El Marco Modérateur

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  • Enlèvement au château

    Agnès Laroche

    8/10 Tu incarnes Marcus, un adolescent de douze ans, qui, comme tant d’autres invités, se rend au château de la Libarde. L’hôte, Nils Chamberlain, va peut-être remettre un prix de journalisme à ta sœur June. Ce manoir a été autrefois le théâtre d’un événement tragique : l’assassinat du peintre Solal Chanzy. Mais voilà : Nils Chamberlain disparaît quelques minutes avant son allocution. A toi de comprendre ce qui lui est arrivé !

    On connaît déjà fort bien Agnès Laroche, avec notamment ses très réussis Le Fantôme de Sarah Fisher, Sauve-toi Nora !, Cœurs en fuite ou Chasseur de voleurs. Elle a également lancé la collection Les mystères dont vous êtes les héros, dont cet Enlèvement au château fait partie. Le genre est connu : il s’agit de prendre la place du protagoniste et, au gré de ce livre-jeu, de faire les bons choix tout en sollicitant ses petites cellules grises afin de venir à bout des énigmes. Agnès Laroche nous avait déjà séduits avec Mission exploration ou encore Le Parc de l’épouvante, et ce tome est tout aussi réussi. Des situations intrigantes, des lieux inquiétants, des indices disséminés, une ambiance très whodunit et une belle arborescence de possibilités, certaines débouchant sur des échecs, d’autres sur des succès. Comme il l’est indiqué sur la première de couverture, vingt-quatre fins s’offrent à nous, et c’est justement tout le sel de ce type d’ouvrages : se relancer dans la lecture – voire l’action, puisque le lecteur est partie prenante du déroulé du récit – afin de tester les diverses alternatives, certaines n’offrant qu’une semi-réussite agrémentée d’un « Pas mal ».

    Un livre très prenant et réussi, nous replongeant en jeunesse avec délectation.

    13/08/2022 à 10:40 1

  • Shark Panic tome 1

    Tsukasa Saimura

    7/10 Une lecture on ne peut guère plus "popcorn", distrayante à souhait et qui se permet sans le moindre mal de s'extraire de toute analyse psychologique et autres mots d'auteurs dans la mesure où ça n'est pas du tout l'objectif. Un requin géant et affamé, des ados qui se retrouvent en une bien mauvaise posture et le défi de la survie : sacrément primitif comme pitch et comme façon de mener le manga, mais ça opère sans mal. Un pur moment de délassement, typique de ce que certains dénigrent et appellent de la "littérature de gare", mais que je conçois davantage comme positif et appréciable car il m'a permis de ne pas voir passer une heure d'attente.

    10/08/2022 à 23:42

  • Les Larmes du Reich

    François Médéline

    9/10 1951. On a découvert un couple assassiné dans sa ferme de la Drôme, les Delhomme, tandis que leur fille de onze ans, Juliette, a disparu. L’inspecteur Michel, de la brigade criminelle de Lyon, se met à enquêter sur cette affaire trois semaines plus tard. Dès lors, de nombreuses questions se posent : qui pouvait en vouloir à ces personnes âgées de soixante et soixante-dix ans ? Où est passée la gamine ? Y a-t-il un lien avec la Seconde Guerre mondiale ? A mesure que Michel progresse dans son investigation, le lecteur ira de surprises en surprises, parfois monstrueuses.

