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Chasseurs de robot
6/10 Retour dans cet univers postapocalyptique où des gamins sont obligés de chasser des rats pour les manger et donc se nourrir (première scène). Ça commence de manière plus dynamique que le précédent tome (peut-être était-ce volontaire afin de planter le décor), avec S.A.M. qui réapparaît en affrontant une sorte d’immense scolopendre robotique. Le reste de l’histoire s’articule justement autour de l’amitié naissante entre Yann et S.A.M. tandis que les camarades de l’adolescent se demandent si cet androïde est digne de confiance. Un ton plus énergique pour une BD qui ne propose toujours rien de révolutionnaire mais se révèle sympathique (mais sans plus) à suivre.
27/02/2022 à 20:31 1
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Après l'homme...
5/10 Dans un univers postapocalyptique, des ados tentent de survivre dans les décombres d’une vaste cité où des robots immenses sèment la terreur. Leur seule retraite : les souterrains et égouts par centaines. Un curieux mais agréable cocktail du point de vue graphique, qui panache l’esthétique japonaise du manga, quelque chose de beaucoup plus occidental (un indice : tous les prénoms des mômes sont à consonnance française, ou au moins européenne) et une fluidité digne des animes. Vraiment rien de transcendant du point de vue du fond avec un schéma classique et des éléments déjà lus ou vues maintes fois ailleurs, donc pas grand-chose de véritablement croustillant à se mettre sous les dents mais ça se laisse lire, sans plus, jusqu’à l’apparition de ce robot qui semble vouloir aider nos jeunes protagonistes. Ah, un détail irritant : le fait de mettre quasiment un mot sur quatre en gras. C’est trois fois rien mais ça n’apporte rien sinon de taper gentiment sur le système…
27/02/2022 à 18:57 1
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Partie de chasse
9/10 Lu il y a déjà pas mal de temps, mais j'en conserve un soucenir assez précis. Un graphisme remarquable pour un récit particulièrement sombre, où la petite histoire se mêle à la grande à travers ce règlement de comptes entre nervis du communisme, vengeances personnelles et enjeux de pouvoirs. Une partie de chasse, comme le dit explicitement le titre de cette bande dessinée, où ce sont autant les hommes que les désillusions et autres espérances gâchées qui vont servir de cibles. Brillant, même si je me souviens d'un scénario nécessitant un minimum de bagage culturel et historique afin de profiter au maximum de ses ficelles et de ses subtilités.
27/02/2022 à 07:45 2
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Dead Tube tome 13
Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi
6/10 Hanae Miwa cherche à détourner l’attention des fêlés des deux autres femmes tandis que Tomo en est réduit à suivre cette chasse à la femme à distance. L’histoire se dilue un peu par rapport au tome précédent, je trouve, mais j’ai apprécié le retour de quelques figures de la série, comme Justice-Man et Crazy Lascar, avec un mélange plutôt plaisant (même si pas toujours de bon goût) de zombies réinterprétés, prédateurs sexuels, superhéros, et un retour vers des épisodes précédents de la saga, permettant également de découvrir l’identité du créateur du « Dead Tube ».
26/02/2022 à 19:14 1
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Issak tome 4
7/10 Le siège mené par les Espagnols tonne dès les premières planches, et parce qu’Issak est encore blessé, il délègue son fameux mousquet à Zetta qui l’utilise, avec ses conseils avisés, afin de déloger Renzo de son emplacement, mais ce dernier n’est finalement que touché, pas tué. Mais parce qu’il ne souhaite pas que les combats s’arrêtent comme l’indique le prince espagnol, Renzo le poignarde et le tue. Encore de belles scènes de batailles, un moment de sacrifice fort oignant face à des arbalétriers, et Issak qui récupère (un peu trop vite pour être vraisemblable) ses forces pour massacrer de l’ennemi à la chaîne dans un tunnel. Un opus aussi bon que les précédents, s’achevant sur la (probable) promesse d’un combat au sabre entre les frères ennemis.
