jackbauer

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  • Le Jour où Kennedy n'est pas mort

    R. J. Ellory

    7/10 Il y a forcément ici deux histoires dans l'Histoire...
    La première, la plus réussie à mon goût, qui concerne l'aspect fictionnel, et politique, de ce qui se serait donc passé si JFK n'avait pas été assassiné à Dallas en novembre 1963...
    Ellory revient là, sur l'un des événements les plus marquants de l'histoire des États-Unis, l'un de ceux qui aura durablement impacté la mémoire collective...
    Cet événement dramatique, qui a mythifié l'image du président américain, a sans aucun doute, occulté ses aspects les plus sombres, que l'auteur met ici en exergue, en proposant de voir la controverse derrière l'image d'Épinal...
    Les coulisses du pouvoir, la relation complexe qui unissait JFK et son frère Robert, les rapports tumultueux avec Jackie, et son addiction aux femmes, les passages qui nous plongent dans ce passé travesti par Ellory, puisque n'ayant jamais existé, sont ce qu'il y a de plus intense et de plus abouti...
    Contrairement à l'histoire d'amour déchue avec laquelle elle partage l'affiche, et qui n'est clairement pas au niveau des quelques-unes qu'il a précédemment écrites...
    La tendance redondante qu'a le personnage principal à s'auto-apitoyer sur son sort, et à ressasser ses mauvais choix, plombait ma lecture, à chaque fois que nous quittions les alcôves de la présidence...
    Finalement, l'ultime tour de passe-passe imaginé par Ellory, et sa version alternative, rendent les derniers chapitres impossibles à lâcher, et mon ressenti de lecteur encore plus frustrant...

    11/07/2020 à 16:18 8

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    9/10 " Il était deux fois " : Thilliez, plutôt deux fois qu'une...
    Jusqu'où Franck Thilliez repoussera-t-il les limites de son art ?
    Même si sa lecture n'est pas fondamentale pour profiter de celui-ci, on ne peut faire l'impasse sur son Manuscrit Inachevé, si l'on veut prendre la pleine mesure de la titanesque manipulation à laquelle nous convie Franck Thilliez...
    Conte de la folie extraordinaire, si son histoire use parfois de ficelles grossièrement tressées, c'est pour mieux nous faire des nœuds au cerveau, et l'improbable récit de prendre une dimension arachnéenne, à partir du moment où le pont entre les deux livres est jeté...
    De toute manière, ici, la notion de plaisir s'affranchit de toute affaire de style ou de crédibilité ; l'aspect ludique prime, aussi bien du côté de l'auteur, que de celui du lecteur, quand l'écrivain gredin dissémine au fil des pages tant d'indices, et de private jokes, que s'échine à collecter un lecteur/enquêteur jamais rassasié...
    La magie opère alors, et c'est là, l'essence même du talent de Franck Thilliez : donner au lecteur le plaisir d'être partie prenante du roman, accéder à cette jubilatoire communion qui fait du lecteur un personnage à part entière...

    23/06/2020 à 21:11 13

  • La Nef des Damnés

    Jean-Paul Le Denmat

    8/10 Tout d'abord, merci à Jean-Paul Le Denmat pour avoir honorer sa promesse d'envoyer à qui souhaitait un exemplaire de son roman...
    Et bien m'a pris, car j'ai pu apprécier son style plutôt emballant, même si son histoire, fourmillante et protéiforme, a sûrement, comme principal talon d'Achille, le fait de multiplier les axes de narration, susceptibles de perdre le lecteur en cours de route...
    Un début envoûtant, un final apocalyptique, et entre les deux, beaucoup de matière(s)...
    L'auteur tente de tisser entre eux les fils de ses différentes intrigues, à l'aide des protagonistes principaux, qui interagissent les uns avec les autres, et, aussi, en fonction les uns des autres...
    Et c'est en ce qui me concerne, cette ambitieuse narration, ces points de vue successifs, et les zones d'ombre qui persistent après la conclusion du roman, qui contribue à déboussoler, voire égarer, l'attention du lecteur...
    La très bonne idée du livre, c'est cette évocation d'un scénario catastrophe, lié à une pandémie mondiale, qui rend la lecture du roman d'autant plus angoissante, qu'elle nous replonge avec acuité dans un passé fraîchement dramatique...
    Sa conclusion funèbre et très désenchantée lui permet quand même de marquer des points, garantissant une cohérence narrative certaine...

