El Marco Modérateur

3578 votes

  • La corde d'argent

    Paul Halter

    7/10 Dans l'Angleterre des années 1950, Alice Davenport et son frère David sont confrontés à des phénomènes étranges. David est la proie d'hallucinations nocturnes où il se voit en meurtrier. Quand leur oncle meurt en Normandie dans des conditions similaires à celles décrites par David avec une précision saisissante, il devient évidemment le suspect idéal. Mais c'est sans compter sur une pléiade de personnages troubles : un magnétiseur aux fins discutables, un magicien spécialiste de la bilocation, un démarcheur de livres qui apparaît subitement. Et que dire de ce drame noué en Inde bien plus tôt, où des individus périrent dans des endroits clos, et jamais résolu ?

    Paul Halter s'est hissé comme le maître actuel des romans traitant de meurtre en chambre close, avec notamment John Dickson Carr comme illustre pionnier. Cet épisode est le dix-neuvième ouvrage de la série mettant en scène le Docteur Twist. La langue de l'auteur est très agréable, emprunte de ce caractère légèrement suranné lié à l'époque où se déroule l'histoire. L'ambiance est feutrée, sans action ni jaillissement de sang, avec d'agréables traits d'humour, et l'aspect lapidaire des descriptions rend les pages rapides à tourner. Il faut attendre les ultimes paragraphes pour découvrir l'identité du principal coupable, achevant un roman où les fausses pistes et autres rebondissements auront foisonné. Paul Halter exploite un subterfuge assez malin pour expliquer l'inexplicable, même s'il a déjà été utilisé par d'autres auteurs. Le seul véritable bémol de ce livre demeure la résolution de l'intrigue indienne : elle utilise une ficelle ultra-connue et employée par un autre éminent écrivain mais qu'il est ici impossible de citer sans rien dévoiler. Certes, Paul Halter connaît ses classiques (il va même jusqu'à donner comme titre à l'un de ses chapitres La mort dans les nuages, comme le roman d'Agatha Christie) et maîtrise les codes du genre, avec une sorte de passerelle avec les lieux où se déroulait l'action du Tigre borgne, mais certains lecteurs pourront se sentir frustrés par cette intrigue à la fois secondaire et trop rapidement conclue.

    La corde d'argent est donc un roman à énigme réussi, achevant de démontrer le talent de Paul Halter. Néanmoins, l'histoire aurait gagné à ne pas être entravée par une seconde histoire aussi anecdotique que ne l'est sa résolution.

    04/04/2011 à 21:28

  • Certains l'aiment clos

    Laurent Martin

    8/10 Parce qu'il est en pleine déprime et miné par des problèmes personnels, Gabriel Lecouvreur échoue dans un monastère breton. Sur place, il croit entrevoir la lumière divine, le chant du Créateur, et commence une conversion aussi rapide que sincère. Mais des meurtres particulièrement sanglants brisent la retraite du Poulpe : des moines sont assassinés, une croix métallique dans le ventre. Gabriel va donc devoir abandonner son statut de retraitant pour mener l'enquête, quitte à ce que ses tentacules aillent plonger dans des bénitiers aux eaux peu reluisantes.

    Deux-cent-cinquante-septième ouvrage de la série consacrée au Poulpe, Certains l'aiment clos est écrit par Laurent Martin, un auteur à la bibliographie déjà fournie. D'entrée de jeu, le lecteur se rend compte que le ton de cet opus sera bien différent de celui des autres. Gabriel Lecouvreur découvre la foi ! Messie, messie ! Et il va même jusqu'à y trouver du plaisir ! Au-delà de ce postulat qui défrisera bien des aficionados du céphalopode, il y a une nette inflexion de la part de Laurent Martin à vouloir faire sortir le personnage de Gabriel Lecouvreur des sentiers battus. Il va se lier d'amitié avec les moines, participer aux offices, et chaque chapitre s'ouvre sur un psaume. L'écriture est très agréable, les personnages nombreux et joliment croqués, et le livre se dévore avec entrain. Il ne faut pas être très lettré pour se rendre compte que l'auteur s'est inspiré du Nom de la Rose d'Umberto Eco pour imaginer son intrigue, cette ascendance étant clairement assumée par Laurent Martin qui cite à plusieurs reprises le roman. L'intrigue se dénouera de manière relativement inattendue, loin des clichés auxquels on pouvait s'attendre.
    Et puisqu'il faut bien clore une histoire, Laurent Martin a choisi une voie bien surprenante, presque iconoclaste eu égard à la personnalité du Poulpe. Certains amateurs de Gabriel regretteront probablement ce choix, mais on ne peut pas manquer de louer les efforts de l'auteur pour édifier un ouvrage atypique.

    Certains l'aiment clos est donc une œuvre bien surprenante : elle conjugue les qualités d'un huis clos réussi à une tonalité inédite dans la série. Est-ce un blasphème ou un renouvellement du personnage ? La question divisera à coup sûr mais n'empêchera certainement pas de reconnaître les indéniables qualités de ce roman.

