El Marco Modérateur

3231 votes

  • Le piège de Dante

    Arnaud Delalande

    8/10 Cet opus conjugue avec ingéniosité plusieurs genres : les mystères du roman d’espionnage, la nervosité du thriller, la fougue des ouvrages de cape et d’épée, auxquels s’additionnent le grand savoir historique d’Arnaud Delalande. Un très bon moment de lecture divertissante.

    18/07/2012 à 14:16

  • Sept ans plus tard

    Jean-Christophe Tixier

    8/10 Pierre-Adrien Nial accepte à contrecœur la proposition d’anciens élèves de sa classe de CM2 : se retrouver, sept ans plus tard, dans l’école qui les avait accueillis. L’occasion d’évoquer le bon vieux temps, celui de la camaraderie, de l’innocence, des blagues de potache. Mais aussi l’époque où tous vivaient sous la coupe d’Anthony, une vermine qui les rackettait et les humiliait. Anthony est également du rendez-vous, et il n’a guère changé : arrogant, mal élevé, et toujours prompt à créer des problèmes. Et si, avec ces retrouvailles, avait aussi sonné le temps de la vengeance ?

    Il est des romans destinés à la jeunesse qui marquent rapidement les esprits par la justesse du ton employé, leur maturité : indéniablement, celui-ci en fait partie. Dès les premières pages, Jean-Christophe Tixier sait happer l’attention du lecteur, par la tonalité des mots employés, l’authenticité des sentiments évoqués, la profondeur des émotions suscitées. Tout sonne vrai, notamment lorsque les scènes sont décrites à travers les yeux de Pierre-Adrien, lycéen blasé et grand amateur de caricatures, croquant chacun des personnages qu’il croise. Cet ouvrage décrit aussi de belle manière les mentalités de l’enfance, entre candeur et découverte des épreuves infligées par les canailles.
    Le lecteur va vite se douter qu’un drame se noue, que les représailles sont proches, que les rancœurs vont ressusciter sous une forme violente lorsque seront invoqués les souvenirs dégradants de la jeunesse des protagonistes. Là où Jean-Christophe Tixier tire également son épingle du jeu, c’est dans la construction du drame à venir : le lecteur ne sait que bien plus tard qui mettra en branle le châtiment, et de quelle manière les rouages mis en place vont ériger Pierre-Adrien en un coupable idéal. Un agencement intelligent et efficace, très crédible, où la noirceur et la tension rendent l’ensemble encore plus oppressant et percutant qu’un inutile jaillissement de sang.

    Jean-Christophe Tixier sait s’adresser aux jeunes, grâce à un style nerveux, des personnages plausibles et un scénario habile. Le roman, dans sa totalité, renverra certainement le lecteur à des réminiscences de ce que lui-même aura pu vivre lorsqu’il était enfant, tout en posant des questions pertinentes quant à l’amitié, la suspicion et la notion de culpabilité.

    18/07/2012 à 14:14 1

  • Hacker à bord

    Christian Grenier

    7/10 Voilà un bon roman policier, à la fois efficace et entraînant. Les rares reproches qu’on peut lui attribuer doivent être replacés dans le contexte de l’œuvre : cette dernière s’adresse aux collégiens, sciemment, et il est fort à parier qu’ils pardonneront d’autant plus facilement ces défauts que le livre remplit haut la main son contrat.

    04/07/2012 à 18:55

  • Frères de chair

    Michael Marshall Smith

    9/10 Dans un futur assez éloigné, Jack Randall, ancien policier dont la famille a été massacrée par le criminel Vinaldi, s’est recyclé dans la protection d’une ferme d’alters. On appelle ainsi des clones qui vivent isolés, parqués comme du bétail, en attendant que leur double, celui disposant d’une réelle existence, ait besoin de tout ou partie de leur corps de dépannage. Mais après s’être occupé de ces alters, Randall ne supporte plus que l’on se serve d’eux, et s’enfuit avec eux. C’est pour l’ex-flic le début d’une descente aux enfers, ponctuée notamment par un retour dans La Brèche, cet univers parallèle que gouverne la peur.

