LeeWeel

357 votes

  • Une vie comme neuve

    Georges Simenon

    7/10 Maurice Dudon travaille comme comptable chez les Mallard, un couple de restaurateurs qui a réussi grâce à la recette d'un pâté familial. Et Dudon pimente sa vie en falsifiant chaque vendredi les comptes de son patron, se mettant dans la poche un ou deux billets de mille francs. Il reconnaît lui-même que cet argent ne lui est d'aucune utilité, lui qui mène une vie tranquille, réglée par une routine qui n'a que faire de quelques sous de plus. Mais Maurice a décidé de changer les choses et dans une sorte d'absence à lui-même il va se retrouver alors qu'il sort d'un hôtel de passe sous les roues de l'auto d'un certain Lacroix-Gibet, riche marchand de vins et homme politique local. Avec cet accident et suite à sa convalescence dans une clinique de haut standing où il va rencontrer Anne-Marie, infirmière chargée de son bien-être, Dudon va se dire qu'il a ainsi l'occasion de repartir de zéro pour une vie comme neuve. Simenon peint une fois de plus avec une monstrueuse acuité le destin de ce comptable qui simplement semble parfois avoir du mal à saisir son existence et le sens qu'il peut lui attribuer. Dudon traîne ses savates de solitaire, observateur de l'humanité dans un Paris qui lui en donne tant de tranches à voir. Ce roman vaut par ailleurs pour les portraits de femmes que Simenon dresse ici: de la vieille fille peut attirante à l'épouse fadasse en passant par la fille facile qui mène sa vie comme elle l'entend, non sans malaise.

    02/12/2015 à 13:32

  • La Pluie de néon

    James Lee Burke

    9/10 C'est avec ce volume que débute la série consacrée par James Lee Burke à Dave Robicheaux. Au début du roman, Dave, lieutenant au sein de la police de La Nouvelle-Orléans, va trouver Johnny Massina en prison, alors qu'il est sur le point de passer sur la chaise électrique pour meurtre. Mais celui-ci clame son innocence et Dave, qui connaît bien l'homme, le croit sur parole. De plus, Massina l'avertit que des bruits courent, prétendant que sa tête de flic est mise à prix. Cette menace et la découverte du cadavre d'une jeune femme dans le bayou vont lancer Dave sur la piste des Colombiens qui gèrent en partie les affaires de drogue locales. Le lecteur va faire connaissance dans ce roman avec l'un des personnages les plus touchants et réussis de la littérature policière. Dave Robicheaux se livre à un combat sans merci contre l'alcool et va devoir faire face à la mafia qui juge qu'il fourre son nez là où il ne devrait pas. James Lee Burke campe à merveille son héros, écorché vif, qui gère difficilement sa violence et ne supporte pas la bêtise humaine. La Louisiane est un personnage à part entière de cette série et les descriptions de paysages sont d'une grande beauté, reflétant les états d'âme d'un Robicheaux qui voit son environnement se déliter au fil des ans.

    02/12/2015 à 13:29 5

  • Tijuana Straits

    Kem Nunn

    9/10 Sam Fahey vit comme retiré du monde, face à l'océan dans sa ferme où il élève des vers. Sam est un ancien surfeur, champion au style particulier, qui lui a valu son surnom de La Mouette. Il chasse également parfois, contre rétribution, lui qui connaît si bien le littoral, les chiens errants qui se déplacent en meutes et menacent la fragile faune locale, avant tout les espèces protégées d'oiseaux. C'est à l'occasion d'une de ces chasses qu'il va rencontrer Magdalena, une jeune Mexicaine échouée sur la plage, qu'il va d'abord croire immigrée clandestine, ce qui n'est pas le cas: cette femme appartient à une organisation de défense des ouvrières de Tijuana, ville présente de l'autre côtés de la frontière, et est persuadée d'être poursuivi par des hommes à la solde de la mafia. Les deux héros de ce drame vont apprendre à se connaître et à s'apprécier, eux qui vivent en reclus, chacun avec ses démons et ses convictions. Ils vont apprendre à franchir les barrières, les frontières, au sens figuré comme au sens littéral. Kem Nunn dresse des portraits criant de vérité, des personnages très humains, comme chaque protagoniste, qui même s'il n'occupe dans le roman que quelques pages n'en paraît pas moins important, étant pleinement présent. Et il y a le surf, et tout l'amour que Kem Nunn porte à ce sport, qu'il transcrit de façon très forte, l'homme se retrouvant face à la nature toute puissante et pourtant bien fragile face aux méfaits industriels notamment; la question écologique est ainsi très présente au sein du roman.

