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Une Joie féroce
8/10 Jeanne, libraire à Paris, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Cette nouvelle, comme un coup de massue, n’est que le début de son calvaire. Après avoir perdu son fils atteint d’une grave maladie, elle voit son mari s’éloigner encore plus d’elle chaque jour. C’est donc seule qu’elle affronte les séances de chimio.
C’est à la salle d’attente de l’hôpital qu’elle fait la rencontre de Brigitte, Mélody et Assia. Toutes les quatre, outre cette saleté de maladie, ont un point commun : un enfant qu’elles n’ont plus. Dès lors, elles vont être unies pour un combat pour la vie : aider Mélody à retrouver sa fille, Eva, « la plus belle petite fille du monde » enlevée par son père, partis en Russie, et donner la modique somme de 200 000 euros en contrepartie de son retour en France près de sa mère. Eva devient leur espoir en un avenir plus radieux, une espérance en la vie. Pour cela, Brigitte a un plan…
Avec Une joie féroce, Sorj Chalandon décrit le combat au quotidien de ses femmes dont la vie bascule avec la maladie. Pendant toute la première moitié du livre, le lecteur plonge dans cette lutte contre la maladie, les réactions des proches, la compassion des amis et collègues, les incidences dans la vie de couple (voire l’abandon de proches, ici le mari) et bien évidemment les sentiments bienveillants de Jeanne « Pardon »… Et puis, dans la seconde moitie du roman, Sorj Chalandon nous retrace la solidarité de ses femmes, de leur amitié voire de leur amour. Un livre sensible qui rend hommage aux femmes à leur force, leur courage et leur humanité et qui m’a beaucoup touché par une écriture douce sans tomber dans la mièvrerie.12/03/2025 à 17:03 2
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L'Être nécessaire
Jacky Schwartzmann, Sylvain Vallée
9/10 Dessiné par Sylvain Vallée, d’après un scénario de Jacky Schwartzmann, ce premier tome de Habemus Bastard reprend le thème de prédilection du Bisontin dans Shit ! La drogue ou comment l’argent qu’elle rapporte peut profiter à des personnes complétement étrangères au milieu. Et ici, c’est encore un décalage complet puisqu’il s’agit du milieu ecclésiastique et ses fidèles.
Lucien est un « homme de main », mais un soir, Lucien dérape, et il compte un mort « indirect » à son compteur. Pour noyer le poisson dans l’eau, il décide de prendre la place du mort. Or celui-ci est prêtre. Il va donc, pour notre plus grand plaisir, servir Dieu, à sa façon, avec ses propres réflexions tirées des chaines scientifiques de la télé, donner le pardon d’une façon qui lui est propre également.
C’est très drôle et très bien amené. Dommage que cela se lise aussi vite. Vite le tome 2.
11/03/2025 à 13:16 5
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Ne pars pas sans moi
8/10 Ce devait être un dimanche après-midi ordinaire pour Rachel : une balade en forêt avec son fils Ben, âgé de 8 ans, et leur chien. Pour cette mère de famille fraichement divorcée, cette petite excursion dominicale est le moyen de s’aérer l’esprit et surtout de montrer à son fils comme elle peut aussi remplir le rôle de père. C’est dans cet esprit et pour paraître moins protectrice qu’elle lui accorde d’aller devant jusqu’au jeu de cordes qui se balancent. Mais arrivée sur place, elle ne peut que constater l’absence de son fils. Et ses appels vains ne lui font que confirmer ses craintes : Ben a disparu.
Malgré l’intervention rapide la police, Ben est introuvable. La découverte des habits du garçon fait conclure rapidement les inspecteurs, et sans doute possible, que Ben a été victime d’un enlèvement.
Dès lors, c’est toute une impressionnante machine policière, judiciaire et médiatique qui se met en branle. Rachel va en faire l’amère expérience, elle qui à cause d’une intervention télévisée qui a dérapé, va devenir la coupable idéale. Les médias et les réseaux sociaux prennent le pas… Pendant ce temps, la famille se tient les coudes, des mystères du passé familiale font surface et Jim, l’inspecteur de la police de Bristol, se démène pour retrouver Ben avant que le pire n’arrive.
