jackbauer

702 votes

  • Sauf

    Hervé Commère

    7/10 Sur les ruines d'un passé consumé, Hervé Commère pousse son personnage principal vers l'acceptation d'une destinée tronquée, à la découverte de ses racines...
    Tout de suite, on est cueillis par l'estampille Commère, comme on pourrait parler d'un label, ou d'une AOC : auteur obligeamment charitable...
    Avec l'intime en abscisse, et l'affect en (dés)ordonnée, Hervé Commère envisage un nouvel algorithme humaniste : quand le point d'origine est faussé, peut-on s'imaginer que la trajectoire de nos existences soit réellement la bonne, l'unique ?
    Un récit profondément altruiste, hédoniste, une histoire de famille qui invite les grands gamins que nous sommes à lever le camp, affronter nos tempêtes ( intérieures), pour se détacher de ce que nous avons été, devenir un individu à part entière, et rejoindre la rive du monde des adultes... Sain et SAUF...

    05/04/2018 à 20:09 10

  • Roma

    Mirko Zilahy

    6/10 Après les réussites Barbato, Carrisi et Dazieri, la Botte trébuche, avec ce thriller austère, aux allures de masterclass pour profilers émérites... Alléchante 4ème de couverture, qui ne tient pas ses engagements... Une atmosphère humide, dans lequel le lecteur patauge, la faute à une intrigue un poil trop didactique, un manque évident d'interaction entre le groupe d'enquêteurs et le tueur, une politique d'évitement, frustrante sur la longueur...
    Sous ce ciel de plomb, viennent percer ça et là quelques éclaircies, comme le profil atypique de ses personnages, dont celui de ce superflic malgré lui, en état de désespérance annoncé, au sacerdoce douloureux...
    Peut-être la raison qui me poussera à donner sa chance au prochain Mirko Zilahy...

    02/04/2018 à 12:45 5

  • Passager 23

    Sebastian Fitzek

    5/10 Les intrigues de Sébastian Fitzek sont comme ces palaces flottants qui servent de décor à sa dernière histoire : plus c'est énorme, plus ça doit être efficace...
    En ce qui le concerne, la mécanique du cliffhanger importe plus que le style ou la plausibilité de son récit, et il faut lui reconnaître cette incroyable capacité à inventer des rebondissements qui nous submergent, parfois au-delà de toute vraisemblance...
    Mais en lisant Passager 23, j'ai une fois encore l'impression d'être un passager clandestin à bord de son histoire...
    Chez lui, la traversée se fait à marée basse ; une lecture laborieuse, basée sur ce postulat qu'il faut sans cesse époustoufler le lecteur, quitte, une fois encore, à sacrifier l'épaisseur des personnages, ou une véritable progression dramatique, et dont le plaisir, du moins me concernant, est absent, car noyé sous ces improbables twists successifs...
    Alors oui, on tourne les pages consciencieusement, oui, il m'arrive d'être surpris par quelques " trouvailles", mais passé la salle des machines, le séjour s'éternise, et le voyage perd de son intérêt...
    Finalement, une fois encore, je reste à quai...

    27/03/2018 à 08:46 12

  • La Voix secrète

    Michaël Mention

    7/10 Dans la catégorie polar historique, Michael Mention fait entendre sa voix, et nous prouve que son talent sait s'affranchir, comme à chaque fois, des codes du genre... Sans renier son style si caractéristique, il relate les faits au passé recomposé, ressuscitant les odeurs, les sons et les couleurs d'une époque séditieuse et tourmentée... On traverse cette parenthèse historique comme son personnage principal, anti-héros patenté : l'esprit embrumé par l'effervescence de son intrigue, flatté d'un intérêt sincère qui ne se prolongera malheureusement pas au-delà des dernières pages...

    22/03/2018 à 16:35 8

  • Boréal

    Sonja Delzongle

    7/10 C'est l'horreur boréale qui se lève sur la nouvelle histoire de Sonja Delzongle... Un récit comme un iceberg, dont la partie immergée, qui ne se livre qu'au compte-gouttes, se révèle d'une redoutable efficacité, souvent à contre-courant de ce à quoi le lecteur peut s'attendre, même si le volet britannique de l'intrigue peut apparaître comme superfétatoire...
    Des personnages sous ( hautes ) pressions, une sorte de Dix petits nègres au Groenland, un aréopage de caractères bien trempés confronté à l'indicible...
    Ce polar polaire résonne des références à John Carpenter et se décline comme un roman de la survivance, où la bestialité des pratiques ataviques nous renvoie en pleine face (nord) la cruauté et l'égocentrisme de notre monde moderne, quand se répondent rituels contre nature et agressions contre Nature ...
    L'auteure nous livre alors des pages d'une atrocité glaciale en décrivant le calvaire de ses protagonistes, et dénonçant le côté obscur de l'humain, illustrant ainsi la phrase de Hobbes " L'homme est un loup pour l'homme" ...

