El Marco Modérateur

3221 votes

  • L'Ange Noir

    John Connolly

    9/10 Un thriller surpuissant, rôdant du côté du fantastique, et faisant bien le lien avec les précédentes enquêtes de Charlie Parker !

    05/01/2007 à 18:36 1

  • L'année des fers chauds

    Dominique Delahaye

    8/10 Un homme se fait massacrer à coups de batte de baseball à Liège. La victime, Christian Fischer, avait tout du type ordinaire, sans histoire. Quand le Poulpe a vent de l’histoire grâce à sa chère Cheryl, il décide d’aller voir de plus près cette histoire. Sur place, entre destruction industrielle et petits arrangements avec la misère, il y a de quoi lui occuper les tentacules.

    Deux-cent-quatre-vingt-cinquième enquête du Poulpe signée par Dominique Delahaye, on sent d’entrée de jeu que le noir sera de rigueur. Passant de la sombre description d’une Belgique fracassée par le chômage s’achevant sur l’exécution de la victime à une envolée en règle contre la pensée chrétienne au hasard des rencontres de Gabriel Lecouvreur, le roman sera acerbe et engagé. Grâce à une plume subtile, à la fois travaillée tout en restant naturelle, l’auteur met en exergue le fanatisme capitaliste, l’hypocrisie des grands industriels, et la mort programmée de la classe ouvrière. Ode à la condition des manœuvres belges et à leur lutte pour tout simplement survivre, c’est également une ballade qui s’orchestre au rythme des allusions directes à Georges Simenon, du plat pays qui était le sien à son œuvre. Depuis les épigraphes extraites de Lettre à mon juge et du Passage de la ligne à la lecture régulière du Charretier de la Providence en passant par L'Aîné des Ferchaux qui offre un joli jeu de mots pour le titre de l’ouvrage, Dominique Delahaye se situe fiévreusement dans la veine de cet immense auteur que l’on aurait bien tort de ne pas lire et relire à l’envi. L’intrigue est également solide, entre dénonciation de magouilles politiciennes et réquisitoire contre un libéralisme économique qui dévore ses propres enfants.

    Le ton de cet opus est donc fort, presque aussi enragé qu’engagé. Chaque lecteur est bien évidemment libre ou non d’assentir à l’idéologie du Poulpe, libertaire révolté, qui évolue toujours dans des enquêtes où son point de vue est assurément le bon. Mais ce qui fait également la force de ce livre comme de tant d’autres de la série, c’est qu’il sait argumenter, verser le sel dans des plaies béantes et apporter un éclairage caustique sur des problèmes sociétaux encore à vif.

    15/12/2014 à 20:15 1

  • L'antizyklon des atroces

    Georges-Jean Arnaud

    7/10 Je garde un bon souvenir de cette enquête du Poulpe, lue il y a longtemps. Un côté espionnage pas déplaisant pour une intrigue assez différente des précédentes.

    15/12/2013 à 17:22 1

  • L'Appli vérité

    Jack Heath

    8/10 Le jeune Jarli a créé une application pour téléphone portable capable de détecter les mensonges. Est-ce la raison pour laquelle on en veut à sa vie et à celle de son père ? Tous deux viennent à peine d’échapper à une tentative de meurtre, avec un vieil homme patibulaire ayant lancé son pick-up contre leur véhicule. Une seule chose est certaine : sa vie va être bouleversée.

    De Jack Heath, on avait déjà adoré son extraordinaire et mordant Mange tes morts, et voilà que l’on découvre cette série littéraire dédiée à la jeunesse, Les Chroniques de Kelton. D’entrée de jeu, l’auteur séduit par son style, particulièrement efficace, et la cadence qu’il impose à son récit. Des scènes très détonantes, presque télévisuelles, qui alternent avec des moments plus apaisés. On se plaît à faire la connaissance de Jarli, un adolescent très attachant et sur qui la foudre va s’acharner à tomber bien souvent. Accidents de voiture, courses-poursuites, labyrinthe souterrain, incendie monstrueux, enlèvement : rien ne lui sera épargné. Dans le même temps, on fait la connaissance de deux de ses amies, Anya, une boxeuse d’origine russe, et Bess, au look de punk et qui sait se servir à la perfection de ses béquilles. L’intrigue est très inspirée et parfaitement calibrée, avec de nombreux rebondissements, et un final qui donnera fatalement envie de se ruer sur le tome suivant, à savoir Portés disparus.

