3578 votes
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Pumpkin Night tome 1
Masaya Hokazono, Taniguchi Seima
7/10 Un tome qui commence fort, avec un massacre perpétré dans ce qui ressemble à un hôpital par une personne portant un masque en forme de citrouille. Par la suite, une jeune fille, Asumi Nakatani, fait une rencontre virtuelle sur un réseau social, et cet individu habillé façon Halloween la menace de mort, avant qu’il ne décide aussitôt de l’agresser chez elle. Et s’il s’agissait de Naoko Kirino, une ancienne collégienne moquée et harcelée ayant fini dans un hôpital psychiatrique, qui vient de massacrer le personnel et s’évader ? Ses anciens bourreaux ont la ferme intention de l’affronter et de la tuer avant que ça ne soit leur tour. Un slasher dans la plus pure tradition, violent et gore, mais dont le graphisme assez particulier, la violence presque exagérée et ainsi WTF, et son côté presque parodique, viennent presque corriger cette brutalité explicite et primaire.
04/10/2023 à 17:02 2
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Dans la vallée du soleil
9/10 Travis Stillwell parcourt le Texas avec son camping-car. D’aspect étrange – le teint maladif, le visage en partie couvert de bandelettes, taciturne – il finit par arriver au Sundowner Inn, un motel tenu par Annabelle Gaskin, une jeune femme qui y vit avec son fils de dix ans, Sandy. Travis va se faire engager par Annabelle pour les travaux du quotidien, mais il n’a pas fini de lutter contre ses démons. Oh non…
Impossible d’en dire plus quant à ce livre inclassable signé Andy Davidson. Est-ce un roman noir ? Assurément, et l’on a même rarement eu entre les mains un ouvrage aussi enténébré. Un thriller ? Oui, également, tant certains passages vont effrayer certains lecteurs. Une touche de fantastique ? C’est fort possible. On découvre au gré de ce récit époustouflant des personnages d’une rare densité humaine, fracassés, meurtris, saturés de conflits intérieurs et de tentatives de rédemption. Annabelle a perdu son mari, Sandy vit dans sa bulle sans la moindre figure masculine tutélaire, et Travis compose un protagoniste stupéfiant. Andy Davidson a volontairement déstructuré son histoire, brisant le traditionnel fil chronologique, nous donnant à voir dans la seconde partie de son œuvre des flashbacks morcelés quant au passé du jeune homme, faisant longuement douter le lectorat quant à ses intentions. Il y a du sang, et même beaucoup d’hémoglobine, les cadavres tombant les uns après les autres, sans qu’il soit pour autant évident de dire si Travis est un pur tueur en série ou la victime de Rue, une femme ayant pris possession de son corps et de son âme. Dans le même temps, les rangers du Texas sont sur la piste du prédateur, et l’on gardera longtemps en tête Reader, officier moralement mutilé par la mort de son enfant, désabusé, pugnace et malin, dont la trajectoire va vite croiser celle du prédateur. Andy Davidson multiplie à l’envi les non-dits, les propos ambivalents, les descriptions fantasmagoriques, les passages enténébrés, et sa plume est en soi une pure merveille : travaillée, sombre, gorgée de fureur mais aussi de sentiments contradictoires. Certains chapitres sont remarquables : les dernières pages panachent l’effroi, la tension et l’émotion, le final réservant même des phrases particulièrement poignantes au sein de ce parc d’attractions.
Un véritable brûlot que cette Vallée du soleil. Un roman singulier et mémorable, si puissant et brillant qu’il tatoue son empreinte littéraire dans nos rétines et âmes, échappant à toute classification traditionnelle. Son aspect volontairement trouble et troublé pourra rebuter quelques lecteurs tandis que les autres ne pourront qu’être ensorcelés par ce style et cette histoire prodigieux de talent.02/10/2023 à 06:53 6
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Versailles Of The Dead tome 3
2/10 Des individus retrouvés pendus dans une forêt. En fait, il s’agit de zombies dont il faut trancher la tête pour vraiment les tuer. Retour aux défauts que j’avais relevés dans les deux précédents tomes : graphisme assez plat, scénario souvent ridicule, personnages aux visages interchangeables, thématique des morts-vivants catapultée en pleine Révolution française sans la moindre nuance ni même de « justification », comme un copier-coller mal effectué, esthétique typiquement manga mal accordée au sujet et à l’époque, scènes longues et mollassonnes, etc. J’ai essayé d’accorder une autre chance à l’auteur (qui est à la fois scénariste et dessinateur) mais il n’est toujours pas parvenu à me raccrocher à sa série ni à éveiller le moindre intérêt chez moi. Je pense que je vais m’arrêter là.
