Dany33

535 votes

  • Le Cri

    Nicolas Beuglet

    8/10 C’est le premier roman que je lis de cet auteur ; Il est présenté comme un polar sur la 4ème de couverture mais en fait il est bien plus que ça.
    Certes l’enquête démarre dans un hôpital psychiatrique autour d’une mort suspecte aux yeux de Sarah. Mais au hasard d’un faux témoignage et de suspicion de mauvais traitements, l’intrigue va prendre une tout autre dimension et progressivement interpeller les lecteurs sur les religions et les débuts de l’univers … oui, pas moins ! Et notre fliquette va rencontrer les méchants héritiers spirituels de Menguele et embarquer Christopher dont le frère récemment décédé n’est sans doute pas étranger à ce mystère.
    Extrêmement riche et documenté, la quête de la vérité si elle existe va nous tenir tout au long de ces 560 pages, au fil de (parfois trop) nombreux rebondissements. Le cri c’est la manifestation de l’ultime approche de LA vérité, car « nous vivons sans savoir d’où nous venons et nous mourons sans savoir où nous allons. Comment vivre entre les deux ?”
    En fermant ce thriller il reste le doute existentiel.

    30/03/2019 à 16:05 7

  • Le Supplément d'âme

    Matthieu Biasotto

    9/10 Que d’émotions en refermant ce livre, véritable parcours initiatique et métaphorique. Thomas est dans le coma et il a perdu ses souvenirs. Au moment de l’accident, on peut dire que c’est un vrai « connard » ! Le jeune garçon qu’il a été, va le guider, comme Virgile dans la Divine Comédie dans un espace parallèle : le supplément d’âme, … de l’autre côté. L’histoire pourrait être celle d’un triangle amoureux classique, celle d’un ambitieux qui fait passer sa carrière avant sa famille. C’est bien plus que ça, c’est celle des choix de la vie. Quand donc Thomas a-t-il rompu avec ses rêves, quand donc a-t-il trahit TK ? Sa quête de vérité, il va la faire pendant son coma, aux portes d’une mort annoncée et ainsi découvrir les malversations de ses collaborateurs, jusqu’au dénouement final, révélation inattendue et violente. La narration de Thomas rend le lecteur complice.
    Inclassable roman à suspense, très fort et dérangeant, c’est le premier que je lis de Matthieu Biasotto. Sa sensibilité à fleur de peau, son style affuté et surréaliste à la fois m’ont fait penser aux Thanatonautes de Bernard Werber.

    11/09/2018 à 11:06 7

  • Crotales

    Jean-Luc Bizien

    9/10 D’abord il y a les Daltons … pas vraiment racistes mais accros à la violence gratuite, juste pour l’adrénaline, alors pourquoi pas contre les latinos aux prises avec leur cerveau reptilien ?
    Puis il y a les narcos et leurs clans, leurs trafics, l’exploitation de la pauvreté des villageois qui habitent le long de la frontière métallique entre les US et le Mexique et la domination en en faisant leurs mules et leurs esclaves.
    Vient ensuite la CIA, toujours prête à se fourvoyer dans des plans douteux pour atteindre ce qu’elle présente comme des objectifs glorieux.
    Et puis, et puis … il y a Païk Dong-Soo, plus mal en point que jamais mais encore plus attachant aussi.
    Enfin le talent de l’auteur qui vous entraine dans l’exotisme mexicain, avec toute la cruauté primaire, à l’approche l’élection présidentielle à laquelle se présente un certain Donald Trump. Une intrigue forte, sans doute encore en-deçà de la réalité. Une narration sur plusieurs plans qui se rejoignent on s’en doute, bien habilement. Quatrième volet de la vie de l’agent très spécial Coréen, laissé presque mort à la fin du « berceau des ténèbres », à la hauteur de ce qui ne devait être qu’une trilogie, pour notre plus grand plaisir de lecteur.
    Notez que pour faire connaissance avec Païk, il n’est pas absolument nécessaire de connaître la trilogie mais je suis sure qu’après cette lecture vous irez vite vous la procurer !