    Ce thriller fantastique de Michael Marshall Smith date de 1996, et pourtant, à sa (re)lecture, le temps passé depuis sa création n’a pas amoindri ses qualités ou son impact. Le genre de l’anticipation est parfois rendu impénétrable par un langage, une vision du monde ou des codes littéraires qui le rendent inintelligible pour nombre de lecteurs ; ici, indéniablement, ce n’est pas le cas. La plume de l’auteur est particulièrement alerte, conjuguant des moments très sombres à des répliques humoristiques particulièrement savoureuses et que l’on imaginerait sans peine dites par des acteurs de blockbusters hollywoodiens. Les scènes d’action sont également nombreuses, très bien écrites, et c’est avec un plaisir soutenu que l’on suit le périple de Jack Randall dans cet avenir empreint de nouvelles technologies.
    D’ailleurs, au-delà du décor et de l’ambiance futuristes, saisissants d’efficacité et, pourrait-on dire, de réalisme, c’est aussi la personnalité de cet ancien policier qui retient l’attention. Marqué à jamais par les combats dans La Brèche, drogué au point d’être devenu un véritable zombi, meurtri par le massacre des siens, c’est au contact des alters, ces petits êtres sans existence officielle et réduits au rang de pièces humaines de rechange qu’il va reconquérir sa part d’humanité. Michael Marshall Smith excelle dans l’art des portraits, par petites touches et flash-backs successifs, jusqu’à peindre des âmes denses et d’une rare profondeur. D’autres auteurs auraient pu se contenter d’esquisser des protagonistes effacés, édulcorés, insipides, au gré d’une intrigue qui n’aurait été que le prétexte à des scènes d’action échevelées. Michael Marshall Smith prend le contrepied de ces facilités, en imaginant un paysage futuriste détonnant, une histoire singulière, et des personnages complexes.

    Ce Frères de chair se situe à la confluence de l’univers inventif de Philip K. Dick, du cinéma spectaculaire couché sur papier et de l’intelligence quant à l’emploi des sciences. Pour se divertir, s’émouvoir ou réfléchir, il s’agit d’un opus de très grande qualité.

    04/07/2012 à 18:53

  • L'Homme à la bombe

    Christian Roux

    9/10 Larry est au chômage. Allant, sans résultat, d’entretiens d’embauche en désillusions, il n’en peut plus, et, presque PAR bravade, confectionne une fausse bombe. Sauf que tout le monde la croit vraie. Au point de prendre le dessus sur de véritables braqueurs et d’emporter, comme unique butin, Lu, une gamine au charisme insensé. C’est le début d’un long périple en France…

    L’auteur du remarquable Braquages revient chez Payot Rivages pour ce roman détonnant, au propre comme au figuré. La situation est rapidement posée, et l’on entre immédiatement dans le vif du sujet. Larry, ingénieur noir, brisé moralement par le chômage et la séparation avec sa famille, commet l’irréparable en créant cette bombe factice. Cela aurait pu être le début d’un énième thriller à l’américaine, pétaradant et invraisemblable : il n’en est rien. En adressant, en fin de livre, une pensée à Jim Thompson et David Goodis, Christian Roux s’inscrit de fait dans la tradition du roman noir. Les protagonistes sont heurtés, broyés par la situation économique et sociale, au point de les pousser aux dernières extrémités. L’engagement de l’écrivain est total, en mettant en exergue un individu lambda, dépassé par une situation dans laquelle il finit par s’enfermer comme une gangue mortifère.
    On se prend de compassion pour ce personnage, Larry, à la fois sympathique et pathétique, qui pourrait être n’importe lequel d’entre nous. Parallèlement, Lu est une scélérate atypique, prompte à aiguiser les appétits sexuels de ses contemporains, ce qui débouchera, comme on s’y attend, sur des embrouilles supplémentaires. Christian Roux n’oublie nullement l’humour, dans les situations comme les dialogues, compensant ainsi la noirceur du récit.

    Tout à la fois sombre et désopilant, cet Homme à la bombe ne peut laisser indifférent. Avec un final aussi inattendu que hautement symbolique, ce livre très court – environ cent-cinquante pages – marquera durablement les esprits par son ton, sa justesse, mais aussi par sa louable propension à éviter les clichés du genre. À cet égard, même si y sont abordés les thèmes du chômage et de la souffrance au travail, il se montre suffisamment éloigné par son intrigue de celles des Visages écrasés de Marin Ledun et du Couperet de Donald Westlake pour se montrer original et intéressant.

