Surcouf

411 votes

  • Brouillard au pont de Tolbiac

    Jacques Tardi

    9/10 Mon album préféré de la série des Nestor Burma dessinés par Tardi. Cette fois-ci les dessins sont non seulement impeccables pour les décors, mais dans plusieurs cases ils décrivent avec une grande sensibilité l'intensité des rapports humains, renforcée par l'omniprésence du brouillard. Les dernières scènes et les derniers dialogues avec Belita Morales sont particulièrement prenants. Tardi restitue avec brio toute la nostalgie de Léo Malet qui évoque nombre de ses souvenirs personnels dans cet épisode.

    26/06/2024 à 11:04 2

  • 120, rue de la gare

    Jacques Tardi

    8/10 Superbe adaptation d'un polar de Léo Mallet. Le trait de Tardi sert parfaitement les ambiances de l'histoire. Les décors urbains, Lyon, Paris, la banlieue sont toujours aussi réussis. L'intrigue est complexe, elle s'étire sur une longue période et dans une époque très troublée, mais l'imposante pagination permet à l'auteur et à son héros, Nestor Burma, de nous faire suivre dans le détail les révélations et les rebondissements de l'enquête, et de suivre les nombreux intervenants secondaires.

    26/06/2024 à 10:49 2

  • La Constance du prédateur

    Maxime Chattam

    8/10 Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu maxime Chattam. J'ai retrouvé avec plaisir son style des débuts, d'autant que l'histoire est expurgée des scènes parfois insoutenables ou malsaines qu'on a pu lire auparavant. Le scénario et les personnages principaux sont originaux. L'environnement dans lequel l'action se déroule est aussi bien trouvé. Cela rajoute au profil déjà bien chargé du tueur. La question sous-jacente qui est le fil rouge du livre, à savoir la transmission, l'éducation ou la soumission au mal interpelle. La réponse proposée par l'auteur rassure un petit peu.

    24/06/2024 à 10:51 4

  • La Bête qui sommeille

    Don Tracy

    9/10 Roman noir qui a la violence, la rapidité et l'impact d'un coup de poing. A la suite d'un fait divers tragique, l’auteur nous décrit un terrible enchainement de sauvagerie, de haine et de brutalité. C'est le portrait d'une humanité aveuglée par la bêtise, la lâcheté et l'ignorance la plus crasse. Les bas-instincts sont a leur sommet. Un livre qui décrit le mécanisme de réveil d'une bête qui sommeille en chaque être humain, et ses conséquences meurtrières.

    03/06/2024 à 15:58 7

  • Bleu Calypso

    Charles Aubert

    8/10 J'ai découvert Charles Aubert avec le 3e volet du "cycle de l'étang des Moures", Vert Samba, qui m'avait enthousiasmé. Je me suis tout naturellement dirigé vers les deux premiers. Bleu calypso est de la même veine. L'écriture est très agréable, le style précis et charmeur, avec un talent descriptif qui donne beaucoup de couleurs à ce roman noir. Il y a en plus un humour discret, du romantisme élégant et une histoire bien sombre. Les personnages sont sympathiques, le suspens est bien dosé et la trame est prenante. Le seul petit reproche serait peut-être un excès de rythme dans le final qui contraste trop avec l'ensemble du bouquin, et une conclusion un poil alambiquée. L'auteur restitue à merveille cette sérénité et ce calme qui règne aux abords des rivières ou des étangs, et la patience qui est la vertu première du pécheur.

    21/05/2024 à 11:27 2

  • Le Secret de la salamandre

    Jacques Tardi

    5/10 C'est pour moi l'épisode le moins réussi. Beaucoup de phylactères censés expliquer tout un tas d'éléments enchevêtrés, des personnages en veux-tu en voila, le tout sans Adèle qui roupille au fond de son bac à glace. Tardi est essentiellement sur la ligne anti-guerre qu'il développe dans ses autres albums consacrés à 1914-1918. C'est un épisode transitoire sans vraiment de consistance sauf une conspiration mondiale abracadabrantesque tournée en dérision avec un cynisme total.

    06/05/2024 à 09:43 2

  • Le Noyé à deux têtes

    Jacques Tardi

    8/10 11 novembre 1918, à quelques heures de la signature de l'armistice. C'est un deuxième cylcle des aventures d'Adèle qui s'ouvre. Fini les ptérodactyle, démon assyrien, momie, et autre salamandre. C'est dans une ambiance anarchiste, antimilitariste et pacifiste chère à l'auteur que débute ce nouvel album, avec des flics véreux, des piliers de zinc, et d'étranges artistes de cirque. C'est aussi la première apparition d'inquiétantes tentacules qui vont hanter les pages des prochains tomes. Les dessins sont chouettes illustrent bien cette saison froide, humide et sombre. Il y a un clin d’œil à Blake et Mortimer en page 37.

