un étrange arbre de vie dessiné, des mercenaires saxons, un monastère ravagé sous les ruines duquel se trouve la bibliothèque des druides… Encore pas mal de clins d’œil au « Nom de la rose » (la bibliothèque secrète, les boutons cachés sur lesquels appuyer pour débloquer des passages secrets). Une chouette fusion du roman à suspense et de fantastique, qui se conclut sur un tsunami dantesque, préservant un fort suspense.

    21/07/2021 à 17:22 1

  • Is la blanche

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    7/10 Suite aux meurtres des moines, la population réclame vengeance, avec des violences à la clef, pendant que l’on remonte dans le passé, vers un groupuscule chargé autrefois de se débarrasser des chrétiens s’écartant de la parole du Saint-Siège, l’Imperium Dei. Même si l’effet de surprise s’est nécessairement dissipé, je reste très attiré par cette série. Cet opus est un peu plus bavard que le précédent, mais il permet à nos deux protagonistes de se rapprocher de la vérité, d’autant que la scène finale, sur un toit, ménage un intéressant suspense.

    20/07/2021 à 23:43 1

  • L'Affaire Saint-Fiacre

    Georges Simenon

    9/10 « Je vous annonce qu’un crime sera commis à l’église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des Mors » : c’est ce papier anonyme dont prend connaissance Maigret – parce qu’en réalité, il ne le découvre qu’un peu par hasard au Quai des Orfèvres après « avoir traîné pendant plusieurs jours ». Son sang ne fait qu’un tour. Moulins ! Saint-Fiacre ! Le territoire de son enfance, où son père était régisseur. Le roman débute dans cette église où la messe a lieu, et au terme de laquelle la comtesse décède, de prime abord de mort naturelle, sauf que notre commissaire se rend vite compte qu’il s’agit d’un meurtre.
    Ce roman, je ne le découvre que maintenant, moi qui avais adoré les deux adaptations, avec Jean Gabin puis Bruno Cremer, ce qui constitue une sorte de madeleine de Proust. Moi qui adore Georges Simenon et son œuvre, je me suis littéralement régalé avec ce livre. La plume sèche, rongé jusqu’à l’os de l’auteur, les ambiances qu’il dépeint en quelques traits, l’acidité avec laquelle il décrit les milieux où il promène son enquêteur fétiche, l’intelligence des relations humaines, l’inventivité de l’intrigue, tout est là. Ce qui est impressionnant à mes yeux, encore une fois après avoir vu et revu ces deux adaptations, cinématographique et télévisée, c’est la concision, le côté compact de l’histoire, délayé, rallongé, brodé pour le passage sur grand et petit écran. J’ai adoré essayer de retrouver, comme dans le jeu des sept erreurs, les divergences entre le livre et les adaptations, tout en dévorant chacun des mots – et maux – de l’écrivain. Parce que cet opus est sacrément sombre, dur, poisseux, notamment lorsque l’on repense aux rôles de Jean, le secrétaire particulier de la comtesse, le curé et ses contradictions, Emile, fils de l’actuel régisseur et employé de banque. C’est aussi une immense palette de sentiments humains que déploie Georges Simenon, de l’avarice à la concupiscence, de la dégradation des passions quand l’âge progresse aux relations complexes mère – fils, ou encore la forme de rédemption à laquelle va accéder Maurice, le fils de la comtesse, constamment désargenté et engagé dans une perpétuelle course à l’échalote pour récupérer des subsides afin de subvenir à son train de vie dispendieux et peu décent. Le final, où Maigret est très en retrait, est un pur bijou de littérature policière. Onze chapitres au-dessus desquels plane l’ombre de la nostalgie pour Maigret, presque un spleen, et qui constituent assurément l’ossature de l’un de mes ouvrages préférés du maître belge.