    25/06/2012 à 17:23 1

  • Le train des oubliés

    Didier Daeninckx, Mako

    6/10 Des adolescents partent dans une mine de charbon abandonnée, dans le Nord. On découvrira leurs corps. Asphyxie. Mais c'est un peu court comme épitaphe, notamment pour le père de l'un d'entre eux. Car derrière ces morts violentes, se cache un terrible secret.

    Une œuvre en clair-obscur. Les coups de crayon simples et efficaces de Mako, allant à l'essentiel. Le scénario est tout à fait représentatif de la bibliographie de Didier Daeninckx, avec un fort engagement politique et social. L'ensemble se lit rapidement et l'on passe un agréable moment avec le père de Martin, aux prises avec de sombres pans du passé français. À cet égard, même si le nœud de l'histoire peut se deviner avant sa révélation, dans l'ultime page de la bande dessinée, le lecteur restera probablement interdit face à cet aveu glauque.
    Néanmoins, au-delà de ces qualités indéniables, on regrette que les personnages ne soient pas plus fouillés, notamment le papa de Martin, que le choc du deuil ne semble qu'effleurer. Par ailleurs, certains protagonistes manquent de nuances, et la fin est bien trop abrupte.

    Si cette bande dessinée de Didier Daeninckx et Mako ne démérite pas, elle souffre néanmoins d'une concision qui ne lui sied pas. À l'instar du graphisme, épuré, le scénario aurait peut-être mérité un peu plus de profondeur.

    25/06/2012 à 17:18

  • Croisière en meurtre majeur

    Michel Honaker

    7/10 Un ouvrage très plaisant et court à lire, avec une intrigue simple mais efficace, et des personnages bien brossés. L'histoire prend un tour d'autant plus saisissant lorsque l'on apprend qu'une très large majorité des événements relatés est véridique.

    13/06/2012 à 13:21

  • Oscar Wilde et le nid de vipères

    Gyles Brandreth

    8/10 Lors d’une soirée mondaine à laquelle participent, entre autres, Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle, la duchesse d’Albemarle est retrouvée morte. Même si bien des gens tentent de taire l’affaire, et surtout les circonstances de ce décès, le trouble demeure : la jeune femme était à moitié dévêtue, les seins zébrés de coups de couteau, et elle portait au cou deux profondes entailles. Oscar Wilde et Arthur Conan Doyle vont alors enquêter.

    Opus de la série écrite par Gyles Brandreth et consacrée à un Oscar Wilde devenu détective, ce Nid de vipères est une nouvelle réussite. Même si certains lecteurs pourront de nouveau trouver assez tiré par les cheveux – voire irrespectueux de l’Histoire – de mettre un personnage réel dans une situation totalement fictive, il faut reconnaître à l’auteur un talent rare, à la fois de conteur et de scénariste. Les divers protagonistes sont tous brillamment campés, depuis les membres de la cour jusqu’aux domestiques, en passant bien évidemment par l’inénarrable Oscar Wilde, dandy tourmenté, et Arthur Conan Doyle. L’ambiance, les lieux ainsi que les mœurs sont parfaitement retranscrits, rendant d’autant plus vivante la peinture de ce Londres victorien. Gyles Brandreth a imaginé et bâti une intrigue à la fois solide et efficace, avec de nombreux rebondissements, et qui ne s’achève que dans les ultimes pages.
    Par ailleurs, la structure du roman semble beaucoup plus concise que dans les précédents ouvrages. Il y a bien moins de digressions, et le récit nous est rendu à travers des correspondances et mémoires, tous émanant des divers personnages, offrant un rythme plus cadencé à l’histoire. C’est aussi pour le lecteur l’occasion de se familiariser avec les sphères royales, les traitements de l’hystérie, et de fréquenter des individus illustres comme Bram Stoker ou Anton Dvorak.