    02/12/2015 à 13:26 2

  • Hard Revolution

    George P. Pelecanos

    10/10 Tout débute en 1959, dans la ville de Washington. Deux jeunes noirs, Derek et son frère aîné Dennis Strange, vivent comme bon nombre de gamins de leur âge en traînant quelque peu dans les rues. Mais, même si à l'occasion ils rencontrent des petites frappes, ils évitent la délinquance, notamment grâce à l'éducation dispensée par leurs parents. Après ce prologue, on retrouvera les deux frères en 1968, alors que Dennis est rentré du Vietnam, vivotant aux crochets de ses parents, et que Derek vient d'être nommé policier. Avec ce quatrième tome consacré à Derek Strange, George Pelecanos revient sur les origines de son personnage, que l'on découvre d'abord adolescent puis durant sa très courte carrière de flic. Comme avec les autres romans de la série, Pelecanos peaufine une intrigue au cordeau et campe des personnages attachants. Ce retour dans le passé permet d'en connaître davantage sur la genèse de Derek et les faits qui ont marqué son existence et lui ont permis de se forger cette moralité qu'il tente de suivre et qui le caractérise tant.

    02/12/2015 à 11:32 3

  • La route de Gakona

    Jean-Paul Jody

    8/10 Si vous êtes de ceux qui prétendent que seuls les Américains sont capables de livrer des thrillers dignes de ce nom, libre à vous, mais allez donc voir avant de rester sur vos positions du côté, par exemple, des romans de Caryl Ferey ou encore de Jean-Paul Jody avec par exemple "La route de Gakona", qui emmène le lecteur de Paris en Alaska, en passant par l'Australie, le Japon et j'en passe, avec son lot de barbouzes et autres tueurs sans pitié, des héros brimbalés par les événements et une bonne petite conspiration de derrière les fagots comme il se doit. Kinscoff, "l'enquêteur privé" déjà rencontré dans "La position du missionnaire", va devoir se lancer sur les routes de France et du monde, accompagné par Catherine Hanbal, jeune stagiaire qui ne demande qu'à apprendre pourvu qu'on lui fasse confiance, cherchant à résoudre le mystère des nombreux morts parsemés aux quatre coins de la Terre, anonymes qu'à première vue rien ne relie, et qui visiblement auraient soulevés les voiles d'un projet secret aux doux relents conspirationnistes qui userait des travaux de Tesla sur les ondes et aurait pour nom HAARP. Encore une fois, nous nous sentons les moutons de puissants pouvoirs plus ou moins occultes mais à coup sûr savamment manipulateurs, de ceux qui font froid dans le dos, et même si les ficelles sont grosses, que les péripéties sont loin d'être pleinement crédibles, le tout se lit avec plaisir et Jody manipule le lecteur avec savoir faire, nous laissant sur le tarmac finalement avec de quoi réfléchir quant aux pouvoirs et autres façons de faire des "autorités".