    13/06/2020 à 11:20 7

  • La Vallée

    Bernard Minier

    9/10 Peut-être l'un des meilleurs polars de Bernard Minier, certainement le meilleur de la série Martin Servaz...
    Il offre à ses protagonistes un confinement avant l'heure, et, en guise de poudrière à ciel ouvert, les place au cœur d'une vallée coupée du reste du monde...
    Comme souvent, les ressorts psychologiques à l'œuvre bénéficient de l'attention toute particulière de l'écrivain.
    À la façon d'un aruspice, Bernard Minier sonde les âmes et anatomise la notion de désindividuation, pour présager de l'impression d'insoumission ambiante qui traverse notre époque...
    Rarement des pages de fiction ne m'auront autant donné l'impression d'être en phase avec un quotidien à la limite de l'insurrectionel, quand l'auteur nous place au cœur de la fronde...
    " Puis il se dit que c'était le monde entier qui brûlait. Et cette vallée, cette ville n'étaient qu'une infime fraction de l'incendie général..."
    Au milieu du brasier qui couve, Minier pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements, et fait de Martin Servaz l'un des policiers les plus emblématiques de la fiction policière française...

    04/06/2020 à 21:16 8

  • Revolver

    Duane Swierczynski

    9/10 Duane Swierczynski atteint sa cible sans coup férir, avec son Revolver d'une qualité indéniable, porté par une intrigue éclatée et éclatante, qui voit trois générations de flics tenter d'échapper à l'attraction d'une tragédie familiale...
    Aussi passionnante et palpitante que soit la construction de son récit, elle n'occulte en rien le portrait d'une pertinence touchante du clan Waldzak ; quand les liens du sang nouent l'écheveau de drames racistes ou féminicides, les personnages se trouvent placés dans des situations cruelles, qui font le sel du roman, et donnent goût à l'histoire...
    La question de l'héritage familial et les considérations historiques et politiques, ancrées profondément dans cette ville de Philadelphie, restent autant de jalons qui balisent sensiblement ce récit réussi, bel hommage rendu par l'auteur à l'un de ses aïeuls policier...

    23/05/2020 à 13:59 5

  • Horrora borealis

    Nicolas Feuz

    8/10 Compliqué à chroniquer, sous peine de trop en dévoiler, ce roman de Nicolas Feuz a le mérite de placer son auteur en pleine lumière ( boréale )...
    Avec l'air de celui qui sait très bien où il va, mais qui n'a pas envie que ça se sache, il va vous prendre en otage, et vous contraindre à aller au bout de son histoire, sans vous laisser l'occasion d'en deviner la fin...
    Rien d'extravagant, ni d'énorme, seulement les souvenirs embrouillés d'un homme traqué, et le lecteur pour recoller les morceaux...
    La seule réserve que je pourrais émettre : je m'attendais à quelque chose d'encore plus bluffant que ça, après avoir lu les avis de mes collègues, même si l'intrigue, la construction du récit, et l'épilogue auront harponné tout du long mon intérêt de lecteur averti...

