El Marco Modérateur

3492 votes

  • Museum tome 3

    Ryosuke Tomoe

    8/10 Troisième et dernier tome de la série. Sawamura commence à résoudre les énigmes laissées par le tueur à même le sol, sous la forme d’un puzzle, et peut ainsi pénétrer dans le domicile. Piégé, le policier tombe dans un piège digne du film « Seven ». La confrontation avec le tueur en série est davantage psychologique que purement matérielle qui tient plutôt ses promesses, même si je regrette qu’elle soit finalement assez attendue, et donc pas aussi sombre et hallucinée que les deux précédents tomes.
    L’histoire bonus, en trois chapitres, où des amis en viennent à commettre l’irréparable après avoir renversé un inconnu avec leur voiture, est très réussie, avec des ressorts psychologiques et moraux de premier ordre, et une fin percutante. Bref, cette histoire est tellement forte à mes yeux qu’elle en vient à remonter la note globale de ce manga.

    16/06/2021 à 16:19 1

  • Le Mystère des Oghams

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    8/10 Île de Bréhat, fin du Ve siècle. Un moine est retrouvé dans l’eau, décapité, un pieu planté dans le torse. Ce n’est pas le premier des crimes ainsi perpétrés, mais le troisième, et l’on accuse alors les druides. Gwenc’hlan est un homme respecté, le dernier des druides de la contrée, a comme disciple le jeune Taran, et il a gardé pour le frère Budog une solide amitié, aussi se décide-t-il à enquêter sur ces meurtres, alors que plane l’ombre de plusieurs cavaliers encagoulés.
    Il flotte indéniablement sur cet opus l’ombre, mais c’est assurément plus une référence, un clin d’œil, qu’un siphonage caractérisé, du « Nom de la rose » d’Umberto Eco (la relation élève – maître, le frère aveugle, l’ambiance lourde, le monastère, un mystérieux manuscrit, etc.) pour une BD de bien belle qualité, tant esthétique que scénaristique. Pris par le suspense, je serai assurément au rendez-vous d’autres BD de cette série.

    14/06/2021 à 17:35 1

  • Dragon Head tome 7

    Minetaro Mochizuki

    6/10 La bagarre se poursuit tandis que la ville est grignotée par un immense brouillard/nuage de cendres mais j’en finis par regretter sérieusement les tomes mettant en scène les huis clos dans le tunnel accidenté : ce virage action/apocalyptique est beaucoup moins original. Néanmoins, à ce point de la série, je ne peux plus faire autrement que me la terminer, d’autant que ces vues sur le Mont Fuji, les éruptions, et ce trou gigantesque qui semble plonger au cœur de la planète m’intriguent.

    13/06/2021 à 06:43 1

  • Et si la mer était bleue ?

    Mikaël Ollivier

    8/10 Un garçon s’approche de la mer et joue à faire des ricochets avec un galet, mais il ne s’agit que du rêve d’Alex, une enfant en vacances qui vient de se casser la jambe… dont a rêvé le garçonnet. L’un des deux ne serait-il finalement que le produit de l’imagination de l’autre ? Et si oui, lequel ?
    Très agréablement surpris par cet opus parce qu’il sort du cadre des traditionnelles histoires servies aux jeunes, indépendamment de leurs qualités. Ici, une mise en abyme littéraire de toute beauté, à la fois simple dans la formulation et riche dans le fond, offrant plusieurs niveaux de lecture et proposant un texte qui tire sa force à la fois de l’originalité du pitch, de l’intelligence du final et de la justesse du ton employé par Mikaël Ollivier.