    Un ouvrage pour la jeunesse qui sort vraiment du lot, notamment en raison de son pitch original et du rythme qui l’anime. On en redemande.

    18/05/2020 à 18:06 1

  • L'armure de vengeance

    Serge Brussolo

    9/10 Un très bon polar médiéval avec un dénouement vraiment fort. Une oeuvre qui tranche dans la production de Serge Brussolo de par l'époque de l'énigme, et qui est un sacré coup d'essai autant qu'un coup de maître !

    13/10/2006 à 22:54 1

  • L'Article 637

    Jules Lermina

    5/10 Le narrateur ainsi que le détective Maurice Parent sont invités chez les Liévin pour dîner, le 25 décembre. C’est aussi le dixième anniversaire de la mort de M. Liévin, l’époux et le père de deux filles. On n’a retrouvé de la victime qu’une jambe, tronçonnée et découverte dans la Seine. C’est alors que Maurice Parent cite cet article 637 qui prescrit les crimes au bout d’une décennie. C’est aussitôt après qu’il incrimine M. Marion, ami et subordonné de la victime.
    La nouvelle est vertigineuse de concision, au point que, lorsqu’on prend conscience de cette brièveté, on se doute que l’auteur va devoir exploiter un ressort ultra expéditif, et alors, on en finit presque par comprendre comment va se faire piéger le criminel, comme dans un bon épisode de Columbo. Bref, l’idée est astucieuse et le texte plutôt réussi, mais à vouloir trop jouer la vélocité, je trouve que l’auteur a en grande partie manqué sa cible, en nous ôtant tout suspense, toute tension, toute réflexion, bref, en désamorçant une grande, voire une immense partie de l’intérêt de la lecture.

    17/05/2021 à 17:49 1

  • L'Assassin de papa

    Malika Ferdjoukh

    7/10 Un agréable roman à suspense, bien écrit et prenant. L'aspect social ainsi que les relations entre Valentin et son père prennent le pas sur une intrigue policière assez secondaire et qui se résout d'ailleurs presque trop facilement, mais on passe un bon moment de lecture. A réserver néanmoins en priorité aux jeunes lecteurs.

    19/01/2011 à 12:56 1

  • L'Attaque du mutant

    R. L. Stine

    7/10 Une histoire qui commence bien et m’a agréablement surpris, dans la mesure où elle tranche singulièrement avec les autres écrits de R. L. Stine. Un habile panachage de suspense, de phénomènes inexpliqués, avec une intrusion dans les milieux de la BD et des superhéros, en plus de touches d’un humour sympathique (come Wilson et sa collection de tampons). Par la suite, l’ensemble tient un peu moins ses promesses à mes yeux, et la scène finale, quoiqu’originale, ne m’a pas vraiment surpris. Mais cela demeure un ouvrage plaisant et qui se détache bien dans la bibliographie de l’auteur.

