El Marco Modérateur

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  • Le tueur de Rouen se dévoile

    Aude Lhôtelais

    7/10 Dans la proche périphérie de Rouen, le cadavre d’une jeune femme est découvert. La malheureuse a été victime d’un nombre effrayant de coupures, et son cerveau a été prélevé. C’est le commissaire Hyacinthe Téodovna, fraîchement promue en Seine-Maritime, qui est chargée de l’affaire. Grâce à son équipe de policiers et au médecin légiste, elle va affronter un terrible tueur en série qui n’a vraiment pas envie de raccrocher le scalpel.

    Premier ouvrage d’Aude Lhôtelais, ce thriller constitue un très agréable moment de lecture. Le style de l’auteur est frais et savoureux, et c’est toujours un véritable plaisir que de voir éclore une nouvelle fleur dans le domaine littéraire. Rapidement, le lecteur est pris par l’intrigue et ne la lâche plus. Hyacinthe Téodovna, comme personnage principal, est attachante, perspicace et persévérante. Au cours de ce roman, on en apprend un peu de son enfance, et il y a fort à parier que d’autres opus mettant en scène cette jeune femme viendront. Le scénario est également très bien imaginé ; si les premiers jalons de l’enquête semblent un peu convenus, la suite des événements vient contredire cette impression. Le modus operandi de l’assassin est assez effrayant, ses motivations sont atypiques, et de très nombreux rebondissements en fin de roman vraiment palpitants, et ce jusque dans l’ultime page. Par ailleurs, même si on sent nettement l’influence d’autres auteurs anglo-saxons dans l’élaboration de l’histoire, Aude Lhôtelais démontre son talent grâce à une plume très personnelle et surtout, grâce à une vraie maîtrise des rouages du thriller. Les protagonistes sonnent de manière crédible et l’enquête est suffisamment longue et tortueuse pour paraître véridique.

    Même si le titre de ce roman peut sembler assez banal, son contenu est une réussite. Il est toujours émouvant, un peu comme lorsqu’on assiste à une naissance, de voir apparaître un nouvel auteur, et ce d’autant plus lorsque cet écrivain est talentueux. Assurément, Aude Lhôtelais mérite bien des encouragements ainsi que des félicitations.

    25/05/2012 à 17:58

  • Poursuite infernale

    Tony Bradman, Martin Chatterton

    6/10 Un assez bon moment de lecture, simple et jouant habilement sur les peurs des jeunes. La trame se montre très classique, servie par une plume efficace, mais elle sait se renouveler dans le dernier tiers, quand Quentin se décide à ne plus être spectateur du destin qui semble être le sien, mais à en devenir acteur. Au final, pour les jeunes lecteurs, une petite demi-heure de fantastique, agrémentée d’une morale certes facile mais plaisante.

    21/05/2012 à 15:51

  • Magie Noire

    Tony Bradman, Martin Chatterton

    7/10 Un ouvrage selon moi meilleur que « Poursuite infernale », signé des mêmes auteur et illustrateur. Une histoire certes classique, mais la mise en scène, l’aspect familial (les relations qu’entretient Mégane avec son père et surtout sa mère) et les illustrations plus fouillées et nombreuses servent le récit.

    21/05/2012 à 15:50

  • La lecture du feu

    Élie Robert-Nicoud

    8/10 Saint-Romain, petite bourgade du Périgord. Une équipe d’hommes y œuvre comme pompiers. Unis dans les malheurs répétitifs comme dans les joies simples. Des interventions vers des accidents de la route, des désœuvrés en quête d’aide, et souvent le sang ou des cadavres brûlés au point de rendez-vous. Mais il arrive que certains secours sortent de l’ordinaire, comme à La Chabroussie, où l’on retrouve des suicidés avec un couteau de boucher planté dans le cœur. Y aurait-il des secrets dissimulés dans ces paisibles campagnes ?