    02/12/2015 à 11:28 2

  • Les nombreuses vies de Malaussène

    Nicolas Lozzi

    6/10 Dans la collection des "nombreuses vies de", voici donc le volume consacré à Benjamin Malaussène et à sa famille bellevilloise. Une grande partie du livre est comme d'habitude réservée à cette vie pour le moins mouvementée du héros de Pennac, biographie présentée comme il se doit comme étant celle d'un personnage réel. Et Nicolas Lozzi se contente essentiellement, même si d'infimes différences existent, de résumer les premiers romans de la série. L'exercice m'a semblé au bout du compte lourd à lire, le plus intéressant étant les encarts hors texte consacrés notamment aux différents personnages de la saga et les photos de André-François Ruaud. Viennent ensuite une chronologie, plus plaisante à parcourir, un agréable guide pour une promenade dans Belleville, partie encore typique de Paris, même si..., et un article de Stéphanie Lazure. J'ai regretté de ne pas trouver ici, par exemple, un article de fond sur Isaac Sidel, le héros de Jerome Charyn, ou encore sur Jérôme K. Jérôme Bloche, le héros d'Alain Dodier, personnages plusieurs fois évoqués dans ce livre pour les différents points qu'ils ont en commun avec la famille Malaussène et leurs aventures.

    02/12/2015 à 11:25

  • Cool

    Don Winslow

    6/10 Suite de "Savages", Don Winslow revient dans ce roman sur les débuts de son trio de gentils dealers et sur leurs origines. N'ayant pas lu la précédente aventure de Chon, O. et Ben, je ne pourrais faire de comparaisons. Toutefois, ayant lu "La griffe du chien", j'avoue avoir trouvé "Cool" bien léger: une histoire qui tourne également autour du trafic de drogue et c'est à peu près tout quant aux points communs. Winslow se la joue ici plutôt façon Elmore Leonard, sauf qu'il ne parvient pas, selon moi, à la hauteur du créateur de Raylan Givens, notamment dans l'art du dialogue finement ciselé. Le roman est agréable à lire mais n'offre rien de bien neuf. Une Californie Cool, des personnages Cool pour une vie finalement, presque, Cool, et une tonne de références (merci au traducteur pour les nombreuses notes) qui se rapporte à la culture et à l'histoire américaine. Dans le genre polar et humour, il existe des romans bien plus efficaces, tout comme pour le polar et le surf (merci Kem Nunn).

    02/12/2015 à 11:21

  • À l'automne, je serai peut-être mort

    Adrian McKinty

    8/10 Michael Forsythe, ancien militaire à la carrière courte pour manque de discipline, doit quitter son Irlande natale pour éviter les tribunaux. Direction New York où il retrouve un groupe d'Irlandais mafieux parmi lesquels il jouera les petites mains. Jusqu'à ce voyage au Mexique qui va bouleverser sa vie... Ce roman ouvre la trilogie consacrée à Michael Forsythe, personnage de truand cultivé qui doit subir les coups du sort avant de remonter la pente qui l'amènera à l'assouvissement de sa vengeance. Un roman bien noir qui met en scène de manière très convaincante plusieurs communautés que Michael va devoir côtoyer dans sa fuite en avant, entre les mains d'un destin qui ne cesse de le malmener.

    02/12/2015 à 11:18 7

  • Un choeur d'enfants maudits

    Tom Piccirilli

    9/10 C'est un coin reculé des Etats-Unis, Kingdom Come, royaume étrange peuplé de monstres, de fantômes, d'âmes en peine. Là, vit notamment Thomas, dernier descendant avec ses frères de la famille la plus riche du coin. Question monstre, cette famille est bien pourvue, puisque les frères en question, Jonah, Cole et Sebastian, forment une étrange structure de corps reliés par leurs lobes frontaux, architecture aux trois personnalités distinctes. Et dans ce monde, où se côtoient pervers en tout genre, sorcières et crocodiles du bayou, Thomas va se voir attribuer un rôle de rédempteur dont il se serait bien passé. Tom Piccirilli crée un monde à part, où rêve et réalité se mêlent, où les frontières se brouillent et où les monstres ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Thomas va découvrir petit-à-petit la vérité quant à l'histoire de ses parents et rencontrera sur son chemin des êtres perdus, autant de pièces d'un puzzle cauchemardesque ayant pour décor une nature sauvage, grandiose, qui sera le théâtre d'une tempête d'âmes.

