El Marco Modérateur

3314 votes

  • Maudite poupée

    Amélie Antoine

    8/10 Cinq euros : c’est ce qu’a coûté cette poupée, dénichée lors d’un vide-greniers breton par les deux sœurs Thaïs et Margot. Belle et bien présentée, ce jouet va rapidement devenir le jouet préféré de Margot, la cadette. Sauf que cette poupée pourrait bien dissimuler un étrange pouvoir de séduction et de possession, plus pour le pire que pour le meilleur.

    La série Hanté de chez Casterman s’enrichit graduellement, et c’est avec un plaisir spontané que l’on se rue sur cet opus. Amélie Antoine signe un très bon roman à destination des jeunes à partir d’un pitch pourtant classique. En moins de cent pages, l’écrivaine nous ouvre les portes d’un univers où l’on bascule progressivement dans le surnaturel, au gré d’une écriture certes simple mais qui se révèle très efficace. Les ingrédients du genre, attendus, apparaissent les uns après les autres : bruits et mouvements angoissants dans la maison, déplacements de la figurine, changement de comportement de sa propriétaire, tentative de son aînée pour briser le charme, etc. De prime abord, c’est donc plus la forme que le fond – parfois classique – qui semble l’emporter dans ce livre. Néanmoins, Amélie Antoine ménage un excellent rebondissement final, imprévu et très malin, le genre de twist que l’on ne voit pas venir et achève le récit – anxiogène – sur une remarquable note au point de rehausser l’intérêt de toute l’histoire.

    Un roman à la fois distractif et angoissant, jouant habilement sur les codes du genre pour mieux se jouer d’eux dans l’épilogue. On en redemande !

    13/04/2021 à 23:18 3

  • La Caisse oblongue

    Edgar Allan Poe

    6/10 … ou comment le narrateur raconte qu’il a retrouvé un vieux camarade, peintre et pétri de qualités humaines, Cornelius Wyatt, dans un bateau. Des questions se posent alors rapidement : pourquoi Cornelius a-t-il retenu trois chambres au lieu d’une seule ? Qu’y a-t-il à l’intérieur de cette « caisse oblongue » de six pieds de long sur deux et demi de large ? Pourquoi ne l’a-t-il pas faite porter dans une des deux chambres surnuméraires, à la place de quoi il a décidé de la faire mettre dans la sienne ? Pourquoi porte-t-elle la mention de sa belle-mère ? Pourquoi Cornelius fait-il de son mieux pour éviter sa propre épouse ? Les réponses viendront après une tempête cataclysmique. Pour ma part, ayant lu pas mal d’œuvres d’Edgar Allan Poe, je n’ai pas été particulièrement saisi par la chute. Certes, elle est ingénieuse, mais pas mal d’éléments disséminés dans le récit (ou peut-être est-ce parce que l’univers de cet immense écrivain m’a imprégné au point que j’ai compris quelques gimmicks littéraires et autres « ficelles » dont il est passé maître) laissent présager le final. Même si cette (très) courte nouvelle est plutôt réussie, achevée intelligemment et avec une forme certaine d’émotion, tout cela ne parvient vraiment pas, selon moi, à la hisser au niveau d’autres histoires majeures de l’auteur.

    13/04/2021 à 08:17 1

  • Le Métier dans le sang

    John Trinian

    7/10 … ou comment l’ancien cambrioleur Eddie Pesak – né Bela Edward Pesak, d’origine hongroise, poursuivi et harcelé par le policier Drago – né Mihaly Dragoman, également d’origine hongroise, en vient à reprendre de bien mauvaises habitudes, d’autant qu’un piège lui est tendu. Mon premier John Trinian, dont je découvre la prose habile et sobre, dont la concision et la pondération n’empêchent nullement l’émergence de sentiments hautement humains et une réelle profondeur chez les personnages qu’il a créés et qu’il dépeint. De prime abord, une histoire simple, voire simpliste, avec ce gentil malfrat qui repique au larcin sous la pression du méchant flic qui le pressure et le pousse à la faute. En réalité, les chapitres en viennent à dévoiler un récit plus fin et complexe. Une relation bien plus équivoque entre Eddie et Drago, dont on apprend progressivement les raisons de l’affrontement lié à une affaire ancienne, tandis que Walter, le frère aîné d’Eddie qui considère presque ce dernier comme son fiston, est sur le point de mettre en œuvre un nouveau pillage criminel. Pas mal d’émotion, notamment dans la difficile réinsertion d’Eddie malgré tous ses efforts conjugués, dans son attitude vis-à-vis de son épouse et de sa fille, et également dans les liens tumultueux que vont graduellement tisser l’ex voleur, sur le point de renouer par nécessité pécuniaire avec un passé qu’il croyait révolu, et son tourmenteur de policier. Au final, un roman qui ne réinvente ni le genre, ni ses codes, mais qui passe particulièrement bien, offre un bon moment de lecture, et prodigue dans le même temps le scénario idéal d’un film de gangsters, sans prétention mais sacrément efficace.