    Auteur du remarquable Passe-temps pour âmes ignobles ou de Victime delta qui décrit également l’univers des pompiers, Louis Sanders sait sans mal dépeindre le Périgord qui est d’ailleurs la toile de fond de l’ensemble de sa bibliographie. En quelques traits de plume, avec une grande économie de moyens, l’écrivain rend immédiats des lieux, ambiances et individus. Ce qui est remarquable, c’est justement sa manière de croquer les personnages : humains, avec autant de zones d’ombre que de clarté. Aucun d’entre eux n’est un héros ni un modèle : ce sont pour la plupart des êtres ordinaires, ensevelis dans ce terroir abandonné, qui vivotent plus qu’ils ne vivent réellement. Leur routine s’étire de drames violents en assistances portées à des personnes isolées ayant oublié leurs repères. Les pompiers ainsi décrits avec justesse, dans leurs opérations comme dans leur quotidien, cherchent la femme idéale, se perdent pendant des heures pour savoir comment organiser leur bal rituel, révisent pour d’hypothétiques concours, boivent avec excès.
    Par-delà ces portraits cinglants de crédibilité, il y a l’intrigue policière, tel un fil rouge, ou les questionnements d’un de ces serviteurs de la sécurité publique qui tente de comprendre les raisons de ces cadavres dont on semble avoir maquillé les causes réelles du décès, ou encore le pourquoi de la disparition des carnets de l’ancienne institutrice. Lentement, pièce par pièce, la vérité se fera jour dans les ultimes pages du roman. Louis Sanders a choisi la noirceur, et la lumière se fait alors sur de sombres alliances, aussi fétides que plausibles.

    La lecture du feu constitue donc, une fois de plus, une ample réussite littéraire de Louis Sanders. Amer, vitriolé, le livre s’achève comme il a commencé : avec plus de douleurs que de réels espoirs. Et le lecteur referme cet opus en repensant au titre de l’ouvrage. Pour faire bref, la lecture du feu consiste à évaluer les risques de l’incendie couvant derrière une porte : couleur des flammes, densité des fumées, température perceptible, etc. Il en va des drames comme des combustions : nul ne sait ce que l’on va découvrir lorsque l’on ouvrira l’accès permettant de les atteindre.

    15/05/2012 à 09:34

  • Les Meurtres de la salamandre

    Paul Halter

    8/10 Voilà l’occasion de (re)découvrir toute l’étendue des talents d’un auteur inspiré, brillant, et inventif. Les Meurtres de la Salamandre est un ouvrage typique de sa bibliographie, aussi riche qu’original.

    15/05/2012 à 08:36

  • Murder Party

    Agnès Laroche

    7/10 Voilà un bon roman à frissons pour les jeunes : divertissant, ingénieux et plaisant. Le lectorat visé prendra bien du plaisir au gré des pages.

    15/05/2012 à 08:32

  • Le complot de la dernière aube

    Michel Honaker

    8/10 Alors qu’il traque des membres de la Brigade Pâle, Neil Galore ainsi que ses camarades parviennent à rattraper leur proie. Malheureusement, l’un de leurs amis disparaît lors de la traque alors qu’une autre chasse s’amorce : la Brigade Pâle semble tramer un infâme complot à Chicago.

    Troisième opus de la série consacrée à l’Agence Pinkerton après Le Châtiment des Hommes-Tonnerre et Le Rituel de l'ogre rouge, ce Complot de la dernière aube continuera de fasciner les lecteurs. Le style de Michel Honaker est toujours aussi envoûtant, mélangeant avec bonheur plusieurs genres littéraires, du western au fantastique en passant par l’aventure. Les personnages demeurent bien campés, faits de zones d’ombres qui, au gré des épisodes, s’éclaircissent lentement d’informations distillées avec goût et parcimonie. Les chapitres sont courts et s’enchaînent avec brio, et l’on se sent naturellement porté vers le suivant tant le suspense est prenant. L’intrigue, à l’instar des autres ouvrages, est de haute tenue, et la nature de la cabale est d’autant plus saisissante qu’elle fait écho à un événement ayant réellement eu lieu au XIXe siècle.
    Ce qui frappe également dans ce roman, au-delà des qualités mentionnées précédemment, c’est la manière dont, telle la pièce d’un puzzle, il vient s’insérer avec intelligence dans le flux de cette série. Des réponses vont apparaître, comme à propos des origines de Neil, et des péripéties intervenir, comme la confrontation tant attendue avec Angus Dulles. Dans le même temps, d’autres questions vont ressurgir, voir naître, et le lecteur ne pourra qu’attendre avec fébrilité les prochaines chevauchées de nos héros et espérer des réponses.