01/10/2023 à 19:49 1
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Goodnight World tome 1
6/10 Plongé dans le jeu vidéo en ligne « Planet », Taichirô a retrouvé le sens de ce que devait être une famille (cf. la scène du changement d’ampoule), famille qu’il n’a pas dans la vie réelle. Lorsqu’il apprend que son père vient d’être hospitalisé (en réalité, un souci bénin aux lombaires), saura-t-il redécouvrir où se trouvent la véritable vie et le virtuel ? Une idée intéressante mais je n’ai pas vraiment accroché (peut-être parce que je m’attendais aussi à autre chose) : un graphisme sympa mais sans plus, des passages trop longuets dans le jeu en ligne et sans réelle mise en abyme de la vacuité de l’existence du protagoniste, et surtout un manque global d’émotion. Même si le final réserve quelques surprises et autres rebondissements, sans jugement de valeur objectif de ma part, je pense que je vais m’arrêter là car je crois tout bonnement que ce manga n’est pas fait pour moi.
01/10/2023 à 19:27 1
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Chaos
5/10 La tension grimpe encore d’un cran après la manifestation des hackers et des tentatives du gouvernement pour contrer leurs attaques informatiques. Le début de ce deuxième tome fait dans l’ambiance cinématographique parfois un peu trop poussée, avec l’atterrissage du jet sur la route. Une noria de clichés et coups très téléphonés (quelle était la probabilité pour que Jack retombe sur les violeurs de sa copine, d’autant qu’ils ont été assez abrutis pour conserver son bonnet dans l’habitacle de leur voiture, hein ?). Mais ça demeure énergique à défaut d’être franchement bon.
30/09/2023 à 18:01 1
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Un Monstre dans la piscine
8/10 En vacances chez Germain, les jumelles Joyeuses et Albane décident d’aller piquer une tête à la piscine présente dans le « Parc aux crocos », évidemment accompagnée de leur chat détective Hercule. Sauf que rien ne se passe comme prévu : le jeune Ludo est mordu dans la piscine par un animal non identifié. Et d’autres événements surprenants surviennent, et c’est notre matou qui saura dénouer ces énigmes.
Cet ouvrage de la série consacrée au chat policier Hercule est un petit délice. On y retrouve donc notre félin, toujours aussi sagace et intrépide, qui devra cette fois s’occuper de ces étranges phénomènes dans ce parc animalier. Le ton de Christian Grenier est enjoué et malicieux, jalonné de traits d’humour salvateur, et l’on se régale de ces quelque quatre-vingt-dix pages de littérature policière destinée à la jeunesse. Morsures mystérieuses, apparition d’un immense crocodile, ce qui ressemble à un cadavre au fond de l’eau : autant de chouettes arcanes qui ne sauront résister à la perspicacité d’Hercule. Et le final, autant que la résolution de cette histoire, est à la hauteur des attentes du lectorat autant que de la très solide réputation de Christian Grenier : habile, cocasse et séduisant.
Encore un très bon opus, agréable et distrayant, qui amuse autant qu’il réjouit.29/09/2023 à 06:59 2
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Sin City
9/10 Un homme, Marvin, se jure de venger Goldie, assassinée dans des conditions étranges. Ça commence d’entrée de jeu avec l’irruption d’une colonne de policiers à laquelle échappe le protagoniste en fuyant et en allant se réfugier chez sa contrôleuse judiciaire, Lucille. Une esthétique remarquable, unique, que j’ai retrouvée après vu (il y a fort longtemps) l’adaptation cinématographique. Un mélange d’érotisme, de suspense et de violence qui déstructure les codes traditionnels de la BD tout en rendant un hommage appuyé au roman noir d’antan. Beaucoup de bruit et de fureur dans ce premier tome que j’ai adoré et qui se conclut sur un élément inattendu, probablement faux et qui me donne d’autant plus envie d’attaquer le second opus.