    11/06/2021 à 17:55

  • L'Homme de l'atoll

    José Moselli

    5/10 A bord du bateau « L’Arii » mené par les Larsen père et fils et un mécanicien surnommé « Touloupe », le détective Jack Cavendish cherche depuis quatre jours à atteindre un atoll, quelque part dans les mers du Sud, sur l’archipel des Ellice, à la recherche d’un mystérieux docteur Dan Richardson accusé d’avoir empoisonné un nabab chinois. Une nouvelle sympathique qui tourne autour de l’identité de ce docteur, qui a peut-être pris celle d’une autre personne sur cet îlot. Pas mal de vocabulaire issu du monde du nautisme, une fin qui reste ouverte (le lecteur pourra se forger sa propre réponse à la question du « Et si c’était… ? »), sans rien de bien sensationnel au sein de ce récit très court, mis à part la chute que nul ne peut voir venir et qui clôt, selon moi, de façon insatisfaisante cette nouvelle qui se laisse lire sans pour autant soulever un réel enthousiasme.

    08/06/2021 à 20:00

  • Bletchley Park

    Mark Zellweger

    8/10 Août 1941. Les espionnes regroupées sous le titre d’Espionnes du Salève et basées en Suisse sont devenues les fers de lance de l’activisme antinazi. Ces femmes, mues par des raisons diverses, sont unies dans la lutte contre l’ennemi allemand et prêtes à tout donner pour détruire cette hydre. Et certaines d’entre elles seront d’autant plus zélées que l’on vient de s’en prendre à leurs proches.

    Après le très bon L’Envers du miroir, Mark Zellweger signe ici son deuxième roman de la série consacrée aux espionnes du Salève. On y retrouve le style si particulier de l’écrivain : des phrases courtes et sèches, pour un style simple et direct, et surtout, une documentation et une maîtrise impressionnantes des sujets abordés. D’ailleurs, à cet égard, les pages finales, comptabilisant les « personnages ayant existé, par ordre d’entrée en scène », sont au nombre de cinq. Il faut ainsi souligner l’ampleur de la préparation de l’auteur qui se livre à une reconstitution remarquable du panorama des forces en présence : les divers protagonistes, les services de renseignements, les officines de dénonciateurs et autres agitateurs, les réseaux naissants ou avortés de résistance dans tous les pays concernés, les dates et événements-clefs, etc. Mark Zellweger se fait le scribe adroit d’une époque particulièrement trouble, puisant dans de solides connaissances pour nous rendre l’époque comme les jeux de pouvoir aussitôt accessibles. Dans le même temps, l’intrigue nous fait voyager : du Maghreb à la Libye, de la Norvège à l’Angleterre, de la France à la Suisse, nos héroïnes, femmes au caractère affirmé et d’une rare efficacité, vont déployer des trésors de courage et d’abnégation pour lutter contre les Allemands et leurs séides. Elles vont ainsi guerroyer pour dénoncer les camps d’extermination, mettre à terre une usine utilisant de l’eau lourde, aider à la lutte contre le Generalfeldmarschall Rommel, ou encore aider à empêcher l’infiltration de contre-espions au QG de Bletchley Park. En trois cents pages, Mark Zellweger convainc du début à la fin, même si on peut, à la marge, lui reprocher quelques détails, dans la forme (la surabondance souvent injustifiée de points d’exclamation, ou le recours à l’expression « des plus » qui tourne au tic verbal) comme dans le fond (des protagonistes toujours sauvées de situations inextricables, capables de prouesses physiques qui défient l’entendement, ou dont les succès dans le contrespionnage sont un peu trop énormes pour être crédibles).

    L’auteur, en habile acrobate des mots et intrigues, maintient avec conviction l’équilibre entre l’historicité de certains événements et la fantaisie littéraire qu’il y introduit. Un ouvrage prenant et efficace, et qui donne d’autant plus envie de lire le troisième et dernier opus de la série, Le Pacte Allen Dulles.