    François Médéline nous avait déjà subjugués avec son précédent ouvrage, La Sacrifiée du Vercors, et ça serait un doux euphémisme de dire que l’on attendait celui-ci avec une impatience teintée de grandes espérances. Vous voulez un autre euphémisme ? Ces Larmes du Reich est tout aussi réussi. Reprenant le terreau historique de son roman antérieur, il signe ici un livre d’une rare noirceur, puissant et qui fera date. La traque que mène l’inspecteur Michel est haletante, fort bien écrite, restituant avec maestria l’ambiance de l’époque, entre règlements de comptes, bouches scellées sur des secrets peu reluisants, histoires de famille et autres perfidies. Sans jamais juger, François Médéline compose avec minutie une intrigue efficace ainsi qu’une traque de premier ordre… jusqu’aux premiers rebondissements. La scène achevant la rencontre entre le policier et ce gamin qui se prostitue tonne comme un coup de tonnerre surpuissant, foudroyant littéralement le lecteur. Impossible de dire ce qu’elle recèle, mais à partir de ce moment, on se doute sans le moindre mal que la suite des événements fourmillera d’autres ahurissements. Dès lors, en redoutable illusionniste, l’écrivain nous convie à une quête multipliant les faux-semblants, les impasses étonnantes, les violences imprévues, les twists remarquables. Il faudra attendre l’ultime partie, intitulée « Rétrospection » et sa trentaine de pages pour nous offrir toutes les cartes de cette excellente partie de poker menteur. La quatrième de couverture évoque un « finale [sic] assourdissant », ce qui est exact : on pensait ne plus pouvoir être surpris après cette pure volée de mitraille, ces paragraphes exceptionnels qui obligent à une relecture de l’ensemble de l’ouvrage, et voilà que quelques mots, quelques lignes, achèvent de nous stupéfier.

    Un roman impressionnant d’originalité et de maîtrise : François Médéline est décidément un auteur qu’il faut découvrir de toute urgence.

    09/08/2022 à 08:07 3

  • Infection tome 6

    Toru Oikawa

    2/10 Un début longuet et bavard, au point que j’en ai presque (je dis bien « presque ») fini par regretter l’action, quitte à sombrer dans le grand n’importe quoi. La suite s’avère même tragiquement statique et ennuyeuse, sans le moindre souffle, autour de ce bûcher où reposent des morceaux de corps. Comble de l’ennui prodigué par ce sixième tome : il faut attendre la seconde moitié de ce manga pour qu’il y ait un semblant de dynamisme, comme si l’auteur avait tout donné auparavant, ou s’était enfin rendu compte que sa série ne tenait pas la route. Il s’essaie même au sexe explicite avec un résultat pour le moins navrant. Un opus particulièrement mollasson au point d’en devenir hautement soporifique et sans le moindre intérêt.

    08/08/2022 à 23:30

  • Mon beau grimoire

    Chrysostome Gourio

    9/10 Les trois K : c’est le surnom de ce sinistre trio – Kevin, Kylian et Khaïs, qui harcèle Perséphone. Cette dernière, collégienne, a le tort d’être rousse et de vivre dans le cimetière qu’entretient son père. Une proie facile pour ces imbéciles ? Certainement. Mais il se pourrait que la donne change. Perséphone rencontre une vieille femme dans le cimetière qui lui propose de l’aider. Mais il y a des secours qu’il faut parfois mieux refuser…

    On connaissait déjà Chrysostome Gourio pour quelques-uns de ses ouvrages destinés à un public adulte, dont Le Dolmen des dieux et Le Crépuscule des guignols, et voilà qu’il intègre la collection Hanté de Casterman avec ce livre. Dès les premiers instants, on est saisi par le style de l’auteur : on a beau écrire pour des jeunes, on n’est pas obligé d’employer un langage sommaire ou des tournures de phrases simplistes, et l’auteur nous le démontre avec maestria. Des phrases subtiles, des tournures réfléchies, une langue exquise : voilà qui permettra à nos chères têtes blondes de s’offrir de bien beaux morceaux de littérature. Parallèlement, l’intrigue, de prime abord classique, se montre forte : de proie, broyée psychologiquement par cette sombre équipe de crétins, Perséphone va se commuer en prédatrice. Son arme ? La magie. Noire, évidemment. La sorcière avec laquelle elle noue un pacte faustien, en lien avec cet épisode présenté dans le prologue dans le manoir des Vermot en 1692, va vite révéler le côté obscur, presque caché, de cette alliance. Le suspense croît, les phénomènes surnaturels se multiplient, et Chrysostome Gourio nous gratifie de quelques clins d’œil complices, comme avec cette nette référence au cultissime Simetierre de Stephen King. Le reste de l’opus oscille entre tension sauvage, incantations obscures et pression sur les épaules de notre Perséphone, qui va découvrir à quel point le sentiment de culpabilité peut s’avérer monstrueux.