    Décidément, cette série est assurément l’une des plus audacieuses et réussies du moment pour la jeunesse. Effrénée, atypique, chaque aventure répond largement aux attentes du lectorat en proposant un divertissement de très grande qualité. D’ailleurs, le récit s’achève sur l’annonce de ce par quoi débutera la future équipée, dans les décors enneigés du Canada, auprès d’un lac inquiétant. On en trépigne d’avance !

    14/05/2012 à 17:33 1

  • Aux Armes défuntes

    Pierre Hanot

    9/10 Assurément, Aux armes défuntes fait partie de ces ouvrages quasiment inclassables, quelque part entre le journal de guerre, le roman noir, le récit de science-fiction déjanté et l’exercice de style littéraire, et ce serait pour le moins évident de dire qu’il ne plaira pas à tout le monde. Pierre Hanot a signé une œuvre exigeante, bien loin de celles qui se laissent apprivoiser sereinement. C’est audacieux, troublant, parfois gênant. Une composition qui marque durablement les esprits à défaut de vouloir les séduire.

    14/05/2012 à 17:30

  • Mauvais sangs

    Sarah Cohen-Scali

    9/10 Un peu moins de cent pages, avec une écriture aérée. Le calcul est rapide : la lecture le sera tout autant, aussi véloce que le sont les chutes des nouvelles. Un tour de force littéraire qui magnifie ce recueil devenu un classique de la littérature jeunesse.

    07/05/2012 à 19:39

  • Le Dernier assassin

    Barry Eisler

    6/10 Parce qu'il sait désormais qu'il est père d'un petit Koichiro, né de l'union avec la belle Midori, le tueur John Rain cherche à se racheter une conduite et épouser une nouvelle existence. Mais pour préserver la vie de sa famille, il doit exécuter un contrat, personnel cette fois-ci : l'attendent de terribles yakuzas ainsi que les membres de triades chinoises.

    Cet épisode de la série consacrée à John Rain et écrite par Barry Eisler ravira les amateurs. On retrouve l'assassin à gages, toujours aussi efficace dans ses missions et prompt au combat tactique. Pour l'aider dans cette guerre intime, viennent à son secours la magnifique Delilah, l'agente du Mossad au charme vénéneux, et Dox, sniper à la gouaille colorée. L'action est toujours omniprésente, virile et prenante, avec quelques touches d'un humour bienvenu, rappelant certains écrits de Chris Ryan. L'intrigue s'insère bien dans le fil de la saga, et le lecteur sera heureux de voir John Rain douter face à ses responsabilités de père, entrevoir un autre avenir, et croiser le fer sans aucun autre but que de défendre les siens. Certaines scènes sont assurément marquantes, comme l'affrontement contre les sumos ou l'attaque du club, remplissant amplement les objectifs distractifs du roman. On ne peut dès lors que regretter quelques personnages manquant de profondeur ou altérés par des clichés, et certaines situations trop téléphonées pour être crédibles.

    Le dernier assassin est donc un ouvrage pleinement orienté vers la satisfaction de lecteurs à la recherche d'action hollywoodienne. À cet égard, le roman est une réussite. Néanmoins, les écueils propres à ce genre littéraire – invraisemblances et manque de profondeur des protagonistes – ternissent le tableau.

    07/05/2012 à 19:38

  • Karl

    Martial Caroff

    8/10 Dans le 9-4 (traduisez Val-de-Marne), Karl, Mo et Tony sont des amis inséparables. Suite à un fait de délinquance, ils font la rencontre, au commissariat, de Ronan, enfant de policier, puis de Layla, fille d’un couple bourgeois ayant réussi dans le milieu de l’art. Mais on n’échappe pas comme ça à la loi de la banlieue. Pour des motifs variés et conjugués, ces cinq adolescents vont connaître quatre-vingt-cinq heures de cauchemar.