    03/05/2024 à 10:14

  • Tous des monstres !

    Jacques Tardi

    8/10 Un album parmi les meilleurs de la série grâce à un scénario un peu plus clair que d'habitude et un trait appliqué qui donne ces dessins pleins de détails chers à l'auteur. Le côté surréaliste reste dans des proportions raisonnables. On comprend enfin d'où sortent ces tentacule rouges. La boucherie de 14/18 est toujours en arrière-plan, les savants déjantés aussi et Tardi ajoute une dimension personnelle à travers les relations qu'Adèle entretient avec son éditeur. Dans un feu d'artifice final, on a des dessins de Boucq, Gotlib, F'murr, Mézières, Vuillemin, les enfants de l'auteur et quelques autres.

    02/05/2024 à 09:01 1

  • Le Mystère des profondeurs

    Jacques Tardi

    7/10 Rien à dire au niveau du dessin. Tardi semble encore prendre plaisir à croquer Adèle. Par contre, ça part un peu dans tous les sens au niveau scénario. On se demande parfois si l’auteur sait où il va où s'il navigue à vue au gré de son inspiration. Gros dérapage par contre au niveau de certains dialogues, il y a des grossièretés et de la vulgarité qui n'amènent strictement rien et qui sont en décalage avec le ton général de la série. Il reste heureusement ces textes décalés comme " la chanson de Craonne qui monte des égouts (des égouts de l'histoire ? )" et les trouvailles zoologiques improbables comme les limules, cette " bête drôlement tartignole " comme la décrit Adèle. On se demande où tout cela va nous mener.

    30/04/2024 à 09:46 3

  • Le Manuscrit de Birkenau

    José Rodrigues dos Santos

    9/10 Avec ses remarquables talents de conteur et d'écrivain, José R. dos Santos parvient à dire, décrire et écrire l'indicible. On ne reste pas aux portes de l'enfer, on les franchit pour pénétrer au cœur de la plus sinistre entreprise de mort jamais construite par des hommes. Basé sur des sources et des personnages historiques, la lecture est dure, pénible et bouleversante. Dans ses notes, l'auteur cite Frank Kafka qui disait : " je pense que nous devrions lire que les livres qui nous mordent et nous transpercent ". Le Manuscrit de Birkenau y réussit totalement. Un livre incontournable.

    23/04/2024 à 09:06 1

  • Les Sept Châtiments

    Jordi Llobregat

    5/10 Beaucoup de longueurs, une trame assez confuse, des personnages sans vraiment de relief, il manque beaucoup de choses pour garder l'intérêt du lecteur. A cela s'ajoute des ingrédients déjà vus, dans le film Seven notamment, ou d'autres thrillers d'un autre calibre. Certains sont même utilisés avec beaucoup de lourdeurs. Il y a toutefois quelques éléments intéressants comme l'idée de protéger cette vallée des Pyrénées de la construction d'une station de sports d'hiver pour le JO, mais c'est mis à peine en second plan. Au final, une lecture assez ennuyeuse.

    18/04/2024 à 09:30 6

  • Le Démon de la Tour Eiffel

    Jacques Tardi

    8/10 2e tome des extraordinaires aventures d'Adèle Blanc-Sec. L'ambiance générale évoque les œuvres d’Eugène Sue et ses romans feuilletons parisiens, Gaston Leroux pour le côté fantastique ou Maurice Leblanc pour le côté enquête. Suite d'Adèle et la Bête, l'histoire est très riche, avec beaucoup de cases explicatives et de nombreux personnages. On a déjà cette impression que Tardi nous ballade, sans savoir vraiment lui-même ou il va. Après un ptérodactyle, voici l’entrée en scène de Pazuzu, un démon assyrien, identique à celui qu'on voit dans le film L'exorciste. On déambule dans le Paris de 1911, parmi des flics incompétents, des savants un peu allumés, des malfrats pas vraiment efficaces, un privé qui verse dans l'orientalisme et des bourgeois qui se font frissonner avec des activités sectaires. Le trait de Tardi est encore fin et clair, avec beaucoup de détails. Alors, même si on ne sait pas où tout cela va nous entrainer, on suit Adèle avec curiosité et amusement, et la nécessaire concentration pour ne pas se perdre dans les dédales de l’auteur.