    Un excellent épisode de la série, fort et marquant : on ne peut que plus amèrement regretter le fait que Chrysostome Gourio ne nous ait pas davantage offert de romans.

    05/08/2022 à 08:23

  • La Ligne verte

    Stephen King

    10/10 Moi qui suis un fan absolu de l'adaptation cinématographique de ce roman, j'ai enfin pu le lire, et quel régal ! Quelle beauté ! Une écriture sublime alliée à une splendide inventivité de Stephen King, et beaucoup d'imagination dans cette magnifique succession de tableaux parfaitement enchaînés les uns aux autres. Ce que je retiendrai en priorité, c'est l'humanité de cet ouvrage et ses indéniables qualités littéraires. Indéniablement, un pur bijou. Ça émeut, ça irradie, ça enflamme, ça met en colère, ça marque durablement. Très certainement l'un des meilleurs romans du King, un coup de coeur total !

    03/08/2022 à 17:49 12

  • Saga Valta tome 2

    Mohamed Aouamri, Jean Dufaux

    7/10 Le puissant Thorgerr et ses cent guerriers sont toujours à la recherche de Valgar, et ce dernier sauve un homme du Jonnung, une sorte de serpent immense et aux pouvoirs magiques. Une BD aussi efficace que le précédent tome, avec un bien beau graphisme, des scènes marquantes (les chiens et leur repas), et une histoire qui ne perd jamais son souffle. Des combats à mains nues ou armées, des envoûtements, une résurrection, des émotions : du tout bon !

    02/08/2022 à 23:27

  • Des Loups et des hommes

    Edouard Aidans

    5/10 Une meute de loups attaque un vieil élan, et il faut à Ohama déployer des trésors de persuasion pour que Tounga n’en tue pas un, un louveteau visiblement séparé des siens. Le fait que nos deux protagonistes parlent d’eux-mêmes à la troisième personne est vite agaçant, ça conserve, voire ça creuse un côté (in)volontairement dépassé et nanar qui rend l’opus sympathique. Des rhinocéros laineux, baptisés ici « nez-à-cornes », un immense serpent, un ours des cavernes, bref, les animaux pullulent dans cet opus et vont pourtant jouer un rôle salvateur à la fin.

    01/08/2022 à 18:13

  • Yeah Yeah Yeah

    Andrés Garrido, Kid Toussaint

    7/10 Dans un monde futuriste, Karel Rossum, robot, fait la connaissance sur un quai du métro parisien d’Elle Van Eden : connaîtront-ils l’amitié, voire l’amour ? Une histoire bien gentillette, adorablement mise en scène par un graphisme cartoonesque, de l’humour (notamment la 30ème planche avec les références directes aux films « La Belle et le Clochard », « Ghost » ou « Quand Harry rencontre Sally »), ce qu’il faut d’émotions pour ces androïdes régis par les lois d’Asimov et qui n’ont pas droit à l’amour avec les humains. Un final prenant avec la montée d’une révolte chez les robots. Habituellement, ce n’est pas trop ma tasse de thé, mais là, ça passe impeccablement.

    01/08/2022 à 08:27 1

  • Tounga et les hommes-rouges

    Edouard Aidans

    5/10 La horde des Ghmours continue de fuir face aux Hommes-rouges qui les traquent. C’est à ce moment-là que Tounga décide d’intervenir en faisant charger un troupeau de buffles. L’occasion de voir dans ce deuxième opus de la série à quel point Tounga est une bestiasse au combat : vaincre un lion des cavernes, décrit comme « plus agile qu’un chamois », provoquant une avalanche sur ses adversaires, stratège, meneur d’hommes, balèze au corps à corps même lorsqu’il est blessé, valeureux, se frittant avec une meute de loups, avec des aigles, défendant la belle Ohama, etc. Une succession de poncifs, comme on aligne les cubes de viande sur une brochette, avec en outre une esthétique qui a (très mal) vieilli. Amusant si l’on veut bien le prendre au ixième degré qu’il mérite et en prenant en compte son âge carabiné, un opus qui, paradoxalement, réjouit par son aspect incroyablement démodé et foncièrement ringardisé par le passage des décennies qui nous séparent de sa parution.