    Premier roman du triptyque intitulé Trilogie noire écrit par Martial Caroff, cet ouvrage est une pure réussite. Destiné à un public plutôt lycéen sans que les adultes ne soient pour autant écartés du lectorat potentiel, le livre saisit rapidement par la justesse de son ton. Aussi lointain des clichés d’une certaine enfance complètement barbare comme de ceux décrivant ces quartiers avec un angélisme béat, l’auteur parvient à faire évoluer ses personnages avec intelligence. On y croise des ados brisés par la vie, soumis au doute et à la volonté de rédemption, ainsi que d’autres devenus des criminels en puissance, pervertis par l’appât du gain facile et la volonté de copier des jeunes ayant réussi grâce à des commerces peu avouables. C’est en quelque sorte, sans moralisation ni dénigrement systématiques, un portrait fidèle d’une jeunesse ordinaire de banlieue.
    Dans ce cadre, les cinq personnages principaux vont subir une série d’événements imprévisibles, et devenir les jouets d’un destin violent et sanglant. Trafics, appétits de vengeance, amitiés passées sous silence pour parvenir à se faire un nom, etc. Selon une mécanique adroite et efficace, tels les rouages d’une machine infernale, les individus vont devoir faire des choix : s’aider ou se détruire. Les barres de métal, couteaux et armes à feu vont jaillir. Parce que l’on menace l’intégrité physique de Layla. Parce que l’on soupçonne Mo d’avoir fait disparaître l’argent d’un vol. Parce que l’organisation criminelle de la cité a décidé de se débarrasser des gêneurs. Et quand éclate la violence, Martial Caroff rompt avec le langage habituel des ouvrages destinés à la jeunesse : c’est réel, sauvage, barbare.

    Avec cette entrée en matière, voilà une trilogie qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Le deuxième tome est annoncé pour l’automne, et l’extrait présent en fin de roman fait déjà saliver. Il ne faut pas se fier au dessin de la couverture que certains pourraient juger un peu trop sage, ou du moins en décalage avec la teneur de l’opus : Martial Caroff concilie la dureté du roman noir à une photographie sans concession d’une cité actuelle.

    17/04/2012 à 18:58

  • Da Vinci Code

    Dan Brown

    7/10 Lu il y a un bail. J'en garde, comme beaucoup, le souvenir d'un livre à la fois prenant, érudit et atypique, ayant lancé une "mode" littéraire, mais parfois un peu présomptueux, hollywoodien.

    16/04/2012 à 18:00 1

  • La Mort dans les bois

    Tana French

    8/10 En Irlande, alors qu'ils jouaient dans les bois, trois enfants disparaissent. Un seul d'entre eux en ressortira, mais amnésique. Vingt ans plus tard, devenu inspecteur de police, le survivant est confronté à un nouveau drame dans la forêt : une gamine est retrouvée morte, le crâne fracassé. Y a-t-il un lien entre les deux affaires ? Pour le savoir, Rob va devoir laisser revenir les fantômes du passé.

    Tana French dispose d'une plume captivante, dont les effets se produisent dès le prologue ; entièrement écrit à la première personne, le récit devient rapidement prenant. Les pistes s'avèrent nombreuses car la zone où a été découvert le corps accueille un site archéologique sur lequel doit être bientôt bâtie une autoroute. Le meurtre, sauvage, est-il l'œuvre d'un détraqué ? D'un opposant au projet de construction ? D'un adepte de sacrifices tels qu'ils avaient lieu en ce lieu consacré ? Pour résoudre cette énigme, Rob et son équipe ne seront pas de trop. On remarque d'ailleurs que Tana French a réalisé une histoire très crédible, avec des personnages présentant de réelles profondeurs humaines, en proie aux doutes ou aux erreurs, et c'est même probablement la grande force de ce roman. Tout y sonne juste, des réactions des protagonistes à leurs dialogues en passant par les situations, et l'auteur dispose d'une rare palette de mots, pourtant simples mais efficaces, pour rendre ces instants plausibles et humains. Le livre est pourtant assez épais, mais on n'y sent aucune longueur. Le dénouement est bien trouvé, et, à l'instar de l'ensemble du livre, vraisemblable : il n'y a pas d'événement alambiqué, de rebondissement saugrenu. L'enquête menée par Rob et ses collègues est une véritable réussite puisqu'ils vont lentement agencer les pièces du puzzle et mettre en lumière des personnalités et comportement écœurants.

    De manière sobre et minutieuse, les policiers de Tana French vont ordonner le chaos, pour notre plus grand plaisir. Un opus attrayant et solide, bien sombre, même si la fin risque de frustrer quelques lecteurs.

