411 votes
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Bondrée
8/10 Roman noir très plaisant à lire. De belles descriptions de la nature et des caractères des protagonistes. L'auteur est servi par un style fluide et sans pesanteur même lorsque les réflexions sont plus longues. L'abondance d'expressions anglaises et québecoises ne nuit pas, bien au contraire, et renforce le côté très local de l'histoire.
01/09/2021 à 10:55 3
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May fly
7/10 Bon policier, l'ambiance humide et tempétueuse de la côte irlandaise est bien rendue, tout comme la violence des mafias d'Europe de l'est et islamistes. Les personnages sont hauts en couleurs et l'intrigue tient bien la route. Il y a de l'action, du suspens et quelques rebondissements. Paddy, Jameson et Guinness coulent à flots et les vétérans de l'IRA sont toujours prêts à donner un coup de main.
01/09/2021 à 10:46 3
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Là où chantent les écrevisses
10/10 Gros coup de cœur, meilleure lecture de l'année ! Beaucoup de sensibilité, de style et de maitrise font de ce roman une réussite absolue. L'environnement y est magnifié sans tomber dans un quelconque réquisitoire, l'histoire et les personnages sont traités avec une grande subtilité pour révéler la part sombre de chacun ou au contraire son humanité. Superbe !
01/09/2021 à 10:02 10
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La Dernière tempête
7/10 Policier sympa à lire. On est dans ce qu'on pourrait appeler l'école Indridasson, c'est à dire que l'auteur ajoute à sa trame policière un parcours de vie compliqué à son héroïne, l'enquêtrice Hulda Hermansdóttir, et pas mal de considérations sur la vie des Islandais. Dans ce livre, le personnage principal, déclencheur de tout est l'isolement, isolement géographique qui provoque l'isolement humain, et l'éloignement entre humains, que ce soit au fin fond d'une vallée reculée de l'est, ou dans la capitale au sein de la famille de Hulda, et ce d'autant plus qu'on est pendant les fêtes de noël pendant lesquelles les familles sont censées se retrouver. En plus de l'intrique policière finement menée, l'auteur parvient à parler des drames violents avec un vocabulaire très bien choisi, loin de toute description détaillée. Dans un style assez simple mais mais maitrisé, Ragnar Jónasson parvient à faire monter le suspens petit à petit jusqu'au dénouement (qu'on devine néanmoins un peu vite).
19/07/2021 à 10:01 5
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L'Irlandais
7/10 Clovis Narigou, héros récurrent de Maurice Gouiran ressemble beaucoup à Gabriel Lecouvreur dit "Le Poulpe". Comme le céphalopode, il a des convictions libertaires assez marquées, l'habitude de mener ses propres enquêtes, et une certaine propension à boire de la bière. Dans cet opus nord-irlandais, il va écluser pas mal de Guinness. Ce roman noir dont le fil conducteur suit la recherche des assassins d'un peintre, spécialiste des fresques murales ancien de l'IRA, se lit facilement. L'auteur dresse un portrait des nationalistes irlandais d'Ulster, des luttes fratricides, des branches nouvelles qui apparaissent après l'acceptation du processus de paix, mais surtout de la place des femmes dans l'organisation et dans la société irlandaise en général. Il met donc en évidence pas mal de paradoxes. On veut se libérer de l'occupant britannique, mais on a du mal à remettre en cause le patriarcat défendu par l'église catholique entre autres. Avec ses personnages fouillés, Maurice Gouiran apporte un éclairage intéressant à un aspect méconnu de l'IRA et de l'Irlande en général, à relier avec le sort des filles enfermées dans les couvents des Magdalènes. Natif du Rove près de Marseille dans une famille de bergers, Clovis marche sur les pas de son auteur, ce qui est à l'origine de quelques scènes pagnolesques qui ensoleillent le livre, face à la grisaille humide de Belfast.
