El Marco Modérateur

3314 votes

  • Nuit rouge

    Jean-Hugues Oppel

    9/10 Un très réussi roman à suspense. Encore une fois, l'écriture de Jean-Hugues Oppel fait merveille, accrocheuse, travaillée et efficace, avec des personnages bien incarnés. Un huis clos en pleine nature qui réjouira jeunes et moins jeunes.

    19/01/2011 à 13:06

  • L'affaire Jules Bathias

    Patrick Pécherot

    9/10 Une magnifique histoire, poignante et troublante, où le policier se mêle à l'étude historique. Des personnages touchants et une intrigue remarquable.

    19/01/2011 à 13:05 2

  • Ippon

    Jean-Hugues Oppel

    9/10 Un thriller pour les jeunes particulièrement efficace : phrases hachées, style direct au présent, descriptions léchées. Pas le moindre temps mort pour une tout petite heure de lecture. Assurément, dans le genre, un classique !

    19/01/2011 à 13:04

  • L'Homme en noir

    Thierry Jonquet

    8/10 Un roman réussi, où l'on suit une classe prise en otage par un homme armé et muni d'explosifs. Le regard des enfants sonne juste, l'ambiance de la ville brisée par les licenciements économiques également, et l'on passe un agréable moment avec ce livre destiné à la jeunesse.

    19/01/2011 à 13:03

  • Adieu mes jolies

    Jean-Paul Nozière

    7/10 Une enquête bien menée et des personnages croustillants. Le rythme est bon, le scénario solide, et l'on alterne entre les points de vue d'Alix Alix, le héros, et le tueur en série, moulu par ses relations avec les femmes. Il est juste dommage que la fin soit expéditive, voire expédiée.

    19/01/2011 à 13:01

  • Un cri dans la forêt

    Marin Ledun

    7/10 Un bon petit roman à suspense qui joue habilement sur les préjugés et les faux-semblants. Il est assez différents des autres ouvrages de Marin Ledun (pas de charge sociale) mais constitue un agréable moment de détente, en priorité destiné aux jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 13:00 1

  • Intelligence building

    Michel Honaker

    9/10 Un roman dont l'univers est très proche de celui de Serge Brussolo. Une tour immensément haute, d'étranges êtres qui la parcourent (les Mangeurs et les Briseurs), des événements hallucinants (dont les plus incroyables ne se produisent que vers la fin du récit)... Des personnages intéressants, une ambiance angoissante, un style captivant. Pas véritablement un polar, plutôt de la SF version jeune lecteur ; en tout cas, personnellement, je me suis régalé de ces aventures palpitantes et sacrément originales comme un gosse !

    19/01/2011 à 12:59

  • Un tueur à ma porte

    Irina Drozd

    8/10 Paru pour la première fois dans le numéro de juin 1997 de « Je Bouquine », un roman très court – environ 70 pages – et idéal pour les jeunes lecteurs. Une écriture simple et un scénario à la fois sobre, classique et efficace, qui plaira en priorité aux collégiens. Un ouvrage destiné presque uniquement à la jeunesse, à l'intrigue bien conçue et au suspense savamment entretenu.

    19/01/2011 à 12:58

  • Sherlock Heml'os mène l'enquête

    Jim Razzi

    7/10 Neuf courtes nouvelles où l'œuvre d'Arthur Conan Doyle est détournée, mettant en scène ses deux limiers que sont Sherlock Holmes et le docteur Watson sous la forme de deux chiens, menant des enquêtes dans une ville peuplée d'autres chiens anthropomorphiques. Les énigmes sont présentées et leurs solutions respectives livrées à la page suivante. Un concept intéressant et original, plein d'humour et de malice. Cela se lit très vite et avec intérêt. Évidemment, dans la mesure où il s'agit d'un roman pour la jeunesse, les énigmes sont très simples à résoudre, et n'importe quel lecteur adulte les dénouera sans la moindre difficulté. Néanmoins, pour de très jeunes lecteurs (je pense entre 9 et 13 ans), c'est très sympathique, efficace et prenant.

