jackbauer

717 votes

  • Avis de décès

    Zhou Haohui

    9/10 Un page-turner d'une efficacité admirable, aux frontières du réel, comme ce serial killer insaisissable, et imbattable, adversaire sans visage d'un groupe de super-flics lancé à ses trousses, sans temps mort, ni diversions ornementales...
    Une promesse d'asociabilité, le temps de la centaine de pages que va durer cette enquête qui ne vous laissera aucun répit, l'ambition première de Zhou Haohui étant clairement de vous faire comprendre que rien ne sera plus important dorénavant que la résolution de cette affaire vieille de dix-huit ans, qui a pourri la vie de ceux qui sont de nouveau chargés de la résoudre...
    Et, après avoir lu les premiers paragraphes, la vôtre aussi...
    Le premier thriller chinois de cet auteur traduit en France par les éditions Sonatine, une bonne pioche de plus, l'occasion peut-être d'un nouveau rendez-vous annuel avec les lecteurs, tant le bonhomme semble vouloir être joueur...

    09/08/2019 à 09:56 8

  • Les Lois du ciel

    Grégoire Courtois

    8/10 C'est un récit d'horreur à hauteur d'enfant, et le parti pris de l'auteur d'en faire une espèce de conte moderne et terrifiant, peut ( doit ?) choquer, voire déranger... (Et c'est vrai que la scène du sanglier, ainsi que l'absence de ponctuation, dans un registre complètement différent, m'auront interpellé...)
    Oui, il y a quelque chose de profondément dérangeant dans cette histoire...
    Mais rien de délibérément gratuit je pense...
    L'absence de raison au carnage perpétré est dérangeante, comme peut être dérangeante la violence brute et nihiliste que nous donne à voir Mikael Haneke dans Funny Games, ou Thomas Vinterberg dans Festen...
    L'état de sauvagerie presque animale auquel en est réduit la majeure partie de ces petites têtes blondes est dérangeante, et peut percuter nos consciences, et révolter la part de sociabilité et d'humanité en chacun de nous, mais rejoint finalement la bestialité féroce et sanguinaire à laquelle seront confrontés les personnages du film de Boorman, Délivrance... 
    Mais le plus dérangeant dans tout cela, c'est peut-être de s'apercevoir que toutes les craintes enfantines exprimées ici, toutes les pulsions morbides libérées ici, toutes les peurs fantasmées s'incarnant ici, ont pour origine celui censé représenter le référent en toutes choses aux yeux de l'enfant, l'adulte...

    05/08/2019 à 21:52 5

  • Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle

    Stuart Turton

    10/10 Je tourne ces pages pour la toute première fois...
    Je tourne ces pages pour la toute première fois ( ou bien est-ce la deuxième ?, je ne sais plus ) ...
    Je tourne ces pages une nouvelle fois, déambulant dans ce dédale littéraire, à l'architecture narrative alambiquée, suivant le fil d'Ariane d'une histoire éclatée, dont les fragments ne s'emboîteront qu'au terme d'une expérience de lecture unique...
    Je tourne ces pages prudemment, collectant les indices qui doivent me permettre de résoudre ces mystères...
    Je tourne ces pages fréquemment, relisant la même histoire, ou presque, incarnant les différents avatars d'un personnage principal déboussolé, témoins malgré eux du drame qui va se jouer, comblant les vides au fur et à mesure des réincarnations successives...
    Je tourne ces pages ardemment, désireux de rendre hommage au talent de Stuart Turton, capable de restituer en centaines de pages un effort titanesque de construction littéraire, capable de nous coincer dans sa bulle temporelle romanesque, de celles qu'on ne quitte qu'à regrets...
    Et là, bizarrement, après avoir tourné la dernière de ces pages, et m'être libéré du charme jeté par ce diable de Turton, je n'ai plus qu'une seule envie : tourner d'autres de ses pages...

