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Le cimetière des morts qui chantent
8/10 Un très bon roman, à la fois drôle, prenant et bien mené. Un nouveau régal pour moi, je suis devenu fan de Maxime Gillio !
16/12/2009 à 10:33
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La Derniere Enquete du Chevalier Dupin
9/10 Le poète Gérard de Nerval vient d'être retrouvé pendu dans une ruelle de la capitale. Le chevalier Dupin et son ami américain Randolph sont sollicités par un ami du défunt pour comprendre les circonstances de ce décès. Les deux hommes vont devoir côtoyer des secrets étranges, proches de l'ésotérisme, pour une enquête dont ils ne sortiront pas indemnes.
Après Le Fantôme de Baker Street et Les portes du sommeil, Fabrice Bourland continue chez l'éditeur 10-18 avec ce nouveau polar historique dont la concision évoque une nouvelle (environ cent pages). Néanmoins, la brièveté de cet ouvrage n'occulte en rien ses qualités, très nombreuses. La langue de l'auteur est toujours aussi bonne, élégante et rendant parfaitement l'aspect délicieusement suranné des écrits du XIXe siècle. Les divers personnages sont très bien campés, depuis Charles Dupin, créé par le génial Edgar Allan Poe jusqu'au narrateur en passant également par les protagonistes secondaires. Ici, point d'action : Fabrice Bourland tisse des ambiances feutrées et angoissantes, peint des images saisissantes et obscures, et s'appuie sur une documentation remarquable. A cet égard, le lecteur suivra avec régal les déambulations et réflexions du duo de limiers jusqu'à la conclusion, hallucinante : cette dernière tend nettement vers le fantastique, et malgré son aspect irréel, c'est tout le talent de l'auteur d'être parvenu à la rendre envisageable, presque plausible. D'ailleurs, les notes au lecteur en fin de livre sont édifiantes : Fabrice Bourland a bâti son axiome sur des faits avérés et exploités de manière admirable.
La dernière enquête du chevalier Dupin est donc un ouvrage unique et terriblement réussi : efficace, angoissant, instruit et instructif. Une véritable plongée dans l'occultisme qui fait figure de jalon dans la littérature policière consacrée aux polars historiques.14/12/2009 à 18:17
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Le Club du suicide
7/10 Une triple nouvelle, en fait, les trois récits s'enchaînant pour former un récit entier. La langue est très agréable, l'idée de départ est remarquable et inventive, et même si j'ai moins aimé l'histoire du milieu – sorte de transition avec la dernière – j'ai passé un très agréable moment. 2 € seulement pour une histoire originale et inventive, on en redemande !
09/12/2009 à 14:20 1
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Un Mordu
8/10 Une très agréable nouvelle de Raymond Chandler où l'on retrouve les traits caractéristiques de l'auteur : une écriture souvent amusante dans les descriptions et les dialogues, un héros hard-boiled à souhait, des rebondissements intéressants, des scènes d'action visuelles et des personnages souvent troubles. Une très bon bouquin court et prenant pour seulement 2 €, que demander de plus ?
09/12/2009 à 14:15 1
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Mensonges
8/10 Un très bon huis clos, sombre et prenant, avec un bel enchaînement de fausses pistes et de véritées tues. Une grande économie de moyens et un style épuré qui donnent parfois l'impression de lire une pièce de théâtre. J'ai vraiment beaucoup aimé !
05/12/2009 à 09:31
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Le Tableau de l'apothicaire
6/10 Une idée intéressante et une langue agréable à lire, mais beaucoup trop de temps morts et de chapitres superflus, selon moi.
01/12/2009 à 06:45
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Cinq bières, deux rhums
9/10 Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, n'est plus que l'ombre de lui-même. Privé de son panache habituel, il est un spectre que son vieux camarade Gérard envoie en Belgique pour lui faire acheter en son nom des bières nouvelles. Sur place, dans le monde des conducteurs de péniches et des éclusiers, le sort se rappelle à lui : un cadavre est découvert par un grutier lors d'un déchargement. Gabriel sent ses tentacules se hérisser et le revoilà parti sur le chemin du crime, alors qu'un autre macchabée est retrouvé entre les deux pans d'une écluse.