    25/12/2017 à 14:09 5

  • Et puis mourir

    Jean-Luc Bizien

    9/10 Découvrons un nouveau duo d’enquêteurs avec un Breton adepte de la gifle (ne pas confondre avec son homonyme avec deux « n » enfanté par Didier Fossey) et un Corse, orthodoxe de la règle pour s’épargner de sa propre violence. Un contexte bien présent dans notre mémoire collective pour l’ambiance insurrectionnelle et le rôle des médias dans la relation de la vérité. Notons le soin apporté à la chronique des manifestations parisiennes de 2018.
    Sous des allures de polar assez classique, Jean-Luc Bizien nous interpelle sur notre sentiment de justice. Que dire d’une victime qui n’a pu verbaliser à temps ses douleurs et dont l’affaire est ainsi effacée par la prescription ? Une double peine en fait ! Corolaire : quand la justice n’a pas abouti, est-il moralement admissible qu’une victime joue au justicier ?
    Un tueur en série que nous identifions très tôt certes mais que nous soupçonnons en outre d’être le troublant gardien d’une histoire sensible que nous découvrons au fil de pages, va être l’objet de la traque, cœur de ce thriller. Ses victimes ont-elles un point commun au-delà de leur aisance financière ?
    Tout le talent de l’auteur est au service de ce suspense au dénouement inattendu mais que j’ai trouvé cruel et élégant ainsi qu’une approche de la vieillesse et de la maladie d’Alzheimer pudique et sans voyeurisme.
    Excellent moment de lecture servi par un style toujours aussi affuté.
    Loin de la Corée du Sud et du Mexique de ses précédents romans, dans le contexte d’événements qui ont suspendu notre actualité, Jean-Luc Bizien nous conte là une histoire prenante et nous espérons très fort que Le Guen et Agostini aient une vie sur plusieurs tomes à venir …
    Enfin une dernière interrogation : quels rapports ont donc nos auteurs avec le cimetière du Père Lachaise ? … un beau sujet d’analyse …

    29/10/2020 à 15:32 4

  • L'Evangile des ténèbres

    Jean-Luc Bizien

    9/10 Premier volet d’une série qui en compte aujourd’hui trois, c’est l’occasion pour le lecteur de faire connaissance avec Seth Ballahan, ce journaliste culpabilisant pour la disparition d’un jeune collègue en Corée du Nord. Nous sommes à la veille de l’élection de Obama, Kim Jong-II a succédé à son père et conforte le culte de SA personnalité ! Nous suivrons alternativement la quête d’un jeune enquêteur du nord et sa traque du « chasseur » auquel il se confronte et enfin l’infiltration de Seth. Pour nous plonger dans ces recherches, nos personnages nous immergent dans les détours de la dictature, les mauvaises excuses des Américains, la violence et l’hémoglobine dans cette version orientale du « meilleur des mondes », les non-dits et la vie quotidienne en Corée du Nord. Très instructif, très précis, ce récit haletant ne laisse aucun temps mort au lecteur. Un éclairage déroutant sur cette partie du monde qui fait toujours frémir de nos jours.

    19/02/2017 à 17:16 3

  • La Chambre mortuaire

    Jean-Luc Bizien

    8/10 Plongée dans le Paris des années 80, oui mais 1888 pour être précis. L’éditeur annonce le tome 1 d’une trilogie. J’ai déjà lu de cet auteur la trilogie de Seth Ballahan qui s’est vue augmentée d’un quatrième volume : ça y est je suis prête à enchainer...

    Avec un petit côté suranné dû au ton et à l’exotisme d’une époque d’avant la police scientifique, d’avant les téléphones portables, internet et la géolocalisation, et qui n’a d’autre choix qu’un retour aux fondamentaux de la nature humaine, le hasard et l’intuition, faisons donc connaissance avec un aliéniste comme on disait des psychiatres de l’époque. Simon Bloomberg, dominant ou dominé, va se trouver au cœur d’une enquête liée à la disparition de son épouse, la défenestration d’une espèce de gigolo et ce que l’on qualifierait de nos jours de meurtres ou du moins de disparitions en série. Des réunions occultes de ce qui pourrait être une secte à la recherche de l’immortalité ont été initiées semble-t-il par son égyptologue d’épouse. Elle manque cruellement à notre aliéniste, du moins c’est ce qu’il fait penser à son entourage. La présence d’Elzbieta semble encore palpable dans leur maison qu’elle a fait construire en forme de pyramide et dotée d’une cage renfermant bien des secrets ! Cependant Simon est le suspect n°1 de sa disparition …
    La narration suit alternativement un duo de policiers, Sarah la toute nouvelle gouvernante, Simon ou ses collègues aliénistes hospitaliers, Ulysse l’ancien malade. L’enquête se déroule précisément et logiquement jusqu’à l’ultime rebondissement, emportant le lecteur dans une ambiance d’un autre temps, un Paris où les clivages sociaux sont déjà présents mais cependant encore bien insouciant, un Paris contemporain d’Alphonse Bertillon père de la police scientifique, après qui plus rien ne sera pareil !
    J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome, en découvrant une situation surprenante et des personnages attachants. Ceux qui auront survécus, sûre, je les retrouverais prochainement.