    04/08/2019 à 21:59 6

  • Le Réveil

    Benoît Minville

    8/10 Si vous aimez Stranger Things, ou Heroes, le dernier roman de Benoît Minville est fait pour vous...
    Si ce n'est pas le cas, laissez vous séduire par le brio de son trio d'ados dingos, qui voit leur destin prendre un tournant extraordinaire, en plein cœur du Morvan...
    À la manière d'un Marcus Sackey, avec sa trilogie des Brillants, il réussit à métamorphoser les pages de son roman, pour lui donner la forme de planches de comics, en faisant naître, dans l'esprit du lecteur, et grâce au pouvoir évocateur de ses mots, les images qu'il ne peut, par la force des choses, que susciter...
    C'est tout l'intérêt de l'exercice, et, in fine, le but vers lequel doit tendre l'auteur de fiction : stimuler l'imaginaire du lecteur, pour transformer les mots en images, la ponctuation en bande-son, s'approprier cette matière pour lui donner une vie intérieure...
    Ses super-héros qui s'ignorent rencontrent, néanmoins, les mêmes problèmes que les jeunes de leur âge, et Minville trouve la distance qu'il faut pour rendre crédibles les conflits auxquels ils se trouvent confrontés, entre problèmes existentiels d'ados, et un monde à sauver...

    29/07/2019 à 17:26 4

  • Double amnésie

    Céline Denjean

    7/10 Même si je n'irais pas jusqu'à qualifier ce " Double amnésie " d'inoubliable, le travail de Céline Denjean mérite que l'on s'y attarde...
    Après un Cheptel de très bonne facture, elle enchaîne avec cette intrigue très fortement ancrée dans le passé de son héroïne principale, dont l'impact psychologique vient jouer un rôle crucial dans la dramaturgie du récit...
    Il faut louer la qualité d'écriture de l'auteure, qui met beaucoup d'application dans sa rhétorique, même si, en contre-partie, son intrigue peut souffrir de longueurs évitables...
    Tout comme les incessants allers et retours dans la chronologie des faits peut désorienter le lecteur, et désamorcer les différentes révélations au sujet d'une enquête à tiroirs, que j'avais personnellement anticipées...
    Il reste néanmoins que je serais attentif aux prochaines publications de Céline Denjean, soucieuse, au sein d'histoires plus ou moins conventionnelles, d'apposer une empreinte particulière, et différente de ce qui peut se faire d'ordinaire, tantôt au niveau de la construction, que des thèmes abordés, pour ne pas tomber... dans l'oubli...

    21/07/2019 à 16:29 7

  • La Bête et la Belle

    Thierry Jonquet

    7/10 Épaté, et appâté, par les critiques laudatives à son sujet, j'ai décidé, moi aussi, de franchir le pas, pour tomber dans l'embuscade tendue par Thierry Jonquet...
    Et si la chute de son histoire nous prend effectivement par surprise, et arrive comme un chien dans un jeu de quilles, elle n'a pas l'effet impérissable d'autres épilogues beaucoup plus marquants, comme celui des Dix petits nègres, ou de Shutter Island, car elle ne remet en perspective qu'une partie du récit, et non l'ensemble, sur lequel demeurent encore certaines zones d'ombre...
    Cela suffit néanmoins largement à mon bonheur de lecteur, et m'incite à tenter prochainement l'aventure Mygale...

    16/07/2019 à 07:27 7

  • Qui a tué l'homme-homard ?

    J.M. Erre

    9/10 En ces fortes périodes de canicule, n'hésitez surtout pas à prendre l'Erre...
    On ne peut qu'en pincer grave pour son génial " Qui a tué l'homme-homard ", parodie affolante du genre policier, qui fracasse les codes, et les références de tous bords, qu'elles soient télévisuelles ou littéraires...
    Un pastiche affectueux et facétieux, qui concilie le fond et la forme, qui marie l'humour à l'humain, qui débine le politiquement correct et ventile les clichés du genre...
    Les freak sont chics, l'héroïne en roue(s) libre, le casting monstrueusement attachant finit de donner à l'ensemble une tonalité étrangement absurde et romanesque...
    Un exercice de style jubilatoire et jouissif, qui donne l'envie de se plonger derechef dans les autres romans de cet auteur méconnu...

    11/07/2019 à 08:26 8

  • Le Chant de l'assassin

    R. J. Ellory

    8/10 Une fois encore, une fois de plus, R.J. Ellory sait accorder sa plume pour nous faire ressentir tout un panel d'émotions, qu'il est l'un des rares à savoir décrire aussi fidèlement, comme si, son âme en bandoulière, il grattait sur les cordes les plus sensibles de son vécu, pour en tirer ces ballades si vibrantes d'authenticité...
    Ce qui est particulièrement sidérant ici, c'est sa capacité, quasi inextinguible, à un moment ou à un autre de son récit, quel que soit notre état moral, mental, ou notre prédisposition à profiter de ce que l'on lit, à insuffler suffisamment de force et de conviction, à aller chercher au plus profond de nous l'empathie nécessaire, pour s'attacher de façon indéfectible à la destinée de ses personnages...
    Pour qui veut entrer dans la danse, il faut savoir se laisser porter par cette petite musique élégiaque, accepter de mettre ses pas dans ceux de ses personnages, et guincher avec eux, dans l'ambiance délétère de rapports familiaux biaisés par l'amour contrarié et le ressentiment vénéneux...
    Du pas de deux fratricide, jusqu'à l'hallali final, en passant par le chœur dissonant d'un passé affligé, ce Chant de l'assassin se classe en très bonne position dans mon hit-parade des meilleurs titres de l'auteur...

