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8/10 Une dizaine de personnages, tous rongés par les contradictions, les frustrations, et d’implicites envies de mort. Une galerie d’individus perdus dans notre société de consommation. Des environnements interlopes autour desquels gravitent des sentiments contradictoires qui ne demandent qu’à s’exprimer. Le chaos est proche. La mort rôde. Le sang va couler. Et nul ne pourra stopper cette lente autodestruction.
Après Démolition et Hécatombe, Nada poursuit son immersion dans les ténèbres. Rapidement, le ton est donné, celui que l’on attendait de l’écrivain : c’est hard. Les scènes de sexe sont crûes, et décrivent parfois pendant des pages entières les relations, qu’elles soient hétérosexuelles ou homosexuelles. Rien n’est suggéré dans les actes, tout est limpide, d’une manière presque naturaliste. D’ailleurs, la puissance d’évocation de Nada est illimitée : l’auteur ne s’interdit absolument rien, et n’épargne pas son lectorat. En ce sens, il est très probablement le plus radical du genre.
Dans cet ouvrage, il dresse le portrait d’une dizaine de protagonistes qui vont, à un moment ou un autre, entrer en collision. Entre eux. Entre leurs appétits de vie. Entre leurs convoitises de mort. Prisonnier passionné de slam. Tueurs de bobos. Photographe rongé par son art. Consommateurs de drogue prêts à tout pour obtenir un shoot. Petits bourgeois porteurs de bonne conscience mais corrodés par des vices innommables. On sait rapidement que tout ce système va exploser, voire imploser, et que les éclats seront mortels. Indéniablement, Nada fait mal. Très mal. À la tête. Aux tripes. À tous ces organes de l’organisme humain auxquels son opus s’adresse. Si l’on peut regretter que l’ensemble ne soit pas toujours ramassé autour d’une seule intrigue centrale, telle une colonne vertébrale scénaristique, l’histoire retournera certainement le lecteur, si celui-ci a eu l’estomac suffisamment solide pour aller au bout.
Fiasco s’apparente à une partie de billard américain. Les personnages sont regroupés, puis le joueur éclate cette formation avec une boule unique. Les billes vont ensuite se caramboler, sortir du tapis, disparaître dans les trous. Un désordre sanglant et monstrueux, désespéré, aussi dérangeant qu’unique. Un grand hurlement littéraire.26/11/2012 à 15:14 El Marco (3456 votes, 7.2/10 de moyenne)