    02/05/2020 à 10:55 4

  • La Frontière des ténèbres

    Jean-Luc Bizien

    8/10 Parce qu’il est redevable, Seth s’envole pour Séoul, avec femme et enfant, en leur promettant des vacances de rêve, car il n’a pas eu le courage d’avouer qu’il va probablement au devant de graves difficultés ! Il va y retrouver certains des protagonistes du tome 1 « l’évangile des ténèbres » qu’il vaut mieux avoir lu auparavant faute de quoi, le lecteur perdrait l’épaisseur des personnages. Ils vont à la recherche d’un assassin qui a sévit au sein d’une communauté dirigée par un « big brother » oriental qui veut modéliser son concept et … ça fait frémir les amoureux de liberté …
    La seconde partie des aventures de nos héros se passe en Corée du Nord, imprégnée de suspicion et de trahison, avec un final haletant et rouge sang.
    Un vrai thriller qui fait se côtoyer les cultures occidentale et orientale. Au-delà des modes de vie c’est tout le poids de la dictature locale qui nous est présentée, encore plus effrayante au regard de l’actualité … Très bon moment de lecture dépaysant, en espérant que l’on n’ait pas à connaître les mêmes tourments que les victimes et que l’on doit à Jean-Luc Bizien, cet auteur natif du sud-est asiatique et qui en parle si bien ! Le tome 3 devient dès lors incontournable …

    13/08/2017 à 14:31 2

  • La Main de gloire

    Jean-Luc Bizien

    8/10 Lire ce tome 2 de la trilogie La cour des miracles, sans avoir lu le précédent c’est certes dommageable mais tout à fait surmontable : vous perdez de l’épaisseur des personnages mais vous pouvez suivre l’intrigue aisément.
    Nous retrouvons donc les protagonistes de La chambre mortuaire, alors que l’aliéniste n’a pas encore accompli pleinement le deuil de son épouse. Sarah, la gouvernante, pour être toujours aussi efficace, est moins présente que dans le tome 1, dans cette « dinguerie rituelle » que nous présente l’auteur. L’exposition universelle de 1889, celle qui voit la naissance de la tour Eiffel et les exhibitions d’un certain Buffalo Bill, bat son plein, entraînant son lot de larcins et délits liés à a promiscuité induite par la foule.
    Léonce et Raoul, les deux flics de la sureté sollicitent l’aide de l’aliéniste Simon Bloomberg, véritable profileur avant l’heure. Accompagnés de Sarah, ils seront donc quatre à chasser le coupable d’une série de meurtres. Tout au long de ces 256 pages, nous sommes transportés dans cette atmosphère cosmopolite d’un autre siècle. L’auteur nous dira tout de la technique de la misdirection, celle qui consiste en magie à détourner l’attention du spectateur pendant l’exécution d’un tour. D’ailleurs notre auteur pratique la magie et ses démonstrations empruntent à cet art.
    Comme toujours dans les romans de Jean-Luc Bizien, un fond historique et contextuel d’une rare précision, des faits divers établis et vérifiables, ajoutés au vocabulaire, comblent le lecteur en mal de dépaysement. Oui il est possible d’être dépaysé à Paris en 1889.
    Un très bon tome 2 et en fermant ce volume on se plaint de savoir qu’il n’en reste qu’un à lire … vite …