Deux-cent-soixante-et-unième épisode du Poulpe au sein des Editions Baleine, c'est désormais au tour de Jean-Bernard Pouy d'écrire cet opus, l'auteur ayant créé ce personnage atypique en 1995 avec La petite écuyère a cafté. C'est toujours un régal de voir ce protagoniste conduire l'enquête, qui est ici très intéressante et maîtrisée. L'accent social et politique est toujours bien présent, et Jean-Bernard Pouy mène l'intrigue avec brio, même si la fin légèrement ouverte pourra laisser un goût d'inachevé. Mais ce qui retient le plus l'attention, c'est la qualité d'écriture : le livre est très court (environ cent-cinquante pages) mais il demeure dense et rondement mené, sans temps mort, avec un humour extraordinaire et des répliques qui font indéniablement mouche.
Cinq bières, deux rhums est donc un des jalons de la série du Poulpe : enthousiasmant, alerte et drôle, il marque surtout le retour aux manettes de Jean-Bernard Pouy pour le plus grand plaisir du lecteur. A noter qu'un autre opus de la série vient de sortir : On ne badine pas avec les morts, de Laurence Biberfeld.21/11/2009 à 13:46 4
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L'Empreinte sanglante
Ouvrage collectif
8/10 Un bien bon recueil, selon moi. En détail :
- Maxime Chattam : je ne suis pas un spécialiste de l'auteur, mais je le trouve différent de ce que j'ai lu de lui jusqu'à présent. Plus axé sur le sexe, la souffrance et les scènes gores. Personnellement, j'ai bien aimé, même si le contenu est très dur et dérangeant.
- Karine Giebel : très intéressante nouvelle, selon moi. Ce n'est pas une révolution en soi ni débordant d'originalité, mais c'est bien écrit, facile à lire et vif. Le concept de la prise d'otage est bien maîtrisé et le final, quoiqu'un peu rapide (mais c'est lié à la concision de ce type de récit), est plus original que ce que j'imaginais au départ.
- Olivier Descosse : c'est efficace, toujours aussi bien écrit, avec force phrases nominales qui impriment un rythme indéniable au récit, mais l'histoire est assez classique. Bien évidemment, ça se laisse lire avec plaisir, mais ça ne constituera pas selon moi la pièce maîtresse de ce recueil.
- Raphaël Cardetti : ça me rappelle un autre texte de Stephen King ("L'homme au marteau" ou un titre de ce genre). Nouvelle très bien écrite, assez lente mais s'appuyant à fond sur la psychologie du personnage central ; elle m'a beaucoup plu.
- Laurent Scalese : certes plus classique mais je l'ai trouvée diablement efficace : visuelle, rondement menée, un vrai film d'action à l'américaine (beaucoup de ressemblances avec Assassins avec Stallone et Banderas).
- Giacometti et Ravenne. Originale, certainement, présentant des résonances avec l'actualité sociale, avec de l'humour noir et un beau zeste d'originalité sur la fin. Je ne trouve pas que ça tienne vraiment debout, comme histoire, mais ça se laisse lire avec plaisir.
- Franck Thilliez : à mes yeux le texte le plus réussi. Une écriture toujours aussi tendue, un sacré suspense, beaucoup d'originalité. Une intrigue forte avec un dénouement très intéressant, ça me rappelle certains écrits de Stephen King avec toujours cette touche de "folie" et d'impression de plonger dans un monde parallèle. A mon sens, la pièce maîtresse du recueil.15/11/2009 à 19:40
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L'Anneau de Moebius
9/10 De tous les ouvrages de Franck Thilliez lus jusqu'à présent, certainement celui que je préfère. L'histoire est remarquable et d'une rare originalité, et l'on y repense même une fois le livre achevé. Le tueur est vraiment monstrueux et mérite d'entrer parmi les plus inquiétants du panthéon littéraire. Ce que je retiens surtout de cette lecture phénoménale, c'est l'intrigue et sa construction. Je trouve que l'image du puzzle est ici un peu réductrice ; d'après moi, ce roman, c'est un engrenage, vivant, en plusieurs dimensions, sans cesse en mouvement, et jamais figé. J'ai juste un petit bémol personnel à émettre quant au dernier chapitre, un peu en trop selon moi, mais cela ne m'empêche pas de reconnaître ce roman comme une réussite phénoménale !
