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Seules les bêtes
9/10 Une histoire de gens qui caussent... Il y a ceux qui caussent pour deux, ceux qui ne caussent plus, ceux qui caussent pour rien dire, ceux qui caussent trop... Colin Niel causse en lieu et place de tous ces gens-là, dans son roman choral, et le fait plutôt très bien...
Il se glisse dans la peau, et la tête, d'une multitude de personnages, différents en genre et en ombres : de faux méchant(e)s en vrais gentil(hommes) , tous et toutes victimes d'illusions déçues, il donne à lire des parcelles d'une vérité que tout le monde croit détenir, mais qui vous file, à chaque coup, entre les doigts... Une vérité sur nous-mêmes et notre époque, promptes à juger et condamner sur des apparences souvent trompeuses, une vérité si Énorme qu'elle aboutira à cette version dramatique de l'amour est dans le presque...09/09/2018 à 20:42 11
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Possession
7/10 Ce n'est finalement pas tant dans le gore, et l'ultra spectaculaire, que dans la coulisse, ou le développement d'intentions différentes de celles que l'on prête généralement à ce genre, qu'il faut chercher l'intérêt de cette histoire...
Que ce soit l'idée maligne, sans mauvais jeu de mots, qui consiste à introduire, en guise de paravent critique, ce " blog de la survivante", pour désamorcer les reproches qui ne manqueront pas d'être faits à propos de la véracité réelle, ou avérée, du cas de possession...
Ou bien celle de l'auteur, s'évertuant à brocarder le concept de reality show, qui vient dénaturer la réalité profonde de ce qui arrive à la famille, dans la manière qu'il a de réinterprèter les évènements pour les rendre spectaculaires, et alors, de fausser la donne...
Finalement, c'est dans l'incertitude qui domine, celle de ne pas savoir si tout est vrai, ou joué, si il y a possession ou manipulation, que se niche tout l'enjeu d'un roman, qui vous emmène là où on ne l'attend pas...05/09/2018 à 22:25 8
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Charybde et Scylla
8/10 Petite excursion réussie dans le domaine de la science-fiction pour Franck Thilliez, où son sens du suspense et son goût pour les faux-semblants se marient pour le mieux, afin de nous faire réfléchir sur la condition de ces êtres de papier, indissociables de la réussite de leurs auteurs...
30/08/2018 à 10:48 5
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Le Mal en Elle
8/10 Comme l'interdit et le sulfureux collent aux basques de la belle Prisca, il y a quelque chose de magnétique et d'impénétrable qui nous pousse à vouloir connaître le fin mot de cette histoire d'amante maudite...
Si le mal est en elle, le bien, voire le très bien, est en Mathieu Biasotto, avec cette intrigue renversante et souverainement troussée ...
La façon qu'il a de construire son récit masque jusqu'à la fin l'effroyable diablerie qui se joue, et accélère notre rythme cardiaque de manière perfide...
J'aime ce jeu du chat et de la souris, qu'il instaure au fil des pages, entre ses personnages, mais aussi avec son lecteur, qui doute de la voix à emprunter...
J'ai hâte d'explorer très prochainement encore un peu plus son univers, proche à mon goût de la galaxie d'une autre étoile du thriller, Karine Giebel...29/08/2018 à 20:03 5
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Venge-Moi
9/10 De cette première rencontre avec la plume de Patrick Cauvin, orienté par l'avis d'Ironheart, j'en ressors ébouriffé, euphorique et ravi...
Une sensibilité, une manière de raconter la vie qui, paradoxalement, et parce qu'il nous parle des choix difficiles auxquelles l'existence nous confronte, nous émeut et nous stimule à la fois, de savoir que nous ne sommes pas seuls à douter, nous rassure quant à nos imperfections, nous apaise quant à nos indécisions...
Un texte écrit simplement, avec des mots justes et forts, qui donne toute sa valeur au potentiel de l'écrit et au talent de celui qui sait en tirer sa quintessence, ou quand éloquence rime avec élégance...
Au fond, Patrick Cauvin nous parle de la difficulté d'être nous-mêmes, faillibles et terriblement humains...22/08/2018 à 20:29 10
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Hôtel du Grand Cerf
6/10 Vertigo Kulbertus, un blaze à faire tourner les têtes... Manque de bol, un physique plus proche du bibendum que de Bieber, et la fibre pantagruélique plus que patriotique... Personnage principal du roman de Franz Bartelt, ce policier, à la verve rabelaisienne, se révèle rapidement déconcertant, et à force de baffrer à longueur de pages, donne l'envie de le biffer... Original, cocasse de prime abord, très vite, ses méthodes d'investigation déroutent non seulement les habitants du petit village de Reugny, mais agacent aussi l'humble lecteur que je suis, hermétique aux digressions anatomiques ou gastronomiques, dubitatif devant cet énergumène assez horripilant, qui nous rejoue la Grande Bouffe à la sauce Chabrol, sans que l'on saisisse toujours le pourquoi du comment...
