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La Cerise sur le gâteux
7/10 Foire du Trône. Alvaro, d’origine capverdienne, est tué à la sortie des attractions par des skinheads. Sa petite sœur, Yanissa, disparait mystérieusement. Gabriel Lecouvreur se rend sur place, et ses tentacules le mènent rapidement vers la ville de Charençon-le-Plomb, où l’attendent bien des surprises.
Douzième enquête du Poulpe signée par Jean-Jacques Reboux, cet ouvrage contient tous les éléments à même de satisfaire les fans du Poulpe. Le langage est enlevé, le style direct, sans temps morts, et c’est toujours avec un plaisir presque juvénile que l’on suit Gabriel déglinguer du malfaisant. Et dans la commune de Charençon-le-Plomb, ils sont bien nombreux. Entre les néonazis, les politiciens sans scrupule, des policiers municipaux au passé troublé, il n’y a pas de quoi s’ennuyer. D’ailleurs, ce livre est sans concession, assez sombre, et exploite peu l’humour, alors que la série consacrée au limier libertaire est connue pour ses jeux de mots et ses blagues souvent potaches. On se souviendra longtemps de Don Quichotte, vagabond aussi vibrionnant qu’atypique, véritable monument humain de la ville. Le lien avec le peintre est un peu tiré par les cheveux, ce qui nuit à la crédibilité de l’histoire mais ne gâche guère le plaisir de lecture.
Un ouvrage intéressant de la saga du Poulpe, beaucoup plus noir que les autres, et qui se lit facilement.16/06/2014 à 20:20 4
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Manga connexion
7/10 Inès et son amie Gaia sont on ne peut plus heureuses : elles vont participer à un cosplay sur l’archipel du Frioul. Dans le même temps, un milliardaire, Nathan Loukas, compte y présenter une statuette qui permettrait d’accorder l’immortalité à son possesseur. Mais cette réjouissance va être brisée par la présence d’un ninja bien décidé à récupérer l’œuvre d’art.
Voilà donc le neuvième ouvrage de la série Brigade Sud qui devrait sans mal plaire à ses fans. Le style de Jean-Luc Luciani est inimitable : les mots sont comptés, l’écriture directe, la psychologie à peine brossée, et pourtant, on ne ressent aucune défaillance. Il est vrai que l’auteur, spécialisé en littérature jeunesse, maîtrise les codes du genre ainsi que les attentes de son lectorat. Ce dernier retrouvera donc avec plaisir cette enquête féconde en suspense, très attractive et qui, cerise sur ce délicieux petit gâteau, s’achève sur un événement qui laissera les lecteurs avides de connaître la suite.
De bien belle tenue, Manga connexion est donc un polar jeunesse attrayant et distrayant, dans la droite et fière lignée des précédents opus.16/06/2014 à 20:17
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Cent visages
6/10 Dans la France de 2025, un Président tout-puissant domine le pays. La population est soumise à un système de castes et l’État semble bien proche de la dictature. Un criminel connu sous le sobriquet de « Cent visages » terrifie les foules. Gregor, un adolescent en quête de nourriture, découvre justement ce tueur alors qu’il pénètre dans un entrepôt. Et c’est le début d’une folle cavalcade qui pourrait mener le jeune homme jusqu’aux fondements du pouvoir politique.
Pour son premier ouvrage paru chez Rageot dans la collection «Thriller », Thomas Geha a bien compris le fil rouge des autres livres ainsi que les souhaits du lectorat. Avec des chapitres diaboliquement courts, de l’action à revendre et des rebondissements incessants, l’auteur mène son récit tambour battant, et ce jusque dans les dernières pages. Indéniablement, il y a dans ces mots, cette structure et ce scénario une immense énergie. C’est aussi, au-delà du suspense qui tisse cette chevauchée audacieuse, un portrait cinglant d’un État tyrannique où se nouent des rapports particulièrement sombres entre cercles tactiques, terrorisme et milieux scientifiques.
Et c’est d’ailleurs également là que le bât blesse. À force de vouloir en mettre plein les yeux aux lecteurs, Thomas Geha finit par en faire trop. Nanotechnologies, usurpations d’identité, complots diplomatiques, et des scènes intrépides si nombreuses que certains risquent de perdre pied. Selon la métaphore connue, tous les ingrédients sont là pour contenter le public, mais la surabondance d’éléments et autres épices finit par atténuer le goût originel du produit.