    11/04/2021 à 23:08 2

  • Vers quel avenir ?

    Charlie Adlard, Robert Kirkman

    7/10 Un opus qui commence avec un flash-back qui est en réalité un rêve tournant au cauchemar. De zombies continuent de rôder dans les parages ainsi que des écumeurs de la route – bien humains, ceux-là. Un opus un peu plus calme que les précédents, ce qui n’empêche nullement quelques déferlements de violence, tout autant contre les monstres que contre les humains.

    11/04/2021 à 08:09 2

  • La Magicienne trahie

    Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme

    7/10 Thorgal, enchaîné pour avoir été aimé par la fille d’un homme, Gandalf-le-fou, roi des Vikings, qui ne voulait pas de cette union, est promis à la noyade et à la mort par le froid, mais une femme, Slive, vient et le sauve en échange d’un pacte : que Thorgal soit tout entier à sa disposition pendant un an. Une bande dessinée d’aventures que j’ai bien appréciée, presque un classique du genre que je ne découvre qu’aujourd’hui. Un habile mélange de combat, de folklore (sans dépréciation de ma part, bien évidemment) viking, de sentiments chevaleresques et d’appétits de vengeance pour une série que je vais continuer de suivre, malgré un graphisme qui a nécessairement beaucoup vieilli puisque datant de 1980.

    10/04/2021 à 08:28 2

  • Higanjima tome 4

    Koji Matsumoto

    6/10 Un individu masqué, Atsushi, déboule dans la forêt et finit par se retourner contre les villageois alors qu’il était en train de s’en prendre à Aki. Les rescapés se préparent alors à aller chercher Ken pour l’exfiltrer. C’est un opus assez bourrin, énergique, qui nous montre une transformation de l’un des vampires, nous permet de comprendre que le sang peut à la fois être un poison et un remède, et de nous offrir une belle confrontation avec une créature redoutable. Le scénario et l’ensemble des scènes restent un peu plan-plan, mais ça a au moins un fort caractère distractif, et quelques éléments de la dernière partie de ce manga (l’apparition du maître de l’île, ses pouvoirs psychiques et le comportement d’Atsushi) relancent un peu mon intérêt.

    09/04/2021 à 08:23 3

  • Le Fils de Slappy

    R. L. Stine

    7/10 Jackson Stander et sa sœur Rachel sont diamétralement opposés : le premier est un enfant bien sage tandis que l’autre est une furie qui passe son temps à mentir. Leur mère décide un jour de les envoyer en vacances (forcées) chez leur grand-père qui habite dans un manoir aux allures de château hanté. Le vieil homme, qui vit avec Edgar, son chauffeur, est un collectionneur compulsif (depuis les flamants roses jusqu’aux mygales, en passant par les méduses et les nœuds coulants ayant servi à de véritables pendaisons). Mais il collectionne également les marionnettes, et il y en a d’ailleurs une dont il faut se méfier : Slappy, dont la légende raconte qu’elle aurait été « taillée dans le bois d’un cercueil par un méchant sorcier », et qui pourrait revenir à la vie à la faveur d’une incantation et jouer de terribles tours à son propriétaire. Mais est-ce réellement une légende ? De R. L. Stine, on connaît bien l’œuvre et les marottes littéraires : pitch mettant en œuvre des phénomènes paranormaux, des chapitres concis, un style sec, et un suspense qui se doit d’être constant de bout en bout. Ici, rien ne déroge à la règle avec ce pantin, capable de posséder son propriétaire, de lui faire dire et faire des horreurs, d’autant que ce Slappy a décidé que Jackson allait devenir son fiston (d’où le titre de l’opus). Une histoire sympathique et prenante, même si, tout du long, c’est surtout une litanie de vilénies et d’autres comportements inappropriés que Jackson fait, bien malgré lui, ce qui rend l’ensemble un poil monotone. Cependant, le final, avec le twist traditionnel, vient nettement réveiller l’ensemble ; une idée très bien trouvée, intelligente, et qui relève d’un coup l’intérêt de l’ensemble du livre.