    28/03/2011 à 17:08 1

  • La Mort des neiges

    Brigitte Aubert

    8/10 Rendue muette, aveugle et tétraplégique à la suite d'un attentat, Élise Andrioli décide d'aller se reposer à la montagne, dans les Alpes-Maritimes. Elle est installée dans un centre où sont présents d'autres handicapés, mentaux ou moteurs. Et c'est alors qu'un nouveau tueur en série commence à sévir, la première victime étant une femme crucifiée dans une maison abandonnée. Rapidement, l'assassin s'adresse à Élise et lui confie même un morceau de steak... qui s'avère être un morceau de la chair prélevée à la victime torturée. C'est le début d'une longue série de meurtres abominables.

    Après La mort des bois, Brigitte Aubert poursuit avec son héroïne si atypique. Le récit est alerte, ponctué de descriptions savoureuses, émaillé d'un humour tordant, et le lecteur se prend d'une empathie certaine pour la protagoniste. L'histoire est bien bâtie et réserve de nombreux rebondissements jusqu'au coup de théâtre final, assez surprenant. Par ailleurs, loin de vouloir absolument rejouer le premier opus en le faisant se dérouler, cette fois-ci, dans un environnement alpestre, Brigitte Aubert a imaginé un scénario assez adroit et délirant. L'ensemble est très bien écrit et, malgré une fin qui aurait pu facilement être réduite de quelques dizaines de pages pour préserver l'impact et la verve de l'histoire, prenant.

    Pour conclure, La mort des neiges est un thriller savoureux, atypique et bien mené, offrant de délicieux instants de distraction.

    28/03/2011 à 16:59 1

  • Le Samouraï qui Pleure

    Laurent Scalese

    8/10 Un restaurateur japonais ainsi que sa famille retrouvés massacrés à Paris : meurtres ou suicide collectif ? Un suspect dont l'arrestation débouche sur la mort de trois policiers. Quelque chose de louche et inquiétant se trame dans l'ombre, c'est du moins l'intime conviction du lieutenant Élie Sagane. Alors que son équipe se met en chasse, elle ignore qu'elle vient en fait de se dresser sur la route de la très puissante mafia japonaise et que cette dernière est prête à tout pour parvenir à ses fins, quitte à sacrifier les policiers qui lui barreront la route.

    Laurent Scalese fait partie de ces auteurs français que l'on ne présente plus. Écrivain reconnu par la critique, le public et ses pairs, il entamait en 2000 sa carrière avec cet ouvrage. Pour les connaisseurs, sa patte apparaît rapidement : personnages campés avec réalisme, intrigue tendue, style visuel. Le fait que Laurent Scalese en vienne à travailler à de nombreuses reprises pour la télévision n'est pas surprenant : le livre, à l'instar de ses autres romans comme L'ombre de Janus ou Le baiser de Jason, tire partie d'une écriture lapidaire qui laisse la part libre à l'action et aux évolutions de ses personnages. A n'en pas douter, l'auteur s'est beaucoup documenté avant de se lancer dans l'édification de ce récit, notamment sur le milieu policier, la culture japonaise ainsi que les terribles yakuzas, sans jamais tomber dans les poncifs souvent inhérents au genre. L'ensemble, nerveux et racé sans pour autant tomber dans la surenchère pyrotechnique, retient sans peine l'attention du lecteur sur les quatre-cents pages, sous-tendu par une intrigue qui panache les éléments attendus du genre tout en demeurant original.

    Avec ce thriller, Laurent Scalese s'imposait d'emblée parmi les auteurs français du genre à suivre de près. La suite de son œuvre est tout aussi intéressante, jusqu'à son dernier roman, La cicatrice du diable, dont la sortie en poche se fera en juillet prochain.

    22/03/2011 à 18:22

  • L'Ange de leather Lane

    Lee Jackson

    9/10 En ce milieu du XIXe siècle, le temps se gâte dans le quartier de Leather Lane : un boucher est accusé de faire le commerce de viande chevaline. Une bande de jeunes malfrats propage cette rumeur semble-t-il infondée, et c'est Sarah Tanner qui accepte de venir en aide à ce commerçant pour préserver le calme de ce quartier londonien dans lequel elle travaille. Dans le même temps, un ancien amant de Sarah se rappelle à son bon souvenir et l'enjoint de l'aider : ses parents sont en effet tombés sous la coupe de mesméristes, cette supposée science mêlant hypnose et autres pratiques contestables. Deux enquêtes parallèles ? Pas si sûr. Car au fur et à mesure de ses avancées, la jeune femme découvre que les deux affaires sont liées.