26/02/2022 à 16:58 2
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Parasite Reversi tome 2
8/10 Une entame intéressante : un calme apparent, une forme de mollesse, et deux personnes zigouillées par l’un des monstres avec une impassibilité pas possible, sans outrance ni sang. Hirokawa, le conseiller municipal et père de Tatsuki, et ses sbires semblent œuvrer pour un projet où l’espèce humaine, pollueuse et encombrante, n’a pas sa place, et Ichinose, le nouvel équipier de Fukami, s’illustre rapidement par sa violence. Une série qui continue de me séduire : un ton étrange, des horreurs montrées pourtant sans la moindre goutte de sang ni surabondance de violence, des planches sans dialogue et des visages atones alors que l’ambiance n’en demeure pas moins pesante… Un régal d’originalité dans la forme, moins dans le fond, mais la première, qui intrigue, l’emporte amplement sur la seconde.
24/02/2022 à 20:00 2
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Sirène
7/10 Un ouvrage typique de l’univers de Serge Brussolo. Sur une île surnommée « La Main » en raison de sa configuration, des survivants résistent à la lente destruction des surfaces terrestres, le dernier événement en date étant l’amputation de l’un des « doigts » de cette île. Après, tout s’enchaîne rapidement : une chorale destinée à amadouer les forces chtoniennes, des sacrifices humains (des personnes rendues volontairement obèses) pour calmer ces mêmes entités, une société matriarcale où le curseur du féminisme est poussé à son paroxysme, des tentatives pour hybrider les humains et en faire des sirènes, etc. Indéniablement, Serge Brussolo régale ses fans avec son inventivité débordante, chacun des chapitres pouvant parfois donner lieu à un livre tant les histoires sont remarquables d’originalité et de panache. Après, comme assez souvent, je trouve que l’auteur s’essouffle, peut-être après avoir trop donné d’entrée de jeu ou hésitant sur la trajectoire scénaristique de la suite du récit. Néanmoins, c’est un chouette cadeau que l’auteur nous a offert, disponible gratuitement il y a peu sur son site personnel. Il y a un deuxième tome à ce texte que je me suis procuré, je vais rapidement m’y atteler, en espérant qu’il sera au moins aussi percutant que le premier, et moins décousu notamment sur le final.
23/02/2022 à 18:28 2
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Dead Tube tome 12
Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi
7/10 Ce tome commence avec l’histoire d’Ishida Kazumi, trente-trois ans et aucune perspective professionnelle ni existentielle, mais qui rêve de publier son roman. Mais un nouvel échec et le bannissement d’un forum vont le pousser à bout. Un nouveau « jeu » a émergé, où il est possible de parier sur l’identité de la victime de ces individus en rupture de ban et prêts à massacrer des gens plutôt que de se suicider plus « simplement ». Toujours pas mal de sexe dans ce tome, mais un ton infiniment plus sombre, plus réaliste, plus mature presque, que dans quelques-uns des précédents qui étaient franchement WTF. Pas de fin concrète à la fin, le 13ème tome poursuivra donc cette traque que mènent des quasi zombies.
22/02/2022 à 20:21 1
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Vinland Saga tome 4
8/10 Les troupes d’Askeladd et de Thorkell (qui a pris en otage le prince Canute) s’affrontent et le combat tourne à la faveur des premières grâce à un incendie (et à la fumée) provoquées par celles-ci. Un opus un peu moins bagarreur que les précédents (mis à part l’entame), où l’on apprend l’ascendance d’Askeladd, et où ce dernier démontre l’étendue de sa froide sauvagerie. Bref, un tome en apparence plus calme, mais dont le final, barbare, vient aussitôt corriger le tir.
21/02/2022 à 18:42 2
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Le Sacrifice
Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme
7/10 Thorgal est toujours mourant, et le reste de sa famille doit continuer à affronter des adversaires, entre chevaliers troubles et écumeurs des routes. Le moribond et Jolan vont été happés par un univers fantasmagorique. Une série de péripéties baignées d’un puissant imaginaire, où j’ai trouvé que les traits (et surtout les couleurs) de Grzegorz Rosinski font des merveilles. Un opus très divertissant et inventif, c’est indéniable, même si la surenchère d’événements, créatures, et autres épreuves, jusqu’au final où pointe une réelle émotion, finit par devenir un poil lassant.