    19/07/2021 à 10:33 1

  • Piégé à Arkham

    Gilles Saint-Martin, Nicolas Trenti

    8/10 Encore une fois, j’ai passé un très agréable moment en me mettant dans la place du héros, ayant atterri après une série de malchances dans cette demeure où l’on m’a drogué avec un café empoisonné. Au programme des réjouissances, une secte d’adorateurs de Cthulhu parés à me sacrifier, d’autant que ça ne semble pas être la première fois qu’ils commettent ce genre d’abominations. Les atmosphères des quatre salles (la cave, le temple, le vestiaire et le garage) sont très bien rendues, et les énigmes vraiment prenantes. Bon, honnêtement, je ne me suis pas chronométré contrairement à ce que j’avais fait dans « Dédale temporel » et « Dans les griffes de la mafia », histoire de vraiment prendre mon temps, savourer les lieux et les énigmes, et exploiter au maximum le potentiel autant de ce livre que du concept. Evidemment, j’ai pas mal rigolé avec certaines actions réalisées intentionnellement en me doutant du résultat absurde (et d’abord, oui, si je veux planter une dague dans une bibliothèque, effectivement, ça me défoule !, ou encore, si j’ai vraiment envie de me promener avec du vinaigre, ça me regarde !). Certains problèmes m’ont un peu donné du fil à retordre, notamment celui concernant la boîte de vitesses de la moto. Bref, une fois de plus, un très bon moment de divertissement, d’autant que les petites cellules grises sont sévèrement mises à contribution, pour une conception du livre-jeu enjouée, efficace et addictive dont je ne me lasse toujours pas !

    18/07/2021 à 17:10 2

  • Un grand bol d'air avant chaque repas

    Colin Thibert

    6/10 Le verdict tombe comme un couperet : « primo-infection ». Claudio Beycler doit absolument prendre du repos. Parce qu’elle n’a pas les moyens de l’envoyer dans un établissement spécialisé de soins, sa mère l’envoie à Saint-Muvran, dans le Jura, chez des cousins éloignés, Edmond et Jeannette Chevriaud.
    Une sympathique – très courte – nouvelle qui s’adresse aux très jeunes voire mauvais lecteurs, et qui distille une émotion intéressante, même si je trouve que le récit s’équilibre de manière un peu bancale entre la partie parisienne et la jurassienne, faisant que l’on ne découvre que trop tard Edmond et Jeannette alors que ce choc des cultures, pourtant abordé dans l’ultime page, aurait, à mes yeux, mérité davantage de place dans cet opus.

    15/07/2021 à 23:17

  • La Fille qui jouait avec le feu

    Sif Sigmarsdóttir

    8/10 Hannah vient de perdre sa mère, décédée d’un cancer du sein, et c’est à contrecœur qu’elle quitte Londres pour l’Islande afin de rejoindre son père. Ce dernier, journaliste, lui a trouvé un poste de stagiaire. Dans le même temps, Imogen Collins, dix-neuf ans, influenceuse très suivie sur les réseaux sociaux, travaille également pour une entreprise de marketing et vient de rejoindre Reykjavik. Mais elle n’a pas su se débarrasser d’un passé qui lui colle encore à la peau et à l’âme, avec la silhouette effrayante d’un individu qu’elle surnomme « Le Monstre ». Hannah et Imogen vont se rencontrer au hasard d’une interview, mais lorsque l’on découvre la dépouille du « Monstre », Hannah ne va pas pouvoir s’empêcher de penser qu’Imogen est innocente.

    Ce livre de Sif Sigmarsdóttir s’adresse en priorité à la jeunesse, mais à sa lecture, il est étonnant de voir à quel point l’intrigue, l’écriture et l’ambiance peuvent sans le moindre mal intéresser des personnes bien plus âgées. Ce roman, assez copieux du point de vue de la taille, est un véritable festin. Choral, alternant les points de vue d’Imogen et d’Hannah, il séduit aussitôt avec une construction qui évite la linéarité et où s’emboîtent des extraits de messages Instagram rédigés par notre influenceuse. L’histoire est captivante, faisant graduellement remonter cet événement traumatisant pour Imogen – une tentative de viol, au point de faire de la jeune femme une suspecte idéale. S’y mêleront d’autres pistes comme celle de l’espionnage ou la compétition logistique à propos de techniques de marketing. Dans le même temps, les éléments de l’arrière-plan sont très intéressants, depuis les relations entre Hannah et sa famille aux méthodes – éhontées – employées par la firme qui l’emploie pour trouver des chalands, en passant par les descriptions bien senties et atypiques de l’Islande et les sentiments de doute accompagnant Imogen dans sa quête de notoriété, avec les désillusions psychologiques et autres leurres qui l’accompagnent. L’histoire a en outre le grand mérite de s’achever de manière inattendue, avec la révélation de l’identité de l’assassin qui n’intervient que dans les dernières pages.

    Un opus particulièrement prenant et réussi, qui parviendra sans mal à rallier l’attention des jeunes et moins jeunes lecteurs. Au final, son seul véritable défaut pourrait être son titre français, trop éloigné de sa version originale, The Sharp Edge of a Snowflake, dont la signification, hautement symbolique, est explicitée dès le début. On peut penser que l’éditeur a voulu faire penser à La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette du regretté Stieg Larsson alors que cet ouvrage, d’une très grande qualité, n’avait pas besoin de ces ressorts purement mercantiles.