    Lee Jackson est un auteur spécialisé dans le polar historique se déroulant à l'époque victorienne, et animant un site de haute tenue consacré à l'histoire sociale et culturelle de l'Angleterre. Son œuvre se divise principalement en deux séries : celle consacrée à Decimus Webb et l'autre à Sarah Tanner. Après Une femme sans peur, on retrouve ici la délicieuse Sarah aux prises avec une bande de scélérats prompts à jouer du couteau et des charlatans profitant de la naïveté humaine. Les lieux et l'ambiance du Londres de la moitié du dix-neuvième siècle sont parfaitement rendus, avec panache et précision, sans que cette érudition descriptive n'empiète sur le déroulement de l'intrigue. Aux côtés de Sarah, on se promène dans la capitale anglaise comme on découvrirait un lieu et une époque inconnus au bras d'une guide qui sait allier culture et retenue. L'intrigue est très riche, offrant de nombreux rebondissements, sans le moindre temps mort, et les diverses pièces du puzzle s'assemblent pour former un ensemble intelligible et crédible. Par ailleurs, le lecteur aura le plaisir de voir les personnages évoluer, notamment Sarah, avec les ultimes pages orientant sans nul doute la suite de la série.

    L'ange de Leather Lane constitue donc un ouvrage de grande qualité, à la fois cultivé et réjouissant, où la forme et le fond se conjuguent à merveille pour composer un ouvrage policier et historique particulièrement prenant. Il est à noter qu'un autre livre de Lee Jackson sort dans quelques jours : Il était une fois un crime.

    20/03/2011 à 18:20

  • Oniria

    Patrick Senécal

    9/10 Dave, Jef, Éric et Loner parviennent à s'échapper de prison. Pour fuir la police, ils vont se cacher dans la maison de la psychiatre de l'un d'entre eux. La bâtisse s'appelle Oniria. Étrange... Mais encore plus étrange est le mari de la psychiatre, roulant en fauteuil et menant des expériences obscures, ou cette servante aux allures de fantasme érotique. Et que dire des patients qui sommeillent en ces murs et dont les songes semblent générer des créatures démoniaques. Les quatre fuyards n'auraient jamais dû pénétrer dans Oniria.

    On ne présente plus Patrick Senécal. 5150, rue des ormes, Le passager ou Les sept jours du talion constituent autant de perles noires et marquantes. En 2004, l'auteur signait ce livre qui rappelle tant d'éléments typiques de son œuvre : le sang, le sexe, l'angoisse. On a déjà évoqué l'influence de Stephen King, Dean Koontz ou Graham Masterton, mais Patrick Senécal a su se dégager de ces ascendances littéraires pour imposer un style très personnel. L'écriture est laconique, très simple, et plonge rapidement le lecteur dans un cauchemar parfaitement intelligible, par paliers successifs.
    Les personnages sont tous bien campés, et l'histoire est encore une fois très forte. Aux côtés des quatre prisonniers, le lecteur va basculer lentement mais sûrement dans des abîmes de folie et de cruauté. S'il est très difficile de parler de ce livre sans dévoiler certains éléments, il convient juste de savoir que le rythme du récit s'accélère sans cesse, passant du roman à suspense au thriller fantastique débridé. Les scènes sont très visuelles, souvent basées sur des idées simples et transfigurées par une imagination incroyable. Certains lecteurs seront peut-être choqués par les penchants de Patrick Senécal à peindre des moments où sexe et violence sont poussés à leur paroxysme, faisant de ce roman un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Néanmoins, là où un autre auteur sans talent aurait fait chavirer son récit dans le burlesque et le ridicule, Patrick Senécal maintient le cap et assume pleinement son extravagance littéraire. L'épilogue mérite également d'être loué : il offre un ultime rebondissement de très grande qualité, parachevant une histoire sans équivalent.

    Oniria est donc une véritable aventure, qui se savoure et se mérite. On en prend plein les yeux d'un bout à l'autre, à condition d'accepter le postulat suivant : Patrick Senécal est un génie, avec ses délires et ses inclinations singulières.

    13/03/2011 à 20:12 1

  • Le Petit Bleu de la côte Ouest

    Jacques Tardi

    9/10 Georges Gerfaut est cadre commercial. Marié, deux enfants. Il fume, boit, aime le jazz, conduit une Mercedes. Un anonyme, sans histoires. Jusqu'au jour où il croise la route d'un homme qui vient d'avoir un accident de voiture et l'accompagne à l'hôpital. Un geste louable, gratuit, mais qui va lui coûter cher. Car l'individu supposé accidenté vient en fait d'échapper à une tentative de meurtre, et les tueurs ne veulent surtout pas d'un éventuel témoin à qui leur proie aurait pu se confier. Pour Georges Gerfaut, ça va être le début du cauchemar.