    08/05/2020 à 18:41 8

  • City of Windows

    Robert Pobi

    9/10 Il m'est difficile de définir le sentiment qui m'a habité tout au long de cette lecture... Ou peut-être en souscrivant à 100% à l'avis de Mephisto : l'impression que Robert Pobi, tout en respectant les données d'un modèle établi par d'autres avant lui, parvient à le sublimer, et en tirer une éventuelle quintessence narrative...
    Ce qu'il accomplit ici, sans révolutionner la traque de son serial sniper, fait souffler, sur New York, comme sur le genre, un vent de fraîcheur, symbolisé par l'éclosion d'un personnage emblématique et atypique, Lucas Paige...
    Sorte de John MC Clane 2.0, que l'on imagine volontiers récurrent, il habite les pages d'un roman de sa drôle de carcasse, roman dont l'histoire, bien articulée autour de cette chasse à l'homme haletante en milieu urbain, recèle, tout de même, son lot de surprises et d'actes de bravoure, tout en nous renvoyant l'image d'une Amérique qui fait froid dans le dos, à l'image du patriotisme extrémiste et exacerbé de ces fidèles du deuxième amendement...
    Un sentiment de complétude confirmé par toutes les composantes du récit, des personnages qui gravitent autour de Lucas Paige, qu'ils soient développés ou seulement esquissés, de la ville de New York, transie d'ef(froid), et jusqu'aux péripéties d'un récit qui sait viser juste...

    07/05/2020 à 17:54 9

  • Fermer les yeux

    Antoine Renand

    4/10 Fermer les yeux... Peut-être est-ce finalement la marche à suivre pour profiter pleinement de cette histoire, tant les exagérations et les incohérences vous sauteraient sans ça au visage...
    Après L'empathie, titre déjà très discutable, tant sur le fond que sur la forme, le deuxième roman d'Antoine Renand provoque chez moi le même dépit, qui confinerait presque à une forme de résignation...
    Pourtant, ça avait l'air plutôt bien parti, mais très vite, l'auteur retombe dans des travers rédhibitoires : une intrigue qui, à grand renfort de ramifications destinées à choquer et surprendre le lecteur, perd en intensité, une complaisance et une accumulation d'effets, voire de séquences dégradantes, comme si l'auteur ignorait le pouvoir de la suggestion, et considérait obligatoirement ses lecteurs comme des tueurs en série en puissance, avides de lire en détail le supplice enduré par les victimes du récit...
    Et, pour parachever l'ensemble, l'auteur dégaine un cliffhanger rocambolesque, comme s'il n'était pas lui-même convaincu de son récit...

    01/05/2020 à 21:30 6

  • Toute la violence des hommes

    Paul Colize

    9/10 Rien d'étonnant à ce que le principal protagoniste du dernier roman de Paul Colize se serve de l'art pictural pour exprimer ses sentiments, quand on parcourt les pages de celui-ci...
    En effet, l'auteur esquisse son intrigue comme un peintre sa toile, par petites touches, révélant toute l'étendue de l'incroyable destinée de son héros, étape après étape...
    Avec une simplicité et un effacement devant l'horreur, d'une humilité poignante, il nous fait partager tant d'émotions, nous soumet à tant de chagrins, nous place devant tant de nos contradictions, qu'on ne peut refermer ce livre sans s'interroger vraiment sur la nature de ce que nous sommes prêts à accepter sans jamais réagir...
    En évoquant l'épisode méconnu de la bataille de Vukovar, point de départ d'un drame humain qui l'est beaucoup moins, la guerre en ex-Yougoslavie, il met le doigt sur toute la violence des hommes...
    Qui, plus que lors des exactions commises par les milices serbes à l'époque, d'une ignominie crasse, ne se manifeste jamais aussi abominablement que dans la passivité et cette non-assistance à personnes en danger dont a fait preuve la majorité de la communauté internationale vis-à-vis du peuple croate...
    Et qui, quand on pense au sort réservé à la ville d'Alep, perdure encore...