    19/01/2011 à 12:58

  • L'Assassin de papa

    Malika Ferdjoukh

    7/10 Un agréable roman à suspense, bien écrit et prenant. L'aspect social ainsi que les relations entre Valentin et son père prennent le pas sur une intrigue policière assez secondaire et qui se résout d'ailleurs presque trop facilement, mais on passe un bon moment de lecture. A réserver néanmoins en priorité aux jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 12:56 1

  • Lola reine des barbares

    Margot D. Marguerite

    7/10 Lola n'a jamais eu de chance dans la vie. Elle vit dans une des tours qui composent une cité anonyme. Son copain, Papier, la ravitaille régulièrement en drogue. Mais le jour où Papier décède en voulant échapper au Grécos, lui aussi dealer, elle tombe sous la coupe de ce dernier. Cela pourrait marquer le début d'une nouvelle existence, d'esclavage ou de liberté. Mais Lola, la junkie, l'objet sexuel, a bien d'autres desseins, que ce soit dans son quotidien blafard ou dans les états seconds auxquels elle accède par les produits qu'elle s'envoie dans le nez ou les veines : elle se rêve en reine des barbares, majesté des hordes peuplant les bas-fonds de l'humanité. Et pour peu qu'on lui en laisse les moyens, elle ne demande pas mieux que d'accéder à ce trône...

    Second roman de Margot D. Marguerite après La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l'avoir refait, Lola reine des barbares se pose dès les premières pages comme un livre choc. Le Grécos, potentat local, choisit de violer la jeune femme puis d'offrir ce corps à ses acolytes pour se venger des impairs de Papier. Le ton est donné : il sera noir. Sur environ cent pages, le lecteur est invité à côtoyer Lola dans son équipée dans le monde. Il y découvrira un univers mêlant la glace et le feu, l'inhumanité et la violence la plus abrupte. Une terrible description d'un monde anomique, où le petit peuple de la nuit percute celui des apparences. Margot D. Marguerite emploie un langage particulièrement acide et brutal pour brosser le portrait des protagonistes, ce que des lecteurs lui reprocheront sûrement : certains passages, notamment liés à des sévices sexuels, sont décrits par le détail. Néanmoins, au-delà de cette provocation purement verbale se niche un réel amour de l'auteur pour ses créatures littéraires : de suppliciés, elles brisent lentement leur nature pour devenir des tortionnaires, apportant un vent de sauvagerie dans le récit. C'est toute la cruauté dont elles ont été les victimes qui se libère au fil des pages. Aucun jugement de la part de Margot D. Marguerite : il dépeint, comme un naturaliste, les comportements des personnages qu'il a créés.
    Cependant, il est dommage que le roman en reste à l'état de très court récit. On aurait aimé suivre une plus longue errance de la part de Lola car, si sa personnalité et son destin sont atypiques, comme un oiseau plongeant d'un point haut, elle n'a pas suffisamment le temps, en une centaine de pages rappelons-le, de véritablement déployer les ailes de sa fureur. Son statut de victime est clairement établi, mais celui qui pouvait constituer le contrepoint de sa déchéance et, paradoxalement, de son changement, à savoir sa métamorphose en harpie vengeresse, n'est qu'esquissé, ce qui laisse au lecteur un goût d'inachevé. Quand arrive la fin du récit, on regrette presque qu'il n'ait pas compté une cinquantaine de pages supplémentaires, pour bien illustrer la modification de la personnalité de la jeune femme. Il s'agit très certainement d'un choix assumé de la part de l'auteur, mais cette décision rend le final presque bancal, car incomplet, comme une démonstration qui resterait fragmentaire.

    Au même titre que d'autres romans de la série Baleine Noire (Hécatombe de Nada par exemple), ce livre ne fait nullement dans la dentelle et se montre exigeant, dans la forme comme dans le fond. Un écrit incisif, brutal, aussi torturé que les personnages qu'il présente. Une histoire qui ne peut laisser indifférent.

    06/01/2011 à 16:29

  • La Théorie Gaïa

    Maxime Chattam

    6/10 Une nouvelle fois, Maxime Chattam montre l'étendue de son savoir-faire en matière de thrillers. Une langue simple, des rebondissements nombreux, des chapitres qui orchestrent un suspense sans faille : la technique est là, indubitablement, et l'auteur manie l'ensemble comme un excellent rythmicien. J'ai moins aimé les poncifs, des envolées verbales parfois un peu creuses à mon goût, des situations peu crédibles, et finalement, un scénario qui reprend directement la théorie de Lovelock, même si Maxime Chattam s'en défend dans sa page consacrée aux remerciements. Un roman délassant en ce qui me concerne, bien dans l'air du temps, qui a le mérite de faire passer un agréable moment.