    04/07/2019 à 21:54 7

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    9/10 En contrepoint de l'atmosphère saturée de radiations dans laquelle évoluent ses personnages, Morgan Audric nous offre une bouffée d'air frais, par la grâce de cet excellent thriller, qui irradie d'une aura particulière... 
    Pour un livre qui traite principalement de la catastrophe de Tchernobyl, son rayonnement est loin d'être néfaste, et s'explique par le travail de documentation assez époustouflant fourni par l'écrivain, et le suspense savamment distillé tout du long, qui se traduit par un régal de lecture, instantané et immersif...
    Scènes d'une grandeur déchue, théâtres d'un conflit fratricide, il ne sont pas nombreux les auteurs de polars français, pour leur second bouquin, à s'aventurer au milieu des grands espaces déç(h)us de l'ancienne Union soviétique...
    Et de Kiev à Pripiat, en passant par Tchernobyl, Morgan Audric confine le lecteur dans un environnement suffocant, aride, en pleine dévastation nucléaire, en compagnie d'une paire d'enquêteurs éminemment sympathique et pugnace, malgré l'épée de Damocles flottant dans l'atmosphère...
    Le style soyeux de l'auteur, qui conduit son récit sans à-coups, ni excès de vitesse, termine de donner à cette histoire de (très) bonnes raisons de la lire...

    24/06/2019 à 23:04 14

  • Nicolas

    Yomgui Dumont, Franck Thilliez

    6/10 Nouvelle immersion dans la psyché de jeunes ados perturbés, en compagnie d'Esteban et de Tristan, avec ce second volet de la Brigade des cauchemars...
    Si l'histoire centrale, qui voit nos deux jeunes héros être confrontés à l'horreur nucléaire, n'a pas rallié tous mes suffrages, le cliffhanger de malade qui clôt l'épisode promet de sacrées nuits blanches d'ici la parution du numéro trois, prévu pour le mois de septembre...

    23/06/2019 à 18:17 1

  • Sarah

    Yomgui Dumont, Franck Thilliez

    7/10 Avec cette incursion dans le neuvième art, Franck Thilliez ne perd pas sa capacité à façonner un univers singulier, bien au contraire... Le trait du dessinateur Yomgui Dumont colle assez bien à cette réalité onirique, avec le décloisonnement de certaines cases, et l'aspect plutôt ectoplasmique de certains personnages...
    Et même si cette histoire s'adresse en majorité à un public d'ados, en vertu d'un scénario assez gentillet, le plaisir est toujours au rendez-vous...

    23/06/2019 à 16:29 1

  • Cari Mora

    Thomas Harris

    7/10 Le nouveau thriller de Thomas Harris, post-Hannibal Lecter, suscite une sorte d'intérêt distancié, car il pâtit d'une forme de précipitation, qui voit l'auteur enchaîner les séquences, et les péripéties, comme si le temps lui était compté...
    On n'a pas le loisir de réellement s'attacher à ses personnages, que, déjà, ils sont priés de quitter la distribution...
    Dommage, car certains d'entre eux auraient mérité une plus grande considération, voire, que l'histoire se concentre plus spécifiquement sur leur personne...
    En guise de trait d'union entre cette histoire de chasse au trésor et l'univers de son célèbre docteur anthropophage, l'auteur n'omet pas de parsemer son récit d'exactions au sadisme prononcé, ou suggéré, même si, là aussi, le traitement reste superficiel...

    16/06/2019 à 09:14 6

  • L'Inconnue de l'équation

    Xavier Massé

    5/10 Si x est le plaisir pris à tenter de dénouer les fils d'une énigme tordue à souhait, et y les nombreuses libertés prises par l'auteur avec une crédibilité en perdition, alors la formule x moins y ( au carré) synthétise assez bien mon ressenti à l'égard de cette histoire, quelque part entre Usual Suspects et Garde à vue, toutes proportions gardées, bien entendu...
    Au final, l'absence rédhibitoire d'une certaine forme de logique vient invalider le résultat obtenu par Xavier Massé ; c'est bien là son plus gros problème...