    27/04/2020 à 17:51 11

  • Série Z

    J.M. Erre

    8/10 Ce n'est pas parce que la moitié des protagonistes de son histoire porte un dentier que l'auteur en perd sa dérision si mordante, et ce n'est pas parce que l'intrigue du roman porte sur les films de seconde zone que le travail de J-M Erre ne mérite pas de figurer au premier plan...
    En fils spirituel de Frédéric Dard, l'auteur rue dans les brancards du cinématographiquement correct, avec ce pastiche de série z, foutraque et déluré, qui, malgré sa propension à partir dans tous les sens, sait comment dérider nos zygomatiques...
    De références en clins d'œil, son roman, tout comme son intrigue, a plus de consistance et de robustesse que l'ensemble d'un casting gérontologiquement attendrissant...
    Qui, en sus, sait vous faire passer du rire aux larmes, par le biais d'un épilogue autrement plus grave que ce à quoi on aurait pu s'attendre...
    Après le déjà formidable " Qui a tué l'homme-homard ", et en ces temps de morosité ambiante, n'hésitez pas à vous plonger dans les pages de cet auteur inclassable et extrêmement talentueux, à la notoriété encore trop confidentielle...

    24/04/2020 à 20:33 3

  • Le Pacte de l'étrange

    John Connolly

    7/10 Comme toujours, chez Connolly, l'efficacité est de rigueur...
    Si l'on retrouve avec le même plaisir toute la bande constituée au fil des romans, il n'oublie jamais d'y ajouter quelques personnages particulièrement affreux, capables d'alimenter son folklore personnel, même si ce n'est parfois que l'espace d'une seule aventure...
    Ici, Charlie Parker sert à nouveau de poisson pilote au FBI à la recherche de son alter ego, un privé porté sur l'occulte et le surnaturel...
    Sa quête de la vérité l'amènera à croiser une nouvelle famille aux penchants sectaires, et à apporter une nouvelle pierre à l'édification du mythe de Charlie Parker...
    Même si la réjouissance de me plonger dans un nouveau volet des enquêtes du privé de Connolly demeure intacte, celui-ci tarde tout de même à délivrer son lot de révélations le concernant, nous laissant légèrement frustrés, parvenus au terme de l'histoire...

    20/04/2020 à 18:00 6

  • Celle qui pleurait sous l'eau

    Niko Tackian

    8/10 Assurément le meilleur volet des aventures de Tomar Khan...
    D'abord, parce que Khan sent le vent du boulet lui rafraîchir la nuque, et qu'un héros tel que lui, n'est jamais aussi séduisant que lorsqu'il se trouve dos au mur... ( C'est du moins mon avis...)
    Ensuite, parce que son équipe se trouve dans l'obligation de s'affranchir de sa figure tutélaire, ce qui permet à l'auteur d'étoffer un peu plus le pedigree des autres personnages du Bastion...
    Enfin, parce qu'en choisissant de consacrer cette enquête aux victimes de la violence faite aux femmes, Niko Tackian trouve là matière à exalter son style à la fois humaniste et pugnace, touchant au cœur ( du problème, comme du lecteur ) ...

    15/04/2020 à 15:35 4

  • L'Homme aux Murmures

    Steve Mosby

    9/10 Indépendemment d'une intrigue odieusement bien composée, c'est l'accablement d'un passé traumatique, qui préside à la constitution de ses personnages, et le talent de l'auteur, de savoir nous les rendre d'une proximité si empathique, qui est pour beaucoup dans le plaisir incommensurable que j'ai pris à lire ce livre...
    Il m'a rappelé, quand la résignation l'emporte sur toute forme de résilience, L'homme-craie, de C. J. Thorne, un autre formidable thriller lu récemment, qui partage avec celui-ci d'autres points communs...
    Une amertume pouvant confiner à une sorte de nostalgie, le sentiment d'un échec répété, chacun des protagonistes, quelle que soit son rôle, évolue sur le fil ténu d'une existence passée dans les pas d'un autre...
    Comme sa consœur britannique, Alex North réussit la performance d'ébranler le lecteur en profondeur, en humanisant de façon si touchante, une histoire si macabre...
    Indubitablement, comme l'a dit terror77, l'un des ( le ? ) meilleurs thrillers de ce début d'année...