Singulièrement fringant, ce roman se dévore autant qu’il dévore. Il est juste regrettable que Thomas Geha n’ait pas davantage opté pour la sobriété ou l’économie de sujets abordés.08/06/2014 à 08:46
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L'Assassin habite au 21
8/10 Londres vit dans l’effroi. Un tueur insaisissable s’en est déjà pris à sept personnes avant de les voler. Scotland Yard semble dans l’impuissance de capturer ce criminel qui signe ses méfaits d’un papier signé « Mr Smith » sur les dépouilles de ses proies. Quand un aigrefin indique à la police que l’assassin habite au numéro 21 à Russell Square, les espoirs de la maréchaussée renaissent avant de mourir aussitôt, car à cet endroit, ce n’est pas une personne qui y vit, mais plusieurs, dans une pension de famille. Comment parvenir à identifier ce terrible monstre ?
En 1939, Stanislas-André Steeman signait ce roman qui devait faire date dans le genre policier. Malgré son âge prononcé, c’est avec régal que l’on peut (re)découvrir ce jalon de la littérature. L’écriture est typique de l’époque, légèrement surannée, et la plume de l’auteur procure un rare bonheur : les personnages, bien que nombreux, sont rapidement identifiables, et les dialogues, malgré la légitime tension qu’apporte la traque de ce tueur machiavélique, ne sont pas exempts d’un humour salvateur. Assez court, le livre se lit avec avidité, et l’on se plait à essayer d’imaginer le fin mot de l’histoire, d’autant que Stanislas-André Steeman s’adresse par deux fois au lecteur en lui indiquant qu’il dispose désormais de toutes les cartes nécessaires à la résolution de l’énigme. C’est d’ailleurs une partie de cartes qui permettra à l’un des protagonistes de comprendre l’identité de Mr Smith.
Même si le retournement final pourra être imaginé par les amateurs du genre, il faut replacer cet ouvrage dans son contexte : écrit il y a plus de sept décennies, il n’en demeure pas moins prenant et diaboliquement original pour l’époque. Et c’est ressentir une réelle jouissance que de pouvoir, en quelque sorte, converser avec un septuagénaire aussi bien conservé.08/06/2014 à 08:41 3
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Affreux, sales et gentils
7/10 Un petit texte sympathique et enjoué, rédigé avec intelligence et calibré pour son lectorat. Assez loin des autres ouvrages de Guillaume Guéraud, car plus gamin et divertissant. Cependant, la fin est bien loin des canons du genre et l’on y retrouve un peu la patte de l’écrivain, dure et coupante. En sachant éviter la compromission tout en acceptant d’édulcorer son univers, avec cette cohérence personnelle et littéraire, l’auteur maintient habilement le cap de son style.
08/06/2014 à 08:41 1
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La Vengeance de la momie
7/10 Une histoire prenante, quelque part entre le conte initiatique et le roman d’aventures. Un récit efficace, très accessible pour les jeunes lecteurs, et avec une morale pertinente. Assurément, des collégiens y trouveront du plaisir.
08/06/2014 à 08:40
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Tessa
7/10 Une bien agréable nouvelle, menée de manière sobre et prenante. Une histoire qui revisite le thème de l’ange gardien avec des personnages crédibles.
08/06/2014 à 08:38 2
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L'Orgueil du diable
7/10 À Nice, un tueur en série s’évertue à faire de l’art avec les cadavres de ses victimes. Les corps recomposés imitent de grands artistes, comme Van Gogh, Picasso, Arcimboldo… Pour enquêter, deux policiers vont s’affronter : Grégoire Massa, commandant de la PJ de Nice, et Meggy Ker-Benson, profileuse du FBI. Et quand on sait que cette paire de détectives éprouvent l’un pour l’autre des sentiments pour le moins corsés, il se pourrait que leur confrontation prenne le pas sur la traque au criminel.