    08/06/2021 à 07:05 1

  • L'Affaire des « petits papiers »

    Léo Frachet

    8/10 Désiré Lebœuf ne fait plus partie de la grande maison de la police, et quand un tueur en série étrangle avec un fil de laiton cinq personnes en laissant, punaisés sur leurs vêtements, des bouts de papiers où figurent des additions fausses – d’où le nom d’affaire des « petits papiers », on l’invite presque naturellement pour essayer d’aider les enquêteurs.
    Notre limier, Lebœuf, cumule toutes les qualités psychologiques et professionnelles attendues : jovial, philosophe, observateur, patient, il est également instruit en science criminelle, jovial, et donne parfois l’impression d’être un dilettante, puisqu’il n’hésite pas à quitter la scène pour aller pêcher ou tailler ses rosiers, certain d’avoir fait les bonnes observations et tenu les justes déductions. Bien évidemment, son intelligence ainsi que ses certitudes vont s’avérer pertinentes et mener à la capture du tueur, avec une bonhommie amusante puisque, du portrait général, lors de l’épisode, il ne concèdera ne s’être trompé… que d’un centimètre quant à la taille de l’individu. Un récit efficace, bref et très prenant, en plus d’avoir proposé, bien longtemps avant tant d’autres, une ingéniosité scénaristique, un ressort quant au mobile que reprendra par la suite, parmi tant d’autres, l’immense Georges Simenon. Bref, du tout bon !

    07/06/2021 à 18:12

  • La Genèse d'un poème

    Edgar Allan Poe

    7/10 Une sorte de nouvelle dans laquelle l’immense écrivain revient sur la naissance et la composition de son poème le plus connu, « Le Corbeau ». Trois courts chapitres où il explique son amour pour la poésie en général, comment lui est venue cette idée – avec quelques passages fantasmagoriques avec la rencontre avec l’oiseau, sa « méthode de composition », les rouages de son procédé, les buts auxquels il souhaitait parvenir, la structure de cette œuvre, etc. Un texte riche et dense – surtout lorsqu’il décline l’organisation de cette œuvre, que seuls les spécialistes, je pense, pourront véritablement suivre dans la mesure où ce passage est vraiment consistant et destiné aux techniciens du genre, à réserver certes en priorité aux aficionados de l’auteur, mais qui constitue dans le même temps une lecture enrichissante et indéniablement intéressante.

    06/06/2021 à 18:01

  • Tu me dois un meurtre

    Eileen Cook

    8/10 Kim, adolescente, participe à un voyage culturel avec quelques-uns de ses camarades, direction l’Angleterre. Dans l’avion qui la mène à l’aéroport d’Heathrow, elle se lie avec une fille de son âge, Nicki. Kim n’a alors à la bouche qu’une seule obsession : Connor, son ex, qui est en train de s’amuser avec sa nouvelle copine, Miriam. De fil en aiguille, sur le ton de la plaisanterie, Nicki propose à Kim de se débarrasser de Connor, en échange de quoi Kim tuera la mère de Nicki. Une boutade ? Vraiment ? Quand Connor meurt dans le métro, bousculé du quai et happé par la rame, le doute est permis…

    Si ce pitch vous rappelle furieusement quelque chose, c’est normal : Patricia Highsmith avait déjà imaginé ce troc de meurtres dans son roman L’Inconnu du Nord-Express, adapté au cinéma par Alfred Hitchcock. Mais Eileen Cook ne se contente pas d’une simple relecture, scolaire, et propose une œuvre à part entière, rajeunie et réinventée. Immédiatement, on est séduit par le style de l’écrivaine, très à l’aise dans les descriptions, les portraits moraux et les dialogues. Kim, en ado un peu perdue, fragilisée par la rupture récente avec Connor – qui s’avèrera être un véritable goujat – et ayant eu le tort de prendre la proposition de cette Nicki pour une plaisanterie, séduit. Les autres personnages sont également très naturels et bien sentis, notamment Alex, gentil geek à l’humour irrésistible, solide et au cœur tendre, dont Kim ne va pas tarder à s’éprendre. La structure du roman est une réussite totale, les engrenages apparaissant progressivement et s’emboîtant à merveille, plongeant notre héroïne dans l’incertitude, la paranoïa, une certaine folie, et même à deux doigts de la violence. Succombera-t-elle à cette tentatrice ténébreuse qu’est Nicki ? Saura-t-elle éviter les pièges – nombreux et machiavéliques – qu’elle va lui tendre ? D’ailleurs, jusqu’où va être capable d’aller cette inconnue si malintentionnée ? Le final, en plusieurs temps, éblouit, d’autant que certains éléments, absolument inattendus, ne manqueront pas de séduire. D’ailleurs, il est à noter que, même si Eileen Cook s’adresse en priorité à de jeunes lecteurs, le ton est suffisamment mature, l’intrigue dense et tendue, et l’écriture aiguisée pour passionner des adultes.

