3579 votes
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Ennemis de l'intérieur
6/10 Vingtième tome, avec des bombardiers alliés en approche de la Belgique occupée. Même remarque que pour le précédent opus : le début s’éloigne un peu trop du cœur de la série à mon goût. En revanche, après, ça s’améliore avec un bel échec pour les nazis et Hitler qui en perd un bras.
17/08/2023 à 08:37 1
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L'Île de Hôzuki tome 4
6/10 Ce quatrième et ultime tome de la série montre deux personnages au fond de la cuve et s’arrangeant en une alliance contre-nature pour espérer en sortir, tandis que les autres gamins tâchent de s’enfuir de l’île. Le dénouement apporte toutes les réponses attendues, mais le coup du tueur indestructible qui rejaillit dans le récit après avoir fait une chute pas possible et s’être brisé sur une grosse branche au passage est presque risible. Dommage que ce cliché vienne ternir un dernier opus bien sympa quoique finalement assez classique dans le fond comme dans la forme.
16/08/2023 à 08:19 1
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Shinotori tome 3
7/10 Haru vient d’être enlevée par une créature ailée, et Kurô décide de rejoindre la Skyfall Tower pour atteindre le nid des mutants. Un graphisme toujours aussi réussi, une ambiance dynamique à laquelle se mêlent ces monstres sanguinaires, et pas mal de moments à frissons à la clef. Mais j’en finis presque par regretter le ton trop guilleret du final : ce dernier apporte toutes les réponses attendues mais il s’avère à mes yeux trop béat pour réellement correspondre au ton global de cette trilogie.
15/08/2023 à 08:06 1
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Akumetsu tome 15
6/10 Akumetsu s’en prend ici à des types qui spolient les retraités du Japon : de la pure castagne au ixième degré, décontracté et distrayant. Un véritable carnage sur fond de croisade contre les corruptions politiques, avec pas mal de cadavres au pied du building.
14/08/2023 à 08:15 1
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Mission confidentielle
6/10 Mission infiltration pour Jack Reacher. Il est envoyé à Carter Crossing, un patelin du Mississippi, où une femme a été retrouvée égorgée non loin du camp Kelham, un endroit d’où partent ou vont partir des Rangers pour le Kosovo : autant dire que le sujet est brûlant. Sur place, chargé d’opérer incognito, il va vite se rendre compte que le problème est plus complexe et sanglant, avec d’autres assassinats à venir, des voitures et des corps délibérément lâchés sur les rails du train, et un secret qu’il faut absolument tenir à l’ombre.
Un petit bonbon pour ses fans qu’offre Lee Child, puisqu’il s’agit de la première mission de Jack Reacher (« On était en 1997, vous vous souvenez ? », martèle-t-il), et l’on voit déjà, alors que ce héros a trente-six ans, qu’il était déjà solidement campé sur ce qui allait le rendre célèbre. Au programme : un peu de castagne, de l’humour à froid dans les dialogues et dans quelques scènes (ah, ces scènes de sexe lors du passage du train…), de l’amour (Reacher et Elizabeth Devereaux, la shérif locale), de l’émotion également (cf. les liens entre Reacher et le frère à grosse tête de l’une des victimes), des déductions et des raisonnements toujours typiques de cet enquêteur atypique, sans compter son savoir en divers domaines (de l’usage du marteau à la configuration du Pentagone, de la cicatrisation des plaies à la technique du coup de boule). Maintenant, Lee Child, je me fais graduellement sa bibliographie, mais ce roman n’est probablement pas le meilleur : les scènes de baston sont peu nombreuses et expéditives voire expédiées (face aux frangins McKinney ou dans le bureau du Pentagone), pas mal de longueurs à certains moments, et surtout une intrigue un peu simpliste, dont on devine trop tôt qui est le méchant de service, caricatural à souhait, le prototype du criminel déjà lu ou vu des centaines de fois ailleurs. Alors, au final, encore un agréable moment de divertissement aux côtés de Reacher, même si force est de constater qu’on l’a déjà trouvé plus tonique ou original.12/08/2023 à 08:36 3
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To Hell
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
9/10 Bouncer, fin bourré, apprend que la squaw Sakayawea et le bébé qu’elle portait viennent d’être assassinés au saloon. Il apprend qu’elle est intervenue pour empêcher une sorte de dandy sadique, Pretty John, de continuer à fouetter des prostituées et que ce taré l’a poignardée avec la lame de sa canne-épée. Revoilà donc notre manchot sur le sentier de la guerre pour venger son amie. Un sacré bestiaire de psychopathes, entre le fiston dégénéré, les moines qui escortent ce dément, et un combat épique contre un ours en guise de final. Tout simplement excellent !