12/07/2021 à 09:39 2
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De Cauchemar et de feu
9/10 La légende irlandaise du Far Darrig est le fil rouge (!) de cet excellent roman policier. Cet "homme rouge" de la légende celte est un porteur de feu, le frère d'un Prométhée moderne au service de l'unité irlandaise. L'auteur nous plonge dans les années 70 en Irlande du nord, en pleine guerre entre IRA, Unionistes et armée britannique. Cette guerre coloniale en Europe en plein XXe siècle est très bien décrite, sans concession pour aucun camp. La violence va forger le destin de quelques républicains de Derry, depuis leur enfance jusqu'à nos jours ou certains se retrouvent à Paris pour solder de vieux comptes. L'enquête sur les activités criminelles de ces vétérans est confiée à la brigade du capitaine Mehrlicht. L'autre réussite de l'auteur est de nous faire partager la vie de ces flics hauts en couleurs, attachants, originaux, qui ont le sens du devoir mais aussi beaucoup d'humanité et d'humour. On découvre le conflit nord-irlandais sous un jour complet, l'aspect religieux, économique, le processus de radicalisation, les reconversion impossibles ... Ajoutons à cela la verve de l'auteur, des formules qui font mouche, des considérations sur les vies personnelles de chacun qui rapprochent le lecteur des personnages, une analyse extrêmement fine des enjeux et des connaissances historiques sans faille, le résultat est un livre sans temps mort, sans longueur, sans éparpillements inutiles, manié avec un style séduisant. On referme le livre à regret, convaincu que "le diable n'est pas mort et enterré à Killarney, mais bien ressuscité et enrôlé dans l'armée britannique", et à l'instar de l'auteur, on espère la réunification pacifique de la verte Erin.
05/07/2021 à 10:10 8
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Le Livre des choses cachées
9/10 Roman noir très original servi par une étude des caractères ciselée. Les personnages sont étudiés à la loupe, tout comme le lieu de l'action, les Pouilles en Italie du sud. De nombreux paramètres contribuent à rendre l'histoire captivante, les descriptions géographiques, culinaires, culturelles et historiques. Mais c'est avant tout la psychologie des personnages qui est le moteur principal. Quatre copains réunis rituellement chaque année, dont les personnalités s'affinent et se révèlent peu à peu, ainsi que ceux qui les entourent, père, sœur, femme, enfants, copine ... tous ont leur importance dans le déroulement des drames qui se profilent dans ce village tenu par une branche de la mafia. L'un d'entre eux a une place un peu particulière et va entrainer le groupe dans cette curieuse aventure. Une pointe d'occultisme parachève cette œuvre séduisante, troublante et prenante dans laquelle chacun revisite sa jeunesse, ses illusions, ses déboires, ses espoirs, ses réussites ou ses échecs. En maintenant le doute et le suspens jusqu'au dernier mot, l'auteur laisse entrevoir à ses lecteurs ce "côté des choses cachées" au terme d'un récit totalement envoutant et bluffant.
24/06/2021 à 09:42 2
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Péchés capitaux
8/10 Jim Harrison nous entraine au fin fond d’une Amérique profonde, celle de ces comtés ruraux ou une seule famille suffit parfois à pourrir la vie de tous les habitants. C’est une situation souvent abordée, dans la bd avec Lucky Luke (les rivaux de Painful Gulch), la littérature noire (Le festin de l’araignée – M. Tabachnik) ou le cinéma (La colline a des yeux). Le plus souvent, l’action se passe dans les contrées désertiques du sud-ouest. Harrison situe son roman dans le Michigan et la région des grands lacs. Le personnage principal Sunderson, est voisin de la famille Ames, dans laquelle la consanguinité règne, ou tous les hommes sont alcooliques au dernier degré, les femmes battues et violées et les enfants livrés à eux-mêmes. Tout ce beau monde est violent, armé avec la gâchette facile. Policier à la retraite, Sunderson va enquêter sur les meurtres qui déciment la famille, parfois au revolver, souvent au poison et devra comprendre le rôle de chacun.
La lecture est très agréable, Harrison nous fait partager ses propres passions, la pêche à la truite (mouchetée, arc-en-ciel, brune), le vin et whisky et les jolies filles. Il est d’ailleurs lui-même un alcoolique, lucide certes, mais bien dépendant, un type capable de vider un Gigondas au petit dej’, deux Bandol au repas et remettre ça au diner. Quant aux relations du héros avec le beau sexe, certaines sont coupables, puisque, même si ses conquêtes sont consentantes, certaines sont mineures et l’une est sa fille adoptive. Bref, un personnage principal qui est un paradoxe à lui tout seul. Ce qui ne l’empêche pas d’être un enquêteur très doué et fin psychologue pour démêler le vrai du faux dans ces relations humaines tourmentées.