28/09/2023 à 18:47 5
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I am a Hero tome 3
7/10 L’épidémie se poursuit dans le métro, et la confusion et un brin de folie semblent suivre Hideo Suzuki (cf. les scènes dans la voiture). Malgré de sacrés éclats de violence, c’est surtout l’ambiance, la tension, ainsi que l’isolement et la solitude du protagoniste – surtout dans la seconde moitié de ce troisième tome – qui prennent le pas sur l’action pure. Un graphisme soigné, une atmosphère lourde d’angoisses assez réussie, et malgré quelques passages un peu lents ou redondants, de la belle ouvrage qui prend le temps de se poser et d’exister plutôt que de privilégier le gore ou la baston.
27/09/2023 à 20:16 2
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I am a Hero tome 2
7/10 Le mangaka Hideo Suzuki essaie d’empêcher Tekko, devenue zombie, de sortir de chez elle et de l’agresser. Le graphisme est vraiment bon et l’ambiance anxiogène habilement retranscrite, mais dès le début, c’est longuet : beaucoup de planches pour décrire une même scène, on a vite l’impression de tourner en rond voire à vide. Heureusement, l’action redémarre peu de temps après, avec force morsures des contaminés et autres individus au visage et corps déformés par cette épidémie. Peut-être l’impulsion que j’appelais de mes vœux après un premier tome vraiment mollasson et loin de mes objectifs de lecture. « Je ne mourrai pas si facilement que ça », dit notre protagoniste : j’espère que cet élan est le bon.
27/09/2023 à 20:12 2
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Vendetta
7/10 Carmen McCallum fait semblant de protéger un dénommé monsieur De Cambre pour mieux infiltrer l’hôtel cannois où il est descendu et ainsi abattre Dario Fulci qui avait froidement assassiné son ami Russel en Corse. Un début détonant et, même si le reste de cette BD n’a pas la même cadence, voilà qui est très plaisant et prenant, en plus d’offrir une magnifique esthétique.
26/09/2023 à 20:17 2
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Reversible Man tome 3
4/10 … où l’on retrouve la malheureuse Marie Kajii, emmaillottée façon momie après avoir subi les plus atroces outrages, dont sexuels, de la part de ses bourreaux. Si le dessin est globalement réussi, l’excès de violence et de voyeurisme (notamment lors des scènes de viol collectif, ces femmes aux membres inférieurs et supérieurs tranchés pour devenir des « sex-toys vivants », ou encore la râpe d’ébéniste passé dans l’urètre de ce type) m’a rapidement donné la nausée. Habituellement, la violence, qu’elle soit explicite ou suggérée, m’est tolérable, mais ici, la mesure est telle qu’elle dépasse mon niveau de résistance, sans compter le fait qu’elle est gratuite et sans le moindre intérêt, desservant même le propos.
24/09/2023 à 19:55 2
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Néréides
7/10 La commandante travaille à la PJ de Lyon quand un ancien camarade, Samir, l’appelle à l’aide : sa sœur Louna a disparu. Se rendant à Albi, la policière comprend vite que la jeune femme n’a pas fait une simple fugue et que la situation est grave, d’autant que l’on suit en parallèle la séquestration de trois victimes qui ont été kidnappées. Et c’est une ombre qui émerge lentement, celle d’un individu inquiétant lié à une énigmatique école de magie : un dénommé monsieur Etienne…
Christophe Royer signe ici un bon thriller. Le rythme est impeccable, les chapitres – courts et enlevés – impulsent une belle cadence à son récit et les quelque deux-cent-quatre-vingts pages défilent à toute allure. Graduellement, notre héroïne va s’approcher de la vérité, entre trafics humains, pratiques ésotériques stupéfiantes, hideuses collections et projet maléfique. L’auteur s’y connaît en narration et élimine tout temps mort dans son histoire. Nathalie Lesage constitue une protagoniste très agréable, attirant aussitôt l’empathie, à la fois audacieuse et pugnace lorsqu’il s’agit d’affronter la police albigeoise lorsque cette dernière se désintéresse de cette affaire, sans pour autant tomber dans le cliché du personnage invincible. Ce qui l’attend est d’ailleurs très intéressant est bien trouvé : impossible d’en dire plus sans rien spoiler, mais le sombre dessein de ce monsieur Etienne est vraiment fort et original. On en regrette d’autant que la plume de Christophe Royer charrie quelques facilités d’écriture avec de nombreux passages stylistiquement guère inspirés, amoindrissant le plaisir de lecture.