    Écrit en 1976 et porté à l'écran, c'est au tour de la bande dessinée d'offrir une troisième jeunesse au roman du même nom de Jean-Patrick Manchette. Prêtant son crayon pour l'occasion, Jacques Tardi illustre un roman qui était à la fois sobre et riche. Toutes en noir et blanc, les planches défilent sur environ soixante-dix pages, à un rythme sec et effréné. L'histoire est intéressante, mettant en scène un pauvre bougre, presque saisissant de banalité, qui commet un jour l'impair bien involontaire de se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment, et à qui le sort va réserver des suites sanglantes. Si le postulat de départ semble classique, le traitement qui en est fait l'est beaucoup moins. Le lecteur se prend vite d'amitié pour Georges Gerfaut dont les ressources, la patience et la sagacité forcent le respect. Il n'est ni un héros ni un antihéros, juste un homme qui tente de se sortir du pétrin dans lequel il s'est fortuitement fourré. Le récit est très bon, l'univers de Jean-Patrick Manchette restitué avec sobriété et efficacité, et l'histoire, ménageant flash-backs et ellipses, tient en haleine.

    Tout comme le roman dont il est tiré, cette bande dessinée est une sorte de conte moderne, variation intéressante du pot de terre contre le pot de fer. Jacques Tardi exploite à merveille le livre qu'il adapte, où le bicolore des croquis fait écho au noir des mots et des combats de Jean-Patrick Manchette. L'hommage d'un grand dessinateur à un grand écrivain.

    11/03/2011 à 19:51 4

  • Qu'Ils s'en aillent tous

    Laurence Biberfeld

    8/10 La révolte agite la ville du Grestain suite au projet de privatisation du port. Dans le même temps, on apprend que le capitaine Joseph Langrenne est décédé lors d'un vol en parapente. Accident ? Suicide ? Assassinat ? Deux détectives privés, Maria La Suerte et Gandalf de Saint Aygulf, sont chargés de percer ce mystère.

    Laurence Biberfeld signe ici un roman fortement engagé du point de vue social. En effet, l'histoire prend ses racines dans un port sur le point d'être privatisé, avec tout ce que cela peut engendrer : craintes pour les ouvriers de voir leurs conditions de travail bafouées, esclandres des élites tutélaires, emploi de la force pour déloger les grévistes, et surtout la situation profondément déplorable des matelots obligés de voguer sur des mers incertaines à bord d'épaves. A cet égard, les préoccupations sociales de Laurence Biberfeld sont ouvertement ancrées à gauche, avec une très nette propension à l'empathie pour tous les forçats des flots, ainsi qu'une colère contre un certain capitalisme.
    Au-delà de cet aspect du livre, le roman présente une intrigue solide dont les pièces du puzzle apparaissent au gré de chapitres qui alternent habilement entre les points de vue des divers protagonistes. La langue est belle et riche, offrant de nombreuses formules que le lecteur se plaira à lire à haute voix pour en apprécier toute la saveur. Détail atypique : certaines parties se proposent sous la forme de courtes scènes de théâtre, avec dialogues entre les personnages et didascalies. C'est d'ailleurs au cours des réparties que l'on apprécie la personnalité des deux détectives. Maria De Suerte est une libertaire zélée, prompte à pourfendre la marchandisation des êtres humains – rappelant en cela le personnage du Poulpe que Laurence Biberfeld a d'ailleurs dirigé avec On ne badine pas avec les morts –, et Gandalf de Saint Aygulf, personnage au verbe châtié et aux manières élégantes. La coexistence de ces deux individus aux caractères si différents est source d'échanges souvent pertinents et amusants, en plus de créer un duo que l'on se plairait à retrouver dans d'autres enquêtes. Maria pense que le capitaine est décédé en raison des remous provoqués par la situation du port, Gandalf à cause d'une histoire de cœur. Lequel des deux a raison ? Il faudra attendre les derniers chapitres pour le savoir.

    Malgré un trait parfois un peu épais lié aux convictions politiques de l'auteur, le roman est vraiment très bon en plus d'être original, à la fois par sa forme, le contexte de l'histoire et le binôme des enquêteurs.

    11/03/2011 à 19:50

  • Le Livre des trépassés

    Lincoln Child, Douglas Preston

    9/10 Un opus d'une de mes séries littéraires préférées, et celui-ci est encore une fois à la hauteur. Suspense, scénario intelligent, personnages fouillés, et le plaisir de retrouver Pendergast face à Diogène. Des scènes mémorables, et un épisode particulièrement important dans la série : l'explication – fameuse – de la haine que voue Diogène à son frère. Un régal !

    03/03/2011 à 18:30 1

  • L'ingratitude des fils

    Pierre D'Ovidio

    8/10 Pendant l'hiver 1945, des gamins découvrent un cadavre niché dans des ruines. Détail troublant : il est en partie brûlé, sa main est peinte en noir, et on découvre dans sa bouche un papier sur lequel est écrit : « A PARM ». C'est le jeune inspecteur Maurice Clavault qui doit mener l'enquête. Dans une France trouble et troublée, son investigation ne manquera pas de rouvrir des blessures encore récentes.

