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Les Monstres
7/10 Le propre de ce forum, c'est d'expliquer par des mots notre ressenti de lecteur...
Mais quand, comme ici, l'émotion nous prend de manière si viscérale, comme souvent avec Maud Mayeras, il est difficile de trouver les paroles adéquates...
C'est, une fois encore, à une expérience de vie traumatisée qu'elle nous soumet...
Une histoire qu'elle a l'air de porter en elle depuis longtemps,et qu'elle nous conte à la manière d'une fable dramatique...
Souvent, on dit que la réalité dépasse la fiction ; ici, la fiction légende la réalité...
Mais elle ne la travestit pas ; elle nous place face à nos drames, et nos perversions, sans filtre...
Et c'est sans doute ça le plus dur à supporter...
Pourtant, une fois le choc encaissé, je m'interroge sur ce qui m'aura manqué pour faire basculer cette histoire vers l'inoubliable...
Peut-être le caractère inéluctable des évènements, que l'on pressent très vite...
Sans doute aussi l'absence d'explications qui, si elle ancre un peu plus le récit dans une contemporanéité indéniable, laisse le lecteur frustré, incapable de se raccrocher à quoi que ce soit...
Mais peut-être est-ce là l'effet recherché...16/10/2020 à 22:50 12
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Ténèbres, prenez-moi la main
10/10 Nouveau chapitre des aventures du tandem Kenzie / Gennaro, ce deuxième volet place la barre très haut...
Il existe tellement de romans à découvrir, que je relis très peu les livres que j'ai déjà lu ; dans le cas contraire, la qualité du roman, les émotions procurées, le plaisir éprouvé me ramènent à quelques-uns des spécimens qui ont marqué ma vie de lecteur...
" Ténèbres,... " fait partie de ces pépites qui donnent l'impression de pouvoir être relues indéfiniment sans que le charme n'en soit altéré par le fait de connaître ce qui va s'y passer...
La combinaison habile d'une intrigue percutante, d'une caractérisation empathique et d'un rythme endiablé permet déjà de rallier nos suffrages ; mais, personnellement, le caractère absolu et affligé des évènements qui s'abattent sur nos deux protagonistes, la noirceur assumée qui en découle, et les subtiles références glissées Ça et là, font basculer ce roman du côté de l'inoubliable...11/10/2020 à 21:38 14
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Esteban
Yomgui Dumont, Franck Thilliez
5/10 Petite déception que ce troisième épisode de La Brigade des Cauchemars...
Pas l'impression d'apprendre grand chose de plus sur Esteban, alors que la fin du second volume promettait beaucoup...
Un épisode de transition, qui pose de nouvelles questions, sans pour autant nous surprendre...10/10/2020 à 19:04 2
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Un dernier verre avant la Guerre
7/10 Cela faisait un moment que je voulais reprendre le fil de la série de Dennis Lehane, qui met en scène son couple Kenzie et Gennaro, que j'ai découvert avec " Ténèbres, prenez-moi la main "...
J'ai donc décidé de faire les choses dans l'ordre, et d'entamer la lecture du premier, " Un dernier verre avant la guerre ", pour m'apercevoir, très vite, que tout était déjà là...
Même si l'intrigue, ici, n'a pas la force, ou l'ingéniosité, d'autres, cette première rencontre porte les germes qui expliquent cet attachement immédiat que l'on ressent pour ce binôme, la patte du talent de l'auteur faisant le reste...
Cette relation si particulière qu'ils entretiennent, à la vie, à l'amour, cette désinvolture à la limite du borderline, et l'envie, qui les met systématiquement dans d'inconfortables positions, de jouer les redresseurs de torts, ajoutées à la verve naturelle de Dennis Lehane, apte à ciseler des dialogues d'une ironie mordante, propulsent son duo de duellistes dans les hautes sphères du roman noir contemporain...
Affaire(s) à suivre...06/10/2020 à 07:57 9
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La Promesse
7/10 D'aspect très cinématographique, l'histoire de "La promesse" ne s'encombre d'aucun agrément, et file droit au but...
Des séquences tranchées, tout comme une partie des anatomies de ses personnages (!), donnent un rythme vif et trépidant, presque sans temps mort, à une intrigue qui fonctionne sans verser dans la surenchère...