Ne pars pas sans moi est un roman prenant au suspens bien mené. Le sujet consacré aux enlèvements a été maintes fois utilisé et usé, mais Gilly MacMillan le traite avec intelligence. Roman choral c’est tour à tour par la mère que l’on découvre les à-côtés de l’enquête et les dégâts des médias et autres réseaux sociaux puis à Jim, dont on découvre comment cette enquête va bouleverser sa vie professionnelle et personnelle. Ce roman au titre « corbenien » est idéal pour qui cherche une lecture à la fois prenante et divertissante.10/03/2025 à 14:10 3
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Une Tombe pour deux
9/10 Peut-être le livre de Ron Rash le moins sombre mais peut-être le plus touchant et poignant. Le moins sombre parce qu’il n’y a pas de meurtre ni de mort, mais le plus touchant et le plus poignant car il touche le sentiment à la fois le plus beau et le plus noble mais aussi le plus douloureux : l’Amour.
Ron Rash nous livre avec Une Tombe pour deux une version moderne de Roméo et Juliette avec en toile de fond la Guerre de Corée et cette famille Hampton, parents de Jacob, qui vont monter tout un stratagème pour éviter que sa femme Noami et l’enfant qu’elle attend, le retrouvent à son retour de la guerre.
Une horrible histoire de manigance familiale où le lecteur est témoin, impuissant, au drame qui se dessine. Ron Rash, s’il est encore nécessaire de le souligner, possède une écriture d’une beauté unique et inégalable (on peut noter le formidable travail de traduction pour retranscrire cette histoire) et un style incomparable. Pendant des paragraphes, il pourrait décrire un fait sans ennuyer une seconde son lecteur. Vous pouvez choisir les livres de l’Américain les yeux fermés. Une valeur sûre, comme ce livre.07/03/2025 à 11:51 8
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La Sagesse de l'idiot
6/10 Personnages décalés voire ploucs, humour noir, situations loufoques avec des petits truands patibulaires, et magouilles à la petite semaine… Non, vous n’êtes pas ici chez Jim Thompson, mais celui qu’on pourrait qualifier comme son digne successeur : l’Espagnol Marto Pariente.
Dans le rôle principal, on a ce policier municipal, recruté par la commune grâce à l’appui politique du père. Se dit simplet, s’évanouit à la vue du sang. La sœur tient une casse automobile. Et puis s’intègre à l’histoire une vengeance où drogue, meurtres, tortures… se disputent la primeur des rôles dans un rythme rapide (un chapitre fait 2-3 pages maximum).
Si tous les ingrédients étaient réunis pour un hardboiled intéressant, je me suis surpris à ne pas accrocher du tout à cette histoire. Est-ce la faute à cette succession de courts chapitres, qui m’a perdu dans le fil de l’histoire, ou bien surtout à cette multitude de personnages ? Je n’ai pas eu le temps de m’attacher ni à l’histoire ni aux personnages.04/03/2025 à 14:35 7
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Les Oubliés du dimanche
8/10 Trois ans. Trois ans que ce livre était dans ma Pile A Lire. Et pourquoi ne l’ai-je lu que maintenant ?
Certainement, qu’inconsciemment, attiré par cette pochette lumineuse d’une femme en bordure de mer, et par une envie subite d’évasion à cause d’une morosité hivernale, je souhaitais partir, voyager : m’évader. Et que mes yeux ont choisi délibérément ces Oubliés du dimanche.
Et grace à Valérie Perrin, ou plutôt, devrais-je dire grace à Justine, cette aide-soignante, dans cette maison de retraite « les Hortensias » à Milly, qui se dévoue pour apporter un petit plus de vie et d’amour aux résidents, je me suis senti transporté dans ces histoires. Tout d’abord, dans la vie personnelle et malheureuse de Justine dont les parents sont morts dans un accident de voiture, dans laquelle se trouvait également son oncle et sa tante. Elle vit depuis ce drame chez ses grands-parents, des taiseux depuis la mort de leurs enfants, avec son cousin, qui est devenu le frère qu’elle n’a pas eu et qu’elle protège et chérit plus que tout, jusqu’à économiser secrètement pour ses futures études universitaires. Ensuite, la vie d’Hélène, cette résidente pour qui Justine s’est éprise de sympathie et qui va romancer sa vie dans son cahier bleu…
Alors, au fil des courts chapitres, j’ai bu ces histoires à la fois touchantes et bouleversantes, à la fois tristes et remplies de bonheur, et surtout toujours bienveillantes.
Trois ans. Trois ans que ce livre était dans ma Pile A Lire. Et pourquoi ne l’ai-je lu que maintenant ? Peut-être que, comme beaucoup de choses de la vie, elles viennent vers vous insidieusement pour vous apporter un message que vous saurez décrypter ou pas. Vous apporter ce dont vous avez besoin ou envie.