    08/04/2021 à 08:25 1

  • Happiness T01

    Shūzō Oshimi

    3/10 Makoto Okazaki est un jeune étudiant à la vie assez tarte mais dont la vie bascule quand, de nuit, il s’en va rendre un DVD qu’il avait emprunté et se fait agresser par une femme aux dents très longues. Elle le mord violemment au cou puis lui demande : « Veux-tu mourir comme ça ou devenir comme moi ? ». Puisque Makoto déclare ne pas vouloir mourir, le voilà épargné par cette inconnue et conduit à l’hôpital où il est sensible à la lumière et sujet à une très forte soif. Un graphisme de prime abord léger, parfois naïf, mais du point de vue esthétique, ça se laisse suivre. Mais pour ce qui y est du fond, ça ne vole pas bien haut : le changement de comportement, l’appétit soudain pour le sang, les capacités physiques démultipliées, la violence nouvelle qu’il musèle, et un soupçon de love story gentillette et sucrée… Déjà que de base, je ne suis pas fan de l’univers des vampires, mais là, l’auteur enfile les clichés comme des boulettes de viande sur une brochette, sans éclat, sans originalité, sans âme. A ce stade de la série (je ne peux me prononcer que sur ce premier tome), il n’y a vraiment pas de quoi épiler un grizzly. Peut-être que j’essaierai l’opus suivant, mais s’il est du niveau (pétrolifère) de celui-ci, je m’arrêterai là.

    07/04/2021 à 08:38 1

  • Charisma tome 2

    Taisei Nishizaki, Fuyuki Shindo, Tsutomu Yashioji

    8/10 Ce deuxième tome revient sur la rencontre entre Nobuyasu et Reiko ; depuis, ils se sont mariés et ont eu un fils, Toshiharu. Sous couvert d’aide scolaire, « L’Ecole de l’Edification » est une réalité une entité sectaire, déjà très intéressée par le fait que Reiko est la fille d’un magnat de l’immobilier. Puisque le décor a été planté dans le tome précédent, celui-ci permet d’observer une autre facette de la dérive sectaire, avec les moyens qu’elle emploie pour s’approprier l’attention de ses futurs adeptes et comment elle s’infiltre dans la vie quotidienne des gens, même sous des atours anodins. Les allers-retours entre le passé du « Messie », trente ans plus tôt, et le présent, sont assez forts, notamment dans la ressemblance frappante entre sa mère et celle de Toshiharu. Ce tome s’achève sur un séminaire aux allures de camp de redressement et de Karcher pour cerveaux. Toujours aussi efficace et percutant.

    06/04/2021 à 23:18 2

  • Freak Island tome 3

    Masaya Hokazono

    4/10 Cet opus commence en mixant du « Ken le survivant », du Quentin Tarantino et encore d’autres fragments cinématographiques, mais ça en devient navrant selon moi : lapidation, arts martiaux, humour tellement décalé qu’il tombe à côté de tout, une histoire improbable de déchets radioactifs, des régénérations… Ce manga, un peu à l’image des précédents, est une sorte de mixeur dans lequel l’auteur a déversé tous les stéréotypes possibles et imaginables, et l’ensemble n’a la saveur d’aucun de ces ingrédients. Je pense qu’il aurait dû choisir l’un d’entre eux seulement et s’y tenir. Là, je commence à être très blasé par cette série : j’ai vraiment fait des efforts pour la suivre puisque je l’avais sous la main, mais je commence à caler sévèrement…

    06/04/2021 à 08:32 1

  • Détective Conan Tome 82

    Gosho Aoyama

    7/10 Le célèbre Kid Kaito veut voler un bijou très particulier, et la sécurité est atypique : elle n’est confiée qu’à une seule personne, un champion de karaté invaincu. Le pitch est appétissant, et la suite est plutôt agréable, avec un joli tour de passe-passe. Puis une histoire où trois personnes prétendent être les véritables propriétaires d’un chat très précieux : une affaire gentillette, mais où l’observation du comportement des chats – très instructive – sera déterminante. On débouche aussitôt sur une agression en chambre close où un chat de montrera aussi déterminant pour la résolution : simple et efficace. Ensuite, un homme marqué par la mort de sa sœur et un corps en décomposition : il s’agit alors moins de connaître l’identité du tueur – presque évidente – que de savoir comment il s’y est pris pour manipuler son alibi. Une affaire plaisante et originale, avec de beaux ressorts psychologiques. Enfin, l’histoire d’une tueuse, dit « la femme en rouge » qui réapparaît bien des années plus tard : une histoire inachevée mais qui donne déjà envie d’en connaître la suite et fin. Bref, un bon opus, aux histoires très différentes et qui font toutes passer un agréable moment.