    12/06/2019 à 11:24 3

  • Vindicta

    Cédric Sire

    9/10 Ce qui est frappant avec ce polar, c'est le réalisme glaçant avec lequel l'auteur construit son intrigue...
    La violence est terrible, et presque traumatisante, dans son déchaînement, et sa brutalité, quand l'enchaînement des actes, qui conduit à ce déferlement, reste d'une triste trivialité...
    Ici, l'efficacité fait loi, rien n'est gratuit, et quand bien même, on pourrait trouver certaines scènes trop pénibles, le prix à payer, promis aux fautifs, nécessite que l'on s'y confronte...
    Je n'ai pas pu m'empêcher de penser, en lisant Vindicta, à la Chambre des morts, de F. Thilliez, pour ce basculement d'un fait divers tragique vers le sordide, ce glissement du réel, qui précipite des personnages lambdas dans une espèce de réalité alternative, à laquelle rien ne les avait préparés...
    Des personnages bercés d'illusions, en sursis, que la vie a floué, et qui, plutôt que de faire profit bas, préfèrent risquer leur vie, leur carrière, ou leur avenir, pour un hypothétique meilleur...
    Un pari risqué pour ses personnages, mais un challenge formidablement relevé par Cédric Sire qui, en changeant de registre, nous livre un thriller déraisonnablement envoûtant, qui, pour son incroyable mise en scène de la loi du talion, pousse le lecteur à reconnaître en lui la voie du talent...

    11/06/2019 à 15:10 6

  • Le général Enfer

    Alec Covin

    7/10 Une conclusion en demi-teinte pour cette trilogie des Loups...
    L'impression laissée par l'épisode numéro deux se confirme ici... Un début poussif, le sentiment d'être passé à côté de quelque chose de beaucoup plus abouti et effrayant, après la franche réussite du premier volet...
    Quelques fulgurances néanmoins, comme cette collaboration contre nature, ou le fait qu'aucun personnage n'est à l'abri de quitter la scène soudainement...
    Une fin de Loups pas complètement rassasiée, et un twist dont l'auteur aurait pu se passer, confortant le sentiment qui reste après cet affrontement sécessioniste, celui de n'avoir pas voulu choisir son camp...

    07/06/2019 à 23:04 1

  • Etats Primitifs

    Alec Covin

    6/10 Dans les trilogies, souvent, le second volet est pareil au membre de la famille qui doit composer avec un aîné et un cadet : il doit se démarquer pour exister, sous peine d'être transparent...
    Reconnaissons alors à Alec Covin le mérite de tenter quelque chose de complètement différent par rapport aux Loups de Fenryder, pour éviter l'écueil du déjà-vu : tant au niveau du décor, que des protagonistes, il se concentre ici sur l'aspect politique, et presque institutionnel, des Loups, dont les velléités de putsch s'affirment à visage découvert...
    Pourtant, malgré une ambition louable, et sans aller jusqu'à hurler avec les Loups, je n'ai pas retrouvé le même plaisir de lecture que lors du précédent volume...
    Toutes les petites imperfections, déjà constatées dans le premier épisode, mais occultées par une progression dramatique certaine, occupent ici le devant de la scène, la faute à une espèce d'attentisme beaucoup plus marqué...
    La mise en œuvre du grand projet prend trop de temps et pousse l'auteur à combler les trous par des biais narratifs pas toujours crédibles...
    En mêlant les genres, le mélange dérange quand il donne lieu à d'assez mièvres séquences, ou d'obscurs passages socio-psychologiques...
    Il faut attendre la toute fin du roman pour retrouver la veine horrifique qui avait si sombrement irrigué le corps de l'intrigue des Loups de Fenryder, et qui, là, fait défaut...

    02/06/2019 à 10:01 2

  • Les Loups de Fenryder

    Alec Covin

    8/10 Après avoir relu ce roman, découvert il y a quelques années, je me fais la réflexion que les souvenirs qui me sont restés sont à la hauteur de la très bonne impression originelle...
    J'éprouve une fascination assez incroyable pour ce récit d'horreur, apparenté aux écrits de Stephen King ou de Dan Simmons, et à l'efficacité et à l'intérêt imparables...
    Une ambiance anxiogène, et l'ambition d'Alec Covin de ferrailler avec ces auteurs anglo-saxons sur leur propre territoire, à la manière de, de façon complètement assumée et décomplexée...
    Une franche réussite, qui ne se dément pas quelques années après, avec cette seconde lecture...

