JohnSteed

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  • Les Charbonniers de la mort

    Pierre Magnan

    7/10 Generoso arrive trop tard. Il voulait avertir son frère, un miséreux charbonnier, que la concoction que ce dernier avait fabriquée est dangereuse. Faute d’un adjuvent, celle-ci s’avère mortelle. Cette concoction ne devait être qu’une poudre aphrodisiaque que les notables de la montagne de Lure achètent et consomment avec délectation. Elle devait leur procurer du plaisir, elle leur donnera la mort dans d’affreuses souffrances.

    Le brigadier Laviolette est en charge d’enquêter sur les causes de ces morts et les coupables. Sauf que quelqu’un décide de se mener sa propre vengeance. Des charbonniers sont assassinés avec cette même poudre, toutes les pleines lunes.

    Ambiance mystique et trouble dans cette partie des Alpes à la frontière italienne, au début du XXème siècle. Pierre Magnan offre une histoire addictive avec un cadre et des personnages hors du commun. Mais l’écriture recherchée nécessitant une lecture très exigeante ne m’a pas permis de rentrer pleinement dans le récit et de savourer pleinement ce livre.

    15/10/2021 à 19:13 1

  • Les Terres animales

    Laurent Petitmangin

    7/10 Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro ont décidé de rester dans leur contrée. Bien que ravagée par l’accident nucléaire, cette terre constitue leurs racines, leur raison d’être depuis que la fille de Fred et Sarah, Vic, y est enterrée. Et les autres ont également leur raison de rester. Alors peu importe qu’il faille vivre sous des masques de protection, s’alimenter des boîtes de conserves abandonnées et périmées.

    La vie s’organise et est presque rôdée. Chacun vit de ses précieuses habitudes, de petits plaisirs et de rares nouvelles découvertes dans cette vie sociale restreinte et cloîtrée dans une région dangereuse. Mais la grossesse de Sarah va bouleverser cet équilibre précaire. A cause du père de l’enfant, en l’occurrence Marc ? Non, plus parce que ce prochain bébé synonyme de vie et d’espoir doit être sauvé et fuir cette terre. Mais, les avis divergent toutefois…

    Un court roman post-apocalyptique qui interrogent l’humain sur les raisons de vivre. Un roman plaisant mais qui ne dépasse pas la qualité de Ce qu’il faut de nuit de l’auteur.

    14/11/2023 à 12:08 1

  • Manhattan Love Song

    William Irish

    6/10 Lors d’une simple balade dans New-York, Wade rencontre Bernice Pascal. Pour lui, c’est le coup de foudre. Les quelques mots échangés et la soirée passée ensemble lui confirment qu’il vient de rencontrer la personne qui lui manquait dans sa vie. Mais Wade est marié à Maxine. Et le retour au domicile conjugal est douloureux. Pour Wade seul compte Bernice. Il tombe dans la folie amoureuse, où l’Amour rend aveugle et où la raison n’a pas sa place. Bernice s’avère être une femme aussi troublante que mystérieuse, aux sentiments changeants et à la vie secrète. L’extravagance de Bernice séduit autant que rebute Wade. On est dans une histoire où « Je t’aime moi non plus » se lit à chaque page.

    Mais nous ne sommes pas dans un vaudeville. Car la mort viendra jouer les trouble fêtes dans ce court roman. Il faudra atteindre cependant les ¾ du livre pour arriver dans la partie la plus intéressante de ce Manhattan Love Song et éviter de regretter amèrement cette lecture.

    21/05/2020 à 15:51 1

  • Miserere

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Le meurtre d’un chef de choral dans son église de confession arménienne pousse Kasdan, policier à la retraite, à mener l’enquête en franc-tireur. Il constate l’empreinte d’une chaussure de pointure 36 et un éclat d’un bois aussi rare que mystique : un morceau d’épine de la couronne du Christ. Le mode opératoire aussi intriguant qu’original, l’arme a percé mortellement les tympans de la victime, désarçonne le vieux policier. Alors qu’il débute son enquête, il se rend compte qu’un autre flic s’intéresse à l’affaire d’une manière non officielle : le jeune et beau Volokine.

    Ces deux êtres torturés, que tout oppose, vont s’unir pour mener cette quête où les chants d’enfant semble être le fil conducteur. Ils vont affronter leurs démons et leur passé aussi trouble que noir et traverser des pans horribles et effrayants de l’histoire de notre monde et de notre société : les clubs SM, la Shoah, les tortures issues des dictatures chiliennes,…

    L’intérêt du septième polar de Grangé porte sur les personnalités de ces deux flics aussi opposés, chaotiques, intrigants qu’attachants. Leur histoire personnelle porte l’intrigue du livre qui, pour moi, souffre de quelques éléments improbables (l’enclave extra territoriale de la colonie) dont l’auteur aurait pu facilement se passer.