11/08/2023 à 18:35 1
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Le Maître des mammouths
5/10 Quand Tounga est de retour chez lui, on lui apprend que Ohama est partie avec un homme. Accompagné de Nooun, il se rend sur place tandis qu’une éruption gronde. Après une folle cavale, tous deux retrouvent la jeune femme, comme zombifiée, qui est parvenue à domestiquer un mammouth. Une intrigue que j’ai trouvée au final assez sommaire, classique et brouillonne, qui permet seulement de passer un (court) instant de délassement : c’est déjà pas mal mais ça manquait sévèrement d’originalité et de piment.
10/08/2023 à 22:49 1
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Le Peuple des arbres
6/10 Tounga vient en aide à un jeune homme blond qui est attaqué par une hyène. Ils finissent par sympathiser avant de tomber sur les membres de la tribu des Oak-ros. Les animaux (singes et éléphants, principalement) auront une fois de plus une grande importance dans cet opus, Tounga venant même à lutter contre un gorille avant qu’une forme de coopération ne s’engage. Une fois de plus, ça n’est guère très puissant mais ça détend.
10/08/2023 à 22:47 1
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Survivor's club tome 2
8/10 Serizawa continue son procès du harcèlement autant que le petit jeu de carnage entre les otages tandis que les survivants du drame ayant eu lieu trois ans auparavant poursuivent leur enquête. Pas le moindre temps mort, une tension constante, des images puissantes des mutilations post-explosion comme autant de marque-pages mémorables, et une véritable intelligence dans le scénario. Je vais tâcher de me procurer le troisième et dernier tome de cette très bonne série.
09/08/2023 à 18:01 1
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Scumbag Loser tome 1
4/10 Masahiko n’a rien pour lui, le pauvre : il est harcelé dans son lycée parce qu’il est gros, moche, à lunettes, et à forte odeur corporelle. Il aurait encore pu être épargné en raison de la pression également mise sur Yamada, un autre bouc émissaire, jusqu’à ce que ce dernier montre une photo de sa nouvelle petite copine, très mignonne. Objectif de Masahiko, du coup : trouver à son tour une petite amie. Le hasard, c’est le retour de la belle adolescente Haruka Mizusawa dont il prétend vite être le compagnon. Double hic : les deux ne pouvaient pas se sentir lorsqu’ils étaient gosses, et surtout, l’adolescente est censée être morte.
Une idée de base intéressante mais la suite m’a gêné : un sacré brin malsain voire voyeuriste, entre harcèlement, manipulation, fortes connotations sexuelles, complaisance dans les brimades subies par le protagoniste, etc. Le manga aurait pu être une dénonciation du harcèlement, au contraire creuser le sillon de la noirceur, pour n’être au final ni l’un ni l’autre. Et je ne parle même pas du côté fantastique qui vient comme un cheveu sur la soupe. Pour moi, un coche raté.08/08/2023 à 08:38 1
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Sang-Délire
7/10 Entre tentative ratée de meurtre avec une voiture et confessions d’un moine mourant, découverte d’un asile inquiétant et course-poursuite dans une église, voilà à nouveau une belle entame pour cette BD. Les corbeaux interviennent à nouveau au cours d’une scène que n’aurait pas renié Daphné du Maurier. Un ton de plus en plus sombre, avec quelques passages bien violents et sanglants, pour un tome réussi malgré l’esthétique qui a beaucoup vieilli.