    02/12/2015 à 11:16 2

  • Clockers

    Richard Price

    10/10 Vous avez aimé "Sur écoute - The wire", alors vous pouvez vous précipiter sur ce roman qui figure parmi les sources d'inspirations de la série télévisée de David Simon, série dont Richard Price fut l'un des collaborateurs. L'action se situe essentiellement à Dempsy, comme dans "Ville noire, ville blanche", banlieue imaginaire de New York. Là, on va suivre en parallèle les faits et gestes d'une part de Strike, pseudonyme de Ronald Dunham, responsable d'une équipe de clockers, ou dealers des coins de rues, pour le compte de Rodney Little, et d'autre part de Rocco Klein, flic de la criminelle qui officie avec Larry Mazilli et consacre, aux yeux de sa femme, trop de temps à son boulot. Le roman de Price est très intense; il nous livre une sorte de chronique de la rue et souligne à quel point les différents protagonistes ne sont pas sur la même longueur d'onde. Chaque personnage se retrouve souvent dans des situations de communications difficiles avec les autres, que ce soit au sein de la famille, entre "collègues" ou entre truands et policiers. Et chacun se trouve tellement empêtré dans sa condition et son milieu qu'il ne peut quasiment pas s'en extraire.

    02/12/2015 à 10:40 2

  • Qui a tué Rétro Girl ?

    Brian Michael Bendis, Michael Avon Oeming

    7/10 Le lecteur fait ici la connaissance de Christian Walker, inspecteur de la criminelle, ex super-héros, qui va devoir enquêter sur l'assassinat de Rétro Girl, qui fût jadis l'une de ses partenaires contre le crime. Notre policier fera équipe avec Deena Pilgrim, nouvellement mutée, personnage qui n'a pas la langue dans sa poche. Bendis réussit son mariage polar-comics de super-héros et Oeming donne un côté rétro bienvenu à son dessin, jouant avec talent sur la mise en page.

    02/12/2015 à 10:38

  • Terminus plage

    Alain Wagneur

    7/10 La vie s'écoule tranquillement à Blainville, bourgade sans problème de la côte atlantique. Là, Richard Zamanski attend plus ou moins que les choses se passent, regrettant ses années au sein de la PJ parisienne et remplissant ses devoirs de flic mis au placard en s'occupant des petits délits avec sa collègue Laurence Fuzier. Jusqu'au jour où l'incendie d'un hôtel va leur laisser un cadavre sur les bras, celui d'un certain Mertens, citoyen belge dont la mort se révèle rapidement ne pas être accidentelle. Commence alors une enquête qui va mettre à jour les différentes magouilles locales. On suit en parallèle l'évolution des deux policiers et le parcours d'un homme, Jean-Claude Bertin, qui se lance sur la piste de son père, ancien flic devenu détective privé, récemment disparu. Un polar sans temps mort, à l'écriture originale, incisive et un portrait de flic convaincant, marqué par un drame personnel, et qui fait face au destin avec courage et un esprit quelque peu frondeur.

    02/12/2015 à 09:24

  • Voodoo land

    Nick Stone

    9/10 Joe Liston et Max Mingus, deux flics de la MTF (Miami task force), vont devoir enquêter sur la mort d'un homme retrouvé au milieu des singes du Parc des primates. Non seulement l'endroit est quelque peu incongru pour mourir mais en plus l'estomac du macchabée contient une étrange mixture dans laquelle baigne les morceaux d'une carte du tarot, le roi des épées (d'où le titre original). Les deux héros vont alors se lancer sur la piste d'un certain Salomon Boukman, truand haïtien qui trempe dans tous les trafics et revêt un aspect quasi mythique car nul ne sait dire à quoi ressemble cet homme qui terrorise les rues malfamées de Miami. A ses côtés, il a pour alliés Bonbon, un type obèse dépourvu de dents et qui portent des prothèses avec lesquels il mord ses victimes et Eva Desamours, grande prêtresse vaudou aux pouvoirs inquiétants. Autrement dit une galerie haute en couleurs. Dans ses remerciements, Nick Stone souligne qu'il doit beaucoup à "La griffe du chien", le roman de Don Winslow. Presque 600 pages menées tambour (vaudou) battant et des méchants puissants qui inquiètent notamment par la légère touche fantastique dont l'auteur teinte son intrigue. Du polar de grande envergure.