Loin du monde du polar, loin de mes habitudes de lecture, Les Oubliés du dimanche m’aura procuré un beau moment d’amour, une espérance dans la beauté du monde.27/02/2025 à 17:10 7
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Disparu en mer
7/10 Portsmouth, Angleterre. Une petite fille vient signaler la disparition de son père au commissariat. Un homme savaté à mort est retrouvé chez lui, dont le fils, petit junkie notoire local, est arrêté en revenant chez son père. Deux enquêtes parallèles menées par deux inspecteurs aux personnalités et aux méthodes différentes. L'inspecteur Faraday, veuf élevant son fils sourd et muet, passionné d’ornithologie, passion qu’il partage avec son enfant, parti en France, est un enquêteur à l’instinct, solitaire mais respectueux des procédures essaiera d’élucider le mystère de la disparition de Maloney, ce père laissé sans le jour de l’anniversaire de sa fille et qui préparait la Fastnet, course prestigieuse de régates partant de Portsmouth.
Paul Winter, inspecteur spécialisé dans les stups, est un flic borderline, alimente son réseau d’indics, côtoie ce monde obscur et dangereux pour essayer le caïd et parrain local.
Ces deux enquêtes sont menées à un rythme posé en prenant le temps d’explorer les différentes pistes et en développant ce personnage, Faraday, dont on découvre sa terrible et dure vie personnelle, qui fait l’objet de cette série policière, ainsi que la vie difficile de ce commissariat et d’autres policiers.
Ce n’est pas les enquêtes qui m’ont vraiment plu dans ce livre, les intrigues sont somme toutes assez quelconques. C’est plutôt l’atmosphère de cette ville balnéaire et ses problèmes sociaux, et ce personnage de Faraday, ce détective taciturne, à la vie personnelle tourmentée, et à la bonne perspicacité professionnelle. Même si j’ai apprécié cette lecture, et peut-être parce qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au style et au ton de Graham Hurley, je ne sait pas si je poursuivrai cette série.25/02/2025 à 14:46 2
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Le Faucon va mourir
6/10 Il s’appelle George Gattling. Il est propriétaire de l’University Auto Shop, entreprise de sellerie pour voitures. Il habite à Gainsville, Floride, avec sa sœur et son fils, déficient mental. Et George est obnubilé par les faucons, et s’évertue à les attraper pour les dresser.
Alors tout ce qui se trame à côté est plus que secondaire. C’est le moindre de ses soucis et ne doit surtout pas perturber l’affaitage. Alors vous pensez bien que la mort de son neveu ne fait pas partie de ses priorités…
Harry Crews aime peindre des portraits de gens décalés, écrire sur des personnages borderline, nous conter des histoires déjantées. Avec Le faucon va mourir, on est invité à suivre George et son obsession à affaiter son nouveau faucon. L’histoire est particulièrement faible, et loin du monde du polar. L’écriture de l’auteur américain comme le nombre de pages permettent de sauver ce livre du naufrage littéraire. Ce n’est pas un chef d’œuvre et ce n’est pas un flot total… C’est juste l’histoire d’un homme perdu, dont la vie ne tourne qu’à réussir à apprivoiser un rapace.24/02/2025 à 15:41 1
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Le Roi des Mensonges
7/10 En refermant ce livre, après en avoir achevé la lecture, je me pose la question si j’aurais dû commencer par ce livre de John Hart, son premier, plutôt d’avoir découvert les suivants. Car, c’est un sentiment de semi-déception qui prône. Je suis un peu frustré par ce livre et je ne sais pas si cela est dû à L’enfant perdu et Redemption Road que j’ai adorés ou à Le roi des mensonges qui s’avère réellement moins attachant.
Peut-être est-ce sur ce mot « attachant » qu’il convient de s’attarder. Car Work, de son nom complet Jackson Pickens est à mon sens un personnage pour lequel je n’ai pas pu m’attacher. Cet avocat, fils d’Ezra, brillant avocat mais père et mari détestable, dont le cadavre a été retrouvé, deux balles dans la tête, 18 mois après sa disparition, est le principal suspect. L’inspectrice Mills a décidé de trouver tout indice ou fait pour le coincer. Et Work semble tout faire pour se faire inculper, comme une sorte d’auto-destruction. Lui, cet avocat reconnu, fait tout le contraire de ce qu’il conseille à ses clients. Parce qu’il est convaincu de la culpabilité de sa sœur, Jean, il a décidé de passer pour un bon suspect. Effectivement, si Work n’attire pas la sympathie, les personnes de son entourage ne sont pas plus attirantes. Jean, cette sœur instable psychologiquement, vit avec Alex, une amie rencontrée en hôpital psychiatrique. Barbara, l’épouse de Work, n’est qu’un personnage attaché à son image et à son statut de femme d’avocat et belle-fille du riche et célèbre Ezra.