Un thriller de qualité, haletant et bien mené, aboutissant à un final incendiaire et entretenant l’intérêt pour Nathalie Lesage, apparue pour la première fois dans Lésions intimes en 2019.22/09/2023 à 06:55 3
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Détective Conan tome 100
6/10 Le retour de Kaito Kid et de belles déductions communes avec Conan : classique mais plutôt efficace. Un message codé du FBI ensuite : cette suite m’a beaucoup moins plus car elle est bien longuette, misant davantage sur l’action que sur la réflexion. Enfin, un homme tué aux abords d’un temple : un récit plaisant qui, pour une fois, se dénoue dans ce tome et non dans le suivant. Bref, un ensemble agréable et divertissant mais, selon moi, un bon cran en-dessous des autres de la série.
20/09/2023 à 13:51 2
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Détective Conan Tome 99
7/10 Un homme, Mizutoshi Hanasaki, s’effondre, visiblement empoisonné : la formule « vengeance divine » a été écrite sur son front, et seuls quatre suspects se trouvent sur les lieux. Une histoire classique mais un dénouement assez habile. Un suicide à la ferme Hatoyama et une histoire de météorite : pas mal. Un homme tué d’un carreau d’arbalète dans une chambre close et un message codé : un peu technique mais plaisant. Enfin, un auteur de romans policiers mis à contribution par la police suite à des meurtres en série : un texte inachevé que l’on retrouvera dans le tome suivant. J’ai beaucoup aimé me replonger dans cette solide série, et que dire de la belle imagination de Gosho Aoyama, intacte. Très chouette !
20/09/2023 à 13:50 2
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La Confidente
8/10 Christine Butcher rentre au service de Mina Appleton, dirigeante des supermarchés anglais du même nom. D’abord simple secrétaire, Christine devient graduellement une personne incontournable, quelqu’un qui s’occupe à la fois de la vie professionnelle et privée de sa patronne, au point d’accéder au rang de bras droit. De beaux sentiments unissent les deux femmes, mais il se pourrait que cette symbiose dérape si l’une d’entre elles se laisse tenter par la trahison.
Après Révélée, voici le deuxième roman de Renee Knight. Le pitch est alléchant et son traitement l’est tout autant. On est rapidement pris de sympathie pour Christine qui prend très à cœur son métier de secrétaire, au point d’évincer tout ce qui n’est pas purement professionnel de sa vie, entraînant un divorce douloureux et des relations tendues avec sa fille. Dans le même temps, les liens qui unissent nos deux protagonistes sont forts, faits de loyauté, de respect et de dévouement, presque une interconnexion intime. Christine va s’illustrer, au cours des dix-huit années passées à seconder Mina, par sa patience, son abnégation et sa droiture. Mais comme on pouvait s’y attendre, un grain de sable va venir enrayer cette admirable mécanique du cœur : Mina va subir un procès pour faux témoignage et entrave au cours de la justice, deux motifs qui viennent s’ajouter à ceux, bien plus liés à la morale qu’à la loi, mettant en lumière le comportement nombriliste, froid et cupide de l’employeuse. Et quelques mots prononcés à la barre vont venir détruire cette entente avec autant de violence qu’une boule de démolition. Racontée à la première personne, cette histoire est particulièrement crédible en plus d’être prenante, et Renee Knight a eu la riche idée de nous proposer un récit centré sur une femme lambda, prévenante et zélée, sans qualités ni défauts majeurs, qui va se bercer de l’illusion qu’elle est devenue l’égale de sa boss avant de brutalement tomber de son piédestal. Et le drame surviendra. Une habile mise en lumière des apparences trompeuses, des sentiments fallacieux, des comportements insidieux et de la confiance que l’on trahit pour protéger ses propres intérêts. L’écrivaine a adroitement porté un éclairage, subtil et plausible, sur les laissés-pour-compte du monde du travail, asservis sans le savoir d’un pouvoir qui les exploite.