    11/07/2020 à 09:52 2

  • Le Berceau des ténèbres

    Jean-Luc Bizien

    7/10 Tome 3 de la série Seth Ballahan, nous retrouvons nos échappés de Corée du Nord quelques années plus tard à New York, avec des fortunes diverses. Seth a repris son travail au journal, sa famille poursuit sa vie harmonieuse tandis que Paik n’a pas réussi son intégration. Il a sombré dans la dépression au grand dam de sa femme et de son fils. Une série de disparitions inquiétantes d’enfants va réveiller son instinct de chasseur, lui faire renouer avec celui a qui il a sauvé la vie et à qui il doit son exfiltration aux Etats Unis et … se lier aux chefs de Chinatown et de la mafia.
    Jean-Luc Bizien interpelle le lecteur par le sujet central de la maltraitance des enfants mais l’enquête est sans doute un peu moins haletante que celles développées dans les deux précédents tomes. Il reste néanmoins une précision remarquable dans le contexte qui permet au lecteur d’affiner ses jugements et une rencontre attrayante avec le héros d’un confrère de l’auteur, à qui il a tout simplement emprunté un profileur notoire, pour notre plus grand plaisir. Nous apprenons aussi des choses étonnantes sur une affection très peu connue qui frappe un protagoniste …. Dur de ne rien dévoiler !
    Enfin saluons sans spolier, une fin plutôt optimiste dans ce monde de brutes où l’actualité rattrape bien souvent la fiction. Il paraît que certains protagonistes apparaissent dans « Crotales » … j’y cours !

    09/11/2017 à 19:00 2

  • Vienne la nuit, sonne l'heure

    Jean-Luc Bizien

    9/10 J’étais heureuse en sachant que j’allais retrouver les personnages de la série Bloomberg, comme si je retrouvais de vieilles connaissances. En effet aux côtés de l’aliéniste, sa gouvernante, Ulysse l’incontournable qui me fait penser au Lennie de Steinbeck, ses amis de « la sûreté », son jeune confrère, la cuisinière et l’horrible femme de chambre s’annonçait un bon moment de lecture. Je n’ai pas été déçue car l’ambiance créée dès le tome 1 était bien au rendez-vous. Ce Paris rétro et sa vie nocturne des café-concert, ses calèches et le téléphone rare, les débuts de la police scientifique, … Que dire de l’intrigue sans dévoiler … nous touchons ici l’intimité de Bloomberg qui en plus a décidé de consigner ses questionnements dans un journal intime. L’artifice permet de suivre les états d’âme de l’aliéniste, en phase d’accepter son deuil mais encore en choc post-traumatique du fait du tome 2. Il rencontre les limites du secret professionnel quand il se rend compte de la proximité de deux nouveaux patients qui le consultent. Il se confronte à son implication personnelle dans la résolution d’un cas de violence conjugale. Il est toujours baigné d’humanisme.
    Un très bon moment de lecture avec ce charme désuet d’un vocabulaire riche, ce côté immersif dans une époque aux préoccupations assez proches des nôtres en fait. Le véritable exotisme peut-être est-il dans la plongée dans les catacombes ?
    Il est préférable d’avoir lu les deux premiers épisodes de cette saga avant celui-ci et … que dire quand on sait que le tome 4 est écrit mais qu’il n’a pas encore trouvé d’éditeur … 🤞🤞🤞

    13/08/2020 à 10:08 2

  • Tu ne seras plus mon frère

    Christian Blanchard

    10/10 Kasswara et son jeune frère Kamar ont un don pour le tir à la carabine. Dans une Syrie déchirée, ils ne vont pas suivre la même route. Légaliste, Kamar va devancer l’appel sous les drapeaux tandis que Kasswara va partir défendre la démocratie contre le régime en place.
    La famille est partagée, les parents sont divisés quant aux chemins pris par leurs fils. Nous allons plonger dans la psychologie des deux protagonistes, et plus particulièrement dans celle du tireur d’élite : comment passer de la procédure froide et dénuée de sentiment, de la protection de ses compagnons d’armes, au goût de tuer ? Faut-il un mobile, une rancœur pour tuer ou une simple liste légitime l’acte ? Que dire des enfants, véritables bombes à retardement du fait de leur endoctrinement oui, que dire des « lionceaux du califat ».
    Au-delà de l’histoire déchirante des deux frères et de leur famille, c’est la dernière décennie qui nous est narrée par Christian Blanchard, celle de la guerre civile en Syrie et celle des attentats en France. J’ai compris comment les défenseurs de la démocratie se sont vu infiltrés par les extrémistes religieux au point de scinder leur mouvement contre le régime de Bachar pour s’opposer aux radicaux. J’ai conforté mon jugement en constatant l’absence de l’Europe et la présence ambiguë de la Russie. Qu’en est-il du débat qui nous interpelle tous autour de la problématique des enfants de retour de Syrie : victime ou bombes humaines en puissance ?
    Avec un style efficace l’auteur touche sa cible assurément en interpellant le lecteur dans sa zone de confort … Un voyage impliquant et terrifiant à la fois !
    Ajoutons à cela un épilogue (un peu optimiste) qui ne devrait pas déplaire à Ara, la mère de Tomar Khan, le héros de Niko Tackian.
    Enfin, je n’ai pu m’éviter la comparaison avec la guerre d’Espagne, celle qui a nos portes a semé le trouble dans bon nombre de familles comme le chantait Jean Ferrat dans Maria, oui elle aussi avait deux enfants … que dire des déchirements familiaux pendant les heures sombres du gouvernement de Vichy !
    Après cette lecture, retournée je suis mais au fond de moi-même, suis-je vraiment surprise ?