    Un livre fort et efficace, toujours crédible, ne cédant jamais aux sirènes des effets faciles, et qui se suit de bout en bout le souffle court. Une structure littéraire implacable pour une réussite totale.

    04/06/2021 à 07:18 1

  • Le Banquier aveugle

    Mark Gatiss, Jay, Steven Moffat

    8/10 J’avais lu et apprécié le premier tome de cette série il y a environ quatre années, et je retrouve avec plaisir cette esthétique si particulière qui unie l’univers du manga et celui de la série télévisée. De l’humour (d’entrée de jeu, le décalage entre Watson en train de se débattre à la caisse automatique d’une supérette et Holmes bataillant physiquement avec un adversaire en toge), une chouette intrigue (au départ, une effraction dans une banque, avec un symbole laissé sur le mur et une peinture rayée au niveau des yeux du personnage, puis un meurtre maquillé en suicide et un journaliste abattu, puis des graffitis, des cryptogrammes, un gang chinois, etc.), de l’énergie, et toujours ce plaisir, délectable, de renouer tout autant avec le personnage de Sherlock Holmes qu’avec son avatar télévisuel, Benedict Cumberbatch. Un bonbon.

    03/06/2021 à 19:42 1

  • Amerika Bomber

    Maza, Richard D. Nolane

    8/10 L’histoire reprend au-dessus de l’Antarctique, le 8 février 1947. Les combats se poursuivent de plus belle entre Allemands et Alliés. Le « truc sous la glace » comme le dit l’un des ingénieurs se manifeste enfin avec un puissant geyser d’une énergie visiblement magnétique qui va faire de sacrés dégâts. A la marge, quelques éléments un peu gros (comme l’attaque de l’orque comme du calamar géant dans le tome précédent), mais l’ensemble demeure très efficace, avec une première plongée dans le forage et la remontée d’un cameraman.

    02/06/2021 à 18:49 1

  • Jour de colère

    Caryl Férey

    7/10 Après une belle dispute, la mère d’Adrien – le narrateur – et Chloé, sa sœur de trois ans et demi, partent chez une amie, Dominique, sans que le mari et père ne soit du voyage. Parce qu’il s’ennuie ferme et que son papa lui manque, Adrien décide de faire une fugue pour retrouver son paternel, et il va croiser la route de Joël, ancien boxeur au physique disgracieux.
    Une nouvelle particulièrement courte, écrite pour les très jeunes ou mauvais lecteurs, où l’émotion vient poindre avec une grande économie de moyens et de ressorts. Un récit simple mais jamais simpliste, qui évite la happy end douceâtre et parlera probablement au lectorat auquel il s’adresse. J’ai découvert cette collection par hasard et je vais continuer son exploration, dans la mesure où quelques auteurs de polars y ont semé des ouvrages.

    01/06/2021 à 20:14 1

  • Derniers sacrements

    M. J. Arlidge

    9/10 Kassandra Alicja Marta Wojcek, dite Kassie, n’a que quinze ans mais elle vit déjà une terrible épreuve : elle est capable, après avoir regardé quelqu’un, de savoir quand et comment cette personne va mourir. Un fardeau épouvantable, et qui vient récemment de se matérialiser à nouveau : elle a percuté Jacob Jones, adjoint au procureur, dans une rue et elle sait déjà qu’il va périr d’une façon atroce. Il va en effet être la victime d’un ignoble tueur en série qui va se mettre à tourner autour de l’adolescente. Le psychologue Adam Brandt pourra-t-il l’aider à survivre à ce prédateur ? Mais en a-t-elle seulement envie ?