    24/05/2019 à 23:01 3

  • 11 Juin

    Matthieu Biasotto

    8/10 Rien n'est jamais ce qui paraît être dans les romans de Matthieu Biasotto, hormis l'affection sincère que l'on éprouve pour ces trajectoires fauchées par la vie, la compassion qui modèle ces destinées fracassées...
    L'auteur adore manipuler son monde, en plaçant ses personnages dans des situations qu'ils ont l'illusion d'avoir choisi, et le lecteur en porte à faux, vis-à-vis d'une réalité travestie...
    Son 11 juin a des allures de 1er novembre, cette commémoration du deuil impossible, cette dé(fête) du souvenir...
    Une date à marquer du pire noir pour Maud, celui qu'elle porte, et qui pousse à une vendetta inutile et stérile...
    La souffrance en partage, le soulagement en otage, la justice en rage et la vérité volage : sur l'échéancier du ressenti, l'auteur coche les bonnes cases quand il s'agit de nous faire partager les émotions des acteurs de son récit...
    Avec ce 11 juin, Matthieu Biasotto prend date...

    20/05/2019 à 17:25 4

  • Luca

    Franck Thilliez

    9/10 C'était inéLUCtAble : le règne des machines offre à Franck Thilliez l'occasion de s'affirmer, presque définitivement, comme le grand ordonnateur du thriller scientifique...
    Une enquête policière génialement modifiée, d'où les coupables sont absents, et qui le voit s'intéresser à un sujet qui pourrait paraître délirant, s'il ne s'appuyait sur des données et des faits établis, et si la course au modernisme ne s'effectuait au pas cadencé : une forme de terrorisme connecté, dont nous sommes, à la fois, les victimes et les responsables....
    ADN, GPA, PMA, GAFA... Autant d'initiales qui rendent capitales les nombreuses thématiques abordées, dessinant les contours d'une investigation hypnotique, ne nécessitant aucun GPS...
    En contrepoint de cette perquisition au cœur de l'IA, Thilliez réussit, sans artifice, et avec beaucoup d'intelligence, à nous impliquer émotionnellement au sein du groupe Sharko, plus qu'il ne l'avait jamais fait auparavant...
    Une brigade ( des cauchemars), plus qu'un simple duo, qu'il vient régénérer avec l'arrivée d'un nouveau personnage féminin, à la cuirasse aussi abîmée que celle de ses coéquipiers du 36... 
    En gagnant ses galons d'héritier de l'indéboulonnable Franck Sharko, Nicolas Bellanger occupe le devant de la scène et offre à l'auteur la possibilité d'offrir une retraite dorée à son héros récurrent, un peu comme s'il préparait l'après Sharko / Hennebelle... 
    Avec Luca, Thilliez se permet, s'il était encore possible, d'upgrader son niveau d'exigence pour nous fournir un thriller d'exception...

    16/05/2019 à 22:48 11

  • Les Anges de Babylone

    Ghislain Gilberti

    8/10 On est un peu au milieu du gué avec ce tome 2 de la Trilogie des Ombres...
    Et pour pouvoir rester au sec sans risquer la noyade, il faut trouver le bon équilibre, le rythme de croisière idoine, celui qui renoue les fils avec le précédent opus, sans passer par la case redite...
    C'est un peu le problème de Ghislain Gilberti ici, qui met du temps à nous replonger dans cette tentaculaire histoire, à l'endroit où il nous avait laissés...
    Malgré la politique de la terre brûlée instaurée par les membres de Borderline durant le premier tiers du récit, et les coups d'éclat qui en résultent, je suis resté de marbre durant les deux cents premières pages, qui ressassent et digèrent les événements du précédent volume...
    Et puis, l'arrivée du personnage de Cécile Sanchez vient déboulonner cette entame tiédasse, et régénérer l'histoire, qui prend, alors, une toute autre dimension...
    On ne sort pas indemne de cette guérilla urbaine...
    La distribution non plus, tant du côté des " bons " que des " méchants ", qui voit pleuvoir sur elle un déluge d'abominations, dont on se demande parfois comment elles peuvent tenir dans les limites de la cohérence...
    Mais la cadence enragée tenue par Gilberti force l'emballement, et le final déroutant promet une conclusion volcanique...

    12/05/2019 à 22:51 8