Brigitte Rico signe un polar décontracté et prenant. D’une plume alerte, savamment colorée de touches poétiques et d’humour, elle semble visiblement se délecter de dépeindre une ville ainsi qu’une région qui lui sont chères. Avec une belle économie de mots (le roman compte un peu moins de cent-trente pages), tout est fait pour distraire le lecteur. Et l’essai est transformé. Sans jamais chercher à atteindre le niveau littéraire de ses pairs français ou anglo-saxons, Brigitte Rico déroule avec un réel talent une intrigue charmante, où l’on suit autant l’affrontement de Massa et de Ker-Benson que l’affaire criminelle. On aurait probablement apprécié plus de noirceur ou, paradoxalement, plus de fantaisie, afin que son ouvrage cesse parfois de naviguer entre deux eaux, mais il est indéniable que l’écrivaine a su élaborer et mener une histoire intéressante, dont la fin, telle un fusil à double canon, saura surprendre.
Voilà donc un roman singulièrement délassant, finement ciselé, qui offre un bien bon moment de lecture décomplexée. À savourer sur une plage méditerranéenne, ce livre s’apparente à une jolie carte postale que Brigitte Rico envoie à tous les amateurs d’une littérature policière différente de ce que l’on trouve habituellement chez les libraires.08/06/2014 à 08:32
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Le Chien des bas serviles
8/10 Un homme politique de la Mayenne assassiné dans son bureau. Une jeune femme handicapée poignardée, un bas de soie à la main. Une enquête typique pour Gabriel Lecouvreur, lui qui aime tant les faits divers. Sauf que le Poulpe est amnésique et incapable de la moindre investigation. Alors Cheryl, sa compagne, part sur place, sur les traces d’une secte et d’un monstre inquiétant.
Soixante-dix-neuvième enquête du Poulpe signée par Jean-Luc Poisson, cet ouvrage se distingue immédiatement par son style narratif. La langue de l’auteur est épatante, regorgeant de jeux de mots subtils et aphorismes mémorables. Au gré des cent-vingt pages du récit, le lecteur ne s’ennuie jamais des mots de l’écrivain, d’autant que l’intrigue est riche et le cœur de l’histoire ne se révèle que tardivement. Cheryl, souvent reléguée au rang de faire-valoir de Gabriel, se montre aussi pugnace et habile que son complice, et c’est également avec plaisir que l’on voit le Poulpe sortir lentement de son amnésie grâce à l’aide de ses amis. La quête les mènera vers un étrange groupuscule qui aura su faire plier les édiles locaux grâce au chantage. Jouant sur le thème de la bête prodigieuse – d’où ce titre faisant référence au célèbre Chien des Baskerville de Arthur Conan Doyle, le livre met intelligemment en scène un puissant canidé capable d’émotions malgré son dressage… et également de s’adresser aux êtres humains !
Jean-Luc Poisson signe un original et efficace épisode du Poulpe, où l’écriture croustillante et le scénario ingénieux s’allient avec bonheur.08/06/2014 à 08:28 1
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Coup de foudre
6/10 Une histoire sympathique, sans plus, dont le gros point positif est, selon moi, la légère débilité du tueur, en partie dépassé par ses "pouvoirs" : pour une fois qu'il ne s'agit pas d'une énième histoire de criminel machiavélique et à l'intelligence surhumaine...
06/06/2014 à 18:06
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L'Afrikaner de Gordon's Bay
5/10 Un peu déçu par cet ouvrage. Dépaysement garanti, mais l’histoire n’est, selon moi, ni originale ni vraiment prenante. Une sacrée pelletée de bons sentiments et de personnages un peu caricaturaux pour, au final, un moment de lecture certes sympathique, mais ni renversant ni mémorable.
27/05/2014 à 16:08
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Un film d'horreur
6/10 Une fois n’est pas coutume, une histoire sans élément fantastique. Un bon suspense, la patte de Stine, et les rebondissements attendus associés à un style certes léger mais efficace.
27/05/2014 à 16:07
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Plein le dos
7/10 Une histoire typique de l’univers de Jean-Bernard Pouy, entre mystère et absurdité. Un ton fort, un humour omniprésent rehaussé par les illustrations, et une histoire peu banale, pour une nouvelle haute en couleurs et distrayante à défaut d’être totalement convaincante.