    22/02/2021 à 10:06 4

  • La Fenêtre de Dieu

    Cédric Blondelot

    8/10 Ni mystique ni tout à fait fantastique, l'auteur s'amuse avec les malheurs d'un enfant abandonné dans un kiosque à journaux à l'angle de la rue de Tolbiac, fin juillet … il s'appellera Tolbiac Juillet. Ca c'est pour l'intrigue principale. Nous suivons également les malheurs d'un perfecto sans fermeture et ça c'est l'intrigue secondaire. La quatrième dimension fait partie également de la galerie de personnages, tous hauts en couleurs et souvent complètement barrés … un délice ! Il s'agit néanmoins d'un vrai roman à suspense, dans un style tout à fait personnel qui fait de ce roman un « page turner » attachant et original. J'attends la suite … ou du moins le prochain roman de ce nouvel auteur

    04/08/2016 à 15:33 1

  • Justin

    Sabine Bolzan

    8/10 Cette saga familiale se déroule dans un paysage hors du temps, hors de la vie trépidante, dans un milieu épargné par les soucis domestiques et de subsistance. Tout pourrait être parfait mais …une évasion de prison va mettre à mal le petit monde de Justin.
    L’auteure avec brio, joue sur l’ambiguïté des personnages et le trouble des situations, le lecteur étant de fait en proie au doute tout au long de cet épisode, comme d’ailleurs il l’a été lors de sa première rencontre avec Justine.
    Il s’agit du tome 2 d’une trilogie et malgré l’arbre généalogique figurant bien à propos en début de volume, il est nécessaire d’avoir lu le tome 1 pour en profiter au mieux. Le lecteur habite les différents protagonistes à tour de rôle. Je n’y ai pas trouvé matière à empathie comme dans Justine. Cet épisode nous confronte à la perte de mémoire de Justin, à la suite d’un coma prolongé. Il réapprend son histoire, douloureuse s’il en est et se pose des questions sur son hypothétique capacité à endosser le rôle du meurtrier : la succession de son père est lourde à porter. Que dire des visions douloureuses de Justine, des relations familiales, de la bienveillance des parents adoptifs ? Autant d’ingrédients troubles pour un bon moment de lecture qui à n’en pas douter nous fera enchainer sur le tome 3 !

    06/06/2021 à 19:17 1

  • Justine

    Sabine Bolzan

    9/10 Si je vous dis qu’il s’agit de la saga familiale d’une petite fille riche et que l’auteur annonce d’entrée qu’il s’agit d’une trilogie … j’aurai sans doute raison mais c’est très réducteur tant ce premier roman, véritable roman noir, thriller psychologique, premier volume d’une trilogie certes, est complexe sous bien des aspects. Saga familiale oui mais dans une famille atypique, dans des paysages somptueux du Sauternais et du Cap-Ferret, où la grand-mère n’est pas la grand-mère, où le jumeau n’est plus tout à fait le jumeau, où l’enfant n’est en fait pas vraiment l’enfant, où l’émancipation passe par la guérison de l’anorexie chronique sous fond d’enlèvement en série et de médium temporaire.
    Tous ces éléments constitutifs de la personnalité de Justine, ambitieuse, ambigüe et féministe vont emmener le lecteur à sa poursuite avec la question lancinante … ange ou démon ? Faut-il aimer ou haïr Justine ? La réponse au bout de ces 224 pages d’une très agréable lecture.