    29/07/2017 à 08:26 1

  • L'Auberge rouge

    Michel Peyramaure

    7/10 La terrible affaire criminelle de l’auberge de Peyrebeille, historique, portée deux fois à l’écran, et cette fois-ci (je dis bien « cette fois-ci » car elle a donné lieu à de nombreux ouvrages) étudiée par Michel Peyramaure. Un documentaire assez concis (à peine plus de deux cents soixante pages), qui permet de revivre les zones d’ombre autour des trois personnages qu’étaient Pierre Martin, son épouse Marie Martin née Breysse, et leur domestique Jean Rochette. L’ambiance lugubre, les faits, les pistes sont tous bien remis en scène par l’auteur, et l’on vit avec une forme de fièvre ce drame même si on en connaît déjà l’épilogue, du moins officiel. Les mentalités sont également bien rendues, avec la paranoïa, la peur, la joie partielle lors de la triple exécution, les sentiments contradictoires lors du procès, et même cette curieuse suspicion autour de cette phrase énigmatique prononcée par Rochette, « Maudits maîtres, que ne m'avez-vous pas fait faire ! ». Cependant, même si je ne boude absolument pas mon plaisir de lecture, j’ai toute fois deux bémols vis-à-vis de ce livre datant de 1976. D’une part, Michel Peyramaure se fonde trop, à mon goût, sur les livres d’autres écrivains plutôt que sur les archives : du coup, pas mal d’éléments et d’informations me font plus penser à du ouï-dire ou du « ouï-lu » plutôt qu’à une réelle et profonde enquête historique. Nous n’en sommes pas au stade de la simple dilution / digestion d’autres opus, mais je regrette un peu ce manque d’investissement. Autre hic : l’auteur ne prend pas réellement position. Était-ce une erreur judiciaire ? Nos trois aubergistes étaient-ils réellement des criminels ? Une autre piste, peut-être ? Rien. Quand M. Peyramaure semble commencer à prendre position, c’est pour signaler celle d’un autre écrivain. Du coup, c’est un bel exposé des faits, parfois magnifié par une langue agréable et littéraire, à mille lieues du compte-rendu sans âme, mais il me manque ce jugement, cette « intime conviction », qui aurait individualisé et distingué ce documentaire au milieu de la pléthore d’autres déjà écrits.

    25/04/2020 à 16:51 1

  • L'Aztèque du charro laid

    Philippe Delepierre

    7/10 Un Poulpe particulièrement saignant. Si le cœur de l’intrigue est en soi assez répandu dans la littérature policière – et encore, peut-être est-ce dû au fait qu’il a une quinzaine d’années et que le sujet a été exploité depuis, j’en retiens avant tout une écriture qui allie un ton nerveux, des scènes d’actions enflammées et un humour corrosif. Une peinture au vitriol de la société mexicaine – sans que cela ne s’apparente à un racisme de mauvais aloi comme il l’est indiqué judicieusement dans les dernières pages. Un bien opus dans une série dont je suis définitivement fan.

    27/05/2014 à 15:57 1

  • L'Ecole des zombies

    R. L. Stine

    7/10 Une lecture très distrayante, où les clichés du zombie (vociférant, affamé de viande infecte, avançant avec lenteur, etc.) sont percutés par des scènes bien plus originales. Un opus que j’ai trouvé un peu plus original que d’autres, avec des passages propres à écœurer les lecteurs les plus sensibles, le tout pour une lecture bien distractive.

    15/01/2017 à 19:55 1

  • L'École hantée

    R. L. Stine

    8/10 Comme le dit très justement mamboo, le titre n’est vraiment pas judicieux. En revanche, j’ai trouvé l’intrigue vraiment originale, avec cette histoire passionnante d’adolescents disparus dans les années 1940, cet univers parallèle que l’on n’atteint que grâce à un ascenseur horizontal, cette idée lumineuse autour des couleurs et de l’identité de la personne ayant réussi à regagner le monde normal. L’ultime étincelle, dans le dernier chapitre, avec l’arrivée subite de ce monsieur Caméléon, est à mes yeux remarquable. Un ouvrage qui ne plaira probablement pas à tous les fans de R. L. Stine dans la mesure où il tranche vraiment avec le reste de sa bibliographie, mais qui constitue selon moi un temps fort en plus d’une habile digression littéraire à elle seule.