Cédric Cham ne se départit néanmoins pas d'une interrogation sur le bien-fondé de cette vendetta, permettant ainsi à son roman d'être autre chose qu'une énième resucée d'un Justicier dans la ville...27/09/2020 à 15:55 2
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Regarder le noir
Ouvrage collectif
8/10 Même si toutes les histoires ne m'ont pas tapées dans l'œil, l'exercice auquel se livrent quelques-uns des cadors du thriller à la française m'a, une fois encore, ravi, et vient mettre en lumière tout ce qui fait la force de ce genre de format...
Y voir, pour certain(e)s, la possibilité de changer de registre, d'oser nous surprendre, de découvrir une facette de leur talent jusqu'ici insoupçonnée...
Prendre plaisir à nous faire chuter continuellement, et se laisser cueillir par des renversements démoniaques...
Chacun y aura mis du sien ici, et l'amalgame de talents crève les yeux ; et puisque dorénavant, nous savons qu'il n'y a point de sens unique, attendons patiemment vers quelle direction nous amènera le prochain plein des sens...25/09/2020 à 08:08 7
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De soleil et de sang
7/10 Une réussite de plus à mettre au crédit du caméléon Loubry...
Pourtant, on ne peut pas dire que son dernier ouvrage soit né sous les meilleurs auspices...
Un style un peu trop naïf à mon goût, un suspense qui s'étiole assez rapidement, et un final plutôt rocambolesque...
Oui mais voilà, en parcourant ces pages, vous pénétrez en territoire vaudou, et peut-être que le fait de parvenir à croire aussi fort, finalement, à son histoire, n'est que le résultat d'un ensorcellement mis en œuvre par l'auteur lui-même...
L'apparente simplicité qui caractérise le roman n'a pour fonction que de souligner le caractère assez trivial et dramatiquement banal de ce qui s'est tramé sur l'île, durant les années Baby Doc...
Les personnages de la bande des six,qui convoquent l'esprit de celle du club des Ratés de King, se font quasiment volés la vedette par un personnage qui habite presque chacune des pages du livre, Haïti...
Un ogre sans pitié, qui se repaît de la misère de ses habitants,et phagocyte leurs esprits et leurs espoirs...20/09/2020 à 10:36 6
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Le Service des manuscrits
9/10 En utilisant le biais du roman policier pour nous introduire dans le sénacle des maisons d'édition, Antoine Laurain offre à tout amateur de littérature l'occasion de découvrir l'envers et l'endroit : celui du décor et là où tout se fait et se défait ...
J'ai particulièrement apprécié d'accompagner Violaine dans sa démarche de découvreuse de talents, le fait que l'auteur situe, en partie, l'action de son intrigue à l'intérieur de ces mastodontes qui décident du sort de ceux qui se rêvent écrivains...
Une investigation qui, loin d'être un faire-valoir, sait nous captiver, et mettre en valeur des personnages qui ont le mérite de cultiver leur attachement...
Même si la résolution de l'enquête conserve quelques scories, c'est sans hésiter que je lui attribue un soleil radieux... ( Comprendront ceux qui auront lu le livre...)09/09/2020 à 19:32 4
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Et toujours les Forêts
9/10 Il arrive que quelque fois, une lecture arrive comme un écho aux préoccupations qui sont celles du moment...
À n'en pas douter, ce nouveau roman de Sandrine Collette débarque dans une période de bouleversements particuliers, et je peux dire, sans forfanterie, qu'il trouve en moi une résonance particulièrement aiguë...
Une espèce d'épitaphe littéraire du monde d'avant, la projection d'un futur pas forcément si éloigné de nous, et les questionnements qui découlent d'un changement radical...
" Maintenant, on fait quoi ?
On vit. On survit.
Mais pourquoi ? Jusqu'à quand ? Et comment ? "
L'objectif de l'auteure n'est pas de nous livrer un énième page-turner bodybuildé, et pourtant, sans rebondissements fracassants, ni cavalcades exténuantes, elle propage le désir de savoir ce qu'il va advenir de ses personnages, quand bien même rien ne change, ni n'évolue...
Fidèle à son œuvre, et portée par un style dénué de tout artifice, Sandrine Collette réussit la gageure de nous parler de la vie au travers de la mort, de la reviviscence au travers de l'extinction, du bonheur au travers de la perte...
