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Le Boucher de Guelma
7/10 Zamponi, journaliste et écrivain aime bien écrire sur l'Algérie, pays ou il est né. Ses livres sont plus des récits historiques romancés, que des romans historiques. Le boucher de Guelma, c'est l'histoire, pas très connue, des émeutes de mai 1945 dans la région de Sétif, qui ont fait de nombreux morts (chiffres variables de 2000 à 45000 !). Zamponi rappelle le contexte, les intérêts divergents de quelques grandes puissances, et comment deux communautés ont été instrumentalisées. Ses personnages sont sans fard ni caricatures, chacun est dans son rôle et on lit ce bouquin sans concession pour personne avec plaisir.
25/11/2021 à 10:16 3
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Un Millionnaire à Lisbonne
8/10 On retrouve Kaloust Sarkisian la ou on l' avait laissé dans le premier tome. Le journal est lu par son fils Krikor. C'est d'ailleurs ce dernier qui est la malheureuse vedette des premiers chapitres qui se déroulent en plein génocide arménien. Encore une fois, les récits historiques et humains se mêlent parfaitement sous la plume de Rodrigues Dos Santos. Il sait aussi mettre en lumière quelques aspects méconnus de cette époque, l'attitude des Kurdes, des Allemands ... autant de plaies qui se rouvriront plus tard, jusqu'à aujourd’hui. Le passage de la 2e guerre mondiale et l'installation au Portugal affecte moins Sarkisian. Ses préoccupations se tournent essentiellement vers la préservation de ses revenus (5% des revenus pétroliers de sa Cie) et sa collection d’œuvres d'art. Avec l'age il apparait moins sympathique, plus égoïste, plus autoritaire, plus manipulateur. Le talent de l'auteur est dans la curiosité qu'il parvient à renouveler à chaque page avec le passage du temps, de l'histoire et leurs effets sur la personnalité, les agissements et les choix de son héros. C'est une biographie passionnante dans laquelle on y croise les grands noms de l'Histoire du XXe siècle, entrepreneurs, politiques ou artistes.
15/11/2021 à 16:04 1
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Le Dernier message
8/10 L'auteur se contente souvent de facilités scénaristiques dans ce thriller. Si ça ne nuit pas à la qualité du livre, certains passages auraient mérités plus de développements. La réussite du livre est dans le traitement de phénomènes contemporains très réels, vérifiables sur de nombreux articles, tels que l'asservissement aux écrans et la fabrique de crétins. Nicolas Beuglet est un relais efficace des lanceurs d'alertes car s'il habille ces sujets pour son histoire, il ne s'éloigne guère des postulats reconnus. Les pages consacrées à ces aspects sont particulièrement bien écrites et donnent du corps à la trame principale. On pourrait presque classer livre dans les polars scientifiques qui traitent de la baisse observée et quantifiée du QI en occident, de la manipulation des masses et du rôle des leaders du numérique de la Sillicon Valley... De plus, le style est très vif, alerte, sans temps mort. On se demande même comme les héroïnes tiennent ce rythme. Si l'on ajoute que les caractères des protagonistes sont décrits, le côté très plausible de l'intrigue et le dépaysement en Écosse et au Groenland, le tout donne un agréable moment de lecture.
03/11/2021 à 10:36 3
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Phare 23
5/10 Le roman se déroule dans l'espace interstellaire, on aurait donc pu s'attendre à être happé par l'immensité et le vide. Au lieu de ça, on est pris dans un huis-clos à bord de cette basile-phare, avec à peine un petit hublot pour voir à l’extérieur. Passé l'originalité du premier chapitre sur le bruit, on rentre petit à petit dans une histoire pas très enlevée, pas très joyeuse, un peu confuse. Malgré le côté sympathique du héros, quelques traits d'humour, quelques réflexions pertinentes et une belle écriture, je n'ai pas vraiment accroché.