19/02/2022 à 08:35 2
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L'enfant dormira bientôt
8/10 Michel Béjart a vécu un drame épouvantable : il a découvert des nouveau-nés dans le congélateur de son domicile, juste avant que son épouse ne prenne la fuite et ne fasse un accident, laissant leur enfant unique handicapé. Bien plus tard, il est à la tête de la fondation « Ange » qui aide des couples démunis à adopter. Dans le même temps, deux nourrissons sont enlevés dans des maternités de la région parisienne, et c’est la commissaire Jeanne Muller, chef de la brigade de la protection des mineurs, qui mène l’enquête.
Ce roman de François-Xavier Dillard frappe fort, très fort. Après Prendre un enfant par la main, on retrouve son enquêtrice Jeanne Muller pour cette nouvelle investigation aux portes de la folie et de la noirceur la plus intense. Ce protagoniste détonne d’ailleurs dans le paysage : grande gueule, peu adepte de la bien-pensance, fumant cigarette sur cigarette, conduisant une Maserati GranTurismo, elle aura fort à faire dans cette histoire qui se double d’une autre concernant Samira, sa jeune protégée, ancienne prostituée à la trajectoire de vie éclatée et qui aura besoin de son aide. Ce roman choral multiplie les personnages et les point de vue sur une histoire dont les diverses ramifications en viennent à s’unir avec brio dans le final, et les individus fracassés par l’existence ne manquent pas. Samira, victime de violences sexuelles dès son plus jeune âge, exploitée par l’esprit libidineux des hommes, et proie de personnages tous plus abjects les uns que les autres, même ceux qui semblent de prime abord plus chevaleresques. Jeanne Muller, policière tenace et efficace, entourée d’adjoints au verbe haut. Michel Béjart, croyant trouver une forme d’apaisement dans une poupée « reborn » afin de cicatriser son douloureux passé. Hadrien, son fils condamné à vivre en fauteuil roulant et ne s’adressant à son père que par des SMS. Une large palette d’êtres parfaitement croqués et d’une belle densité humaine, à laquelle François-Xavier Dillard adosse une belle intrigue, sombre et tortueuse, jouant sur les aspirations à la maternité/paternité, parfois dans ce qu’elles ont de plus extrêmes. Cependant, l’auteur ne tombe jamais dans le sordide ou le voyeurisme malgré les sujets abordés : on est constamment dans un implicite salvateur, et l’humour de Jeanne Muller, en enquêtrice délurée et efficace, vient nuancer la noirceur de l’ensemble.
Un ouvrage d’une très bonne facture, âpre et redoutable sans jamais être glauque. Remercions François-Xavier Dillard pour la justesse de son ton, son tact ainsi que l’humanité qui traverse son roman, celle-ci s’observant avec d’autant plus de netteté qu’elle se juxtapose à des penchants d’une insondable cruauté.15/02/2022 à 08:18 5
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Le Rituel de Morinaga
Jean-François Di Giorgio, Frédéric Genêt
7/10 Takeo et son disciple se retrouvent en bien mauvaise posture, mais Kinu va se sacrifier, après les avoir trahis, pour leur permettre de s’échapper. Pas mal de castagne, des scènes de guerre très réussies soulignées par un graphisme efficace, un siège fort bien décrit et un chouette rebondissement final. Comme pour les précédents opus, ça manque peut-être un poil d’originalité, mais l’ensemble demeure distrayant et plutôt addictif.