    14/04/2012 à 11:05 1

  • Spiral

    Paul Halter

    8/10 Quand Mélanie part pour Dinard où l’attend son oncle Jerry, Quentin se sent patraque. Dans cette lande bretonne isolée, sans moyen de communication moderne, Mélanie correspond par courrier avec son amoureux. Mais là-bas, un assassin rôde, un étrangleur qui a déjà plusieurs victimes à son actif. Et que dire de cette pièce isolée tout en haut d’un escalier effrayant où un meurtre en chambre close semble pourtant impossible ?

    L’auteur des très bons Tigre borgne, La Septième hypothèse ou encore de La Nuit du Minotaure arrive chez Rageot dans la collection Thriller. On retrouve le style de Paul Halter : écriture fine et élégante, personnages nombreux et ambigus, et une ambiance particulièrement menaçante. Cet écrivain, en quelques phrases, sait dépeindre un lieu trouble où l’on se doute de l’arrivée imminente d’un drame. Sa plume sert ici une intrigue mise à la portée des jeunes (collégiens et lycéens) et qui saura également satisfaire les adultes, avec notamment une belle mise en relief des tendres relations entre Mélanie et Quentin.
    Usurpation d’identité, tueur en série, une murder party qui tourne mal, un meurtre en chambre close, des rebondissements abondants, des chapitres courts qui s’achèvent sur des cliffhangers bien sentis, le tout dans le décor spectral d’une maison abandonnée sur les récifs bretons. Tous les éléments pour accaparer l’attention du lecteur sont là, et employés de manière efficace. Le suspense est savoureux, et ce n’est que dans les ultimes pages que Paul Halter lève le voile sur l’identité du tueur et ses motivations. Une bien belle réussite.

    Les trois premiers ouvrages à sortir dans cette nouvelle collection étaient Décollage immédiat de Fabien Clavel et Les Voleurs de têtes d’Hervé Jubert, ainsi que Spiral. Ce dernier opus constitue certainement le plus cérébral des trois. Une œuvre maîtresse, où Paul Halter accroît son aura de grand auteur français, en plus d’ajouter une nouvelle corde à son arc : la possibilité presque naturelle de s’adresser à des lecteurs plus jeunes.

    14/04/2012 à 11:02

  • Mission 13 - Le clan Aramov

    Robert Muchamore

    8/10 Ryan Sharma rejoint enfin les rangs de CHERUB, une agence gouvernementale composée d’espions adolescents, aux talents physiques et intellectuels prononcés. Première mission : devenir l’ami d’un geek de son âge, qui n’est autre que le membre d’une famille mafieuse du Kirghizstan, et ainsi livrer à ses employeurs de précieuses informations quant aux trafics en cours. Parallèlement, Fu Ning apprend que son père adoptif a été arrêté. Elle s’enfuit en compagnie de sa mère, mais des criminels sont sur leurs traces.

    CHERUB se régénère : après une première série lancée par Robert Muchamore et comptant douze opus, elle réapparaît désormais avec une nouvelle recrue, Ryan Sharma. Le ton est rapidement donné : c’est nerveux, intelligent, et sacrément efficace. À peine les entraînements sont-ils finis que Ryan doit apprendre la loi du terrain, faite de stratagèmes, de manœuvres et de coups plus ou moins vicieux. Indéniablement, les jeunes lecteurs auxquels se destine cette série sauront apprécier l’écriture fougueuse, les enchaînements habiles ainsi que les situations emplies d’action et de suspense. C’est aussi au niveau de l’identification qu’ils trouveront leur bonheur : les héros sont des ados attachants, particulièrement doués en combat et en ingénieux, et procurent ainsi de bons moments de détente littéraire.
    Même si les lecteurs visés sont jeunes, certains passages sont parfois violents, comme lors des séances de torture physique ou psychologique, sans que cela ne puisse néanmoins les rebuter. Face à la mafia, aux trafiquants d’êtres humains ou lors des épreuves de sélection au sein de CHERUB, Robert Muchamore sait maintenir un suspense constant tout en imaginant une intrigue solide qui tient ses promesses. Tout au plus peut-on reprocher quelques longueurs quelquefois inutiles dans la dernière partie du roman qui freinent la nervosité de l’ensemble.

    Ce nouveau départ pour la série CHERUB, tant appréciée du point de vue critique que public, est une réussite : panache, savoir-faire, originalité, tout se conjugue pour en faire une suite qui saura combler les attentes des aficionados.