25/10/2021 à 10:13 1
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La Vie dont nous rêvions
8/10 Polar psychologique qui explore la part la plus sombre qui peut être au fond de chacun d'entre nous. En ce qui concerne les 5 protagonistes principaux du roman, il faut reconnaitre qu'ils ont été bien servis. Lâcheté, mensonge, tendances manipulatrices et dominantes, égocentrisme, cynisme et surtout duplicité ... ils sont doté d'une large palette dont ils usent et abusent, jusqu'au drame le plus cruel. La réussite du roman est de poser les caractères torturés des personnages par petites touches successives, comme un peintre le ferait pour un tableau. Le découpage en chapitres basés sur les points de vue de chacun participe à la montée en tension dont on ne sait pas trop comment elle va évoluer, il y a donc de nombreuses surprises. Passé chargé, déconvenues personnelles ou familiales, jalousie, maternité, vengeance sont les rouages machiavéliques qui conduisent les évènements. Pour ajouter une dimension pesante, l'auteur a chois la Suède comme lieu de son presque huis-clos, ou la lumière est rare en hiver, les gens présentés comme aussi froid que leur climat et ou l'isolement joue un rôle important. Seul bémol à mon gout, une fin qui m'apparait décalée par rapport à la toxicité qui déborde des uns et des autres. On est plutôt sur un 7,5/10.
14/10/2021 à 10:01 3
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Le Rire aztèque
Enrico Marini, Thierry Smolderen
6/10 Dans un monde ravagé par des climats extrêmes, les transports se font par camions sur la route circumpolaire. Gipsy est un de ses routiers, avec de gros biscottos et un langage de charretier. Il lui faut livrer au Parador, pays d’Amérique centrale, des vaccins contre la terrible maladie nommée rire aztèque, qui provoque chez les malades des accès de fureurs cannibales. Le virus n’arrête pas de muter, provoquant une course aux médicaments. Les cartels de la drogue se transforment en trafiquants de virus et de vaccins. Le paysage est calqué sur celui de l’état de Oaxaca. En effet, l’action se déroule à Coaxaca, et Gipsy sera aidé par les Tixis, allusion aux indiens Triquis, important groupe indigène de cette partie du Mexique.
Les décors dessinés par Marini sont très inspirés par Jose Guadalupe Posada et les calaveras, dessins satiriques et caricaturaux de la société mexicaine, les personnages étant représentés sous forme de squelettes, cette tradition remontant aux Aztèques et mayas. Les temples mixtèques, l'architecture des villages, les costumes très fidèles et les fêtes populaires du dia de muertos sont bien rendus. On regrettera par contre le coté bimbo des filles, l’érotisme obtenu est plus trash que romantique. Certaines répliques sont d’une grossièreté totalement inutile. L’excès de dessins basés sur des perspectives, contre-perspectives, vues plongeantes ou montantes donnent quelques images aux disproportions flagrantes.
C’est un album divertissant qui, s’appuyant sur une recherche précise, est bien empreint de la mexicanité recherchée pour le décor général. Le scénario, classique, est bien mené. Le seul bémol est ce regrettable langage plus qu'imagé qui n'apporte rien.06/10/2021 à 15:38 2
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De silence et de loup
8/10 Bien que le livre se déroule dans les immensités blanches de Sibérie à la limite de l’arctique, c'est un polar noir de chez noir. D'un côté une expédition scientifique est aux prises avec les autorités russes, par un temps à ne pas mettre un ours polaire dehors, avec des tempêtes, et un bateau en panne ce qui provoque une cascade d'imprévus se terminant souvent de façon tragique. Le lecteur ne peut s'accrocher à aucun espoir pour envisager une fin heureuse. En écho, dans un monastère de chartreux, un moine, le frère d'une des membres de l'expédition, se débat avec de cruels souvenirs. Frère et sœur seront finalement réunis d'une façon très inattendue. L'auteur parsème l'histoire de messages d'alarme quant au devenir de la planète, décrivant de manière claire les risques du réchauffement climatique en arctique, dans une zone ou la Russie entend garder la main et ou la corruption règne plus qu'ailleurs. Les dangers sont multiples: la fonte du pergélisol, le dégel de virus connus et inconnus parfois retrouvés dans les centaines de mammouths libérés dont on trafique l'ivoire, les dégagements de méthane, une nouvelle course au pétrole et donc à la pollution, la disparition de la faune, des tribus iakoutes et autres peuples nomades de la région, le tout entrainant l'accélération des phénomènes. Le livre d’où tout optimisme est absent se lit bien, avec une ambiance pesante à chaque page, des personnages forts, des situations extrèmes décrites sans excès mais sans fioriture, des réactions très humaines tant dans la lâcheté que dans l’héroïsme. Si j'ai bien compris la fin, il y a un clin d’œil à "Au nom de la rose" dans les dernières pages. Le livre n'est ni un éco-thriller ni un pamphlet écologiste, mais il fait réfléchir tout autant, à partir de données et d'observations connues. Le rapport de l'homme à la nature est très bien abordé ainsi que de nombreux paradoxes.