    29/08/2017 à 17:19 1

  • L'Empire des Loups

    Jean-Christophe Grangé

    8/10

    27/02/2006 à 12:42 1

  • L'Enfaon

    Eric Simard

    7/10 L’enfaon, vu à travers les yeux de Leïla, une enfant de neuf ans qui est tombée amoureuse de lui. L’enfaon est un gamin différent, rêveur, créé dans une couveuse artificielle, sans réels parents, car, puisqu’il avait une maladie mortelle, on lui a injecté des gènes de cerfs. Il est mauvais en mathématiques, mais très bon en sport (grâce à ses spécificités animales) et en français (cf. le poème qu’il a écrit). A la manière des autres opus de la série, une ode à la différence et à la lutte contre l’indifférence (la référence au conte « Le Vilain petit canard » est patente avec l’entrée de l’enfaon et de ses magnifiques ramures), mais avec, je trouve, une note supplémentaire portée sur l’émotion (à travers le destin de l’enfanteau, hybride homme-éléphant). Un joli petit tome, tout en félicité et en bienveillance, avec juste ce qu’il faut de morale, sans jamais devenir pesante.

    12/05/2020 à 08:48 1

  • L'Enfer, c'est à quel étage ?

    Serge Brussolo

    8/10 Un très bon roman de Serge Brussolo. Inventif, angoissant, original...Mais où va-t-il chercher toutes ses si brillantes idées ? :d

    29/05/2006 à 20:13 1

  • L'Enigme de la rame 204

    Charles Marcellus

    6/10 L’inspecteur Méral est dans l’un de ses jours de congé, et c’est somnolant qu’il finit par décrocher le téléphone : un collègue l’appelle parce que l’on a retrouvé Paul Rieux, son neveu, touché de deux balles dans la tête, et à présent dans le coma. Mais Méral se rend aussitôt compte que celui qui l’a contacté à l’instant n’est pas le policier qu’il a prétendu. C’est ensuite un homme porteur d’un calibre de policier que l’on découvre, également en vie. Et si Méral était tombé dans un piège ?
    Un texte plaisant où j’ai bien aimé découvrir cet inspecteur Méral. Vieux garçon, plutôt taciturne quoique fort attaché aux membres de sa famille, fin stratège lorsqu’il s’agit d’imaginer une ruse pour piéger les criminels, roué dans l’art du déguisement, son rôle semble de prime abord atténué dans cette nouvelle puisqu’il ne commence à réellement intervenir qu’à la moitié du récit, permettant à Charles Marcellus de développer les autres protagonistes, comme les policiers, Gisèle (la compagne de Paul), ou encore les truands, dont Antonio. Même si l’intrigue, en soi, ne casse pas cinq pattes à un chihuahua, c’est, à mes yeux, davantage le portrait d’un Paris canaille, de la vieille époque, où se mêlent souteneurs, fournisseurs de chnouf et autres vilains garçons de l’époque dorée des films et romans noirs. Une lecture distractive et assez bien ficelée, même si je regrette que l’auteur n’ait pas plus complexifié son histoire ni proposé un épilogue moins attendu.

    09/01/2022 à 16:54 1

  • L'Enigme du tableau

    Catherine Kalengula

    7/10 Clémentine et ses cousins découvrent, entre autres, un tableau anonyme représentant des fleurs, plus exactement des hortensias. Au dos, une photo ancienne d’un jeune garçon avec les initiales A.G. Il se pourrait bien que cette œuvre, loin d’être anonyme, finisse par attirer des esprits malveillants.