    De M. J. Ardlige, on connaît déjà l’excellente série consacrée à Helen Grace, et c’est avec appétit que l’on se rue sur cet opus, un one shot de quelque cinq-cents-soixante pages. Lorsque l’on analyse le pitch, on semble avoir déjà vu ou lu nombre des éléments présentés. Un tueur en série qui se rapproche de l’héroïne, un don presque surnaturel qui se commue en malédiction, etc. Cependant, c’est oublier que l’auteur est passé maître dans les thrillers. D’entrée de jeu, on retrouve le tempo échevelé qui constitue l’une des signatures de M. J. Ardlige, avec des chapitres extrêmement courts et enlevés (cent-cinquante-et-un). Le suspense est habilement entretenu au gré de ce récit fort et efficace, très cinématographique sans pour autant tomber dans les travers du genre, sans la moindre fusillade abracadabrante ni effet téléphoné. Kassie, consommatrice de drogue depuis l’âge de ses onze ans, vivant avec sa mère très pieuse et attachée à sa grand-mère atteinte de sénilité, est aussitôt sympathique avec ce talent si particulier, proche de la médiumnité, incapable de vivre avec cette aptitude qui la ronge puisqu’elle ne peut rien faire pour venir en aide aux victimes, leur sort étant déjà scellé. Dans le même temps, Adam compose un psychologue très attachant, vivant en couple avec Faith, une peintre enceinte. Sans rien divulguer, M. J. Ardlige se distingue de bien d’autres avec sa propension à proposer un récit fougueux, sans le moindre temps mort, alternant les points de vue entre les divers protagonistes. Loin de n’être qu’un remarquable rythmicien, il propose également de belles envolées humaines, poignantes et marquantes, qui toucheront notamment Adam, avec des passages d’une rare densité émouvante. Et il y a ce final, remarquable, inattendu, mémorable, achevant de faire de cet opus un immense moment de lecture, allant bien au-delà du simple livre distractif.

    Un écrivain déjà reconnu pour sa maîtrise du suspense, et qui a l’audace de quitter sa zone de confort pour nous offrir un roman tout aussi brillant que les précédents : non seulement le geste est à applaudir, mais le résultat est un pur coup de maître.

    01/06/2021 à 07:05 7

  • Les Archers

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    6/10 Dans la nuit, deux silhouettes viennent de pénétrer dans la tour sacrée de Kerridwen, emportant avec elles la « pierre de sang ». La barque de Tjall-le-fougueux heurte celle de Thorgal, et, rescapés, ils s’orientent vers un concours de tir à l’arc. Une série d’épreuves pour divers archers, dont Thorgal bien évidemment, pour un opus plaisant mais sans plus, qui a tout de même le mérite d’introduire de nouveaux personnages qui, si j’en juge par le résumé de l’épisode suivant, vont continuer d’apparaître, ce qui apporte un peu de sang neuf à la série tout en offrant, dans le cas de cette BD, un agréable entracte.

    30/05/2021 à 15:15 2

  • Le Pays Qâ

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Alors qu’ils étaient en train de chasser, Pied-d’Arbre et Jolan sont enlevés, et c’est alors que Kriss de Valnor fait sa réapparition. Elle propose à Thorgal et à Aaricia un pacte : l’aider à mener une mission en échange de la libération des deux kidnappés. Une histoire originale et prenante, avec une dizaine de pages en flashback avec cette histoire d’homme-Dieu (Ogotaï) sorti des eaux et qui a poussé un peuple entier (très typé maya) à l’esclavage pour de sombres desseins, et quelques scènes marquantes (comme ce bateau volant), pour une BD inachevée se poursuivant avec « Les Yeux de Tanatocl » : je serai bien évidemment au rendez-vous de ce futur et onzième opus de la série.