    05/01/2011 à 17:30

  • Les Ruines

    Scott Smith

    9/10 Une nature luxuriante, propice à la fête et aux grandes escapades. Quelques étudiants partis dans le Yucatán à la recherche d'un touriste dont on n'a plus aucune nouvelle. S'il n'y avait toutes ces mises en garde de la part des autochtones qui conseillent, à de multiples reprises, de ne pas aller plus avant. La jeunesse et l'insouciance font parfois faire des erreurs. Ces dernières peuvent même se révéler mortelles.

    Après Un plan simple, roman sobre et réaliste, Scott Smith s'attaque ici au thriller fantastique. Avec une langue simple et dépouillée, il met en scène une bande de joyeux drilles qui va vivre une terrible épopée. Les caractères de chacun des protagonistes sont crédibles, et l'auteur se joue même des clichés traditionnels du genre. Le récit plonge, par paliers successifs, dans le fantastique, rappelant le style de Stephen King, ce dernier ayant les honneurs de la quatrième de couverture pour y dire tout le bien qu'il pense du roman. L'histoire devient alors celle de la lente immersion des héros dans un univers proche du paranormal, sanglant, où le désespoir disparaît peu à peu. Scott Smith est décidément très doué pour décrire les tourments de ses personnages, alternant leurs points de vue, et offrant au lecteur une terrifiante virée dans l'enfer végétal, un peu à la manière d'Herbert Lieberman dans La huitième case. D'ailleurs, il est à noter que la violence, d'abord suggérée, devient rapidement l'un des axes forts du livre : certaines scènes sont particulièrement dures, décrites avec insistance et brutalité, ce qui risquera de déplaire à bien des âmes sensibles. A ce sujet, il est tout à fait possible de reprocher à Scott Smith d'être trop circonstancié, voire voyeur, dans cette surabondance d'hémoglobine et de spectacles cruels, mais, même si ce point demeure sujet de controverses, on ne pourra que souligner la manière si marquante qu'il a de conduire une intrigue.

    S'appuyant sur une idée de départ ingénieuse, à la manière de Serge Brussolo pour sa série La croix de sang, Scott Smith enfonce le lecteur dans un univers dément, sans pitié, où la violence du décor ainsi planté ne peut donner en légitime écho qu'une narration brutale et provocatrice.

    03/01/2011 à 17:47 5

  • L'Agrégé

    Bruno Schnebert

    6/10 Un roman intéressant et qui sent le vécu dans de nombreuses situations, mais qui n'est pas vraiment, selon moi, un "thriler médical". Même si je l'ai trouvé bon, je n'ai ressenti aucune fièvre ni frisson.

    29/12/2010 à 17:43

  • La Mémoire Fantôme

    Franck Thilliez

    9/10 Brillant, torturé, à la fois stupéfiant et inquiétant, pétri de références mathématiques et médicales. Un thriller de très haute volée, alliant le talent de narrateur d'un auteur qui se bonifie d'ouvrage en ouvrage à une idée de départ absolument fabuleuse. Un électrochoc d'une rare intensité.

    21/12/2010 à 18:06 3

  • Noir américain

    Armand Cabasson

    9/10 Un croquemitaine bienveillant, un homme défiguré qui a tissé d'étranges relations avec les insectes, un garçonnet qui ne peut témoigner du meurtre de sa mère qu'à l'aide de dessins, un shérif qui se rêvait membre du FBI et qui fait preuve d'une sagacité remarquable... Des univers variés, empreints de noirceur. Bienvenue dans l'univers d'Armand Cabasson.

    Paru en 2008, ce recueil de nouvelles destiné à la jeunesse dans une collection dirigée par Mikaël Ollivier est une pure réussite. Les sujets abordés sont extrêmement variés, tantôt fantastiques à la Stephen King, tantôt policiers. Le style et la langue d'Armand Cabasson, à qui l'on doit la série consacrée à Quentin Margont, sont riches et travaillés, permettant ainsi à un lectorat plus adulte de s'immerger dans ses récits. Quête de rédemption, cruauté envers des êtres déloyaux, lutte contre des démons bien intimes... Tous les protagonistes de ces courtes histoires sont autant de portraits saisissants, individus tourmentés ou tourmenteurs. On parcourt avidement ce livre pour savoir la chute du récit en cours, et le talent de l'auteur fait que l'on n'a plus qu'une seule envie quand s'achève l'histoire : passer à la suivante. En alliant concision, sobriété et qualité narrative, Armand Cabasson parvient à tenir en haleine, surprendre, et interroger le lecteur sur des existences brisées.