    21/03/2018 à 10:08 6

  • Irrévocable

    Andreas Pflüger

    6/10 Un prologue à la Mission Impossible, et l'on se dit qu'on est partis pour un thriller d'action survitaminé, mené à un rythme effréné... Malheureusement, la suite des réjouissances n'est pas du calibre de cette entame punchy ; une intrigue suffisamment retorse pour accaparer toute notre attention, mais trop de moments d'intériorisation et des secousses temporelles qui cassent l'emballement narratif... Je me suis trop souvent retrouvé à faire le grand écart, frustré par une espèce d'ascenseur émotionnel, généré par l'alternance préjudiciable de pics de tension formidablement anxiogènes et palpitants, et des séquences introspectives atones...
    En définitive, un thriller d'action où le cérébral prend un peu trop le pas sur le mouvement...

    17/03/2018 à 17:08 5

  • Dark Net

    Benjamin Percy

    7/10 Un joyeux foutoir réjouissant, comme souvent avec les éditions Super 8... Un vrai choix éditorial, une littérature de genre(s), avec le risque de ne pas plaire à tout le monde... Ici, un peu de Constantine, un peu de Sos Fantômes, pas mal de Matrix, des personnages incarnés, et une histoire en roue libre, sans beaucoup de rapport avec le pitch de la quatrième de couv'... Ça parle de religion, d'êtres malfaisants, ça sonne très comics, et ça fonctionne plutôt pas mal, car l'enchaînement des événements ne nous laisse pas le temps de gamberger... S'affiche, en creux, une critique de notre société connectée, et de cette dépendance à ces écrans, qui régissent nos vies ; Internet, comme le réceptacle de nos déviances les plus folles, personnage à part entière, portail numérique vers l'aliénation des masses, plate-forme protéiforme tissant sa toile, et nous captant dans ses réseaux...

    11/03/2018 à 19:53 4

  • T'en souviens-tu, mon Anaïs ?

    Michel Bussi

    7/10 Petites parenthèses apéritives, ces nouvelles de Michel Bussi permettent à l'auteur de démontrer que l'art de la chute dépend de l'élan qu'il met à convaincre le lecteur que ce n'est pas tant le chemin, que la mise en place d'une ambiance, d'un contexte, qui garantit le succès de son histoire, indépendamment de la longueur de celle-ci... Pétillante nostalgie, ou mordante ironie, point besoin d'hémoglobine pour tapisser les pages de ses récits, et démontrer un talent de conteur intarissable...

    01/03/2018 à 22:23 4

  • Ce pays qu'on assassine

    Gilles Vincent

    7/10 Comme souvent, avec Gilles Vincent, le militantisme affirmé de l'auteur se manifeste dans les combats que s'en vont livrer ses héroïnes...
    J'ai pensé à ces films policiers des années 80, genre " Le Professionnel" ou " I comme Icare", ceux où le héros, en butte à sa hiérarchie, et aux pouvoirs en place, finit par rentrer dans le rang, de gré ou de force...
    Quand la raison d'Etat devient bâillon judiciaire, ses personnages n'ont d'autre choix que de courber l'échine, et plutôt que de sombrer dans une résignation qui colle à l'époque, Gilles Vincent laisse filtrer quelques promesses de meilleur, à l'horizon des prochaines échéances...

    27/02/2018 à 23:46 6

  • Retour à Duncan's Creek

    Nicolas Zeimet

    7/10 Comme Nicolas Zeimet, lancé sur l'autoroute des souvenirs, choisissez l'itinéraire bis, celui des chemins de traverse et des impasses de jeunesse...
    Au carrefour des ambitions déçues et des amitiés tronquées, empruntez la voie rapide des regrets, sans trop vous y attarder, et tournez en rond, sans vous appitoyer sur vous-mêmes... Continuez toujours tout droit, pour arriver au terminus des désillusions...
    J'étais prêt à prendre la place du mort pour assister à cet émouvant adieu à la jeunesse perdue, et pourtant, je suis resté sur le bord de la route une bonne partie du trajet... La faute à une alternance temporelle, qui dilue le rythme, les moments présents étant clairement en dessous des épisodes passées..
    Des longueurs donc, malgré quelques bons moments, mais surtout le sentiment que, n'ayant pas lu " Seuls les vautours" avant, il me manque quelque chose, un contexte, un environnement, une vue d'ensemble des événements antérieurs à cette histoire, pour réellement m'attacher à cette chronique adulescente du temps qui passe...
    Peut-être que sa plus belle réussite finalement, ait été de me donner envie de rattraper, moi aussi, le temps perdu, comme ses personnages, en me plongeant dans "Seuls les vautours"...