    22/06/2019 à 07:54 1

  • Petits meurtres à Manhattan

    Jason Starr

    8/10 Joey DePino est l’archétype du loser. Et quand on est un parieur invétéré, ça ne fait pas bon ménage. A chaque pari, il perd. La preuve, le dernier cheval sur lequel il vient de parier a bien fini premier…. Mais il a été disqualifié. Et c’est quand il ne parie pas que ses pronostics tombent justes. La lose totale. Résultat, il doit une coquette somme aux bootleggers. Et il ne voit pas comment il va pouvoir les rembourser. D’autant que, à trop traîner les champs de courses, et ce même pendant ses heures de boulot, il vient de perdre son travail. Il n’a que le mensonge pour rassurer sa femme, la belle et intelligente Maureen, sur le prochain paiement du loyer et des factures. Cette dernière avait espéré une meilleure vie, avec bel appartement et surtout un enfant. A l’image de sa meilleure amie, Leslie et son mari, David.

    Ce dernier est un homme qui a réussi dans l’agence de publicité qui l’emploie. En plus, il aime bien faire quelques coups de canif dans le contrat, de temps en temps. Le dernier en date c’est avec Amy Lee, une de ses collègues de travail. Mais David s’est un peu avancé dans cette relation, en lui promettant le mariage. Et pour Amy, David doit tenir son engagement sinon elle dira tout à sa femme. Mais David est aussi courageux que Joey est chanceux.

    D’ailleurs Joey réfléchit à monter une petite escroquerie avec son pote d’enfance, Billy Balls ("Grosses Burnes") qui depuis son dernier accident, n’a pas retrouvé toutes ses facultés. On se doute bien que ce coup foireux va lui péter à la gueule.
    Mais voilà, on ne sait pas vraiment comment tout ça va finir. Une seule certitude cependant : on sait que ça va foirer…

    On sourit, on lit avec plaisir cette histoire de losers à la manière de Westlake dans ce premier polar de Jason Starr dont l’œuvre est aussi méconnue qu’incontournable.

    19/07/2019 à 21:31 1

  • Reflets changeants sur mare de sang

    Pierre Siniac

    8/10 Comme Folies d’infâmes, Reflets changeants sur mare de sang est un recueil de nouvelles. Et on retrouve la plume cynique du talentueux écrivain. Mais si Folies d’infâmes proposait des situations cocasses voire empruntes d’un humour noir (bien évidemment, il ne peut pas en être autrement !!), avec Reflets changeants… , on est dans l’univers de l’arroseur arrosé, le comique en moins.
    Mais c’est toujours un agréable moment de lecture. Toujours avec Pierre Siniac, tant il n’a pas son pareil pour raconter des histoires sorties de nulle part d’autre que de son imagination extraordinaire.

    11/06/2020 à 17:00 1

  • Un Tueur sur mesure

    Sam Millar

    6/10 Belfast. De nos jours. Trois bras cassés commettent un hold-up en ce jour d’Halloween : ils ont tout préparé, tout minuté, et bien évidemment en ce sacro-saint jour cher aux Irlandais, mis leur costume de loup pour se fondre dans la foule déguisée afin de fuir incognito… Mais bien évidemment, le coup foire et n’emporte avec eux qu’une valise dérobée à la va-vite à un client. Mais ce client est un membre de la mafia locale et cette dernière veut coûte que coûte reprendre cette valise et ce qu’elle contenait : une coquette somme d’argent…

    A la lecture des premiers chapitres, j’ai souri autant pour les situations cocasses que pour le ton ironique de l’auteur. Je me suis dit que je tenais avec Sam Millar un savoureux mélange entre Donald Westlake et Ken Bruen. L’histoire se déroulant, je sentais que si le ton acerbe était toujours présent, on sombrait dans la violence pure et dure. J’ai donc assez vite déchanté et revu mon jugement. Un peu comme un cuisinier voyant son soufflé retombé, j’ai été déçu par tant de promesses perçues au début du livre. Mais peut-être suis-je passé à côté de ce Tueur sur mesure…

    01/03/2023 à 16:47 1

  • Une brume si légère

    Sandrine Collette

    8/10 Dans cette nouvelle, Sandrine Collette nous conte en quelques pages concises mais brutales, le désespoir de ces démunis et leurs déboires dans cette Casse, cette zone de non-droit exploitée par des profiteurs. Mais si l’Amour entre une laissée pour compte et son gardien laisse planer une lueur d’espoir, elle ne sera qu’éphémère, comme une brume que le vent dissipera.

    L’auteure développera ce cadre et ce thème dans Les Larmes noires sur la Terre. Si vous avez aimé cette nouvelle, vous allez adorer ce livre. Et réciproquement.