    06/04/2021 à 08:26 1

  • Syndrome 1866 tome 1

    Naoyuki Ochiai

    7/10 Miroku semble de prime abord être un jeune homme bien sous tous rapports, mais le mariage de sa sœur qu’il considère comme de la prostitution et les images traumatisantes qu’il a vécues jeune (le massacre d’un cheval) font qu’il a du mal à s’insérer dans la société, d’autant qu’il estime cette dernière percluse d’hypocrisies, de faiblesses et de contradictions irrémédiables. Alors il a conçu ce qu’il appelle son « projet », longuement et graduellement mûri. Une émission télévisée trouvée par hasard au cours de laquelle on interviewe un gradé japonais après un bombardement qui a causé la mort de 42 civils, puis la rencontre avec une jeune femme, manipulatrice et sadique, va sceller son destin. Un premier tome qui prend le temps de planter le décor, ses personnages ainsi que leur psychologie, mais qui n’offre pas la moindre action. Un manga très axé sur les rouages moraux et psychiques, et j’espère que le « projet » de Miroku va se concrétiser pour redonner un coup de sang à la suite.

    05/04/2021 à 23:08 1

  • L'Emprise des sens

    Sacha Erbel

    7/10 A bientôt trente-neuf ans, Talia Mejri est en pleine déception amoureuse, aussi saute-t-elle dans un avion qui la mène à la Nouvelle-Orléans. Mais une fois arrivée, elle noue contact avec le beau pilote… qui est assassiné peu de temps après selon un rituel effrayant. Tandis que la police locale mène l’enquête, Talia est sujette à de terribles hallucinations : et si elle avait, sans le vouloir, noué une forme de lien avec le tueur ?

    Sacha Erbel signe un ouvrage intéressant qui fusionne habilement plusieurs genres. On retrouve ainsi le thriller avec ses doses cadencées de sueurs froides et de frissons, le polar sentimental, et quelques touches ésotériques en lien notamment avec le vaudou. Talia, la protagoniste principale, attire rapidement l’empathie, et les visions dont elle est le jouet intriguent, à mesure que les raisons de ces apparitions apparaissent, sans compter le fait que, bien plus tard dans le livre, on apprend qu’elle recèle un terrible drame passé. Dans le même temps, les deux principaux policiers sont hautement sympathiques, avec Louis Lafontaine, officier brisé par la mort de sa femme et victime de troubles obsessionnels compulsifs, et Basile Pembroke, médecin légiste avec lequel notre héroïne va vivre une idylle. Les décors de la Louisiane, principalement la Nouvelle-Orléans et Bâton Rouge, se prêtent à merveille à cette ambiance énigmatique et anxiogène de meurtre en série et de magie vaudou, tandis que les chapitres alternent avec aisance entre les divers points de vue, laissant naître les fureurs incendiées du serial killer et ses démons agités. L’intrigue, sans jamais rebattre les cartes du genre, se laisse suivre avec plaisir et maintient un bon niveau de suspense, avec notamment quelques surprises dans le final quant à l’identité de l’assassin. Devant tant d’arguments de qualité, on pardonnera avec d’autant plus de bienveillance à Sacha Erbel certains écueils, comme ces points d’exclamation surnuméraires et vite agaçants, quelques poncifs psychologiques ou encore des réparties qui parfois sonnent faux.

    Voilà un bon thriller, voguant avec aisance sur les flots du vaudou ainsi que sur les codes anglo-saxons du genre, et qui procure un bien agréable moment de lecture. On retrouvera avec plaisir Talia Mejri dans L’Ombre de Nola.