    02/12/2015 à 09:19 4

  • Qui a tué l'idiot?

    Nicolas Dumontheuil

    9/10 Au village depuis quelques temps déjà une série de meurtres frappent les habitants: un mystérieux tueur fait des siennes signant ses forfaits de poèmes. Et comme si cela ne suffisait pas, d'autres habitants attrapent une curieuse maladie, le remordingue. C'est dans ce climat qu'apparaît l'acteur Lucien Lurette, artiste en quête d'une Idée, cherchant un coin retiré et tranquille pour peaufiner son inspiration. Très vite, notre héros va être le témoin des agissements des habitants du village et s'apercevra que tout ne tourne pas rond dans les environs, sous les ordres notamment d'un comte manipulateur. Quel est la raison de ce climat étrange ? Et quelle est l'histoire de cet idiot mort depuis plusieurs années et dont chacun continue de perpétuer la mémoire ? Une bande dessinée de belle envergure tant au niveau du dessin (et des couleurs magnifiques) que de l'histoire qui égratigne allègrement l'esprit de groupe aveugle, toujours en quête d'un bouc émissaire.

    01/12/2015 à 15:24

  • L'Evangile du bourreau

    Gueorgui Vaïner, Arkadi Vaïner

    8/10 La lecture de ce livre offre une véritable plongée dans le système répressif de l'ex-URSS. Tout débute en 1953, alors que Staline vient de mourir et qu'il va être autopsié. Parmi les témoins de ces faits se trouve Pavel Egorovitch Khvatkine, le narrateur fictif de ce roman parfaitement ancré dans la réalité historique, du moins celle à laquelle avaient accès les frères Vaïner lors de la rédaction de ce livre achevé en 1979. Alors qu'il est désormais un professeur de droit nantis, bon vivant appréciant les beuveries, Khvatkine va être de façon brutale rattrapé par son passé de membre du KGB, véritable bourreau, tortionnaire de nombreuses victimes du cauchemardesque système soviétique, notamment acharné à persécuter les juifs. Mais un beau jour, sa fille lui ramène un gendre des plus embêtants, qu'il surnommera la Mangouste: en effet celui-ci, petit-fils d'une des victimes de Khvatkine, va lui demander de le suivre à l'Ouest afin de répondre de ses crimes. Ce roman n'est pas d'une lecture facile, les allers-retours entre le présent de la narration et le passé du narrateur étant nombreux. Et j'avoue avoir souvent été perdu au milieu des nombreux patronymes russes. Cet "évangile" fait froid dans le dos et illustre à merveille toute l'absurdité et la monstruosité du pouvoir soviétique d'alors, le ton volontiers outrancier du narrateur soulignant bien cet état. Ce livre m'a également fait penser aux "Bienveillantes" de Jonathan Littell, qui transcrit également de manière convaincante et documentée les faits et gestes d'un bourreau, cette fois-ci nazi.

    01/12/2015 à 15:23 4

  • Koko

    Peter Straub

    7/10 Tout débute avec les retrouvailles d'un groupe de vétérans du Viet-Nam lors de l'inauguration d'un mémorial à la mémoire des soldats à Washington. Se réunissent là Michael Poole, pédiatre au mariage à la dérive, Conor Linklater, Tina Pumo et Harry Beevers. Les quatre hommes vont se replonger dans leurs souvenirs communs et leurs faits d'armes et vont finir par évoquer la figure du mystérieux Koko, dont ils pensent connaître l'identité, meurtrier coupable de crimes sordides et sanglants en Extrême-Orient. Ils vont alors décider de se lancer à la poursuite de cette figure quasi fantomatique, démon qui se chargera de faire réapparaître les propres démons des héros. Un roman très prenant qui met en scène de manière convaincante la guerre du Viet-Nam et ses vétérans.