    17/04/2024 à 09:54 3

  • Une gueule de bois en plomb

    Jacques Tardi

    7/10 Pour une fois, Tardi s'inspire librement de Léo Malet sans reprendre un de ses scénarios, mais avec son héros, Nestor Burma. On retrouve le privé dans une des ces banlieues tristes et inhospitalières que Tardi se plait à dessiner. L'histoire débute au zinc d'un rade aussi accueillant que l'environnement. Un patron grimé en clown, une serveuse en tablier blanc, des clients amarrés à leurs verres, un décor classique pour une aventure qui va ramener Nestor dans les remous peu glorieux de la libération et de la résistance. Les dessins en couleurs servent bien l'ambiance pluvieuse. Un court album qui est tout à fait dans la lignée des auteurs.

    15/04/2024 à 11:46 2

  • Jeux pour mourir

    Jacques Tardi

    9/10 Très bonne adaptation de Tardi du roman noir de Géo-Charles Véran. Tardi déteste la banlieue, d'habitude, il la dessine en hiver ou en automne, sous la pluie, dans la grisaille et dans le froid. Changement de saison, nous sommes en été, sous la chaleur du mois d'aout, au début des années 1950. Une petite bande de gamins s'ennuie, pas de sous pour partir en vacances, situations familiales délicates, ils rêvent d'ailleurs. Pour y parvenir, faire un coup, comme les gangsters. Il y en a dans leur environnement, un petit mac rusé et nuisible. Il y a une victime potentielle parfaite. Mais rien ne se passe comme prévu. L'enquête est confiée à un inspecteur veuf, alcoolique au dernier degré. Il ne sait pas le pire... Chaleur oppressante, misère sociale, banlieue malade (déjà), tout est en place pour le drame.

    10/04/2024 à 14:50 2

  • Marie

    Régis Loisel, Jean-Louis Tripp

    8/10 Exercice rare en bd, les deux dessinateurs Régis Loisel et Jean-Louis Tripp ont combiné leurs styles pour donner naissance au dessin final. Chaque case est d'abord esquissée par Loisel puis finalisée par Tripp. Le résultat est très esthétique et colle parfaitement au ton du récit et à l'espace où se déroule l'histoire. C'est dans un petit village du Québec, dans une ambiance très rurale des années 1930 que cette série débute. C'est une bd très littéraire, parsemée des petits évènements de la vie courante qui va être chamboulée par l'arrivée d'un jeune prêtre qui succède à un curé rigoriste. Son premier prêche sera pour l'enterrement de Félix Ducharme, qui tenait le Magasin général. Sa veuve, Marie, principale héroïne, se retrouve seule à gérer ce point central du village. Un album très plaisant qui laisse déjà entrevoir une série majeure grâce aux talents des auteurs, tant comme conteurs que dessinateurs.

    04/04/2024 à 10:22 2

  • L'Ombre

    Franck Ollivier

    7/10 Pas convaincu à 100% par ce thriller qui a pourtant d'indéniables qualités. Chapitres cours, style alerte, originalité du sujet, personnages empathiques, de quoi prendre plaisir à la lecture. Par contre, il y a pas mal de longueurs de-ci de-la, des allers-retours dans le temps et dans l’espace qui brouillent un peu la trame de l'histoire et un peu trop d'intervenants quand on se rapproche de la fin. L'étude psychologique des personnages principaux est remarquable. Comme il est dit dans un commentaire précédent, on pense plusieurs fois à Jean-Christophe Grangé dans ce bouquin. Peut-être pas assez néanmoins pour être plus convainquant.

    25/03/2024 à 09:23 4

  • Wendigo

    Fred Duval, Corentin Rouge

    9/10 Deuxième opus de Thorgal Saga. Fred Duval est au scénario avec Corentin Rouge au dessin. La présentation est toujours aussi soignée, les dessins sont très beaux, et mis à part quelques pages remplies avec 3 ou 4 trop grandes cases, l'ensemble est une réussite. Le scénario est également bien construit, tout à fait dans l'esprit des premières aventures, avec une prédominance de la mythologie nordique et des voyages des vikings. Alors que Thorgal rentre du pays Qâ, il est détourné par une curieuse tempête qui l'entraine vers ce qui serait aujourd'hui Terre-Neuve et le Canada (il est historique que les vikings d'Eric le Rouge et sa fille y sont parvenus). Il est une nouvelle fois pris dans une guerre alors qu'Aaricia et Jolan servent à nouveau otages. Il doit aider le peuple de l'eau contre un démon, Wendigo, invoqué par le peuple des arbres. Ces deux peuples qui préfigurent les futures nations indiennes de ce territoire au climat plutôt frisquet devraient normalement rappeler les Iroquois, les Algonquins, les Mohicans ou les Hurons, ressemblent plutôt aux mayas par leurs aspects et leurs tenues, à se demander si les auteurs n'ont pas été influencés par le film Apocalypto de Mel Gibson, ou le 2e volet du film Avatar avec lequel l'album partage quelques ressemblances. Le scénario est riche, il y a des combats entre hommes et entre créatures mythologiques, de la violence physique et de la manipulation psychologique. La qualité du dessin, le scénario maitrisé, les quelques surprises, le rôle tenu par Thorgal qui sera celui du conciliateur et les clins d’œil aux meilleurs épisodes de la série-mère hissent ce deuxième tome au niveau du 1er, voire même un tout petit peu au dessus.