08/08/2023 à 08:12 1
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Lune noire
7/10 Billy Laffite, adjoint du shérif dans une bourgade du Minnesota, se retrouve face à l’agent du FBI Rome dans une salle d’interrogatoire : il doit s’expliquer sur une série de meurtres et autres crimes dont on le rend au moins responsable, sinon coupable. Comment a-t-il pu se mettre dans un tel nid d’embêtements ? Et dire que tout avait commencé parce qu’il avait voulu rendre service à Drew, une ancienne compagne. A croire que la formule « L’enfer est pavé de bonnes intentions » a été créée pour lui.
Ce premier ouvrage de la série consacrée à Billy Lafitte met très rapidement dans l’ambiance : l’auteur, Anthony Neil Smith ne va pas y aller par quatre chemins. Le style est haché, émaillé de propos plutôt grossiers et d’un humour à sec, notamment dans les réparties. On découvre alors Billy Lafitte, un personnage qui détonne : ancien policier dans le Mississippi, l’ouragan Katrina et les dévastations qui en découlèrent l’avaient obligé à prendre des décisions radicales dans son métier. Gentiment violent, parfois corruptible, capable de demander des faveurs sexuelles en échange de son silence, il ne correspond absolument pas à l’idée que l’on se fait d’un enquêteur, ce qui lui a valu d’être démis de ses fonctions et d’accepter la proposition du shérif Graham, son ancien beau-frère, en le rejoignant. Il est également alcoolique et sujet aux tentations suicidaires, ce qui ne l’empêche pas d’avoir le cœur sur la main. C’est d’ailleurs sa bonté qui le perd et le pousse à accepter la demande de Drew : elle souhaite qu’il vienne en aide à Ian, son compagnon actuel, qui a maille à partir avec des individus louches et violents, visiblement investis dans les laboratoires clandestins de métamphétamines, et qui dernièrement lui ont marqué une fesse au fer rouge pour lui faire comprendre qui étaient les chefs. La suite du périple de Billy sera sanglante et gentiment déjantée, entre terroristes islamistes, agents fédéraux incertains, attaques kamikazes, décapitations et autres joyeusetés du genre. Anthony Neil Smith prend les codes du thriller à rebrousse-poil, imposant un personnage central atypique, aimablement amoral et pris dans la spirale infernale de rebondissements explosifs, dont chacun d’entre eux va entraîner des actions encore plus terribles. La finesse n’est certainement pas le trait le plus caractéristique de ce roman, et l’ensemble aurait probablement mérité davantage d’originalité et de concision, notamment dans la partie finale, mais il ne laisse guère le temps à la monotonie tout en proposant une lecture distractive à défaut d’être nécessaire.
Un cocktail de sang, de sexe, de drogue et de rock’n’roll, au shaker mais pas à la cuillère : du pur divertissement littéraire, pas toujours de bon goût mais suffisant pour passer un bon moment de délassement.07/08/2023 à 08:06 3
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Coeur double
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
9/10 Bouncer est resté solidement épris de l’institutrice et il débarque dans la maison enkystée dans le canyon au moment où se joue une chouette manipulation menée par la diabolique sœur de l’enseignante. Toujours un trait magnifique et violent, notamment lors de cette embuscade menée par ces satanés enfants tueurs. Des personnages explosifs et bien barrés, entre des frangines machiavéliques, Axe Head et la lame de hache plantée sur le crâne, le bonhomme au visage brûlé, pour un Bouncer sentimentalement perturbé. Une nouvelle fois, un régal !