C’est donc avec ces personnages que l’on découvre le mystère lié au meurtre d’Ezra par les faits et gestes de Work. On découvre le passé de cette famille et les événements précédents la disparition. Mais l’intrigue est lente et poussive. C’est la plume et le style de John Hart qui permettent d’aller au bout de cette affaire, somme toute banale.19/02/2025 à 14:43 2
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Le Fruit de vos entrailles
7/10 Septembre 2001. Les policiers sont sur les nerfs. Après le 11-Septembre, les attaques terroristes sont appréhendées dans la capitale française. Et pourtant c’est un simple cambriolage qui a mal fini qui est le point de départ de cette histoire.
Nettoyeur de vitres en rappel, Max est témoin d’un cambriolage qui tourne mal. Il a le temps de tomber sur le truand qui a tué le pompier de service. Une femme se jette par la fenêtre de son immeuble avec ses deux enfants, dont une qui restera paraplégique, et l’autre traumatisé à vie. Un tueur en série s’en prend à des artistes de manière recherchée et sophistiquée et quitte les lieux de son crime, après avoir nettoyé de fond en comble l’endroit (aspirateur, produits nettoyants,…).
C’est Virgile Cyprien Heckmann qui est en charge de l’enquête. Ce policier aux talents incontournables d’enquêteur et de relation-presse fait figure de belle gueule au sein du Commissariat. Dire qu’il est sur la sellette est un euphémisme. Personne ne lui pardonnera la moindre erreur sur ce dossier. C’est donc avec une vigueur exacerbée qu’il va se plonger dans cette affaire. Il sera en cela aidé par Roland Parques, un vieux retranché chez lui, qui lui envoie des lettres sur cette affaire. Il y aura aussi ce jeune expert médico-légal qui va apporter un nouveau souffle à ces affaires. Et bien évidemment Max, ancien enquêteur, qui vit mal sa future paternité.
Tous les personnages de Varennes dans Le fruit de vos entrailles sont torturés, remplis de doutes et de douleurs. D’ailleurs, pour moi, ce sont eux qui apportent l’intérêt à cette histoire et bien évidemment le style de l’auteur, qui distille une écriture incisive, percutante,… rock’n roll ! La première œuvre d’Antonin Varennes qui lui a permis, à juste titre, d’être repéré et qui sera suivi d’autres livres dont le succès ira crescendo.17/02/2025 à 13:38 1
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Un château en Bohême
7/10 Son défunt père le lui avait demandé : de ne jamais aller en Tchécoslovaquie, pays qu’il a fui dans les années 50. Mais François Novacek, par amitié, part à Prague sur les traces du mari de Nina, Frédéric Doline, auteur de science-fiction, ayant dernièrement connu le succès par la Prix Lovecraft décerné à son dernier roman. Doline devait se rendre dans cette ville pour un repérage pour son prochain livre. Mais Nina n’a plus de nouvelles de lui.
François Novacek, ancien journaliste d’investigation, devenu détective privé, part dans ce pays dont son père est originaire et que lui, il n’a jamais connu. Un pays divisé, devenu la Tchéquie après la Chute du Mur, et qui découvre la liberté. Bien qu’essayant de retrouver les traces de Doline, il y découvrira les traces du passé de son père…
Un roman attachant pour qui aime découvrir un pays en transition démocratique où le passé s’attache au présent comme la glaise sur des chaussures : difficile de s’en débarrasser. On déambule dans les rues de Prague, découvre cette ville, ses ruelles, son histoire, et ses habitants. L’enquête est secondaire, d’ailleurs, il faudra attendre les dernières pages pour comprendre cette disparition. Mais elle n’est que prétexte à explorer l’histoire d’un fugitif du communisme.17/02/2025 à 10:39 1
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L'Obsession
8/10 David Ness vit reclus dans sa maison. Il profite de Tanner, son fils de 4 ans, qu’il élève seul depuis le suicide de sa femme, Elizabeth, alors qu’elle venait à peine de le mettre au monde. Journaliste d’investigation, David arrive à vivre grâce au succès de son livre, Le protégé du tueur en série, enquête où il dévoilait l’innocence d’un homme exécuté par l’Etat, Ronil Brune, et dénonçait l’identité du véritable coupable, Riley Trimble. Ce dernier est un tueur en série de jeunes filles rousses. Soigné pour dépression, David s’était persuadé vivre le reste de ses jours à veiller à la sécurité de son fils, à son confort et à son bonheur.