Et même si la tonalité du roman reste globalement sombre, et le final poignant, errer aux côtés de Corentin dans ces Grandes Forêts reste une expérience hautement marquante, qui prouve, s'il le fallait encore, l'importance de son auteure dans le panorama littéraire actuel...31/08/2020 à 21:13 7
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Tuer le fils
7/10 Parri...cide manqué, en ce qui me concerne, pour Benoît Séverac...
Je ne me suis jamais senti totalement concerné par son histoire...
La relation père/fils, abordée sous l'angle de la rancœur et du ressentiment, l'est de manière trop superficielle, à mon goût, sans que jamais, on ne se sente investi, ou touché, par ce qu'elle évoque...
L'intrigue sert plus de prétexte à l'analyse psychologique, censée être le moteur du forfait, qu'elle ne nous tient en haleine, même si le trio d'enquêteurs chargé de la résoudre, avec ses faux airs de troupe à Mehrlicht, tire son épingle du jeu...24/08/2020 à 18:44 3
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La Loterie et autres contes noirs
7/10 Souvent citée comme une auteure phare du genre par Stephen King, j'ai voulu découvrir par moi-même l'univers particulier de Shirley Jackson...
Et quel accès plus indiqué que son recueil de nouvelles, dont la plus fameuse, La loterie, donne son nom au-dit recueil, pour appréhender son style si caractéristique...
Le point névralgique d'une nouvelle étant sa chute, ce qui déroute le lecteur, c'est la marque de fabrique de l'auteure d'ouvrir le champ des possibles à la fin de ses courtes histoires, et d'inoculer le doute, sans permettre au lectorat d'affirmer une quelconque certitude...
Un peu comme si la fin n'était que le commencement de l'histoire, le moment où l'auteure permettait au lecteur de commencer son propre travail de création mentale...
Ces dénouements, qui n'en sont pas, ajoutés au fait que Jackson s'ingénie à dissimuler les visages du Mal derrière des façades de gentil(les) bourgeois(es) civilisé(es), et non pas d'affreux revenants, ou monstres surgis du néant, font bel et bien de cette auteure l'une des figures de proue d'un fantastique ancré dans le réel...
Néanmoins, même si la tension et l'angoisse surgissent à tous les coups, au détour des pages, je n'ai pas été renversé par la majorité des histoires, hormis la nouvelle éponyme, franchement glaçante...
Il m'aura manqué aussi un peu plus de variété, et de surprises, pour pouvoir dépasser l'aspect trop rigoriste et, parfois, routinier, de l'enchaînement des différentes histoires...11/08/2020 à 22:38 3
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Regarde
9/10 Ici, plutôt que de donner un sens à une vie, Commère parvient à capter les sens de l'existence...
Écoute la musicalité, d'un allant bienheureux, des mots d'une histoire au plus près des êtres, et des sentiments...
Touche du bout de tes souhaits cette passion revigorante, qui exalte l'envie de vivre, et rassérène en ces temps incertains...
Sens la douce bienveillance dont sait faire preuve un auteur qui renoue ici avec une verve qui nous fait du bien, en forme de calinothérapie littéraire...
Dis aux personnages à quel point tu te sens proche d'eux, et combien ils sont rares ces écrivains sachant retranscrire avec une telle intensité ces existences jamais normalisées...
Regarde le monde d'Hervé Commère comme il te le donne à voir, d'un nuancé romantique aux reflets mélancoliques, un monde légèrement suranné, et savoure le plaisir que tu prends, une fois de plus, à parcourir ces pages, dans les pas d'une héroïne atypique...07/08/2020 à 23:09 5
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L'Ami imaginaire
7/10 Stephen Chbosky prend le risque, avec son Ami Imaginaire, que son univers entre en collision avec celui d'un autre Stephen, beaucoup plus renommé dans le genre...
Pourtant, le risque paie ( raisonnablement ) ...
Malgré certaines similitudes ( hommage ?) relevées ici ou là, son histoire trouve sa place dans la galaxie sans cesse en expansion d'une bande de gamins-laissés-pour-compte, et qui devient le dernier recours face aux forces du Mal...
Même si, un peu trop vite à mon goût, l'affrontement ne se résume alors qu'à un duel quasi théologique, les personnages secondaires gardent une épaisseur salutaire pour l'intérêt du récit, et participent finalement au plaisir de lecture..
On pourra penser, à un moment, que l'auteur a lancé son sprint trop tôt, comme un coureur de fond qui présume de ses forces, et rate le podium pour pas grand chose...