    23/02/2018 à 19:12 4

  • L'Homme craie

    C. J. Tudor

    9/10 Une bande de pré ados, des meurtres, un passé amer qui se dilue dans un présent acide...
    Un récit qui sentait bon la copie, mais que le talent, et la prose, de C.J Tudor commuent en un tableau brillant sur la sortie de l'enfance, et la perte d'une certaine candeur...
    Rien ne se craie, tout se transforme : l'expérience délicate du passage à l'âge adulte, les responsabilités qui en résultent , les choix que l'on fait, ou pas, cette effervescence métaphysique qui nous fait grandir, tout ça est formidablement retranscrit, et sonne terriblement vrai avec les maux d'une histoire au suspense pantelant...

    11/02/2018 à 23:00 11

  • Juste après la vague

    Sandrine Collette

    8/10 On ne peut reprocher à Sandrine Collette d'être fidèle à elle-même, et ce, contre vents et raz-de-marée... Placés dans des situations toujours plus intolérables, ses personnages sont contraints d'abdiquer toute forme d'humanité, pour régresser vers une sorte d'animalité primitive et ancestrale. ..
    Un credo : survivre , obsédés par un duel intérieur permanent, entre conserver figure humaine, et l'envie de céder à ses plus bas instincts... Ici, les protagonistes sont physiquement sommés de faire ce choix, puisqu'engagés dans un processus irréversible... Plus que jamais, ses personnages restent fiers et durs au mal ; naufragés malgré eux, ils entament une traversée d'un désert des Tartares liquide, à partir de laquelle l'attente et l'immobilisme sont tout aussi prégnants... En somme, une version maritime du Petit Poucet, un conte théologique, où la foi en l'autre peut déplacer des océans ; Sandrine Collette surfe sur la vague d'un talent indéniable, dont l'écume n'est pas prête de retomber...

    06/02/2018 à 17:51 12

  • 7 / 13

    Jacques Saussey

    8/10 Ce qui distingue une histoire moyenne, voire ratée, d'une bonne, voire très bonne histoire, c'est, en ce qui me concerne, et pour une très grande partie, l'attachement que l'on porte aux personnages, l'empathie que l'on éprouve, à travers les épreuves qu'il(s) traverse(nt), la possibilité de les voir grandir, et évoluer, un peu comme dans ces feuilletons cathodiques qui prennent le temps de donner du relief et de la consistance à ceux-ci...
    Une connexion qui ne peut s'établir que sur le long terme, par le biais de ces épopées au long cours, de celles qui mettent régulièrement en scène les mêmes protagonistes, quand chacun des épisodes dessine de façon plus intime encore le profil du héros...
    La série des aventures du couple Magne / Heslin, née de la plume de Jacques Saussey, et dont 7/13 est le dernier avatar, fait partie de ces séries qui se bonifient avec le temps...
    Après le virage amorcé dans " La Pieuvre", Jacques Saussey bat l'enfer tant qu'il est chaud, en déroulant les répercussions post-traumatiques des événements du dernier opus, qui s'inscrivent ici en filigrane d'une intrigue plus roublarde qu'elle n'en a l'air..
    Un air de jazz venu d'outre-Atlantique, comme une oraison funeste, trait d'union " Entre deux mondes", quand l'auteur lorgne gentiment du côté du dernier Norek...
    L'enquête dans l'enquête, au sujet d'un fait historique méconnu, et sujet à caution, termine de rendre ce 7/13 particulièrement séduisant...

    02/02/2018 à 09:10 8

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    7/10 La figure de proue du nouvel ouvrage de Nico Tackian n'est-il pas davantage le démon intérieur qui ronge le commandant Khan, plutôt que cet insaisissable spectre, après lequel lui et son groupe passent leur temps à courir ?? C'est toute la problématique de ce Fantazmë, à savoir que le combat que mène Tomar contre lui-même, contre ce qu'il est, ou ce qu'il risque de devenir, cette tentative pour échapper à ce géniteur omniprésent, s'avère, au final, beaucoup plus intéressant que la quête du mystérieux redresseur de torts... Le côté investigation du roman n'est, in fine, qu'une toile de fond sur laquelle dérivent les ombres venant s'accrocher aux basques du personnage principal de Tackian...