    30/07/2022 à 08:49 1

  • La Déesse noire

    Philippe Delaby, Jean Dufaux

    7/10 … où l’on découvre un gladiateur, Massam, sur lequel l’élite romaine mise beaucoup, puis une course de chars. Graphiquement et esthétiquement, c’est vraiment top, même si je regrette que l’intrigue ne soit pas un peu plus serrée ou originale. Certaines scènes retiendront l’attention, comme ce jeune éphèbe jeté dans un âtre, ou la nouvelle quant à ce mariage forcé qui vient refermer ce cinquième tome. Vraiment bon.

    26/07/2022 à 08:28

  • Infection tome 5

    Toru Oikawa

    2/10 Un début si téléphoné avec la réapparition de Kaori qu’il en est raté, un pompier qui se fait arracher l’avant-bras mais qui n’a même pas mal et qui fait dans la foulée du Steven Seagal avec les articulations d’un zombie, un autre qui se frite à l’aide d’une tronçonneuse face à un mort-vivant, un troisième qui veut y aller au sabre, des flashbacks qui viennent casser le rythme… Y a pas à dire, ça commence mal. L’auteur a l’air de vouloir rendre hommage aux pompiers : c’est une noble intention, mais c’est tellement mal fait que ces hommes du feu doivent en pleurer dans leurs casques de honte. Le ridicule se poursuit avec un zombie boxeur (ça me rappelle quand il était question de faire du monstre chasseur du film « Predator » un as du kickboxing…), des chapitres entrecoupés par des images érotiques de femmes en maillot de bain (mais WTF, pourquoi ?!), des personnages lambdas qui deviennent en un claquement de doigts des pros des armes à feu, un épisode érotico-sentimental dans une salle de bain quand des centaines de zombis sont dehors… J’ai beau être bon public, là, ça pique. J’ai l’impression d’éplucher un oignon : à chaque couche, le soufre se libère, et les larmes me montent aux yeux, mais des larmes provoquées par le risible voire le pathétique de ce manga.

    22/07/2022 à 08:50

  • Etoile blanche - Première partie

    Thierry Cailleteau, Ciro Tota

    6/10 Une entame qui panache mission d’infiltration, religion, politique et loi dite « anti-droïdes », robotique et espace. Un ensemble toujours aussi divertissant, agrémenté de quelques touches d’un humour parfois potache, plutôt bien mené, et profitant de nombreuses scènes d’action bienvenues pour relever le rythme. Une BD sympa qui s’achève sur un barrage routier laissant nos héros en mauvaise posture.

    21/07/2022 à 23:26

  • Maman les p'tits bateaux

    Claire Mazard

    9/10 Pour son douzième anniversaire, Marie-Bénédicte reçoit un ordinateur pour cadeau, ses parents espérant que ça la sortira de sa léthargie. Ses premiers mots tapés au clavier : « Père Noël, pour Noël, cette année, je te commande la mort de mon oncle Laurent. » Pourquoi ? Le 16 mai 2018 – une date que Marie-Bénédicte choisit comme mot de passe – son oncle l’a violée. Surnom du frère de sa mère : Tildou. Alors les mots – et les maux – se mettent à couler sur l’écran à mesure que l’ado nous raconte l’atrocité de son calvaire.
    « Je suis en prison. Dans mon corps. Dans ma tête ». Des propos aussi forts que la tragédie vécue par la protagoniste. Des phrases hachées, faisant écho au puissant trauma. Des polices d’écriture variées, changeantes, chaotiques. Un ton dur, écho à la violence de la situation. Marie-Bénédicte se fait raser les cheveux, sombre dans le mutisme, s’isole, se sent avilie, presque fautive de ce qui lui est arrivé, se laisse aller du point de vue scolaire, se demande si elle ne deviendrait pas coupable à son tour en dénonçant son bourreau d’oncle. L’ordinateur devient confesseur, le lecteur également à mesure que ses pensées s’y inscrivent. Un roman à la fois simple et fort (fort parce que simple, simple parce qu’il était inutile de vouloir faire plus fort). Un ouvrage d’une éclatante crédibilité, juste et plein de tact, qui me marquera probablement longtemps. Merci à madame Claire Mazard d’avoir traité ce sujet épineux avec tant d’intelligence et de talent.