    01/12/2015 à 15:20

  • Lumière froide

    John Harvey

    7/10 Quoi de neuf en ces jours de fêtes de fin d'année sous le soleil, absent, britannique ? Rien. Un chauffeur de taxi tabassé par des petites frappes, une assistante sociale qui doit affronter les foudres d'un père de famille dans la dèche... Autant dire une misérable routine pour Charlie Resnick et ses collègues de Nottingham. Et notre enquêteur solitaire de rechercher l'assistante sociale en question, Nancy Phelan, suite à sa disparition depuis le soir du réveillon. De fausses pistes en conflits entre collègues, les forces de l'ordre tentent de s'y retrouver au milieu de la noirceur ambiante. Amis lecteurs, passez votre route si vous cherchez un coin de ciel bleu et un peu d'espoir.

    01/12/2015 à 15:19

  • Le Moineau du sanctuaire

    Ellis Peters

    5/10 Alors que les membres de l'abbaye de Shrewsbury sont rassemblés pour la prière du soir, un jeune homme fait irruption dans la chapelle, talonné par une foule prête à le lyncher. L'intrus, prénommé Liliwin, saltimbanque recruté pour un mariage, est venu chercher refuge car on le soupçonne de vol et d'agression. Il sera effectivement mis à l'abri de ses accusateurs mais dispose de 40 jours avant d'être remis entre les mains de la justice séculière. Cadfaël va prendre le jeune garçon sous sa protection et aidera comme à son habitude à démêler le vrai du faux dans cette histoire où le bouc émissaire semble facilement trouvé. Un roman qui ne dénote pas du reste de la série, et dans lequel Ellis Peters met en parallèle deux histoires d'amour également vécues de manière cachée mais avec une passion toute différente.

    01/12/2015 à 15:17

  • Labyrinthe de miroirs

    William Bayer

    7/10 Il s'agit ici du quatrième roman mettant en scène Frank Janek, lieutenant à la police de New York. Un flic excellent, apprécié de sa hiérarchie comme de ses collègues. Il va devoir enquêter d'une part sur une affaire de meurtre remontant à neuf ans, le cas Mendoza, affaire pleine de rebondissements troublants qui mine la police, et d'autre part sur l'assassinat d'un homme retrouvé dans sa chambre d'hôtel, détroussé par une femme après qu'elle l'ait charmé et drogué. William Bayer s'attache à la psychologie des personnages et réussit ces portraits d'êtres blessés, plus ou moins paumés dans leur vie. Le motif du miroir est présent tout au long du roman, mis en scène de très habile manière. Bayer peint un flic très humain, intéressant notamment dans les rapports qu'il a avec les femmes.

    01/12/2015 à 15:15

  • L'A26

    Pascal Garnier

    9/10 Le roman débute par une scène aux accents fantastiques: Yolande, recluse dans sa maison, semble parler aux fantômes, retirée du monde extérieur au milieu d'une tanière qu'elle voudrait imperméable. Il faut dire qu'elle n'est pas sortie depuis ce jour, à la fin de la Seconde Guerre, où des personnes du cru, une bourgade du Pas-de-Calais, menées par le bistrotier du coin, l'ont tondue. Elle n'aime personne, n'a besoin de personne, et même son frère, Bernard, employé SNCF, qui vit avec elle ne lui est finalement pas indispensable. Celui-ci d'ailleurs, qui traîne son existence et se sait malade et en fin de vie, aurait pu vivre une existence meilleure sans cette soeur dont il s'occupe et supporte les humeurs violentes. Il aurait pu se marier avec Jacqueline, amie d'enfance qui a finalement épousé Roland, personnage haineux, patron du café qu'il a hérité de son père, le fameux tortionnaire de Yolande. Un petit monde que celui-là, dans lequel les personnages semblent englués à leur misérable existence, collés les uns aux autres. Un roman surprenant tant Pascal Garnier parvient en peu de pages à mettre en place les vies entières de ces êtres perdus. L'ensemble est bouleversant, où le grotesque, le sordide, la violence se mêlent. C'est très noir et malgré tout chargé d'humour.

    01/12/2015 à 15:14