15/11/2009 à 18:53 2
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Dortoir interdit
8/10 La jeune Michelle Annabella Katz est une décoratrice qui se fait embaucher par l'Agence 13 dont les activités sont bien particulières : redécorer des lieux où se sont déroulés des événements sanglants et inquiétants. Son premier contrat la mène auprès d'un nabab, Tobbey Zufrau-Clarkson, issu d'une vieille famille du sud des États-Unis, et passionné par la Guerre de Sécession. Il vient juste de faire l'acquisition d'un immense bunker dans un désert où il prépare une véritable horde de mercenaires à un éventuel conflit mondial. Le hic, c'est que ce bunker a été le lieu d'une incroyable boucherie au cours de laquelle des participants à des simulations de claustration post-nucléaire ont trouvé la mort pour des raisons inexpliquées. Pour Michelle, ce sera le début d'une descente aux enfers.
Serge Brussolo est un auteur qu'on ne présente plus : aussi à l'aise dans les domaines du thriller machiavélique (Le nuisible), le polar historique (L'armure de vengeance) ou la fantasy (Sommeil de sang), cet écrivain a su exploiter avec maestria bien des genres littéraires. Avec ce premier tome de cette Agence 13, Serge Brussolo inaugure une série bien prometteuse. Dortoir interdit saura ravir les amateurs des romans de l'auteur qui y retrouveront de nombreux points communs avec des œuvres comme Icerberg Ltd, Les emmurés ou Pèlerins des ténèbres, tant par l'intrigue que par l'ambiance. D'ailleurs, il faut noter une nette fracture dans le récit au milieu du livre, avec un événement qui fait basculer la teneur du roman de l'angoisse à l'action façon Lee Child. Même s'il y a parfois quelques passages un peu inutiles, l'ensemble reste excellent et très prenant à lire, avec une succession de surprises dans la dernière partie de l'œuvre.
Pour conclure, cet opus marque le grand retour de Serge Brussolo à ses premières amours : peur, phénomènes inexpliqués, milieu confiné et un très grand suspense à la clef. Quand on sait que d'autres récits mettant en scène Michelle Annabella Katz sont prévus, on ne peut que s'en réjouir.12/11/2009 à 06:50 2
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La mécanique des sectes
9/10 Découpé en treize chapitres (sectes et manipulations mentales, les sectes d'hier à aujourd'hui, le gourou, l'organisation sectaire, le recrutement, la persuasion coercitive, le conditionnement, les techniques psychiques de conditionnement, les techniques physiques de conditionnement, la scientologie, les pathologies mentales du gourou et des adeptes, les pathologies induites par la manipulation sectaire, le traitement des pathologies), ce documentaire remarquable fait à mon avis le tour des questions que l'on peut se poser sur ce thème. Particulièrement bien documenté (nombreuses citations d'autres ouvrages ainsi que de gourous et d'adeptes), c'est vraiment un ouvrage de fond très bien fait : riche, vivant, loin des clichés, et bien dense.
08/11/2009 à 10:15
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La Ferme des corps
8/10 Très bon ouvrage documentaire, bien écrit, et très intéressant. Le fait que l'auteur est un spécialiste de la science y est pour beaucoup, sans compter le fait que l'aide apportée par le second auteur l'a certainement aidé au niveau de la mise en forme des idées. Les chapitres ont des tailles et des sujets variés, on ne s'ennuie jamais.
