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7/10 Dans le quartier populaire de Moulins, à Lille, un incendie détruit des habitations ainsi qu’une institution locale, le Café Quinquin. Des familles déshéritées se retrouvent dans la rue, sans toit ni perspective de relogement rapide. Alors on se met à parler. Parfois à raison, parfois à tort. On ressasse l’insalubrité endémique de la zone, même si le bailleur avait été rappelé à l’ordre. On évoque ces étranges ombres croisées dans la pénombre, la veille du drame. On met en cause un possible trafic des compteurs d’électricité. Nul ne détient la vérité avec certitude. Mais peut-être que la découverte d’un cadavre fera jaillir les évidences…
Premier ouvrage de Jean-Louis Lafon paru chez Ravet-Anceau, ce Café Quinquin est un très agréable roman. La plume de l’auteur est élégante, très plaisante à lire, et l’on plonge sans retenue dans ce microcosme que constitue le secteur de Lille-Moulins. Ses divers habitants sont dépeints avec beaucoup d’humanité, depuis les locataires en grande difficulté pécuniaire jusqu’aux travailleurs sociaux, en passant par quelques hommes d’affaires peu scrupuleux. Le combat social de Jean-Louis Lafon y est total et sincère. Le tableau qui est fait des personnages compose d’ailleurs la qualité essentielle de ce livre : malgré quelques traits parfois un peu épais, l’aspect sociologique de ce drame est une réussite. On se souviendra par exemple longtemps de Camamber, ainsi surnommé en raison de l’odeur qu’il répand, fieffé buveur, au comportement magmatique, et s’exprimant en ch’ti. La catastrophe viendra mettre en relief les embarras de la population et, dans le même temps, une formidable solidarité locale. L’intrigue policière est en soi intéressante, sans pour autant être remarquable ; on devine assez vite qui sont les coupables, ou tout du moins dans quel groupe ils se situent.
L’objectif de Jean-Louis Lafon est atteint : croquer un drame social avec une histoire policière en arrière-plan. Voilà un roman engagé très réussi, peuplé d’êtres humains dessinés avec une évidente affection, et bien écrit.13/01/2013 à 18:39 El Marco (3432 votes, 7.2/10 de moyenne)