04/08/2023 à 17:12
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L'Oeil du chien enragé
8/10 Shûichi Hioka, jeune lieutenant de police, a été muté dans une zone rurale. A l’occasion des funérailles de son oncle, il reconnaît un homme malgré son déguisement dans un restaurant : Kunimitsu. Ce dernier, un yakuza, surnommé le « guerrier businessman », fait alors une curieuse proposition au policier : il acceptera qu’il lui passe les menottes, mais plus tard, une fois que certaines histoires auront été réglées. Hioka et Kunimitsu, malgré le fossé qui les sépare, peuvent-ils se mettre à nourrir l’un pour l’autre des sentiments de respect voire d’amitié ?
Après Le Loup d’Hiroshima, voici cet Œil du chien enragé, le deuxième polar de Yûko Yuzuki à être traduit en France. Ces deux livres mettent en scène le lieutenant Shûichi Hioka mais il n’est pas indispensable d’avoir lu le premier tome de cette série pour s’attaquer à celui-ci. On y retrouve donc cet enquêteur, cette fois-ci muté en plein désert agricole, fort loin des préoccupations à la fois urbaines et criminelles de son précédent poste. Il y vivote, s’est fait aux relations si particulières qui animent les individus vivant en milieu paysan. Il y trompe son ennui en prenant soin de lui et de son alimentation, donne même des cours à la jeune Shôko, et c’est le plus grand des hasards qui va lui faire croiser la route de Kunimitsu. Alors que la guerre des gangs sévit et que l’on compte les corps des mafieux, ce yakuza semble préparer quelque chose. Un mauvais coup ? Est-ce en lien avec la construction d’un golf dans le voisinage ? Songe-t-il à prendre du recul, voire sa retraite ? Au gré d’une langue riche et agréable, Yûko Yuzuki nous donne à voir une société japonaise proche de la schizophrénie, où les gangsters ont parfois pignon sur rue, riches comme cela n'est guère permis, dans un pays où la multiplication des lois antigangs ne parvient pas à détruire leur profond enracinement. « Le gang était en fait une meute de bâtards avides et égoïstes. Bonne bouffe, vins fins, voitures de luxe et jolies gonzesses. Ils auraient sauté à la gorge de leur propre famille », est-il écrit. Néanmoins, dans cet obscur entrelacs de clans, de soumissions aux divers chefs, de quête avide d’argent et de trahisons opportunistes, peut-être existe-il encore des yakuzas animés par une morale à l’ancienne, dont fait partie Kunimitsu. Entre ce dernier et l’enquêteur, cela va être le début d’un étonnant rapprochement, entre méfiance et déférence, solidarité et services rendus ou à rendre. Yûko Yuzuki a l’excellent goût de nous éviter les poncifs du genre, tout en mettant en lumière les complots de palais au sein des organisations de la pègre, les infidélités de passage comme les loyautés durables. Une belle histoire d’hommes, au cours de laquelle Hioka saura prêter main-forte à Kunimitsu à propos – en langage codé – d’un improbable oiseau venant déféquer sur la tombe de son père.
Une belle intrigue policière qui se double de remarquables moments d’émotions contradictoires et ambivalentes.03/08/2023 à 08:22 3
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In vino veritas
Magali Collet, Isabelle Villain
8/10 A Cestas, Aurélie, galeriste, est assassinée lors du vernissage d’une exposition consacrée à l’art aborigène. De nombreuses personnes présentes pour l’événement deviennent dès lors suspectes, mais seulement l’une d’entre elles attire l’attention de enquêteurs, en la personne de Mathias, son compagnon et par ailleurs gendarme. Mais la vérité est peut-être plus complexe.