    06/02/2019 à 11:02 3

  • Les vagues reviennent toujours au rivage

    Xavier-Marie Bonnot

    8/10 Pour entamer ce 7ème roman de la série De Palma, il n’est pas indispensable d’avoir lu les 6 premiers épisodes pour faire connaissance avec ce retraité de la police marseillaise.
    Sous un aspect assez classique ce polar s’attaque à un problème de société et interroge nos consciences : le vaste mouvement migratoire des oubliés du sud vers les riches terres du nord et les efforts déployés par les humanitaires tels que les bénévoles et permanents de Mare Nostrum et des camps de transit.
    Ce phénomène était bien présent dans les médias avant l’arrivée du virus, s’il est plus caché n’en est pas disparu pour autant.
    On avait connu la jungle de Calais avec Entre deux mondes de Olivier Norek, Xavier-Marie Bonnot nous emmène sur l’île de Lesbos, première étape européenne pour les Syrien et autres Africains, puis à Palerme. Les mafieux et autres passeurs y font des horreurs.
    Notre retraité est convié par ses anciens collègues à collaborer dans l’ombre à l’enquête sur le suicide d’une de ses ex-compagnes. Il s’acharnera à démonter qu’il s’agît d’un meurtre et il va se trouver en procession d’un manuscrit relatant l’errance d’Amira, originaire de Raqqa et disparue à Marseille au moment du meurtre présumé. Au fil des pages, le lecteur et le flic vont suivre le rude chemin qui aurait dû mener Amira vers la sécurité, les confrontations musclées avec l’ultra-extrême-droite marseillaise dont la filiation avec les guerriers de la mythologie grecque n’est pas fortuite.
    Je me suis laissée embarquer dans cette quête de vérité mais cependant j’aurais attendu davantage de développement dans le dénouement où l’action et le tourisme palermitain prennent le pas sur les idées.
    Intéressante lecture, édifiante sur la nature humaine …
    C’est le premier roman que je lis de cet auteur qui mérite bien le détour !

    29/01/2021 à 08:08 3

  • Djihad à Paris

    Marc de Borcheim

    9/10 Il est rare que le titre et la 4ème de couverture soient aussi pertinents. L’auteur nous entraîne dans une traque au contexte on ne peut plus actuel. Nous découvrons la complexité des enjeux qui plombent les relations avec le Moyen-Orient, les moyens au service de la lutte anti-terroriste et surtout le déroulement d’une enquête. Une traque qui perturbe la collaboration affichée entre les Etats occidentaux, englués qu’ils sont par les reliquats de la guerre froide et notamment les cellules « stay behind » véritable révélation pour moi. Je le sais on ne nous dit pas tout certes, et c’est bien heureux car il y a vraiment de quoi frémir au cours de ces 446 pages.
    Sur le devant de la scène, un militaire, Aymar, au passé incertain, va se questionner, nous questionner sur l’éthique dans ce type de situation : dilemme existentiel … il va mener cette enquête d’un nouveau type en côtoyant voire en s’immergeant au cœur de milieux glauques et interlopes et en se confrontant aux rivalités des différents services de renseignements.
    Espionnage, polar, thriller … en fait tout à la fois avec brio pour cet auteur issu du sérail qui nous offre un témoignage très explicite et tout autant inquiétant.
    Une révélation !

    23/10/2016 à 14:22 6

  • Laisse le monde tomber

    Jacques-Olivier Bosco

    7/10 Un vrai polar bien noir, dans une banlieue parisienne bien désespérée de génération en génération … Y a-t-il de la détermination sociale à naître dans les zones oubliées de la République ?
    Avant Jacques-Olivier Bosco, Olivier Norek dans Territoires et Ghislain Gilberti avec Le bal des ardentes avaient fait de ces banlieues oubliées des personnages de leurs romans à part entière. Car c’est bien la banlieue qui impose ses règles aux quatre joueurs de cette partie de cache-cache infernale. Les forces qui s’opposent ne sont pas équilibrées, il n’y a pas simplement les bons et les méchants, les valeureux et les lâches. On sait que chez les jeunes tout est noir, chez les flics rien n’est rose !