    Ce Nid de vipères – titre ô combien symbolique – est un polar historique de premier rang. En plus de divertir, il propose au lecteur de côtoyer un Oscar Wilde tonitruant : iconoclaste, empreint d’humour et de gravité, torturé par ses démons intérieurs, auteur d’aphorismes tantôt acides tantôt hilarants.

    11/06/2012 à 18:13

  • Coeur de pierre

    Philippe Dorin

    7/10 Un bien joli roman pour les plus jeunes – guère au-delà de la classe de cinquième selon moi – qui conjugue histoire policière et sentiments. A la manière d'États de lame, de Pascal Fonteneau, faire d'un objet le narrateur est judicieux. L'ensemble oscille entre polar et onirisme, et ça passe avec régal. Un quart d'heure de délectation.

    09/06/2012 à 10:00

  • L'Enigme des coeurs gelés

    Emma Kennedy

    9/10 La jeune Wilma vit sur l’île de Cooper. Orpheline, elle a un rêve tenace : devenir un détective privé aussi célèbre et rusé que Théodore P. Lebon, son idole. Devenue fille au pair auprès de l’acariâtre madame Ronchard, Wilma apprend deux grandes nouvelles, concomitantes, qui pourraient bien lui permettre de faire ses preuves : un diamant a disparu et ses deux découvreurs sont retrouvés morts, les cœurs gelés !

    Premier ouvrage de la série consacrée à Wilma Tenderfoot, cet opus est une indéniable réussite. D’entrée de jeu, le ton est donné par Emma Kennedy : ça sera drôle et prenant. L’auteur a su créer un univers bien singulier, mélange de candeur, d’absurde et de suspense, qui n’est pas sans rappeler les mondes de Lewis Carroll ou de Roald Dahl. L’île de Copper vaut à elle seule le déplacement : séparée en deux parties distinctes, une carte placée en début de roman aide le lecteur à situer les divers lieux sillonnés par l’héroïne. Tout y est caustique, extravagant, et les jeunes ne pourront que plonger avec plaisir dans cette communauté atypique. Wilma est également un personnage attachant et burlesque : gamine espiègle, portant en permanence sur elle son Porte-Indices – chapelet d’articles de presse narrant les exploits de son héros détective, elle est affublée d’un chien fidèle et pétillant, Pétrin, qui lui sera d’un grand secours dans cette enquête.
    L’intrigue est très agréable, ménageant un suspense de bon aloi pour les jeunes lecteurs – probablement des collégiens – avec des rebondissements ingénieux et des fausses pistes intéressantes. D’ailleurs, le prochain opus ainsi que les prémices de son intrigue, L'Énigme du poison putride, est annoncé en fin d’ouvrage et fait déjà envie. Mais ce que l’on retient encore plus de ce roman détonnant, c’est finalement sa liberté de ton. Emma Kennedy connaît le public auquel elle s’adresse, maîtrise parfaitement les codes du genre, en joue, mais sait aussi les dépasser pour offrir un livre audacieux, où le cocasse côtoie la tension.

    Rares sont les ouvrages de jeunesse à proposer une approche et un style aussi mordants. C’est vif, extravagant, et sans le moindre équivalent. Il est aussi à noter le remarquable travail d’illustration de Nancy Peña, dont les dessins s’adaptent et enrichissent chaque chapitre avec brio.

    08/06/2012 à 14:27

  • Blackzone

    Philip Le Roy

    8/10 On retrouve, à Cannes, deux cadavres dont les visages ont été arrachés. À côté de l’un d’entre eux, un adolescent trisomique, doté d’une force herculéenne. Il est vite intégré à une escouade de gamins présentant des capacités bien particulières, et ces six ados forment désormais la Brigade des Fous. Leur première mission : comprendre les raisons de l’assassinat de ces deux personnes. Quitte à devoir affronter la mafia taïwanaise et contrer un terrible complot écologique…