    Ce roman écrit par Pierre D' Ovidio et amorçant la série consacrée à Maurice Clavault est un pur régal. L'ambiance de l'époque est parfaitement restituée, entre douleurs du passé et espérances timorées pour l'avenir, et l'on devine sans mal le formidable travail de documentation qui a été le préalable à l'édification de ce récit. Les personnages sont tous très humains, bien campés, et crédibles. Les aller-retours entre le germe des drames à venir, s'enracinant dans la Lituanie de 1926, et le présent sont réussis et enrichissent l'histoire d'une dimension humaine inoubliable. Le roman ne livre la clef de l'énigme que dans les dernières pages, à la fois poignantes et révélatrices d'une société qui essaie de tourner la page. Certes, l'intrigue passe au second plan, laissant Pierre D' Ovidio peindre le portrait de nations et de peuples en désarroi, mais elle n'en demeure pas moins émérite.

    L'ingratitude des fils est donc un roman qui tient à la fois du policier et de l'historique. On ne peut que louer l'intelligence et la pertinence de Pierre D' Ovidio de proposer un roman aussi original et instructif. Une littérature pour mémoire.

    01/03/2011 à 19:32 2

  • Le Tigre borgne

    Paul Halter

    8/10 Patrick Mallory, jeune espion, est dépêché en Inde, dans la province de Kandore, par William Fraser. Son objectif est, de prime abord, plutôt banal : il doit surveiller le maharadjah Jaswan Singh qui semble prêt à ourdir un complot. Cependant, cette région est tourmentée par deux personnages assez singuliers : un tigre borgne qui sème la désolation parmi la population, et un fakir, hostile à l'autorité du maharadjah, qui pratique des tours de magie à l'aide d'une corde devenant, comme par enchantement, aussi solide que du métal. Patrick Mallory ne sait pas qu'il va aller de surprises en surprises, toutes plus dangereuses et mortelles les unes que les autres.

    Auteur français passé maître dans l'élaboration et la résolution des meurtres en chambre close, Paul Halter montre à nouveau l'étendue de son talent dans ce roman. En implantant son récit dans l'Inde de la fin du dix-neuvième siècle, l'écrivain offre un dépaysement total au lecteur grâce aux ambiances chaudes et colorées de ce bout du monde. La multiplicité des personnages, propre au whodunit, permet de peindre habilement une galerie de suspects potentiels, tous très bien campés. Les intrigues sont nombreuses, du fauve carnassier jusqu'au fakir magicien en passant par un meurtre dans une pièce verrouillée. Comme à chaque fois dans ce type d'ouvrage, le lecteur s'échine à découvrir comment le criminel a pu s'y prendre, usant ses neurones pour comprendre le fin mot de l'histoire. Paul Halter, en talentueux disciple de John Dickson Carr, parvient à nouveau à surprendre en proposant une résolution très cartésienne des énigmes grâce à un sens aigu de la déduction digne de Arthur Conan Doyle.

    Alliant la fougue du livre d'aventure à l'ingéniosité du roman à énigmes, Paul Halter livre un nouvel opus riche en rebondissements, à la fois novateur et s'ancrant dans la tradition du genre. Si certains passages, notamment relatifs à l'histoire d'amour de Patrick Mallory, peuvent paraître assez candides, la noirceur des derniers chapitres ainsi que le final, sombre et détonant, contredisent cette première impression. A n'en pas douter, Paul Halter s'est imposé, par son habileté et son imagination, comme l'un des meilleurs – sinon le meilleur – romanciers contant les assassinats en milieu fermé.

    01/03/2011 à 19:29

  • Le Grand Braquage

    Dashiell Hammett

    8/10 A Philadelphie, environ cent-cinquante malfrats se donnent rendez-vous, et deux banques sont cambriolées dans la foulée, avec un assaut en règle de la part de ces gangsters. Les coups de feu inondent la ville, des bandits ainsi que des policiers et des passants sont au tapis. Le détective de la célèbre Continental Detective Agency avait pourtant été prévenu par un indicateur, mais l'ampleur du hold-up dépasse de loin ses pires pronostics. Il devra alors faire appel à ses collègues pour retrouver le butin ainsi que le cerveau de l'affaire, alors que les truands n'ont pas fini de régler leurs comptes...

    Auteur pionnier du roman noir, Dashiell Hammett était une plume de premier ordre, à la fois inventive et hallucinante de férocité. Écrites en 1924, Le grand braquage suivi du Prix du sang constituent deux nouvelles très efficaces, typiques du style de l'écrivain. Les personnages sont bien troussés, les dialogues souvent très drôles, et les situations visuelles. Ici, pas de larmes, de protagonistes timorés : ça castagne à mains nues ou à l'aide de poings américains, ça défouraille à l'arme automatique, et les femmes sont tout sauf fragiles. Les décors sont plantés en quelques mots habilement choisis et l'essentiel de l'histoire se résume à des coups bas, des trahisons, et des fusillades échevelées. Quiconque aura lu La clé de verre retrouvera avec un plaisir inégalé la verve de Dashiell Hammett, son appétit pour les durs à cuire, et la pléthore de personnages sombres et virils qui n'ont jamais peur de prendre des balles, et encore moins d'en faire pleuvoir.