Et si le découragement en vient à pointer le bout de son nez, c'est, me concernant, le personnage de Kulbertus le principal responsable...
Paradoxalement, et bien peuplé qu'il est, l'Hôtel du Grand Cerf, tout comme le roman qui porte son nom, mérite néanmoins que l'on s'y arrête, pour son intrigue qui finit par sortir du bois, et ses seconds couteaux plus affûtés, au sens propre comme au figuré, que Mr Vertigo...
20/08/2018 à 17:33 4
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Sa Majesté des Ombres
8/10 On ne peut que trouver "stupéfiant" l'aboutissement du dernier Ghislain Gilberti, qui pousse le thriller dans ses derniers retranchements, lui donnant une dimension sérielle digne des plus grosses productions de la petite lucarne, à la seule force de ses mo(r)ts...
Une première partie qui se heurte aux limites du genre feuilletonesque : puisqu'il s'agit d'une épopée, d'une trilogie, il est presque malhonnête de juger ce recueil seul, car comme toute série, chaque épisode se mesure à à l'aune de l'ensemble, pour ce qu'il représente, et la façon dont il sert l'unité... C'est pourquoi il faut alors juger différemment, et faire fi des défauts inhérents à ce type de projet, comme la mise en place, beaucoup plus ambitieuse de cette intrigue, qui retarde forcément l'envol, pour se focaliser sur les tenants et les aboutissants d'une entrée en matière comme celle-ci... Des personnages tous plus borderline les uns que les autres, que Gilberti parvient à rendre crédibles néanmoins, sans verser dans l'outrance; un méta-univers policier, dans lequel la masse d'informations ne noie à aucun moment le lecteur, mais s'avère, plutôt, une bouée efficace pour nager avec les requins et le menu fretin qui peuplent ces fonds-là...
En un mot, une fresque grandiose, dont les cent dernières pages posent les problématiques futures et donnent peut-être la véritable raison d'être de cette incroyable immersion dans le monde des ombres...12/08/2018 à 12:12 10
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Hortense
6/10 Expert brouille la frontière entre détresse et folie, avec ce portrait d'une mère éplorée, dont on peut se demander si elle fabule ou si sa douleur est réelle...
Les livres que j'ai lu de cet auteur ne m'ayant pas particulièrement transporté, j'avoue que j'ai eu quelque réticence à accorder ma confiance à ces paroles d'Expert, mais je dois reconnaître, sur ce coup-là, sa réussite en ce qui concerne le réalisme apporté à la psychologie des principaux protagonistes...
Même si je peux déplorer les quelques longueurs rédhibitoires, petit péché mignon de l'auteur, qui privent le roman d'un rythme et d'une tension plus fortes... D'autant plus que j'avais anticipé le coup de théâtre final dès les premiers pages... Néanmoins, une lecture pas désagréable, ni transcendante...31/07/2018 à 20:44 6
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Là où vivent les loups
9/10 Au milieu d'un troupeau de joyeux drilles et de tristes sires, Laurent Guillaume choisit comme mâle (pré)dominant un anti-héros gouailleur et misanthrope, que le caractère outrancier nous rend presque immédiatement attachant, un peu comme l'imbuvable Merlicht, né sous la plume de Nicolas Lebel... Dans les moments de la vie quotidienne, comme dans les scènes d'investigation, Laurent Guillaume trouve le mot juste, et nous narre, avec bonheur et humour, les mésaventures de ce drôle de spécimen...
Plus que l'air régénérant des sommets alpins, c'est par la plume caustique et goguenarde de l'auteur, qui propose ici une alternative convaincante aux polars urbains, gavés de super-flics infaillibles, que passe ce courant de sympathie, qui vous rafraîchira tout du long de votre lecture...28/07/2018 à 19:26 10
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Quelque part avant l'enfer
7/10 Tackian entretient le doute et l'angoisse tout le long de ce thriller indécis pour livrer, au bout du tunnel, sa révélation infernale...