    Premier ouvrage de la série consacrée à la Brigade des Fous, ce Blackzone est typique de la bibliographie de Philip Le Roy : écriture nerveuse, très visuelle, combats percutants et action ininterrompue. Dès le début, le ton est donné : ça sera pétaradant, avec de nombreuses références musicales ou cinématographiques. Les personnages formant la troupe commando constituent déjà tout un programme : un génie de l’informatique, une séductrice bipolaire, une experte des sports extrêmes, une gothique qui a troqué l’automutilation contre le sadisme, un fan de jeux vidéo et un colosse à la puissance difficilement gérable. Autant dire que tous les éléments humains sont réunis pour créer un cocktail explosif.
    Et effectivement, le livre tient à ce niveau toutes ses promesses. Philip Le Roy n’a pas son pareil pour imaginer des situations déchaînées, rythmées par des combats d’arts martiaux ou aux armes à feu. Pas le moindre temps mort, une plume saturée d’effervescence, de la baston à tous les étages. Le fil directeur est d’ailleurs tout aussi tonitruant : le scénario est original, documenté, et les ultimes pages livrent l’intégralité d’une cabale audacieuse. S’adressant à un jeune public, il y a des passages qui ne tiennent pas la route, comme l’attaque de la villa du mafieux, ou le passage où Sem apprend à piloter un hélicoptère en se servant des consignes trouvées sur Internet. Mais ce manque de crédibilité est clairement assumé : l’auteur cherche la percussion et le délire narratifs. À cet égard, Philip Le Roy livre un roman pour adolescents tout aussi échevelé que ne l’étaient Pour adultes seulement ou La Dernière arme pour adultes.

    Faisant partie de la deuxième salve de romans de la collection Thriller de Rageot, cet opus est de la pure dynamite, un blockbuster littéraire qui ravira sans mal les amateurs de sensations fortes.

    06/06/2012 à 08:20

  • Les visiteurs d'outre-tombe

    Stéphane Daniel

    8/10 Carole, une jeune lycéenne dont l’appartement donne sur le Père-Lachaise, fréquente souvent le célèbre cimetière parisien. Madame Bouloche, nourrisseuse de chats errants, Flauberd, professeur de lettres passionné par les tombes, et Mathias, un nouvel élève qui change de tenue au gré des jours, voilà autant de personnages qui tournent dans son entourage et occupent son quotidien. Puis viennent des disparitions de chats, des agissements étranges près des caveaux, des profanations…

    Stéphane Daniel signe un nouveau roman très réussi pour la jeunesse. Carole devient immédiatement une protagoniste attachante, vivant seule avec son père, et hypnotisée par le charme poétique du Père-Lachaise. La langue de l’auteur est un pur régal, lyrique et mélancolique, avec une belle dose d’humour, et le suspense monte crescendo au gré des divers événements. Les jeunes lecteurs n’auront aucun mal à se laisser bercer par les mots de l’écrivain, avec un style efficace et des rebondissements réussis.
    Par ailleurs, l’intrigue ne se résout que dans les ultimes pages, mettant à jour un complot à la fois réaliste et surtout très singulier : on se souviendra longtemps des motivations du coupable une fois le livre achevé, d’autant que les fausses pistes auront été nombreuses et que les desseins du criminel sortent de l’ordinaire.

    Après le très bon Un tueur à la fenêtre, Stéphane Daniel montre une nouvelle fois l’étendue de son talent, grâce à la justesse du ton qu’il emploie et l’originalité de son histoire.

    27/05/2012 à 08:48

  • Le Signe des quatre

    Arthur Conan Doyle

    7/10 Une belle intrigue, prenante et originale. Sherlock Holmes est toujours aussi passionnant dans ses observations et déductions. Néanmoins, j’ai trouvé l’ensemble moins prenant que d’autres enquêtes d’Arthur Conan Doyle.

    26/05/2012 à 08:40 1

  • Le tueur de Rouen se dévoile

    Aude Lhôtelais

    7/10 Dans la proche périphérie de Rouen, le cadavre d’une jeune femme est découvert. La malheureuse a été victime d’un nombre effrayant de coupures, et son cerveau a été prélevé. C’est le commissaire Hyacinthe Téodovna, fraîchement promue en Seine-Maritime, qui est chargée de l’affaire. Grâce à son équipe de policiers et au médecin légiste, elle va affronter un terrible tueur en série qui n’a vraiment pas envie de raccrocher le scalpel.

