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6/10 Marco Morard est de retour. Sept ans auparavant, il était allé nager dans le lac avant de disparaître en simulant une noyade, mais ce lundi 8 novembre, il regagne par le train la ville qui l’a vu s’éclipser. Pourquoi avoir ainsi fui pour aujourd’hui réapparaître ? Que cherche-t-il ?
Cet ouvrage de Laurence Voïta saisit dès les premiers chapitres. La langue de l’écrivaine est tout bonnement exquise : chaque phrase est travaillée, chaque mort ciselé, chaque individu joliment dépeint. Il faut dire que, dans ce roman, les personnages sont nombreux. Marco, bien évidemment, rentrant chez lui pour on ne sait quelle raison ; son ex-femme Claire ; Bruno Schneider, ancien policier, et son épouse Carla ; Sophie, l’ancienne collègue de Bruno ; les enfants de l’école locale, avec le fils de Marco et le petit-fils de Bruno ; Mathilde, une vieille dame qui a forgé une solide amitié avec José, devenu aveugle après une subite neuropathie optique de Leber ; Serge, le beau-père du disparu. Graduellement, à l’arrivée de cet homme que l’on pensait mort, les langues se délient, les brouillards sont fendus et la vérité émerge sous les diverses faces d’un même prisme. Laurence Voïta maîtrise indubitablement sa prose et nous offre un bel éventail de caractères au gré de ce récit choral. Dans le même temps, il est particulièrement dommage, voire dommageable, que la maison d’édition ait choisi d’inscrire « thriller » en lettres capitales sur la première de couverture car, sans le moindre doute, ce livre n’en est pas un : on navigue plutôt sur les eaux de la littérature blanche vaguement colorée de noirceur, certes réussie et plaisante, mais dont le contenu ne correspond pas du tout à l’étiquette punaisée sur l’ouvrage. On en viendrait presque à parler d’indication trompeuse. Ici, nul véritable frisson, pas de réel suspense, aucune montée en tension, et jamais l’intrigue ne viendra remuer les sangs comme c’était pourtant certifié. Au-delà de cette classification pour le moins douteuse, reste un texte court et assez efficace, d’où poignent de subtils portraits psychologiques, mais sans l’adrénaline promise.
Un livre agréable et habilement écrit, sans véritable fausse note, mais qui risque de faire déchanter les lecteurs qui s’attendaient à un tout autre récital, plus sombre ou dynamique.10/11/2023 à 06:48 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 3