    28/05/2020 à 14:07 1

  • Chez Krull

    Georges Simenon

    7/10 Bien que naturalisés, les Krulls sont encore considérés comme des étrangers. Ils ne comptent pas dans le quartier, ils n’ont à rien à voir avec les habitants : on les appelle d’ailleurs les Allemands. Installés près du canal, ils possèdent un commerce, une épicerie avec un bar, qui dessert principalement les mariniers, pour leur provision qu’ils peuvent mettre sur leur ardoise. Des gens simples qui ne veulent pas faire de vague, mais vivre simplement en toute sérénité et discrétion.

    Alors quand débarque le neveu Hans, les Krull voient cette arrivée comme un élément perturbateur dans leur vie bien ordonnée. D’autant que Hans, débarqué chez son oncle et sa tante pour d’obscures raisons politiques, s’avère être un personnage extravagant et provocateur. Il séduit ses cousines, aime se montrer dans la ville, lui et ses origines allemandes.

    Un matin, Hans découvre le cadavre de Sidonie, fille d’une femme qui vit misérablement au bord du canal. Ce meurtre va déclencher un climat de tension et de suspicion. C’est Joseph, l’étudiant en médecine, le « docteur » comme on l’appelle au canal, que l’on montre du doigt. Lui aux mœurs bizarres. Maria, la tante, demande que Hans parte de chez eux, et ainsi faire croire à la populace, qui s’est lui le coupable. Mais les gens du canal ne pensent qu’à une chose : se faire justice.

    Simenon prend pour cadre de ce livre l’ambiance de l’époque. Ecrit en 1939, Chez Krull rend compte du climat de tension et de haine sous-jacente contre les exilés naturalisés allemands. Simenon, dans la deuxième partie du livre, décrit avec justesse la mise en place du lynchage des Krull. Et elle vaut à elle seule la lecture de ce roman noir.

    18/04/2020 à 09:19

  • L'homme qui revient de loin

    Gaston Leroux

    6/10 Jacques de la Bossière et sa femme, Fanny, vivent dans la luxueuse propriété donnée par André, frère de Jacques. Avant son départ précipité, il leur a en plus confié les rênes de son entreprise prospère et la garde de ses deux enfants.

    Depuis, plus aucune nouvelle d’André… Enfin, si… La voisine, Marthe Saint-Firmin, jure que tous les soirs, son fantôme lui apparaît, traînant une chaîne aux pieds. Et ce spectre lui a parlé de son assassinat.
    Des révélations qui tourmentent fortement Jacques, qui confie à sa femme qu’il a tué son frère sur la route le conduisant à Bordeaux… Alors, les revenants existent-ils ? La communauté scientifique huppée de Paris s’en mêle…

    Entre loufoquerie et véritable mystère fantastique, L’homme qui revenait de loin reflète l’attrait et les théories du début XXème siècle pour l’au-delà. On sent à la lecture que Gaston Leroux s’amuse et on prend au second degré ces explications pseudo-scientifiques, nous lecteurs du XXIème siècle. Il y a malheureusement des longueurs (le livre ne comporte que 250 pages !) mais l’explication rationnelle sauve le livre.

    03/01/2021 à 16:21

  • La Huitième lettre

    Franck Bouysse, Pierre Demarty

    6/10 La Huitième lettre clôt la trilogie H, commencée avec Le mystère H et poursuivie avec LHondres ou les ruelles sans étoiles. Dans ce troisième tome, l’auteur corrézien nous plonge dans les mythes des différentes civilisations avec en parallèle la quête des cubes mystérieuses devant détruire l’Humanité par la veuve de John W, Mary Manstor.

    J’ai trouvé ce dernier tome en dessous de ses prédécesseurs, malgré les chapitres sur les vieilles légendes. Au final, une trilogie à part dans l’œuvre de Franck Bouysse et surtout, très secondaire.

    08/02/2023 à 10:27

  • Stöld

    Ann-Helén Laestadius

    7/10 Elsa est une Sami, peuple autochtone du nord de la Suède. Du haut de ses 9 ans, elle développe une force de caractère, héritage de ses ancêtres et des membres de sa famille, éleveurs de rennes. Témoin du massacre de son tout jeune faon, elle s’isole dans un mutisme, empreint de colère et de haine envers celui qu’elle n’oubliera jamais.

    La police est indifférente face aux massacres des rênes, qualifiés de simple vol. Elsa saura patienter pour exécuter sa vengeance.

    Ce roman est un témoignage sur les menaces, insultes ou actes xénophobes vécus par le peuple sami, sur l’indifférence des autorités voire de la population suédoise mais aussi sur les changements climatiques et les conséquences environnementales quant à la renniculture, tradition ancestrale de ce peuple. Loin d’être un page-turner, Stöld est à la fois un roman partisan, une photographie d’un peuple méconnu, une dénonciation d’une société suédoise enclin au racisme et une ode à la beauté fragile de la nature. Il faut cependant patienter jusqu’à la moitié du livre pour découvrir le côté polar du livre.

    17/10/2022 à 14:36