Magali Collet et Isabelle Villain avaient déjà croisé leurs plumes à l’occasion de la nouvelle Des Cendres en héritage, et l’on ne pouvait qu’être intrigué par ce roman écrit à quatre mains : doux euphémisme que de dire qu’il est réussi. Concis, immédiatement prenant, l’ouvrage séduit dès les premières pages. La plume, sobre et minimaliste, n’empêche nullement un beau déploiement d’émotions contradictoires, de sentiments équivoques, de psychologies habilement dépeintes. La multiplicité des suspects potentiels rend le récit d’autant plus efficace, avec de multiples fausses pistes, de mensonges, de vérités à moitié avouées. Jugez plutôt : un accident qui a brisé une famille, le frère de Mathias – Augustin – revenu d’Argentine, un adultère entre gendarmes, une escroquerie de nature picturale, des violences conjugales inattendues, une vengeance entre deux familles dans le domaine viticole, etc. Un bel éventail d’indices, de chemins boueux et autres vilénies typiquement humaines, brillamment exploité par Magali Collet et Isabelle Villain qui nous régalent du premier au dernier chapitre, ce dernier venant apporter l’éclairage tant attendu sur la vérité et qui, même s’il est légèrement fragilisé par une crédibilité friable, n’en demeure pas moins stupéfiant d’intelligence.
Un livre d’une très belle tenue, à la fois riche, dense et plausible, qui mérite amplement que l’on braque les projecteurs médiatiques sur lui tant il est réussi. On le verrait bien faire l’objet d’une adaptation pour un très bon téléfilm.02/08/2023 à 07:44 3
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Peace Maker tome 5
7/10 Gordon Heckel fait une promesse : celle d’enterrer tous nos héros à Skytarkus. Hope révèle qu’il n’a obtenu que six certificats de duels sur les sept escomptés et Nicola dévoile un étrange tatouage sur son dos. Moi qui n’avais plus continué cette série depuis 2020, j’y reprends goût avec appétit : scénario original, de nombreuses révélations, Mick Rutherford et ses séides de « L’Eglise du Kansas », évidemment pas mal d’action et de fusillades, et un suspense bien mené qui demeure intéressant en fin de manga (quelle est la signification de ce « E=MC² » ?). Un petit régal.
31/07/2023 à 14:51
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Monkey Peak tome 10
Akihiro Kumeta, Koji Shinasaka
7/10 La tension est telle entre les groupes de survivants que certains d’entre eux mettent à bas une série d’échelles menant au sommet de la montagne afin que les autres ne puissent pas en profiter, et un groupe de policiers armés apparaît. Un épisode encore une fois très tendu, bien orchestré et bien mené, entre trahisons, révélations d’un complot et empoisonnements avec des chocolats. Pas mal d’ingrédients scénaristiques qui servent la série et commencent à apporter les réponses attendues, et un élément édifiant : il y a beaucoup de suspense alors que pas une des créatures ne figure dans ce dixième tome.
31/07/2023 à 14:50
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La Veuve noire
François Boucq, Alexandro Jodorowsky
9/10 Bouncer doit prouver à des Indiens qu’il est bien le digne successeur de feu son père tandis que l’institutrice qui vient d’arriver contrarie les édiles et notables de la ville par sa pensée et ses discours. Un western tonitruant, comme les précédents tomes, où s’alignent des scènes mémorables et dantesques comme un massacre d’Indiens à la mitrailleuse Gatling, des enfants tueurs, la vengeance de la squaw Sakajawea, un brasier sacrément efficace, un salopard qui se trimballe avec la lame d’une hache sur le sommet du crâne, une grandiose maison construite dans un canyon, etc. Toujours aussi excellent !
30/07/2023 à 08:09 2
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Les Orphelins du rail
9/10 Dans un vingtième siècle naissant et uchronique, l’Europe a choisi le chemin de fer comme moyen de locomotion privilégié. Des trains gigantesques sillonnent les contrées, faisant fi des distances, des mers er des montagnes. Pour son treizième anniversaire, Meli reçoit une invitation assez particulière, comme tous les autres orphelins de son âge : participer à une chasse au trésor organisée par le Magnat, le mystérieux propriétaire de cet empire industriel ferroviaire. Comme tant d’autres adolescents, elle va sillonner l’Europe à la recherche des pièces du puzzle qui donne l’emplacement de l’Adamant, un diamant d’une valeur inestimable.