Adepte des aventures de Tomar Khan, et friand de celles d'Alex Hugo, j'ai voulu voir comment tout avait commencé pour Nico Tackian... Avec son premier roman, on reste en territoire connu : des personnages attachants, une intrigue, alléchante et qui flirte avec le fantastique... Néanmoins, ici, l'expérience montre quelques limites : des incohérences dans le déroulement de l'action, et surtout, une résolution de l'intrigue comme sortie du néant, qui intervient spectaculairement, et de façon assez artificielle, après un tâtonnement qui aura duré quelques 300 pages...28/07/2018 à 19:25 5
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Les Fantômes de Manhattan
9/10 Il y a deux histoires dans l'histoire que nous raconte RJ Ellory : celle, collective, de l'envers du rêve Américain, et celle, individuelle, de l'envers d'un rêve de vie fantasmée...
Les personnages de cette ghost story se débattent dans une existence biaisée par la vision de leur rapport à l'autre, ectoplasmes solitaires recherchant la complétude, affranchis des convenances, éprouvant le spectre de toutes les émotions terrestres,et douloureusement seuls... Un portrait de femme d'une grande acuité, sensible et touchant, une quête empathique effrénée, un questionnement à propos de ce qui nous (re)lie les uns aux autres...
Et même si plane sur le manuscrit servant de fil rouge à cette intrigue, des réminiscences de quelques-uns de ses précédents romans, notamment Vendetta, RJ Ellory lui donne une telle force de conviction, un tel engouement, une telle épaisseur, qu'il confère presque à lui seul sa qualité au livre, et donne, au final, un poids indéniable au dénouement, incroyable, ressuscitant ceux de ses meilleurs œuvres...28/07/2018 à 19:24 7
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Réveille-toi !
8/10 François-Xavier Dillard construit son récit comme un électrochoc, alternant séquences oniriques, à haute tension, et phases d'observation, toutes en descriptions et analyses, en un crescendo dramatique absolument captivant...
Ça se rapproche un peu de ce qu'ont pu faire Camut et Hug, quelque part entre les Voies de l'ombre et W3, l'ambition de marier les genres, d'établir un pont entre des thématiques aussi variées que la science-fiction, la psychanalyse, le fantastique ...
Même si, comme à son habitude, il s'évertue à déshabiller de leurs oripeaux traumatiques chacun de ses personnages, pour mieux les incarner, et dresser un portrait de famille(s) hantées par ces monstres domestiques, d'une effroyable humanité ...28/07/2018 à 19:23 5
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Dernier été pour Lisa
8/10 Quand on fait le choix de lire un roman de Valentin Musso, c'est souvent pour la promesse d'un auteur capable de se renouveler d'un livre à l'autre, d'aborder différents genres, avec souvent la même réussite...
Sur une trame très "Joël Dickerienne", il répond aux exigences du cahier des charges, tout en parvenant à insuffler à ses personnages ce supplément d'âme, cette prégnance charnelle, qui tire son roman de l'ennui et du redondant...
À partir d'une intrigue somme toute commune, sa manière de nous raconter des histoires prend le dessus, et le chemin qu'il dessine, plus tortueux qu'il n'y paraît de prime abord, nous mène imperceptiblement vers une espèce de crépuscule émotionnel, fin de règne de l'amitié perdue, passerelle ténue et cathartique, liant l'adolescence à l'âge adulte...28/07/2018 à 19:22 6
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Par accident
7/10 Une affaire que n'aurait pas renié Myron Bolitar, mais dont se sert Harlan Coben pour introduire un nouveau personnage ( récurrent ?), version francophile du privé cynique, ex-champion de basket universitaire, un certain Napoléon Dumas... Fidèle à lui-même, et au principe de misdirection, cher à tous les prestidigitateurs, il déploie son écran de fumée pendant une bonne partie du roman, pour mieux nous surprendre au final, et même s'il parvient encore à nous tenir en haleine, le procédé pourrait finir par s'éventer à la longue...
28/07/2018 à 19:21 4
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Une autre histoire
4/10 Dans les années 80, Gérard Blanc chantait : " Et on démarre une autre histoire..." Le problème, c'est que cette Autre Histoire-là ne démarre jamais... J'ai l'impression que l'enjeu du roman est quelque part sabordé par une absence de gradation dramatique, un suspense factice, que la construction tente de rendre retentissant, mais qui ne m'a jamais accroché...
Le style de l'auteure ne change malheureusement guère la donne, et contribue plutôt, selon moi, à l'enlisement de l'intrigue : assez passe-partout, et finalement sans relief particulier...
Même ses personnages en deviennent soit horripilants, soit caricaturaux...