Mais son éditeur le persuade de mener une enquête sur l’étrange affaire de l’homme de Primrose Lane. Cet homme était un véritable ermite, n’allant ni au supermarché, ni regardant jamais les personnes dans les yeux, ayant toujours des gants aux mains quelque soient les saisons, bref, ne connaissant personne, n’ayant aucune activité sociale… Et il a été retrouvé chez lui, assassiné d’une manière atroce : le meurtrier lui a coupé les doigts et les a passés au mixeur avant de lui tirer une balle dans le ventre. Et chose encore plus stupéfiante, cet homme possédait une fortune mais pas de famille et surtout utilisait un nom qui n’était pas le sien, mais celui d’un jeune décédé en 1932.
L’intérêt de David pour cette affaire le pousse à reprendre son activité de journaliste. Il ne sait pas encore à ce stade qu’elle le fera découvrir des univers et des personnages incroyables.
J’ai dévoré ce livre de James Renner. Avec sa construction qui nous fait découvrir le passé de David Ness et son enquête sur l’affaire de Ronil Brune, et, parallèlement, le présent avec son enquête mystérieuse et intrigante sur cet homme de Primrose Lane. Une affaire sans temps mort qui, au fil des pages, devient plus étrange et plus passionnante même si, je l’avoue, par moment j’ai été perdu avec tous ces personnages. Je ne sais plus qui était qui et d’où ils venaient. Mais, même si je ne suis pas fan d’extraordinaire, cette touche de fantastique qu’apporte James Renner était bien menée et à une dose suffisante permettant à cette affaire d’avoir une fin et une conclusion qui convenaient à mon esprit cartésien. Je regrette que ce livre n’ait pas eu en titre français la traduction du titre original (L’homme de Primrose Lane) qui lui aurait mieux convenu, et que certains personnages n’aient pas été plus approfondis. Ce David Ness et son fils, Tanner, auraient, à mon goût, pu bénéficier de plus de profondeurs. Dommage également, comme cela avait été envisagé, que ce livre n’ait pas été adapté en film ou en série.13/02/2025 à 16:05 3
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Une Combine en or
7/10 Toddy est un démarcheur qui rachète l’or des particuliers. Il est assez bon acheteur : il connaît quelques astuces qui lui permettent toujours de racheter à un bon prix l’or qu’on lui propose. Et toujours dans la légalité, car ce qu’un démarcheur déteste par-dessus tout c’est d’avoir affaire à la justice : ça n’apporte que de la mauvaise publicité.
Et en cette fin d’après-midi, il va avoir affaire avec un drôle de personnage : Alvarado, un homme au long cou et son chien, sorte de Dobermann, qui parle. Face à cette étrange situation, Toddy ne souhaite qu’une chose : fuir au plus vite. Et que constate-t-il ? Que la grosse montre en or se trouve dans son attaché-case ? Comment cela est-il possible ? Et qu’en faire ? Quand il constate que sa femme a été tuée dans leur chambre d’hôtel, Toddy sait que la propriétaire de la montre cherche à remettre la main dessus. Pas de bol pour sa chère femme alcoolique, mais Toddy doit sauver ses fesses.
Une combine en or offre un panel de personnages aussi étranges que dangereux, et Toddy, personnage minable et loser comme sait si bien les dépeindre Jim Thompson se trouvera mêler à des machinations qui le dépasseront. Une histoire plaisante mais pas non plus mirobolante.10/02/2025 à 11:20 4
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Le Prêtre et le braconnier
8/10 Sans vouloir divulgâcher, je dois avertir toute personne ayant envie de lire ce livre qu’elle va être confrontée à un épisode terrifiant, épouvantable et effroyable.
Car Benjamin Myers nous offre plus qu’une chasse à l’homme, en l’occurrence une fille, en passe de devenir femme, qui a enlevé un bébé. L’auteur britannique a écrit une page sur la perversité humaine, et le rapport de l’homme avec le démon. Même si celui-ci est un homme d’Eglise. Ce prêtre va pourchasser cette jeune fille « simple d’esprit » et muette. Placée par les Sœurs de St Mary’s dans la famille Hinckley dont la mère, malade, n’a aucun instinct maternel et dont le père, violent, est las d’entendre son enfant pleurer, elle décide de fuir avec lui, à travers lacs, montagnes et collines aussi majestueux qu’inhospitaliers.