On y apprend par le détail comment a été mise en place la fameuse ferme des corps, comment s'est bâtie l'expérience professionnelle du Docteur Bass, ainsi que de nombreux cas sur lesquels lui et son équipe ont travaillé. Ici, il n'y a pas d'orgueil ni de conte de fées, car de nombreuses affaires n'ont jamais été résolues; seuls comptent les moyens mis en oeuvre pour tenter de résoudre ces homicides, ce qui reste le plus important pour le lecteur. On y apprend également beaucoup sur l'aspect humain des choses, notamment sur la vie privée du Docteur Bass, ou sur des notions d'éthique (cf. l'affaire qu'il explique où il lui fut reproché d'utiliser des cadavres d'anciens combattants pour ses "expériences").
Bref, du bon, voire du très bon. La variété des enquêtes menées permet de passer un très instructif moment, même si certaines affaires sont trop rapidement évoquées quand d'autres (notamment celle sur le crématorium) sont à glacer le sang et particulièrement efficaces. Oh, et un dernier point pour conclure : la préface de Patricia Cornwell est sans le moindre intérêt. Si le Docteur Bass explique bien dans un chapitre particulier comment tous deux ont oeuvré ensemble et ainsi amorcé la célébrité de cette ferme (et non la ferme des célébrités !), son texte d'entrée de jeu me semble assez bidon et n'est que purement commercial.08/11/2009 à 10:02
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Scène de crime : L'encyclopédie de la police scientifique
7/10 Un livre très intéressant sur un sujet que l'on croit souvent connaître à force de regarder des films ou des séries télévisées, mais ces derniers tiennent souvent du pur n'importe quoi. On ressort de la lecture de ce documentaire richement illustré et bien ficelé avec la nette impression - la certitude, même - de s'être bien enrichi dans le domaine. Tous les domaines y sont abordés, et ce de façon suffisamment vulgarisée pour que tout le monde puisse suivre. Il y a également de nombreuses études de cas authentiques et des aspects historiques très instructifs. Seul petit bémol : à force de vouloir explorer tous les domaines de l'investigation scientifique, on a parfois l'impression de survoler. Mais rassurez-vous : je pense largement que ce livre mérite l'achat pour celles et ceux qui veulent se documenter sur le sujet.
07/11/2009 à 23:14
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La Nuit des Yakuzas
9/10 Le jeune Toshi mène une existence banale et sereine aux côtés de sa mère, jusqu'au jour où son univers bascule : sa maman est enlevée par un escadron d'inconnus, probablement des mafieux japonais. Pour l'adolescent, il faudra comprendre les raisons de cet enlèvement tout en cherchant à libérer sa mère, quitte à réveiller un passé mystérieux et douloureux.
Œuvre avant tout destinée à la jeunesse, La nuit des Yakuzas constitue un remarquable thriller. Sur près de cent-cinquante pages, à l'aide d'une écriture racée et nerveuse, le lecteur suit avec entrain le périple de Toshi dans un Japon crépusculaire, soumis à l'influence terrifiante de ces gangsters. Les divers personnages sont très bien campés, depuis Toshi, remarquable en jeune antihéros contraint d'affronter une véritable meute d'ennemis, jusqu'aux divers mafieux bandits, et sans ces clichés que l'on pouvait tant craindre. Les chapitres alternent selon une rythmique très cadencée, les scènes d'action sont très bien rendues, et le suspense parfaitement orchestré. Ici, aucun homme indestructible ni héros – au sens traditionnel du terme : la course-poursuite n'épargnera personne, projetant Toshi dans un monde peuplé de tueurs glacés et sans scrupule. Par ailleurs, sans tomber dans le piège de la description facile et de la carte postale, Anne Calmels offre un tableau saisissant du Japon ainsi qu'un intéressant glossaire en fin d'ouvrage, comme l'avait fait Viviane Moore dans Tokyo des ténèbres.