    21/07/2022 à 08:41 1

  • La Horde maudite

    Edouard Aidans

    4/10 En Europe centrale, il y a « peut-être 100000 ans, peut-être davantage », une tribu d’hommes préhistoriques (le camp des Ghmour) vient à bout d’une meute de bisons. Tounga, un jeune et valeureux guerrier, défie Kaoum pour obtenir la mainmise sur la tribu mais le combat qui doit les départager tourne à l’équilibre.
    Une vision assez particulière de la Préhistoire : certains la jugeront hautement décontractée et distractive, d’autres profondément ridicule. Tounga parle aux mammouths (Robert Redford murmurait bien à l’oreille de chevaux…), se castagne avec un crocodile, se bastonne dans la foulée avec d’autres combattants, se confronte aussitôt après à un smilodon qui se trouve avoir été apprivoisé (!!), fait de l’escalade, vient à bout d’un rhinocéros noir, bousille des loups, etc. Alors, oui, si l’on est vraiment trop regardant et que l’on tient compte de l’âge de cette BD (parue en 1974, tout de même), ça peut passer. Malgré toute ma bonne volonté et ma magnanimité, là, j’avoue que ça pique tout de même méchamment. J’en ai encore quelques tomes sous la main, je pense que je vais me les faire sans pour autant me forcer.

    20/07/2022 à 08:27 1

  • Naissance

    Isabelle Villain

    7/10 Emile Chapuis, encore mauvais garçon quelque temps plus tôt, est devenu restaurateur et accepte de ne pas se faire payer par un dénommé Marc Chagall en échange de l’une de ses peintures. « Naissance » est le titre de cette œuvre. Trente-neuf ans plus tard, Emile Chapuis ainsi que son épouse ont été massacrés. Monsieur en est mort, madame est dans le coma, et la gouvernante, Pauline, atteste la disparition dudit tableau. Le mobile est-il purement lié à l’argent que représentait cette toile… ou doit-on y voir l’ombre d’un amant trop violent ?
    Une nouvelle fort agréable de la part d’Isabelle Villain, aimablement imaginée et bien construite, avec un final certes devinable mais qui n’en demeure pas moins réjouissant. Une « (Re)Naissance » qui atteint totalement son objectif de distraction.

    19/07/2022 à 08:26 1

  • Promenons-nous dans les bois

    Fabien Minguet, Rémi Prieur

    7/10 Pour les 30 ans de votre ami Ziad, vous organisez une sortie avec ses copains Melissa, Elise, Benjamin et vous, les jumeaux. Mais une averse subite et abondante vous oblige tous les six à aller vous protéger dans un refuge isolé dans la forêt. Sur place, vous attend une atmosphère étrange confirmée quelques instants plus tôt par un fait curieux : vous vous retrouvez enfermés dans ce grand chalet. Dès lors, il va falloir vous débrouiller pour comprendre ce qui se trame ici et surtout… survivre.
    Un escape game brillant, à l’ambiance délicieusement anxiogène soulignée par des illustrations réussies (notamment les quartiers de viande, les expressions faciales et les ténèbres de ce refuge). Des énigmes assez complexes qui vont de l’observation (cf. l’épreuve des chaînes dans le mur) aux mathématiques (les distances d’émission des talkies-walkies), la logique et la déduction (quel est le dernier quartier de viande à avoir été apporté dans le chalet ?, etc.), le tout agrémenté de quelques éléments disponibles en dehors du livre (via les QR codes). Au final, il y a assez peu d’énigmes mais elles sont suffisamment costaudes pour éprouver les petites cellules grises des adultes, d’autant que le concept est de les résoudre en moins de soixante minutes. Un bel ouvrage (vraiment bien fini et graphiquement travaillé), prenant et distractif, avec cependant un (gros) bémol à mes yeux : dans l’épilogue, on ne sait rien des motivations du tueur, ce qui est assez décevant et frustrant.