Benjamin Myers fait une place de choix à cette Nature comme un personnage à part entière. A côté de ce prêtre, qui se drogue pour rester éveillé et éviter de dévoiler sa vraie personnalité à ce braconnier dont il a demandé de trouver cette fille. Un véritable pervers et personnage qui voit dans les paroles de Dieu toute justification de ses actes. A côté aussi de ce Braconnier, accompagné de son fidèle ami canin, qui s’avère n’être qu’un homme dépravé qui n’a goût que pour les bonnes chaires et à l’esprit terrien. Ce sont ces deux êtres que tout oppose, qui vont être aux trousses de cette fille qui s’avère débrouillarde, encouragée par la volonté de sauver cet enfant et trouver une autre vie.
Le prêtre et le braconnier est le premier livre écrit par l’auteur anglais, en 2013. Il fait montre d’une écriture et d’une sensibilité alliant magnifiquement la beauté de la Nature et la brutalité de l’Homme. Une lecture dont on sort ébranlé et secoué par cette course poursuite pour la vie et par tant de cruauté. Un livre que je mettrai dans la même catégorie que le très touchant Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette pour son intemporalité et pour la personnalité de ces jeunes filles volontaires et courageuses.10/02/2025 à 09:53 5
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Sans Atout, une étrange disparition
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
8/10 C’est en voulant aider Sylvaine, sa camarade de classe fugueuse que Sans-Atout va constater la mort de son beau-père, Sébastien Vaubercourt, dans l’atelier de leur maison. Mais en revenant sur les lieux, accompagné cette fois de Sylvaine, François ne peut que constater qu’il n’y a plus de cadavre. Et le pire est que, plus tard, Sylvaine l’informe que son beau-père est bien rentré de sa soirée avec sa mère.
Mais Sans-Atout est un garçon rationnel : il veut voir de visu ce fameux beau-père. On lui rapporte qu’il est parti en voyage d’affaire, qu’on l’a eu au téléphone. Tout cela ne lui semble pas très clair. Et il apprend que Sylvaine a été envoyé à l’étranger, alors que son grand-père est en fin de vie. Et pour couronner le tout, ses parents décident d’envoyer Sans-Atout en Bretagne pour l’éloigner de ces évènements qui l’éprouvent. Mais à Kermoal, il va étrangement y retrouver la mère de Sylvaine accompagnée. Est-ce Sébastien Vaubercourt ? Difficile de le savoir, l’individu, victime d’un accident de la circulation, a la tête bandée…
Le mythique duo d’écrivains de mystère exploite le thème de la dissimulation de cadavre, en utilisant, encore une fois la forme épistolaire. Sans-Atout écrivant à son ami Paul, cette mystérieuse affaire, qui verra son dénouement un peu trop simple. Mais c’est un livre à destination de la jeunesse après tout.06/02/2025 à 17:01 1
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Trois heures du matin
9/10 A l’âge que son père avait à la période où les événements se déroulent, Antonio se rappelle ce moment passé avec lui. C’était à Marseille en juin 1983. Antonio avait 17 ans et devait rencontrer un spécialiste pour ses problèmes neurologiques, lui qui suivait un traitement contre l’épilepsie.
Son père lui était étranger. Brillant mathématicien, professeur en université, son père avait quitté sa mère pour aller avec une étudiante. Enfin, c’est comme cela qu’il a interprété la séparation de ses parents. Il a ainsi cultivé une rancune envers son père d’avoir abandonné sa mère ainsi qu’un total dédain voire mépris à son égard. C’est dans ce contexte que les deux Italiens arrivent à Marseille. Devant rester éveillé pendant 48 heures, Antonio, accompagné de son père, déambule dans Marseille à la découverte de la beauté de cette ville, au premier abord austère, de la vie et surtout de son père qu’il va aimer.