    Après La mystérieuse Mrs Walton et Le Gang des écuries, voici le troisième tome de la série consacrée à Clém. L’écrivaine, Catherine Kalengula maîtrise son sujet : l’écriture est simple et efficace, le récit prenant, les personnages sympathiques en diable. C’est ainsi que l’on retrouve Clémentine et ses cousins, une sacrée bande de joyeux drilles, qui viennent de vivre un déménagement et essaient de nouer des relations nouvelles dans leur école. En plus de notre héroïne, sagace et entêtée, l’attention des lecteurs sera également attirée par Samy, vivant dans un fauteuil roulant et adepte des nouvelles technologies, ou encore Aélys, gentiment mythomane. L’histoire est aussi très agréable à suivre, depuis la découverte de cette nature morte mystérieuse dont l’identité de l’artiste va constituer le réel enjeu de l’intrigue. Sans être mémorable, cette dernière est amplement suffisante pour accaparer la concentration du lectorat, et happer jusqu’aux dernières pages. Catherine Kalengula intercale dans son histoire de jolis passages quant à l’amitié et le respect, qui achèvent d’enchanter.

    Un polar réussi et pertinent, qui se lit rapidement et facilement. Un petit délice.

    18/07/2019 à 22:45 1

  • L'étonnante disparition de mon cousin Salim

    Siobhan Dowd

    9/10 … ou comment le cousin de Ted, Salim, disparaît alors qu’il était dans la grande roue de Londres, la « London Eye », puisqu’il était allé se placer dans l’une des nacelles mais n’en est pas descendu. Dit comme ça, cela ressemble à un crime en chambre close, et c’est un peu le cas, mais ce qui a principalement retenu mon attention, c’est la plume savoureuse de feu Siobhan Dowd, trop tôt disparue à l’âge de quarante-sept ans. Son style est un pur régal et, d’une certaine façon, la plume de l’écrivaine ainsi que la façon dont elle a traité son histoire s’apparente à la traditionnelle dichotomie entre « polar » et « roman policier », puisque ce sont les personnages, le contexte et le décor qui priment sur la résolution de l’intrigue. Ted, le cousin du disparu, est un autiste, et c’est ce protagoniste qui compose prioritairement mon coup de cœur pour ce livre. Il est obnubilé par les chiffres et la météorologie, brillant dans ses raisonnements et déductions, et saura faire preuve de courage, d’opiniâtreté et de sagacité. Parallèlement, il est obtus à tout ce qui est en rapport avec certaines formes de la réalité, se montre embarrassé dans nombre de situations et a parfois des réactions gentiment inappropriées. La relation qu’il a avec sa sœur, Kat, et ses parents, est merveilleusement décrite, et l’auteure a su à la fois peindre avec immensément d’humanité, de tact et de réalisme l’autisme de Ted sans jamais tomber dans les poncifs grossiers, maladroits et hautains par rapport à ce trouble. Aux termes de « cinquante-quatre heures et deux minutes de réflexion », Ted parviendra, avec l’aide importante de sa sœur, à résoudre le problème, après de nombreux raisonnements, actions et prises de risques. Le roman permet également de joliment croquer la capitale anglaise avec ses attractions, sa Tamise, ses buildings et son métro. Un style littéraire remarquable, un souffle de générosité et d’altruisme, et une réelle intelligence quant à l’observation des êtres humains font que j’ai achevé cet ouvrage avec à la fois un large sourire aux lèvres et une émotion prégnante aux tripes. Après, du strict point de vue policier, j’en viens presque à regretter que Siobhan Dowd ait développé les huit théories de Ted (quant à ce qui a pu se passer dans l’attraction, et il y en a même une neuvième qui arrive après) et que notre si sympathique héros se soit appuyé sur elles pour comprendre ce qui s’était passé, car la résolution va venir se fonder sur l’une d’entre elles, et donc en partie couper l’herbe sous le pied du final, ou au moins en diminuer l’impact. Mais c’est vraiment ergoter une fois ce magnifique livre, drôle et touchant, refermé.

    12/10/2019 à 08:53 1

  • L'Etranger dans le grenier

    Benoît Séverac

    7/10 En raison de la crise de la covid et du confinement, les parents de Cécilia, Martin et Océane préfèrent les envoyer chez leur grand-mère à Toulouse. Sauf que Cécilia entend de curieux bruits venant du grenier. Sur place, les enfants découvrent Diané, migrant venant de Guinée-Conakry, dont la sœur Kourouma est prise en otage chez leur oncle, un odieux esclavagiste. Les trois enfants n’hésitent pas à venir porter secours à ces sans-papiers.