Et, en effet, on a parfois, sur la fin, l'impression de tourner en rond, et que l'auteur ne sait pas trop comment faire pour clôturer de façon définitive son histoire...
Le final, un peu trop oecuménique à mon sens, ne conservera pas, quant à lui, toutes mes faveurs...29/07/2020 à 09:10 7
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Tombent les anges
7/10 Pour un premier roman, on ne peut pas dire que Marlène Charine ait choisi la facilité...
Sa volonté d'imbriquer l'un dans l'autre les univers du thriller et du fantastique, de nous proposer une héroïne résolument borderline, très clivante, au risque de voir le lectorat se la mettre à dos, et au final, ce très risqué panachage des genres, accouchent d'une histoire qui, bien que souffrant de quelques imperfections, se laisse parcourir avec intérêt...
L'auteure a clairement compris en tous cas que l'union faisait la force, et le groupe au sein duquel évolue Cécile, ainsi, et surtout, que les rapports qu'elle va entretenir avec son supérieur, agrémentent très agréablement, et de façon bienveillante, une intrigue qui n'est pas sans rappeler celle du dernier Niko Tackian...
La direction empruntée par l'enquête lors du dernier tiers du roman, d'une violence dispensable, et un final un peu trop surnaturel, donnent peut-être à Marlène Charine quelques indications sur les pièges à éviter pour un éventuel second volet...
16/07/2020 à 21:09 3
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Le Jour où Kennedy n'est pas mort
7/10 Il y a forcément ici deux histoires dans l'Histoire...
La première, la plus réussie à mon goût, qui concerne l'aspect fictionnel, et politique, de ce qui se serait donc passé si JFK n'avait pas été assassiné à Dallas en novembre 1963...
Ellory revient là, sur l'un des événements les plus marquants de l'histoire des États-Unis, l'un de ceux qui aura durablement impacté la mémoire collective...
Cet événement dramatique, qui a mythifié l'image du président américain, a sans aucun doute, occulté ses aspects les plus sombres, que l'auteur met ici en exergue, en proposant de voir la controverse derrière l'image d'Épinal...
Les coulisses du pouvoir, la relation complexe qui unissait JFK et son frère Robert, les rapports tumultueux avec Jackie, et son addiction aux femmes, les passages qui nous plongent dans ce passé travesti par Ellory, puisque n'ayant jamais existé, sont ce qu'il y a de plus intense et de plus abouti...
Contrairement à l'histoire d'amour déchue avec laquelle elle partage l'affiche, et qui n'est clairement pas au niveau des quelques-unes qu'il a précédemment écrites...
La tendance redondante qu'a le personnage principal à s'auto-apitoyer sur son sort, et à ressasser ses mauvais choix, plombait ma lecture, à chaque fois que nous quittions les alcôves de la présidence...
Finalement, l'ultime tour de passe-passe imaginé par Ellory, et sa version alternative, rendent les derniers chapitres impossibles à lâcher, et mon ressenti de lecteur encore plus frustrant...11/07/2020 à 16:18 8
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Il était deux fois
9/10 " Il était deux fois " : Thilliez, plutôt deux fois qu'une...
Jusqu'où Franck Thilliez repoussera-t-il les limites de son art ?
Même si sa lecture n'est pas fondamentale pour profiter de celui-ci, on ne peut faire l'impasse sur son Manuscrit Inachevé, si l'on veut prendre la pleine mesure de la titanesque manipulation à laquelle nous convie Franck Thilliez...
Conte de la folie extraordinaire, si son histoire use parfois de ficelles grossièrement tressées, c'est pour mieux nous faire des nœuds au cerveau, et l'improbable récit de prendre une dimension arachnéenne, à partir du moment où le pont entre les deux livres est jeté...
De toute manière, ici, la notion de plaisir s'affranchit de toute affaire de style ou de crédibilité ; l'aspect ludique prime, aussi bien du côté de l'auteur, que de celui du lecteur, quand l'écrivain gredin dissémine au fil des pages tant d'indices, et de private jokes, que s'échine à collecter un lecteur/enquêteur jamais rassasié...
La magie opère alors, et c'est là, l'essence même du talent de Franck Thilliez : donner au lecteur le plaisir d'être partie prenante du roman, accéder à cette jubilatoire communion qui fait du lecteur un personnage à part entière...