Loin du roman policier et son fidèle avocat Guido Guerrieri, Gianrico Carofiglio nous offre ici un livre attachant et bouleversant. Roman initiatique, Trois heures du matin transcrit l’amour d’un fils pour son père et de son père pour son fils. C’est écrit de manière sensible et touchant. J’ai aimé vagabonder dans les rues de Marseille, découvrir ces deux personnages, lire leurs confidences et leur amour naissant l’un pour l’autre, au fil de l’avancée de la nuit et du jour. Je souhaite faire mienne, comme un écho à la vie, cette belle phrase : « Il faut épuiser la joie, c'est la seule façon de ne pas la gâcher, après elle disparaît. »05/02/2025 à 12:27 3
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Panorama
7/10 La France est passée à l’ère de la Transparence. De manière logique et inéluctable. Parce que la justice a failli dans sa mission élémentaire de défendre les plus fragiles. Et pour que la vérité brille de toute sa lumière, la France est une devenue une Démocratie réelle. Tous les crimes étant commis à l’abri des regards et derrière les murs, les espaces clos ont été bannis. Les murs en composite de verre sont devenus l’essence même de cette nouvelle architecture qui a tué l’intimité au profit de la sécurité et de la paix.
La police s’intitule désormais Gardien de la Protection. Les accusés n’ont pas d’avocats pour se défendre. La justice est rendue par sondage sur les réseaux sociaux. La Constitution de 2030 garantit cette République de la Transparence via un pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle. Certains quartiers, villes, territoires qui ont refusé ce pacte sont devenus des zones de non droits et, à leurs décharges, les citoyens ne sont pas protégés et entièrement responsables de ce qui leur arrive.
Mais, en cette année 2049, dans ce quartier protégé de Paxton, le couple Royer-Dumas et leur fils, Milo, ont simplement disparu. Alors que dans ces bâtisses de verre où l’on voit tout et tout le monde, comment expliquer cette disparition ? Car personne n’a rien vu. Les 3 membres de cette famille ont tout bonnement disparu, comme volatilisés.
Hélène et son collègue Nico, gardiens de la Protection, mènent l’enquête. Il leur faudra plus d’une année pour que la vérité éclate de manière effroyable dans cette nouvelle société où plus personne n’a de secret, ou presque.
Panorama décrit une société futuriste mais pas si éloignée que cela de notre société contemporaine et c’est cela qui est terrifiant. Il ne faudrait qu’un petit rien pour que notre société bascule dans ce cauchemar qui se dessine et qui est dessiné dans ce Panorama. L’approche faite par Lilia Hassaine est, je trouve, assez complète que ce soit dans sa composition ou dans sa mentalité, dans son aspect matériel ou psychologique. Elle déploie ici une vie où l’âme humaine resterait malgré tout aussi terrifiante qu’elle soit ou non vue par tout le monde.
04/02/2025 à 09:29 3
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Lointain souvenir de la peau
6/10 J’avais découvert Russell Banks avec Sous le règne de Bone, il y a déjà plusieurs années, cet adolescent désœuvré, un laissé pour compte qui vit comme il peut entre père alcoolique et mère absente. Avec Lointain souvenir de la peau, l’auteur américain revient vers ce type de personnage principal. Le Kid, petite vingtaine d’années, vit sous le viaduc de Claybourne qui relie le centre-ville de Calusa, Floride, au front de mer. Délinquant sexuel, un bracelet électronique à la cheville, il a interdiction de quitter la ville et de s’approcher à moins de 800 mètres de tout endroit où pourrait se trouver un enfant. Ce viaduc est donc le seul endroit qui coche tous les critères. D’ailleurs, il n’est pas seul à y trouver refuge. Il y a le Grec, P.C, Rabbit… Le Kid vit avec Iggy, son iguane de compagnie.
Dire que la vie est compliquée est un euphémisme. Le Kid vient de perdre son travail de serveur dans un restaurant, peu regardant sur l’origine des salariés. Il n’a plus aucun contact avec sa mère. Le seul lien social réside donc sous ce viaduc, soumis aux aléas météorologiques et à la vindicte policière. La routine du Kid va être bouleversée par un étrange personnage : le Professeur. Chercheur en science sociale, il souhaite interroger le Kid sur les raisons de sa présence sous ce viaduc et comment il a été jugé délinquant sexuel.