    04/04/2021 à 08:19 3

  • A-Ban-Soom, le tavernier de Chinatown

    José Moselli

    6/10 Un steamer revient de Singapour, et le capitaine Thomson s’entretient en toute discrétion avec A-Ban-Soon. Il faut dire que la cargaison est sensible : 6000 livres d’un opium de contrebande (à 15 dollars de l’époque la livre, ça en fait, de l’argent !), au lieu du riz, du charbon, de la poudre et du whisky comme il l’est indiqué aux douaniers. Heureusement, John Strobbins est là… Une nouvelle d’une trentaine de minutes d’écoute, agréable, sans grande fièvre ni passion. La première manipulation de Strobbins est tellement téléphonée qu’elle en devient d’une rare banalité (à moins que ça ne soit justement cette banalité qui la rend si téléphonée), sans compter pas mal de clichés sur les Chinois (alimentation, apparence, et parfois quelques remarques fort déplacées, mais mettons cela sur le compte de l’époque, le tout début du vingtième siècle). L’ensemble se laisse néanmoins lire (écouter en ce qui me concerne).

    01/04/2021 à 18:54 1

  • Maigret et la Jeune Morte

    Georges Simenon

    7/10 … ou comment le commissaire Maigret en vient à enquêter sur la mort d’une jeune inconnue, découverte place de Vintimille, en allant chasser la vérité sur les terres de l’inspecteur Lognon, et graduellement découvrir l’identité de la victime – Louise Laboine –, reconstituer son passé et découvrir qu’elle aura surtout été, bien malheureuse, le jouet d’une triste association et frappée par un destin affligeant. J’ai adoré retrouver le style de Georges Simenon, sec, rogné jusqu’à l’os, mettant en relief des portraits parfois attachants, parfois détestables. Notre limier va faire preuve d’une immense empathie pour la pauvre Louise, et reconstituer, pas à pas, ce qui a mené la jeune femme à la mort, avec les racines du fléau qui va la toucher commençant aux Etats-Unis. Une intrigue prenante et efficace, qui commence très vite dans le roman, presque sur les chapeaux de roues, et ne perd jamais cette cadence dynamique. Si je ne suis pas certain de me souvenir très longtemps du cœur de l’histoire, en revanche, je sais que deux éléments me marqueront : la manière dont Louise aura été maltraitée par la fatalité – les dernières pages où Maigret évoquent la succession de hasards, coups du sorts et autres malveillantes infortunes qui l’ont conduite au trépas sont mémorables, ainsi que le portrait en creux de Lognon, dit le « Malgracieux » : chétif, constamment malade, n’ayant pas les ressources intellectuelles pour intégrer le prestigieux service de police de Maigret, il vivra souvent l’apparition de notre commissaire dans « son » enquête comme une intrusion, au même titre que sa propre femme. Un autre bon opus d’une foisonnante bibliographie, qu’il s’agisse de celle de Georges Simenon ou de celle mettant en scène Jules Maigret. A mes yeux, probablement pas le meilleur, certes, mais il entretient avec qualité et élégance la flamme de la passion que je voue à l’auteur belge.

    31/03/2021 à 17:16 4

  • Le Dr Maniac va vous recevoir

    R. L. Stine

    2/10 Richard Letourneur, collégien à Cincinnati, cumule les complexes : allergique, roux, petit, maigre, il voue une adoration sans borne pour les bandes dessinées. Il a un ami fidèle au musée local de la BD, Kahuna, et un jour qu’il s’y rend avec son frère Ernie et son amie Betty, ils tombent tous les trois sur le Docteur Maniac, un super-vilain qu’il n’a jamais vu/lu que dans ses BD ! Et ce sont ensuite d’autres personnages de comics qui se mettent à envahir la ville. Il semblerait que ce Docteur Maniac ait ouvert la porte séparant le monde de la bande dessinée du monde réel. La charpente typique des ouvrages de R. L. Stine, avec le scénario apte à captiver les jeunes lecteurs, une écriture qui va à l’essentiel, de jeunes héros confrontés à des situations farfelues ou paranormales, un bon suspense et des chapitres très cadencés. Mais si la rythmique est toujours là, je n’ai pas du tout accroché à cet opus. L’intrigue tourne en roue libre, avec une accumulation de super-héros sans grande classe ni la moindre originalité, et le contexte fait que jamais je ne me suis pris au jeu. Même les tentatives d’humour (comme les expressions endiablées du Rageur, écrites en lettres capitales, pourtant pas piquées des vers, finissent par lasser) tombent à plat. D’ailleurs, le titre de l’ouvrage, pioché dans le chapitre 27, est sans la moindre consistance et ne reflète pas le contenu du livre. J’ai eu l’impression que l’auteur écrivait au fur et à mesure que les idées lui venaient, sans charpente ni direction. Et puis, les événements finaux sont tellement téléphonés qu’au moment où ils sont apparus, j’avais déjà décroché depuis un bail. Bref, à mes yeux, plus qu’une déception, un naufrage.