C’est un roman noir doté d’une trame policière originale et solide, plein d’humour, avec une certaine humanité, un regard très critique sur l’Amérique. C’est aussi le portrait d’un jouisseur picaresque attachant, pris dans des tourmentes existentielles autour de son ex-femme, sa nouvelle petite amie, sa voisine yogiste et sa fille adoptive, le tout à la lueur des souvenirs du prêche d’un pasteur sur les péchés capitaux.17/06/2021 à 12:45 2
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Tuer Jupiter
4/10 Mise à part la construction originale de remontée du temps, de l'évènement jusqu'à sa genèse, je n'ai pas accroché au roman. Les personnages sont caricaturés à l’extrême, la trame ne tient qu'à un fil et l'auteur se complaît plus dans des détails inutiles à l'histoire mais qu'il prend manifestement plaisir à distiller avec une causticité qui devient vite rébarbative. Plus la lecture avance, plus on s’ennuie.
14/05/2021 à 10:38 5
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La rivière de sang
8/10 Excellent roman policier qui dispense une bonne ambiance de bout en bout. Dans un paysage préservé du Montana, ou au milieu coule une rivière, Jim Tenuto nous ballade entre sortie de pêche à la mouche, la plus élégante des méthodes, et élevage de bisons sur un immense ranch qui fait bien des envieux. Entre mormons très religieux, milice néonazie très allumée, militants animalistes très radicaux et quelques opérations boursières très lucratives, les raisons de tuer un homme sont nombreuses. L'enquête est menée par un guide de pêche, personnage principal, au caractère plein d'empathie. Les autres personnages sont également bien campés et l'humour dont l'auteur fait preuve arrondi les angles des plus redoutables. L'aspect policier, dévolu à un shériff local et au FBI, est traité avec un suspens bien dosé. L’écriture prenante et l'intrigue très bien traitée font un ensemble très accrocheur et très réussi.
07/05/2021 à 09:53 6
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Ils nourrissaient le soleil
6/10 La 4e de couverture est trompeuse. La partie "polar" se résume à la deuxième moitié du livre. L'histoire annonce l’interview du Cdt Marcos par le journaliste francomexicain et des révélations retentissantes. Celles-ci n'arrivent jamais. Un chapitre commence sur un personnage en France, mais n'a pas ensuite de développement. Il y a des longueurs infinies sur la relation épistolaire érotico-romantique entre une étudiante et son professeur d’archéologie qui n'apporte strictement rien à l'histoire. Idem sur de longues considérations sur le néo-zapatisme, intéressantes mais hors-sujet. Par contre, les amateurs d'histoire du Mexique, de la civilisation aztèque, de leur mythologie, de leur religion seront comblés. Tout ceci est présenté avec beaucoup d'érudition. La partie consacrée au sujet, l'assassin du métro de Mexico relève plus d'une chronique criminelle que d'un polar. Il y a tout de même de grosses failles scénaristiques, par exemple, on a environ 50 crimes commis dans les stations de métro et pas l'ombre d'un témoin ! Encore plus fort, l'incinération d'un corps à Teotihuacan, au sommet d'une pyramide se fait au nez et à la barbe de toute le monde ! La formation littéraire de l'auteur donne une écriture claire et un style agréable. Conclusion : les passionnés du Mexique (comme moi) y trouveront leur compte, en relevant toutefois quelques erreurs. Les amateurs de roman autobiographique pourront aussi aimer le livre. Les inconditionnels de polars bien construits au scénario en béton peuvent passer leur chemin.
12/04/2021 à 11:14
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La Pierre du remords
6/10 Roman policier à multiples tiroirs. Tellement qu'on a tendance à s'y perdre un peu d'ailleurs. Autre écueil, le nombre important de personnages avec, comme dans tout roman islandais, des noms difficiles à retenir, surtout comme dans ce volume de Konrad, la différence féminin/masculin est parfois délicate. Si on ajoute les allers/retours sur deux époques, cela donne un livre qui demande une concentration certaine. Tout cela affecte un peu le plaisir, même si l'histoire est aussi riche que celles de la série Erlendur Sveinson. On s'aperçoit toutefois que finalement, l’Islande, malgré toutes ses singularités et sa faible population, est un pays comme les autres quant à la nature humaine. Un dernier rebondissement permet de refermer le livre sur une note positive.