14/02/2022 à 08:31 2
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Le fabuleux héritage de Sir Grandville
8/10 Via une lettre, Bill Disley est demandé auprès de Sir Grandville. Si ce dernier, riche industriel, n’en a plus pour très longtemps à vivre, il a aperçu son épouse à laquelle il s’est uni il y a cinq ans de cela en train de verser un produit dans son verre à son insu. Et il compte de toute façon déshériter celle-ci au profit de sa fille illégitime, France Dornières. Puis Patricia Grandville vient voir Disley pour lui, si son mari semble effectivement empoisonné, c’est certainement par son propre avoué, James Hartil, faisant en sorte que l’héritage du grabataire aille à sa fille naturelle à laquelle il réserve un bien terrible sort. Déjà que la situation n’est pas commode, mais quand le reporter apprend que l’amant de Patricia, Peter Grieska, est aussi celui de France, et que Patricia a été assassinée…
J’ai été très agréablement surpris par ce court texte, cette nouvelle, qui s’inscrit à merveille dans la tradition des polars hard-boiled. Aucun mot de trop, un récit sans la moindre perte de vitesse, et un final, en plusieurs temps, très bien trouvé, à la fois original et typique de ce type de littérature. Bill Disley est un protagoniste croustillant, amateur de bons mots, aimant se laisser aller à la boisson – c’est d’ailleurs bien ivre qu’il intervient lors de la résolution finale, avec un caractère bien trempé et des élans délicieusement cabotins. Bref, une bien belle réussite où nul – ou nulle – n’est celui – ou celle – qu’il – elle prétend être.13/02/2022 à 08:32
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Issak tome 3
7/10 Un flashback pour commencer ce troisième tome, où l’on voit s’affronter Isaku (celui que l’on connaît désormais sous le nom d’Issak) et de Renzo, débouchant sur un second flashback au cours duquel on voit Renzo tuer leur maître commun lorsqu’il est en train de voler l’un des mousquets. Renzo fait le siège du château en tuant quiconque essaie d’en sortir tandis que les Espagnols le prennent d’assaut, amenant Issak et Heinrich à tenter une percée avant de se faire encercler. Des duels bien chorégraphiés et une nouvelle bataille où s’illustrent des arbalétriers espagnols fort efficaces. Encore un chouette opus au terme duquel Issak, aidé de Zetta, va tenter une sortie pour déloger Renzo.
10/02/2022 à 08:33 2
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Noyade
7/10 Un camp de vacances, dans le Massachusetts. Parce qu’il ne sait pas nager, Joey Proctor, huit ans, est tiré de l’eau par Alex Mason, maître-nageur, qui l’abandonne sur un radeau au beau milieu du lac. S’il veut rejoindre le rivage, il n’aura qu’à y arriver par ses propres moyens, ce n’est pas la mer à boire. Sauf que Joey disparaît. Vingt-et-un ans plus tard, Alex Mason est devenu un redoutable promoteur immobilier à New York, à la tête d’un empire et aux dents sans cesse croissantes. Une femme, deux filles, et un bonheur uniquement entaillé par de lointaines escapades sexuelles. Sauf que des nuages s’amoncellent subitement au-dessus de lui : sa piscine dans laquelle quelqu’un a versé du sang, un message gravé au fond, des images qui se veulent compromettantes, un tag dans un immeuble désaffecté, un rôdeur qui pénètre chez lui pour filmer sa famille. Clairement, on lui en veut. Serait-ce Joey revenu se venger ?
Ce premier ouvrage de J. P. Smith séduit dès les premiers instants. Avec un style très épuré, presque simple, l’auteur nous fait revivre, au gré de chapitres très courts et dynamiques, cette mise sous pression d’Alex Mason. Ce dernier a évacué depuis longtemps l’abandon du gamin, sans guère de remords, mais ces menaces, graduelles et insistantes, ne sauraient être un quiproquo, ou l’œuvre d’une personne malveillante, vu les moyens employés et le caractère appuyé de ces intimidations. Pourtant, les éventuels auteurs de ces messages se bousculent : une maîtresse éconduite ? Cet autre promoteur immobilier avec lequel Alex a commencé à croiser le fer dans le cadre de la conquête de la Grosse Pomme ? Son épouse, Ashley, lassée de ses infidélités ? Et que dire de cette légende, racontée au coin du feu, à propos d’un dénommé John Otis, qui s’emparerait des enfants ? Intelligemment, J. P. Smith multiplie les fausses pistes et les rebondissements, poussant cet homme au sang froid, pour lequel on n’éprouve guère d’empathie, à l’écart verbal, au comportement belliqueux, voire à l’assassinat. Cependant, malgré une mécanique certes classique mais habile, il manque à ce roman un petit quelque chose qui le rendrait définitivement mémorable. Un soupçon d’originalité ? Une écriture davantage travaillée ? Un twist final plus fort ? Si l’épilogue est bien construit et fournit l’identité du coupable avec, à la clef, les explications tant attendues, peut-être rate-t-il le coche d’un dénouement plus marquant.