04/10/2021 à 10:19 6
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Apocryphe
7/10 Roman peplum, historique et biblique dont les personnages principaux sont les proches de Jésus de Nazareth. Certains sont réels, Pilate, Caligula, les apôtres ... certains sont "possibles", l'épouse de Jésus, son fils, Longinius, Barrabas ... comme le signifie le titre, leurs existences ne sont ni reconnues par l’Église, ni même prouvées. Le roman débute bien, racontant les évènements après la crucifixion de Jésus tels qu'ils auraient pu se passer. l'auteur dérive peu à peu vers une histoire plus linéaire, malgré l'intervention de personnages venus d'horizons très divers, sans qu'on sache trop comment cela va évoluer. Finalement, le dévouement arrive de façon un peu abrupte avec un gout de "tout ça pour ça". L'originalité de lieu, de temps et les liens étroits qu'il y a avec l'Histoire telle qu'elle est connue font tout de même passer un bon moment de lecture.
09/09/2021 à 10:03 2
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Buffet campagnard
8/10 Petit bijou de roman noir et d'humour de la même couleur. La 4e de couverture est un peu fausse dans le sens ou les orgies sont plutôt une suite quasi ininterrompue de ripailles et de banquets aux cours desquels du cochon est englouti sous toutes ses formes, du petit déjeuner au souper. Mais dans le cochon, tout est bon. Idem pour le "monde de sexe", les quelques scènes sont plutôt comiques et bon enfant. Par contre, l'auteur parvient à nous amener vers l'horreur petit à petit, avec beaucoup de subtilité. Les deux comparses, comparables à Don Quichotte et Sancho Panza vont bien mal finir, tombés dans les mains de cette famille aussi étrange qu'inquiétante, habitant une magnifique hacienda aux allures d'auberge rouge dans une région quasi désertique de l'Espagne. C'est aussi une peinture féroce de quelques défauts propres aux humains : paresse, gourmandise, luxure. Le livre est sorti en poche en 1991.
02/09/2021 à 09:27 1
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L'Homme de Constantinople
8/10 Une découverte inattendue, tant le sujet - Kaloust Sarkisian -, que la façon dont sa très riche histoire est racontée. On voyage dans l'ancien empire ottoman, au gré des vents de l'Histoire, souvent furieux dans ces contrées à cette époque. Dos Santos a d’indéniables talents de conteurs.
01/09/2021 à 11:06 2
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Bondrée
8/10 Roman noir très plaisant à lire. De belles descriptions de la nature et des caractères des protagonistes. L'auteur est servi par un style fluide et sans pesanteur même lorsque les réflexions sont plus longues. L'abondance d'expressions anglaises et québecoises ne nuit pas, bien au contraire, et renforce le côté très local de l'histoire.
01/09/2021 à 10:55 3
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May fly
7/10 Bon policier, l'ambiance humide et tempétueuse de la côte irlandaise est bien rendue, tout comme la violence des mafias d'Europe de l'est et islamistes. Les personnages sont hauts en couleurs et l'intrigue tient bien la route. Il y a de l'action, du suspens et quelques rebondissements. Paddy, Jameson et Guinness coulent à flots et les vétérans de l'IRA sont toujours prêts à donner un coup de main.
01/09/2021 à 10:46 3
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Là où chantent les écrevisses
10/10 Gros coup de cœur, meilleure lecture de l'année ! Beaucoup de sensibilité, de style et de maitrise font de ce roman une réussite absolue. L'environnement y est magnifié sans tomber dans un quelconque réquisitoire, l'histoire et les personnages sont traités avec une grande subtilité pour révéler la part sombre de chacun ou au contraire son humanité. Superbe !