Fabien Clavel, dont on avait déjà beaucoup apprécié Décollage immédiat, Nuit blanche au lycée ou encore Métro Z, nous revient avec ce roman très réussi. Le pitch concernant cette chasse au trésor est intéressant, d’autant qu’elle s’implante dans une uchronie très bien trouvée, avec cet immense réseau de rails traversant la contrée européenne. Dans le même temps, les enfants dont les parents sont décédés sur les chantiers sont reclus dans des orphelinats misérables, travaillant dans des conditions épouvantables et cherchant parfois pour se nourrir le long des voies des aliments jetés par les Voyageurs, ces individus fort riches et si loin de la réalité sinistre coudoyant les trains luxueux qu’ils empruntent. Meli, en jeune fille handicapée par une jambe plus courte que l’autre suite à la poliomyélite, s’impose aussitôt comme une protagoniste attachante et originale, qui va se lancer dans la quête de ce trésor afin de subvenir aux besoins alimentaires et hygiéniques de ses compagnons. Fabien Clavel, en auteur expert de la littérature jeunesse, nous entraîne dans une traque aux indices, via des énigmes, chacune de celles-ci permettant de trouver une des pièces du casse-tête qui indiquera la position de ce fameux Adamant. Une chasse mouvementée et sans le moindre temps mort, ponctuée de rencontres avec d’autres enfants, dont certains deviendront des amis, d’autres des ennemis farouches. L’auteur a d’ailleurs concocté quelques rebondissements bien sentis – notamment concernant l’identité du Lafcadio, ce croquemitaine qui jette les jeunes sous les trains, ou encore celle du Magnat – et même le final se distingue par un twist très efficace. Fabien Clavel nous gratifie également de quelques belles réflexions quant à la camaraderie, la fidélité à ses engagements, le sacrifice ou encore la véritable valeur de l’argent.
Un ouvrage pour la jeunesse qui, non content d’offrir de belles doses d’émotions fortes, introduit un décor atypique et de belles morales. Une réussite totale.28/07/2023 à 08:08 3
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L'Île des âmes
8/10 Deux inspectrices italiennes vont devoir travailler ensemble à Cagliari, en Sardaigne : Mara Rais, une autochtone, et Eva Croce, débarquée de la péninsule italienne. Leur enquête s’apparente à une placardisation : on leur confie des crimes non élucidés, aidées en cela par Moreno Barrali, un policier qu’un cancer va emporter à court terme. Une série de meurtres rituels avait ensanglanté l’île quelques décennies plus tôt, et voilà qu’une jeune femme, Dolores Murgia, pourrait être la future victime.
Avec ce premier roman traduit en France, Piergiorgio Pulixi fait fort, voire très fort. Un style haletant, des chapitres courts et parfaitement imbriqués, une intrigue fluide et prenante, voilà les principaux ingrédients de ce premier opus de la série consacrée à Mara Rais et Eva Croce. La première est une pure beauté au look incendiaire tandis que la seconde a quitté le continent suite à une bavure ainsi qu’à un drame familial, mais l’alchimie entre ces deux protagonistes va vite opérer, notamment au gré d’une fraternité solide et de réparties particulièrement décontractées. L’auteur nous gratifie de magnifiques passages quant à la Sardaigne, son histoire et sa géographie, mais surtout à propos de ses us et coutumes, notamment à travers le point de vue offert sur la famille Ladu, une famille de Sardes très soudée et vivant selon la culture nuragique et autres croyances solidement ancrées dans l’esprit insulaire. Le suspense est très habilement entretenu et mené, et les pages des quelque cent-trente chapitres défilent à vive allure. Pas le moindre temps mort pour cette investigation immédiatement addictive qui se conclut en outre d’une très belle manière, avec intelligence et crédibilité, avec d’adroits rebondissements venant parachever ce récit tendu et très efficace.
Piergiorgio Pulixi signe un roman de toute beauté, singulier et réussi, qui a obtenu le Prix Découverte Polars Pourpres 2021. On ne pourra donc que se ruer sur la suite des enquêtes de Mara Rais et d’Eva Croce, à savoir L’Illusion du mal.27/07/2023 à 08:12 9