Un opus noir réussi, aux engrenages huilés et au style adroit, à peine desservi par un léger défaut de percussion ou de tempérament.09/02/2022 à 08:18 5
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Fortress of Apocalypse tome 2
6/10 Maeda croit être venu à bout de la « pyramide » en tirant sur celui qui semble en être le boss, mais rien n’est jamais simple au pays des zombies. Lui et les trois autres évadés tentent de survivre dans ce paysage envahi de zombies et vont même s’équiper, pendant que les violences sont également présentes dans le centre de correction qu’ils viennent de quitter. Toujours autant d’action et de sang, jusqu’au final où apparaissent des hybrides chiens-humains zombies, mais un angle narratif pas spécialement original dans le genre, comme dans le tome précédent. Et puis aucun suspense, puisque les monstres sont tellement lents et crétins que nos protagonistes s’en débarrassent avec une facilité déconcertante. La preuve : trois d’entre eux bousillent à tour de bras des zombies pour que leur quatrième ami puisse… faire une partie de flipper.
08/02/2022 à 18:30 1
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Qui a tué Glenn ?
9/10 George Glenn n’est plus. Cet aimable berger est retrouvé mort dans son champ, une bêche plantée dans le corps. Ce sont ses moutons qui trouvent le corps, mais ce ne sont pas n’importe quels moutons. Il en va d’eux comme des êtres humains : dans ce troupeau, il y en a qui sont intelligents, d’autres sages, etc. Et c’est ce cheptel, mené par la sagace Miss Maple, qui va mener l’enquête.
De Leonie Swann, on connaît déjà le très bon Gray, ou l’investigation d’Augustus Huff, secondé d’un inénarrable perroquet, et c’est une histoire toute aussi improbable que l’écrivaine allemande signait en 2005. Nos si sympathiques ovidés vont plus ou moins faire bloc afin de comprendre qui et pourquoi leur pâtre a été assassiné. On y retrouve donc Miss Maple – joyeuse référence à la Miss Marple d’Agatha Christie, mais également Sir Ritchfield, le chef âgé du troupeau à l’ouïe si paresseuse, Cordelia qui raffole des mots alambiqués, Mopple la baleine dont la mémoire est infaillible, ou encore Willow, la brebis taiseuse, ce qui ravit ses autres congénères. Une bande hétéroclite, mais dont les diverses facettes vont pouvoir s’unir afin de faire toute la lumière sur le récent drame. Est-ce pour autant un roman parodique, voire bouffon ? Oh non. Indéniablement, il y a beaucoup d’humour dans les mots de Leonie Swann, comme cette scène où l’un des animaux est forcé par ses pairs à manger à toute allure des géraniums afin de dégager le paysage et pouvoir observer une scène, puis est aussitôt pris par la diarrhée, ou cet autre quadrupède dévorant par erreur du cannabis, sans compter encore nombre d’autres passages décontractés et distrayants. Mais dans le même temps, on se rend vite compte que ce livre va bien au-delà de la pochade. Les bêtes en viennent à avoir des pensées d’une singulière justesse quant aux contradictions des humains, découvrent leur voracité dès lors qu’un gain est possible, doutent de leurs qualités, pointent du doigt leur égoïsme intrinsèque, et en viennent même à douter du fait qu’ils puissent avoir une âme. Miss Maple et ses semblables, d’observations en déductions, de filatures en conjectures, en viendront à comprendre le mobile du crime ainsi que son auteur au terme d’une démonstration théâtrale au cours de laquelle les animaux se montreront bien plus lucides et fins que les bipèdes. Et c’est aussi au cours de ces moments, de pure grâce, que l’on remercie Leonie Swann de ne pas être tombée dans le piège de la farce totale ; il y a de puissantes émotions qui battent, affleurent et finissent par poindre, mettant à nu des sentiments forts et poignants, là où le résumé ne laissait augurer qu’un aimable pastiche.