01/09/2021 à 10:02 10
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La Dernière tempête
7/10 Policier sympa à lire. On est dans ce qu'on pourrait appeler l'école Indridasson, c'est à dire que l'auteur ajoute à sa trame policière un parcours de vie compliqué à son héroïne, l'enquêtrice Hulda Hermansdóttir, et pas mal de considérations sur la vie des Islandais. Dans ce livre, le personnage principal, déclencheur de tout est l'isolement, isolement géographique qui provoque l'isolement humain, et l'éloignement entre humains, que ce soit au fin fond d'une vallée reculée de l'est, ou dans la capitale au sein de la famille de Hulda, et ce d'autant plus qu'on est pendant les fêtes de noël pendant lesquelles les familles sont censées se retrouver. En plus de l'intrique policière finement menée, l'auteur parvient à parler des drames violents avec un vocabulaire très bien choisi, loin de toute description détaillée. Dans un style assez simple mais mais maitrisé, Ragnar Jónasson parvient à faire monter le suspens petit à petit jusqu'au dénouement (qu'on devine néanmoins un peu vite).
19/07/2021 à 10:01 5
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L'Irlandais
7/10 Clovis Narigou, héros récurrent de Maurice Gouiran ressemble beaucoup à Gabriel Lecouvreur dit "Le Poulpe". Comme le céphalopode, il a des convictions libertaires assez marquées, l'habitude de mener ses propres enquêtes, et une certaine propension à boire de la bière. Dans cet opus nord-irlandais, il va écluser pas mal de Guinness. Ce roman noir dont le fil conducteur suit la recherche des assassins d'un peintre, spécialiste des fresques murales ancien de l'IRA, se lit facilement. L'auteur dresse un portrait des nationalistes irlandais d'Ulster, des luttes fratricides, des branches nouvelles qui apparaissent après l'acceptation du processus de paix, mais surtout de la place des femmes dans l'organisation et dans la société irlandaise en général. Il met donc en évidence pas mal de paradoxes. On veut se libérer de l'occupant britannique, mais on a du mal à remettre en cause le patriarcat défendu par l'église catholique entre autres. Avec ses personnages fouillés, Maurice Gouiran apporte un éclairage intéressant à un aspect méconnu de l'IRA et de l'Irlande en général, à relier avec le sort des filles enfermées dans les couvents des Magdalènes. Natif du Rove près de Marseille dans une famille de bergers, Clovis marche sur les pas de son auteur, ce qui est à l'origine de quelques scènes pagnolesques qui ensoleillent le livre, face à la grisaille humide de Belfast.
12/07/2021 à 09:39 2
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De Cauchemar et de feu
9/10 La légende irlandaise du Far Darrig est le fil rouge (!) de cet excellent roman policier. Cet "homme rouge" de la légende celte est un porteur de feu, le frère d'un Prométhée moderne au service de l'unité irlandaise. L'auteur nous plonge dans les années 70 en Irlande du nord, en pleine guerre entre IRA, Unionistes et armée britannique. Cette guerre coloniale en Europe en plein XXe siècle est très bien décrite, sans concession pour aucun camp. La violence va forger le destin de quelques républicains de Derry, depuis leur enfance jusqu'à nos jours ou certains se retrouvent à Paris pour solder de vieux comptes. L'enquête sur les activités criminelles de ces vétérans est confiée à la brigade du capitaine Mehrlicht. L'autre réussite de l'auteur est de nous faire partager la vie de ces flics hauts en couleurs, attachants, originaux, qui ont le sens du devoir mais aussi beaucoup d'humanité et d'humour. On découvre le conflit nord-irlandais sous un jour complet, l'aspect religieux, économique, le processus de radicalisation, les reconversion impossibles ... Ajoutons à cela la verve de l'auteur, des formules qui font mouche, des considérations sur les vies personnelles de chacun qui rapprochent le lecteur des personnages, une analyse extrêmement fine des enjeux et des connaissances historiques sans faille, le résultat est un livre sans temps mort, sans longueur, sans éparpillements inutiles, manié avec un style séduisant. On referme le livre à regret, convaincu que "le diable n'est pas mort et enterré à Killarney, mais bien ressuscité et enrôlé dans l'armée britannique", et à l'instar de l'auteur, on espère la réunification pacifique de la verte Erin.