    A n'en pas douter, ce recueil constitue l'un des meilleurs ouvrages du genre, s'intégrant parfaitement dans la collection « Nouvelles » de l'éditeur Thierry Magnier dans laquelle on retrouve des pointures de la littérature policière comme Colin Thibert ou Brigitte Aubert.

    17/12/2010 à 08:16

  • Totale angoisse

    Brigitte Aubert

    8/10 Un passeur de clandestins qui a des états d'âme. Un enfant à l'ouïe bien pendue qui découvre un assassin. Un jardinier qui cache ses penchants meurtriers. Un asile, dans un pays en guerre, peuplé de personnages interlopes. Au total, dix nouvelles où les ombres, l'incompréhensible et le sang se mêlent pour mieux terrifier. Des terres d'angoisse.

    Après Scènes de crime, Brigitte Aubert revient avec ce nouveau recueil de nouvelles paru aux éditions Thierry Magnier. L'une des reines françaises du thriller tisse ainsi dix courts récits avant tout destinés à la jeunesse, mais pouvant sans mal être entrepris par un lectorat adulte. On y côtoie des tueurs en série, des inquiétudes d'enfants à la Stephen King, des êtres pour lesquels il faut attendre le dénouement du récit pour appréhender totalement leur nature horrifique. Grâce à un style épuré orchestrant savamment le suspense, l'auteure, entre autres, de La mort des bois et du Couturier de la mort, manipule le lecteur avec un savoir-faire éprouvé. Les sujets sont variés, les ambiances distinctes, et il est impossible de s'ennuyer puisque l'on en arrive rapidement à la chute de la nouvelle avant de passer à la suivante. Indéniablement, Brigitte Aubert connaît les ficelles du genre tout en sachant peindre des situations, des émotions et des intrigues prenantes. On peut juste trouver étonnante l'histoire intitulée « Planetarium », puisqu'elle n'offre aucune sueur froide ; il s'agit d'un récit proche du conte métaphysique à la Bernard Werber, sans rapport aucun avec le fil rouge du recueil.

    Inventif, attrayant, original : les qualificatifs quant à cette œuvre ne manquent pas. Cent-soixante-dix pages avidement avalées, offrant un excellent moment de détente, pour les jeunes comme pour les lecteurs plus avisés.

    17/12/2010 à 08:15

  • Holiday

    Jean-Bernard Pouy

    7/10 Alors qu'il passe ses vacances avec sa femme et sa belle-mère dans un hôtel près de Cahors, Michel Trémois ne compte pas les personnages étranges qui peuplent la demeure : une femme de chambre en lutte contre des extraterrestres, un détective privé à la dentition épouvantable, un gynécologue neurasthénique... La propriétaire des lieux, une cantatrice, est retrouvée pendue. Suicide ou assassinat ? L'affaire n'était déjà pas claire, et sa résolution le sera encore moins en raison de la multitude des suspects.

    On ne présente plus Jean-Bernard Pouy : grand auteur de romans incisifs, initiateur de la série du Poulpe, il est l'un des romanciers majeurs de la littérature policière française. Ici, on retrouve les ingrédients qui ont fait son succès : humour parfois potache, personnages interlopes, situations décalées. Le film lié à ce livre sort le 8 décembre, et l'on retrouve au début du roman les croquis des acteurs incarnant les principaux protagonistes. Le suspense est bien dosé, et après un décor planté, on assiste à la découverte du corps. S'ensuit une enquête policière classique, bousculant les présumés coupables, les faisant se côtoyer avec bonheur au gré de scènes pour le moins cocasses. Là où le bât blesse, c'est que la concision du livre (moins de cent-trente pages) nuit à l'essor de l'intrigue : les personnages ne sont que survolés et l'on regrette que certains d'entre eux, même s'ils sont saugrenus et savoureux, ne prennent pas toute leur place au sein de l'histoire. Par ailleurs, on a connu un Jean-Bernard Pouy bien plus inspiré en termes d'originalité, comme dans Nous avons brûlé une sainte, Train perdu wagon mort ou encore Les compagnons du Veau d'Or.

    Si Holiday ne constitue pas une nouvelle perle de Jean-Bernard Pouy en raison des défauts susdits, il est néanmoins un agréable roman, farfelu et intéressant.