Un beau réquisitoire qui mêle féminisme et dénonciation de l’exploitation dans le monde de l’entreprise. Le final, poignant et intelligent, couronne l’ensemble d’une touche mémorable.18/09/2023 à 06:53 3
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I am a Hero tome 1
4/10 Hideo Suzuki est un mangaka qui vit reclus dans son appartement, et même s’il le proclame, il n’est pas un héros. Vie morne, quotidien atone, un job de mangaka purement alimentaire et sans succès avéré, un ami imaginaire. Mais cette routine ne va pas tarder à imploser… Enfin, « pas tarder », c’est juste une formule, parce que je me suis rarement autant ennuyé avec le premier tome d’une série de mangas. C’est incroyablement longuet : et qu’il fait des bisous à Tekko, et qu’il mange, et qu’il dort, et qu’il va travailler… Il aura vraiment fallu attendre les dernières planches, avec Tekko transformée en créature inquiétante, pour que mon attention sorte de la plus totale des léthargies. Je vais voir ce que donne le tome suivant, en espérant qu’il sera beaucoup moins mou du genou, mais là, j’ai failli abandonner, ce qui ne m’arrive jamais.
17/09/2023 à 18:41 2
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Détonations tome 1
9/10 Le jeune Satoru rend visite à son voisin, Genji Segawa, un vieux monsieur qui dit à qui veut l’entendre qu’il est un ancien yakuza, et il lui indique qu’il est en phase terminale. Le moribond lui fait une proposition : cinq millions de yens (un peu plus de trente-mille euros) s’il accepte de le tuer. Mais après avoir rempli sa part du contrat, Satoru va commencer une nouvelle existence, pleine de fureur et de violence, notamment après avoir rendu visite à de très sales types pour qui la brutalité est le seul moyen de s’exprimer…
Je découvre ici ce manga très réussi dont j’ai déjà apprécié d’autres œuvres de l’auteur (notamment la série « NeuN » dont on retrouve ici le graphisme si caractéristique). Un ton dur, une esthétique magnifiquement travaillée, des émotions subtilement dépeintes (par exemple lors de la fracassante sortie de la séquestration de notre héros, aidé en cela par la jeune femme à qui il fait une belle promesse de voyage). Un ouvrage particulièrement long pour ce type de format (environ 300 pages), mais pas le moindre temps mort et une noirceur constante. Une mise en scène brillante – presque une chorégraphie – pour un scénario haletant.16/09/2023 à 18:52 2
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Deathco tome 3
7/10 Un scénario toujours aussi gentiment foutraque et cette esthétique gothique si caractéristique pour ce troisième tome de la série avec laquelle je n’avais pas renoué depuis la mi-juin 2020. Un univers à la Tim Burton et des personnages bien cintrés, comme ce savant fou s’exprimant à travers une marionnette. Même si Reaper met un peu trop de temps à mon goût pour apparaître, l’ensemble demeure très divertissant et atypique, d’autant que le final, avec le retour des fameuses pom-pom-girls, est à la fois musclé et loufoque.
15/09/2023 à 18:21 1
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Auteur de crimes
7/10 Athènes connaît depuis quelques jours de bien terribles faits : des victimes, sans le moindre lien entre elles, sont retrouvées assassinées. Mais quel peut être le rapport entre des cercles bleus dessinés à la craie, un petit singe en plastique sur une scène de crime dévastée, un éventuel rite satanique, etc. ? Le capitaine Christophoros Markou ne le sait pas encore, mais ce tueur – ou ces tueurs – n’en a pas fini avec sa croisade meurtrière qui est en lien avec la littérature policière.