    Le grand braquage est donc un ouvrage emblématique de l'œuvre de Dashiell Hammett, à des années-lumière des héros tendres, vivant une quelconque empathie pour leurs congénères. C'est de l'action, du brutal, de la testostérone en barils. Et le lecteur ne pourra que trouver un plaisir jouissif à suivre cette nouvelle enquête du détective anonyme si cher à son génial géniteur.

    23/02/2011 à 10:30

  • Les Morsures de l'ombre

    Karine Giebel

    8/10 Une histoire très efficace et captivante, au style épuré et direct. Karine Giebel m'a plongé rapidement et profondément dans les tourments de la captivité du policier, ainsi que dans une intrigue dont j'ai eu beaucoup de mal à me détacher.

    15/02/2011 à 20:30 3

  • La Fracture de Coxyde

    Maxime Gillio

    8/10 Rien ne va plus en Belgique. En plus des dissensions politiques et linguistiques qui déchirent le pays, on vient de découvrir un membre des « Reculistes », un groupuscule d'artistes férus du peintre Jacques Delvaux, épluché dans une usine qui fabrique des frites. En France, Jacques Bower, surnommé « le Goret » en raison de sa propension à aller fouiner un peu partout, découvre l'information et décide de partir en Belgique pour enquêter. Ce qu'il y découvrira ne l'enchantera pas, lui qui ne peut pas voir l'extrême droite en peinture, mais ça va rapidement devenir une affaire personnelle. Jacques Bower, ou lard et la manière de fouiller les sols, même les plus impurs.

    Il ne faut pas être un grand connaisseur en littérature policière pour se rendre compte que Jacques Bower est un avatar de Gabriel Lecouvreur, alias « le Poulpe », le personnage créé par Jean-Bernard Pouy et devenu le personnage central d'une longue série. Maxime Gillio assume parfaitement cette source d'inspiration, et invente un protagoniste ainsi que quelques acolytes crédibles et sympathiques que l'on se plait déjà à imaginer dans de prochaines enquêtes. Comme d'habitude chez Maxime Gillio, l'intrigue est excellente, les propos sonnent juste, et l'on parcourt avidement ce roman de moins de deux-cents pages. L'histoire a été intelligemment bâtie, permettant au lecteur de côtoyer les milieux artistiques et les émanations fascisantes d'une Belgique en plein désarroi. En fait, La fracture de Coxyde se situe à la croisée des chemins tracés par l'auteur, mêlant le côté policier de L'abattoir dans la dune ou Le cimetière des morts qui chantent et l'humour débridé présent dans Les disparus de l'A16. Jacques Bower est un personnage savoureux, au verbe haut et leste, et étant donné le talent incontestable de son géniteur littéraire, on ne peut que croiser les doigts pour le retrouver dans d'autres investigations. Certes, il ne bénéficie pas encore du capital sympathie de son illustre modèle, mais ce fait est compréhensible dans la mesure où c'est la première fois qu'il apparaît.

    Le pari était osé : le Poulpe est unique. Le Goret en est une transfiguration habile, succulente et au potentiel littéraire indéniable. Maxime Gillio le fera-t-il à nouveau fureter du groin dans un futur proche ? Confiera-t-il ce rôle à d'autres auteurs de la maison d'édition Ravet-Anceau, comme Jean-Bernard Pouy l'a fait avec Gabriel Lecouvreur ? Il est encore trop tôt pour y apporter une réponse, mais il est presque acquis que le lecteur, après avoir achevé cette Fracture de Coxyde, se posera ces questions rendues légitimes par la qualité de ce livre.

    13/02/2011 à 08:33

  • La Confrérie des mutilés

    Brian Evenson

    9/10 Kline, un détective privé ayant perdu la main après avoir croisé la route d'un dangereux psychopathe, est approché pour une mission bien particulière : infiltrer une société secrète constituée de mutilés volontaires. Cette horde possède des règles très étranges, où la classification des séides se fait en fonction du nombre d'ablations. Assez rapidement, Kline se rend compte que son contrat ne va pas être simple à honorer. Sera-t-il capable de braver l'indicible, tant physique que psychologique, pour parvenir à ses fins ? Sans le savoir, au rythme des bouts de corps que l'on découpe comme de la simple viande, il bascule dans un univers dont il ne reviendra pas indemne.