Je souhaitais revenir vers Russell Banks dont les livres m’avaient vraiment séduit, comme Sous le règne de Bone, De beaux lendemains, Affliction… Lointain souvenir de la peau parle de l’addiction au sexe ou à la nourriture par des personnages aussi originaux qu’extravagants. Le lecteur se prend une petite leçon de morale sur la façon qu’il convient de ne pas juger les gens, que la vie n’est pas tout blanche ou tout noire. Une histoire que j’ai trouvé longue et fastidieuse. Une histoire qui aurait pu être plus courte, avec moins de ce qui me semblait être des divagations, des errements… Je suis certainement passé à côté de ce livre qui avait matière, il me semble, à être plus captivant (le traitement du suicide/meurtre du Professeur par exemple.)03/02/2025 à 14:30 1
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Sans Atout et l'invisible agresseur
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
7/10 Le père de François, Maître Robion, est venu sur l’île d’Oléron afin de voir plus clair sur une histoire d’héritage. Un châtelain est mort d’une étrange manière, et la gendarmerie locale n’a pas pu faire la lumière sur cette affaire. François, alias Sans-Atout, l’a accompagné. Et il raconte, dans les lettres qu’il envoie à son ami Paul, les étranges événements dont il est témoin. Et notamment, les bruits de fantômes, et les petites croix disséminées sur le sol. Bien sûr, c’est l’héritage qui est visé, et la dispute entre héritiers qui n’ont pas la même vision sur l’avenir du château.
La forme épistolaire du roman gâche le rendu de l’action et l’immersion du lecteur dans l’enquête. On retrouve, 10 ans après le premier livre, les aventures de Sans-Atout, qui lui, n’a pas pris une ride. Malheureusement, on n’est pas face au meilleur livre de la série.
03/02/2025 à 12:20 2
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Les Enfants loups
9/10 Caché en haut de la montagne, Jakobsleiter est un hameau, exclu de toute modernité et civilisation, où vit une communauté fondée en 1889 afin que les baptistes qui avaient été chassés puissent revenir sur leur terre natale. Cette communauté est guidée par Isaiah, prêtre dénonçant toute forme de modernité et notamment l’implantation dernièrement d’une antenne relais près de leur hameau.
Si les hommes doivent obéir à ses prédications, ils sont quasi muets, et que dire de leurs femmes ? Quasi absentes, si ce n’est que certaines sont parties ou ont sombré dans l’alcool, ou la maladie mentale. Si toute forme de modernité est exclue, les enfants sont autorisés à aller à l’école, au village dans la vallée. Ainsi, Jesse, jeune garçon de 17 ans, et Rebekka parcourent une heure de route, et 750 mètres de dénivelés pour rejoindre l’école au village d’Almenen. Persécutés, violentés à cause de leur différence, les enfants sont bien appréciés par Laura Bender, leur professeur, fraîchement arrivée dans cette école, ayant survécu à une tuerie de masse dans son ancien établissement scolaire. Elle décèle chez Jesse des aptitudes et des capacités qui lui permettraient de poursuivre dans un lycée plus prestigieux. Inconcevable pour cette communauté. Même si, du haut de leur adolescence et de leur envie de liberté, Jesse et Rebekka regardent avec un sentiment mélangé d’attraction et de crainte ce qui peut y avoir plus loin après le village.
D’ailleurs, quand Rebekka disparaît, Jesse pense à une fugue. Même si elle aime la nature sauvage et ne serait jamais partie sans le lui avoir dit. Tous les deux, ils sont quasiment voués à assurer l’hérédité de la communauté. Accompagné d’Edith, fillette aussi sauvage que mutique, amoureuse secrètement de Jesse, il rentre désabusé. Jesse est en conflit avec son père : il remet en cause l’autorité du prédicateur et surtout la vérité de cette communauté et les raisons de l’état de santé de sa mère. Pendant qu’il joue avec Edith et leur loup sauvé, Freigeist, Jesse décide d’aller trouver la police du village et signaler la disparition anormale de Rebekka.
Pendant ce temps, Smilla, stagiaire au journal local, est rongée par la disparition de sa meilleure amie, Juli, il y a 10 ans de cela. Alors qu’elles campaient dans ces montagnes, le lendemain matin, Juli n’était plus là et la police n’avait pu relever aucune trace. Depuis, Smilla collectionne les cas de multiples disparitions dans cette même région. Mais que cache comme mystère Jakobsleiter que le maire, Hofer, soutient et protège ?
Rentré à reculons dans cette lecture, appréhendant un thème surnaturel voire fantastique, j’ai été pris dans cette histoire racontée et dévoilée par les principaux protagonistes : Jesse, Edith, Rebekka, Smilla, Isaiah et Laura. C’est rythmé, captivant. Un livre que je peux aisément comparer et rapprocher à ceux écrits par RJ Ellory. Excusez du peu ! Une très agréable lecture de cette jeune autrice au talent prometteur.28/01/2025 à 11:57 11