05/07/2018 à 21:37 5
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Les Jumeaux de Piolenc
7/10 Adoubé par Michel Bussi himself, ce cold case au suspense diabolique se révèlera la lecture idéale pour vos vacances... Pas de surenchère dans l'hémoglobine, pas de serial killer détraqué, ce qui est fascinant ici, c'est ce basculement qui s'opère chez le lecteur, comme chez le personnage principal, vers l'acceptation d'une réalité hors normes, littéralement, qui nous émeut et nous glace à la fois... La conviction qui s'étiole au fil des pages, le doute qui vient vous chatouiller le cortex, l'indécision qui gagne du terrain, l'enchaînement des événements va mettre votre jugement à rude épreuve... Un thriller qui a, en plus, le mérite de traiter le thème de la gémellité sous un angle inhabituel, sensible et subtil...
25/06/2018 à 15:16 10
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La Nuit de l'ogre
9/10 La mort lui va si bien... Nerveux, sombre et maîtrisé, le dernier Bauwen passe la mort au révélateur, en l'exposant sous ses plus beaux atours, pour mieux titiller notre curiosité morbide...
Ses tirs de carabin font mouche, particulièrement lorsqu'il mêle anecdotes touchant à son expérience de praticien, et mythologie du monde médical... Sa nuit de l'ogre sait nous tenir en éveil, sans qu'il lui ait besoin d'avoir recours à quelque artifice que ce soit ; il fait la lumière sur les zones d'ombre de ses personnages principaux, leur conférant par là même une épaisseur dramatique et empathique, touchante autant qu'addictive...
Un conte macabre, que l'exposition du personnage de super méchant tire plutôt vers le Oh, plus inquiétant que ne l'était le Chien lors de la précédente aventure, et dont les connexions, établies entre les différents rouages de l'intrigue, développent un contrôle du récit tout en souplesse...
Et dans l'attente du prochain festin, les dernières lignes, qui posent les jalons du prochain tome, sont là pour nous ouvrir l'appétit...17/06/2018 à 21:11 8
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La Maison où je suis mort autrefois
5/10 De battre mon cœur s'est arrêté... Contrairement à l'héroïne de ce drôle de roman noir, je suis resté sur le seuil de cette drôle de bicoque, hantée par le souvenir d'événements funestes... Un style quelconque, une émotion qui ne vient pas, une neutralité formelle, associée à une intrigue qui sait vous prendre par la main, mais qu'on finit par lâcher, à force de paraphrases et de dialogues décousus... Pour moi, ce fut plutôt " Le livre où je me suis perdu autrefois"...
07/06/2018 à 23:07 5
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La Terre des morts
7/10 Avec son diptyque africain, Lontano et Congo Requiem, Jean-Christophe Grangé avait su rallumer le désir, et j'attendais tout naturellement que son nouvel opus, annoncé comme sulfureux, me donne un gros coup de chaud, voire un coup de cœur...
La partie de plaisir s'est d'abord muée en mauvais coup... En cause: des préliminaires ratés, et cette intrigue saucissonnée, ligotée dans sa première partie par un traitement assez sage de l'aspect SM et des autres déviances sexuelles, comparé, par exemple, à la subversion d'un Sénécal... J'aurais aimé de la part du taulier du polar hexagonal une approche un peu moins routinière, un peu plus trash, surtout quand on sait qu'en amour, c'est la routine qui tue tout...
Mais dans un second temps, le pouvoir de séduction de Grangé reprend le dessus, dans la façon qu'il a de prendre son public à contre-pied, dans son art consommé de mener son récit, et même si on se demande jusqu'à quel point il poussera le vice de l'abracadabrantesque, quand l'enquête originale se transforme en quête originelle, on se prête de bonne guerre au cocufiage, en acceptant de fermer les yeux sur les écarts de conduite de l'auteur...
Au final, une lecture pas orgasmique, un démarrage plus passif que lascif, mais un thriller à conseiller tout de même à tous les hédonistes du polar, sans craindre la débandade...
04/06/2018 à 20:38 9
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L'Appât
8/10 La tentation était grande de mordre à l'hameçon du second thriller de Daniel Cole...
Un prolongement à l'affaire Ragdoll, avec toujours cette faculté stupéfiante qu'a l'auteur d'imaginer des scènes de crime totalement incroyables, quelque part entre Saw et Seven, avec le risque inhérent que l'exagération ne fasse basculer l'histoire du côté de l'improbable... Ici, personnellement, cela ne m'a pas dérangé de prendre les messies pour des lanternes, même si l'arrière-plan religieux n'est pas des plus aboutis... Les personnages secondaires sont imbuvables, mais les passes d'armes entre Baxter et Roche, plutôt réussies, maintiennent le récit à flot...
Au final, pas de pêche miraculeuse, mais la sensation tenace que l'auteur a réussi son coup, à savoir me prendre dans ses filets...23/05/2018 à 21:15 7