Christos Markogiannakis livre ici le quatrième ouvrage de la série consacrée au capitaine Markou. Dès le début, le lecteur comprend que la sauvagerie sanglante est liée à sa propre bibliothèque constituée de romans policiers, et notre enquêteur va vite saisir que le criminel s’inspire d’homicides imaginés par la fine fleur des auteurs du genre, parmi lesquels Agatha Christie, Edgar Allan Poe, ou Fred Vargas. Il faut dire que Markou est un féru de ce type de littérature, et le personnage qu’il compose est assez sympathique : fanatique de musique classique et de Maria Callas en particulier, casanier, faisant partie d’un club d’amateurs de polars, son désarroi face à cette vague d’exécutions ne va aller que crescendo, d’autant que le ou les coupables semblent vouloir à tout prix lui faire payer quelque chose. Est-ce l’un de ses collègues, comme ce Manias qu’on vient tout juste de lui adjoindre ? Dans son investigation, il saura compter sur l’aide d’une profileuse talentueuse mais c’est bien seul qu’il parviendra à résoudre cette sinistre histoire. Sur un ton plutôt décontracté, Christos Markogiannakis livre ici un roman à suspense classique mais bien mené, sans la moindre surenchère sanguinolente ni effet facile. L’ensemble est concis, parfois attendu, mais certains points resteront longtemps en tête, comme les relations si sympathiques de notre héros avec sa vieille voisine, la joute verbale finale entre le coupable et Markou, ou encore cet épilogue qui semble promettre une suite.
Un ouvrage qui rend un bel hommage aux jalons de la littérature policière tout en offrant un suspense sobre et très agréable.15/09/2023 à 07:07 4
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Le Piège
9/10 Jacob Finch Bonner a été l’auteur du roman L’Invention de l’enchantement, mais aucun autre ouvrage de cette envergure n’a suivi. De velléités littéraires en déceptions successives, il a fini par baisser les bras et animer un cours d’écriture dans une université du Vermont. Un jour, l’un de ses étudiants, Evan Parker, l’étourdit avec une histoire stupéfiante : même un écrivain médiocre deviendra célèbre et médiatisé avec un tel récit. Plus tard, Jacob apprend qu’Evan est décédé d’une overdose, aussi profite-t-il de cette opportunité pour s’approprier en secret son scénario et en faire un opus qui devient aussitôt un best-seller. Jusqu’à ce qu’il reçoive un mail qui lui indique qu’il est un voleur…
Jean Hanff Korelitz, après Un Jury sur mesure et Les Impressions, est revenue avec cet ouvrage encensé par Stephen King, rien de moins, et il est vrai que son histoire est immédiatement prenante. On y découvre Jacob – appelez-le Jake – qui a connu une gloire éphémère avec son bouquin mais n’a jamais pu renouveler ce succès tant critique que public. Il a depuis côtoyé les universitaires aigris, les étudiants égocentrés et sans talent, ou encore les apprentis écrivains qui rêvent tous d’écrire le futur jalon de la littérature américaine sans en avoir les capacités. Il n’hésite donc guère longtemps lorsque se présente cette possibilité de revenir sur le devant de la scène, quitte à poser un discret mouchoir sur la morale. Et c’est alors que cet inconnu va commencer à le harceler, tant par mails ou missives que sur les réseaux sociaux, en blâmant avec force ce plagiat éhonté. Qui est ce mystérieux corbeau ? Jean Hanff Korelitz, en écrivaine chevronnée, connaît par cœur les rouages de l’édition, les affres de la page blanche, les mécanismes de l’écriture, les personnalités contradictoires et parfois peu aimables des autres artistes, et elle nous régale avec ces visions convergentes vers l’univers de l’imagination et de la plume, d’un côté comme de l’autre du miroir. Dans le même temps, même si le pitch peut sembler éculé, elle parvient sans le moindre mal à happer l’attention du lecteur sans jamais la lâcher d’un bout à l’autre de son roman. Les rebondissements se multiplient, notamment dans le dernier tiers du livre, avec de très nombreuses surprises à propos de la famille Parker. Quant au final, il est tout bonnement mémorable : la dernière pièce du puzzle vient s’emboîter dans ce casse-tête résolu avec maestria, apportant un ultime moment mémorable à ce récit diabolique.
Un pur régal de littérature tant blanche que noire, entrecoupé d’extraits de Réplique, l’opus écrit par Jake mais entièrement inspiré par Evan, qui lui-même s’était nourri de vérités embarrassantes. Une très habile mise en abyme.13/09/2023 à 06:58 5