Prenant et excitant, La nuit des Yakuzas est donc un excellent opus qui donnera certainement envie d'en lire d'autres d'Anne Calmels. Même s'il est, a priori, dévolu aux lecteurs adolescents, il n'est pas à douter qu'il saura également combler de plus âgés, en raison notamment d'un style vif et d'une histoire percutante.06/11/2009 à 09:26
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La Huitième Case
9/10 A la Nouvelle-Angleterre, un groupe d'individus sillonne les confins perdus du pays. Parmi ces dix personnes se trouvent notamment le nouvel acquéreur du domaine parcouru et l'arpenteur Rogers, celui qui est chargé de montrer avec exactitude les limites de la propriété. Les autres membres de l'expédition sont l'assistant de l'arpenteur et les possesseurs des domaines voisins, sachant que tous se connaissent depuis bien des années. Au cours du périple, Rogers est pris d'un malaise suivi d'une sorte de démence. Il était malheureusement le seul à être capable de ramener les excursionnistes chez eux. Dès lors, il va falloir s'organiser et trouver un moyen de rejoindre la civilisation.
Maître du thriller avec des romans comme Nécropolis ou La nuit du solstice, Herbert Lieberman signait en 1973 La huitième case, dont le titre s'inspire d'un écrit de Lewis Carroll. Ce roman à suspense s'amorce sur un thème assez classique : l'abandon de personnages dans un milieu hostile, sans espoir de salut s'ils ne retrouvent pas par eux-mêmes le chemin du retour. A cet égard, les protagonistes sont convaincants et leurs querelles très expressives, avec le surgissement de vieilles rancœurs quant à la famille, l'amitié, l'amour ou la convoitise. Si la langue d'Herbert Lieberman, très agréable, rend hommage à la nature de la Nouvelle-Angleterre, et le récit est savamment entretenu, il faut reconnaître que certains lecteurs risquent parfois de se lasser des disputes des personnages et de certaines situations, même si elles sont très bien senties et tout à fait valables.
Néanmoins, là où le roman prend une tournure décisive, c'est dans l'épilogue. En quelques phrases, le lecteur comprend qu'il a été manipulé et que rien – à part peut-être une improbable intuition – ne pouvait le préparer à ce rebondissement. Le procédé pourra peut-être paraître facile à certaines personnes, mais c'est un moment délicieux qui oblige à se remémorer les événements passés pour mieux en apprécier la tournure, et permet à ce livre de véritablement se hisser au-dessus des autres grâce à cette ingéniosité de l'auteur, même si elle éloigne un peu cet opus du genre policier.
La huitième case est donc un roman à suspense brillant, qu'il faut peu à peu assimiler pour mieux goûter au changement de situation final. Un très bel exercice de style qui aurait pu inspirer des réalisateurs comme Manoj Nelliyattu Shyamalan.02/11/2009 à 19:08 1
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Les ch'tis commandements
7/10 Un bon Poulpe, toujours aussi coloré et prenant, avec une sacrée galerie de personnages tordus. Peut-être quelques passages un peu "gras" sur la fin, mais je renie pas le plaisir que j'ai eu à le lire.
29/10/2009 à 11:31 1
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Gorges Rouges
8/10 Dans un lycée parisien, on découvre les corps d'un professeur puis du proviseur, égorgés. Alex, un des élèves de l'établissement, craint qu'un de ses meilleurs amis soit inculpé. Il décide donc de mener l'enquête avec Alexandra pour comprendre les motivations de l'assassin et de le livrer à la police avant que cette dernière n'appréhende le mauvais suspect.
Premier opus de littérature policière destinée aux jeunes écrit par Hervé Moisan, Gorges rouges constitue un bien bon roman. L'écriture est intéressante, très agréable à lire, et ménage de très grands instants de suspense grâce à des phrases verbales bien trouvées. Le cadre du lycée est bien restitué, malgré quelques poncifs inhérents au genre, et l'intrigue tient la route, et ce jusqu'aux dernières pages. Certes, l'identité du meurtrier se laissera deviner par les lecteurs avertis qui trouveront aussi que son mobile est un peu facile, mais ce livre est avant tout un ouvrage destiné aux jeunes. Pour eux, Gorges rouges composera une belle passerelle vers ce genre littéraire, avec des personnages qui leur paraitront familiers, tant par leur phrasé que par leurs psychologies. Pour ce qui est du lectorat adulte, inutile de bouder son plaisir : cet ouvrage de Hervé Moisan offre deux heures d'une lecture très distractive et atypique.