    13/04/2020 à 12:25 10

  • Tel père telle fille

    Fabrice Rose

    9/10 En ces temps de confinement anesthésiant, et d'immobilisme forcé, il est extrêmement enthousiasmant de tomber sur un concentré d'adrénaline et d'effervescence, comme peut l'être ce premier roman de Fabrice Rose...
    L'exergue d'Olivier Marchal n'est pas mensongère pour une fois...
    Pas de répit pour le lecteur, avec cette histoire drôlement secouée, qui, sans verser dans l'originalité inédite, tire la quintessence d'un postulat de base explosif, auquel il ne pourra être reprocher son exagération, puisque l'adaptation quasi romancée de la vie de l'auteur...
    Chose beaucoup plus exaltante, Fabrice Rose s'avère aussi chevronné dans la caractérisation de ses personnages féminins, et ces bulles d'oxygène délurées, que dans le découpage de scènes d'action particulièrement enragées...
    Petit conseil : ne lisez pas les dernières pages si vous êtes à table, ou sur le point de dîner, ça risquerait de ne pas passer...

    11/04/2020 à 13:05 7

  • La Porte des ténèbres

    Glenn Cooper

    8/10 C'est à une odyssée à nulle autre pareille que nous convie Glenn Cooper...
    Tirant parti d'une idée fameuse, mêlant le voyage dimensionnel et la grande Histoire, il n'hésite pas à user, lors de son entrée en matière, d'un jargon scientifique quelque peu rebutant, pour s'exonérer par la suite d'explications redondantes, et dérouler une histoire passionnante, sur les traces d'un Béret vert parachuté en plein Enfer...
    Ses pérégrinations permettent à son auteur de ressusciter un échantillon particulièrement anachronique d'êtres malfaisants, lancés à la conquête de l'Empire de l'au-delà...
    J'ai presque regretté que l'ambition de Glenn Cooper n'aille pas au bout de la démesure qu'aurait pu attendre d'un tel projet, restant parfois sur la réserve, survolant certaines situations, en expédiant d'autres...
    Le casting n'a pas non plus comblé toutes mes attentes, eu égard aux nombreux premiers rôles que je m'attendais à retrouver en ces lieux...
    Mais attendons la lecture des volets deux et trois pour porter un jugement plus définitif...

    08/04/2020 à 23:00 2

  • Les Cicatrices

    Claire Favan

    6/10 Depuis Serre-moi fort, hormis la parenthèse Inexorable, j'ai l'impression que Claire Favan s'est enfermée dans un schéma scénaristique bien défini, qu'elle tente de dupliquer à chaque nouvelle histoire...
    Ces cicatrices ne dérogent pas à cette perception : un anti-héros brisé, au trauma fascinant, en rapport, plus ou moins direct, avec les événements sanglants qui servent de fil conducteur morbibe à cette nouvelle aventure...
    On ne peut pas contester l'efficacité de la recette, qui, couplée à un style direct et sans fioritures, remplit son office...
    Là où j'ai vraiment du mal, c'est quand elle décide, à mi-parcours, de savonner la planche de son roman, en sortant du chapeau deux rebondissements proprement invraisemblables, sauf à fermer les yeux sur des capacités humaines aux limites de l'entendement...
    À partir de là, le plus improbable, ce ne sont plus les situations, mais bien les comportements de ses personnages, et leur capacité de résilience inconcevable...
    Au final, des cicatrices qui laissent des traces, mais pas forcément celles auxquelles devait penser l'auteure, la faute à ces aberrations qui plombent l'intérêt d'un pitch, pourtant assez malin...