05/07/2021 à 10:10 8
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Le Livre des choses cachées
9/10 Roman noir très original servi par une étude des caractères ciselée. Les personnages sont étudiés à la loupe, tout comme le lieu de l'action, les Pouilles en Italie du sud. De nombreux paramètres contribuent à rendre l'histoire captivante, les descriptions géographiques, culinaires, culturelles et historiques. Mais c'est avant tout la psychologie des personnages qui est le moteur principal. Quatre copains réunis rituellement chaque année, dont les personnalités s'affinent et se révèlent peu à peu, ainsi que ceux qui les entourent, père, sœur, femme, enfants, copine ... tous ont leur importance dans le déroulement des drames qui se profilent dans ce village tenu par une branche de la mafia. L'un d'entre eux a une place un peu particulière et va entrainer le groupe dans cette curieuse aventure. Une pointe d'occultisme parachève cette œuvre séduisante, troublante et prenante dans laquelle chacun revisite sa jeunesse, ses illusions, ses déboires, ses espoirs, ses réussites ou ses échecs. En maintenant le doute et le suspens jusqu'au dernier mot, l'auteur laisse entrevoir à ses lecteurs ce "côté des choses cachées" au terme d'un récit totalement envoutant et bluffant.
24/06/2021 à 09:42 2
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Péchés capitaux
8/10 Jim Harrison nous entraine au fin fond d’une Amérique profonde, celle de ces comtés ruraux ou une seule famille suffit parfois à pourrir la vie de tous les habitants. C’est une situation souvent abordée, dans la bd avec Lucky Luke (les rivaux de Painful Gulch), la littérature noire (Le festin de l’araignée – M. Tabachnik) ou le cinéma (La colline a des yeux). Le plus souvent, l’action se passe dans les contrées désertiques du sud-ouest. Harrison situe son roman dans le Michigan et la région des grands lacs. Le personnage principal Sunderson, est voisin de la famille Ames, dans laquelle la consanguinité règne, ou tous les hommes sont alcooliques au dernier degré, les femmes battues et violées et les enfants livrés à eux-mêmes. Tout ce beau monde est violent, armé avec la gâchette facile. Policier à la retraite, Sunderson va enquêter sur les meurtres qui déciment la famille, parfois au revolver, souvent au poison et devra comprendre le rôle de chacun.
La lecture est très agréable, Harrison nous fait partager ses propres passions, la pêche à la truite (mouchetée, arc-en-ciel, brune), le vin et whisky et les jolies filles. Il est d’ailleurs lui-même un alcoolique, lucide certes, mais bien dépendant, un type capable de vider un Gigondas au petit dej’, deux Bandol au repas et remettre ça au diner. Quant aux relations du héros avec le beau sexe, certaines sont coupables, puisque, même si ses conquêtes sont consentantes, certaines sont mineures et l’une est sa fille adoptive. Bref, un personnage principal qui est un paradoxe à lui tout seul. Ce qui ne l’empêche pas d’être un enquêteur très doué et fin psychologue pour démêler le vrai du faux dans ces relations humaines tourmentées.
C’est un roman noir doté d’une trame policière originale et solide, plein d’humour, avec une certaine humanité, un regard très critique sur l’Amérique. C’est aussi le portrait d’un jouisseur picaresque attachant, pris dans des tourmentes existentielles autour de son ex-femme, sa nouvelle petite amie, sa voisine yogiste et sa fille adoptive, le tout à la lueur des souvenirs du prêche d’un pasteur sur les péchés capitaux.17/06/2021 à 12:45 2
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Tuer Jupiter
4/10 Mise à part la construction originale de remontée du temps, de l'évènement jusqu'à sa genèse, je n'ai pas accroché au roman. Les personnages sont caricaturés à l’extrême, la trame ne tient qu'à un fil et l'auteur se complaît plus dans des détails inutiles à l'histoire mais qu'il prend manifestement plaisir à distiller avec une causticité qui devient vite rébarbative. Plus la lecture avance, plus on s’ennuie.
14/05/2021 à 10:38 5
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La rivière de sang
8/10 Excellent roman policier qui dispense une bonne ambiance de bout en bout. Dans un paysage préservé du Montana, ou au milieu coule une rivière, Jim Tenuto nous ballade entre sortie de pêche à la mouche, la plus élégante des méthodes, et élevage de bisons sur un immense ranch qui fait bien des envieux. Entre mormons très religieux, milice néonazie très allumée, militants animalistes très radicaux et quelques opérations boursières très lucratives, les raisons de tuer un homme sont nombreuses. L'enquête est menée par un guide de pêche, personnage principal, au caractère plein d'empathie. Les autres personnages sont également bien campés et l'humour dont l'auteur fait preuve arrondi les angles des plus redoutables. L'aspect policier, dévolu à un shériff local et au FBI, est traité avec un suspens bien dosé. L’écriture prenante et l'intrigue très bien traitée font un ensemble très accrocheur et très réussi.
07/05/2021 à 09:53 6