    26/01/2018 à 20:53 7

  • Couleurs de l'incendie

    Pierre Lemaitre

    7/10 Qu'il a été long à ranimer le brasier d'enthousiasme, entretenu par ma lecture d'"Au revoir là-haut"...Passées les quelques flammèches et autres escarbilles d'une ouverture de roman longue comme une phrase du petit Paul Péricourt, l'effet conjugué du talent inégalable de conteur de Pierre Lemaitre et de la mécanique toute Monte Christienne de la revanche prise par Madeleine va finir par mettre le feu aux poudres... C'est alors que l'on va assister, à grands renforts de feux et de contre-feux, à la chronique débridée d'une résurrection bourgeoise, à la veille de l'incendie belliqueux qui va ravager l'Europe... Il a néanmoins manqué à cette belle composition historique quelque chose de la fougue et de la folie du volume précédent; moins baroque, plus sage, d'une résonance très forte avec l'actualité récente ( fraude fiscale, crise économique, trafic d'influence...), en dépit d'une symétrie trop prononcée avec son volet précédent, et inextricablement mêlé au bouillonnement politique de l'époque, Lemaitre signe, malgré tout, une œuvre flamboyante, et prouve que sa réussite dans le genre n'est pas qu'un feu de paille...

    22/01/2018 à 22:42 15

  • Comme de longs échos

    Elena Piacentini

    8/10 Comme de longs échos résonne des drames d'une humanité retorse et perverse, de ceux qui peuplent la rubrique des faits divers, et dont on se demande constamment qui, de la réalité ou de la fiction, fournit matière à l'autre...
    Ici, exaltés par la griffe Piacentini, ils prennent un tour tragiquement lyrique, quand la sombre rudesse des actes, tempérée par le sacerdoce blasé de ses personnages, conduit à l'inimaginable, voire l'innommable...
    Soufflé par l'esthétique littéraire et la prévenance apportée à sa brigade, l'aspect familial de son équipage fixe rendez-vous au lecteur pour de nouvelles révélations, comme gage de nouveaux plaisirs de lecture...

    07/01/2018 à 11:30 5

  • Un moindre mal

    Joe Flanagan

    6/10 Totalement d'accord avec OttisToole... Une histoire qui ne s'apprivoise que tardivement, qui ne se donne pas sans avoir fait un effort de persévérance presque butée, même si je reste moins enthousiaste que lui, concernant la réussite de l'ensemble...

    03/01/2018 à 16:14 5

  • La Pieuvre

    Jacques Saussey

    8/10 Amateurs des aventures du couple Sharko/Hennebelle, penchez-vous rapidement sur le cas Jacques Saussey... Son duo de flics, unis à la ville comme à la scène... de crime, nous fait immanquablement penser au binôme cher à Franck Thilliez... Le caractère sériel de leurs enquêtes rapproche les deux sagas, quand la sphère privée percute de plein fouet la sphère professionnelle, plaçant les personnages dans des situations toujours plus explosives ; mais là où Thilliez expose son tandem aux dérives de la science, et à ses méfaits, Saussey confine ses personnages dans des limites plus cartésiennes, plus judico-judiciaires...
    Malgré un impact dramatique moins intense que celui ressenti à la lecture de " Ne prononcez...", la Pieuvre vous prend dans ses tentacules et resserre son étau d'effroi jusqu'aux dernières lignes...

    29/12/2017 à 10:26 8

  • D'ombre et de silence

    Karine Giebel

    8/10 Il faut avoir le cœur bien accroché, et l'optimisme chevillé au corps, pour garder foi dans le genre humain, malmené et vilipendé tout au long de ces neuf nouvelles ... Un trop-plein de noirceur et de désespoir, un poil caricatural par moments, dans le plus pur style Giebelien... Phrases affûtées comme des lames de rasoir, pour larmes dérisoires, final fatal, toutes ne sont pas toujours réussies , mais chacune ne manquera pas de provoquer le malaise chez le lecteur citoyen...

    18/12/2017 à 20:25 9

  • Hex

    Thomas Olde Heuvelt

    7/10 Un étonnant roman d'horreur, sorte de croisement entre Dôme et le Projet Blair Witch, au potentiel indéniable, et à la conclusion glaçante...
    Combinant le gothique et l'horreur moderne, mêlant traditions et technologie du XXIeme siècle, se rapprochant, par certains de ses aspects, d'une analyse sociologique d'un microcosme soumis à la défiance de l'Etrange(r), le livre de Thomas Olde Heuvelt s'apparente à une mosaïque d'influences, de Stephen King à Night Shyamalan, en passant par Clive Barker... Un patchwork réussi, dont les qualités premières demeurent avant tout la très réussie retranscription du sentiment d'isolement, voire d'isolation de cette petite communauté, ainsi que le caractère de son intrigue, assez déroutant, et délicieusement anachronique...

    17/12/2017 à 20:29 11