    Voici Benoît Séverac qui entre dans la collection « Flash Fiction » avec ce roman panachant intrigue policière et littérature blanche. Rappelons que les ouvrages parus dans cette série ont été testés et relus par une orthophoniste, avec, entre autres, une mise en page aérée, une police d’imprimerie spécifiquement travaillée pour faciliter la reconnaissance des lettres et un vocabulaire adapté. Ici, en raison de la concision du récit, on est aussitôt happé par l’histoire, brève et sans le moindre temps mort, aux côtés de ces trois gamins prêts à tout, même à risquer leur vie, pour aider ces deux enfants tombés sous l’emprise d’un individu sans scrupule. Un roman au cordeau, sans effet de manche ni péripétie superflue, où la tension du suspense vient se mêler à des questions intemporelles sur l’assistance à autrui, la fraternité ou le sens du sacrifice. Dans le même temps, Benoît Séverac dépeint des personnages très crédibles, de leurs attitudes à leurs dialogues, et même s’il manque peut-être quelques rebondissements ou alors un axe scénaristique plus original, l’auteur préserve avec talent l’attention de son lectorat du début à la fin.

    Un ouvrage de belle tenue, intelligent et humain, qui conviendra à tous les lecteurs, quel que soit leur niveau et leur âge.

    03/05/2022 à 06:55 1

  • L'Homme à la bombe

    Christian Roux

    9/10 Larry est au chômage. Allant, sans résultat, d’entretiens d’embauche en désillusions, il n’en peut plus, et, presque PAR bravade, confectionne une fausse bombe. Sauf que tout le monde la croit vraie. Au point de prendre le dessus sur de véritables braqueurs et d’emporter, comme unique butin, Lu, une gamine au charisme insensé. C’est le début d’un long périple en France…

    L’auteur du remarquable Braquages revient chez Payot Rivages pour ce roman détonnant, au propre comme au figuré. La situation est rapidement posée, et l’on entre immédiatement dans le vif du sujet. Larry, ingénieur noir, brisé moralement par le chômage et la séparation avec sa famille, commet l’irréparable en créant cette bombe factice. Cela aurait pu être le début d’un énième thriller à l’américaine, pétaradant et invraisemblable : il n’en est rien. En adressant, en fin de livre, une pensée à Jim Thompson et David Goodis, Christian Roux s’inscrit de fait dans la tradition du roman noir. Les protagonistes sont heurtés, broyés par la situation économique et sociale, au point de les pousser aux dernières extrémités. L’engagement de l’écrivain est total, en mettant en exergue un individu lambda, dépassé par une situation dans laquelle il finit par s’enfermer comme une gangue mortifère.
    On se prend de compassion pour ce personnage, Larry, à la fois sympathique et pathétique, qui pourrait être n’importe lequel d’entre nous. Parallèlement, Lu est une scélérate atypique, prompte à aiguiser les appétits sexuels de ses contemporains, ce qui débouchera, comme on s’y attend, sur des embrouilles supplémentaires. Christian Roux n’oublie nullement l’humour, dans les situations comme les dialogues, compensant ainsi la noirceur du récit.

    Tout à la fois sombre et désopilant, cet Homme à la bombe ne peut laisser indifférent. Avec un final aussi inattendu que hautement symbolique, ce livre très court – environ cent-cinquante pages – marquera durablement les esprits par son ton, sa justesse, mais aussi par sa louable propension à éviter les clichés du genre. À cet égard, même si y sont abordés les thèmes du chômage et de la souffrance au travail, il se montre suffisamment éloigné par son intrigue de celles des Visages écrasés de Marin Ledun et du Couperet de Donald Westlake pour se montrer original et intéressant.

    25/06/2012 à 17:23 1