27/05/2014 à 16:06 1
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Le Vampire de Belgrade
8/10 Qui pourrait apprécier ce personnage central, raciste, homophobe, prêt à tuer de malheureux civils, et ne présentant aucun trait de caractère sympathique ? De même, qui oserait dire que le sujet est novateur ? Des vampires ? Un mercenaire en proie à ces sales bestioles ? Une ambiance crépusculaire et des scènes d’action que l’on se plairait à regarder, d’un œil mi-clos, dans une mauvaise série B ? L’absence totale de vraisemblance ? Et que dire de Jean-Luc Bizien qui ne daigne même pas signer ce roman de son propre nom, au point que l’on en vient à se demander s’il n’a pas honte de son engeance littéraire ?
Et puis, curieusement, le charme opère. On se prend de passion pour la quête de Vuk Kovasevic. Énergique, volontairement débarrassée de tout bon sentiment, suant la testostérone par toutes les pages, l’écriture happe, garrote, étrangle, et ne libère le lecteur qu’aux ultimes pages. Certes, les éléments sont connus et l’histoire peu originale, mais la moelle de l’œuvre est ailleurs. Dans sa nervosité. Dans la jouissance que l’on ressent à voir ces goules se faire massacrer. Et, finalement, dans ce plaisir presque coupable de goûter à l’allégresse avec un texte si loin de nos préoccupations quotidiennes et de toute crédibilité que l’on fuit la routine. Rien que pour ça, merci monsieur Bizien !27/05/2014 à 16:05
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Baby Leg
8/10 Kraus ne sait plus où il en est. Il se réveille au beau milieu d’une forêt, amputé d’une main, et poursuivi par une mystérieuse femme armée d’une hache et dotée d’une jambe de bébé. Ce qu’il ignore encore, c’est qu’un docteur Varner est à sa recherche et qu’il ne semble pas décidé à le laisser s’en aller.
Kafkaïen. Cauchemardesque. Monstrueux. Les qualificatifs ne manquent pas si l’on souhaite caractériser cet ouvrage de Brian Evenson. On lui devait déjà un déjanté Confrérie des mutilés où le simple synopsis, profondément atypique, offrait des perspectives détonantes de lecture. Avec ce Baby Leg, le stade de l’anormalité est amplement franchi. Cent pages d’un pur délire littéraire, où se télescopent des personnages étranges placés dans des situations baroques. Le ton est également inhabituel, au point que le lecteur perd souvent pied, entre hallucinations et distorsions du réel. Il est d’ailleurs impossible de totalement définir cet Objet Littéraire Non Identifié car, quand se tournent les ultimes pages, des questions subsistent. Quiconque pensera détenir une vérité, ou tout du moins la sienne, car Brian Evenson a éparpillé quelques clefs que tout un chacun pourra faire entrer dans des serrures de sa convenance, ouvrant les portes sur d’hypothétiques éclaircissements. Si certains pourront, bien légitimement, reprocher à l’auteur de ne pas avoir opté pour une solution unique et rationnelle, il faut soutenir, tout aussi légitimement, le choix narratif de l’écrivain d’avoir choisi de ne pas choisir. Au final, chaque lecteur, avec son ressenti et l’explication qui lui semblera la plus évidente ou la moins douteuse, partagera un arpent du cauchemar vécu par Kraus.27/05/2014 à 16:04 1
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Salt River
8/10 Shérif adjoint dans une bourgade du Tennessee, John Turner n’est pourtant pas sans activité. Un jeune homme qui s’encastre avec sa voiture dans un mur, un chien qui aboie sans raison apparente, un ami suspecté de meurtre…
Troisième et dernier ouvrage de la série consacrée à John Turner après Bois mort et Cripple Creek, ce Salt River est animée d’une remarquable puissance littéraire. Certes, James Sallis n’est probablement pas ici l’auteur d’une intrigue inoubliable. Les affaires vont venir se télescoper et les divers éléments finissent par être élucidés, mais ils ne marqueront pas la mémoire des lecteurs. En revanche, la finesse d’écriture est absolument prodigieuse ; en quelques mots, quelques situations, quelques dialogues, les personnages s’imposent par leur densité. Moins de deux-cents pages, et tout y est dit et écrit. À la manière d’un réalisateur ayant parfaitement perçu ses acteurs, James Sallis maîtrise ses protagonistes et les rend tout de suite si humains. C’est d’ailleurs le cas pour John Turner, à propos duquel on ne peut qu’encenser cette maestria narrative, si poignante autant que lapidaire, avec laquelle l’écrivain nous dépeint ici l’ultime apparition.