07/04/2021 à 15:58 2
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Paz
8/10 Comme Don Winslow l'a très bien fait avec Le Mexique dans "La griffe du chien", Caryl Férey nous livre une situation de la Colombie sous l'emprise des narcotrafiquants, de la corruption, des guérillas et donc surtout de la violence. Malgré un plan de paix en préparation, les choses changent peu et le quotidien des gens de la rue reste très dangereux. Prix entre les intérêts divergents des cartels, des anciens guérilleros, de la police, des politiciens, être journaliste, flic intègre ou juste aspirer à une vie tranquille est difficile. Surtout quand la famille sur laquelle repose l'histoire mêle tous ces portraits. En s'appuyant sur quelques personnages représentatifs, l'auteur dresse un portrait bien noir, et malheureusement fidèle des exactions commises par les uns et les autres en Colombie. En s'immergeant dans les vies de ses protagonistes, on comprend à quel point la solution est inextricable. le choix des personnages est judicieux et le déroulé de l'histoire clair et prenant. Dommage que, comme pour La griffe du chien, on soit parfois autant dans le documentaire que dans le roman noir. Par rapport à ces autres romans, Caryl Férey semble un peu plus détaché de ses héros.
22/03/2021 à 10:05 4
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Silence
10/10 Tragique histoire au fin fonds des Ardennes. Dans un village ou les superstitions sont tenaces, Abel Mauvy, un gros propriétaire terrien utilise comme son esclave un jeune sourd-muet, Silence. Personnage cruel, il use et abuse de l'immense naïveté et gentillesse de Silence. Mais, grâce à Sara, la sorcière, Silence découvre peu à peu sa véritable histoire. Avec l'aide de l’inquiétant nain Blanche-neige, la vengeance de Silence va se tisser, plus ou moins malgré lui. L'histoire est très prenante et sublimée par le trait de Didier Comés sur des dessins en noir et blanc (l'éditeur a publié une version en couleurs en 2001). Le livre parle des petits conflits ruraux, terriens, les rivalités entre fermiers, le poids des secrets enfouis, le rôle encore vivace des sorciers et jeteurs de sorts dans les campagnes mais aussi la méfiance envers les gens différents, les origines, le handicap. Il y a aussi des réminiscences de la deuxième guerre mondiale, et une partie consacrée au traitement des "fous" qui rappelle le film "Vol au dessus d'un nid de coucous". Publié en 1979, Silence a obtenu l'Alfred du meilleur album au Festival d'Angoulême 1981 et le Grand prix Saint-Michel en 1980, récompenses justifiées pour ce roman graphique exceptionnel, tant pour le scénario que pour le dessin.
09/03/2021 à 10:27 2
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La Bête
8/10 Très bon dessin en noir et blanc au service d'un scénario un peu classique mais mené de main de maître par Chabouté. Roman graphique noir et rural qui est sans concession face à la bêtise des hommes. Il y a peu de dialogues, pourtant les caractères des protagonistes sont bien évoqués. Bel ouvrage !
08/03/2021 à 10:44 3
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Un Silence brutal
7/10 Avec ce silence brutal, Ron Rash change un peu de style par rapport à ses précédents romans. Il y a mis plus de poésie, parfois hors sujet d'ailleurs, plus de sensibilité et une histoire moins tragique que les précédentes. C'est un portrait d'une Amérique rurale ou se côtoient ceux qui en sont partis puis revenus, parfois par obligation et qui y retrouvent donc de mauvais souvenirs, ceux qui y restent car très attachés à leur terre mais qui la voit changer, ceux qui s'y installent pour faire des affaires et qui heurtent les locaux, l'établissement de parcs naturels qui limite certaines habitudes dans ces contrées rurales ou le rapport à la nature est perçu différemment. L’auteur se sert de la pêche à la truite pour illustrer ces antagonismes, quand les espèces sauvages et indigènes sont protégées et les nouvelles variétés relâchées le sont dans des zones payantes.C'est aussi des histoires personnelles marquées au fer rouge par ces soubresauts violents que connaît l'Amérique d'aujourd'hui, comme les fusillades dans les écoles ou les ravages de la méthamphétamine jusque dans ces campagnes, entraînant parfois la dislocation des familles. Le roman est plaisant mais un peu déséquilibré, il y a quelques longueurs et le dénouement est concentré sur les toutes dernières pages. Mais, manifestement , l'auteur a choisi délibérément de mettre en avant ce monde qui change et bascule vers cet avenir qu'il voit d'un œil circonspect pour ne pas dire désabusé.