    15/07/2021 à 08:25 2

  • Le Visiteur du soir

    Maza, Richard D. Nolane

    7/10 Les Alliés (ici symbolisés par Churchill et de Gaulle en réunion) ont conscience du projet « Thor » mené par les nazis en Antarctique et ont développé un avion capable d’en découdre avec les appareils Wunderwaffen allemands. La référence au film « Les Visiteurs du soir » apparaît clairement. Quelques bavardages (un peu longuets) chez les élites avant de nouveaux combats aériens épiques. Cet épisode, réussi, se conclut par le départ du Visiteur vers Berlin en sous-marin avec un étrange matériau noir.

    13/07/2021 à 17:06 1

  • Le Calligraphe

    Hisaki Matsuura

    7/10 Ôtsuki, trente-quatre ans, est un ancien toxico qui vit aux crochets des femmes. Le hasard place un jour sur sa route un ancien camarade, Sugimoto, qui lui propose un travail pour le moins original : aller à la rencontre du vieux Masamichi Kôyama, calligraphe de son état, afin de terminer pour lui un film. Sauf que le long-métrage n’a rien de très orthodoxe : il mêle scènes érotiques avec la jeune Tomoé, encore mineure, et scènes surréalistes avec des insectes pris au gros plan. Ôtsuki ignore encore que les événements à venir vont être encore plus étranges…

    Il s’agit ici du premier ouvrage de Hisaki Matsuura à être traduit en France. L’auteur, également poète et critique de cinéma, emploie une langue belle, très belle même, où l’on sent sans le moindre mal l’influence japonaise, avec une prose touchante où certains passages sont à lire et à relire pour en apprécier tout le sel. Les divers protagonistes sont assez croustillants, de Tomoé, adolescente presque femme qui attire la concupiscence masculine, à Kôyama, bizarrement obnubilé par ce film si ésotérique, en passant par Takabatake, « semi-imbécile » brutal qui vivote dans l’ombre du patriarche et, bien évidemment, Ôtsuki, individu en pleine perdition qui a su se libérer de l’emprise du shabu, une variété de méthamphétamines. Hisaki Matsuura déploie une langue riche et admirable qui fait perdre pied au lecteur au gré de ce récit énigmatique, volontairement mystérieux et dont il faut attendre les derniers chapitres pour comprendre la réelle teneur de l’intrigue. Mais que le lectorat soit prévenu : l’univers de l’écrivain est obscur – au sens positif du terme – et très difficilement pénétrable, puisqu’il fait clairement référence à la culture nippone et à ses codes, ce qui risque de semer quelques esprits purement occidentaux le long de ce fil d’Ariane. Néanmoins, ce Calligraphe offre indubitablement une incursion atypique et, par certains points, vertigineuse dans une littérature policière parfois trop balisée et attendue.

    Plus qu’un livre, celui-ci s’apparente à une véritable aventure expérimentale et occulte, d’autant que l’épilogue, noir à souhait, se panache d’une énigme à la résolution qui confine au mystique.

    12/07/2021 à 08:29 2

  • Silencer tome 3

    Buronson, Yuka Nagate

    7/10 Troisième tome des enquêtes d’Iba et de Shizuka, qui commence avec un cauchemar de la part de la jeune femme puis la découverte de deux cadavres, assassinés, et dont une oreille a été coupée pour tous les deux. Une tueuse brune aux cheveux longs apparaît, presque symétrique à Shizuka, tandis qu’Iba est enlevé et soumis à un terrible chantage : vingt-quatre heures pour choisir entre la mort à cause d’une bombe placée dans un bracelet, ou l’assassinat de sa partenaire. Un mélange toujours aussi explosif de roman noir, de thriller et d’espionnage, avec un ample pan du passé de l’enquêtrice qui est révélé. Peut-être encore plus d’action que dans les précédents opus, mais quelques éléments déjà lus ou vus ailleurs également.