Indéniablement, un roman fort et singulier, ne ressemblant vraiment à aucun autre, où le cocasse le dispute au noir, et le primesautier au subtil. Une relecture habile du traditionnel whodunit anglais, inclassable et très réussi. Plus jamais vous ne verrez les moutons – et de façon générale les animaux – de la même manière.07/02/2022 à 08:30 4
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Dead Tube tome 11
Touta Kitakawa, Mikoto Yamaguchi
6/10 Mashiro orchestre un véritable massacre en bousillant les membres du public après leur avoir appris que le seul moyen de survivre aux bombes était de traverser le ring où elle les attend avec impatience, d’autant qu’une autre tueuse, aussi redoutable qu’elle, apparaît pour accroître le charnier. Fin de cet épisode qui rebondit aussitôt sur un événement : Dead Tube a disparu, puisque le site est inaccessible. On suit alors les tourments de Shibasaki Manabu, poussé au désespoir après s’être fait chiper sa petite copine, Yoriko, et que l’on pousse à commettre un massacre au pistolet. Un tome moins axé sur la baston pure, mais qui regorge de violence, notamment avec ce carnage au lycée. Un adroit rebondissement dans le final (pas de très bon goût, mais cette formule n’a jamais pu s’appliquer aux précédents tomes non plus…) pour un manga qui offre une sorte de virage dans la série.
06/02/2022 à 18:09
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Alice in Borderland tome 3
8/10 Troisième tome de la série, et troisième jour à Borderland. Flashback sur une épreuve passée par la jeune femme dans un métro, avec l’un des wagons empoisonné au gaz. Dans cet épisode, nos quatre protagonistes doivent jouer à une sorte de cache-cache « inversé » (un loup et trois agneaux, avec changement périodique des rôles) dans un décor de jungle avec viseurs intégrés et colliers probablement piégés, sauf que la règle est claire : l’un des quatre mourra. Beaucoup de psychologie autour de ce jeu tordu (on est donc loin des « Sky High Survival » et autres « Btooom ! ») et intelligemment trouvé et exploité, et pas mal de suspense et d’analepses. Vraiment un très bon tome !
05/02/2022 à 08:11 2
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Crime à Ålodden
8/10 La marée a rapporté le corps d’un inconnu après une tempête, un homme avec un tatouage représentant une salamandre annotée d’un numéro. Trois adolescents se mettent alors à enquêter : Cecilia, Leo et Uriel, accompagné d’Ego, le chien de cette dernière. Une investigation qui va leur faire côtoyer des personnages troubles dont certains s’avèreront être des trafiquants.
On connaissait déjà Horst Jørn Lier pour ses très bons romans policiers comme Fermé pour l’hiver ou Les Chiens de chasse, et voilà que paraît en France la série Clue, l’acronyme constitué avec les initiales de nos héros détectives. On est aussitôt projeté dans l’histoire, dès la première ligne, et le lectorat, jeune mais aussi potentiellement adulte, ne pourra qu’être maintenu en haleine jusqu’au final. Nos ados se montrent audacieux, malins et soudés, parés à affronter une adversité louvoyante et mal identifiée mais particulièrement déterminée à taire son commerce illégal. Horst Jørn Lier plante un décor typiquement scandinave au gré d’une intrigue habilement charpentée et dont le dénouement rappellera un ouvrage de Georges Simenon qu’il serait ici malheureux de nommer au risque de tout spoiler. D’ailleurs, l’histoire va bien au-delà de ce que proposent, parfois, d’autres auteurs, avec de jeunes limiers bien campés et au passé intriguant, notamment Cecilia Gaathe dont la mère a été retrouvée morte sur le rivage, portant une robe qu’elle n’avait pas la dernière fois que les témoins l’ont aperçue. Une piste qui sera par la suite exploitée ? On ne demande pas mieux.
Horst Jørn Lier nous offre le premier tome d’une série qui s’annonce sous les meilleurs auspices : bien mené, original tout en jouant adroitement avec les codes – attendus – du genre. On n’en attendait pas moins du père littéraire de William Wisting.03/02/2022 à 07:05 6