Sans offrir un immense moment de littérature policière, James Sallis brosse des portraits d’une si profonde humanité que la lecture de ce roman s’en passe bien volontiers. On en viendrait presque à sentir palpiter le pouls des personnages sous nos doigts à mesure que nous tournons les pages.27/05/2014 à 16:00 2
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Transparences
8/10 Un ouvrage fort, parfois handicapé par certaines longueurs, mais indéniablement magnifié par un style dense et une écriture savante, avec par exemple ce premier chapitre, écho littéraire et meurtrier de la mécanique des fluides.
27/05/2014 à 15:59
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Terrible internat
3/10 Une atmosphère intelligemment bâtie et un personnage de professeur qui saura intriguer voire remuer les jeunes lecteurs. Mais j’ai trouvé le final – les deux dernières pages – complètement ratées, risibles au possible, et achevant le récit sur une note totalement caduque. Selon moi, un fiasco complet en termes d’achèvement.
27/05/2014 à 15:58
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L'Aztèque du charro laid
7/10 Un Poulpe particulièrement saignant. Si le cœur de l’intrigue est en soi assez répandu dans la littérature policière – et encore, peut-être est-ce dû au fait qu’il a une quinzaine d’années et que le sujet a été exploité depuis, j’en retiens avant tout une écriture qui allie un ton nerveux, des scènes d’actions enflammées et un humour corrosif. Une peinture au vitriol de la société mexicaine – sans que cela ne s’apparente à un racisme de mauvais aloi comme il l’est indiqué judicieusement dans les dernières pages. Un bien opus dans une série dont je suis définitivement fan.
27/05/2014 à 15:57 1
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Festins de veuves
7/10 Deux hommes découvrent à Dunkerque le corps d’un ami dans son bateau. Spectacle stupéfiant : le cadavre est entouré de mouches et de veuves noires. Le commissaire Delambre et son équipe vont devoir mener l’enquête. Rapidement, des femmes amatrices de romans policiers font le lien entre ce fait divers et un plus ancien, où un mort avait été découvert dans des circonstances similaires. Serait-ce le même tueur qui aurait de nouveau sévi ?
Après Dunkerque sous le signe d’Othmane, Un grand maître dunkerquois et Quai des cadavres, Jean-Pierre Bocquet poursuit son œuvre littéraire avec ses personnages récurrents. S’il est souhaitable de lire ces opus dans l’ordre chronologique afin de mieux discerner les évolutions des protagonistes, des rappels en bas de page permettent néanmoins de saisir les allusions aux événements précédents. Avec un style très volubile où les bons mots mitraillent le texte, l’auteur a bâti une intrigue qui sait saisir le lecteur dès le premier chapitre. On en vient vite à être intrigué par cette histoire atypique d’assassin usant d’araignées mais aussi de mouches et de grenouilles venimeuses pour mener sa vengeance. Jean-Pierre Bocquet dépeint avec un talent narratif certain les divers individus qui composent une galerie savoureuse, et où les dialogues, même s’ils sont parfois élaborés pour en faire jaillir des bons mots au point de parfois en perdre de leur naturel, sont bien cocasses. Au gré des pérégrinations dans le département du Nord, l’écrivain invite son lectorat à une plaisante balade d’où ressort avec un amour communicatif pour ce terroir. Le ton y est souvent badin, quelquefois trop disert, mais on ne s’ennuie jamais.
Délaissant volontairement la piste du thriller, Jean-Pierre Bocquet oriente son intrigue et son récit vers des rivages moins sombres et tourmentés. Son scénario original et sa patte débonnaire achèvent de faire de cet ouvrage une bien agréable paire de parenthèses entre d’autres lectures où affluent les effusions de sang et les effets faciles.27/05/2014 à 15:55