    11/07/2021 à 17:01

  • Aaricia

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Comme l’indique le titre, des histoires afin de mieux connaître Aaricia, épouse de Thorgal et fille de Jolan. « La Montagne d’Odin », ou comment elle a connu Thorgal bien avant leur âge adulte, alors qu’elle errait à la recherche de sa mère, pourtant décédée, et aux griffes de créatures retorses. « Première neige », ou les amours naissantes entre eux deux, un peu plus tard, autour d’une quête au trésor, plus exactement une couronne. « Holmganga », ou Bjorn et Thorgal qui s’affrontent en duel, pourtant si jeunes. Enfin, « Les Larmes de Tjahzi », ou comment elle va faire la connaissance, via un bateau volant, d’un gamin aveugle aux pouvoirs phénoménaux. Rien de transcendant, et, à la manière de « L’Enfant des étoiles » qui revenait en quelques histoires sur l’enfance de Thorgal, voilà le pendant féminin qui permettra surtout aux fans d’en savoir plus sur Aaricia.

    10/07/2021 à 08:11 2

  • Entre terre et lumière

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Si Jolan maîtrise la télékinésie, il ne parvient pas à exploiter à fond le talent qui lui a été confié. Désormais adopté par le peuple des Xinjins, le gamin manifeste même le désir de rester sur place. Mais l’enfant va apprendre que ses parents et Pied-d’Arbre ont été victimes d’un complot et il va se rebeller. Une jolie transition par rapport aux trois BD précédentes, un sacré dynamisme dans l’intrigue, un récit qui se nourrit, une fois de plus, d’éléments historiques (ici, l’emploi du peyotl comme hallucinogène) et la retorse Kriss de Valnor qui réapparaît. C’est toujours aussi distractif et prenant.

    09/07/2021 à 17:35 2

  • O.P.A.

    Philippe Francq, Jean Van Hamme

    7/10 Cette BD commence par un chantage dans la salle des coffres d’une banque, mais j’ai trouvé la suite un peu plus effilochée, moins dynamique que les deux précédents opus, avec pas mal de bavardages selon moi. Quelques ficelles des coups (tordus) boursiers sont bien expliqués, et ce mystérieux « Archer vert » multiplie ses victimes. Un opus agréable, au charme délicieusement désuet dans son esthétique, qui me donne envie de passer à la suite parce que je viens de reprendre goût à cette série et que je souhaite savoir comment elle va évoluer après ce tournant.

    08/07/2021 à 08:09 2

  • Le Parc de l'épouvante

    Agnès Laroche

    8/10 Vous êtes quatre : vous (Melvil), Ismaël (votre cousin), Issa (la jeune fille dont vous êtes amoureuse), et Octave, le fils du propriétaire de Panik-Park, un parc d’attractions dédié à la peur. Octave a décidé de vous y permettre d’y entrer en avant-première, au nez et à la barbe des gardiens et de la vidéosurveillance. Malheureusement, le ton vient à monter entre les aventuriers en herbe, et Octave décide de prendre la poudre d’escampette. Maintenant que vous êtes tous les trois livrés à vous-mêmes, qu’allez-vous faire ?

    Agnès Laroche, dont on a déjà pu apprécier les très bons Fantôme de Sarah Fisher, Sauve-toi Nora !, Tu vas payer ou encore Duo pour une enquête, a également inauguré en 2019 la collection Les mystères dont vous êtes les héros, et nous voici avec le cinquième opus entre les mains. Un ouvrage encore une fois très réussi, où le principe du livre-jeu est simple : à la fin de presque chacun des soixante-quatre chapitres, il vous sera proposé de faire un choix entre plusieurs possibilités. Des embranchements nombreux, vous amenant ensuite vers de nouvelles péripéties, d’autres dilemmes, voire des impasses et des échecs vous obligeant à reprendre depuis le début. Vous pourrez alors solliciter votre instinct, tenter la chance, et il est vrai que cette arborescence, menant vers vingt-et-une fins différentes, est un pur bonheur. D’ailleurs, vu la concision de ce livre, une fois fini, on n’a plus qu’une envie : le reprendre de zéro pour en éprouver toutes les possibilités, d’autant qu’elles sont toutes dissemblables, Agnès Laroche vous décernant un « Pas mal ! » tandis que d’autres vous offriront des lauriers plus enthousiasmants avec « Très bien joué ! ».

    Un roman particulièrement enthousiasmant et bien construit, aussitôt addictif et autant efficace que Mission exploration que nous aviez déjà eu le plaisir de tester il y a plusieurs mois de cela. Une série de livres-jeux qui s’adressent à tous et ressuscitant en chacun d’entre nous ce qu’il y a d’espièglerie, de compétition et de ludisme.