    30/05/2021 à 15:13 1

  • Crying Freeman tome 3

    Ryoichi Ikegami , Kazuo Koike

    7/10 Je retrouve l’univers délicieux de cette série, si plaisamment surannée, avec ce tueur à gages aussi intrépide qu’ingénieux, expert ès poisons volatils. C’est rafraîchissant et très agréable à suivre, même s’il y a quelques éléments sacrément gros (un sous-marin privé qui vient les chercher, le CF qui saute à l’eau pour se fritter avec un requin, sans compter cette curieuse habitude pour tout le monde de se balader à poil, même quand il s’agit de prendre une maison d’assaut…). Buyasan, en femme immense, obsèse, et petite-fille des malfaisants, retient l’attention, et son combat face au CF pour l’héritage des « 108 dragons » tient toutes ses promesses.

    30/05/2021 à 10:02 1

  • Détective Conan Tome 84

    Gosho Aoyama

    7/10 Suite et fin de la précédente histoire dans le parc marin : notre jeune limier va remarquer quelque d’anormal – et très bien pensé – au niveau des vidéos enregistrées sur les téléphones portables. Une résolution sacrément maligne. Puis un concours de cerfs-volants au cours duquel un homme tombe par accident dans le fleuve, mais est-ce réellement un accident ? Un cadre original pour une péripétie simple mais plaisante et efficace. Ensuite, une histoire dans un hôpital où une femme meurt empoisonnée après avoir ingurgité de l’acide prussique placé dans son thé où la couleur de la boisson va jouer un rôle prépondérant… et fort singulier. Enfin, une chute dans un escalier pour une enseignante autour de laquelle planent des histoires de harcèlement, de notes sur des copies et du FBI : un peu foutraque, on en trouvera la résolution dans l’ouvrage suivant. Bref, sans être renversant, ce 84ème opus se montre varié et prenant.

    29/05/2021 à 18:22 1

  • 30 rouge pair, passe

    Charles Richebourg

    4/10 Prosper Meunier prend le métro du côté de Pigalle, et ce pickpocket prend le portefeuille d’une belle et digne dame où il trouve ensuite 89800 francs. Curieux hasard : c’est justement la somme qu’il avait dans son propre portefeuille. Conclusion évidente : la femme est une voleuse patentée et rouée qui lui avait chipé son larfeuille. Attiré par le « professionnalisme » de cette inconnue, il la retrouve près d’un champ de courses, et Prosper propose à Madeleine, dite « Mado les mains d’or », d’unir leurs compétences.
    Une nouvelle qui commence plutôt bien, avec un ton enjoué, un argot divertissant, des dialogues à la Audiard, mais le reste du récit est bien moins folichon : quelques larcins dans des trains, des bavardages également, et une connaissance commune va conduire notre binôme de voleurs vers d’improbables péripéties. Une succession sans grande saveur de saynètes, un scénario tellement distendu que j’ai failli à de nombreuses reprises lâcher l’affaire, et une conclusion à peine gentillette après un coup juteux – et pas crédible pour deux sous – au casino de Monaco. A mes yeux, rien de bien fameux malgré la forme originale et cocasse, comme si l’auteur, Charles Richebourg, écrivait au fur et à mesure que les idées devaient lui apparaître… sans pour autant émerger. Bref, une déception, presque un gâchis.