    La confrérie des mutilés est un roman à la puissance narrative peu commune. D'entrée de jeu, en à peine quelques pages, le lecteur sombre dans un microcosme humain inouï, composé d'individus qui se plaisent à s'amputer pour gagner en autorité sur leurs semblables, ce qui génère des scènes détonantes où l'on oscille entre horreur et absurde. Brian Evenson est parvenu à créer un monde littéraire inédit, à la fois tragiquement plausible et déshumanisé, où la valeur d'un homme se réduit aux portions de son propre corps dont il a bien voulu se délester à l'arme blanche. Le ton employé, à la fois épuré et riche en références artistiques et religieuses, est singulier, et ne manquera pas de dérouter certains lecteurs. Des scènes d'automutilation, même si elles sont souvent lapidaires, risqueront de gêner la sensibilité des âmes sensibles.
    Néanmoins, si l'on parvient à s'extraire de cette retenue, il faut reconnaître à l'auteur des talents peu communs. L'intrigue est particulièrement originale, et son déroulement réserve de nombreux rebondissements et autres surprises machiavéliques. Le poids des mots choisis, la concision du récit et la palette de protagonistes, retors et inquiétants, suffisent à bâtir un roman d'une rare force de percussion. Il y a des flots d'hémoglobine, de morts violentes, parfois en surabondance, jusqu'au vertige littéraire, mais sous le verbe brutal de Brian Evenson se tapissent des réflexions très profondes sur le corps humain, le rapport à autrui, la rédemption, ainsi que des notions particulièrement éloquentes quant à la religion. Tel un démiurge, Brian Evenson a édifié une société ahurissante, instaurée selon des codes nouveaux, et faite d'êtres qui ne manqueront pas de marquer l'esprit du lecteur.

    A coup sûr, La confrérie des mutilés constitue un roman sensationnel, sans le moindre équivalent. Peut-être sera-t-il aux yeux de certains trop violent, voyeur ou outrancier, mais il ne peut susciter l'indifférence, ce qui est probablement la marque de ces livres dont on parle longtemps après. En somme, c'est au lecteur... de trancher.

    08/02/2011 à 17:52 2

  • Taxi, Take Off and Landing

    Sébastien Gendron

    9/10 Hector Malbarr est un homme anecdotique, sans passé ni présent et encore moins d'avenir. En transit dans l'aéroport de Copenhague, alors que sa compagne Glenda s'absente un instant, il fait la connaissance d'une femme aux formes atomiques, Angie, qui l'envoûte en quelques mouvements de la croupe. Hypnotisé, Hector tombe sous son charme, apprend qu'ils doivent se marier – alors qu'ils ne se connaissent même pas ! – et est emmené comme un bagage vers une île paradisiaque. Accrochez vos ceintures, déconnage immédiat !

    Sébastien Gendron n'est pas un anonyme. On lui doit, notamment, Le tri sélectif des ordures, Mort à Denise, opus de la série consacrée au Poulpe, et une participation au recueil Paris jour. Dans ce livre sans équivalent, on découvre un personnage particulièrement transparent, catapulté dans une aventure qui le dépasse dès les premiers jalons. Le ton est alerte et l'humour de Sébastien Gendron est absolument ravageur : dialogues incisifs, situations cocasses, protagonistes hilarants... Le lecteur bascule dans une histoire qui côtoie le pastiche de romans d'espionnage. D'ailleurs, certains éléments étayant ce fait sont sans ambiguïté, mais il serait dommage de les dévoiler tant la surprise est singulière. Il y a moins de deux-cents pages, agréablement entrecoupées de textes divers (courriels et saynètes vidéos) qui concourent à la loufoquerie de l'ensemble. Pas un seul temps mort, des scènes mémorables de dérision, et parallèlement, une intrigue bien ficelée qui ne manquera pas de combler le lecteur friand de légèreté.

    Avec ce second livre paru aux Éditions Baleine après Mort à Denise, Sébastien Gendron poursuit avec une œuvre inclassable, burlesque et unique. On pourra également se référer au blog lié au roman pour poursuivre et compléter ces heures de délire décomplexé.

    08/02/2011 à 17:51 1

  • Passe-temps pour les âmes ignobles

    Élie Robert-Nicoud

    9/10 Richard Carter est l'un de ces très nombreux Anglais venus habiter en Dordogne. Au hasard de ses achats, il est intrigué par un roman policier, et son étonnement chavire en profonde inquiétude lorsqu'il se met à le lire. A mots presque explicites, le mystérieux auteur a mis en scène des événements du passé de Carter ainsi que ceux de trois autres Anglais installés dans les parages. Qui peut bien être cet écrivain qui en sait tant sur eux ? Quels sont ses objectifs ? Cet inconnu en sait beaucoup sur eux. Beaucoup trop. Il va falloir trouver une solution. Peut-être radicale. Quitte à sortir les fusils de chasse pour faire taire cet impudent.

    Troisième roman de Louis Sanders après Février et Comme des hommes, Passe-temps pour les âmes ignobles est un remarquable roman noir. Un peu moins de deux-cents pages qui passent à la vitesse de la chevrotine. Des personnages humainement brossés, avec leurs faiblesses, leurs haines et leurs passés peu avouables. Une plume alerte, aux dialogues rares, laissant la part belle aux descriptions psychologiques. Un lacis d'anecdotes et d'histoires révolues qui reviennent à la surface du présent, avec un impact décuplé par le poids des haines et des trahisons. Des petits bourgeois en apparence si recommandables, mais en réalité alcooliques, prétentieux, désargentés, prêts à bien des crimes pour restaurer la part d'honorabilité qui pourrait encore être sauvée. Ces destins vont s'entrechoquer et se fracasser en un petit jeu de massacre qui n'épargnera personne. Les fusils de chasse parleront presque aussi fort que ces individus pour lesquels le lecteur va nourrir des sentiments changeants : d'abord la compassion, voire une certaine sympathie, puis une haine aussi létale que les cartouches qui vont jaillir de leurs armes. Les rebondissements vont s'enchaîner quant à l'identité de cet écrivain de l'ombre, jusqu'au dénouement qui éclate comme une détonation dans les toutes dernières pages. Une manipulation remarquable qui rappelle, dans une certaine mesure, celle orchestrée par Serge Brussolo dans Le nuisible.