    07/07/2021 à 07:26 1

  • La Mort sous enveloppe

    Maurice Lambert

    6/10 L’inspecteur Machard, de la brigade mobile, enquête sur un fait divers sans grand intérêt : le vol de 200000 francs. Déjà que ça ne l’emballe pas plus que ça, mais en plus à Beauvais et sous la pluie ! Mais voilà, une fois sur place, notre policier découvre que Lucien Leroy, l’homme spolié, a été assassiné, empoisonné à la strychnine. Dès lors, son fils, René, sa furie de sœur Angélique ainsi que ses trois principaux amis deviennent les suspects privilégiés.
    Une nouvelle agréable, sans grande prétention, et qui fait passer un agréable moment. Machard est un enquêteur observateur, gentiment bougon, capable de légers coups de sang, prêt à faire des planques, et qui soliloque. Il va devoir affronter un cocon d’êtres peu aimables (ou qui pourraient l’être), où l’appât du gain compose un mobile classique mais efficace. L’idée de la lettre soi-disant vierge, en réalité écrite à l’encre sympathique, est bienvenue, mais le dénouement laisse assez perplexe : l’identité du tueur devient vite évidente, et le fait qu’il ait commis deux telles bourdes (en laissant des empreintes digitales sur la lettre et en la postant du lieu où il se trouvait), confine à la bêtise la plus crasse, à moins que l’auteur, Maurice Lambert, n’ait voulu souligner, sans le dire, le côté non machiavélique du criminel. Bref, rien d’extraordinaire ni de mémorable, mais ça n’en reste pas moins plutôt plaisant.

    06/07/2021 à 18:30

  • Dragon Head tome 8

    Minetaro Mochizuki

    6/10 Les catastrophes naturelles n’ont pas cessé, et nos expéditeurs s’en rendent notamment compte à l’intérieur de ce centre commercial déserté. Une colonne de feu et de lave semble jaillir de Tokyo et une énorme tornade est en approche. Le graphisme est toujours aussi réussi et angoissant, mettant bien en relief l’ambiance apocalyptique tandis que Teru parvient enfin à rejoindre Tokyo. Cependant, je préférais les premiers épisodes dans le tunnel.

    04/07/2021 à 17:57 1

  • Emerging tome 2

    Masaya Hokazono

    6/10 Le virus inconnu semble se propager de manière fulgurante et la population se met – légitimement – à paniquer. Cette saleté s’en prend également au collagène humain, en rendant la chair des patients molle et déchirable, et il se pourrait qu’elle se propage via les voies aériennes et non avec les explosions de sang. Une esthétique toujours aussi réussie pour un dynamisme qui ne se dément pas, mais je reste un peu sur ma faim concernant l’épilogue : mis à part l’image forte du corbeau – qui est juste une supposition parmi tant d’autres – et que l’on pourrait remplacer, de nos jours, par une chauve-souris ou un pangolin, l’auteur fusionne la fin heureuse un peu déplacée et le traitement trop miraculeusement découvert à une fin plus ouverte et en apparence sombre. Bref, il m’a semblé qu’il ne parvenait pas à choisir l’épilogue afin d’essayer de satisfaire tous ses lecteurs sans pour autant décider entièrement. Dommage.

    27/06/2021 à 09:16 1

  • Emerging tome 1

    Masaya Hokazono

    7/10 Un individu qui grossit subitement après ce qui ressemble à un simple rhume, un visage qui se congestionne, des yeux injectés de rouge, des crachats sanglants, des bulles sur tout le corps… et la mort. Même le médecin légiste ne comprend pas ce qui a atteint le malheureux. Le virus semble se propager via les effusions de sang, s’apparente à une fièvre hémorragique, et il ne ressemble à rien de déjà connu. Un canevas certes classique mais qui, alors que ce manga date de 2004, prend une consistance toute particulière en ces temps d’épidémie de coronavirus. Un dessin habile et efficace, pas le moindre temps mort, une ambiance lourde et anxiogène, des scènes assez marquantes (les geysers ensanglantés par la bouche et lorsque les veines éclatent).

    27/06/2021 à 09:16 1

  • La Foudre de Thor

    Maza, Richard D. Nolane

    8/10 Le puits de forage intrigue tellement les ingénieurs que quelques-uns y descendent à leur tour, se demandant comment il est possible de vitrifier de la glace en observant les parois de la cavité… avant que l’un des hommes soit littéralement happé par une forme tubulaire. L’hypothèse extraterrestre apparaît clairement tandis que Himmler prend la main sur Hitler (façon de parler, puisque l’on voit le Führer avec sa prothèse). Encore un opus très efficace qui se conclut par une démonstration du « Visiteur » tout juste sorti du gouffre du pouvoir de ce phénomène attribué à Thor.

    27/06/2021 à 09:14 1