    Premier ouvrage d’Aude Lhôtelais, ce thriller constitue un très agréable moment de lecture. Le style de l’auteur est frais et savoureux, et c’est toujours un véritable plaisir que de voir éclore une nouvelle fleur dans le domaine littéraire. Rapidement, le lecteur est pris par l’intrigue et ne la lâche plus. Hyacinthe Téodovna, comme personnage principal, est attachante, perspicace et persévérante. Au cours de ce roman, on en apprend un peu de son enfance, et il y a fort à parier que d’autres opus mettant en scène cette jeune femme viendront. Le scénario est également très bien imaginé ; si les premiers jalons de l’enquête semblent un peu convenus, la suite des événements vient contredire cette impression. Le modus operandi de l’assassin est assez effrayant, ses motivations sont atypiques, et de très nombreux rebondissements en fin de roman vraiment palpitants, et ce jusque dans l’ultime page. Par ailleurs, même si on sent nettement l’influence d’autres auteurs anglo-saxons dans l’élaboration de l’histoire, Aude Lhôtelais démontre son talent grâce à une plume très personnelle et surtout, grâce à une vraie maîtrise des rouages du thriller. Les protagonistes sonnent de manière crédible et l’enquête est suffisamment longue et tortueuse pour paraître véridique.

    Même si le titre de ce roman peut sembler assez banal, son contenu est une réussite. Il est toujours émouvant, un peu comme lorsqu’on assiste à une naissance, de voir apparaître un nouvel auteur, et ce d’autant plus lorsque cet écrivain est talentueux. Assurément, Aude Lhôtelais mérite bien des encouragements ainsi que des félicitations.

    25/05/2012 à 17:58

  • Poursuite infernale

    Tony Bradman, Martin Chatterton

    6/10 Un assez bon moment de lecture, simple et jouant habilement sur les peurs des jeunes. La trame se montre très classique, servie par une plume efficace, mais elle sait se renouveler dans le dernier tiers, quand Quentin se décide à ne plus être spectateur du destin qui semble être le sien, mais à en devenir acteur. Au final, pour les jeunes lecteurs, une petite demi-heure de fantastique, agrémentée d’une morale certes facile mais plaisante.

    21/05/2012 à 15:51

  • Magie Noire

    Tony Bradman, Martin Chatterton

    7/10 Un ouvrage selon moi meilleur que « Poursuite infernale », signé des mêmes auteur et illustrateur. Une histoire certes classique, mais la mise en scène, l’aspect familial (les relations qu’entretient Mégane avec son père et surtout sa mère) et les illustrations plus fouillées et nombreuses servent le récit.

    21/05/2012 à 15:50

  • La lecture du feu

    Élie Robert-Nicoud

    8/10 Saint-Romain, petite bourgade du Périgord. Une équipe d’hommes y œuvre comme pompiers. Unis dans les malheurs répétitifs comme dans les joies simples. Des interventions vers des accidents de la route, des désœuvrés en quête d’aide, et souvent le sang ou des cadavres brûlés au point de rendez-vous. Mais il arrive que certains secours sortent de l’ordinaire, comme à La Chabroussie, où l’on retrouve des suicidés avec un couteau de boucher planté dans le cœur. Y aurait-il des secrets dissimulés dans ces paisibles campagnes ?

    Auteur du remarquable Passe-temps pour âmes ignobles ou de Victime delta qui décrit également l’univers des pompiers, Louis Sanders sait sans mal dépeindre le Périgord qui est d’ailleurs la toile de fond de l’ensemble de sa bibliographie. En quelques traits de plume, avec une grande économie de moyens, l’écrivain rend immédiats des lieux, ambiances et individus. Ce qui est remarquable, c’est justement sa manière de croquer les personnages : humains, avec autant de zones d’ombre que de clarté. Aucun d’entre eux n’est un héros ni un modèle : ce sont pour la plupart des êtres ordinaires, ensevelis dans ce terroir abandonné, qui vivotent plus qu’ils ne vivent réellement. Leur routine s’étire de drames violents en assistances portées à des personnes isolées ayant oublié leurs repères. Les pompiers ainsi décrits avec justesse, dans leurs opérations comme dans leur quotidien, cherchent la femme idéale, se perdent pendant des heures pour savoir comment organiser leur bal rituel, révisent pour d’hypothétiques concours, boivent avec excès.
    Par-delà ces portraits cinglants de crédibilité, il y a l’intrigue policière, tel un fil rouge, ou les questionnements d’un de ces serviteurs de la sécurité publique qui tente de comprendre les raisons de ces cadavres dont on semble avoir maquillé les causes réelles du décès, ou encore le pourquoi de la disparition des carnets de l’ancienne institutrice. Lentement, pièce par pièce, la vérité se fera jour dans les ultimes pages du roman. Louis Sanders a choisi la noirceur, et la lumière se fait alors sur de sombres alliances, aussi fétides que plausibles.

