L'Enigme des coeurs gelés

(Wilma Tenderfoot and the case of the frozen hearts)

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  • 9/10 La jeune Wilma vit sur l’île de Cooper. Orpheline, elle a un rêve tenace : devenir un détective privé aussi célèbre et rusé que Théodore P. Lebon, son idole. Devenue fille au pair auprès de l’acariâtre madame Ronchard, Wilma apprend deux grandes nouvelles, concomitantes, qui pourraient bien lui permettre de faire ses preuves : un diamant a disparu et ses deux découvreurs sont retrouvés morts, les cœurs gelés !

    Premier ouvrage de la série consacrée à Wilma Tenderfoot, cet opus est une indéniable réussite. D’entrée de jeu, le ton est donné par Emma Kennedy : ça sera drôle et prenant. L’auteur a su créer un univers bien singulier, mélange de candeur, d’absurde et de suspense, qui n’est pas sans rappeler les mondes de Lewis Carroll ou de Roald Dahl. L’île de Copper vaut à elle seule le déplacement : séparée en deux parties distinctes, une carte placée en début de roman aide le lecteur à situer les divers lieux sillonnés par l’héroïne. Tout y est caustique, extravagant, et les jeunes ne pourront que plonger avec plaisir dans cette communauté atypique. Wilma est également un personnage attachant et burlesque : gamine espiègle, portant en permanence sur elle son Porte-Indices – chapelet d’articles de presse narrant les exploits de son héros détective, elle est affublée d’un chien fidèle et pétillant, Pétrin, qui lui sera d’un grand secours dans cette enquête.
    L’intrigue est très agréable, ménageant un suspense de bon aloi pour les jeunes lecteurs – probablement des collégiens – avec des rebondissements ingénieux et des fausses pistes intéressantes. D’ailleurs, le prochain opus ainsi que les prémices de son intrigue, L'Énigme du poison putride, est annoncé en fin d’ouvrage et fait déjà envie. Mais ce que l’on retient encore plus de ce roman détonnant, c’est finalement sa liberté de ton. Emma Kennedy connaît le public auquel elle s’adresse, maîtrise parfaitement les codes du genre, en joue, mais sait aussi les dépasser pour offrir un livre audacieux, où le cocasse côtoie la tension.

    Rares sont les ouvrages de jeunesse à proposer une approche et un style aussi mordants. C’est vif, extravagant, et sans le moindre équivalent. Il est aussi à noter le remarquable travail d’illustration de Nancy Peña, dont les dessins s’adaptent et enrichissent chaque chapitre avec brio.

    08/06/2012 à 14:27 El Marco (3456 votes, 7.2/10 de moyenne)