    05/03/2024 à 10:09 2

  • Le Secret de la cité sans soleil

    Gilles Legardinier

    6/10 Roman archéo-rocambolesque et historico-cavernicole. Les postulats de départ sont assez conséquents à avaler : l'existence d'une vaste cité sous un château et un niveau de civilisation et de connaissances scientifiques chez les cathares et les templiers bien plus élevé que ce que l'on croit. Passé cette étape, on arrive dans une histoire assez touffue de compétition entre deux camps, des bons et des mauvais, pour accéder à des secrets et un trésor. Bien que cela se passe essentiellement sous terre, j'ai trouvé que ce n'était pas assez creusé, tout reste superficiel, comme dans un film avec un super scénario, d'excellents acteurs, mais des vilains décors en carton-pâte. Comme il est dit dans le premier commentaire, on est un poil au dessus du club des 5, ou des 6 compagnons. L'ambiance est monastique, le seul personnage féminin n'a aucun rôle, même secondaire, elle est juste citée 2 ou 3 fois. Par contre, c'est bien écrit, le style vif rend la lecture attrayante, ce qui compense un peu la maigreur des détails. Quand on lit les pages en fin de volume dans lesquelles l'auteur expose le contexte historique et ses recherches, on se dit que c'est vraiment dommage qu'il ne les ai pas plus utilisés pour étayer son histoire.

    12/02/2024 à 10:01 2

  • Ne me remerciez pas !

    Martial Caroff

    8/10 Très bonne choix du jury du Prix du Quai des Orfèvres. Un roman policier immergé dans le milieu de la recherche universitaire. La compétition organisée entre les chercheurs est très bien rendue. Les diverses personnalités sont parfaitement décrites, du chercheur consciencieux, partageur, humble, au prétentieux, manipulateur, secret ... Ambitions scientifiques ou amoureuses, jalousies professionnelles ou personnelles, querelles de grades et de sexe, tout y est. Quant à l'enquête de police, elle relève autant de la psychologie, de l'observation, de la déduction que de l'utilisation des techniques du dernier cri. Les personnages policiers sont sympathiques et solidaires, à l'inverse des scientifiques qui sont habillés pour l'hiver. Ça ne fait rien, ils sont climatologues.

    01/02/2024 à 13:57 2

  • La Secte des diaboliques

    Gilbert Gallerne

    6/10 Réédition d'un bouquin sorti en 1993 dans la collection Crime-story. C'est un documentaire relatant des faits qui se sont produits en 1989 à Matamoros, état de Tamaulipas (Mexique) pendant le springbreak. Publié par les éditions Fleuve noir dans une collection au nom racoleur, j'ai le souvenir d'un ton assez volontiers grandiloquent, dans un style journalistique plus à la recherche du sensationnel effrayant que dans l'analyse criminologique. L'auteur se révèlera plus tard avec des écrits reconnus, sérieux et parfois primés. Malgré une présentation exagérément sinistre, il n'en reste pas moins que les faits sont réels. Adolfo de Jesús Constanzo était à la tête d'une secte qui trafiquait de la drogue, versait dans un occultisme proche de santeria cubaine avec sacrifice d'animaux, avant d'y ajouter des enlèvements d'êtres humains et assassinats rituels. Quand un citoyen américain, Mark J. Kilroy, âgé de 21 ans, disparait à Matamoros en 1989 lors des vacances universitaires américaines de printemps, la police mexicaine est contrainte de s'activer un peu plus, sous la pression de la police étasunienne et de la famille. L'enquête conduira à l'arrestation du chef et d'autres membres du groupe le 6 mai 1989 à Mexico. Vieille affaire à mettre en correspondance avec les pratiques contemporaines des cartels mexicains.

    31/01/2024 à 09:12 1