23/06/2020 à 21:11 13
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La Nef des Damnés
8/10 Tout d'abord, merci à Jean-Paul Le Denmat pour avoir honorer sa promesse d'envoyer à qui souhaitait un exemplaire de son roman...
Et bien m'a pris, car j'ai pu apprécier son style plutôt emballant, même si son histoire, fourmillante et protéiforme, a sûrement, comme principal talon d'Achille, le fait de multiplier les axes de narration, susceptibles de perdre le lecteur en cours de route...
Un début envoûtant, un final apocalyptique, et entre les deux, beaucoup de matière(s)...
L'auteur tente de tisser entre eux les fils de ses différentes intrigues, à l'aide des protagonistes principaux, qui interagissent les uns avec les autres, et, aussi, en fonction les uns des autres...
Et c'est en ce qui me concerne, cette ambitieuse narration, ces points de vue successifs, et les zones d'ombre qui persistent après la conclusion du roman, qui contribue à déboussoler, voire égarer, l'attention du lecteur...
La très bonne idée du livre, c'est cette évocation d'un scénario catastrophe, lié à une pandémie mondiale, qui rend la lecture du roman d'autant plus angoissante, qu'elle nous replonge avec acuité dans un passé fraîchement dramatique...
Sa conclusion funèbre et très désenchantée lui permet quand même de marquer des points, garantissant une cohérence narrative certaine...13/06/2020 à 11:20 7
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La Vallée
9/10 Peut-être l'un des meilleurs polars de Bernard Minier, certainement le meilleur de la série Martin Servaz...
Il offre à ses protagonistes un confinement avant l'heure, et, en guise de poudrière à ciel ouvert, les place au cœur d'une vallée coupée du reste du monde...
Comme souvent, les ressorts psychologiques à l'œuvre bénéficient de l'attention toute particulière de l'écrivain.
À la façon d'un aruspice, Bernard Minier sonde les âmes et anatomise la notion de désindividuation, pour présager de l'impression d'insoumission ambiante qui traverse notre époque...
Rarement des pages de fiction ne m'auront autant donné l'impression d'être en phase avec un quotidien à la limite de l'insurrectionel, quand l'auteur nous place au cœur de la fronde...
" Puis il se dit que c'était le monde entier qui brûlait. Et cette vallée, cette ville n'étaient qu'une infime fraction de l'incendie général..."
Au milieu du brasier qui couve, Minier pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements, et fait de Martin Servaz l'un des policiers les plus emblématiques de la fiction policière française...
04/06/2020 à 21:16 8
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Revolver
9/10 Duane Swierczynski atteint sa cible sans coup férir, avec son Revolver d'une qualité indéniable, porté par une intrigue éclatée et éclatante, qui voit trois générations de flics tenter d'échapper à l'attraction d'une tragédie familiale...
Aussi passionnante et palpitante que soit la construction de son récit, elle n'occulte en rien le portrait d'une pertinence touchante du clan Waldzak ; quand les liens du sang nouent l'écheveau de drames racistes ou féminicides, les personnages se trouvent placés dans des situations cruelles, qui font le sel du roman, et donnent goût à l'histoire...
La question de l'héritage familial et les considérations historiques et politiques, ancrées profondément dans cette ville de Philadelphie, restent autant de jalons qui balisent sensiblement ce récit réussi, bel hommage rendu par l'auteur à l'un de ses aïeuls policier...23/05/2020 à 13:59 5
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Horrora borealis
8/10 Compliqué à chroniquer, sous peine de trop en dévoiler, ce roman de Nicolas Feuz a le mérite de placer son auteur en pleine lumière ( boréale )...
Avec l'air de celui qui sait très bien où il va, mais qui n'a pas envie que ça se sache, il va vous prendre en otage, et vous contraindre à aller au bout de son histoire, sans vous laisser l'occasion d'en deviner la fin...
Rien d'extravagant, ni d'énorme, seulement les souvenirs embrouillés d'un homme traqué, et le lecteur pour recoller les morceaux...
La seule réserve que je pourrais émettre : je m'attendais à quelque chose d'encore plus bluffant que ça, après avoir lu les avis de mes collègues, même si l'intrigue, la construction du récit, et l'épilogue auront harponné tout du long mon intérêt de lecteur averti...08/05/2020 à 18:41 8