A noter qu'en 2009, une autre enquête d'Alex et Alexandra est sortie, toujours chez Grasset Jeunesse : Samira.25/10/2009 à 11:43
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Scènes de crime
7/10 Un téléphone portable qui envoie des SMS mystérieux, un cuisinier japonais qui veut prendre sa revanche sur son associé, un centre où l'on engraisse ses patients, un tueur en série bien atypique... Au total, onze nouvelles de Brigitte Aubert.
Écrivaine à succès à qui l'on doit, entre autres, La mort des neiges et Funérarium, Brigitte Aubert livre ici chez un éditeur tourné vers la jeunesse ce recueil intéressant. Les genres littéraires sont variés, allant du polar au fantastique en passant par le noir, et l'écriture est très accessible. Les thèmes évoqués sont eux aussi riches et divers : la séquestration, les relations entre morts et vivants, la folie du jeu poussée à son paroxysme, etc. Si, comme souvent, certains écrits retiendront plus l'attention que d'autres, il faut reconnaître que tous ont été soignés et leurs chutes, parfois devinables si l'on est un lecteur aguerri, sont astucieuses. D'ailleurs, même si le public visé est celui des jeunes et des adolescents, les adultes pourront également s'y essayer car le talent d'imagination et de narration de Brigitte Aubert reste entier.
Au final, sans être un modèle du genre ni imprégner durablement les esprits, Scènes de crime reste un bon recueil, distractif et prenant.25/10/2009 à 11:34
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Double meurtre à l'abbaye
6/10 Un bon petit polar, très court (une centaine de pages), destiné avant tout à la jeunesse. L'ambiance médiévale est bien restituée et l'intrigue est intéressante. Néanmoins, il risque de ne pas plaire à un lectorat adulte dans la mesure où les personnages sont peu fouillés et l'enquête un peu trop rapidement menée. En tant qu'adulte, j'ai passé un agréable moment, sans plus, mais je ne doute pas que des jeunes – des collégiens, par exemple – y trouveront un intérêt supérieur au mien.
17/10/2009 à 20:01
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Le Chanteur de gospel
8/10 Dans le petit village d'Enigma, en Géorgie, la population prépare avec entrain l'arrivée du célèbre chanteur de gospel. Depuis bien longtemps, l'enfant du pays est devenu une institution, au point qu'on lui prête des vertus prodigieuses, au-delà de l'enchantement que provoque sa voix : il se murmure qu'il est en contact direct avec Dieu, qu'il peut guérir certaines maladies… Mais cette année, la jeune et belle MaryBell vient d'être assassinée de soixante-et-un coups de couteau par un Noir. La pression couve parmi les habitants qui veulent le lyncher. L'arrivée de l'artiste stigmatisera toutes les haines jusqu'à l'éclosion d'une violence qui n'épargnera personne.
Auteur de romans noirs, Harry Crews livrait en 1968 ce livre atypique, peuplé de personnages incongrus : un chanteur messianique dépassé par sa notoriété, un impresario dévoré par la religion, des monstres humains dont un homme appelé Pied, un suspect plongé dans l'hébétude… Un panorama iconoclaste et grinçant de l'Amérique profonde. L'écriture d'Harry Crews est également acide, puisqu'aucun des protagonistes n'est exemplaire, mangé de l'intérieur par les contradictions et les désillusions. Il faut cependant noter que l'intrigue purement policière passe nettement au second plan, et même si elle traverse le récit jusqu'au dénouement, cet aspect du roman risque de décevoir les puristes du genre. Néanmoins, l'histoire est très prenante malgré quelques longueurs, et la chute est forte et marquante : une véritable descente aux enfers, noire et puissante, à la fois tragique et burlesque.
Au final, un opus à l'intrigue policière ténue, mais qui mérite nettement d'être (re)découvert. Une histoire de désenchantement et de rédemption, qui illustre bien le précepte inscrit en épigraphe, au début du livre : "Les hommes pour qui Dieu est mort s'idolâtrent entre eux".16/10/2009 à 13:12 3