    18/07/2022 à 17:50 1

  • Fortress of Apocalypse tome 3

    Kazu Inabe, Yuu Kuraishi

    6/10 Des hybrides chiens-humains-zombies pour commencer ce troisième tome (ceux découverts dans le précédent), et un schéma narratif connu : baston, horreur, suspense, cavalcades, survie, etc. Bref, tout ça n’a (toujours) rien d’extraordinaire ni de mémorable ni d’original, mais ça se laisse lire, sans plus.

    18/07/2022 à 08:10 1

  • SkilledFast tome 1

    Hachin

    7/10 Dans un futur proche, un tueur en série baptisé « NoSkill » sévit : il ôte les SkilledFast à ses victimes, des implants permettant d’améliorer les facultés et capacités des porteurs. Le détective privé Roman Kirkegaard va faire équipe avec la commandant Julia Steins pour comprendre les motivations de ce psychopathe et l’arrêter. Un manga réussi et très agréable, réalisé par un auteur français (cocorico !) et qui se glisse dans la peau des mangakas traditionnels avec intelligence sans singer ses inspirateurs nippons. Le scénario tient du bel hommage à Philip K. Dick et autres récits du genre, et, au-delà du pitch, pose de belles questions quant au transhumanisme et à la quête éternelle de l’espèce humaine pour s’améliorer, parfois de manière contre-nature. Vraiment plaisant.

    17/07/2022 à 08:36 1

  • Des Voisins trop secrets

    Philip Le Roy

    8/10 Glen Ridge, une petite ville bourgeoise du New Jersey, en 1978. Lorraine, une belle lycéenne, populaire et vedette d’une série télévisée destinée aux adolescents, entend des cris jaillir de la maison voisine à la sienne. Ses parents et ses amis ne croient pas à cette histoire. Seul quelqu’un pense qu’elle dit la vérité : Tom, un autre lycéen. Maigrelet, petit, dyslexique, scolairement médiocre, complexé par une dentition chaotique, il n’est clairement pas celui que l’on s’attendait à trouver aux côtés de la magnifique Lorraine, et c’est pourtant ce duo mal assorti qui va se lancer dans une mission d’infiltration dans cette habitation qui a tout de la maison hantée…

    On connaît essentiellement Philip Le Roy pour ses ouvrages destinés aux adultes (entre autres Pour adultes seulement, Le Dernier Testament, Evana 4), mais ceux qu’il a écrits à destination des jeunes, comme son excellente série consacrée à la Brigade des fous), Dans la maison ou 1, 2, 3, nous irons au bois sont également très réussis. Ici, il rejoint la collection « Flash Fiction » pour ce roman vitaminé. On y découvre deux principaux personnages, Lorraine et Tom, dont les premiers pas dans le récit laissent craindre de véritables clichés littéraires ambulants, mais ça serait mal connaître Philip Le Roy : l’auteur semble s’amuse effectivement à utiliser ces individus stéréotypés pour mieux les associer et en faire un couple d’enquêteurs fort agréable à suivre. L’écriture est maîtrisée, le suspense solide, les ambiances dépeintes en peu de mots mais avec une belle efficacité. Mais là où l’écrivain fait très fort, c’est qu’il nous gratifie d’une intrigue originale dans la dernière partie de l’ouvrage, avec cette demeure recélant un secret qu’il est impossible de dévoiler mais qui est assurément finement trouvé autant que mémorable. Délicieux bonus : l’auteur nous offre dans les dernières lignes une fantaisie très cocasse quant au devenir de Tom, mais chut…

    Encore un autre bon roman de Philip Le Roy, qui exploite habilement les poncifs pour mieux s’en jouer tout en proposant une histoire efficace et très divertissante.

    16/07/2022 à 08:07 1