    13/12/2010 à 20:19

  • Mort d'un papy voyageur

    Hervé Claude

    8/10 Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, apprend que l'un des sympathiques clients de son restaurant fétiche a été dévoré par un crocodile en Australie. Ni une ni deux, il rassemble ses tentacules et part là-bas pour éclaircir les circonstances de ce prétendu accident. Il aura fort à faire sur place puisqu'il va devoir côtoyer des sphères politiques et financières particulièrement redoutables, et, immersion bien plus sympathique, rencontrer les membres de la communauté gay pour en savoir plus sur la victime.

    Deux-cent-soixante-et-onzième enquête du Poulpe signée par Hervé Claude, cet opus ne déroge pas à la règle initiée par Jean-Bernard Pouy dans La petite écuyère a cafté. Gabriel, en libertaire forcené, n'a pas son pareil pour se mêler d'affaires nauséabondes et mettre un peu d'ordre dans un milieu perclus d'injustices. Hervé Claude a bien respecté le cahier des charges de la série, et Mort d'un papy voyageur comblera sans peine les fans du Poulpe. Par ailleurs, il faut noter que l'auteur a su y introduire des éléments bien personnels : homosexuel vivant en partie en Australie, Hervé Claude connaît bien les milieux qu'il dépeint avec bonne humeur et complicité. La langue est belle et efficace, et l'on s'étonne même de trouver un Gabriel Lecouvreur plus sensible et moins enclin à la violence que d'habitude. L'intrigue est bien imaginée et dirigée, amenant l'enquêteur anarchiste à fréquenter des personnages aussi retors et carnassiers que les reptiles et autres animaux mortels de l'Australie. L'humour est toujours omniprésent, moins potache qu'à l'accoutumée, avec notamment des allusions à deux livres de l'écrivain, Riches, cruels et fardés et Les ours s'embrassent pour mourir.

    Mort d'un papy voyageur parvient donc à combiner l'univers habituel des enquêtes du Poulpe tout en insufflant une respiration plus intime. Une réussite indéniable.

    13/12/2010 à 20:17 1

  • Vipère au sein

    James Hadley Chase

    7/10 Susan est une danseuse d'une rare beauté qui, chaque soir, pratique un numéro hautement érotique au cours duquel, presque nue, elle joue avec un cobra. Steve Harmas, travaillant pour une compagnie d'assurances, apprend que Susan a obtenu d'un coursier de sa propre compagnie une assurance de cent mille dollars aux clauses très restrictives. Cela sent l'escroquerie à plein nez, d'autant que neuf autres assurances du même genre ont été contractées. Moralité : si la jeune artiste meurt, sous certaines conditions, il y aura une prime d'un million de dollars. Inutile de tergiverser : la machination est plus que probable, d'autant que Susan a une sœur jumelle. Pour Steve, rapidement aidé par son épouse, il va falloir tirer ça au clair, quitte à se frotter à des personnages bien patibulaires prêts à utiliser la force.

    La gémellité est un thème classique du cinéma et de la littérature policière (pour ne citer qu'eux, Le troisième jumeau de Ken Follett, ou encore Duelle par Barbara Abel). Écrivain mondialement connu pour son chef-d'œuvre Pas d'orchidées pour Miss Blandish, James Hadley Chase exploitait ce sujet dès 1951. Comme d'habitude chez l'auteur, l'intrigue est habilement imaginée, le récit rapide et l'action bien présente. La langue de l'écrivain est typique de ses autres œuvres : brève, lapidaire, sans temps mort, avec décors et physiques dépeints en quelques phrases. Les multiples personnages sont campés avec brio, et l'on s'amuse follement avec les dialogues très bien ajustés. Typiquement « hard-boiled », ce livre s'illustre par des protagonistes résolus et violents, peu fragiles, au point que certains lecteurs reprocheront à James Hadley Chase une certaine invincibilité de ses héros, comme dans ce passage : « Elle a été atteinte à l'épaule par une demi-douzaine de balles. Il n'y a pas de fracture, mais elle a tout de même perdu beaucoup de sang ». Néanmoins, par-delà certains aspects peu crédibles, l'histoire mérite très largement le détour.

    Malgré son âge, Vipère au sein est un roman à suspense qui se porte bien : original, efficace et adroit, il marque le lecteur qui n'aura de cesse, au gré des pages, de deviner quelle peut être la manigance imaginée autour de cette histoire d'assurances.

    06/12/2010 à 16:18