24/02/2021 à 11:25 4
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Retour à Whitechapel
8/10 Rarement un livre sur Jack l’Éventreur aura donné autant de détails sur les conditions sociales, d’hygiène et de vie en général, dans le Londres de cette époque, notamment de ses bas-fonds sordides et miséreux. Si l’auteur insiste sur ces aspects, c’est qu’ils sont déterminants pour lui dans son hypothèse sur les motivations et l’identité de Jack. Il se base pour cela essentiellement sur le dernier crime canonique, celui de Mary Jane Kelly. Avec un travail rigoureux sur les sources documentaires, ses échanges avec quelques ripperologues reconnus, Michel Moatti avance un thèse digne d’intérêt et très différentes des autres. Son livre est passionnant, le style est inédit, fondé sur les carnets de la propre fille de May Jane Kelly qui mène l’enquête pour identifier le meurtrier de sa mère. Le style alternant les chapitres sur l’histoire telle qu’elle se déroule en 1888 et les notes de l’héroïne en 1941 induisent un suspens qui va crescendo. L’auteur a accompli un travail de fourmi autours de tous les indices dont il disposait sur les cinq victimes et à il fait appel à quelques techniques médicales pour faire resurgir le passé. Au-delà de l’aspect romanesque de l’œuvre, l’auteur approfondi sa démarche dans sa postface, expliquant notamment qu’il ne s’est pas limité aux cinq meurtres les plus connus, mais aussi à ceux qui ont suivi. C’est certainement la que sa démarche est la plus convaincante. C’est un des livres les plus sérieux sur Jack l’Éventreur.
19/02/2021 à 09:45 10
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Démons
7/10 C'est un polar tout droit sorti de " l'école Thilliez ou Grangé ". C'est efficace, il y a du suspens, des personnages bien trempés aux caractères divers mais complémentaires, la trame est suffisamment compliquée pour entretenir la surprise mais pas trop non plus pour ne pas perdre les lecteurs. Par contre, le dénouement est condensé sur un trop petit nombre de pages, et quelques éléments ne sont exploités qu'à la fin alors qu'ils auraient du crever les yeux de n'importe quel enquêteur même débutant. Mis à part ce bémol, l'écriture est claire, le style agréable et l'ensemble donne un livre d'un bon niveau dans sa catégorie : criminels déjantés, assouvissement de vengeances et haine inextinguible, impact de traumatismes subis. Autant de traces que même la violence n'efface pas.
29/01/2021 à 09:51 3
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Trois jours et une vie
8/10 Un geste brutal et maladroit, une vie s'en va et une autre bascule. Comment vivre dès lors avec ce fardeau au quotidien tout au long d'une existence ? C'est ce que décrit Pierre Lemaitre dans ce roman habile à l'ambiance lourde. Les profils psychologiques bien rendus, l'intégration de circonstances climatiques, cette épée de Damoclès toujours suspendu au dessus du "héros" et les surprises en fin de roman rendent le livre captivant.
11/01/2021 à 11:38 8
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En pays conquis
7/10 Un aperçu de ce qui pourrait un jour se passer en France, suite à une conjonction de facteurs divers. L'analyse du monde politique et de ses acteurs est fine et percutante. C'est la description précise d'un monde de réseaux parfois anciens ou s'entremêlent les vraies et fausses amitiés, les alliances de circonstance, les trahisons, les hypocrisies, les ambitions, les compétences et incompétences, la soif du pouvoir et le sens de l’État, les intérêts financiers privés et publics, la souveraineté nationale et la prévalence européenne, le second rôle du parlement et gouvernement français face à la toute puissance des décideurs de Bruxelles, les préférences sexuelles des uns et des autres... et aussi quand même les convictions politiques qui fluctuent au gré des vents. Celui qui possède beaucoup d'informations sur beaucoup de gens peut faire et défaire les pouvoirs, sans l'exercer lui même. C'est un roman qui met en lumière un homme de l'ombre largement inspiré d'un personnage réel facile à trouver.
11/01/2021 à 11:19 4