    30/03/2021 à 19:37 4

  • Un Fantôme à l'école

    Christian Grenier

    7/10 Hercule a beau n’être qu’un chat, cela ne l’empêche pas d’être sacrément doué, notamment pour les enquêtes policières. Et quand un fantôme est aperçu dans l’école fréquentée par Albane et Joyeuse, ses deux maîtresses, il n’hésite pas à mettre ses coussinets dans les pas de ce spectre. Mais quel peut bien être le rapport avec le vol de tous ces taille-crayons ?

    Ce roman extrait de la série consacrée au chat policier Hercule est, une fois encore, un petit délice. Sous la plume alerte de Christian Grenier, on retrouve donc notre félidé amateur d’investigations aux prises avec un inconnu errant, de nuit, dans les couloirs de l’établissement. Un véritable fantôme ? Un rôdeur ? Un voleur, qui ne s’intéresserait qu’aux taille-crayons des élèves qu’il dérobe ? En quelques chapitres habiles et rondement menés, le (jeune) lecteur sera amené jusqu’à la résolution, surprenante et distrayante. Cependant, dans le même temps, on regrette un peu que cette histoire de chapardage ne soit traitée qu’à la légère, presque de manière anecdotique, alors qu’il y avait peut-être là matière à un rebondissement inattendu ou à une explication plus surprenante.

    Encore un opus réussi de la part de Christian Grenier, idéal pour se prélasser sans pour autant oublier de faire jouer ses petites cellules grises.

    29/03/2021 à 20:00 1

  • Infection tome 2

    Toru Oikawa

    4/10 Un sapeur-pompier vient en aide à nos lycéens mais cet espoir est de courte durée puisque le véhicule de nos rescapés se fait percuter par un bus saturé de créatures, ces fameux « porteurs ». Ils peuvent ensuite rejoindre une zone de quarantaine qui fait également office de refuge. Là où le précédent opus m’avait déçu en raison de son manque d’originalité malgré un graphisme réussi, celui-ci se montre beaucoup plus assagi au niveau de l’action (certains passages se montrent même très bavards, voire soporifiques), et il n’y a guère que l’entame de ce livre, aussi un peu le final, qui présente un minimum de panache. Bref, je me suis ennuyé ferme au cours de cette lecture, ce qui risque de marquer mon arrêt définitif de cette série si le tome suivant est du même acabit.

    29/03/2021 à 19:33 1

  • Dragon Head tome 3

    Minetaro Mochizuki

    8/10 Le ciel du souterrain s’effondre sur Ako, puis elle et Teru finissent par trouver une galerie qui pourrait les mener vers la sortie, mais c’est dans une station d’épuration des eaux où ils aboutissent. Ils finissent par avoir des informations sur le monde extérieur où une catastrophe a dû avoir lieu avec un état d’urgence à la clef. Un opus tout aussi réussi et anxiogène que les précédents, avec une belle progression scénaristique à travers la découverte de survivants et de ces individus se baladant avec des masques à gaz.

    29/03/2021 à 16:48 1

  • Détective Conan Tome 68

    Gosho Aoyama

    7/10 Suite et fin de la précédente énigme : je ne m’en souvenais pas trop, mais la résolution est sympathique, sans plus. Ensuite, le cadavre d’une femme découvert sous le lit de la chambre occupée par l’ex-épouse de Kogoro Mouri : c’est donc un meurtre en chambre close au dénouement assez astucieux, et où notre jeune limier laissera justement Kogoro régler lui-même l’affaire. La suivante met en scène le vol de la corne d’une statue, probablement orchestrée par le célèbre voleur Kid Kaito : une histoire maligne, avec pas mal de rebondissements, et Kid Kaito se révèle être un adversaire (sympathique) particulièrement retors. Enfin, un homme est poignardé au cours d’une fête typiquement japonaise et n’a que le temps de glisser un modique indice à Conan, le chiffre « 9 », avant de tomber inconscient : une histoire un peu paresseuse et bavarde à mon goût qui s’achève (fait relativement rare) dans cet opus sans attendre le suivant pour en connaître la conclusion. De façon globale, deux bonnes histoires et deux un peu moins, ça reste pas mal du tout.

    28/03/2021 à 19:29 1