    03/04/2020 à 11:54 5

  • November Road

    Lou Berney

    7/10 Objectivement, l'histoire tient la route, sans mauvais jeu de mots, le rythme, bien que languissant, n'est pas un frein à la narration, et les personnages ont ce côté désenchanté, qui sied à merveille à l'époque servant de cadre temporel à l'intrigue...
    Un contexte foisonnant, dont j'aurais aimé que l'auteur tire plus parti...
    Beaucoup d'atouts donc, et pourtant, on ne peut pas dire que j'ai été transporté par la cavale de Franck Guidry...
    Intéressante, oui, passionnante, non ; le genre n'est habituellement pas ma tasse de thé, et le contexte actuel refroidit d'autant plus mes ardeurs, qui m'incite à me montrer très ( trop ? ) exigeant avec les romans que je lis...
    Il aura manqué aussi ce petit quelque chose en plus qui hisse une histoire réussie vers des sommets d'excitation...
    Peut-être ne l'ai-je pas senti, ou suis-je passé à côté...

    31/03/2020 à 21:05 8

  • Et les vivants autour

    Barbara Abel

    8/10 On a souvent vanté les qualités de Barbara Abel, pour déceler les failles du quotidien, parvenir à tirer la quintessence de ces situations familiales borderline, quand l'étroitesse du cercle intime, plutôt que de resserrer les liens, les distend au point de rupture...
    La lecture de " Je sais pas ", à l'image de son titre, ne m'avait pas franchement convaincu...
    Ici, elle m'a bluffé...
    La manière dont elle enrobe ce fait divers à l'origine du roman, lui permet d'atteindre une connexion entre son univers et le domaine du thriller qui nous émeut, et nous glace à la fois...
    Son plus grand mérite est de saper nos certitudes quant au déroulement de son histoire...
    Quand, arrivé au tiers du roman, éclate la bombe qui bouleverse l'ordre établi, on se dit déjà que c'est un petit tour de force qu'elle réussit là : ébranler le lecteur, à la fois dans ses convictions, mais aussi dans sa morale...
    Car la question qui découle de cette effrayante révélation provoque, et suscite, un big bang non seulement dans l'existence, et la destinée, de ses personnages, mais elle pousse, aussi, à nous interroger sur le bien fondé de tous nos actes ...
    La suite est à l'avenant, plongeant son casting dans une drôle de remise en cause, une fuite en avant déraisonnable, un jeu de massacre familial particulièrement remarquable...

    25/03/2020 à 18:51 5

  • L'Institut

    Stephen King

    5/10 En règle générale, et même si je n'ai plus ressenti le doux frisson de ses premiers romans, comme Ça ou Shining, depuis longtemps, Stephen King provoque toujours en moi, au détour de quelques lignes, à la faveur d'un personnage dont il a le secret, une émotion particulière, produit d'un talent toujours intact...
    Malheureusement, et je le reconnais avec d'autant plus de déception que l'attente était forte, dans cet Institut, le traitement appliqué n'a eu aucun effet sur moi, et la verve de l'auteur s'en est trouvée comme anesthésiée...
    Des personnages qui manquent de consistance, de caractère, un comble quand on connaît la faculté de l'auteur à croquer des protagonistes toujours plus vrais que nature...
    Une intrigue minimaliste, un rythme qui tarde à trouver sa vitesse de croisière...
    Un vrai crève-cœur, mais un King très en deçà de ses dernières productions...

    21/03/2020 à 18:18 5

  • Cinq cartes brûlées

    Sophie Loubière

    8/10 Sophie Loubiere joue sa partie de poker menteur avec réussite, abattant son atout majeur, lors d'un final saisissant...
    Son histoire tragique est de celles qui vous glacent d'effroi parce que, sans convoquer d'abusifs artifices sanglants, elle mise sur la folie ordinaire du quotidien, et raconte le dépérissement, physique aussi bien que mental, d'un être humain sur la corde raide...
    À la manière d'un légiste de l'âme, elle dissèque les rapports de force qui construisent la psyché d'une femme en mal de (re) père, et suit le parcours atypique d'une petite fille à (vide)...
    L'écriture, subtile et pudique, permet au lecteur de mieux appréhender la lente transformation du personnage central, son chemin de croix, et son geste fatal...
    Sans jamais nous l'as(ser), Sophie Loubiere nous pique au cœur, et finit par nous laisser sur le carreau...

    14/03/2020 à 21:07 6