    C’est le premier roman que je lis de cet auteur et j’ai été surprise. Surprise par la justesse du ton et celle des sentiments. Surprise par un final digne d’une super production hollywoodienne. Surprise par la profondeur et la justesse des personnages. Tous les acteurs n’ont pas de circonstances atténuantes et les flics sont tout sauf des héros ! Entre trafics et vengeance, résilience et quête de la vérité, les lecteurs sont souvent émus, parfois dégoutés, toujours captivés par cette aventure urbaine, construite de façon originale en plusieurs parties et des chapitres bien rythmés et nommés comme des éléments d’une cité HLM.

    Un très bon moment de lecture pour une histoire bien menée et très documentée sur ce microcosme que l’on ignore ou que l’on ne veut pas voir.

    01/05/2020 à 10:03 1

  • Et pour le pire

    Noël Boudou

    8/10 Vincent est un vieux con, c’est lui qui le dit ! Cet octogénaire poursuit un deuil qui n’en finit pas car la femme de sa vie été furieusement assassinée. Vincent se prépare à honorer ses « violenteurs » comme il se doit, alors qu’ils vont sortir de prison. Pourra-t-il compter sur la complicité de ses nouveaux voisins, sa nouvelle famille, celle qui lui redonne un avenir … ?
    Le lecteur est dans la tête de Vincent et réclame justice sinon vengeance dans ce village du Lot, où le Maire, le curé, l’aubergiste et le docteur ont de surprenantes méthodes pour exercer « leur art ». Chronique villageoise à la Leffe et au vitriol.
    J’ai trouvé dans le premier roman que je lis de Noël Boudou qui en compte 3 dans sa bibliographie, un style et un humour très efficaces, au service de sentiments douloureux, capables de dédramatiser n’importe quelle mise à tabac ou n’importe quel dépeçage ! Du grand art pour poser LA question : quand la justice vous semble trop clémente, êtes-vous légitime à prendre la relève et finir son travail pour retrouver la sérénité ?
    Au-delà de cette intrigue principale, sont tout aussi élégamment posées les problématiques de la vie rurale, du racisme, la puissance de la notoriété, de la vieillesse, de la solitude au service desquelles Noël Boudou a su mettre à profit toute son expérience personnelle, crument certes, mais avec une certaine pudeur néanmoins.

    14/05/2021 à 11:23 4

  • L'affaire Delma

    Pierre Bougie

    7/10 J’ai été agréablement surprise par le ton, la syntaxe et les modes de vie décrits, qui pour les Français donnent à la lecture un petit ton exotique. Des héros très attachants, d’autres plus troubles, un environnement empreint des températures québécoises sur fond de magouille financière. L’auteur a mis 30 ans à sortir ce premier roman, j’espère ne pas attendre 30 nouvelles années pour connaître la suite des aventures de ce duo d’enquêteurs.
    J’aurai pensé que les origines de Joe auraient d’avantage transparu dans son mode de fonctionnement, à moins que son souci du détail soit justement un héritage car, s’il est un point original dans cette histoire, telle qu’elle nous est contée, c’est bien le souci de l’hyper précision. Je ne me souviens pas avoir lu des descriptions de lieux ou de scènes de crime à ce point méticuleusement rapportées.

    25/07/2015 à 11:01

  • Le Songe de l'astronome

    Thierry Bourcy, François-Henri Soulié

    8/10 Il y a de l’Agatha Christie dans la façon dont Kassov et son neveu Mattheus vont devoir résoudre l’énigme que représentent les assassinats en cascade à la cour de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, dans son château de Prague : un huis clos au début du XVIIème siècle, où l’inquisiteur Bellarmin vient vérifier l’orthodoxie des thèses de l’astronome Tycho Brahé. En effet nous sommes encore au temps où la Terre est le centre de l’univers et Copernic quoique inspiré, ne fait pas encore l’unanimité : géocentrisme ou héliocentrisme … c’est la question. Les joyeuses agapes sont donc perturbées par les empoisonnements et autre défenestration, au milieu d’une « faune » bigarrée, mêlant des espions à la solde de la couronne d’Angleterre, une diva et son maître de chant, un assistant de l’inquisiteur friand de jeune lingère, un nain, un empereur libertin, un peintre proche de la déchéance et un ambassadeur douteux, ….
    Un roman dépaysant et riche de références historiques qui se lit facilement et laisse un agréable goût d’exotisme.

    24/08/2016 à 13:21 7