    04/04/2012 à 17:33 2

  • Clair de Lune

    Jeffery Deaver

    7/10 À New York, deux personnes semblent avoir été assassinées par un mystérieux individu. Les points communs : le tueur a fait en sorte que ses victimes aient eu le temps de souffrir, et un pendule est découvert sur chaque lieu du crime. La police fait appel au criminologue Lincoln Rhyme pour résoudre cette affaire. Parallèlement, Amelia Sachs, la compagne et équipière de Lincoln, entame en solo une enquête qui porte sur des policiers corrompus.

    Écrit par Jeffery Deaver, ce Clair de lune témoigne des atouts majeurs de la série consacrée à Rhyme et Sachs. Écriture fluide et nerveuse, suspense au cordeau, intrigue complexe et maîtrisée, exploitation savante des méthodes scientifiques de la police, tout concourt à renouveler la magie des opus précédents. L’enquêteur Lincoln Rhyme, malgré sa tétraplégie, est toujours aussi vif et brillant, et ses techniques d’investigation et de déduction en font un personnage véritablement singulier dans la littérature policière. De plus, Jeffery Deaver inaugure un personnage nouveau, Kathryn Dance, analyste capable de détecter les mensonges de ses semblables grâce à sa lecture si aiguë du langage corporel, et que l’on retrouve dans une nouvelle série amorcée par La belle endormie.
    Ce roman pourrait donc être une réussite totale si l’on ne déplorait chez l’auteur une volonté de multiplier les rebondissements, notamment quant au tueur en série, à son identité et ses motivations profondes. Certes, elles sont astucieuses et maintiennent l’attention du lecteur, mais elles finissent presque par lasser, tant leur surabondance apparaît artificielle, voire factice.

    Pour conclure, Clair de lune est assurément un thriller efficace et à la hauteur des espérances des lecteurs fans de Jeffery Deaver, mais qui aurait peut-être gagné à être moins sophistiqué dans sa construction, et ainsi être plus crédible.

    04/04/2012 à 17:26 2

  • Voleurs à la douzaine

    Donald Westlake

    7/10 Imaginez-vous un voleur qui arrive en plein cambriolage et devient un otage ? Ce même voleur à qui un ancien détenu devenu artiste propose un casse pour faire grimper la cote de ses œuvres ? Ou encore un cheval en guise de cible pour un enlèvement ? Non ? Eh bien, c’est que vous ne connaissez pas encore Dortmunder…

    Personnage fétiche de Donald Westlake, que l’on retrouve par exemple dans Bonne conduite, Pierre qui roule ou Les Sentiers du désastre, Dortmunder est l’archétype du personnage à qui il arrive des aventures pour le moins cocasses. Voleur volé, voire volé voleur, un peu à la manière de l’arroseur arrosé, il vit dans ce recueil des péripéties drôles et toujours surprenantes. L’humour est omniprésent, dans les situations comme dans les dialogues, et l’on rit de bon cœur à de multiples reprises. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion de découvrir une palette de personnages – complices de Dortmunder ou simples connaissances – très amusants. Cependant, il ne s’agit pas d’une simple démonstration désopilante, car les intrigues sont également réussies. Tel un leitmotiv, quasiment chacune des nouvelles qui composent ce livre comporte des rebondissements, et le final se ponctue d’une surprise enthousiasmante.

    Court, enlevé, séduisant, ce recueil d’historiettes est une petite perle. Certaines d’entre elles sont certes moins efficaces que d’autres, mais l’ensemble propose assurément un très agréable moment de décontraction.

    02/04/2012 à 18:35 2

  • Maléfices

    Maxime Chattam

    8/10 Une intrigue à mon goût plus originale que celles des précédents opus, et qui m'a captivé.

    29/03/2012 à 19:27 1

  • L'Âme du Mal

    Maxime Chattam

    8/10 Un thriller très efficace, qui vient habilement jouer sur les plates-bandes des auteurs anglo-saxons.

    29/03/2012 à 19:26

  • In Tenebris

    Maxime Chattam

    7/10 Parfois un peu trop "américanisé" à mon goût, mais un scénario, une tenue et une plume très efficaces.

    29/03/2012 à 19:24