    Louis Sanders a signé un roman qui panache la retenue toute britannique des individus qu'il décrit et la violence de ces malveillances larvées qui éclatent quand le soupçon devient incandescent. Une peinture au vitriol d'une classe sociale qui s'embrase pour ses propres intérêts jusqu'à allumer plus d'incendies qu'elle ne voulait en éteindre.

    01/02/2011 à 17:51

  • Gémeaux

    Maud Tabachnik

    4/10 Sans être complètement nul, ce livre lu il y a longtemps m'a laissé le souvenir d'un récit froid, inutilement "barbare" lors de certains passages (notamment au début, avec le viol d'une jeune femme), et sans psychologie véritable ni originale. Un roman fade qui ne m'a marqué que par sa transparence.

    31/01/2011 à 19:44

  • Les bagnoles ne tombent pas du ciel

    Lucienne Cluytens

    7/10 Un époux, pharmacien respecté. Une épouse éprise de religion. Une belle étudiante désargentée, jalouse et vindicative. Un trio explosif. Quand la conjointe est découverte morte d'une balle dans la tête, le mari est rapidement suspecté. Fin de l'histoire, le crime est presque trop évident. Sauf pour une jeune pédicure, amie du pharmacien, qui engage Marc Flahaut, reconverti en détective privé le temps que sa mise à pied prenne fin. Le flic accepte, sans se rendre compte à quel point les apparences peuvent être trompeuses.

    Après Lille-Québec aller simple, Lucienne Cluytens reprend le personnage de Marc Flahaut pour cette enquête, dépouillée et crédible. La langue de l'auteur est très agréable, et l'on plonge avec délectation dans le milieu empesé de la bourgeoisie provinciale, marquée par le conformisme et la tutelle de la religion. Les personnages sont savamment campés, sans cliché, avec suffisamment d'épaisseur et de zones d'ombre pour les rendre à la fois plausibles et douteux. Le récit, court, ne comporte aucun temps mort et l'on en arrive rapidement à l'épilogue, assez surprenant, même s'il aurait peut-être gagné à être développé ou explicité. Ce qui est particulièrement frappant dans cet épisode de la série consacrée à Marc Flahaut, c'est sa sobriété. Aucun mot de trop, pas de scène d'action échevelée ni de surenchère dans le sang ou le morbide : il s'agit d'une histoire simple et vraisemblable, où l'adultère côtoie la vengeance, la suspicion de meurtre la crédulité naïve.

    L'auteur de La grosse, Le petit assassin et des Peupliers noirs poursuit donc le sillon qu'elle trace au gré de ses romans : celui d'une bibliographie sereine et de belle tenue, à la fois ingénieuse et élégante.

    26/01/2011 à 19:47

  • Le département du diable

    Michel Honaker

    7/10 Dave Ofrion est un jeune informaticien de génie qui a mis ses talents au service de Surveyor System, une société qui épie des personnalités. Au cours de l'une de ses opérations, Dave voit sa mission basculer : l'homme qu'il surveillait est assassiné, et les tueurs semblent être sur sa piste. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Dave n'a désormais plus le choix : il doit se retourner contre ses employeurs pour comprendre les raisons d'un tel drame.

    Auteur à succès de romans destinés à la jeunesse, Michel Honaker livre un thriller habile dans la collection Tribal de Flammarion. On y retrouve tous les éléments attendus : des personnages ambigus, un scénario qui tient la route, un style visuel et un ouvrage court pour plaire aux jeunes lecteurs. Les divers protagonistes sont bien campés, marqués par leurs zones d'ombre et leurs faiblesses, avec une mention particulière pour Dave, terrifié par le blanc de la neige depuis un drame passé et attaché à retrouver un père manquant. Ses connaissances en matière informatique lui seront d'une grande utilité, et on ne peut que louer l'imagination et l'efficacité de Michel Honaker. Certes, on pourra reprocher quelques ficelles un peu trop grosses par moments, mais certaines trouvailles ainsi qu'un rebondissement vers la fin du livre viennent rattraper ces petites lacunes.

    Au final, Le département du diable est un bon thriller pour adolescents, bien mené et à l'intrigue solide, mais qui pourra sembler parfois un peu « facile » pour les lecteurs adultes habitués à ce type de littérature.

    26/01/2011 à 12:44