    29/05/2021 à 10:13 1

  • La Disparition de Josef Mengele

    Olivier Guez

    9/10 … ou, comme son titre ne l’indique pas nécessairement, Olivier Guez retrace la trajectoire chaotique de Josef Mengele en Amérique du Sud, le sinistre « ange de la mort » qui a sévi lors d’expérimentations ignobles, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Découpé en trois parties (« Le Pacha », « Le Rat » et l’épilogue intitulé « Le Fantôme »), cet ouvrage à mi-chemin entre le roman et le documentaire est solidement campé sur une bibliographie sérieuse et à la véracité historique indéniable. Après des errements, Mengele – devenu Helmut Gregor – va finir par retrouver d’autres anciens nazis qui ont trouvé de l’autre côté de l’Atlantique un éden où nombre d’entre eux vont même prospérer. Ce qui est tout aussi passionnant que la réelle cavale du boucher, c’est, à mon sens, le contexte historique et la façon dont certains régimes politiques (notamment Juan Perón et Eva, ici décrits comme de piètres stratèges politiques, puissamment décadents et à l’échec final indéniable) ont cru pouvoir exploiter ces rebus de l’humanité en afin d’en tirer un profit personnel, technologique voire géostratégique. Avec des mots remarquables, oscillants entre ceux de la pure littérature et ceux de l’historien maître de son sujet, l’auteur dévoile diverses ficelles grâce auxquelles Mengele et d’autres séides du IIIe Reich ont d’abord cru pouvoir échapper à la légitime justice internationale, les accointances sordides, les cohabitations contraintes, et quelques hasards parfois heureux pour ces fuyards. Plusieurs fois, je me suis surpris à lire certains passages, fermer les yeux et les imaginer lus comme dans les documentaires du type « Apocalypse », et cette alchimie s’opérait, ce qui signifie donc que le mix fiction/réalité est très bien fait. Je me suis également surpris à éprouver une forme – très lointaine d’empathie pour cet homme, ignoble en raison de ses agissements passés, d’abord nabab et jouisseur, avant de devenir une loque humaine percluse de maladies et de vicissitudes physiques liées à son angoisse de se faire attraper, jusqu’à la baignade finale, létale. 83 chapitres remarquables, qui s’avalent à toute allure. Captivant et très didactique, je ne peux que chaudement recommander cet opus.

    27/05/2021 à 19:37 4

  • La cause était belle

    Lee Child

    8/10 … ou comment Jack Reacher, débarqué un peu par hasard dans un patelin du Nebraska, en vient à se confronter à la terrible et perverse famille des Duncan (qui contrôle la ville d’une main de fer) et à enquêter sur la disparition de la petite Margaret, évanouie dans la nature avec sa bicyclette un quart de siècle plus tôt. De Lee Child, j’avais déjà lu « Les Caves de la Maison blanche » et « La Faute à pas de chance », et je me suis vraiment régalé avec cet opus, plus qu’avec les deux précédemment cités. J’ai retrouvé un Reacher en pleine forme, diablement efficace tant du point de vue physique (un beau bestiau d’un mètre quatre-vingt-dix pour plus de cents kilos, expert en combat rapproché) qu’analytique (un sacré flair, un sens de la déduction remarquable, et une expérience des coups tordus qui lui inspire de beaux raisonnements). La clique des Duncan se montre ici particulièrement retorse, ayant sous la main ses « Cornhuskers », des sbires corporellement impressionnants mais parfois d’une bêtise insondable (« la nature humaine », ironise souvent Lee Child), tandis que trois autres groupuscules tirent les ficelles d’un trafic dont on n’apprend la teneur que dans les derniers chapitres. Pas de gros temps mort dans cette histoire menée tambour battant, avec pas mal de bastons, scènes d’action très cinématographiques et réparties du tac au tac parfois très drôles. Il y a également quelques moments plus poignants, plus émouvants, comme ces rares paroles de Reacher sortant de la grange pour en expliquer le contenu à son interlocutrice. J’ai un peu moins apprécié quelques longueurs pas nécessaires (intéressantes mais un peu longuettes, comme l’explication médicale de l’arrêt cardiaque) et le fait que les frictions puis affrontements entre les Italiens, Iraniens et autres soient finalement inutiles et rapidement expédiés. Au final, un pur blockbuster littéraire qui n’en oublie pas pour autant son âme, efficace en diable et percutant, idéal pour se distraire tout en portant en lui les germes d’une indéniable noirceur (je ne suis pas près d’oublier les saloperies des Duncan).

    26/05/2021 à 17:35 3