    La lecture du feu constitue donc, une fois de plus, une ample réussite littéraire de Louis Sanders. Amer, vitriolé, le livre s’achève comme il a commencé : avec plus de douleurs que de réels espoirs. Et le lecteur referme cet opus en repensant au titre de l’ouvrage. Pour faire bref, la lecture du feu consiste à évaluer les risques de l’incendie couvant derrière une porte : couleur des flammes, densité des fumées, température perceptible, etc. Il en va des drames comme des combustions : nul ne sait ce que l’on va découvrir lorsque l’on ouvrira l’accès permettant de les atteindre.

    15/05/2012 à 09:34

  • Les Meurtres de la salamandre

    Paul Halter

    8/10 Voilà l’occasion de (re)découvrir toute l’étendue des talents d’un auteur inspiré, brillant, et inventif. Les Meurtres de la Salamandre est un ouvrage typique de sa bibliographie, aussi riche qu’original.

    15/05/2012 à 08:36

  • Murder Party

    Agnès Laroche

    7/10 Voilà un bon roman à frissons pour les jeunes : divertissant, ingénieux et plaisant. Le lectorat visé prendra bien du plaisir au gré des pages.

    15/05/2012 à 08:32

  • Le complot de la dernière aube

    Michel Honaker

    8/10 Alors qu’il traque des membres de la Brigade Pâle, Neil Galore ainsi que ses camarades parviennent à rattraper leur proie. Malheureusement, l’un de leurs amis disparaît lors de la traque alors qu’une autre chasse s’amorce : la Brigade Pâle semble tramer un infâme complot à Chicago.

    Troisième opus de la série consacrée à l’Agence Pinkerton après Le Châtiment des Hommes-Tonnerre et Le Rituel de l'ogre rouge, ce Complot de la dernière aube continuera de fasciner les lecteurs. Le style de Michel Honaker est toujours aussi envoûtant, mélangeant avec bonheur plusieurs genres littéraires, du western au fantastique en passant par l’aventure. Les personnages demeurent bien campés, faits de zones d’ombres qui, au gré des épisodes, s’éclaircissent lentement d’informations distillées avec goût et parcimonie. Les chapitres sont courts et s’enchaînent avec brio, et l’on se sent naturellement porté vers le suivant tant le suspense est prenant. L’intrigue, à l’instar des autres ouvrages, est de haute tenue, et la nature de la cabale est d’autant plus saisissante qu’elle fait écho à un événement ayant réellement eu lieu au XIXe siècle.
    Ce qui frappe également dans ce roman, au-delà des qualités mentionnées précédemment, c’est la manière dont, telle la pièce d’un puzzle, il vient s’insérer avec intelligence dans le flux de cette série. Des réponses vont apparaître, comme à propos des origines de Neil, et des péripéties intervenir, comme la confrontation tant attendue avec Angus Dulles. Dans le même temps, d’autres questions vont ressurgir, voir naître, et le lecteur ne pourra qu’attendre avec fébrilité les prochaines chevauchées de nos héros et espérer des réponses.

    Décidément, cette série est assurément l’une des plus audacieuses et réussies du moment pour la jeunesse. Effrénée, atypique, chaque aventure répond largement aux attentes du lectorat en proposant un divertissement de très grande qualité. D’ailleurs, le récit s’achève sur l’annonce de ce par quoi débutera la future équipée, dans les décors enneigés du Canada, auprès d’un lac inquiétant. On en trépigne d’avance !

    14/05/2012 à 17:33 1